Chapitre 7 : Le Théâtre d'Orion [2/3]

Notes de l’auteur : Les parties de ce chapitre risquent d'être un peu trop longue, je m'en excuse, mais je n'ai pas trouvé comment mieux les découpées pour que ce soit plus agréable.
Bonne lecture !

[Chapitre relu]

La sorcière jeta un dernier regard à son reflet avant de s’en aller. Elle descendit les escaliers la tête haute et rejoignit son frère qui l’attendait, perché sur ses béquilles, à côté de leurs parents. En la voyant arriver, le jeune homme sourit à sa sœur avant de se laisser conduire au dehors par M. George.

Azura scruta d’un œil mauvais la tenue de sa fille et fronça les sourcils. Elle allait ouvrir la bouche quand Roman la devança en s’avançant d’un pas. Il avait essayé de coiffer ses boucles brunes sans grand succès et s’était paré de son plus beau costume. Visiblement, son épouse était passé par là.

Quand son regard se posa sur Amélia, l’adolescente vit ses prunelles couleur chocolat briller de joie. Elle avait l’impression que ça faisait des années qu’elle n’avait pas vu son père. Incapable de s’en empêcher, Roman serra sa fille dans ses bras. Ce contact doux et chaleureux réchauffa le cœur d’Amélia. Déesse que son père lui avait manqué !

– Comment te sens-tu ? demanda-t-il finalement en s’écartant pour la regarder bien en face. Si tu veux, nous pouvons rester au manoir ce soir. Je crois que nous avons beaucoup à nous raconter. Azriel m’a parlé d’un nouveau jeu, Oracle & Miracle, c’est bien cela ?

– Oui, mais ça ira, assura Amélia avec un sourire. Je veux y aller. Emily se réjouissait de cette sortie, je ne veux pas la décevoir.

L’homme parut quelque peu déçu mais afficha un large sourire. Amélia était soulagé qu’il lui ait proposé de rester et elle aurait largement préféré jouer aux cartes avec lui et Azriel, mais elle ne pouvait pas. Elle s’était promis de faire honneur à Emily, même si ça signifiait s’ennuyer à mourir devant Utopia.

– Très bien, dans ce cas, allons-y.

 Amélia ignora sa mère qui lui jetait son habituel regard noir, et rejoignit son frère au dehors. Elle traversa avec lui le chemin menant au portail et l’aida à monter dans le fiacre qui les attendait avant de prendre place à ses côtés. Quelques instants plus tard, ses parents les rejoignirent et le valet de pied referma la porte sur eux. La sorcière entendit le cocher siffler et aussitôt les chevaux se mirent en marche.

En regardant par la fenêtre, la jeune fille vit deux autres fiacres se mettre en route derrière eux, contenant le reste de leur famille. Un petit sourire étira les lèvres d’Amélia. Toute la maisonnée se retrouverait réunie. Même sa cousine Magnolia avait reçu une permission de l’Observatoire pour se joindre à eux ce soir – ce qui était un véritable exploit quand on connaissait la sévérité de son directeur.

Amélia se rassit et découvrit son frère en train de sourire. Elle lui jeta un regard interrogateur. Le jeune homme lança un coup d’œil à leur mère, elle s’était lancée dans une discussion passionnée avec Roman et ne semblait plus les voir. Puis il se tourna vers sa sœur qui avait suivi son regard.

– Tu es magnifique Amélia. Je suis sûr qu’Emily aurait adoré te voir porter ses créations.

– Merci, grand frère, sourit l’adolescente en lui prenant la main.

Azriel lui rendit son sourire et serra un peu plus fort la main d’Amélia dans la sienne. Puis ils se détournèrent et se laissèrent bercer par le son des sabots sur le pavé. Le décor défilait tranquillement à l’extérieur, berçant la jeune fille qui se perdit dans ses pensées.

Le Quartier des Sorcières faisait partie des plus grands de la ville et regroupait nombre de bâtiments importants comme le Théâtre d’Orion, la Cathédrale d’Aurora, la Bibliothèque, la Banque de Riverfield ou les plus prestigieuses écoles de la capitale. Seul le Grand Observatoire avait été construit un peu plus loin dans le Quartier des Humains un siècle plus tôt.

