Chapitre 8

Notes de l’auteur : Désolée pour ce chapitre un peu trop dodu :') j'arrivais pas à le couper
Et TW racisme !

— Tu attends quoi de moi exactement ? finit par demander Julien. Pourquoi tu m’as laissé te voir ? Pourquoi tu as changé d’avis sur moi ?

La réponse fut honnête. Romane ne tourna même pas la tête vers lui, les mains glissant sur le volant.

— Je préfère pas mêler les gens que je connais à mes histoires, alors que toi, c’est comme confier quelque chose à un voyageur qui repart, ça a moins d’impact. Ça me soulage. Mais ne crois pas que j’oublie qui est ton frère.

— Je ne sais toujours pas ce que vous avez contre Anthony. C’est un con. Mais y’a pire.

— Ce n’est pas à moi de te le dire. Je préfère que tu le dises par toi-même. Quelque part, tu te doutes déjà de la réponse.

Inanna... Le nom revint flotter et avec l’éclat de cheveux blonds et une odeur de feuille de framboisier et un corps en sablier où le sable monte et repart en un lent va-et-vient, monte et repart, comme la mer à la fin. Julien redessina ce visage lisse, ce nez étroit et ce front dégagé, une peau si lisse, une peau sans histoire. La timidité consommée, la moue farouche. Inanna. Il n’eut pas besoin que Romane parle davantage pour savoir que la clef se trouvait là et qu’en poursuivant sur ce chemin, il saurait trouver le levier nécessaire à faire rentrer Anthony chez leurs parents. Une petite enceinte JBL portative coincée au niveau du pare-brise au milieu d’un tas de ticket de caisse chiffonnés passait alors Judas de Lady Gaga :

I couldn’t love a man so purely

Even prophets forgave his goofy way

I’ve learned love is like a brick, you can

Build a house or sink a dead body

La ligne de basse remontait dans la gorge de Julien, densifiait ses pensées, le recentrait sur lui-même. C’était comme alourdir le centre de gravité de son système solaire en le nappant de plomb. Autour, la nuit déroulait un ruban égal, un ruban lisse comme une bobine de film par-dessus les champs de betteraves désertés où surgissaient parfois l’ombre d’un géant recroquevillé, simple tracteur laissé aux ombres et à l’humidité. Une bobine non pas de glace (il chassa ce souvenir en secouant la tête), non, une bobine serpentine et silencieuse dans l’air moite. Autour des fossés, les joncs ployaient sous la puissance du vent et, tournant sans fin au-dessus de leurs têtes sans qu’ils ne s’en aperçoivent, s’effilochaient dans la nuit violacée des réverbères des nuages en lambeaux de viande blême. Julien reconnaissait vaguement le trajet. Ils allaient vers le port de la Roussière, le dernier véritable port de pêche de l’île où l’on remontait encore des homards à la robe d’encre, des rougets couleur sang et des sardines piquées de mercure et d’argent, qu’on habillerait de sel et d’huile pour expédier ensuite par caisses dans les grandes villes au-delà de la baie.

Une fois passé le panneau de la Roussière, la soirée ne fut d’ailleurs guère compliquée à repérer : une seule maison brillait au milieu de toutes ces nuances d’ombres jetées en tas dans la nuit. Les fenêtres lumineuses laissaient échapper quelque chose de la douceur du beurre fondant sur une tartine grillée un jour de pluie, quelque chose du train qui brinquebale devant le passant avec lenteur. Un rien, sans doute un peu de chaleur. Julien tressaillit. D’un coup, l’anxiété vint le frapper de plein fouet. Il ne connaissait personne, ignorait qui organisait ça et pourquoi. Son ventre se contracta, il sentit ses tripes se figer. La joue contre la vitre, il se mit à faire craquer ses doigts.

— C’est une soirée pour quoi ? souffla-t-il dégageant un panache de buée sur la vitre.

— Pour rien de particulier. Passer le temps.

— On aurait dû apporter quelque chose, non ?

— Tu aurais dû apporter quelque chose. Moi, j’ai ce qu’il faut dans le coffre.

