Chapitre 7

Par Dan
Notes de l’auteur : La drogue c'est mal.

L’appartement de Lindhal avait été remis à neuf quand Freddie reçut enfin l’autorisation d’y entrer, trois semaines après son sauvetage. Une discrète odeur d’encens y flottait parmi des effluves de détergent, ondulant sur des notes de ranchera trop faibles pour trouer le silence oppressant. La netteté des lieux n’avait rien de rassurant : c’était comme si Alfred avait nettoyé une scène de crime.

Freddie traversa le salon immaculé et replia le paravent japonais qui isolait la chambre de Lindhal. Les murs y étaient intégralement doublés d’étagères garnies de livres papier, donnant à la pièce des allures de cellule capitonnée, et une partie de Freddie voulut céder au réflexe de chercher son terminal pour reprendre l’inventaire des ouvrages. Elle y renonça quand un halo de lumière matinale filtra par les hublots percés dans les rayonnages et auréola le corps de Lindhal.

Il gisait sur le dos, les bras sagement posés sur l’ourlet du drap comme un petit garçon qu’on aurait bordé. De la jeunesse, il avait d’ailleurs retrouvé quelques traits : les joues pleines et le teint frais.

Freddie cilla frénétiquement – la luminosité ou l’épuisement devaient lui jouer des tours –, mais si des étoiles commençaient à danser devant ses yeux, aucune n’altérait la métamorphose de Lindhal. Alors, quand elle eut assimilé l’évidence, Freddie n’osa plus cligner des paupières de peur de rompre le charme.

Lorsqu’on observait la version passée d’un proche sur une photo datée, la mode ou le décor permettait généralement de situer l’époque et de fixer deux images : deux instantanés d’une personne si différente qu’elle en devenait presque étrangère à elle-même. Mais rien ne dissociait ce nouveau Lindhal de l’ancien, ici, bien au contraire, et la raison de Freddie peinait encore à l’intégrer au présent.

Freddie rapprocha un fauteuil crapaud de son chevet et s’y laissa tomber sans cesser de le contempler. Il occupait son lit, portait ses vêtements, affichait dans le sommeil cette expression de douceur peinée à laquelle l’arc de ses sourcils condamnait son visage. C’était bel et bien lui, de la pointe de son nez droit aux mains nouées en poings blancs sur la couverture.

Freddie hoqueta : ses mains… c’étaient toujours celles d’un quadragénaire.

Elle n’avait jamais entendu parler de régénération partielle ni d’imperfections procédurales qui empêcheraient le corps de se reconstruire totalement. Elle n’avait jamais entendu parler d’un homme possédant un caisson et une chambre de soins personnels, non plus.

Ses doigts pâles et âgés se contractèrent, déplacés, à la limite du monstrueux, et Freddie releva les yeux au moment où Lindhal ouvrait les siens.

— Yo.

Sa voix était aussi profonde et suave qu’à l’accoutumée, à peine un peu éraillée.

— Bonjour, dit Freddie.

— Et vous m’amenez même pas le petit-déj ?

Freddie s’autorisa un sourire ; elle prit conscience d’avoir retenu son souffle quant le soulagement lui dénoua la poitrine. C’était bien Lindhal, oui.

— Vous me confondez avec Alfred, je crois.

— Aucune chance.

Faisait-il référence à la programmation de l’androïde ? Freddie avait mille sujets à aborder, mais Lindhal la devança :

— Vous avez aimé mon tableau ? Je voulais vous le donner directement, hier, puis Alfred m’a rappelé que les gratte-papier allaient arriver et…

— Hier ? Vous me l’avez donné il y a deux mois.

Lindhal la scruta. Ses sourcils froncés ne traçaient même pas un pli au-dessus de son nez.

— Ah, oui.

Il le voyait aussi. C’était indéniable trois semaines plus tôt, déjà : les ridules se creusaient au coin des yeux noirs de Freddie et même son front commençait à se marquer. Elle aurait voulu le cacher, mais à quoi bon ? Elle avait l’air plus mûre que lui, aujourd’hui, et pendant que sa figure ferme et lisse la narguait, Freddie continuait à se friper.

— Vous avez déjà été régénérée ? demanda-t-il.

— Non.

Parce que contrairement aux mécanismes d’arrêt du déclin corporel, la régénération était payante – une manière de signifier que c’était contre système et peut-être de renflouer les caisses de la Fondation.

— Ça guérit pas, ça remet juste le corps dans sa condition optimale, expliqua Lindhal. C’est plus facile pour lutter, mais ça résout pas le problème.

Il cessa de gratter les plaies au pli de son coude droit, comme s’il réalisait tout juste son geste.

— Ça flingue un peu l’horloge interne aussi. J’aime bien revenir à vingt ans quand les vautours se pointent, ça les perturbe toujours. Si je pouvais remonter à douze avant d’avoir mué, ça serait encore plus drôle.

Mais la régénération ne rebroussait pas le cours de la croissance, seulement celui de la vieillesse : on ne redevenait pas enfant ; raison pour laquelle la quasi-totalité des gens se figeaient une première fois à dix-sept ans, date de la majorité, lorsque la puce Juven leur était implantée.

Majeur à cet âge, ça pouvait paraître grotesque : même avec une espérance de vie très bornée, les adolescents n’avaient jamais pu prétendre à la maturité. Le sursis s’allongeant, l’enfance s’allongeait du même mouvement – l’envie d’enfance, en tout cas. Et c’était parce que tout le monde voulait pouvoir en profiter plus longtemps que les gouvernements avaient statué sur cette petite hypocrisie. À quoi bon pouvoir freiner le temps si on n’en freinait que les instants les plus durs ?

— C’est toujours le problème, il faut fixer des règles, dit Lindhal comme s’il avait suivi le cheminement de Freddie. Pendant un moment, on s’est dit que le rab d’enfance pourrait être bénéfique : des temps d’apprentissage plus longs pour les marmots pas très vifs et puis, de manière générale, plus de fun. Mais une enfance de quarante ans, ça vous détraque le cerveau, aussi. Est-ce qu’on est encore humain quand on se développe plus comme un humain ?