Amélia s’était toujours posé beaucoup de question sur cet endroit. On disait qu’il renfermait plus de livre et de savoir que la Bibliothèque elle-même. De plus, il s’agissait du bâtiment le plus imposant de la capitale et on disait que sous sa majestueuse coupole de bronze se trouvait le télescope le plus puissant du pays. Les plus réputés des inventeurs humains avaient mis pas moins de dix ans pour achever sa construction. En définitive, seule une petite poignée de privilégiés avait la chance d’être autorisé à le manier.

Magnolia racontait que, quand elle travaillait à l’Observatoire, elle était la plus heureuse du monde, même s’il lui arrivait parfois de crouler sous le travail. L’étude du ciel l’avait toujours fascinée, elle rêvait de pouvoir en découvrir tous les secrets et d’avoir un jour la chance de manipuler à son tour le fameux télescope.

Amélia l’enviait, elle aurait aimé aller à l’école…

Ses pensées furent balayées quand son frère lui tapota l’épaule. Elle se retourna un peu perdue et il pointa sa fenêtre du doigt. Les rues sombres avaient laissé place à un boulevard lumineux aux nombreux réverbères et aux passants richement parés. Doucement, le fiacre ralentit puis s’arrêta complètement. Amélia se redressa et un valet de pieds leur ouvrit la porte.

Roman descendit le premier et proposa sa main à son épouse pour lui permettre de descendre à son tour avant de s’avancer vers les marches menant au théâtre. Amélia accepta avec reconnaissance la main que lui proposait le valet avant de descendre à son tour et aida ensuite son frère dont la canne butta sur les marches du fiacre. Une fois au dehors, elle l’accompagna sur le grand escalier et le cocher disparut dans les ténèbres, cédant sa place au véhicule suivant.

Le Théâtre d’Orion était de loin le bâtiment le plus beau qu’Amélia n’eut jamais vu. Savant mélange de dorures et de moulures, on pouvait lire l’histoire d’Osha gravée dans la pierre de sa devanture tandis que, se dressant à l’entrée du théâtre se trouvait une immense statue d’albâtre représentant la Déesse Solaire. Un voile décoré à la feuille d’or en camouflait la moitié du visage, ne laissant entrevoir qu’un sourire mystérieux alors qu’elle tendait les mains en coupe devant sa poitrine, comme pour faire un don. Une auréole parait le tout, brillant d’une lumière chatoyante, faisant briller l’or de la statue.  

À chaque fois qu’Amélia se retrouvait devant l’imposant édifice, elle avait l’impression de plonger dans un autre monde. Il n’y avait pas de misère ni de discrimination ici. Seuls la musique et les chants de la Cathédrale à quelques rues de là côtoyaient l’art qui imprégnait ces lieux.

– On y va ? demanda Azriel avec un sourire en offrant son bras à sa sœur.

Amélia le regarda un instant avant de se fendre d’un large sourire.

– Avec plaisir, lui répondit-elle en passant une main sous le coude du garçon.

Et ensemble, ils commencèrent à gravir les marches pâles du théâtre.

Derrière eux, Azura et Roman regardaient leurs enfants s’amuser de la maladresse d’Azriel qui devait s’appuyait sur sa sœur autant que sur sa canne pour gravir l’interminable escalier. La jeune fille ne s’était même pas donné la peine de jeter le moindre regard à sa mère qui grinçait des dents au bras de son époux.

– Azura, laisse-la un peu tranquille, lui dit Roman avec un sourire. Amélia est assez grande pour faire ses propres choix. Il faudra bien que tu l’acceptes un jour.

– Mais, Roman, elle défie toutes les convenances ! Ce n’est pas digne d’une Moonfall, s’indigna-t-elle.

