Chapitre 8

Par Naou
Notes de l’auteur : Bonne lecture :)

J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, je n’ai plus assez de chevaux. Je ne peux pas les vendre, ce qui ne présage aucune entrée d’argent pour en acheter d’autres et me faire une marge. Nos réserves de nourriture sont bien plus basses que je le pensais. Je réalise que mon père n’a pas prémédité ce meurtre.

Mais pourquoi, bon sang, pourquoi a-t-il fait ça ?

Je reporte mon attention sur les chevaux qui profitent de l’herbe qui commence à pousser. Je dois trouver un moyen de vivre, une source de revenus. Je suis seule, mais vivante. Je débuterai une nouvelle vie où personne ne me connaîtra. Qui sait, peut-être que je pourrais enfin découvrir l’amour… Une personne qui m’aimera sans me juger. Un rire nerveux m’échappe. Quel homme voudrait m’avoir pour femme ? Je secoue la tête et descends de la barrière.

Je sais que mon père me cherchera, mais d’ici là, je dois me débrouiller. Je prie les quatre créateurs de m’aider quand une idée me vient. C’est bientôt la fête du printemps. Tout le district s’y retrouve. Je pourrais peut-être réussir à y vendre mes connaissances en débourrage, soins équestres et résoudre certains problèmes que peuvent développer les chevaux. Si je ne suis que « la fille du traître » aux yeux de tous, j’abandonnerais. Je prendrai les chevaux, quelques affaires et irai vivre dans un autre district.

Peut-être que mon papa reviendra à moi, loin d’ici.

 

***

 

Cachée sous une cape, je m’engage dans la vieille ville, puis arrête Cassis devant l’auberge du Vieux Pont. C’est l’endroit fréquenté par les soldats d’Oktodur quand ils se détendent, il est aussi très apprécié des voyageurs. J’attache ma jument, puis ouvre la porte de l’établissement. Le froid laisse place à une chaleur étouffante, mélangée à une odeur de renfermé qui pique mes narines. Le silence se fait manger par un brouhaha presque insupportable.

— Astique en bas une bouteille !

Je passe à côté du bar, et continue vers la pièce principale.

— Tu veux attraper une derrière le cotson ?

Je me faufile entre les hommes, à la recherche du commandant dont je ne sais pas le prénom. Enfin, je le trouve. Malheureusement, il est entouré de plusieurs soldats. Assis contre un mur, je ne peux pas arriver discrètement derrière lui.

Pourquoi sont-ils toujours en meute ?

Je prends une grande inspiration avant d’avancer jusqu’à sa table. Ma capuche retirée, tous ses soldats se retournent vers moi. En très peu de temps, l’auberge se plonge dans le silence. Une chaleur désagréable m’envahit. J’ose considérer le commandant. Il ne porte qu’une chemise ouverte. Ses cheveux noirs sont attachés en une demi-queue de cheval. Les coudes appuyés sur la table et les doigts croisés, il m’observe avec un mélange de surprise et de mécontentement. Je dévie mon attention autour de moi et découvre qu’ils me dévisagent tous. Des chuchotements d’insultes se font entendre. La tension envahit l’air. Le commandant quitte sa place pour se planter devant moi.

— Que fais-tu là ?

— Je… je viens réclamer votre dette.

Trop direct. Pas bon.

Pas bon du tout vu ses yeux ténébreux qui se plissent. Je grimace et me fais toute petite. Il agrippe mon bras avant de me traîner à l’extérieur. Des sifflements et des ricanements résonnent dans la pièce.

— Fermez-la ! menace le commandant.

Ils obéissent immédiatement. Nous franchissons l’entrée, dont il claque la porte dans mon dos. Face à moi, je vois qu’il y met toute sa volonté pour ne pas me hurler dessus.

— Pardon, débuté-je.

Il soupire en se pinçant l’arête du nez.

— Passons ! Je t’écoute.

Punaise, c’est direct.

— J’ai besoin d’une invitation pour la fête du printemps.

Il pouffe, d’abord décontenancé, avant qu’un rire sombre et riche s’élève de sa gorge.

— Je suis sérieuse ! ajouté-je, vexée.

— Et pour faire quoi ? Tu as vu l’accueil dans l’auberge.

Absolument pas.

Je lève les yeux au ciel et me racle la gorge.

— C’est impossible.

— Il me faut une invitation ! Sinon…

— Sinon quoi ? me coupe-t-il sur un ton grave.

Je vous brûle vif et vous enterre.

— Je vous ai sauvé la vie, lui rappelé-je.

— Et j’ai sauvé la tienne en gardant ton secret. En plus, je n’ai pas laissé les Vélenkiens t’emmener.

Et zut.

Je pince les lèvres en me frottant le front. Je ne vois pas comment contre-attaquer. C’est perdu d’avance.

— Autre chose ?

Je secoue la tête.

— Bonne soirée, terminé-je en retournant vers Cassis.

— Bonne soirée, Alégria.

Dépitée, je monte sur la jument et observe le ciel étoilé. Il ne me reste plus qu’à partir pour toujours d’Oktodur. Au lever du soleil, je disparais.

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enahis.hayl
Posté le 06/09/2020
Rooooh ben elle a pas insisté 😱ça aurait pu être drôle de les voir s’engueuler 😆

Bref, bien qu’il ait refusé, j’ai la sensation qu’il ne va pas en rester là 🤔

Il m’intrigue ce mec !
Naou
Posté le 06/09/2020
Mdr. Qui sait ?
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