Chapitre 7

Notes de l’auteur : ( Holà les amis ! Me revoici avec un nouveau chapitre. Celui-ci comportera des scènes de violence, je préfère prévenir d'avance :) bonne lecture )

 

A la nuit tombée, Olympe et Eliot s’étaient étalés sur le pont, appuyés contre un mât en observant les étoiles dans le ciel dégagé. L’adolescent avait sa tête sur les jambes de la jeune femme, les mains croisés sur son torse. Olympe caressait avec tendresses ces cheveux noirs.

Le bateau était paisible, aucun des hommes à l’horizon. Ils étaient seuls et en paix. L’adolescent et la jeune femme commençaient à tisser un lien.

  • En vrai, le geste du Capitaine est appréciable, non ? demanda soudainement Eliot en levant les yeux vers elle.
  • Ça aurait pu l’être s’il s’était imposé avant.
  • Tu es compliquée à satisfaire, souffla-t-il en roulant des yeux.

Olympe esquissa un bref sourire amusé et pensa au Capitaine. Depuis l’altercation avec Maria, elle ne l’avait pas revue. Elle ignorait s’il était encore sur terre ou bien s’il était revenu sur le navire. Elle avait seulement entendu les mérites qu’on lui attribuait, car d’après leurs dires, il était doué au combat.

Elle soupira légèrement en observant les étoiles scintiller. Eliot répliqua doucement, hésitant sur sa confidence.

  • Ça me fait bizarre d’être câliné.
  • Pourquoi ? Les autres ne te cajolent point ? demanda-t-elle en reportant son attention sur lui.
  • John ça lui arrive, le Capitaine aussi quand il m’corrige pas mais, je voulais dire, qu’une femme me câline.
  • A ce sujet, si ce n’est pas indiscret, où sont tes parents ?

Le gamin se redressa et haussa les épaules, une moue sur le visage.

  • J’sais pas. J’ai été abandonné très tôt, je n’ai pas de souvenirs. Je me rappelle juste que j’étais constamment dans les rues à la recherche de nourriture.

Il lui lança un regard, le visage neutre.

  • Tu n’as donc jamais connu l’affection…
  • Apparemment, souffla-t-il mollement avant de reprendre d’un air plus enthousiaste : Mais le Capitaine m’a recueilli ! Et je l’aime. Il s’est bien occupé de moi. Ce n’est pas mon père mais j’le considère comme tel.
  • Et John ?
  • Ma victime, ricana-t-il diaboliquement.

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L’intéressé entra dans la cabine d’Amaury, un verre de whisky dans la main. Il le posa sur le bureau du Capitaine. Celui-ci releva la tête, occupé à écrire une lettre.

  • Merci, souffla-t-il en prenant la boisson et la portant à ses lèvres.

John s’adossa à la barre du lit à baldaquin et croisa les bras en toisant son Capitaine.

  • Il parait que tu t’es battu cet après-midi.
  • C’est mon cocard qui t’a amené à cette déduction ? demanda-t-il en reportant son attention sur ses papiers.

La pièce était éclairée de bougies qui dansaient entre les ombres. Le Capitaine bougea légèrement la tête et la lueur de la bougie éclaira un hématome sous son œil. John émit un ricanement.

  • Plutôt Eliot.
  • Argh, celui-là alors, pesta le pirate en grimaçant.
  • Il a affirmé que tu avais prit la défense d’Olympe, ce qui a entraîné cette bagarre, répliqua-t-il en fixant Amaury.
  • Comme j’aurais pris la défense de n’importe lequel de mes matelots, trancha-t-il en relevant les yeux vers John, le défiant de continuer son discours.
  • Menteur, siffla l’homme.

Amaury préféra ignorer sa réplique. Il se contenta de délaisser sa lettre et de reprendre son verre en main.

  • Demain nous partirons tôt.
  • Il n’était pas prévu qu’on mouille quelques jours de plus ?
  • Si mais la marine se rapproche dangereusement des côtes.
  • Je vois que ta rencontre avec Maria a été utile.

