Chapitre 67 : Courrier

Notes de l’auteur : Mon job d'été est fini (enfin) et je peux revenir à l'écriture!! (je vais tenter de revenir au rythme d'un chapitre tout les vendredi).
Bonne lecture à tous !

Il y avait deux télégrammes, et aucun n’annonçait de bonne nouvelle. Le premier venait de ses frères, et confirmait la crainte qui rongeait Mathilde depuis des mois. Ils étaient mobilisés. On les envoyait dans une des divisions frontalières, en territoire conquis. Mathilde ne pouvait que prier pour qu’ils évitent la cité d’Arfata, où le conflit éclaterait probablement en premier.

Le deuxième venait de sa mère et transpirait la panique. Elle avait dû payer son télégramme une fortune, car il avait la longueur d’une petite lettre. Dans chacune de ses phrases, elle réussissait à étaler sa nervosité au point que Mathilde eut les mains moites rien qu’en la lisant.

Mathilde,

Tes frères partent à l’armée demain. La guerre les envoie au front, et je suis sûre que si nous ne faisons rien, ils se feront tuer dès les premiers affrontements. Jadice et moi avons tout tenté, mais même ton père n’a pas réussi à faire jouer ses relations pour leur éviter la mobilisation générale. Tu es notre dernier espoir. Tu fréquentes des militaires depuis un an, tu as donc des relations plus spécifiques que nous.

Je t’en prie, fait en sorte que tes frères soit démobilisés ! Ils ne survivrons pas, je le sais.

Je compte sur toi.

Ta mère

La seule chose que pouvait faire Mathilde, c’était constater à quelle point sa mère s’illusionnait sur sa situation. De quelle influence la croyait-elle capable ? Les Filleules étaient de loin les plus impuissants dans cette situation ! Ce n’était qu’une question de temps avant que Mathilde ne soit elle-même mobilisée…

Elle s’était attendue à trouver un télégramme de son père, mais la seule chose qu’elle trouva fut deux mots griffonnés au dos de celui de sa mère : « Sois forte. »

Mathilde n’avait pas à s’inquiéter pour son père. En tant que directeur du plus grand réseau commercial inter-insulaire de l’Archipel, il était parmi ceux dont le travail serait plus utile à l’Empire dans les terres que sur le front. Pourtant, malgré toute son influence, il ne pourrait rien pour ses fils. S’il y avait bien une chose que l’Empire appliquait sans discrimination de classe, c’était la mobilisation.

À moins d’obtenir une confirmation d’invalidité par un médecin militaire, Nobles comme Roturiers se retrouveraient en Finkadie pour affronter l’ennemi. Pas même les Impériens, depuis leur piédestal de citoyens de l’Île-Capitale, n’échappaient à cette règle. Plus que par soucis de justice, l’Empire ne pouvait simplement pas se priver du moindre soldat. Les troupes Finkadiennes avaient l’avantage du nombre, il n’était pas question de creuser l’écart.

L’annonce de la fin de la trêve souffla un vent de panique parmi les Filleuls. Tous concernés par le biais de leur famille, et impuissants face à la nouvelle, ils eurent plus que jamais l’impression d’étouffer entre les murs du Collegium. Beaucoup écrivirent à leur famille, tentant d’expliquer ce qu’ils savaient de l’affaire, d’apporter un complément aux circonstances de l’attentat sur la famille impériale… ces lettres n’obtinrent jamais de réponse.

Galis raconta ces faits à Mathilde avec beaucoup d’indignation. Elle se contenta de sourire amèrement. Elle ne se fatigua pas à prétendre la surprise. La censure façonnait son séjour au Collegium depuis trop longtemps.

Elle resta à l’infirmerie le temps que la cicatrisation soit suffisamment avancée pour lui permettre de se mouvoir sans risque. En attendant, elle continua son étude des herbiers de Mrs Titus et revoyait avec son équipe les cours qu’ils lui apportaient chaque soir. Elle ne se laissait pas une minute d’oisiveté, décidée à tenir la culpabilité à distance. Elle s’en sentait le devoir, pour Artag.

