Chapitre 6

Par Mist

Naëlle claudiqua jusqu’à une souche et s’y laissa tomber.

Bon sang, qu’est-ce qu’il se passe avec cette fichue forêt ? fulmina-t-elle en examinant ses pieds.

Elle saignait…

Non content de réduire sa vue à une dizaine de mètres, la luxuriante végétation du domaine de Lara dissimulait d’innombrables cailloux aux arrêtes coupantes ; et ceux-ci lui avaient déjà déchiré la peau alors qu’elle n’avait même pas parcouru une centaine de mètres.

Naëlle soupira en songeant qu’il lui faudrait protéger ses plaies… mais pas maintenant. La nuit lui donnait un avantage considérable, et elle voulait en profiter pour fuir le plus loin possible. Elle s’occuperait de cela plus tard.

Elle essuya son visage gluant de sueur, et lança un bref coup d’œil aux empreintes sanglantes qu’elle laissait derrière elle.

Les hommes de Durak seraient-ils assez habiles pour les suivre ?

Elle décréta que non, et reprit sa route, en comptant sur l’obscurité pour les empêcher de remarquer ses traces.

 

*

 

Naëlle peinait à avancer. La forêt avait l’allure d’une véritable jungle, et elle perdait un temps considérable à écarter les longues feuilles qui pendaient devant elle, ainsi qu’à éviter les arbres et les buissons qui se dressaient sur son chemin et lui bloquaient la vue. Sans compter les pointes de douleur qui accompagnaient chacun de ses pas, et rendaient sa démarche bancale.

Elle parcourut ainsi une trentaine de mètres, avant de se figer.

Une masse, haute de plusieurs mètres, lui barrait le passage.

Putraille, c’est quoi ce truc ?

Naëlle s’approcha, les sourcils froncés.

Ce qu’elle aurait pu prendre pour un mur était en réalité un amas de ronces. Un gigantesque fourré de plus de cinq mètres de haut, qui s’étendait à perte de vue, à gauche comme à droite.

Deux choix s’offraient à elle : contourner cet obstacle ou y pénétrer. Elle pivota en direction des lumières qui se déplaçaient derrière elle, et ses traits s’assombrirent.

Dix, vingt… trente… cinquante…

Naëlle renonça à les compter. Les savoir « trop nombreuses » lui suffisait.

Comme à leur habitude, les hommes de Durak faisaient preuve d’une formidable efficacité. Ils s’étaient déployés sur une large surface, tenant haut leurs torches et leurs lanternes, et convergeaient vers elle. Une poignée d’entre eux s’étaient même avancés à moins de vingt mètres de sa position.

Combien de temps avant qu’elle soit découverte ?

Ces épines acérées avaient l’air redoutables, mais pas autant que les épées de ses poursuivants… de plus, les tiges, moins fournies en sortant du sol, laissaient en espace exigu dans lequel elle pourrait se mouvoir sans trop de risque.

— Qu’est-ce que tu attends pour y entrrer, humaine ? Tu as peurr de déchirrer ta jolie chemise ?

Naëlle poussa un chuintement agacé : sa bête avait visiblement terminé sa sieste, et elle recommençait à lui casser les oreilles.

 

*

 

Plaquée au sol, Naëlle avançait avec lenteur au milieu de la luxuriante végétation émeraude qui avait pris racine sous le bosquet. L’herbe, fine et élancée, possédait une vigueur surprenante, et l’amas était si dense et volumineux que Naëlle avait l’impression de nager.

Ça pue ici ! constata-t-elle. Doit y avoir une charogne quelque part… et puis c’est quant même curieux toute cette herbe… d’habitude, ça ne pousse pas autant sous un buisson…

Naëlle haussa mentalement les épaules : ce n’était pas quelques feuilles et une mauvaise odeur qui allaient la convaincre de renoncer. Elle poursuivit son chemin au sein du gigantesque hallier et louvoya entre les nombreuses tiges, avant de s’arrêter devant une ronce géante – aussi large que sa cuisse – qui sortait de terre et se dressait fièrement à la verticale.

Elle ne put s’empêcher de la caresser.

Sa main glissa sur le bois, avec douceur et déférence. Elle effleura délicatement l’écorce brune et soyeuse, la frôla, avant de suivre du bout des doigts les incrustations verdâtres qui la parsemaient.

Une reine… et selon les croyances, les plantes qui sortaient de l’ordinaire, par leur taille ou leur aspect, étaient susceptibles d’héberger un esprit.

— Sacrrée bestiasse… je me demande si elle fait des mûrres aussi grrosses qu’elle…

Naëlle faillit éclater de rire. La créature ne respectait rien ni personne… et en réalité Naëlle possédait une fâcheuse tendance à en faire autant.

Des mûres… pourquoi pas après tout ?

Naëlle leva la tête, un air gourmand sur le visage, et tressaillit.

Ce qui l’attendait là-haut n’avait rien à voir avec des fruits juteux et sucrés.

C’était la mort.

La mort qui la contemplait du fond de ses orbites.

Foutredieu ! Qu’est-ce qu’il fiche là lui ?

Naëlle ressentit une bouffée de colère à l’encontre de la bestiole qui venait de la surprendre. Un ragondin, ou un castor – si elle se fiait à ses grosses dents orange – dont il ne restait que le crâne et quelques os, suspendus au-dessus d’elle.

Elle haussa les épaules.

Les cadavres et les squelettes ne la dérangeaient pas, elle avait appris depuis longtemps que c’était des vivants dont il fallait se méfier, et non des morts, mais la présence de cet animal entortillé dans les branches l’intriguait.

Qu’est-ce que ?

Naëlle se pencha vers les lignes vertes, qui, profitant de son immobilité, s’étaient enroulées autour de son poignet.

C’est quoi cette merde ? Et ça bouge en plus !

Naëlle ramena son bras en arrière, et retint une exclamation de douleur. Ce qu’elle avait pris pour de banales plantes était en réalité de minuscules ronces aux épines acérées. Des ronces, à l’origine cachées dans l’herbe, et qui à présent fouettaient l’air dans sa direction, et tentaient de s’accrocher à elle pour la ligoter.

La zone en était envahie.

Naëlle lâcha un juron digne d’un charretier, et dégagea son autre bras tout en donnant des coups de pied dans le vide pour libérer ses jambes. Du sang perla aussitôt de ses écorchures, et une sensation de brûlure se répandit sur son épiderme. Les fines lanières végétales l’assaillaient. Heureusement, elles étaient fragiles, et leurs aiguillons ne lui infligeaient guère plus que de simples égratignures.

Naëlle se remit à avancer en poussant son sac devant elle.

Du moins, elle essaya.

Elle retomba, le nez dans l’herbe, stoppée net par l’imposante liane qui s’était enroulée autour de sa taille. Naëlle se retourna vivement, et agrippa la chose qui lui enserrait les reins. Elle tenta de la briser, mais la tige, souple et filandreuse, se contenta de ployer, et Naëlle dut s’acharner un long moment sur elle, la pliant et la vrillant, avant de réussir à la déchirer.

Elle se dégagea, et se demanda si elle ne rêvait pas.

Bon sang, mais d’où il est sorti ce margouillis ?

Un léger bruissement lui apporta la réponse : toutes les branches dans un rayon de plusieurs mètres, petites et grandes, frémissaient, comme si elles émergeaient d’un profond sommeil.

Il n’y avait aucun doute : ce bosquet était vivant, et il s’apprêtait à lui infliger un sort peu enviable.

Les brins qui sortaient du sol ne l’inquiétaient pas plus que cela… elle pouvait aisément s’en débarrasser, par contre celles dont le diamètre dépassait les deux centimètres risquaient de lui donner du fil à retordre.

Naëlle sentit un frisson remonter le long de sa colonne vertébrale.

Que faire ?

Derrière elle, Durak et ses mercenaires…

Autour d’elle, le buisson qui s’éveillait…

Et au-dessus d’elle, le crâne blanchâtre qui auparavant se trouvait à deux bons mètres, et qui à présent était suspendu à trente centimètres d’elle, comme s’il s’était approché pour profiter du spectacle…

MAIS C’EST QUOI CETTE M…

L’adolescente disparut, engloutie par la masse tentaculaire qui s’abattit sur elle.

 

*

 

Ne pas crier ! Surtout ne pas crier !

Naëlle jeta un coup d’œil angoissé en direction des lanternes, si proches que le moindre gémissement suffirait à donner l’alerte. Ce maudit plafond de branches s’était écroulé, et elle se retrouvait empêtrée dans d’énormes ronces aux longues épines, dont une qui s’était fichée en plein sur sa figure.

Son premier mouvement pour se libérer lui arracha une grimace de douleur. Des pointes acérées s’étaient enfoncées dans sa chair, et transformaient chacun de ses gestes en véritable supplice. Les dents serrées, elle entreprit de dégager ses bras, retirant chaque dard avec d’infinies précautions, jusqu’à décrocher une première tige, avant de passer à la suivante.

Cela lui demanda plusieurs minutes, et de petits filaments en profitèrent pour lui ligoter les jambes. Naëlle les ignora, et leva une main tremblante vers l’épaisse liane cramponnée à son visage. Celle-ci s’était incrustée, selon une diagonale allant du menton au front, puis se perdait dans le cuir chevelu, et Naëlle dut s’y reprendre à trois fois avant de s’en débarrasser.

Elle pouvait s’estimer chanceuse : l’œil avait été épargné, cependant, une épine avait réussi à lui traverser la joue, et à se planter dans sa gencive. Elle brisa le végétal avec une immense satisfaction, et se pencha pour cracher le sang accumulé dans sa bouche.

Un mouvement attira son regard.

Quelque chose bougeait parmi les branches les plus hautes, loin au-dessus d’elle.

Non… pas quelque chose… c’était les tiges elles-mêmes qui remuaient, qui glissaient paresseusement les unes sur les autres, à la manière d’un nid de serpents.

Le va-et-vient devint rapidement plus intense, à un tel point que le buisson fut violemment agité, comme si de puissantes bourrasques soufflaient dans ses feuilles.

Le cœur de Naëlle faillit s’arrêter.

Le phénomène ne se contentait pas de gagner en puissance : il se répercutait. Il descendait vers elle, et les ronces qui s’étaient agglutinées contre son corps commençaient déjà à frissonner… comme si elles se préparaient à donner l’assaut.

Le fourré ne se bornait plus à essayer de l’immobiliser, il avait l’intention de la dépecer, comme s’il était conscient.

Les pensées et les yeux de Naëlle se tournèrent vers la reine.

S’il te plait ! Ne… ne fais pas ça ! Je ne voulais pas t’offenser ! Pardon !

Mais l’esprit qui vivait au cœur du fût géant, s’il existait, fit la sourde oreille.

Un hoquet secoua Naëlle lorsqu’une liane lui ouvrit un large sillon dans la cuisse en produisant un bruit de déchirure qui se propagea jusque dans ses molaires.

Cela avait débuté.

Une autre lui griffa le dos…

Une autre le bras…

Les branches se déchaînaient. Elles s’entrecroisaient et couraient sur son corps comme si des gens tiraient sur chaque extrémité ; laissant derrière elles de profondes entailles, ainsi qu’une terrible souffrance.

Naëlle combattait avec une étonnante sauvagerie, agrippant les tiges à pleine main, pliant, tordant, et mordant comme une louve enragée, mais les tentacules étaient nombreux. Ils attaquaient, sans relâche, avec l’aisance d’une lame bien affutée, et Naëlle endurait déjà de multiples lacérations, dont certaines saignaient abondamment.