Le capitaine leva de nouveau les yeux vers son ami, un sourire railleur sur le visage.

  • Je prends toutes les informations qu’elle me donne…
  • Oui, pour la laisser maltraiter un membre de ton équipage par la suite.
  • Elle l’a juste poussée à l’eau. N’en fais pas toute une histoire, rétorqua Amaury en levant les yeux au ciel.
  • Oh, je n’en fais pas toute une histoire. Toi, en revanche, avec ce cocard à l’œil… Ça porte à confusion.

John laissa un petit sourire taquin se dessiner sur son visage. De son côté, Amaury lui lança un regard meurtrier.

  • Ne me cherche pas.

Son ami se redressa et quitta la cabine en laissant échapper un ricanement.

 

Au matin, l’équipage semblait en mouvement. Olympe fut réveillée brusquement par un matelot, l’ordonnant de monter sur le pont. Mal réveillée, elle se hâta pour se débarbouiller puis monta sur le pont principal. Tous les matelots étaient rassemblés, le Capitaine au gaillard arrière. Son hématome visible, il avait coiffé ses cheveux d’une petite queue de cheval. La barbe naissante, il arborait un pourpoint noir et des bottes hautes de la même couleur en étant toujours accompagné de son épée à la ceinture. Il criait des ordres, les sourcils froncés.

La jeune femme le contempla longuement, hypnotisée par le charisme de cet homme. Il faisait preuve d’une autorité naturelle. L’homme croisa son regard, le visage impassible et les traits durs.

Adam, un des matelots, vint la bousculer en s’écriant fermement.

  • Ne reste pas plantée là à rien faire, dépêche-toi d’aller hisser les voiles !

Hébétée, elle obéit en clignant des yeux. Elle se hâta de rejoindre les autres matelots et de manœuvrer.

  • Remontez l’encre et hissez les grandes voiles ! s’écriait le Capitaine avant de reprendre sur le même ton : Russel, je veux un cap. Comment sens-tu la mer ?

L’homme était posté à une petite table près du gouvernail, concentré sur sa boussole et ses cartes.

  • Calme Capitaine. Si nous prenons la direction de Tortuga, la météo sera clémente.
  • Bien. Vous avez entendu ? Direction Tortuga, les amis ! Dépêchez vous de faire avancer ce navire, on a la Navy à nos trousses ! cria Amaury en levant le poing en l’air.

Les hommes poussèrent un cri en cœur avant de se remettre au travail. Olympe était désorientée. Elle trouva refuge auprès de John qui tirait sur des cordages.

  • John, que se passe-t-il ? demanda-t-elle, un brin d’inquiétude dans la voix.

Le second se retourna et comme à son habitude, lui attribua un léger sourire.

 

  • On doit rapidement quitter les lieux. Un de nos informateurs a détecté un navire Anglais, près des côtes, répliqua-t-il.
  • Ils nous pourchassent ?
  • Il y a des chances, oui.

La jeune femme pâlit. Le second reprit en tentant de paraître rassurant.

  • Ne vous en faîtes pas, Amaury a pris les choses en main.
  • Mais s’ils venaient à nous rattraper, ils risqueraient d’engager le combat n’est-ce pas ? L’armée Anglaise est puissante.
  • Olympe, ne vous inquiétez pas. On est habitué à ce genre de situation. Le Mary est certes un navire imposant mais bien manœuvrer, on peut aisément les semer.

Olympe ignorait si elle devait être rassurée. Elle hocha néanmoins rapidement la tête et continua les manœuvres.

Le trois-mâts s’engagea dans l’Océan. Il s’éloigna de Nassau rapidement. Ce navire était l’idéal de tous les pirates : rapide, puissant et solide.

Au bout de quelques minutes, en haut du mât, la vigie hurla à l’intention du Capitaine.

  • Vaisseau de guerre à bâbord !