Rok menait un combat similaire. Elle l’apercevait parfois tapis au fond de son œil, un gouffre sombre qui menaçait de l’engloutir à chaque instant. Il n’en parlait pas et le cachait mieux qu’elle. Mathilde redoutait qu’il s’enferme dans un nouveau mutisme, mais Galis ne lui en laissa pas l’occasion. Il le bousculait dans ses habitudes, le noyait sous son aide dans les cours théoriques, lui proposait sans cesse d’aller s’exercer au combat, que ce soit avec ou sans armes.

Mathilde les voyait régulièrement entrer dans le dortoir de l’infirmerie couvert de sable, de sueur et de bleus, éreintés mais le sourire aux lèvres. Quand ils lui rapportaient leur journée, Mathilde sentait ses forces grandir avec son envie de rejoindre leur quotidien, de prendre part à cette amitié qui bourgeonnait enfin. Elle avait tant travaillé à son apparition, la voir fleurir sans elle lui restait en travers la gorge.

Elle réintégra sa chambre avec satisfaction et l’envie urgente de se jeter à corps perdu dans ses études. Désormais, elle ne penserait plus qu’à ses cours et son équipe. Rien d’autre…

*****

— Je ne serai jamais remise à temps.

Galis releva la tête de son livre, pris de court par la brusque déclaration de Mathilde. Allongés sur une couverture étalée sur le plancher du Clocher, ils feuilletaient leurs notes de cours à la lumière d’une lampe à huile, grappillant au Collegium quelques heures d’étude sur son couvre-feu. Les yeux cristallins de l’Ilarnais allèrent se poser sur son flanc, sur la cicatrice qu’il avait vu béante une douzaine de jours plus tôt.

— La douleur ne s’est pas dissipée ?

Mathilde secoua la tête.

— Elle diminue, mais d’ici mars prochain… je n’aurai pas retrouvé une mobilité suffisante pour les examens de fin d’année.

La fin du mois de février avait été consacrée à les préparer à ce que les Tuteurs appelaient « la dernière passe ». Mathilde trouvait cette expression légère pour décrire les exercices infernaux qu’ils leurs préparaient pour les évaluer. Chaque professeur leur concoctait une mise en pratique issue d’un concentré de tous leurs cours. Les révisions nécessaires étaient donc de taille égale.

Pour les connaissances théoriques, Mathilde se débrouillait. Pour ce qui était des exercices physiques par contre… Elle payait cher son séjour à l’infirmerie, et son côté la faisait souffrir au moindre effort. L’escrime était pénible, le tir à l’arc un fiasco et la lutte un calvaire. Galis acquiesça, passant un doigt sur les pages de son livre.

— … J’attendais que tu m’en parles. Rok et moi nous en doutions depuis ta sortie de l’infirmerie. Ces derniers temps, tu es une catastrophe ambulante en sport.

Mathilde fit la moue. Il exagérait, mais n’avait pas tort pour autant. Elle avait elle-même une conscience aiguë du handicap que représentait sa blessure. Galis se redressa sur ses coudes, la tête rentrée dans les épaules.

— De toute façon, Sir Malik nous a dit que les épreuves valoriseraient le travail d’équipe. Si nous t’aidons, ça ira.

Elle dodelina de la tête. Elle n’était pas à l’aise avec l’idée de n’être qu’un poids pour ses camarades. Mais peu importait son désir de participer s’il n’était pas intelligemment dirigé. Elle pourrait lutter tout ce qu’elle voudrait, ses limitations physiques n’allaient pas disparaître. Elle leva ses mains les doigts écartés. À la lumière de la lampe à huile, ses cicatrices prenaient des reflets nacrés.