– Et alors ? Azura, soupira-t-il calmement, notre fille vient de perdre sa meilleure amie. Je pense qu’il serait grand temps que tu remballes tes griffes, mon amour. Amélia va bientôt avoir dix-huit ans, elle n’est plus la fillette que tu t’amusais à habiller en parfaite petite princesse. Et, pour être tout à fait honnête, ajouta-t-il avec un sourire en coin, je trouve ses initiatives intéressantes.

– Comment ? s’exclama Azura sous le choc. Mais…

– Cela fait des décennies que les fées sont mal menées, la coupa-t-il sans se démonter, peut-être est-il temps de faire table rase du passé et d’avancer. Nos idées moyenâgeuses ne nous aident pas. Je pense qu’il est grand temps pour Osha d’évoluer, et ça commence ici, à Riverfield, avec notre fille.

– Je pense quand même que c’est une mauvaise idée, bredouilla-t-elle en détournant les yeux.

Roman sourit en regardant son épouse et l’attira à lui pour l’embrasser tendrement.

– Tu finiras par t’y faire, mon amour.

Après un moment à aider Azriel à gravir l’escalier, Amélia et sa famille arrivèrent enfin aux pieds de la statue de la Déesse. La jeune fille et son frère restèrent un moment le nez en l’air à admirer le travail qu’avait fourni l’artiste des siècles plus tôt. On aurait pu croire qu’elle se trouvait bien là, devant eux, tant l’œuvre semblait réaliste. Amélia s’attendait presque à la voir bouger s’un moment à l’autre, un peu comme ces autres statues qui peuplaient le quartier.

Quelqu’un lui tapota l’épaule. Quand elle se retourna, elle vit le sourire chaleureux de son père.

– Tu viens ? Ils nous attendent.

Amélia jeta un dernier regard à l’imposante idole avant de suivre ses parents. Ils passèrent entre les colonnes de marbres et arrivèrent devant la porte la plus grande et la plus ouvragée que la jeune fille n’ait jamais vue. Celle-ci s’ouvrit dès l’approche de Roman, comme mue par une volonté propre. Les uns après les autres, les membres de la familles Moonfall entrèrent dans le grand hall du théâtre. Là, les attendaient des centaines de bourgeois et d’aristocrates de la Cour des Sorcières.

Amélia n’en reconnu pas la moitié.

Son père s’excusa auprès d’Azriel et elle avant de se faufiler dans la foule pour saluer tout ce beau monde comme le voulait les bonnes manières. Les adolescents restèrent plantés au milieu du vestibule, juste sous le grand lustre d’or et de cristal.

Partout où Amélia posait son regard, elle ne voyait que dorures, marbre et moulure. Le Théâtre d’Orion était de loin l’édifice le plus cliquant de tout le pays. Mais, même si tant d’opulence mettait la sorcière mal à l’aise, elle devait bien admettre qu’il était aussi de toute beauté.

Du coin de l’œil, l’adolescente remarqua du mouvement. Puis elle sentit quelqu’un la frôler.

– Tu es très courageuse.

En se retournant, Amélia vit sa tante, Nausicaa, afficher un léger sourire avant de disparaître à son tour dans la foule. La jeune fille n’en revenait pas. Elle n’avait jamais été proche d’elle, celle-ci s’était toujours montré plutôt froide et distante avec tout le monde. M. George déplorait ce côté solitaire de la personnalité de la sorcière qui, malgré ses trente-neuf printemps et son succès auprès des hommes, ne s’était jamais marié.

Amélia avait toujours admiré sa tante, après tout, Nausicaa Moonfall était un modèle pour toutes les jeunes sorcières. Elle était belle, intelligente, sage, responsable et avait la faculté de s’intéresser à tout. Ainsi, cette éminente magicienne était sortie majeure de sa promotion à l’Université avant de passer quelques années à l’Observatoire. Elle avait participé à de nombreuses grandes découvertes dans les domaines magiques, scientifiques et même linguistique. Ambassadrice auprès des différents peuples d’Osha, Nausicaa parlait de nombreuses langues en plus de maîtriser la science complexe des runes. Seule la magie des illusions lui glissait encore entre les doigts.