Julien craqua son pouce un peu plus fort. Romane se gara en douceur, sortit de la voiture et ouvrit le coffre. Encore engourdi par la route, Julien n’eut même pas le temps de se détacher qu’elle tapait déjà contre sa vitre en agitant deux bouteilles de rouge et une eau-de-vie sans étiquette.

— Grouille, grommela-t-elle, et prends ça.

Il ouvrit la portière et elle lui jeta à moitié une des deux bouteilles de vin. Julien la rattrapa de justesse avant qu’elle ne se fracassa contre le rebord du trottoir.

— Et arrête d’être empoté. On est attendus.

Il lui emboîta le pas comme il put, empêtré dans ses angoisses et ses bons sentiments, incapable de lui répondre quoi que ce soit. Oui, que dire, et Julien observait ainsi de derrière les courbures noueuses des trapèzes de Romane, ses cheveux frisottés par l’humidité, les rougeurs de sa peau, il observait, hésitant à filmer. Il ne le fit pas. Ils franchirent la rue à grandes enjambées pour rejoindre un portail de bois menant à un jardin plongé dans l’obscurité. « Attention aux crapauds » entendit-il chuchoter, incapable de savoir si la voix venait de la jeune femme ou d’ailleurs. Julien avançait en fixant non plus Romane, mais le sol ; ils avancèrent sous le couvert d’un pin sur l’allée de terre humectée de pluie, la boue grasse suçait leurs chaussures à chaque pas. Julien se félicita d’avoir enfilé ses bottines épaisses.

— Romane ! interpella une silhouette qui se détacha du perron. Tu ramènes quelqu’un ?

— Ouais.

Les rires vibraient depuis le salon, sous le blister de vieux tubes de variété française, Dalida et Claude François, à côté de la pop des années 2000. Un nuage de fumée de cigarette moutonnait du mur faisant face aux champs : on ne pouvait apercevoir les fumeurs, mais on devinait deux voix étouffées, puis dans la maison des étoffes se dénouer, des bols claquer contre la table, des bouffées de contralto quand on entrebâillait une porte pour passer. Sur le perron, une jeune femme de l’âge de Romane, la petite trentaine, se frottait les bras lovée dans un grand gilet de laine déformé. Elle portait dessous un t-shirt noir à l’effigie de Nirvana et avait noué ses cheveux en un chignon mal dégrossi dont les mèches tombaient en paquet auteur de son visage aux traits tirés. Un de ces yeux était vert, l’autre bleu. Un bleu dur. Et un vert d’eau. Elle poussa la porte pour les faire entrer dans un vestibule au carrelage beige et aux murs chargés de photos qui piquaient la peinture chair de confettis de couleurs, de visages flous et de moments de vie indistinct. Julien essaya de déchiffrer les photographies en plissant les yeux, mais une bourrade de Romane l’obligea à avancer.

— Mathilde, je te présente Julien. Il est de passage sur l’île.

Mathilde le fixa un instant d’un air interrogateur. Elle avait les ongles soigneusement polis et une chaînette en faux or avec des initiales autour du cou, dont un M.

— Julien, je te présente Mathilde, poursuivit Romane de mauvaise grâce en tendant la bouteille. C’est la coiffeuse-esthéticienne de l’île. Ton mari revient quand de chez tes parents ?

— Il ramène Noé dans deux jours. Attends, faut que je te raconte… Oui, la bouteille ici, ah c’est pas mal ça, tu as bien choisi. Viens, suis-moi, je te dis tout. Et pose toi dans le salon, Julien, j’arrive bientôt.

Mathilde ramassa leurs manteaux qu’elle accrocha à la patère où pendait, attaché à une ficelle, un rouleau de papier toilette recouvert de gribouillis d’enfant. Nul ne le savait alors, mais il s’agissait là d’œuvre picturale inédite d’un artiste en devenir et exposée trente ans plus tard à Beaubourg, avec toute une rétrospective sur les archives vidéo de Julien. Dans l’intervalle, Mathilde disparut avec Romane vers ce que Julien supposa être la cuisine. Laissé seul, il craqua de nouveau ses doigts, réprima son envie de fuir. Et, enfin, entra dans le salon.

Une brume à l’odeur entêtante l’accueillit, tout semblait brouillé derrière un voile de gaze à l’odeur ronde et dense. C’était un parfum familier qui ne lui prit que quelques secondes à identifier, âcre, avec un soupçon de relent de transpiration : on fumait un joint, et depuis assez longtemps pour former près du canapé en cuir une cuvette de brume. Autour de la table basse, une dizaine de personnes discutaient, buvaient, les verres tintaient entre deux assiettes de parts de pizza froides et de mini friands maison. Julien attrapa un mojito à la menthe morose, abandonné sur une commode, but une gorgée : trop sucrée. Quelqu’un avait rapporté un cake, un jeune homme en picorait une part, las, il avait une boîte de médicaments qui dépassait un peu de la poche de son sweatshirt ; il ne fallut que quelques instants à Julien pour identifier la molécule générique du Prozac. D’ailleurs, le jeune homme ne le salua pas. Il se recroquevilla près de la baie vitrée, l’œil assourdi.

— Julien ! l’accueillit Celle-qui-mange-sur-la-plage depuis un pouf en rotin. Qu’est-ce que tu fais là ?

C’était étonnant, elle sembla soudain à Julien être une photocopie de celle qu’il avait rencontré dans la matinée. Une photocopie à l’infime décalage qui lui donnait la sensation diffuse de rencontrer une inconnue dans la lumière vive du salon. En musique de fond, un vieux morceau des Rolling Stones ajoutait à la cacophonie.

— Salut, fit Julien gauchement. J’ai rencontré Romane, elle m’a proposé de venir.

— Elle a eu raison ! Tiens, je sais pas si tu connais Philippe ?

Philippe, un quinqua agité, triturait une cigarette, la lippe songeuse. Il avait enfilé un polo dont il avait remonté le col pour l’occasion. Une montre en gros acier brillait à son poignet couvert de poils gris.

— Enchanté, le salua Philippe en lui serrant la main. T’es Julien, c’est ça ? Diane a mentionné que tu étais dans le coin. Anthony m’a parlé de toi. Tu viens d’où ?

« Tu viens d’où », forcément tous se connaissaient ici, tout le monde se connaissait sur l’île. Entre ses doigts, Julien pouvait sentir la peau rêche de l’agriculteur rouler contre la sienne. « Tu viens d’où ».

— Je viens du continent, une ville un peu plus à l’Est. 

— T’es pas parisien ?

Le mot avait été jeté, avec une moue goguenarde.

— Non, je ne suis pas parisien.

— Je n’ai rien contre les Parisiens, poursuivit Philippe allumant son briquet pour mieux l’éteindre et recommencer, mais je n’aime pas cette ville. Trop de monde, trop de bruit.

— C’est pas fait pour tout le monde, dit Celle-qui-mange-sur-la-plage les bras croisés. Comme beaucoup de gens ne voudraient pas avoir à vivre la tempête qui nous arrive dessus. Chacun ses défis.

— Non, c’est certain que c’est pas fait pou moi. Puis j’ai vu les images, et j’ai vu ça quand j’ai pris le métro la dernière fois que j’ai dû y aller, c’est plus très...

Philippe passa la main devant son visage. Julien grimaça. «  T’es vraiment un gros con. » Celle-qui-mange-sur-la-plage se leva sans même fournir un prétexte supplémentaire, laissant Julien seul face à ce type qu’il ne connaissait pas. Il serra les jambes, les mains crispés sur son mojito. Jamais la fonte des glaçons ne lui avait paru aussi passionnante.

— Mais bon, reprit Philippe, toi t’as pas l’air d’être comme ça. C’est important qu’il reste des mecs qui ont un peu d’humour, et un peu de valeur. Toutes ces modes, là, je te le dis, c’est dans ces hystéries qu’on importe des États-Unis que se trouve la vraie violence. Ils veulent tout casser. Ils veulent nous faire taire. Voilà la violence. Ils sont malheureux en plus, tu les verrais, avec leurs conneries.

Julien songea qu’effectivement, tout va bien quand on ne réfléchit à rien, mais préféra s’abstenir de partager son commentaire à voix haute. Il n’était pas chez lui, il était un invité, et même si Celle-qui-mange-sur-la-plage le fixait depuis le chambranle de l’entrée du salon d’un air moqueur, il ne dirait rien.

— Laisse-le, lança un autre agriculteur avec une casquette. Le type vient d’arriver, il veut pas entendre parler de politique. Et surtout pas de tes conneries.

Julien profita de l’occasion pour s’éloigner de Philippe en se levant à son tour, prétextant vouloir un nouveau verre. Se rapprocha de Celle-qui-mange-sur-la-plage, toujours calée contre le chambranle. Près du jeune dépressif aperçu un peu plus tôt, il y avait une fille vêtue de noir, aux lèvres noires, et aux yeux cerclés de noir. Le contraste avec sa pâleur la rendait étrange, presque froide dans cette pièce surchauffée. Il y avait aussi l’agriculteur avec la casquette qui était intervenu un peu plus tôt, toujours à côté de Philippe et qui faisait circuler un bol de cacahuètes.

— C’est assez mélangé, fit remarquer Julien. Je crois pas avoir déjà vu ça. Et tout le monde s’entend ?
Celle-qui-mange-sur-la-plage souleva sa bière avec un demi-sourire de connivence.

— Tout le monde s’ennuie en janvier sur l’île d’Ostie. On se réchauffe avec qui on peut. Tarkovski ne convient pas à toutes les nuits. On tente vaguement de s’entendre quand on a pas le choix.

A mesure que les minutes s’égrenaient, l’atmosphère se réchauffa sensiblement. Quelqu’un avait apporté du mousseux, on l’ouvrit dans la cuisine, le bouchon rebondit contre le placard ;  Romane proposa à Julien de tirer un peu sur son joint pour « qu’il se détende ». Le volume de la musique augmenta d’un cran, les joues rougissaient, on souriait de toutes ses dents, des dents blêmes, jaunes, d’ivoire, des dents à trou, des crocs, des canines luisantes et des molaires piquées de noir. La jeune femme aux lèvres maquillées saisit le jeune dépressif par le poignet et le fit tourbillonner, tous deux rirent et le rire rebondit contre les murs avec la persistance du bois qui cogne le bronze. Celle-qui-mange-sur-la-plage fit face à Julien, les bras ondulant, le dos cambré, ses pieds dansaient, non ils flottaient presque sur le carrelage, et elle souriait et elle en avait les larmes aux yeux. Julien lui-même, sans trop comprendre pourquoi, à mesure que l’alcool montait, sentait poindre un curieux mélange de plaisir et de tristesse. Alors il dansait lui aussi, pour repousser la fin de cette explosion de sensation. Pour que cette sérénité fiévreuse dure. Le rouge se fit plus rouge, le noir plus profond, même les plaisanteries de Philippe sur le maquillage de la fille aux lèvres noires prirent de la distance. Celle-qui-mange-sur-la-plage dansait. Romane la fixait depuis le canapé, la bouche mordillant le rebord de sa cannette de bière. Elle la fixait avec une brûlure douloureuse dans l’œil. On eût dit un animal blessé et son sang absent goutait en silence sur le canapé désert en flaque, bientôt en étang.

Julien hésita à parler à Romane. Il aurait pu, mais ce soir, il avait envie de brûler de son côté. L’agriculteur à la casquette passa une planche de bois chargée de tequila, Mathilde apporta du citron vert et un sac en plastique de fleur de sel produite sur l’île. L’alcool brûla les entrailles de Julien. Encore une fois, le feu et les larmes qui bordaient ses yeux. Il sentait ce moment lui échapper et but un autre verre dans l’espoir d’en retarder la fin.

Enfin, sans trop comprendre comment, il se retrouva seul sur la terrasse, avec un reste de joint entre les doigts, à fixer les étoiles tandis qu’à l’intérieur on criait sur Louise Attaque. Ses oreilles bourdonnaient, les mains poisseuses, il épongeait la sueur sur ses tempes moites.

— Vous êtes bruyants, commenta le chat de la maison à ses côtés.

Julien soupira, les doigts gourds :

— Tu n’aimes pas ça ?

— Tu aimes être trituré sans arrêt ? Soulevé de terre ? Balancé dans le jardin dans le vent et sous la pluie ? Être grondé ou infantilisé ? Tu aimes quand ce n’est plus une personne qui te fait cela, mais une foule entière ? Je n’aime pas les nuits intranquilles comme celles-ci. En plus, Napoléon Bonaparte a crié toute la journée, ce n’est pas habituel, puis la tempête qui gronde, je la sens qui arrive, et là, cette fête, cette agitation, les ombres des voisins qui s’agitent...

Malgré la brume de l’alcool et du joint, Julien broncha :

— Il y a du mouvement inhabituel chez les voisins ? C’est la musique ?

— Non, c’est autre chose encore. Des inconnus, ils sont de noir et ils sentent le sang.

Il lui fallut une demi-seconde de latence due aux substances. Julien se redressa. Il demanda au chat de répéter, le chat - un chat fort poli soit dit en passant - confirma. Sur la pointes des pieds, Julien tenta alors d’apercevoir alors les fenêtres de la maison de l’autre côté de la haie haute de trois bons mètres, sans succès.

— Du calme, du calme, marmonna le chat. Il n’y aucun danger. Ne t’agite donc pas toi non plus, pourquoi s’agiter, tout ce mouvement me fatigue.

— Tu fais quoi dehors ?

Celle-qui-mange-sur-la-plage avait poussé la porte de la cuisine, un gobelet de liquide clair à la main, du gin ou de la vodka. Elle s’approcha, perplexe, puis quand elle tendit la main pour caresser le matou, ce dernier tourna les pattes et détala prestement vers le coin poubelles où il trouverait un peu de chaleur et de tranquillité.

— Tu penses que les voisins peuvent disparaître ? demanda Julien, soudain échaudé.

— Julien, il va me falloir un contexte. Cette phrase sans contexte, je pourrais appeler la police.

Il réfléchit un instant et sa langue effleura sa dent en or à la recherche des mots justes. Il fallait qu’ils soient taillés avec la précision d’un camée d’ivoire, mais rien ne sonnait juste et il ne lui resta à la fin qu’une poignée de mots-boutons décousus et épars.

— J’ai cru voir des drôles de silhouettes dans le jardin, grommela-t-il en espérant qu’elle n’insiste pas trop. Et vous avez des problèmes de disparition sur l’île. Je me posais la question tout simplement.

— Les voisins ne peuvent pas disparaître.

Elle avait répondu cela d’un ton franc, le front clair et la mine dégrisée.

— Ils ne peuvent pas disparaître, car ils ont deux crêperies qui tournent bien l’été sur l’île.

— Les gens qui tiennent des crêperies ne disparaissent pas ? ironisa Julien.

Aussitôt, il sentit qu’il avait frôlé une frontière dangereuse, car Celle-qui-mange-sur-la-plage se rembrunit. Malgré la musique, malgré la lumière qui s’échappait de la baie vitrée, il sembla soudain à Julien qu’on venait de le plonger dans une cuve de poix, une poix qui croûtait ses poumons d’une pellicule couleur bitume. Que d’un coup, la vue, l’ouïe, le toucher… Que tous ses sens s’étouffaient, s’effaçaient de moitié, pour le laisser paralysé dans le noir.

— Je vais te montrer si tu y tiens tellement. Allons voir s’ils sont bien là.

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Hylm
Posté le 12/01/2024
Hello!
Je repasse sur PA et sur ta page après une longue pause et je suis ravi d'y trouver une nouvelle histoire ! La dernière que j'avais lue c'était "L'anarchie" (après vérification c'était il y a plus d'un an et demi ayaya)
J'ai commencé cette histoire mais je ne sais pas si tu prends encore les commentaires/si tu n'es pas déjà passée en phase de réécriture ou quoi mais dans le doute voici mes ressentis :

J'ai préféré attendre quelques chapitres avant de poster un commentaire car l'ambiance et l'attrait de l'histoire sont très très particuliers.
Je retrouve beaucoup la même façon d'écrire, ou plutôt de décrire que dans l'Anarchie et L'apocalypse selon ta mère, avec une sublimation du point d'intersection entre le gore, le sale, l'horreur, le triste et le mélancolique. Je ne suis pas objectif car c'est clairement un style dont je suis fan, mais je trouve ça extrêmement beau et captivant, ainsi qu'efficace pour poser une ambiance de cauchemar ou de peur hallucinée.
J'accroche beaucoup à cette histoire, notamment pour cette ambiance, il y a des moments où je m'y perds, je suis les descriptions et oublie la scène qui s'y passe, noyé (positivement) dans ce monde où tout bave, coule et pique.
Pour ce qui est de l'immersion c'est un 20/20 je suis comblé et c'est très très dur de décrocher une fois dedans, je n'ai pas le temps ce soir mais je vais très certainement finir l'histoire demain.

Pour ce qui est des personnages je n'ai pas une aussi bonne image mentale de leur personnalité/mentalité qu'au début de tes autres oeuvres, je pense que le fait que le monde autour soit plus dur à cerner rend cela plus difficile. J'ai l'impression que des révélations sur des conflits psychologiques intérieurs concernant Julien et Romane sont arrivés avant d'avoir bien compris quel genre de personne ils sont. La remarque de Diane à Julien surtout, qu'elle parle et dise avoir analysé un personnage dont je sais si peu de choses (et elle aussi techniquement) m'a un peu déstabilisé.
Personnellement je ressens extrêmement bien le teasing comme quoi Anthony est une personne fondamentalement détestable, mais ça passe par pas mal de préjugés que j'ai sur sa façon de vivre/ses remarques (bon certaines sont objectivement celles d'un con donc ça va)
Je suis toujours extrêmement impressionné par les passages de poésie ou quasi poésie que tu inclues dans tes histoires, je suis un néophyte dans ce domaine mais je suis toujours marqué et j'ai ce sentiment de 'même avec beaucoup beaucoup de travail je ne suis pas sûr de pouvoir faire ça un jour" un peu frustrant mais surtout rempli de respect.

Enfin sur l'histoire en elle même, le set-up est super, on est à mi-chemin entre le policier, avec les disparitions qui sont supers captivantes, et le film en noir et blanc très lent symbolisant la boue et le temps qui passe.
Le premier chapitre laisse plutôt penser à une affaire de détective, mais l'ajout du surnaturel (ou symbolique, on n'est pas trop fixé à ce moment) avec Napoléon vient nuancer ça. Ça désengage un peu du mystère mais c'est bien plus efficace pour déployer l'histoire et son ambiance.
Les événements semblent assez réalistes, on ne sent pas le coup du destin absolu ou quoi pour forcer le récit dans la bonne direction, et les interactions entre les personnages sont toujours chouettes. J'ai juste été déçu par celle entre Julien et Diane ce matin, où je m'attendais à avoir beaucoup plus d'infos et où j'ai eu l’impression de sortir avec juste une prophétie sur Julien et l'introduction pas très subtile d'un personnage qui reviendra plus tard (Romane). J'ai trouvé ça moins élégant et plus artificiel que ce que j'ai l'habitude de lire dans tes histoires. Reste à voir si mon impression va évoluer avec le reste des chapitres.

Voila voila, il y a une millier de trucs que je m'étais promis de ne pas oublier et de dire dans mon premier commentaires mais j'ai failli à ma mission, ça sera peut-être pour un prochain comm.

Toujours un plaisir de lire ce que tu fais, j'espère que tu vas bien et que tu continues à écrire comme ça :)
Bonne soirée/journée !
Hylm
Posté le 12/01/2024
pwalalala téma la taille du pavé
désolé à ceux qui liront ça :')
bon courage
Cocochoup
Posté le 16/06/2023
"et une odeur de feuille de framboisier et un corps en sablier où le sable monte et repart en un lent va-et-vient" la succession des 3 "et" n'est pas fofolle

"il observait, hésitant à filmer", ca serait tellement cringe qu'il le fasse 😅

"rouleau de papier toilette recouvert de gribouillis d’enfant." J'adore tellement la suite de cette phrase avec la future exposition à Beaubourg🤣 . Je m'y vois déjà, le sourcil en chapiteau à tenter de lire la petite étiquette explicative à côté de l'œuvre d'art 🤣

"quelques instants à Julien pour identifier la molécule générique du Prozac" l'info m'a peut être passée sous le nez, mais je n'avais pas compris que Julien prenait un traitement? Ou qu'une personne proche de lui en prenait, d'où sa connaissance de ce médicament.

