Chapitre 7 - Près de l'abre

Par Froglys
Notes de l’auteur : Bonjour bonjour !
Voici un nouveau chapitre !
Je compte encore sur vous pour me donner des avis que vous continuiez ou non afin que je puisse m’améliorer.
Bonne lecture !

Trois jours passèrent durant lesquels mon frère avait travaillé et moi, lu les livres que j’avais récupérés dans notre ancienne maison. J’avais également passé beaucoup d’heures de mes nuits à m’entraîner dans la forêt. Alors que j’étais justement en pleine lecture d’une excellente histoire pleine d’action, la fenêtre de la chambre s’ouvrit pour laisser entrer un intrus bien connu. 

Il était vrai que je lui avais dit de venir me voir aujourd’hui mais je m’attendais à ce qu’il emprunte la porte.

_ Bien le bonjour ! Lança l’être dont je ne connaissais toujours pas le nom.

_ Je sais bien que tu n’es qu’à moitié humain mais la plupart du temps les gens passent par un autre chemin pour arriver jusqu’ici.

_ Comme tu le dis, je n’appartiens pas à ton espèce alors permets-moi de faire comme bon me semble.

Mon sourcil gauche se courba. Il était venu me voir quelques fois ces derniers jours et m’avait tenu un peu compagnie.

_ D’après mon frère, ceux qu’il a contactés devraient arriver dans la matinée de samedi.

_ Il reste donc encore quatre jours. Tu en es arrivée là où tu voulais avec tes nuits ?

Je refermai mon livre m’attendant à avoir une longue discussion sur ce sujet.

_ Je n’ai pas commencé la magie.

_ Tu as donné ton accord à ton frère pour t’inscrire à l’académie de magie. Au cas où tu n’étais pas au courant, c’est un endroit où l’on apprend la magie, dit-il en appuyant sur certains mots évidents.

_ Je veux en finir rapidement avec ça. Si je m’avance assez avant la rentrée je pourrais peut-être réussir à sauter une année.

_ Combien de temps as-tu l’intention de passer là-bas ?

_ Trois ans maximum.

_ Tu ne vas pas suivre les cours de supérieur ? S’étrangla mon interlocuteur.

Pourquoi réagissait-il comme ça ?

_ J’ai déjà presque deux ans de retard. Je ne peux pas me permettre de perdre plus.

Il hocha la tête de haut en bas sans rien ajouter de plus. Sa main gauche se posa sur son avant bras droit.

_ Je serai prêt à partir dans quatre jours alors. Il faudra que j'aille chercher des affaires dans un village voisin.

_ Ah ? Tu n’habites pas à Roaris ?

Il secoua la tête.

_ Mais comment as-tu fait pour venir jusqu’ici chaque jour ?

_ J’habite… à quelques… centaines de mètres de… du village le plus proche, dit-il en cherchant ses mots

_ Oh… Ça fait quand même assez loin. Tu n’aurais pas dû venir tous les jours.

_ Mais non, mais non ! J’ai beaucoup aimé être avec toi ! S’exclama le demi homme.

Il m’avait prise au dépourvu et sur le moment je ne savais pas quoi répondre. Comment être avec quelqu’un pouvait-il contrebalancer près de quatre heures de cheval par jour ?

Cet être que je pensais à présent pouvoir qualifier d’ami se racla la gorge.

_ On se voit ce soir près de l’arbre ?

_ Bien sûr, je ne manquerai pas d’y être !

Sur ce, il sortit. Par la fenêtre évidemment.

Le temps me sembla si long jusqu’à ce que mon frère se couche. Épuisé par sa journée, il tomba net sur son matelas après être revenu de la douche. Thalion s'endormit au bout de quelques secondes. Il avait toujours eu le sommeil facile et j’étais bien contente que la mort de nos parents ne l’empêche de trouver le sommeil.

Je sortis mes pieds de sous mon drap et m’assurais qu’il soit bien endormi avant de prendre des vêtements.

La forge était plongée dans le noir total. Seule une lampe runique illuminait mon chemin. Ouvrant la porte j’enfilai mes vêtements et cachai mes habits de nuit dans une cavité en bas du mur. Je les récupérerais quand je rentrerais.

Le village était habituellement très sombre à cette heure-ci, mais cette nuit-là, la lune était ronde et éclairait les alentours. Une pleine lune illuminait le royaume d’Orane. Retrouvant facilement mon arbre favori je remarquai que mon ami n’était pas arrivé. Je ne l'avais vu que cinq petites minutes aujourd’hui et ma journée en avait été bien fade.