Mais la sorcière avait aussi beaucoup de défauts, les plus notables étant sa grande fierté et la profonde rancœur qu’elle était capable d’éprouver. Tout le monde savait qu’elle n’oubliait jamais un affront et finissait toujours pas vous le faire payer un jour ou l’autre, et au centuple.

Pourtant, et en dépit du fait qu’elle soit la sorcière la plus prometteuse de sa génération, Nausicaa avait décidé de céder sa place à la tête du royaume à son frère cadet Roman. Une décision qui, bien que désapprouvé par une partie du pays, fut finalement adoptée par une grande majorité.

Mais, malgré des années passées sous le même toit et un lien de parenté très fort, Amélia n’avait jamais eu l’occasion d’avoir une véritable discussion avec sa tante. Souvent occupée, elle passait son temps entre ses dossiers et ses voyages d’affaires. Bien sûr, le fait qu’Azura tienne à l’œil sa fille n’avait pas été propice à une quelconque entrevue entre la tante et sa nièce. Il était de notoriété que Nausicaa et sa belle-sœur se détestaient. Aussi, pour éviter toute gène à Roman, elle avait pris la décision de se plonger dans le travail et d’ignorer le plus souvent possible la mère de la jeune fille.

Cependant, après ce qu’Amélia avait appris lors de sa sortie avec Azriel, il était urgent pour elle d’avoir une discussion avec sa tante, peu importait l’avis de sa mère. Peut-être l’aiderait-elle même dans son enquête, qui sait ?

Azriel plongea son coude dans les côtes de sa sœur, la sortant de ses pensées.

– Eh bien petite sœur, tout le monde a les yeux braqués sur toi. Un commentaire ?

En regardant alentour, Amélia aperçut enfin la rumeur qui courrait. Il y avait un univers entier qui séparait les deux héritiers de la bourgeoisie oshéenne présente. Tous leur jetaient des regards tantôt curieux, tantôt venimeux. Elle entendait déjà leurs commentaires quant à sa tenue outrageusement féerique. Pourtant, elle ne s’en formalisa pas plus que cela. Le matin même, son frère lui avait rappelé comme les regards des autres importaient peu. Alors elle haussa simplement des épaules et répondit aux regards noirs par des sourires affables.

– Oui : qu’ils aillent tous voir dans les profondeurs si j’y suis. Je n’enlèverai pas cette robe même si ça devait me coûter la vie.

– Ravi de te l’entendre dire, sourit Azriel.

Un peu plus loin, Amélia remarqua Arya au bras d’Eras. Le jeune couple bien habillé était resplendissant. Le demi-sylphe souriait toujours timidement alors que son épouse le traînait de petit groupe en petit groupe. Puis sa cousine remarqua enfin les adolescents au centre du hall et se précipita vers eux. Elle serra Amélia dans ses bras avant de la regarder les yeux brillants.

– C’est bien que tu sois venue, lui sourit la jeune femme en s’écartant. J’avais peur que tu ne viennes pas nous tenir compagnie.

– Vous non plus vous n’aimez pas Utopia ? questionna Azriel avec un sourire en coin.

Arya et Eras se regardèrent avant de faire la grimace.

– Ce n’est pas vraiment que nous n’aimons pas, disons plutôt…

– Que si nous ne sommes pas forcés de la voire, on s’en porte aussi bien.

– Où est Galena ? s’enquit soudain Amélia en regardant autour d’elle à la recherche de la moindre poussette.

– À la maison, répondit Arya avec un grand sourire. M. George a très aimablement accepté de la garder pour ce soir. Un brave homme, j’espère que tout se passera bien.

Amélia haussa un sourcil.

– Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?

– Eh bien… comment dire ?

Arya se tourna vers Eras, incertaine. Il mit un moment à chercher ses mots avant de se retourner vers les deux héritiers.

– Galena a tendance à beaucoup de servir de ses pouvoirs de sylphides depuis quelques jours. Si la moustache de M. George a changé de forme à notre retour, nous saurons pourquoi.

