Chapitre 7 : (Mauvais) Conseils

Amoureux. Amour. Aimer.

C’était impossible.

Amant. Aimée. Aimant.

Impossible.

Cupidon, amoureux ?

Et d’une simple mortelle qui plus est.

Non. Décidément c’était impossible.

Alors pourquoi cette histoire l’obsédait tant ? Pourquoi n’arrêtait-il pas d’y penser ?

Cupidon était dans le brouillard. Il avait besoin de conseils.

- Merci, dit-il au chauffeur qui venait de le déposer devant sa grande villa hollywoodienne.

Il pénétra dans la résidence sous l’oeil attentif des caméras et des vigies. Il n’aimait pas être observé ainsi, sur l’Olympe, il n’y avait pas de gardes aux portes de son palais.

Il savait ce qu’il devait faire, il se dirigea vers le petit salon qui servait de « bureau d’entretien » à Aphrodite. Nous savons tous ce que ça veut dire.

Comme d’habitude, il trouva sa mère en compagnie d’un bel homme riche. Ils étaient tous les deux assis à la romaine sur un canapé de velours prévu spécialement pour la « discussion » qu’ils n’allaient sans doute pas tarder à avoir.

- Maman je dois te parler d’un truc important, déclara-t-il avec aplomb, supportant le regard méprisant de l’homme qu’avait invité sa mère.

Oui, vous avez compris, Cupidon voulait parler de ses émois amoureux avec Aphrodite. Bah oui, j’ai dit qu’il allait demander conseil à quelqu’un, j’ai pas dit qu’il allait demander conseil à la bonne personne. Dans sa tête, sa mère était un expert pour tout ce qui touchait de près ou de loin à l’amour. Comme quoi, la naïveté n’a pas d’âge.

- Pas maintenant, répondit Aphrodite, je suis occupée.

- C’est vraiment important, insista-t-il.

Il planta ses yeux dans les siens pour lui faire comprendre à quel point il avait besoin d’elle.

- Bon, excuse-moi, je dois régler une affaire de famille. Tu sais comment sont les adolescents.

- Oui, je sais, fit l’homme en tournant lentement son verre de vin. Et je pense que tu devrais le laisser se débrouiller tout seul.

Elle soupira.

- Je n’en ai pas pour longtemps, attends-moi ici.

- C’est lui ou moi.

Aphrodite considéra le mortel qui la défiait avec un sourire en coin. Elle approcha son visage de celui de l’homme.

- Alors, au revoir, lui souffla-t-elle avant de se tourner vers son fils.

Cupidon entraperçut la tête outrée de l’homme.

- À cause de toi j’ai foiré un plan cul, lui reprocha-t-elle, j’espère que ce que tu as à me dire est important.

- Ça l’est.

Ils allèrent discuter sur la terrasse surplombant leur jardin.

- Alors ? demanda-t-elle en grec ancien.

- Je crois… que je suis tombé amoureux.

Pour une fois,  la déesse eut l’air étonné. Je dirais même qu’elle manqua de s’étouffer.

- Tu quoi ?

- Je crois que je suis tombé amoureux.

Elle se racla la gorge.

- Tu crois que tu es tombé amoureux ?

- Bah, je n’en suis pas sûr, c’est tellement… improbable.

- Un peu, oui. Raconte-moi.

Il lui raconta alors tout ce qu’il s’était passé depuis quelques jours. Sa rencontre sanguinolente avec moi, son réveil à l’infirmerie, les propos de l’infirmière et de Jason, les étranges symptômes qu’il avait…

À la fin de sa tirade, Aphrodite semblait le considérer comme un homme… pardon, un dieu, nouveau. Un immense sourire naquit sur ses lèvres charnues, et une fois  n’est pas coutume, il était dénué de toute ironie.

- C’est merveilleux ! s’exclama-t-elle. Tu es enfin tombé amoureux !

- Ah bon ? Tu crois que je suis amoureux ?

- C’est certain.

- Mais les gens ne s’évanouissent pas quand ils se rencontrent, même les âmes soeurs, je suis bien placé pour le savoir.