Comme chaque nuit depuis mon arrivée, je grattais la terre sur cinq centimètres de profondeur et quarante de longueur sous le gros champignon qui poussait sur l’arbre afin de retrouver mon outil. Lorsque j’avais décidé de commencer à apprendre l’épée, le demi homme était revenu le lendemain avec une épée courte. Pas trop lourde, je pouvais la manier avec une seule main.

Je m’entraînais seule et de temps à autre il me proposait un combat. Le demi-homme s’avérait être un adversaire particulièrement doué. Malgré que je ne parvenais pas encore à le toucher, les choses qu’il m’apprenait m’étaient instinctives. Enfin, je restais assez peu douée dans ce domaine.

Regardant autour de moi pour observer mon environnement, je me déplaçais en plein milieu d’un petit espace de trois mètres sur quatre. L’épée de métal était toujours dans ma main alors je commençais à m’échauffer avec en donnant des coups latéraux et horizontaux dans le bois d’un arbre un peu plus petit que les autres.

C’était fatigant et mes coups, du moins la plupart, n’étaient pas correctement portés et ricochaient sur l’écorce. Quelques éclats tombaient sur le sol tout autour. L’arbre était vraiment très abîmé.

_ Tu es sans aucun doute la meilleure élève que j’ai jamais formée, s’exclama quelqu’un à quelques mètres qui me fit sursauter et manquer ma cible.

_ Quel compliment !

Sans même me laisser le temps de finir ma phrase, il tendit quelque chose de longiligne juste sous mon nez. Je reculais de quelques pas avant qu’il ne me touche.

_ C’est bien ! Tu as développé de bons premiers réflexes. Tu veux essayer l’arc ?

_ Tu l’as déniché où cette fois ? Marmonnai-je en prenant l’objet de bois dans mes mains.

Il avait déjà rapporté mon épée de je ne sais où.

_ Celui-ci tu pourras le garder, je l’ai fait moi-même, dit-il fier de lui.

_ Dommage, ça n'avait pas l’air trop mal le tir à l’arc. Mais je pense que je vais plutôt apprendre autre chose.

Je déposai le dangereux arc et l’épée, sûrement volée, près de leur cachette. Même si je cacherai certainement l’arc ailleurs. L’enterrer ne me semblait, pour une fois, pas être l’idée du siècle.

_ C’est une nuit parfaite pour entreprendre ce que je veux faire. La lune éclaire suffisamment le village pour que quelques éclats de lumière puissent passer inaperçus.

_ Oh non… Souffla mon interlocuteur.

_ Oh si, lui répondis-je avec un grand sourire. S’il te plaît ?

Je joignis mes mains en signe de prière pour le convaincre de m’apprendre. Nous partions dans peu de temps et cette nuit était vraiment l’occasion rêvée. Non pas seulement pour l’éclairage qu’offrait la lune mais pour ses propriétés sur la magie. Bien sûr j’étais encore bien loin de ce niveau mais d’après les livres que j’avais lu il existait une forme de magie qui se servait de l’énergie de la lune. Je n’avais pas compris comment mais j’espérais en apprendre plus auprès de…

_ Au fait, à chaque fois j’oublie mais tu ne pourrais pas me donner ton nom ? On est amis, je devrais pouvoir te nommer.

_ Les noms c’est surfait.

_ C’est quand même bien pratique, répliquai-je en croisant les bras.

Il sembla me jauger puis souffla.

_ Tu peux m’appeler Fallon si l’envie te prend.

_ Fallon… Très bien.

Il me jeta un regard en biais blessé dans son amour propre.

_ C’est bon tu as eu ce que tu voulais ?

_ J’ai dit que je voulais apprendre la magie. On peut commencer ce soir, non ?

Il me jeta un regard en biais avant de ramasser un bâton un peu plus loin sur le sol. Il revint vers moi et dessina un cercle autour de mes pieds. Il lança l’objet dans les fourrés et se replaça en face de moi.

_ Tu n’as pas besoin de ça, dit-il en pointa ma main du doigt.

Je lançais l’arme près du champignon puis me concentrais.

_ Je pensai commencer par de la magie de soin ou de protection si possible, expliquai-je en faisant des mouvements avec les mains pour expliquer la chose, c’était plutôt ridicule.

_ Je peux t’en apprendre un de chaque.

J’hochai la tête en signe d’approbation, j’étais très excitée.

_ Très bien. Alors positionne tes mains comme moi.

Il plaça ses mains, paumes en avant, l’une sur l’autre les doigts en décalés, puis tendit ses bras loin devant lui.

_ Plus tu tendras tes bras, plus le diamètre de ton bouclier sera grand et demandera aussi plus d’énergie.

Je reproduisis ses gestes et pliais aux maximum mes bras.

_ Ensuite il faut réciter une incantation. Elle est différente selon l’emploi, les propriétés ou les besoins du bouclier. Aouil plodiov.