Amélia et Azriel ne purent retenir un éclat de rire en l’entendant. Contrairement aux sorcières qui ne développaient leurs pouvoirs que vers l’âge de sept ou huit ans, les sylphes et les ondines, eux, voyaient leurs dons se manifester dès leur naissance.

Tous les quatre discutèrent encore un peu, puis le couple s’excusa et reprit son tour du hall.

C’était amusant de constater qu’à part Azura, personne dans la famille de la jeune fille ne semblait véritablement se soucier de son apparence. Ce qui conforta l’adolescente dans son idée que les fées avaient bel et bien leur place dans la Sorcitété, il fallait juste leur donner la possibilité de pouvoir la trouver.

Amélia était en train de replonger dans ses pensées quand un visage familier se découpa de la foule. Anita Norwood, parée de sa plus belle toilette, fendit la foule comme un cygne sur l’eau pour les rejoindre. Sa robe, d’une sublime teinte émeraude brillait d’un éclat doré magnifique sous les lumières du plafonnier d’or et de cristal. Ses longs cheveux châtains étaient parés de plumes de paon alors que des joyaux vert pâle pendaient à ses oreilles, faisant ressortir ses beaux yeux couleur mousse.

Derrière elle, Amélia aperçut ses sœurs cadettes, Ilara et Larissa, toutes deux accompagnées de leurs époux et de leurs filles. Le port altier et le regard revêches, elles n’avaient rien à voir avec leur aînée.

Les gamines, habillées des mêmes robes colorées, ressemblaient à des quadruplées écervelées qui chahutaient en courant un peu partout dans le vestibule. Elles observaient d’un œil de lynx les moindres faits et gestes de tout le monde autour d’elles avant de se les répéter comme des conspiratrices et d’exploser de rire. Pourtant, ces petites dames n’étaient pas aussi jeunes qu’elles le laissaient paraître et, quand on y regardait de plus près, il était possible à n’importe quel œil aguerri de remarquer la supercherie. Des années qu’elles buvaient la même potion rajeunissante de peur de vieillir, au grand dam d’Anita qui déplorait le déclin de sa prestigieuse famille.

Pourtant, Amélia eut beau scruter la foule, elle ne trouvait pas le seul garçon de la fratrie. De toute évidence, la guérisseuse n’avait pas réussi à traîner son neveu au théâtre.

– Amélia ! Azriel ! s’exclama-t-elle en les serrant dans ses bras l’un après l’autre. Je suis si contente de vous revoir. Comme vous êtes beaux tous les deux ! ajouta-t-elle en les regardant tour à tour.

Azriel ne put s’empêcher de rougir. Il avait beau afficher un air décontracté devant tout le monde, il n’en restait pas moins timide face aux compliments, même ceux d’Anita qu’il recevait à chaque fois qu’elle le voyait.

– Merci, sourit Amélia pour eux deux. Tu es ravissante toi aussi.

– Petite flatteuse, s’amusa la sorcière avec un clin d’œil avant de s’assombrir. J’ai appris pour Emily, je suis désolée Amélia, j’aimais beaucoup cette petite. Je te présente toute mes condoléances.

– Merci… elle me manque beaucoup.

Azriel serra la main de sa sœur dans la sienne. Anita les regarda un moment avant de se fendre d’un doux sourire. Elle posa un doigt sur le front de la jeune fille qui releva les yeux.

– Tant que tu entretiendras son souvenir, elle continuera de vivre à travers toi.

– Tu as raison…

Les deux sorcières se sourirent, puis, cédant à la curiosité – et pour changer de sujet – Amélia pencha la tête de côté.

– Prince n’est pas là ?

– Malheureusement non, soupira Anita en regardant d’un œil morne le reste de sa famille. Tu sais qu’il n’aime pas beaucoup ce genre de réunion de famille. Il m’a dit qu’il préférait de loin travailler sur les nouveaux plants de cerisier arc-en-ciel. Davros nous les a ramenés exprès des Forêts de Givre du grand Nord. Ils sont très rares, tu sais ? J’ai moi-même hâte de les examiner. On dit que leur sève multicolore peu guérir des blessures mortelles. Selon Davros, les grandes créatures du Nord s’en serviraient pour se soigner en griffant l’écorce avant de d’y frotter leurs plaies.