Amaury releva vivement la tête. Il s’approcha du plat bord, ouvrit sa longue vue et porta l’œil dessus. Il constata qu’un bateau approchait dangereusement. Face à la vitesse qu’il abordait, ils n’avaient pas de choix. Ils devaient se battre. L’homme rangea sa longue vue et s’adressa au Maitre Canonnier.

  • Prépare tous les canons. Sortez les fusils et les pistolets. Aiguisez vos lames.
  • Bien Capitaine, répliqua l’homme en s’activant.

John rejoignit Amaury. Celui-ci se retourna, le visage crispé.

  • Ils sont beaucoup trop rapides. Occupe-toi des hommes et armez-vous.
  • Combien de temps il nous reste ?
  • Un quart d’heure, tout au plus.

Le second serra les dents. Ils avaient été pris de court.

  • John, enrichit le capitaine : Aucun de nos hommes ne mourra. Je le promets.

L’homme hocha la tête et partit s’occuper de l’équipage. Il distribua des ordres et prépara des explosifs.

Olympe s’était nichée dans un coin du bateau, stressée. Elle les observait tous s’agiter, sa main fermement appuyée sur sa nouvelle épée. Après ses entrainements auprès du Second, elle avait acquis des pistolets et une lame sans compter de sa propre dague qu’elle possédait depuis un moment. Elle attendit, à l’affût.

Le vaisseau Anglais arriva précipitamment, plusieurs drapeaux colorés virevoltant au vent et aborda près du Mary. L’équipage s’était préparé, posté en ligne, armes en main. Ils attendaient les consignes, prêt à charger. Amaury attrapa un cordage et monta sur le bastingage, le regard rivé vers l’ennemi.

 

Le navire de guerre avait fière allure notamment avec son équipage discipliné et ses commandants élégants. L’officier de bord chuchota à l’oreille d’un collègue en regardant le navire pirate, nullement effrayé. Ils avaient l’habitude de pourchasser les pirates.

Amaury ne chercha pas à comprendre longtemps. S’il laissait le temps s’éterniser, il donnerait l’occasion au navire ennemi de gagner. Alors, il s’écria avec rage.

  • A l’abordage et pas de quartier !

C’était décidé. Ils les anéantiraient.

Un tas de chair humaine se bousculèrent pour sauter sur le navire ennemi. Les cordages virevoltaient et les détonations se firent entendre. Le combat débuta.

Olympe releva son épée en tremblant. Elle devait piocher dans ses nouvelles connaissances et mettre en pratique ce qu’elle avait appris, seulement la peur la paralysait. Elle était tétanisée. L’atmosphère s’était assombrie et seuls les bruits des canons retentissaient. En observant tout ce qui se trouvait devant elle, elle remarqua Eliot bondir sur des hommes, armée de deux poignards. Sa surprise fut immédiate. La veille au soir il se confessait sur le manque d’affection qu’il ressentait et le voilà aujourd’hui à égorger des soldats.

Certains matelots tiraient sur le navire adversaire, visant le reste de l’équipage qui s’occupait des canons. John croisait le fer avec un des officiers tandis qu’Amaury sauta du gaillard arrière pour atterrir sur le pont. Un genou à terre, il sortit son épée, trancha le mollet d’un soldat qui hurla de douleur. Le soldat anglais s’effondra sur le sol, du sang coulant de son mollet. Le Capitaine se releva et planta sa lame dans la poitrine de celui-ci. Il lui vola son épée et repartit à la chasse à l’homme. Son regard était noir, sa mâchoire contractée. Equipée de ses deux lames, il croisa le fer avec deux hommes.

Olympe n’avait pas bougé, toujours cloitrée dans le coin. Elle observait Amaury et le trouvait si dangereux et courageux à la fois. Il n’était pas aisé de battre un homme à l’épée, encore moins lorsqu’ils étaient deux. Pourtant, cela ne semblait pas poser problème au Capitaine. Il les envoya valser sans ménagement et les abattit.