Freddie dégaina finalement son terminal. Elle ne voulait rien manquer de ces réflexions mêlées de souvenirs.

— Vous perdez pas le nord, ricana Lindhal.

— Sans vouloir paraître malpolie, ce ne sont pas les mémoires de vos archives que j’écris. Et vous ne m’avez pas vraiment facilité la tâche jusque-là, alors je saisis les opportunités.

— Mais vous profitez de ma faiblesse.

— Je vous ai sauvé la vie, je profite de ce que je veux.

Lindhal lui fit un clin d’œil et Freddie sentit ses oreilles gagner quelques degrés.

— Allez-y, profitez donc.

Il se redressa contre les coussins, s’extrayant de la couverture à bout de bras – à plat sur le matelas, ses mains d’adulte attiraient immanquablement les yeux de Freddie. Elle hésita. Elle pouvait poser les questions qui lui brûlaient les lèvres, mais se borner au professionnalisme était sans doute plus stratégique sur le long terme. Si elle parvenait à endormir la vigilance de Lindhal…

— L’enfance éternelle, donc, dit-elle. Vous dites que ça changerait ce qui fait de nous des humains, mais l’allongement de l’espérance de vie avait déjà changé les modes de développement au vingt-et-unième siècle. Avant cela, on se mariait à dix-huit ans et on enfantait à vingt, et plus on recule, plus les grands jalons se tassent. Sans parler du Moyen-Âge…

— Ouais, mais ce raisonnement tient seulement jusqu’à un certain point. Les filles avaient et continuent à avoir leurs règles autour de douze ou treize ans, pas cinq, ni cinquante.

Lindhal tendit une main agitée de tremblements vers la table de chevet ; après plusieurs tentatives, il parvint à s’emparer de deux perles moirées qui tintèrent comme des osselets entre ses doigts – comme des dents.

— Vous en voulez une ?

— C’est de la drogue, constata Freddie. Vous venez de faire une overdose.

— Pas la même molécule que celle dont j’ai un peu abusé. C’est assez inoffensif, franchement. Histoire de se requinquer.

Freddie l’étudia un moment, les yeux plissés. Elle savait pertinemment de quelle molécule il s’agissait et quel requinquement elle provoquait.

— D’accord, dit-elle finalement.

Lindhal parut stupéfait, puis sourit de toutes ses dents en faisant rouler une capsule dans le creux de la main brune de Freddie qui se penchait vers lui. Elle la porta à sa bouche, la plaça sous sa langue et demanda :

— Vous avez fait exprès ?

— De ?

Elle releva le menton.

— Non, c’était pas une tentative de suicide, répondit finalement Lindhal. Juste un accident. Sinon j’aurais pas appelé à la rescousse. À force de vieillir et rajeunir et revieillir, j’arrive moins à évaluer ce que je peux me mettre. J’ai trop chargé la mule cette fois. Désolé.

Son dernier mot s’enfonça dans le cœur de Freddie comme une enclume dans des sables mouvants. Paradoxalement, sa connivence lui apporta un certain apaisement : il savait comment Romie était morte et comment Freddie y avait contribué, c’était un fait.

— Alors ça n’a rien à voir avec la venue de ces avocats ? demanda-t-elle.

Lindhal eut un sourire en coin, déformé par le roulement de la perle qu’il suçotait. Si Alfred ne lui avait pas rapporté ses tentatives d’espionnage, il les avait flairées tout seul.

— J’ai pas dit ça, répondit-il. J’ai dit qu’ils m’avaient pas poussé à faire une tentative de suicide.

— Alors que voulaient-ils ? Que vous ont-ils demandé qui justifiait que vous vous mettiez dans cet état ?

— Vous écrivez mes mémoires, pas mon journal intime. Vous croyez que je vous ai empêchée de nous écouter pour tout vous raconter maintenant ? Et me resservez pas l’argument de la sauveuse. Y a des secrets qui resteront secrets.

— Ça a un rapport avec la Fondation ?

Il soupira. Ce n’était pas réellement une question.

— Alors vous travaillez encore ? insista Freddie.

— À la Fondation ? Plus vraiment. Mais il faut encore que je me coltine de la gestion pénible, que je signe des papiers, que je montre ma tronche en holo à un ou deux galas, ce genre de broutilles. La machine roule toute seule, maintenant…

— Ça vous manque ?

— Oh que non.

Lindhal écarta les draps et bascula les jambes hors du lit. Il tituba en se redressant, victime des séquelles de son overdose ou des premiers effets de sa reprise : mouvements pressés des mains, mâchoires serrées, regard errant. Il faudrait encore un long moment à Freddie avant de les éprouver ; lors des soirées, des nuits et des journées de congé qu’elle passait avec Romie, c’était toujours Freddie qui dérivait en dernier. Question d’organisme, peut-être, ou réflexe d’aînée habituée à veiller sur l’autre, à résister tant que possible, jusqu’à céder aux substances qui l’envahissaient pour la délivrer.

Quand son esprit gagna enfin les hauteurs, Lindhal froissait la couture de son caleçon – un geste convulsif aussi irrépressible que le besoin de mastication qui commençait à chatouiller les dents de Freddie. Ils avaient quitté la chambre avec l’impression que la chambre avait glissé autour d’eux.

— J’ai jamais été marié, dit Lindhal dans le fumoir, écroulé sur la méridienne, une jambe passée par-dessus le dossier et un cigare aux lèvres. Vous imaginez ? « Jusqu’à ce que la mort nous sépare » ? Ça doit pousser au meurtre…

— Vous croyez qu’il y a un stade où on redevient puceau, à force ? demanda-t-il dans l’obscurité parfumée de la buanderie.

— Le problème, c’est l’âme, expliqua-t-il dans les toilettes, lorgnant Freddie par-dessus son épaule pendant qu’il urinait. On rajeunit le corps, mais l’âme, elle continue à décrépir. Y a un moment où le décalage fait tout péter, vous pensez pas ?

Freddie n’avait pas accepté la récréation pour le simple répit psychologique : cette drogue était réputée pour délier les langues. Pour améliorer l’humeur, aussi. Son terminal engrangeait des kilomètres de texte et Freddie ressassait des reproches sans épaisseur, les sentant lui couler entre les doigts : elle avait tout pardonné. Et elle buvait les paroles de Lindhal, et son cœur enflait, parce qu’il était là, parce qu’il la voyait, parce qu’il lui promettait une chance de survivre, parce qu’il l’aimait bien. Avait-elle déjà été aussi heureuse ?

— On devrait aller se baigner, décréta Lindhal.

Le soleil déclinait quand ils traversèrent les jardins, franchirent les treilles lourdes d’astragales en fleurs et poussèrent la porte du bâtiment qui abritait les bains. Freddie fut saisie d’une vertigineuse impression de déjà-vu en pénétrant l’immense salle saturée d’humidité, impression presque assez puissante pour la tirer de sa transe. La lumière dorée éclaboussait les carrelages à travers les sheds : les bas-reliefs autour des bancs faïencés et les margelles colorées ressemblaient à s’y méprendre aux parures des fontaines de Nueva Antigua.

Freddie n’avait pas fini d’avaler la splendeur du décor que Lindhal courait déjà au bord du bassin le plus proche pour se jeter à l’eau. L’éclat mouillé de son saut se répercuta en échos sous les lucarnes et Freddie s’empressa de retirer son uniforme gris pour l’imiter. L’instant éphémère de la chute lui serra le cœur : était-ce ce que Romie avait ressenti en défaisant sa corde sous le regard résigné de sa sœur ?

Son grand corps causa bien plus de bruit et de remous que celui de Lindhal, mais dans l’espace feutré des profondeurs, le calme était entier. Freddie resta en apnée aussi longtemps que possible, goûtant le sel sur sa langue et dans son nez, voyant la silhouette brouillée de Lindhal onduler quelques mètres devant elle dans un tourbillon de bulles argentées. La lumière était devenue rouge lorsqu’elle refit surface.

— Ma mère est morte en accouchant de Romie, s’entendit-elle avouer. Elle s’était régénérée juste avant, pour ne pas risquer de complications liées à l’âge. Ça a été difficile quand elle me portait dans un corps presque ménopausé.

Freddie avait appuyé les bras sur le bord du bassin et le menton sur ses mains superposées. Près d’elle, allongé sur la mosaïque, Lindhal observait le plafond où des lambeaux de crépuscule se découpaient entre les poutres. L’eau ruisselait encore de poil en poil sur ses jambes repliées, y accrochant des gouttes d’ambre.

— Oui, les grossesses « reprises » peuvent être aléatoires, finit-il par répondre.

Freddie ne réussit pas à déterminer s’il y avait de la peine ou de la méfiance dans sa voix.

— Je me demande si c’est à cause de ça que Romie était si malheureuse, continua-t-elle. En partie, en tout cas.

Elle fixait le profil fermé de Lindhal, rattachée de très loin à sa curiosité et à la stratégie qu’elle avait établie pour l’assouvir. Avait-elle suffisamment joué son jeu ? L’avait-elle amadoué ? Pourrait-elle enfin apprendre comment il connaissait Romie ?

— Vous m’avez pas dit si vous aviez aimé mon tableau, lâcha Lindhal.

— Je ne sais pas, admit Freddie. Je crois que je l’adore et que je le hais.

— Alors patientez encore un peu.

Ça semblait valoir pour tous les mystères qui l’entouraient.

Et deux heures disparurent encore dans les méandres des mots et des capsules qui fondaient derrière leurs dents. Ils se trouvaient au centre de la salle de bal, désormais, et ils avaient terminé de se goinfrer en riant, de courir en semant des trognons de pomme dans les vases et des croûtes de fromage dans les tiroirs pour embêter Alfred. Lindhal se tenait près d’elle et ses doigts frôlaient son poignet.

Freddie serra la mâchoire à s’en fendre les molaires, inspirant par le nez. Il s’écarta.

— Pardon, pas touche, j’oubliais.

— Non.

Elle ne savait pas comment lui dire. Ça ne la dérangeait pas. Elle aimait bien lui parler. Il l’aimait bien. Ça paraissait simple et sans vice caché, même si c’était très loin de la vérité. Un déni reposant. Elle n’avait plus envie de lutter.

— Ce n’est pas grave, murmura-t-elle.

— J’ai pas touché d’autre humain depuis quinze ans. Même pas ces raclures d’avocats.

— Vous pouvez me toucher, moi, tant que vous n’essayez pas de me faire danser.

Il l’attrapa, cette fois, et Freddie s’embrasa. Elle ne comprenait pas d’où le feu provenait. La seconde précédente – un siècle plus tôt ? – elle aurait chaviré dans ses bras comme dans ceux de son père : confort, sûreté, affection. Maintenant, Freddie se consumait. Le sang lui martelait la tête. Elle avait mal dans le bas du ventre tant elle le désirait. Elle saisit sa main et la plaqua sur son sein.

Lindhal grommela quelque chose contre sa poitrine et Freddie essaya de l’entraîner vers la table. Il résistait un peu, pour passer ses doigts partout : ses hanches, ses bras, la base de ses cheveux. Freddie finit par expirer :

— Pas de préliminaires, pitié…

Lindhal rit et renonça à tenter de la soulever par les jambes. La seconde suivante – un siècle plus tard ? – le souhait de Freddie était exaucé.

 

Perle après perle, ils avaient évincé la nuit, le jour, puis la fatigue et leurs peurs et leurs tristesses, si bien que quand Freddie ouvrit les yeux, elle ne savait plus ni quand ni qui elle était. Le désespoir attendait au chevet d’un lit étranger comme s’il l’avait veillée : la descente promettait d’être violente. Freddie aventura un regard à l’entour à la recherche d’autres étincelles nacrées. Ses yeux ne rencontrèrent que le visage éteint de Lindhal.

Il aurait pu être n’importe qui. L’esprit de Freddie avait capté des flashs dans lesquels ce même visage apparaissait entre deux étendues noires et deux injections de néon. Des grimaces, des paupières closes, des mains brûlantes. Lindhal, sans l’être tout à fait. Freddie se souvenait de son poids et de son contact comme on se souvenait d’un rêve.

Est-ce que ça s’était vraiment produit ?

Elle continuait à mâcher le vide, les muscles de la figure endoloris. Tout son corps protestait, d’ailleurs. L’intérieur de ses cuisses, surtout. La douleur ne suffisait pourtant pas à étrangler l’excitation. Lindhal avait émergé et la dévorait du regard.

— Sans pilule, cette fois, tu veux bien ? chuchota-t-il.

Elle sourit. Elle en aurait pleuré. Il avait été n’importe qui et maintenant c’était lui qu’elle voulait.

Et Lindhal la voulait, elle. Avec la drogue, Freddie n’avait eu ni hontes ni doutes ; maintenant, sa ferveur la galvanisait. Parmi tous les hommes et toutes les femmes que Lindhal était susceptible d’inviter ou de rémunérer pour son plaisir, parmi tous ceux qui brûlaient d’admiration ou de convoitise devant sa richesse ou sa célébrité, c’était Freddie qu’il avait choisie et elle s’interdit de penser que c’était par dépit ; elle n’avait plus rien à leur envier.

Rien à part l’aisance, peut-être. Freddie n’avait jamais fait l’amour avec un homme aussi petit, ni dans une gravité accrue, et elle abandonna rapidement l’idée de se tenir au-dessus de lui tant son poids et ses mouvements lui paraissaient maladroits. Étendue sous lui, le serrant en tenaille entre ses genoux, elle imprimait la carte mentale de toutes ses cicatrices et de tous ses grains de beauté. Entre ses clavicules, leur dessin serré formait les constellations d’un ciel encore à explorer.

Elle planta les ongles dans son dos et arrêta de respirer.

Lindhal retomba sur le côté, leurs peaux moites de sueur refusant presque de se séparer. Il y eut un long silence que Freddie entendit à peine – son pouls tambourinait à ses tympans, elle avait les oreilles bouchées – puis Lindhal plaqua ses vieilles mains sur son visage et se mit à pleurer.

