Chapitre 73 : Elena

Par Zoju
Notes de l’auteur : Bonne lecture ! :-)

Après que Vincent m’ait quittée, je suis retournée d’un pas furieux dans mon bureau. J’ignore contre qui ma colère est tournée. Toutefois, je me rends vite compte que c’est à moi seul que j’en veux. Pourquoi est-ce que je m’oppose à ce point à Hans ? Je devrais plutôt être soulagée de savoir que Vincent tente de trouver un remède. Malheureusement, les cobayes de la section médicale ne cessent de me hanter. Je me suis à peine assise sur ma chaise que l’on frappe à ma porte. Je pense immédiatement à Tellin. Le connaissant, il voudra tirer le plus rapidement au clair ce qui est arrivé ce matin. Pourtant à mon grand étonnement, c’est Vincent qui entre dans la pièce. Sa respiration haletante et son regard inquiet n’augurent rien de bon. Mon cœur manque un battement. Il s’est passé quelque chose avec Hans. Je nage en pleine incertitude. Je viens de le quitter et il allait très bien.

- Elena, m’appelle mon ami à bout de souffle.

Je me rapproche de lui. Il respire un grand coup avant de reprendre.

- Tu dois retourner immédiatement auprès de Hans. Tellin est venu lui parler et cela n’annonce rien de bon.

L’horreur de la situation m’apparait. Après s’en être pris à Isis, Tellin compte bien me faire regretter mon geste en s’attaquant de nouveau à Hans. Je bouillonne de rage. Je m’apprête à quitter mon bureau en trombe, mais Vincent m’avertit :

- Il est accompagné de deux soldats armés. Ne tente rien d’inconscient.

Après avoir opiné, je m’élance au pas de course. Les rares soldats que je croise me jettent des regards interloqués, mais je n’y prête pas attention. Seul Hans compte. J’arrive rapidement au centre de soin et ne ralentit ma cadence qu’avant le tournant qui mène dans la chambre de Hans. Toutefois avant de m’y précipiter, j’observe discrètement ce qui s’y passe. Les deux gardes sont toujours devant la porte. Je respire lentement pour reprendre mon souffle tout en réfléchissant à la marche à suivre. Je connais bien ces deux soldats qui sont des vraies brutes lorsqu’ils se battent. Le major ne les a pas choisis pour rien. Si je souhaite les vaincre, je dois agir par surprise et avec précision. Je pourrais les abattre avec mon automatique, mais je désire être discrète. De plus, je ne souhaite pas les tuer, juste les neutraliser. Toutefois, je reste prudente, rien ne me prouve qu’il compte faire du mal à Hans. Cependant, j’ai de gros doutes là-dessus. Si Tellin avait voulu uniquement discuter, il serait venu seul. Je sors un poignard et m’apprête à attaquer. C’est à ce moment-là que la porte de la chambre s’ouvre et que Tellin apparait.

- Embarquez-le-moi, ordonne-t-il.

Les deux hommes rentrent dans la pièce. J’entends Hans protester et probablement se débattre. Mon sang ne fait qu’un tour. Je m’élance vers mon supérieur et tente de le prendre par surprise. Trop concentré par ce qui se passe dans la chambre, il ne m’aperçoit qu’au moment où je fonds sur lui. Malheureusement pour moi, cela lui suffit amplement pour bloquer mon coup. Je saute en arrière pour éviter qu’il me balaye les pieds. Je connais sa technique, c’est même lui qui me l’a enseigné.

- Tu es devenue folle, ma parole, s’exclame mon chef de colère. Désobéir aux ordres ne t’a pas suffi ? Il faut maintenant que tu attaques tes supérieurs.

- Je t’interdis de t’en prendre à Hans, craché-je pour toute réponse.