— Je peux me débrouiller à la rapière et courir sans trop de problème, mais tout ce qui est grimper ou mettre de la force dans mon bras droit me demande deux fois plus d’effort.

— Tu es ambidextre, non ? Remarqua son cousin. Utilise le gauche.

Le coin des lèvres de Mathilde releva en un rictus fatigué. Si c’était si simple…

— Ça ne suffira pas.

Galis feuilleta son carnet, concentré.

— Je sais bien… Sir Malik nous prépare une sorte de tournois d’escrime, combiné à un parcours d’obstacle infernal. Nous passerons en équipe, mais nous serons libre de nous séparer si besoin.

Il pointa son crayon sur elle.

— Ta blessure nous limite sur ce point, vu qu’il devra toujours y avoir quelqu’un avec toi. Donc, pas de stratégie de dispersion.

Il observa ses notes et y ajouta une poignée de mots de sa belle écriture, continuant d’une voix posée.

— Pour être franc, ça fait un moment que nous réfléchissons à un plan, Rok et moi. Nous n’aurons pas une grande puissance de frappe, mais il y a une stratégie qui devrait limiter les dégâts.

Il l’engloba d’un tour de crayon et tapota ses notes.

— Aux yeux des autres équipes, nous avons réputation de ne pas nous entendre et, à part Hans, personne ne semble avoir remarqué que nous nous sommes — enfin — soudés. Ils penseront aussi que Rok n’en fera qu’à sa tête, que je ne prendrai pas les épreuves au sérieux et que tu n’auras pas la force de les affronter.

— Ils n’auront pas tort sur ce point.

— Tu manqueras de force et d’endurance, pas de précision, répliqua-t-il. Ils te pensent incapable tout court. À force de te voir affronter notre géant, leur perception de toi est décalée.

Mathilde sourcilla, puis posa son menton dans sa paume.

— Pas faux.

Il s’apprêtait à lui expliquer plus en détail sa stratégie lorsque la trappe grinça, laissant apparaître le visage balafré du géant.

— Désolé du retard, grommela Rok en grimpant les rejoindre.

En chemise lâche et pantalon de toile, il avait les cheveux humides d’une douche récente et joignit aux odeurs nocturnes du clocher un parfum de savon. Il avait jeté sur ses épaules un châle tissé à la main, qui devait faire parti de sa garde-robe précédent son statut de Filleul au vue de l’usure visible à certains points du tissus. Mathilde ne l’avait jamais vu avec.

— T’as rien manqué, le rassura Galis en agitant la main. Je viens juste d’aborder la stratégie que nous avons mise au point.

— Ah…

Ce ton rauque, sa manière de se laisser tomber sur le plancher avec un soupir, son visage plus chiffonné que d’habitude… Quelque chose n’allait pas. Mathilde se mordit la lèvre, hésitante à l’interroger. Rok la prit de vitesse.

— Vous avez des nouvelles de vos familles ? Demanda-t-il dans un souffle.

Ses mots restèrent un moment en suspens. Les ombres flageolantes sur les murs du clocher ruisselèrent dans leur dos, chuchotant la rumeur d’un avenir obscur.

— Toujours rien, grinça Galis en fixant les reflets de la lampe à huile sur le bronze des cloches. J’ai pourtant essayé une lettre sobre, sans détails. Je demandais simplement si mes frères allaient partir en guerre et où. Mais rien.

— Moi non plus, enchaîna Mathilde. Aucun message depuis les télégrammes que m’a transmis Artag.

Elle les leur avait lu le jour suivant celui où elle les avait reçu. Le nez enfoui dans ses bras croisés, le géant fixait la flamme vacillante. Il y avait quelque chose dans son regard… il semblait désemparé, inhabituellement hésitant, vulnérable. Mais aussi de dangereux. Comme une bête aux abois. Il articula lentement.

— J’ai reçu cette lettre de ma mère ce matin.