Anita ferma les yeux quelques instants, plongée dans ses rêveries. Amélia était persuadé qu’elle imaginait déjà ce qu’elle allait faire de cette sève miraculeuse.

– Enfin bref ! Pour tout dire, je ne lui en veux pas, poursuivit la sorcière en rouvrant les yeux. On ne peut pas vraiment dire que la branche familiale des Norwood soit en très bon état.

Ils se tournèrent vers les jumelles Ilara et Larissa et les quatre fillettes qui gravitaient joyeusement autour d’elles.

– Je ne sais plus quoi faire pour les empêcher de sombrer dans la décadence des privilèges, se désola-t-elle.

– Ne t’en fait pas Anita, la rassura Azriel avec un sourire confiant. Maintenant, tu as un héritier digne de ce nom. Je suis sûr que Prince ne laissera pas la famille sombrer plus que de raison. Et tu seras là pour l’y aider.

– Tu as sans doute raison… Bien ! conclut-elle claquant dans ses mains.

Une étincelle de malice s’alluma dans le regard de la guérisseuse qui fila entre les héritiers pour les prendre chacun par le bras, un large sourire aux lèvres.

– Allons-y dans ce cas ! s’exclama Anita de bonne humeur. Nous avons une pièce de théâtre à critiquer les enfants ! Je vous aie réservé une place à côté de moi. Ainsi, vous n’aurez pas à supporter les médisances de toute cette aristocratie dédaigneuse, ajouta-t-elle plus doucement en jetant des regards alentour.

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Zoju
Posté le 29/06/2020
Salut ! En fin de compte, on a l'impression que pas beaucoup de monde semble enthousiaste à aller voir Utopia. J'aime bien le couple que forme Roman et Azura. Le père d'Amélia a l'air d'aimer beaucoup sa femme et semble celui qui arrive un peu à la canaliser. On est content de voir qu'il soutient sa fille. On en apprend aussi plus dans ce chapitre sur les différents endroits d'Osha que ce soit le théâtre ou l'observatoire. Il y a également d'autres personnages qui apparaissent. Je ne sais plus si tu avais déjà évoqué Anita avant, mais on découvre d'autres familles. Amélia semble bien s'entendre avec elle. Pour le moment, c'est encore calme. Juste une petite remarque, il y a quelques fautes de frappe dans ton texte comme par exemple "Ses pensées furent balayées quand son frère planta lui tapota l’épaule." Mais cela peut vite se corriger. Il y a aussi quelques répétitions qui reviennent à la charge. En tout cas, hâte de lire la suite ! :-) PS : j'ai réfléchi à ton idée de glossaires. Cela pourrait être intéressant, mais attention à ne pas trop le charger. En ce qui concerne les résumés des pièces, tu pourrais glisser certains éléments de l'intrigue dans ton histoire même que ce soit dans les dialogues ou les passages descriptifs. Courage pour la suite ! :-)
Lunatique16
Posté le 30/06/2020
Salut ! Merci pour ton commentaire ^^
Je suis contente de voir que tu aime bien le couple d'Azura et Roman, ils sont différents mais complémentaires et il faut aussi dire qu'ils n'ont pas eu la même éducation.
Merci pour la faute, je ne l'avais pas remarqué et je vais tout de suite la changer ! x)
En ce qui concerne Utopia, disons simplement que c'est une tragédie bien ennuyeuse pour des adolescents dans un monde magique, c'est le genre de vieille pièce de théâtre au langage soutenu et à l'intrigue bien sombre et dramatique avec une touche de magie pour les effets spéciaux.
En ce qui concerne le glossaire, je vais y réfléchir, mais je pense le laisser de côté pour le moment. Et, désolée de te l'apprendre, mais ça restera calme encore un petit moment, les choses sérieuses commenceront dans quelques chapitres seulement, j'espère que tu ne trouveras pas le temps d'attente trop long ^^'
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