Comme pour prouver mes propos, je lance un nouvel assaut frontal. J’ignore si je pourrais avoir le dessus sur lui. Je n’ai jamais réussi à le battre. De plus, ses chiens de garde ne vont pas tarder à rappliquer. Je crains qu’Hans, affaibli, par la maladie, ne fasse pas le poids face à ses deux brutes. Tellin part tous mes coups avec une facilité déconcertante. Il veut me prouver qu’il me surpasse. J’évite de peu une frappe de sa part qui m’aurait mis hors circuit sans la moindre hésitation. Malgré mon entrainement quotidien, mes muscles commencent à fatiguer. J’ai compris que Tellin cherche à m’avoir à l’usure. S’il se démarque par technique, cela l’est également pour son endurance. Décidément, je ne lui arrive pas à la cheville et pourtant je continue à serrer les dents. Je ne peux pas me permettre de perdre. La sort d’Hans et probablement le mien sont en jeu. Tellin et le maréchal ne me pardonneront pas ce nouvel affront. Soudain, l’alarme se déclenche. Le son est différent des autres fois. C’est le code rouge. Des intrus se sont introduits dans la base et contrairement à la dernière fois, ils se sont fait repérer. Tellin marque une hésitation. Il ne m’en faut pas plus pour briser sa défense et lui assener un coup à la tempe qui l’étourdit fortement. Il recule chancelant. Je termine de l’assommer. Sans plus attendre, je rentre dans la chambre de Hans. Un des soldats git inconscient au sol pendant que l’autre est en train de prendre le dessus sur Hans. Il ne m’a pas remarqué. Discrètement, je me place derrière lui et abats le pommeau de mon poignard sur son crâne. Il s’effondre à mes pieds. Mon compagnon me lance un regard reconnaissant. L’alarme continue à tourner en boucle, mais je n’y prête pas attention, trop heureuse d’avoir réussi à retrouver Hans sain et sauf.

- J’ai bien cru qu’il allait m’avoir, articule-t-il avec difficulté, puis il demande. Et Tellin ?

- Assommé.

Hans tend une main vers moi.

- Donne-moi ton flingue, je vais achever cette pourriture.

Sa requête me prend de court. Bien que je la trouve légitime, je secoue la tête.

- Ne fais pas ça, Hans.

Mon compagnon me fixe, incrédule avant de se mettre à s’exclamer avec haine :

- Cet homme ne mérite aucune pitié. Regarde comment il te traite, comment il me traite. Il doit payer pour les crimes qu’il a commis. Donc, ne me reproche pas de vouloir en finir.

C’est bien la première fois que je vois Hans à ce point hors de lui. Malgré tout, je ne me laisse pas impressionner. La vengeance n’apporte rien de bon. Je le sais et pourtant je ne souhaite que cela, alors pourquoi je ne peux pas accepter le désir d’Hans ? Je déclare d’une voix calme comme pour l’apaiser :

- Ne commets pas ce crime qui ne te ressemble pas.

Hans se prépare à répliquer, mais quelqu’un derrière nous le prend de vitesse :

- Elena a raison, Hans.

Vincent entre à son tour dans la pièce, puis poursuit :

- Ce n’est pas à toi de rendre la justice. Ce que tu t’apprêtes à commettre ne sera purement et simplement qu’un meurtre. Tu vaut mieux que ça.

La colère d’Hans semble disparaitre instantanément.

- Il voulait m’envoyer dans la section médicale, lâche mon compagnon dans un souffle.

Il a l’air complètement perdu. Je me rapproche de lui et l’embrasse. Lorsque je m’écarte, je lui dis :

- Cela n’arrivera jamais, je te le promets.

Pour toute réponse, Hans me serre contre lui avant de me relâcher pour se changer. Je me tourne vers Vincent qui tient un sac à dos. Il me le fourre dans les mains.

- Il y a tout ce qu’il faut dedans. Vous ne pouvez plus rester ici. Partez.

- Et toi ? demandé-je.

Il secoue la tête.

- Je dois rester ici. Je dois continuer à trouver un remède pour Hans et les autres victimes du projet.

Une boule se forme au fond de ma gorge. Maintenant que mon départ est imminent, j’ai du mal à me décider de partir. Je sens une main se poser sur mon épaule. Hans se tient à mes côtés. Sa crise de colère semble avoir totalement disparu.