Il sortit d’une poche intérieure de son veston un papier plié avec soin. Il le retourna un moment entre ses doigts, comme si ceux-ci refusaient de s’en séparer. Enfin, il le tendit à Mathilde en ravalant sa réticence. Elle haussa les sourcils.

— Je peux ?

Il n’avait jamais été à l’aise avec les confidences personnelles, lire son courrier semblait intrusif. De plus, il se forçait. Ça n’annonçait rien de bon pour le contenu de cette lettre. Rok plissa les yeux, comme pour chasser une humidité excessive.

— Tu nous as partagé tes télégrammes. Je te rends seulement la pareille. Je suis le seul à avoir reçu du courrier ces dernières semaines.

Mathilde secoua la tête. Ce n’était pas une bonne raison. Elle s’apprêtait à répliquer, mais le géant continua.

— Artag m’a aussi recommandé de vous partager ces choses là…

Le nom du Chambellan prononcé par sa voix grave emplit la tour de pierre et vibra sur le bronze des cloches. Mathilde eut un demi-sourire. Même absent, leur Tuteur semblait veiller à leur unité.

— Lis-la à voix haute s’il te plaît, ajouta-t-il en évitant son regard, je… j’ai besoin de l’entendre.

Elle palpa la lettre avec précaution. Elle était brune, faite de végétaux mâchés, pressés et séchés, la fibre encore visible, palpable. La mère de Rok fabriquait son propre papier ? Étrange. Avec la solde d’un Filleul, la famille du géant aurait du pouvoir s’offrir une vie aisée, et du papier décent…

Malgré la surface rugueuse, l’écriture de la mère de Rok était fine et élégante. La courbure de ses mots aurait été digne d’une plume de Noble s’ils n’avaient pas été tracés à la hâte.

Mon chéri,

Ta sœur et moi allons monter au refuge pour quelque temps. Les Lords ont relancé les hostilités, et la fin de la trêve a mit le feu aux poudres. Les raids ont recommencées. Ta sœur leur a échappé de peu en allant rendre visite aux fermiers au bord du lac. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils trouvent notre chaumière. Alors je prends les devants. Nous allons disparaître dans la Forêt le temps qu’il faudra pour que les raids cessent. Ils n’oseront pas s’enfoncer dans les bois, les Chimères leur font trop peur.

Ne t’en fait pas pour nous. Ta mère sait se défendre et Ida a bien retenu tes leçons (elle s’entraîne tous les jours, tu sais). Nous resterons discrètes et tant que nous ne les dérangerons pas, les Chimères nous laisseront tranquilles.

Désolée pour cette lettre alarmante, mais nous ne pourrons pas t’écrire avant le retour du calme entre les clans. Je préfère que tu saches à quoi t’attendre. Ton silence m’indique que ta situation doit être aussi compliquée que la nôtre, alors je m’efforcerais de ne pas m’inquiéter (tout comme je te demande de le faire pour nous.)

Bats-toi et reviens-nous un jour,

Maman.

Mathilde avait la voix tremblante en finissant la lettre. Galis la regardait les yeux écarquillés et la bouche entrouverte. Il se tourna lentement vers Rok.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? De quoi… de quoi parle ta mère ?

Mathilde avait l’impression de porter le monde dans ses mains, le monde de Rok qui se balançait au bout d’un fil de plus en plus mince. Comment pouvait-il… ? Il leur partageait une telle nouvelle par sens du devoir ? Rok secoua la tête avec un soupir qui semblait venir des tréfonds de son être.

— Je me doutais… je savais que ça arriverait.

Mathilde était bouche bée. Ce calme glacé dans sa voix l’alarmait. Après des nouvelles pareilles, elle se serait attendu à de la panique, un magma d’inquiétude. Mais non. Son visage n’affichait qu’une colère froide. Aussi discrète qu’aiguë. Elle était peut-être là, tapis au fond de son œil depuis le début de la journée, et Mathilde ne l’avait pas remarqué. Cette pensée seule lui serra l’estomac. Elle qui se félicitait de leur rapprochement…

Rok rangea la lettre dans sa poche, sans remarquer les mines blanchies d’inquiétude de ses camarades. C’était comme si les mots de la lettre avait effacé sa conscience de son entourage.