Des explosifs détonnaient de tous les côtés. Le navire ennemi commençait à prendre feu et les hurlements des soldats ne rendirent pas indifférente la jeune femme. Elle porta une main à sa bouche, les yeux écarquillés. C’était une véritable boucherie, personne n’était épargné.

Un des officiers s’approcha d’elle, le visage baigné de sang. Le regard meurtrier, il leva son épée et l’abattit sur la jeune femme. Etonnamment, elle eut le reflexe de sortir son épée et de contrer son attaque. L’homme ne cacha guère sa surprise et força sur l’épée, faisant trembler celle de l’ennemie. Olympe serra les dents et bougea lentement les pieds afin de prendre la fuite. Ses pensées étaient bien trop envahissantes ; elles prenaient le dessus sur elle. La peur enveloppait tout son être, son essoufflement retentissait dans ses poumons et des perles de sueur coulaient le long de son front. Son instinct de survie l’abandonna ; elle lâcha prise et son épée succomba à l’assaut brutal de l’officier.

La lame frotta son épaule et elle poussa un cri. Elle posa une main sur la blessure et se colla contre un mur, haletante et frissonnante. L’officier sembla indifférent et posa sa pointe sur la blessure de la jeune femme. L’homme savait qu’il avait le dessus et prenait un malin plaisir à en jouer.

  • Brûle en enfer, pirate, asséna-t-il, un sourire mauvais sur les lèvres.

Le Capitaine abattit violemment son épée sur la lame de l’officier et la fit dévier de sa trajectoire. Prit par la surprise, l’homme n’eut pas le temps de réagir. Amaury profita de ce moment pour lui décocher un coup de poing dans la mâchoire. Le soldat vacilla mais reprit aussitôt sa posture. Il dressa l’épée vers le pirate.

Amaury renifla, la lèvre fendue et les mains taché de sang. Il semblait épuisé.

  • Bats-toi avec moi plutôt.

Olympe hoqueta de douleur. Du sang émergeait de sa plaie et elle se laissa glisser contre le mur. Amaury venait sans doute de lui sauver la vie. Cependant, il risquait à présent la sienne.

L’officier grogna avec fureur et croisa le fer avec le pirate. Un duel intense se déroula. Le soldat était expérimenté et ça se ressentait dans ses coups. Il parait les assauts avec facilité tandis qu’Amaury redoublait d’effort pour maintenir une distance. Ces précédents combats l’avaient affaibli, en notant celui de la veille à la taverne. Néanmoins, il se battit avec férocité. Les lames s’entrechoquaient et leurs pieds dansaient. Des éclats de bois volaient dans les airs et s’abattaient sur les hommes. Les détonations des canons étaient stridents.

Amaury s’élança vers l’homme et lui fit un croche-pied. En toute réponse, l’officier trancha légèrement son buste alors qu’il s’écrasait contre le plancher. Le pirate grimaça et malgré la douleur, sortit un pistolet puis tira entre les deux yeux du soldat. Il lança par la suite un regard à la jeune femme qui avait suivi la scène, sous le choc.

  • Allez vous cachez dans la cale, ordonna-t-il en rangeant son arme.

Elle releva les yeux vers lui et resta immobile, paralysée.

  • Tout de suite ! cria-t-il de plus belle.

Olympe émit un hoquet et se releva avec rapidité. Elle s’enfuit à la cale. Par la suite, Amaury balaya le navire du regard. Pratiquement tous les soldats avaient été neutralisés. Le combat touchait à sa fin.

Les canons cessèrent et les survivants étaient ligotés contre le mât. John arriva près de son Capitaine, essoufflé. Il semblait indemne.

  • Amaury, qu’est-ce qu’on fait des prisonniers et du navire ?

Le pirate porta une main sur sa blessure d’où le sang coulait lentement. Il respira vite, également essoufflé. Son regard se posta sur les soldats restants, mis aux fers.

  • Brûlez-les. On verra qui ira en Enfer, lança-t-il d’un air dépité.

John acquiesça même s’il trouvait la méthode radicale. Il donna l’ordre aux matelots qui s’exécutèrent avec joie. Habituellement, les prisonniers étaient tués, recrutés ou laissés sur une île déserte. Lorsque l’ennemi s’avérait être la Navy, Amaury était doté d’une cruauté sans égal.

Le second amena son ami à sa cabine. Samuel et Adam se chargeraient des prisonniers et du navire.

  • Où est Olympe ? demanda John en asseyant Amaury sur un fauteuil. Il déchira son pourpoint et inspecta sa blessure.
  • A la cale. Elle est blessée, il me semble.

John écarquilla un instant les yeux. William entra au même moment, un sac en main.

  • Capitaine, Eliot m’a informé que vous étiez blessé. Laissez-moi voir cela.

Il posa le sac sur le bureau et sortit plusieurs ustensiles, des contenants liquides ainsi que des bandages. John jeta un regard inquiet vers la porte. Le Capitaine releva la tête en repoussant ses mains.

  • Va la voir. William s’occupe de moi.

Le second sembla hésité mais son instinct était plus fort. Il délaissa son Capitaine en sachant qu’il était entre de bonnes mains. William désinfecta la blessure avec de l’alcool fort. Amaury ne put s’empêcher de gémir.

  • Capitaine, vous ne sourcillez en aucun cas lorsqu’il s’agit d’affronter une armée alors couiner pour une petite blessure franchement… soupira le médecin.
  • Tais-toi.
  • En parlant de blessure, la nouvelle est blessée ? Je dois l’examiner.
  • John va la ramener ici.
  • Ah là là…  Il n’a d’yeux que pour elle.
  • Il semblerait, souffla le pirate.

Il grimaça en sentant une aiguille le traverser. William recousait la plaie. Elle n’était pas profonde néanmoins il fallait recoudre rapidement sinon l’infection pourrait se propager. Amaury encaissa la douleur. Il prit le flacon du médecin et le but d’une traite. William grogna.

  • Ce n’est pas pour boire, c’est pour soigner Capitaine ! Dans ces cas-là, il fallait me demander de l’opium.

Le Capitaine ne répondit pas. Il ferma les yeux et laissa William le soigner.

De son côté, John était parti en direction de la cale. Il ouvrit la porte à toute volée et vit Olympe assise contre un mur, un tissu sur sa blessure. Le linge s’empreignait de rouge. Les larmes ravageaient son visage. Elle releva la tête en l’entendant arrivé.

  • John… sanglota-t-elle en tremblant.

Le Second se précipita et passa un bras sous ses jambes et contre son dos. Il la souleva avec facilité en la détaillant du regard, la respiration saccadée. Elle hoqueta de surprise et elle s’accrocha à son cou, pleurant à chaudes larmes.

  • J’ai mal, gémit-elle.
  • Ça va aller, ça va aller, souffla-t-il en rebroussant chemin.

En retournant au pont, Olympe constata que le Mary s’était éloigné du navire ennemi qui brûlait, avec à son bord les derniers survivants. Au loin, leurs cris de détresse résonnaient dans sa tête. Elle ferma les yeux, désirant oublier. Elle voulait tout oublier.

John l’amena à la cabine du Capitaine. Eliot était allongé sur le lit en sifflotant, nettoyant ses dagues dégoulinant de sang. L’adolescent n’avait subi aucune blessure et semblait bien portant. Il releva la tête en voyant le couple débarqué.

  • Olympe ! Ça va ? s’exclama-t-il en se levant subitement. Il parut inquiet pour elle.

Amaury avait finalement cédé à l’opium. Sa blessure paraissait superficielle mais elle lui faisait un mal de chien. Il rouvrit lentement les yeux et constata le couple. William terminait de bander le torse de l’homme.