Un reflet bleu provenant de ses mains se dispersa autour de lui en une bulle à peine visible en un reflet bleu. Une fois la bulle complète, son reflet lui donnant une existence physique visible s’éteignît.

Une fois cela fait, il retira ses bras de leur position.

_ À part si ton bouclier est attaqué, il tient seul tant que tu continues de lui fournir de l’énergie. Maintenant lance un bâton sur moi.

Je ramassai un bout de bois et le jetai sur lui. Il se décomposa en entrant dans le bouclier créer par Fallon.

_ Je ne pensais pas que c’était aussi dangereux.

_ J’ai eu l’habitude de l’utiliser comme ça mais tu peux imaginer n’importe quelle propriété pour ta protection.

A nouveau j'acquiesçais.

_ Essaie.

Je me plaçais comme il me l’avait montré et prononçais la formule.

_ Aoul

_ Aouil plodiov, me reprit mon professeur.

_ Aouil plodiov.

Rien ne se passa. Je répétai encore une fois mais toujours rien.

_ Mets-y plus de conviction. Pour réussir un sort il faut croire en son utilisation, sa réussite et son existence.

_ Son existence ?

_ Tu vois cette forêt ? Tu sais qu’elle existe parce que tu la vois et que tu peux la toucher. Mais si elle est invisible, es-tu sûre de son existence ?

_ Non.

_ C’est pareil avec la magie. Si ça peut t’aider, imagine une bulle autour de toi pendant que tu récites la formule.

_ D’accord.

Je fermai les yeux en me concentrant sur une image de moi entourée par ce bouclier. Je répétai les mots. Une légère brise fraîche partit de mes mains, je rouvris les yeux et admirais bouche bée ce spectacle.

Le même reflet bleu se dispersa autour de moi. C’était magnifique. Fallon jeta un bout de bois sur moi et celui-ci rebondit sur la parois devenue à présent invisible avant se retomber dans l’herbe.

_ Je n’ai pourtant pas imaginé de propriété.

_ Il faut bien que le bouclier agisse. Au naturel c’est de l’énergie qui a été matérialisée pour une utilisation bien précise. Sa propriété naturelle peut changer mais elle reste existante.

_ Cela change donc selon l’invocateur ?

_ Exact.

Je sentais toujours mon sort crépiter dans mes mains, c’était une sensation assez agréable, comme un surplus d’énergie.

_ Un sort de soin ?

_ Oui.

_ Celui-là est un peu plus simple.

Il ramassa l’épée.

_ C’est une incantation pour les blessures bénignes et superficielles. 

Il plaça la lame sur sa peau et entailla la peu de son avant-bras en grimaçant. Il reposa l’épée et plaçant sa main au dessus de la blessure, il écarta ses doigts. Un cercle vert apparut sous sa paume.

_ Maintenant la formule. Fél kolé.

Le cercle tourna à droite puis à gauche et s’arrêta pour se dissiper et fondre en étincelles dans la blessure de mon ami qui se referma au contact de la magie sans laisser aucune trace.

_ C’est fabuleux...

Je recopiai ses gestes. Je me coupai légèrement, non sans grimacer, et plaçai ma main droite au dessus.

_ Fél kolé.

Le cercle apparut mais ne fit rien. Je le regardai en incompréhension totale.

_ Comme je l’ai dit tout à l’heure, la visualisation est la partie principale de la magie. Il est dit que certains grands magiciens seraient capables de la pratiquer sans même avoir à faire le moindre signe ou prononcer la moindre formule. Tu as visualisé le résultat ?

_ Oui.

_ Dans ce cas là, essaie plutôt de placer ta main ainsi.

Il étendit sa main de tout son long puis plia un peu ses doigts.

_ Encore une fois, plus tes  membres sont étendus plus tu consommes de l’énergie magique. Pour une petite entaille comme celle-là, il vaut mieux que tu utilises pour le moment moins d’énergie.

Je réitérais le tout en pliant le bout de mes doigts.

_ Fél kolé.

Le cercle magique se mit à tourner puis disparut dans ma blessure qui se referma.

_ Quand on commence à peine à manipuler les énergies magiques, nous ne pouvons en consommer qu’une infime partie. C’est pour ça que lorsque tu as étendu tous tes doigts tout à l’heure ça n’a pas marché. Tu as demandé beaucoup d’énergie qui n’a pas pu parvenir à toi.

_  On peut utiliser la magie dans n’importe quelle position ?

_ Oui. Mais je ne t’apprendrai pas à le faire. C’est trop dangereux, difficile et de toute façon tu verras ça quand tu étudieras à l'académie. Tout comme chacun de ces sorts.