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Fannie
Posté le 22/09/2020
Là, je suis perdue dans la temporalité. Je veux dire le présent de l’histoire. Freddie dit que ça fait deux mois que Lindhal lui a donné le tableau. Si je me souviens bien, il le lui a donné avant de disparaître de la circulation. Ici, tu parles de trois semaines : à partir de quand ? S’il s’est passé trois semaines entre le sauvetage de Lindhal et la visite de Freddie, ça fait plus que ça.
Freddie a été condamnée dans son corps de 17 ans. Si elle est arrivée chez Lindhal avant 18 ans, ça veut dire qu’elle a subi l’ablation de la puce, reçu la lettre, pris sa décision et débarqué chez lui en à peine quelques jours. Puis il s’est passé dix semaines jusqu’à ce qu’elle reçoive le gâteau, à 27 ans, et le sauvetage est survenu très peu après. Ensuite, s’il s’est passé trois semaines entre cette scène et le sauvetage, ça fait treize semaines depuis qu’il lui a offert le tableau, soit à peu près trois mois. Et je ne sais pas combien de temps s’est passé depuis l'arrivée de Freddie jusqu’à la scène où elle découvre le tableau. Donc c’est difficile de calculer son âge ; probablement autour de 30 ans. Mais à mon avis, ou les indications de temps ne sont pas cohérentes, ou elles sont trop imprécises.
Une autre chose qui reste très imprécise est la taille de Freddie et de ses semblables. On ne sait pas si Lindhal lui arrive à hauteur des yeux, du menton, des épaules ou encore plus bas. La différence est considérable. Et si Freddie est un « petit gabarit », je ne sais pas non plus à quoi ça correspondrait en proportions terriennes : si ça équivaut à 1m45 ou plutôt à 1m60, là aussi, la différence est considérable. Personnellement, ça me gêne de ne pas pouvoir visualiser ça un minimum.
Concernant la fondation, j’ai lu dans tes échanges avec Flammy qu’il est question de sa dissolution. Je ne l’avais ni compris, ni même soupçonné en lisant l’histoire. Mais peut-être que je suis la seule à ne pas comprendre les choses à partir d’informations aussi ténues…
La différence d’âge entre les mains et le visage de Lindhal est une idée et un symbole intéressants. Néanmoins à quarante ans, on n’a pas de vieilles mains. C’est peut-être comme ça que Freddie voit les choses, mais pour moi qui arrive à la fin de la cinquantaine, lire qu’à quarante ans, on est vieux, ça fait quand même drôle.
Je ne sais pas trop quoi penser de la relation entre Lindhal et Freddie. À mon avis, elle n’est pas très saine, mais c’est un moyen d’oublier ses tourments et de passer un peu de bon temps. S’ils veulent avoir une relation de ce genre, ce n’est pas comme s’ils avaient vraiment le choix : chacun semble être le seul partenaire possible de l’autre (étant donné que Lindhal vit isolé et qu’il n’aime pas les gens qu’il est obligé de côtoyer). Mais ça fait probablement du bien à Freddie de s’imaginer qu’il l’a choisie par affection ou par désir. Moi, j’ai des doutes. Je le vois toujours comme un égocentrique qui a un but précis en agissant comme il le fait, bien qu’il ait tendance à se perdre en route parce qu’il est inconséquent, parce que son cerveau a été abîmé par les régénérations, ou simplement parce que le désespoir le gagne par moments.
Quant à leur rapprochement, je le trouve incertain. On dirait qu’ils sont surtout guidés par une pulsion, un instinct. Le fait que Freddie refuse les préliminaires montre qu’elle ne veut pas que cette relation soit sentimentale ou qu’elle n’assume pas son attirance. Lui, il l’aime bien ; physiquement aussi. Mais je n’y vois pas de grands sentiments non plus, et chacun semble vouloir garder une certaine distance malgré tout.
Comme je suis une commentatrice indigne, je n’ai pas relevé les beaux passages que j’ai admirés en chemin...
Coquilles et remarques :
— doublés d’étagères garnies de livres papier [Du moment que les livres sont dans des étagères, ça ne me paraît pas utile de préciser « papier ».]
— Mais rien ne dissociait ce nouveau Lindhal de l’ancien, ici, bien au contraire, et la raison de Freddie peinait encore à l’intégrer au présent. [Je dois avouer que je ne comprends pas bien ce passage. (La fatigue ?)]
— et une chambre de soins personnels, non plus [Je ne mettrais pas la virgule avant « non plus ».]
— elle prit conscience d’avoir retenu son souffle quant le soulagement lui dénoua la poitrine [quand]
— une manière de signifier que c’était contre système et peut-être de renflouer les caisses de la Fondation [J’ai buté sur ce passage ; j’ai dû le relire pour comprendre.]
— comme s’il réalisait tout juste son geste [Je propose : « comme s’il remarquait tout juste son geste ».]
— Si je pouvais remonter à douze avant d’avoir mué [Il vaut mieux placer « avant d’avoir mué » entre deux virgules.]
— que le rab d’enfance pourrait être bénéfique [Je ne comprends pas l’expression « rab d’enfance ».]
— alors je saisis les opportunités [les occasions ; dans cette acception, « opportunités » est un anglicisme]
—au vingt-et-unième siècle [N.B. C’est la graphie rectifiée.]
— j’arrive moins à évaluer ce que je peux me mettre. [Je dirais plutôt « me permettre » ou « m’enfiler » en langage populaire.]
— en pénétrant l’immense salle saturée d’humidité [pénétrant dans]
— La lumière dorée éclaboussait les carrelages à travers les sheds [C’est-à-dire les redans ? les redents ? Le mot « shed » peut aussi bien désigner un toit avec un versant abrupt vitré et son opposé opaque à pente douce qu’un ornement gothique en forme de dents. Selon certains dictionnaires, « redan » se rapporte au premier et « redent » au deuxième, selon d’autres, les deux graphies se rapportent à toutes les acceptions. Bref, si même les auteurs de dictionnaires ne sont pas au clair, ça mérite une plus ample description. :-)]
— puis la fatigue et leurs peurs et leurs tristesses [Je remplacerais le premier « et » par une virgule.]
— Freddie n’avait eu ni hontes ni doutes [honte (au singulier)]
aranck
Posté le 05/10/2019
Punaise, mais quelle force encore dans ce chapitre et quelle beauté ! Je ne m’attendais pas à ce rapprochement aussi soudain, mais je me suis laissée entièrement emportée par cette passion qui les uni tous les deux, passion de vivre, alors que la mort rode. C’est peut-être même cela qui donne tant de force à cette relation, cette noyade dans l’espoir. C’est vraiment très très beau, plein de pudeur, de naturel, de tendresse, même si ça ne dure qu’un temps… Et ce mélange d’espoir et de désespoir qui les remplit tous les deux, c’est vraiment très prenant.

Lindhal en aurait-il marre de vivre ? Un esprit vieux dans un corps jeune, ça ne doit pas être si facile à porter (l’inverse non plus d’ailleurs, mais ça c’est plus courant, même si la résignation vient difficilement, crois en ma grande expérience ;-) )

La différence de taille entre les deux et plus cruellement étonnante, cette fois, et je me suis prise à penser à Avatar (l’héroïne est immense par rapport au héros). Est-elle si gigantesque que cela, la Freddie ? Parce que selon le Kamasutra, il faut quand même bien calculer son coup… :-D

La fin de ce chapitre est particulièrement émouvante. Lindhal semble avoir besoin d’authenticité (sans « pilule ») – c’est de cette façon que je l’interprète –, comme s’il ne vouait plus vivre dans l’apparence, le faux, comme s’il désirait une relation vraie (ça aussi c’est peut-être moi qui l’interprète, car on ne connaît pas encore le pourquoi de ces larmes). Et ces vieilles mains qui cachent un visage jeune, tout un symbole !

En toile de fond, il y a toujours les interrogations concernant Romie, mais le réponse de Lindhal par rapport au tableau est assez déroutante, comme s’il fallait que Freddie fasse d’abord un choix entre amour et haine pour qu’il puisse lui répondre.

On sent bien que Lindhal a suffisamment vécu pour être capable de comprendre Freddie sans même qu’elle avoue ses intentions, on sent également que sa réussite (à Lindhal) est teintée d’amertume et peut-être même de regrets. Ses choix de vie et sa dérision par rapport au mariage, son humour noir, son comportement désinvolte au début du chapitre, ses provocations en font malgré tout un personnage très attachant.

Bref, encore une fois je n’ai que des compliments à te faire ! Ce chapitre, plein d’informations, mais qui maintient le suspens est un véritable régal.

Juste quelques petites remarques :

« Une discrète odeur d’encens y flottait parmi des effluves de détergent, ondulant sur des notes », j’ai du mal à visualiser une odeur qui ondule, je comprends ce que tu veux dire, mais autant une fumée qui ondule, je vois, autant l’odeur ça m’est plus difficile. (mais j’ai peut-être l’esprit un peu étroit).

« et le premier réflexe de Freddie fut de chercher son terminal pour reprendre l’inventaire des ouvrages. » Qu’elle y pense, oui, éventuellement, mais que ce soit un réflexe dans ces circonstances, alors qu’elle n’a pas revu Lindhal depuis son malaise, ça me paraît étrange.
Dan Administratrice
Posté le 09/10/2019
Merci pour ce retour très rassurant, Aranckounette ♥ C'était la première fois que je me lançais dans ce format de novella et du coup j'avais peur que le rapprochement paraisse un peu parachuté, donc vraiment je suis soulagée si on peut y adhérer.

Encore une fois, je crois que ton interprétation des personnages et de leur relation me plaît encore plus que de les avoir écrits ♥ J'aime beaucoup ce que tu dis sur eux et si c'est l'image que le texte en donne alors je me dis que j'ai peut-être un peu réussi à transmettre ce que j'imaginais ; c'est assez rare pour être souligné alors vraiment un grand MERCI.

Ah c'est vrai qu'il y a un petit côté Avatar ! Non je crois que la différence de taille est quand même moins importante ici ; j'avais commencé un dessin qui les montrait tous les deux, c'est à la page 12 de mon journal de bord si ça t'intéresse !

C'est intéressant ce que tu dis sur Lindhal et je suis très heureuse si on peut lui trouver une complexité pareille et pas seulement le prendre pour un mec complètement taré qui fait des choses sans queue ni tête. C'est clair qu'il a plus d'expérience de la vie et qu'il a peut-être quelques facilités à décoder Freddie, qui est finalement assez entière et directe, mais cela dit je crois pas qu'il soit si doué que ça dans les relations humaines... En tout cas je suis contente que tu aies relevé ce petit point sur le mariage, parce qu'il a une certaine importance dans le recueil complet... !

Merci d'avoir relevé les passages qui coincent encore ! Et merci surtout pour ta lecture et ton commentaire ♥
Rachael
Posté le 21/09/2019
Ah, il s’en passe des choses coquines, dans ce chapitre… étranges relations entre Freddie et Lindhal. Etrange rapport au temps aussi, avec Freddie qui vieillit et Lindhal qui rajeunit (mais pas ses mains, ce qui est tout à fait symbolique, non ?). On ne sait toujours pas par quel bout le prendre, le Lindhal. D’ailleurs il le dit lui-même : On rajeunit le corps, mais l’âme, elle continue à décrépir. Y a un moment où le décalage fait tout péter, vous pensez pas ? On dirait bien qu’il est proche du pétage de plomb, si ce n’est déjà fait… On ne sait toujours pas ce qu’il attend de Freddie, et pourquoi il l’a fait venir. Est-ce qu’il ne voudrait pas qu’elle l’aide à mourir, comme on croit comprendre qu’elle a aidé sa sœur ?
Quant à Freddie, elle est sous son influence, il tient littéralement sa vie entre ses mains, alors elle n’est peut-être pas trop lucide, sur ce coup-là…
Dan Administratrice
Posté le 02/10/2019
Oh désolée Rach j'étais persuadée d'avoir répondu à tous tes commentaires !

Et oui, plein de coquineries :p J'espère que toute cette étrangeté n'était pas "négative" (c'est effectivement très symbolique...). J'ai failli faire une plaisanterie de mauvais goût sur "par quel bout prendre Lindhal" mais je vais faire semblant d'être chic et distinguée !

Du coup vu que t'as lu la fin je vais pas faire de faux suspens, mais oui, clairement, il sentait le pétage de plomb arriver depuis un petit moment...

Freddie n'est effectivement pas dans la meilleure posture pour être complètement objective sur son drôle de cas...
Flammy
Posté le 21/08/2019
Me revoilà !

Et vraiment, beaucoup de choses, beaucoup de sentiments dans ces deux chapitres =D

Freddie nous fait un peu un syndrome de Stockholm, non ? En tout cas, ça ne m'étonnerait pas x) Et Lindhal est tellement lunatique et impossible à déchiffrer. Le gâteau d'anniversaire, même bon, je ne sais pas si je l'aurai bien pris perso ! Oh, et au passage, ça me rappelle qu'il y a des formulations que je trouve juste vraiment géniales et je voulais le signaler, comme (de mémoire) "l'excès de gâteau roula sur l'excès d'alcool", j'ai vraiment trouvé ça cool ^^

Pour les avocats, visiblement, Lindhal veut faire un truc et les autres sont pas du tout d'accord avec lui. C'est à cause de ce qu'il bricole avec grise morts ? En tout cas, c'est intriguant =o Et clairement, il ne voulait pas du tout que Freddie soit au courant. C'est parce que ça la concerne ?

En tout cas, son overdose, c'est tellement louche xD Bon, visiblement, c'est un accident dû au rajeunissement. Mais le coup de Alfred qui ne doit pas le sauver, c'est quand même violent. Lindhal veut mourir mais ne l'assume pas ? Il ne va quand même pas demander à Freddie de l'aider à son suicide vu qu'elle a déjà de "l'expérience" dedans ? Ca serait horrible xD D'ailleurs, pour revenir sur Romie. Si j'ai bien compris, elles faisaient leur boulot en haut des cheminées, Romie s'est détachée, et Freddie est condamnée à mort pour ça ? Mais c'est HORRIBLE comme système judiciaire, elle a rien fait ! Et Romie pouvait pas le faire en étant seule ? Rha, ça m'énerve.

Et sinon, vive la drogue hein ='D Je sais toujours pas si c'est du syndrome de Stockholm ou pas, mais en ayant ça en tête, tout ce chapitre est un peu glauque xD Mais bon, je me fais peut-être des idées, et en vrai, c'est très intéressant de voir comment les sentiments de Freddie évoluent. Elle a besoin de Lindhal pour ne pas mourir, mais lui ? Il est fasciné par le fait de la voir mourir en fait j'ai l'impression. Il a vraiment un souci avec la mort ^^"

Bref, j'aime vraiment toujours autant, mais pour le coup, j'ai aucune idée de comment ça va finir xD Ca m'étonnerait que ça parte en "Et ils tombèrent follement amoureux et tout alla mieux", donc j'attends de voir ^^

Pluchouille zoubouille !
Dan Administratrice
Posté le 22/08/2019
Syndrome de Stockholm ? Pas du tout allons, c'est juste un hôte charmant !

