Chapitre 65 : Mes poules

Par Kieren

Ma chienne a un faible pour mes poules. Des fois je la retrouve entrain de dormir dans le poulailler au milieu de la volaille. Pourtant, elle n'est pas innocente, moi non plus. Lorsqu'il nous manque une mère pondeuse, une Bertha, je laisse une dizaine d’œuf éclore. Les poussins grossissent gentiment et une fois adulte, je prends la meilleure pondeuse et elle devient la nouvelle Bertha. Les autres, soit je les mange avec ma chienne, soit je les donne aux habitants du village. Mes poules ne me coûtent rien, elles mangent mes restes de table, elles ne font pas les difficiles, alors je me verrai mal les vendre. Par contre les œufs, ça reste une partie de mon business, donc je les vends.

Les poules je les appelle ''Bertha'', plus le chiffre selon l'ordre d'arrivé dans l'équipe ; le coq, c'est Jean Hubert, plus le chiffre. Actuellement, je suis à Bertha 108 et Jean Hubert 33. Ceux qui ont passé l'arme à gauche, soit ils se sont fait boulotté (par moi ou par un renard), soit ils se sont échappés (tant pis pour eux), soit ils sont morts de maladies, de froid ou d'accidents stupides.

Je pense tout particulièrement à un poussin qui se coinça la patte dans la grille du poulailler et qui se la cassa. Et un poussin avec une patte esquintée, c'est très difficile de le sauver. J'étais parti pour me le faire en brochette, mais quand je le vis sur la tête de ma chienne, qui passa la journée avec l'oisillon à surveiller les moutons, je décidai alors de les laisser tranquille.

À partir de ce jour, ma chienne s'occupa de l'oiseau comme si c'était son fils. Elle le promenait, elle lui apportait des graines et des bouts de pain sec. Ils dormaient ensemble, des fois ils jouaient ensemble. Ma chienne le léchait tout entier, et le poussin lui picorait la truffe.

Cela dura des semaines.

Le poussin ne pu jamais réutiliser sa patte blessée, de sorte qu'il se déplaçait à cloche pied en permanence, avec sa patte qui traînait par terre. Celle-ci finit par s'infecter. Alors je l'endormis avec de l'eau de vie et je lui coupai la patte. Je ne sais pas si j'aurais dû le tuer ce soir là.

Mais aujourd'hui, il s'agit de Bertha 94, qui ne donne pas énormément d'œuf, qui n'est pas extrêmement belle, mais qui sautille derrière ma chienne quand elle passe par le poulailler, et qui dort sur sa tête, les soirs où ma chienne se transforme en mère-poule.


 

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