Le Second posa délicatement la blessée sur un fauteuil. Il tira une chaise et s’assied face à elle. Aussitôt, il déchira le haut de la chemise de la jeune femme en lui adressant un regard gêné.

  • Je suis navré mais nous devons inspecter la blessure.

Elle acquiesça et détourna le regard. La jeune femme adressa un doux sourire à l’adolescent qui vint à leurs côtés. Il prit sa main dans la sienne.

  • Tu t’es battue alors ?

William redressa le Capitaine et l’amena à son lit pour le coucher. L’homme s’endormit, lessivé. Olympe lui porta un regard en entendant la question du jeune garçon. Elle sécha ses larmes.

  • Le Capitaine m’a sauvé la vie. C’est à cause de moi s’il est blessé.

John releva la tête à ses dires. William s’approcha pour s’occuper de la jeune femme. Il s’installa et entama les soins. Olympe garda la face, grimaçant quelques fois.

  • Comment ça ? demanda Eliot, interloqué.

Le garçon avait combattu férocement, absorbé par ses ennemis. Il n’avait pas assisté à la scène.

  • Lorsque les soldats ont pris d’assaut le Mary, je n’ai pas réagi. Je suis restée un moment dans un coin. Un homme de rang est venu me combattre. J’ai tenté de contrer ses attaques mais il s’est avéré plus fort… souffla-t-elle, emplie de remords.
  • Vous avez fait ce que vous avez pu, répliqua aussitôt le Second en se voulant réconfortant.
  • Vous faites erreur, John. J’ai laissé mon épée tomber et le soldat m’a blessé. Il était prêt à m’achever si Amaury n’était pas intervenu.
  • T’as lâché ton épée ? Pourquoi ? demanda Eliot en fronçant les sourcils.
  • J’ai eu si peur. Tellement peur…

Olympe ferma les yeux en ravalant de nouvelles larmes qui menaçaient d’exploser. Depuis son arrivée, chaque jour lui rappelait qu’elle était faible, qu’elle n’était pas à sa place et qu’elle ne ferait jamais partie de ce monde.

  • Partez, je dois bander Olympe, répliqua le médecin en coupant des bandages.
  • Moi j’reste, je me fiche de voir sa poitrine ! rétorqua l’adolescent.

John tira l’oreille du garnement en se relevant.

  • N’as-tu pas honte ? Petit obsédé !

Il l’entraina hors de la cabine. Olympe haleta quelques instants et se releva. Elle regarda furtivement Amaury endormi dans le lit.

  • Allons derrière le paravent.
  • Il dort, il ne verra rien, déclara William.

Anxieuse, elle se mordit la lèvre et se rassied puis déboutonna sa chemise. Elle la retira. C’était difficile de se montrer même si la cause était importante. La jeune femme posa un bras protecteur contre sa poitrine. L’accès à son épaule blessée était libre, William s’appliqua à lui faire son bandage sans jamais porter un regard déplacé. A son vieil âge, il se fichait éperdument des femmes et de leurs attributs.

Le médecin se nettoya les mains dans un contenant d’eau propre après avoir terminé.

  • Bien. Je vais voir les autres matelots.
  • Merci, William, souffla la jeune femme en remettant correctement sa chemise.

Il lui adressa un signe de tête et quitta la cabine. Olympe resta quelques minutes dans la pièce. Elle contempla longuement Amaury puis se leva. Elle s’approcha du lit et étala la couverture sur son corps. Elle remarqua que son sommeil était agité, de la transpiration coulant de ses tempes. Son visage se crispait. Il marmonna dans sa barbe, toujours plongé dans son sommeil.

  • Vous n’avez pas le droit, vous ne pouvez pas. Cessez, cessez !  

La jeune femme se demanda pourquoi il était aussi tourmenté. De quoi rêvait-il ? Préférant ne pas s’éterniser, elle quitta la pièce en lui adressant un dernier regard. La veille, il la défendait et aujourd’hui il la sauvait. Qu’est-ce qu’il se passerait le lendemain ?

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