Il me montra ensuite comment changer les différentes propriétés et l’ordre des mots pour avoir un nouvel effet. Je retournai ensuite à la forge et m’endormis sans plus de cérémonie.

Le soleil se leva trop tôt. Une lumière vive arrivait sur mes yeux encore fatigués de cette courte nuit. Des voix et des sons commençaient à me parvenir. Soudain je sentis une pression sur chacune de mes joues et j’ouvris brusquement les yeux. Au-dessus de moi, Thalion pressait mes joues fortement. Une fois qu’il s’aperçut que j’étais réveillée, il cessa.

_ Je dois t’emprunter le miroir que je t’ai prêté, c’est une urgence, je n’ai pas le temps de faire autrement.

J’étais encore un peu endormie mais je lui indiquais le tiroir sous lequel j’avais posé mon sac. Il récupéra l’objet dont je ne connaissais toujours pas l’utilité.

_ Prépare tes affaires et rejoins-moi dans la cuisine dans dix minutes, dit-il en se redressant.

Il ne resta pas plus longtemps et sortit en refermant la porte.

Ne comprenant pas ce qu’il se passait, j’obéis tout de même à mon frère et fut prête en bien moins de temps qu’il m’en avait donné. Au rez-de-chaussée, je retrouvais Thalion et les Under.

_ Si tu n’as besoin de rien d'autre, vous devriez y aller, dit Yule à mon frère.

Ce dernier hocha la tête et posa ses yeux sur moi. Son regard était inquiet et préoccupé. Par quoi, je ne savais pas. Mais d’après ce que je savais de la nouvelle version de mon frère, cela sentait vraiment pas bon.

_ Tu es prête ? Tu n’as rien oublié ?

_ Je n’avais pas défait mon sac.

Il hocha la tête et approcha de sa bouche sa main tenant le miroir brisé.

_ Forge Under, troisième village d’Anglefort, Roaris, Orane, murmura-t-il à l’intention de l’artefact.

Aussitôt un bruit sourd retentit à l’extérieur du bâtiment. Thalion ramassa ses affaires et rangea dans sa poche l’objet avant de se faufiler à l’extérieur en saluant nos hôtes. Je fis de même et me précipitai à sa suite malgré le poids de mon bagage.

Dehors se trouvait une calèche. En bois brun, elle arborait des dessins sculptés. Il était ravissant. A l’avant se tenait un cocher et à côté du moyen de transport, deux hommes aidaient Thalion à rentrer ses bagages dans le coffre.

Le plus jeune semblait avoir l’âge de mon frère. Ses cheveux châtains attachés en une queu basse, sa carrure droite et sa posture stricte lui donnaient l’air d’un aristocrate d’une vieille famille. Je n’en avais jamais rencontré mais c’était l’image que je m’en faisais. De plus, il avait le charme des nobles. Contrastant avec cela, sa tenue composée d’une tunique et d’un pantalon collant noir accompagné de bottes de cuirs le rendait simple, presque basique.

Le second homme était peut-être deux fois plus vieux et souriait à mon frère alors qu’il l’aidait avec les sacs. Son nez était très fin et ses lèvres si fines qu’on les voyait à peine. Il ressemblait à un homme important avec son uniforme bleu ciel. Il y avait beaucoup de décorations, je me demandais qui il pouvait être.

Tous deux avaient également une épée accrochée à une ceinture à leur taille.

_ Je suis désolé de vous avoir précipités. Il y a eu un imprévu et… beaucoup d’imprévus.

Mon arrivée attira l’attention de mon frère qui s’empara de mon sac pour le porter à l’arrière du véhicule. Le plus jeune des hommes s'approcha et afficha un sourire amical.

_ Tu peux monter. On va bientôt partir. Nous devons juste discuter entre adultes, m’expliqua-t-il.

Je restais un instant muette. Il pensait que j’avais quel âge ? J’étais peut-être jeune mais il ne me semblait pas bien vieux non plus !

_ Vous pouvez simplement me dire que vous allez discuter avant de venir, pas besoin de me traiter d’enfant, prononçai-je à voix basse avant de monter dans la cabine et de refermer la porte derrière moi.

Je ne prêtais plus attention à lui au moment où la porte se referma. L’habitacle était assez grand. Comportant une banquette de chaque côté, l’intérieur était drapé de velours turquoise sur les parois et les sièges. Trois personnes pouvaient s’asseoir confortablement sur la largeur et un homme adulte pouvait s’allonger dans la longueur. La hauteur me permettait de me tenir debout sans problème.

Je m’assis sur une des banquettes en attendant que mon frère et les deux hommes arrivent. Je n’eus pas à attendre bien longtemps et une fois tout le monde assis, la calèche se mit à avancer.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez