Chapitre 6 : La peste de service fait des siennes

- Alors, Carotte ? Ça va comme tu veux ? demanda Jason d’un ton légèrement moqueur.

Je regardai à peine le jeune homme. C’était un vantard qui aimait se penser populaire auprès des filles, alors qu’il ne l’était pas du tout. En plus, il avait la fâcheuse habitude de draguer n’importe qui n’importe quand, et de façon très peu délicate.

- Tu pourrais me répondre au moins, tu es beaucoup trop froide.

- On est en cours, là, fis-je sèchement.

Je n’avais pas de chance, il était à côté de moi dans une grande partie des cours, à cause de l’ordre alphabétique.

- Je sais qu’on est en cours, je suis pas aveugle.

- Aveugle je sais pas, mais débile, c’est sûr.

Il porta la main à sa poitrine comme s’il était touché par une lance invisible.

- Quelle cruauté ! Tu blesses mon petit coeur fragile !

Malgré tout, il avait un grand sourire.

Comme je ne répondais pas, il ajouta :

- J’ai croisé ton prétendant tout à l’heure.

Cette fois, je n’arrivai pas à m’empêcher de tourner la tête pour le regarder.

- Quel prétendant ?

- Miguel Corella, bien sûr !

Je fronçai les sourcils.

- Qu’est-ce que tu veux dire ?

- Ce pauvre garçon est tombé raide dingue de toi. Au sens propre du terme. Je ne savais pas que c’était possible.

- Arrête de dire des conneries.

- Mais c’est la vérité.

Son sourire s’étira jusqu’à atteindre ses oreilles.

- Ses sentiments seraient-ils réciproques ?

- Ça va pas ? On se connait même pas.

- Oh je vois que son amour  est partagé, à quand le mariage ?

- Arrête de faire la conversation tout seul.

À ce moment, la cloche annonça la fin du cours.

Sauvée par le gong.

Je me dépêchai de sortir avant que ce crétin aux cheveux roses ne me rattrape.

Miguel, amoureux de moi ? N’importe quoi. Comme si le coup de foudre existait.

Malheureusement une main m’agrippa l’épaule à peine sortie de la salle.

- Lâche-moi, ou c’est mon poing dans ta gueule de bouffon, pestai-je en me retournant.

Mais ce n’était pas Jason. Noooooonnnnnn. Encore mieux.

Ashley.

Elle était accompagnée comme toujours de sa cour. Elle me fusillait avec une telle rage dans le regard qu’elle faisait presque peur.

- J’ai entendu ta conversation avec Jason. Comment oses-tu nous piquer Miguelounet ? Je t’avais prévenu, c’est la guerre.

- J’ai jamais dit que je le séduisais.

- Il est trop bien pour toi, n’essaie pas de me convaincre.

- Mais qu’est-ce vous avez tous à faire la conversation à ma place ?!

- Je vais vite fait te remettre à ta place, Carotte, tu vas en baver.

Et avant que j’ai pu protester, elle partit, suivie par une bande de filles qui me lancèrent chacune son tour son regard le plus noir.

Je repris mon chemin, passablement énervée. Depuis que Miguel était arrivé, tout allait mal. J’avais autre chose à faire que de supporter les grognasses et les cons ! Sans compter que j’avais déjà raté un cours à cause d’un certain jeune homme qui s’était évanoui au milieu du couloir.

 

Le lendemain, je retrouvai Fanny comme d’habitude. Grâce à Dieu, je n’avais croisé ni Miguel, ni Ashley, ni Jason (même si pour les deux derniers ça n’allait pas tarder puisqu’ils étaient dans ma classe).

- B… bonjour…

- Salut !

- Tu sais… j… je me suis r… renseignée au sujet… des… des hallucinations… dont tu m’avais parlé… , bafouilla-t-elle.

- Ah ! Et ça a donné quoi ?

- Bah… à moins que tu ai consommé… une… une drogue forte… aucun produit connu n… ne peut provoquer de tels effets.

- Ça c’est bizarre.

- C… comme tu dis.

Ses hallucinations me tracassaient. Je n’arrivais pas à comprendre d’où elles venaient.

La phrase de Jason me revint en mémoire : « Ce pauvre garçon est tombé raide dingue amoureux de toi »

Quelle stupidité. Pour avoir un coup de foudre, il fallait être amoureux. Hors, je ne ressentais rien à l’égard de Miguel. Et puis, ça se saurait si les gens tombaient dans les pommes quand ils se rencontraient.

Je cogitais ainsi lorsque j’arrivai à mon casier. Là, une mauvais surprise m’attendais. Mon casier était à moitié défoncé et couvert d’insultes très gracieuses. Je sentis la moutarde me monter au nez en avisant le groupe d’Ashley ricanant un peu plus loin. Je fonçais sur elles.

- Nettoie-ça, ordonnai-je.

Ashley me regarda en feignant de n’avoir pas compris.

- Pardon ?

- Tu m’as très bien comprise. Vas nettoyer le bordel que t’as foutu.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, minauda la peste. Je n’ai rien fait.

- Ne joue pas les innocentes, nettoie.

Ses yeux lancèrent des éclairs.

- C’est un ordre ?

- Parfaitement.

Elle éclata de rire.

- Parce que tu crois que je vais obéir à un être inférieur comme toi ?

- Vas te dénoncer, immédiatement, fis je d’une voix froide comme de la glace.

Elle se pencha vers moi et me souffla :

- Coure toujours.

Je m’apprêtais à la frapper quand le proviseur adjoint arriva. En voyant mon geste, il m’adressa un regard d’avertissement.

Bouillante de rage, je baissai mon poing.

- Au revoir, susurra Ashley avant de me tourner le dos.

Promis, pensai-je en la regardant s’éloigner, un jour, je l’éviscère et je la pend avec ses boyaux dans la coure.

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justemadeleine
Posté le 21/06/2020
J'adore !!!! C'est incroyablement extraordinairement waouement amusant et drôle !!!! J'aime beaucoup. Mais vraiment beaucoup.

Je sais que beaucoup de gens commentent simplement pour pouvoir publier un chapitre. Au début de l'histoire, j'avoue, j'ai fait ça. Mais, maintenant, je me suis accrochée aux aventures de Sully Sally (non, Sally Sully) et le p'tit Cupidon. Quel humour ! Bravo !!!!!!
AudreyLys
Posté le 21/06/2020
Les com’ c’est l’essence de la plummauté :3
En tout cas contente que cette plaise autant !
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