Chapitre 8 : La nouvelle promo

    Après la dernière épreuve, les professeurs nous ont laissé une nuit de récupération et une journée de liberté. Le soir, ils nous ont conduis à l'intérieur du manoir et, pour la première fois, nous avons pû constater pleinement la majesté des lieux. Le hall d'entrée, immense, donne accès à deux escaliers de bois qui se rejoignent sur une mezzanine. Au plafond pend un lustre étincelant dont les pierres pendantes projettent des reflets sur les murs. Et quels murs ! Faits de bois entièrement, de dizaines de tableaux y sont accrochés. Sue le côté droit, on peut trouver plusieurs... Boutiques ? Que viennent faire des boutiques ici ? A gauche nous arrivons au conseil des étudiants et dans les salles de clubs. Au fond enfin, devant nous, se tient la réserve de matériel. Après une visite rapide du manoir (il ressemble à ces manoirs hantés dans les films...), nous ressortons et nous nous dirigeons vers le bâtiment du réfectoire.

    De l'extérieur, comme les autres bâtiments, c'est une réduction du manoir. Des pierres blanches recouvertes de lierre, de grandes fenêtres à carreaux, un toit en double pente fait d'ardoise et deux cheminées. C'est l'intérieur qui nous impressioner vraiment. De longues tables s'étendent à perte de vue. Mais pour ceux qui préfèrent manger en petit commité,il y a aussi de petites tables rondes. Au fond de la salle trône une estrade ainsi qu'une immense cheminée qui semble réchauffer toute la pièce. Les élèves sont tous réunis. Ce qui m'étonne c'est qu'ils ne portent pas d'uniforme. Dans les livres que j'ai lû, ce genre d'école "spéciale" procurait des uniformes aux élèves... J'interroge Mlle. Fox du regard. Elle m'adresse un sourire rassurant :

- Non, il n'y a pas d'uniformes. Nous partons du principe que chaque élève peut choisir la tenue dans laquelle il se sent le mieux pour travailler. Mais on va vous expliquer ça bientôt.

Nous avançons dans le réfectoire sous le regard curieux des autres élèves. Lorsque que nous parvenons devant l'estrade, Un homme et une femme se lèvent :

- Bonjour à tous, nouveaux élèves comme anciens ! Nous sommes monsieur et madame Nair : Directeurs de cet établissement. annonce l'homme d'une voix de stentor.

- Nous sommes heureux de vous retrouver et, pour la nouvelle promotion, de vous rencontrer. continue la femme.

- Avant toute chose, reprend Mr. Nair, nous allons vous rappeler les règles de cette école.

- Les petits déjeuners, déjeuners et repas seront servis respectivement à 7h30, 12h30 et 19 heures. Il est interdit de se trouver dans le réfectoir hors de ces horaires.

- Dans le hall d'entrée se trouvent des boutiques d'armement et d'habits. Nous ne vous fournissons pas d'argent mais nous proposons des petits boulots aux étudiants qui veulent acheter mais qui n'en ont pas les moyens.

Jusque là, je digérais plutôt bien. Mais c'est leur dernière annonçe qui me surprend.

- Nous rappelons qu'il est interdit aux première année de tuer leurs camarades de même qu'il est interdit de tuer les première année.

Je manque de m'étrangler. Je me retourne vers Mlle. Fox :

- On a le droit de tuer des élèves ?!!

- Oui mais pas les premières année parce qu'ils n'ont pas encore appris assez de choses.

Mais où est-ce que je suis tombée ?! Et comment se fait-il qu'aussi peu de première année soient étonnés par cette annonce ? Bon... De toute façon, ça ne me concerne pas pour l'instant. Je respire. Ça va aller. Je suis entrée dans l'école, je vais y faire ma scolarité et tâcher de ne pas me faire assassiner.

    Après le rappel du règlement, les professeurs nous ont présentés un par un. Depuis le major de promo jusqu'au moins fort. Je n'ai pas été étonnée à l'entente du nom d' Illiam Smith en tant que premier. Son nom fût suivi par celui de Erica Brown et...

- Gwenaëlle Prévost ! 3ème meilleur élève de cette promotion ! Bravo Gwenaëlle, nous espéront que tu continueras tes efforts tout au long de ta scolarité.

Hein ?! Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? Comment je me suis retrouvée troisième ? Je pensais que ma note en orientation avait tout fait foirer ! D'un autre côté, je ne vais pas me plaindre. Mon ego se satisfait du classement.

L'appel étant enfin terminé, on nous autorise enfin à nous assoir et à commencer à manger. Je me suis assise seule, à l'écart des autres. Pas besoin d'aller me sociabiliser. Surtout pas avec  ces ados qui racontent leurs plus grands exploits en essayant de s'impressioner les uns les autres. Je commence à peine à déguster mon plat lorsqu'une assiette se pose en face de la mienne :

- Salut ! lance une voix que je commence à bien connaître.

Je lève néanmoins la tête pour découvrir Smith et son inséparable sourire. Mais qu'est-ce qu'il me veut ce crétin arrogant ?! Il s'assoit  et s'approche de mon visage :

- Tu sais, j'ai pas trop aimé la façon dont tu m'as bousculé après l'épreuve de discrétion. Ni celle dont tu m'as ignoré après le match nul au combat.

- Je me ferais une joie de t'ignorer encore pour que tu me lâches la grappe mais visiblement cette technique ne fonctionne pas. je réponds.

Il rit. Mais son rire est insupportable.

- J'aimerais que... commence-t-il : Eh attends ! Tu vas où ?!

J'ai pris mon assiette et je suis partie m'assoir à une table presque pleine, de sorte à ce qu'il ne puisse pas me suivre. Je préfère encore rester avec des attardés mentaux qu'avec lui. Tout chez lui m'insupporte. Et pire : Il me rappelle quelqu'un. Mon père. Eh oui ! Avant d'être un alcoolique, mon père avait un caractère arrogant et très exactement le même regard, le même sourire en coin. Mais mis à part mon père, je suis sûre d'avoir déjà vu ce garçon quelque part. Je déteste les impressions de déjà-vu. Je tourne la tête. Il est là. Il me suit. Quand il croise mon regard, il m'adresse un sourire qui signifie en gros : "Je vais te coller aux basques jusqu'à ce que tu acceptes de me parler". Prise d'un agacement soudain envers cet individu, je lève mon majeur dans sa direction. Ce qui a pour effet de le faire rie. Mais qu'est-ce que... Peu importe. Je ne vais pas rentrer dans son jeu.