Chapitre 7

Par C05i

Aujourd'hui, je n'avais aucune envie de me concentrer sur chaque mouvement, j'avais juste besoin de me défouler. Cette nuit, j'avais encore fait un cauchemar. Quand je m'étais réveillée, je m'étais surprise en train de crier.

J'avais réservé le studio trois, mais je barre mon nom de la liste affichée sur la porte. Je n'avais pas besoin de me changer parce que j'étais en jogging et en t-shirt.

Je monte l'escalier, éclairé par des appliques murales. J'entre dans le studio, dans lequel se trouvaient déjà une dizaine de personnes. C'était plutôt de jeunes adultes qui se concentraient sur leurs tâches. Le seul bruit qui régnait dans la salle, c'était le bruit des mouvements des danseurs. J'allume la musique sur mes écouteurs après les avoir connectés à mon portable. J'avais choisi "no time to die" de Billie Eilish. Je dansais beaucoup sur ses musiques, car elles dégageaient beaucoup d'émotion et de vérité. Dans un premier temps, je laisse parler mon corps, en mélangeant du classique ainsi que du contemporain sans me soucier de retenir les pas. Puis, une fois cet exercice fini, je remet la musique du début et commence à faire des mouvements de bras, en rythme avec la musique lente du début, jouée par un piano. J'utilisais beaucoup de ralentis et d'accélérés dans ma chorégraphie. Je pointais les pieds, comme en classique. Mes mouvements respiraient en même temps que la musique. Comme elle était lente, j'allais tout au bout de mes mouvements en me concentrant sur leur signification. Pour moi, un pas n'était pas qu'un pas, chaque mouvement avait sa signification particulière. Comme cette fente que je venais de faire en tendant mon bras, cela signifiait pour moi la solitude, le besoin d'être aidée…

J'aperçois du coin de l'oeil, quelques personnes sortir de la salle, en sueur. Je continue, je suis inépuisable, je suis tellement isolée du monde, je me sens si bien, je suis comme inconsciente, en transe … Je fais quand même attention à ne pas cogner dans les autres danseurs. Je ne mémorise pas toujours les mouvements que je fais, mais je suis mon coeur, et comme la musique tourne toujours en boucle, je recommence et recommence jusqu'a obtenir une chorégraphie si sentimentale que j'en ai les larmes aux yeux.

Quand je m'arrête, assoiffée et essoufflée, il ne reste plus que deux personnes dans le studio. Je sors. Un poids retombe sur mes épaules. La vie. Si mes jambes ne tremblaient pas d'épuisement, j'aurais volontiers continué de danser.

Je descends lourdement les escaliers, épuisée. J'aperçois une ombre passer dans le couloir, en direction de la cafète. Celle ci fait marche arrière et je reconnais Aristide, un de mes plus proches amis, que je tentais d'éviter : c'était une vraie machine à questions. Ari avait des cheveux bruns et une boucle d'oreille plate en forme de petit cercle noir sur l'oreille droite. Il était le plus souvent souriant et appliqué dans son travail mais il était aussi fou que nous. Il était très mature et savait être très sérieux.

- SIIIIF !! Il hurle si fort que je sursaute.

Il franchit en quelques enjambées les marches qui le séparaient de moi et me saute dans les bras.

-  Mais où est ce que tu te cachais, en tout cas pas dans le garde manger, vu ton état. Dit il de sa voix grave.

- Vous dansez pas l'aprèm toi et les filles ?

- Pourquoi tu nous évites nom d'un chien ? Féli nous a raconté qu'elle t'avais vu l'autre jour. Dit il en fronçant les sourcils.

- Elle vous a aussi rapporté notre conversation ?

- Euh, oui ça se peut mais je m'en souviens plus…

- Fais pas semblant, tu sais je vous adore, mais on en reparlera plus tard, bisous ! Je le prend par les épaules, le tourne de quatre vingt dix degrés et m'échappe.

Je sors des vestiaires, mon longboard à la main. En traversant la cafète, je vois Bertie, j'hésite à lui demander pardon mais quand son regard sombre évite le mien, je passe mon chemin, le même poids dans l'estomac que le jour précédent.

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