- Si tu ressens les choses ainsi, c’est sûrement parce que tu es le dieu de l’Amour, c’est comme si tous les « symptômes » de l’Amour étaient décuplés chez toi, jusqu’à l’absurde.

- Ça parait plausible… mais si je suis vraiment amoureux… qu’est-ce que je dois faire ? Ce n’est qu’une simple mortelle, je… je…

- Pour moi c’est évident. Tu la séduis.

- Je la séduis ?

- Oui, je vais t’apprendre. Avec ma méthode, tu verras, dans quelques jours elle sera dans ton lit.

Voilàààààààà. Qu’est-ce que j’avais dit ? Ne JAMAIS demander conseil à Aphrodite quand on veut  avoir une relation pure et innocente.

Cupidon manqua de s’étouffer.

- Maman… je ne crois pas que….

- Et bien quoi ? Il faut bien que tu te dépucelles un jour. C’est l’occasion rêvée.

- Je… non merci, Maman, ça va aller.

Elle se renfrogna.

- Dire que tu es mon fils. Je ne sais pas si je dois en rire ou en pleurer.

- Merci, Maman. Je… crois que je vais aller réfléchir un peu.

 

Cupidon soupira.

Amoureux. Amour. Aimer. Aimant. Aimée. Amant.

Telles étaient les pensées qui s’entremêlaient dans son esprit.

Et puis aussi :

Sally. Sally. Sally. Sally. Sally. Sally. Sally. Sally.

Il soupira. La ville défilait sous ses yeux distraits.

- Nous sommes bientôt arrivés, monsieur, annonça le chauffeur.

La voiture de luxe se gara devant le lycée.

Comme d’habitude, une foule de journalistes faisaient le pied de grue devant l’école. Il se mirent à sauter sur place quand ils virent Cupidon sortir de la voiture.

Le dieu parvint à fendre la foule. À l’intérieur du lycée, les fangirls prirent le relais.

- Embrasse-moi, Miguelounet !

- On fait un selfie ?!

- Je t’aime Miguel !

Après une course effrénée, quelques détours et plusieurs points de côté, il réussit à les semer. S’il n’avait pas l’esprit occupé par l’Amour, il aurait décidé sur le champ de rentrer chez lui, sur l’Olympe. Au moins là-bas, il n’y avait pas de fangirls.

- Ça va, vieux ? demanda Jason en apparaissant près de lui.

Cupidon ne se souvenait pas avoir convenu qu’ils étaient amis, mais le garçon aux cheveux roses se comportait comme s’ils étaient les meilleurs potes du monde.

- Ouais, ouais, ça va.

- Mmmmmmh, tu ne me feras pas croire ça. Tu as la tête d’un type qui s’est torturé l’esprit toute la nuit. Qu’est-ce qui te tracasse ?

Le blondinet hésita à tout lui révéler, puis il se dit qu’avoir un point de vue de mortel était la meilleure chose pour approcher sa dulcinée.

- Je… je suis tombé amoureux de Sally.

- Je l’savais, je t’l’avais dit ! claironna Jason.

- Oui… mais le problème c’est que je ne sais pas quoi faire.

- Quelle question ! Révèle-lui tes sentiments.

- Tu crois ?

- Mais oui, fais tes yeux de merlan fris et dis lui que tu l’aimes. C’est la seule chose à faire dans ton cas.

- Ah bon ?

- Fais moi confiance, avec les filles, ça marche à tous les coups !

- Tu es sûr ?

- Mais oui j’te dis !

Pourquoi pas ? Après tout Jason était un fin connaisseur qui avait toutes les filles à ses pieds (lol).

Lui révéler mes sentiments…..

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justemadeleine
Posté le 21/06/2020
J'aime beaucoup, je ne me lasse toujours pas ! C'est tellement drôle et amusant ! Les Fangirls, la maman-star, le p'tit Cupidon, la peste du lycée, le beau-gosse du lycée, la Sally... Incroyable, tous ces petits détails qui nous font rire ! Bravo !!!!!!!!!!
AudreyLys
Posté le 21/06/2020
Merci :3
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