"Près du jeune dépressif" arf, je trouve ça un peu stigmatisant. Peut être pourrais-tu lui donner un autre qualificatif. De la même manière qu'il y a Celle qui mange sur la plage, il pourrait y'avoir Le mec à la boîte de medoc ?

"on souriait de toutes ses dents, des dents blêmes, jaunes, d’ivoire, des dents à trou, des crocs, des canines luisantes et des molaires piquées de noir", ca j'adore!

Conclusion: j'ai pris beaucoup de plaisir à la lecture de ce chapitre. Je dirais simplement qu'il me semble un poil moins travaillé que les premiers?
En tout cas, les 3K de ce chapitre s'engloutissent sans problème et avec délice
Alice_Lath
Posté le 17/06/2023
Hello Coco et merci beaucoup pour ton commentaire à nouveau !

Je note pour la répétition ! Comme c'est un premier jet, il est possible qu'il y ait pas mal de pétouilles effectivement :')

Pour le Prozac, disons que l'information n'est pas transmise, mais oui, Julien a eu vent de ce médoc dans son passé, je me note que ça peut être intéressant de le préciser

Je note aussi pour le jeune dépressif, même si il n'a pas encore de nom, il aura un autre qualificatif par la suite, merci de me l'avoir souligné, je vais réfléchir à comment modifier cela

Et oui, jsuis un peu moins satisfaite de ce chapitre, je vais devoir bien le travailler lors de la première phase de correction, quelque chose me frustre un peu dedans, il faut que je mette le doigt dessus
Sorryf
Posté le 05/06/2023
Ahhh, je le guettais ton nouveau chapitre, j'en avais besoin pour le bingo ! (un chapitre catégorie "autre"... J'ai que toi et je désespérais) Bon et aussi parce que j'avais hate de la suite, quand même :p

La soirée ! la soirée ! je comprends le malaise de Julien de se retrouver là, mais finalement ça s'est pas trop mal passé ! on rencontre de nouveaux persos, et si ce sera peut-être difficile de se rappeler de chacun à l'avenir, en tout cas dans ce chapitre ils sont bien campés et identifiables ! Mention spéciale à Philippe, son discours sonne bien familier hahaha !
+ ça rage des parisiens mais ça écoute Louise Attaque ! zéro crédibilité !

Je meeeeeeurs d'envie d'en savoir plus sur Anthony, ce que le village lui reproche, ce qui s'est passé avec Inanna... Bien sur, j'imagine le pire, mais si tous les voisins sont au courant et lui en veulent pour ça, s'il a fait un truc de vraiment affreux pourquoi il est là en liberté ? Peut-être que tout ça est un gros malentendu ?

Je trouvais la fête sympa mais qu'il se passait pas grand chose, mais la fin du chapitre rattrape le tout, j'en avais froid dans le dos. Comment ça les crépiers ne disparaissent pas ? Celle qui mange en sait plus que ce qu'elle dit. Super bizarre. Et je suis contente qu'ils aillent voir, JE VEUX SAVOIR !!! La suiiiiiiiiiiiite !!!!
Alice_Lath
Posté le 11/06/2023
Coucou Sorry !
Eh bien tant mieux héhéhé c'est merveilleux de synchronicité dans ce cas
ALORS oui, techniquement après la soirée n'est pas terminée héhé donc qui sait si son pressentiment était bon. De toute façon, si jamais il y a un pépin en termes de souvenir de personnages, hésite pas :') je corrigerai ça dans la nouvelle version avec plaisir

Et pour Anthony, je n'en dis bien évidemment pas plus, même si quelques indices sont déjà en place héhé

Ouiii je pense que je vais devoir trancher un peu dans le lard de cette fête, la rendre moins longuette, j'hésite encore où, car j'ai besoin d'un peu d'espace pour certains personnages qui seront utiles par la suite... Donc je verrai bien

Merci encore pour ton passage en tout cas <3 Et bon bingo !
Vous lisez