Je crois que j'aurais mal pris le gâteau aussi, mais ça m'aurait pas empêchée de me goinfrer quand même, parce qu'il faut pas cracher sur les bonnes choses. Merci pour les formulations *v* Au premier jet c'était vraiment too much pseudo poésie perchée, du coup j'ai un peu redressé la barre ; tant mieux si ça passe, maintenant !

Comme tu parles des avocats et que t'as fini de lire entretemps, j'aurais une question pour toi : on comprend à peu près le schmilblick avec la dissolution de la Fondation, au final ? Parce que dans la première version c'était pas clair du tout ; j'ai repris depuis, et du coup ça m'intéresserait beaucoup de savoir si tout l'aspect Fondation/institutions paraît logique dans les plans de Lindhal.

Quant à Alfred, l'overdose et le reste, t'as eu les réponses avec le dernier chapitre, normalement ! Après, concernant Romie, techniquement, si, Freddie l'a aidée (pour s'assurer qu'elle soit pas découverte et qu'on l'empêche pas de le faire, surtout) ; c'est vrai que j'ai pas donné trop de détails sur la façon dont ça s'était déroulé, c'est plutôt suggéré. Ça te semble manquer de précision sur ce point ?

Mais oui, vive la drogue ♥ En vrai faudrait que je remette ma note précisant que j'incite à rien x'D Cela dit, clairement, y a de la glauquitude dans l'air, et je pense que t'as saisi à ce stade que Lindhal était pas bien net dans sa tête :p

T'avais deviné la fin, pourtant !! :O
Huhuhuhu.
Flammy
Posté le 22/08/2019
Alors, pour la fondation, je ne sais pas si j'ai tout compris, mais voilà ce que j'ai compris :
Avec la fondation, l'humanité a atteint d'un point d'équilibre positif, du coup il détruit la fondation pour briser le point d'équilibre et laisser l'humanité trouver son propre point d'équilibre qu'elle mérite sans aide. Et avec un peu de chance, l'immortalité ne sera plus un pré-requis au passage, Lindhal table d'ailleurs sur le côté égoïste et radin des gens pour que ça ne soit pas le cas. C'était ça l'idée ? Et je suppose que les avocats étaient pas méga contents de perdre leur boulot.

Pour Romie, on finit par avoir l'explication, mais vraiment à la toute fin, et pour le coup, ça m'a frustrée, parce que j'aurais aimé le savoir plus tôt. Mais ça, c'est que mon ressenti ^^