- Merci pour ce que tu fais pour nous, Vincent. Nous ne l’oublierons jamais.

Notre ami essuie ses yeux qui sont devenus légèrement humides. Comme pour passer à autre chose, il déclare :

- Je m’occupe de Tellin et ses hommes. Profitez-en pour déguerpir.

Nous opinons en cœur, puis après une dernière accolade, nous nous séparons. Avant de m’éloigner, je jette tout de même un coup d’œil à Tellin évanouit au sol. Cela ne me fait rien. Je vérifie tout de même s’il est toujours inconscient, mais il ne réagit pas. Sans m’en préoccuper davantage, je me détourne de lui. D’un pas pressé, mais mesuré, nous quittons le centre de soin. La base bouillonne d’activité. Je m’apprête à parler à Hans pour m’acquérir de la marche à suivre quand une voix hurle derrière nous :

- Arrêtez le colonel Darkan et Wolfgard.

Un sentiment de panique m’envahit. Je me retourne et aperçois Tellin qui sort d’un pas furieux de l’hôpital. Sa main est posée sur sa tempe. Dans la précipitation, nous avons été trop imprudents. Il a dû feindre l’évanouissement et je n’y ai vu que du feu. Mes pensées se tournent directement vers Vincent. Les soldats qui nous entouraient portent leurs attentions sur nous. Le major réitère son ordre. Hans ne me laisse pas davantage m’inquiéter pour Vincent. Il m’empoigne violemment pour me forcer à courir.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
annececile
Posté le 20/06/2020
Oh la la, ils ont vraiment pris le chemin du non-retour, la! Elena et Vincent ont eu raison de s'interposer pour eviter que Hans ne tue un homme deja a terre, mais le ligoter et le baillonner aurait ete une bonne idee! (Facile a dire quand on est juste spectateur, je sais!) :-)

Et l'alerte est arrivee a un moment tellement crucial que je me suis demande si Vincent (ou un obervateur) l'avait declenchee pour faciliter la fuite de Hans et Elena. S'ils veulent passer dans le camp adverse, au besoin avec Nikolai, c'est evidemment le moment... mais est-ce ce qu'ils ont en tete?

Petits details : attention a la concordance des temps. "Après que Vincent m’aIT quittéE"

"c’est à moi seulE"

"Je pourrais les abattre avec mon automatique, mais je désire être discrète." > on comprend qu'Elena, poussee a bout, et forcee d'executer toutes sortes de gens puissent considerer cette option, mais dans ce cas, en quoi est-ce acceptable par rapport a tuer Tellin ? Ils ne sont pas inconscients, mais totalement pas prepares a une attaque de sa part.. Mais elle y pense avec un tel sang froid que ca ne cadre pas avec ses protestations un peu plus tard.

Et du coup, si elle a son arme et qu'elle pense a s'en servir, pourquoi pas contre Tellin, au lieu de s'engager dans un pugilat face a un homme physiquement plus fort? Elle pourrait le blesser si elle ne veut pas le tuer. Ceci dit, elle a plus de raisons de le tuer lui que les deux gardes qui obeissent aux ordres. On comprend bien qu'elle agit instinctivement dans une situation d'urgence mais ca fait bizarre, ces contradictions.

Et maintenant?? Bon courage, j'ai hate de lire la suite!
Zoju
Posté le 20/06/2020
Merci pour ton commentaire ! En ce qui concerne les réflexions d'Elena sur les deux soldats, je vais rajouter qu'elle ne souhaite pas les tuer en plus du fait qu'elle veut être discrète. Je vais compléter sa stratégie. Elle ne souhaite pas utiliser son automatique, car un coup de feu risquerait d'ameuter du monde. Ce qu'elle veut à tout prix éviter. Quant à Tellin, elle espérait le prendre par surprise, mais elle a raté son coup. Ensuite pourquoi ne pas l'avoir bâillonné ? Il y avait la précipitation et puis Vincent allait s'en occuper. Malheureusement, ils ont commis une erreur. La suite arrive très vite. Merci de continuer à me suivre, cela me fait très plaisir ! :-)
Vous lisez