— Ça arrive presque tout les ans, marmonna-t-il. La fin de la trêve empire peut-être les choses… mais j’ai construit ce refuge pour ce genre de situation.

Il avait l’air de s’adresser davantage à lui-même qu’à eux, de chercher à se rassurer. Mathilde sentit l’indignation lui chauffer le visage, serrer sa gorge. Cette lettre… cette lettre était révoltante ! Affolante ! Galis se redressa sur son séant et planta son regard pénétrant dans celui du borgne.

— De quoi parle ta mère ? Qu’est-ce que c’est que ces… raids ?

Forcé de revenir au moment présent, Rok carra les épaules. La colère au fond de ses yeux se fit plus nette, mordante.

— Un jeu de Noble.

Un nouveau nœud contracta les entrailles de Mathilde. Elle avait oublié à quel point le géant pouvait être effrayant lorsqu’il prenait cette voix. Pourtant, contrairement à leurs précédentes disputes, ce ton tranchant ne leur était pas destiné. Comme s’il avait effacé de son esprit le titre dont son cousin et elle jouissait depuis la naissance. Il ne les voyait plus ainsi.

— Je n’ai jamais entendu parlé d’un jeu pareil, souffla Mathilde.

Elle remonta la couverture sur ses épaules. Rok n’avait pas l’air disposé à répondre. Il se penchait en avant, absorbé par les fluctuations de la flamme sous le verre de la lampe. C’était comme s’il pesait le pour et le contre, combien il pouvait leur dire ou pas, comment le formuler. Lorsqu’il se décida à parler, il n’était plus avec eux.

— À chaque conflit entre clans, les guerriers Nobles profitent du chaos environnant pour organiser des raid dans les terres de leurs rivaux. Ils pillent et détruisent tout sur leur passage. Les Roturiers trop lents pour s’écarter de leur chemin se voient voler leur récolte, leur bétail, et laissés dans un état… certains doivent vivre le reste de leur vie avec des séquelles. D’autres n’y survivent pas. Mais s’ils trouvent ma mère…

Sa voix se brisa et il pinça les lèvres, comme s’il regrettait d’en avoir tant dit. Son visage était blanc et sa cicatrice ressortait d’autant plus, comme si elle était prête à se rouvrir. Il ferma les yeux, frissonna, puis les rouvrit, ardent d’une colère étouffante. Les mâchoires verrouillées, il haussa les épaules et réussit à grogner malgré sa gorge nouée.

— Ils ne l’attraperont pas. Elle les tuera avant.

Le sang de Mathilde se gela dans ses veines. Sa haine était un feu liquide dans l’iris valide du géant. Il n’avait jamais été aussi terrifiant. Qu’avait-il vu ? Qu’avait-il vécu pour qu’un tel brasier s’allume en lui ? Tout ce qu’elle croyait savoir du géant… mais que savait-elle au juste ? Qu’il avait été blessé par une Chimère. Qu’il avait une mère et une sœur vivant dans un chalet reculé dans la montagne forestière de Katchyn. Qu’il n’avait pas de clan…

Mathilde se mordit la lèvre. En un an, c’était tout ce qu’elle avait pu apprendre de lui ? La plus grande frustration d’Artag était leur refus de mettre de côté leurs différents pour apprendre à se connaître. À présent, elle le comprenait mieux.

— Pourquoi nous en parler maintenant ? Murmura-t-elle, retenant difficilement l’affolement dans sa voix.

Rok releva la tête et posa sur elle un regard brûlant.