Danette qui incite à prendre de la drogue, je savais qu'il y avait un truc pas net ! :p Tu aurais dû inciter à la bière à la place !
Elia
Posté le 29/08/2018
Ok Dan, je ne sais pas si je suis perdue ou émerveillée. Je ne saurais même pas decrire ce que je ressens suite à ma lecture. Hum qui sait je suis aussi sous l'influence de la drogue ? xD Je suis surprise par la rapidité avec laquelle se déroule les évènements. Je crois que la temporalité m'echappe autant qu'elle échappe aussi à tes persos hahhaha. D'un côté je trouve ça cohérent et intéressant mais d'un autre ça me frustre un peu parce que j'ai vraiment du mal à cerner Lindhal, je ne parviens pas à me faire une opinion sur lui, à cerner ses objectifs. En fait je suis autant perdue que Freddie mais comme elle, je l'aime bien. Sinon j'aime bien les infos que tu glisses sur Romie :p J'espère que mon commentaire ne te semble pas trop décousu xD 
Dan Administratrice
Posté le 29/08/2018
Hm, c'est assez fâcheux ! Mais je comprends l'incertitude. Le rythme est très compliqué dans cette toute courte histoire, en partie à cause des ellipses nécessaires et en partie à cause du vieillissement accéléré que Freddie connaît à cause de la désactivation de sa puce. Du coup, oui, le paradoxe peut être troublant, d'autant que puisqu'il ne se passe pas grand-chose entre deux événements marquants, j'ai opté pour une narration fractionnée. Cela dit je ne peux pas y changer grand-chose à moins d'écrire un énooorme roman qui nous laisserait percevoir les mois que Freddie a passés chez Lindhal ; c'était le pari de la novella et aussi une réflexion un peu plus "métaphorique" sur la valeur du temps et de la vie qui, pour Freddie, filent à une vitesse folle.
Quant à cerner Lindhal, je dois avoir raté un truc, puisque le but était précisément qu'on y arrive pas ^^' Donc c'est tant mieux si tu n'as pas réussi à te faire une opinion sur lui et dommage que tu en aies ressenti de la frustration, puisque ne pas réussir à l'appréhender était bien mon objectif...
Tac
Posté le 15/07/2018
Yopyop
T'as vu comme je mets à profit mon jour de congé ? :p En vrai c'est chouette d'avoir récupéré un cerveau (ça m'aura pri trois jours :'( ) et de m'apercevoir qu'il y a un nouveau chap <3 
J'ai pas relevé toutes les belles tournures parce que je m'en sortais plus, ça morcelait trop ma lecture, mais y a plein de moments je bavais. J'aime bien comment tu décris les effets de la drogue, tu suis le mouvement comme en flottement, ça fait un peu comme dans un rêve, enfin j'ai trouvé ça bien fait. au début ça m'a un peu déstabilisée puis j'ai lâché prise et après c'était perfecto. C'est drôle comme tu mélanges les genres, tu joues sur les âges, ça perturbe un peu les repères, tu les testes, c'est très intrigant et intéressant : au début on dirait qu'ils sont très vieux, puis ils se comportent comme des enfants, et ensuite presque comme des adolescents. Ce brouillages des âges qui généralement sont fixes, sinon linéaires de la jeunesse vers la vieillesse, c'est rafraichissant.
Et en même temps tu lâches disrétos quelques infos sur Romie et tout, tout à fait innocemment. Bref. j'ai bien aimé.
Une discrète odeur d’encens y flottait sans parvenir à couvrir les effluves de détergent, ondulant sur des notes de ranchera qui ne parvenaient pas à couvrir le silence oppressant --> vu que tu réutilises les mots "parvenir à couvrir", ça seriat plus efficace si tu réutilisais la même syntaxe/construction grammaticale
cette expression de douceur peinée à laquelle l’arc de ses sourcils condamnait son visage --> c'est bô
Est-ce qu’on est encore humain quand on se développe plus comme un humain ? --> *ouvre son fichier citations paennes*
Elle resta en apnée aussi longtemps que possible, goûtant le sel sur sa langue et dans son nez, voyant la silhouette brouillée de Lindhal onduler quelques mètres --> c'est un bassin d'eau de mer, ou c'est du sel pour pas mettre de chlore ? et elle ouvre les yeux dans de l'eau salée ? elle a du courage la ptite ^^
C’était paraissait simple  --> gné ?
Gros bisous (j'ai hâte d'avoir la suite, vu qu'à ce qui paraît elle est écrite :p )
Dan Administratrice
Posté le 15/07/2018
Coucou Tacou ! Merci d'être toujours au rendez-vous et encore plus de m'accorder une partie de ton jour de congé, je suis fort flattée :p
C'est très gentil pour les tournures dans tous les cas ♥ Et je suis très contente que les effets de la drogue puissent se percevoir dans l'écriture aussi (promis j'en ai pas pris pour rédiger ce chapitre) parce que ça aurait vite pu tomber dans la caricature.
C'est super intéressant ce que tu dis sur le passage d'un âge à l'autre parce que j'avais même pas envisagé qu'on pouvait l'interpréter comme ça x'D (je suis une auteure en carton). Ca tombe boeufement bien et je te remercie de me l'avoir fait remarquer !
Merci aussi pour les phrases que tu as relevées, je vais corriger ce qui doit l'être ^^ Quant à l'eau, oui, elle est bien salée, et moi j'ouvre les yeux dans la mer sans trop de problèmes eheh
La suite arrive bientôt normalement, j'espère qu'elle te plaira ! Des bisous ♥
Jamreo
Posté le 12/07/2018
Pas l'apologie de la drogue, t'es sûre ? :p
Me revoilà donc sur tes Mémoires grises, et je me suis enfilé les trois derniers chapitres d'un coup. J'ai vu sur ton JdB que tu étais dans une période de doute concernant cette histoire. Je voudrais te dire que moi, je n'ai plus aucun doute que cette histoire est une petite pépite. Une pépite qui ne prend pas forcément les directions que j'aurais cru, par exemple, j'imaginais pas un tel rapprochement entre Lindhal et Freddie (sans doute aidé par la drogue, mais d'après ce que je vois, même "sans" ils sont vachement proches :p). Je ne m'attendais pas à être émue et bouleversifiée à ce point par leur relation, ni par le sauvetage express de Lindhal par Freddie après son overdose (j'ai peut-être encore du mal à décider si son déni d'une tentative de suicide est sincère), ou par la mention du possible suicide de Romie (bon, je t'avoue ne pas encore avoir compris les circonstances précises de sa mort et le rôle que Freddie y a joué, mais j'imagine que c'est normal), et même par l'idée d'une Romie malheureuse, mais c'est un fait, ces derniers chapitres m'ont beaucoup touchée. Ca faisait même longtemps que je l'avais pas été à ce point en lisant :) c'est traité avec beaucoup de délicatesse, de l'habileté et du talent, et oui, tu as définitivement touché une corde sensible. 
Désolée si mon commentaire éclipse pas mal de ce qui s'est passé d'ailleurs, c'est vrai que je me suis plutôt concentrée sur des morceaux choisis, mais le reste a été très apprécié aussi !
Et même si j'ai l'air d'en faire des tonnes je m'en fous parce que c'est vraiment sincère. Alors voilà, sans savoir où tu nous emmènes avec tout ça, je vais suivre, sois-en certaine 8D
Dan Administratrice
Posté le 12/07/2018
Certaine je le JURE.
Merci pour ce nouveau passage dans ces grises contrées ♥ Et merci beaucoup pour tous ces mots gentils. C'est évidemment très dur pour moi d'avoir un regard objectif sur la chose, mais en tout cas c'est très rassurant comme retour. Je suis particulièrement soulagée que le rapprochement t'ait pas fait grincer des dents, ça semble un peu facile, et en même temps c'est comme ça que j'ai imaginé l'histoire donc bref, voilà, doute again :p
Et surtout, ce que tu dis sur la bouleversifiance, ça me touche beaucoup. L'histoire est courte et le rythme bizarre entre les ellipses et Freddie qui vieillit bizarrement ; j'avais vraiment peur qu'on s'attache pas à eux et que leur relation semble complètement superficielle. Vraiment je ne pouvais pas en attendre autant, parce que même si ce sont des sujets qui me touchent et des personnages qui me parlent, y a toujours le risque de les traduire avec les pieds et que ni le message ni les émotions ne passent. Tout ça pour dire que je suis vraiment très heureuse et très flattée.
Concernant les zones de flous, les derniers chapitres devraient leur tordre le cou si elles subsistent encore. Ayant écrit en fractionné sans forcément relire je me rends pas bien compte de la dose et de l'importance des petits bouts de révélation accumulés ; une grosse relecture me fera pas de mal.
Merci pour tout Jamou ♥ J'espère que la suite et la fin te plairont !
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