— Parce que je ne tiens plus en place. Ma mère et ma sœur… d’habitude, je suis là pour elle. Elles se débrouilleront avec les sbires des Nobles. Mais elles ne vont jamais loin dans la Forêt, pas sans moi. Si jamais une Chimère les trouve…

Il pressa ses paumes contre ses tempes.

— Je devrais être là-bas.

La voix de Rok se fendit, laissant filtrer la peur tapie sous l’ouragan furieux. Mathilde se rapprocha du géant et passa sa main dans son dos. Elle n’avait pas les mots. Ne savait pas s’il en existait d’assez fort. Elle laissa ses gestes parler pour elle, transmettre le réconfort qui lui échappait.

Galis battit des paupières. Un rire bref jaillit de sa gorge, secouant ses épaules. Le géant se raidit, poings serrés. Mathilde foudroya son cousin du regard. Mais celui-ci se contenta de passer une main sur son front. Ses yeux cristallins brillaient d’un éclat révolté, comme si l’incendie qui consumait Rok s’était étendu jusqu’à lui.

— Moi qui me demandais toujours d’où venait ta haine des Nobles…

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MarenLetemple
Posté le 23/01/2023
Juste une petite remarque : les télégrammes sont des messages envoyés par le biais d'impulsions électriques. Je ne pense pas que le père de Mathilde pourrait "griffoner" quelque chose au dos, puisque le message original est simplement utilisé pour dicter le message qui sera envoyé. Pour moi, ce que tu présentes au début est bien une lettre, courte, mais une lettre quand même.
Emmy Plume
Posté le 25/01/2023
Bien vu ! merci de m'avoir fait remarquer cette petite incohérence ! ça m'aide beaucoup :)
Aryell84
Posté le 16/09/2022
Coucou!!!!
J'ai mis un peu de temps à lire ton chapitre mais me voilà! Rien à redire sur le fond, on en apprend plus sur Rok et c'est vraiment top, et on en apprend plus sur l'univers en même temps, et la réaction de Galis est tellement bien! C'est vraiment top de voir leur entente à présent, surtout qu'ils reviennent de loin ;)
Quelques petites coquilles et maladresses:
- « plus que par soucis de justice » → souci
- « tous concernés par le biais de leur famille » → je trouve l’expression un peu bizarre, peut-être qu’il faudrait reformuler…
- « d’ici mars prochain » → comme on apprend juste après qu’ils sont déjà fin février, ça fait bizarre de le dire comme ça
- « les raids ont recommencées » → recommencé
- « je m’efforcerais » → efforcerai
A très bientôt !! ;)
Emmy Plume
Posté le 19/09/2022
Coucou Aryell84
Merci pour ton passage sur mon chapitre et de me partager tes pensées dessus ^v^
Merci aussi pour les coquilles que tu repères inlassablement dans mon texte (à force, je me dis que tu ferais une excellente bêta lectrice ! )
A plus tard =^v^=
Emmy
Aryell84
Posté le 20/09/2022
Je t'en prie !!!
Haha je pourrai toujours vendre mes services de bêta-lectrice si je rate le concours ^^ heureuse de t'être utile en tout cas ;)
A très bientôt !
Fusca-history
Posté le 05/09/2022
Oh, quel chapitre incroyable !
Je frémis, pour eux tous, mais de comprendre enfin le fonctionnement de Katchyn, les clans, la noblesse, l'arrogance tordue et le danger, les séquelles... C'est frustrant de les voir impuissants !
J'aime beaucoup voir Rok, Mathilde et Galis se rapprocher et les tactiques qu'ils élaborent sont ingénieuses, et les voir enfin travailler ensemble, parler d'eux, ça fait tellement plaisir !!
Emmy Plume
Posté le 08/09/2022
Hello ^^
Merci pour le commentaire, ça me fait toujours plaisir de voir ton amour (et ton enthousiasme) pour mon histoire et mes personnages !!
Et oui, notre petite équipe fonctionne enfin (il était temps XD)
Je te dis à bientôt =^v^=
Emmy
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