La bataille ne tournait pas en sa faveur. Accentué par la fièvre et la perte de sang, l’épuisement la gagnait, et l’intense douleur qui crépitait sur sa peau lui donnait l’impression d’être en lambeau. Ses gestes commençaient à manquer d’efficacité, ils devenaient fébriles, maladroits.

Son corps n’était plus qu’une plaie béante.

Un sanglot jaillit de sa gorge, et elle faillit hurler lorsqu’une branche lui déchira la nuque.

Ses mains tremblantes laissèrent échapper une première liane, puis une seconde…

Une arme… il lui fallait une arme !

Même un simple couteau ferait l’affaire, parce que ce n’était pas avec ses dents qu’elle…

Des dents…

Naëlle bascula sur le côté, et chercha le crâne du ragondin.

Lui, il en avait des dents ! Et sacrément grandes et aiguisées !

Par chance, la forme claire avait été entraînée par les ronces dans leur chute, et se trouvait près d’elle. Naëlle n’eut aucune difficulté à la ramener contre son ventre comme s’il s’agissait d’un trésor… un trésor qui allait peut-être lui sauver la vie.

Roulée en boule pour se protéger, Naëlle entreprit de découper son ennemi en utilisant les redoutables mâchoires du défunt castor. Son ciseau improvisé avec ses deux longues incisives constituait un outil bien plus efficace que les malheureux petits chicots humains dont la nature l’avait dotée.

Naëlle ne mit que quelques minutes à se libérer, mais ce laps de temps fut suffisant pour que son dos fût lacéré par l’équivalent de plusieurs dizaines de coups de fouet.

Épuisée et nauséeuse, elle demeura immobile, couchée sur un lit de tiges tronçonnées.

Elle haletait et le seul bruit qu’elle entendait provenait de son cœur battant à toute vitesse.

Par tous les dieux, c’est… c’est fini ?

La réponse lui parvint sous la forme d’un funeste frémissement.

La masse qui s’était écroulée ne représentait en réalité qu’une partie de l’hallier. Il en restait facilement le double, prêt à s’abattre sur elle. Heureusement, l’amas répugnant qui se tortillait deux mètres au-dessus d’elle semblait sur le point de se rendormir, comme si les lianes étaient trop loin pour la repérer.

Naëlle laissa échapper un soupir et se détendit. Sa situation s’améliorait. Il lui suffisait à présent d’attendre que le fourré s’engourdisse avant de reprendre sa route.

Sauf que…

De la lumière… des bruissements…

Quelqu’un approchait. Sans doute l’un des hommes de Durak.

Naëlle se figea en grognant de souffrance, puis un sourire meurtrier étira ses lèvres.

Le seul refuge possible se trouvait ici, à l’endroit où elle avait éliminé les ronces, et tant que l’intrus n’aurait pas atteint ce sanctuaire, il serait en danger, surtout si quelqu’un faisait en sorte d’exciter ce maudit buisson.

Tu vas voir si c’est agréable de se faire lacérer la gueule, espèce d’enfoiré !

Naëlle mit son plan à exécution en lançant des morceaux de lianes tranchées en direction de la silhouette qu’elle devinait derrière les herbes.

Le résultat ne se fit pas attendre : les tiges commencèrent à s’agiter, le piège à se refermer.

L’homme dut s’en rendre compte aussi, car il accéléra en poussant un cri de douleur, un glapissement aigu, comme celui d’une femme.

Intriguée, Naëlle se redressa pour tenter de l’apercevoir.

Putraille ! C’est Thomas !

Elle devint livide.

Il ne s’agissait pas de l’un des mercenaires de Durak, mais du fils de l’aubergiste chez qui elle logeait… un gosse de cinq ans…

Que faisait-il ici ?

Les seules explications qui lui vinrent à l’esprit furent que son père l’avait envoyé, peut-être avec un message, ou qu’il avait pris peur et l’avait suivie.

Et elle l’avait expédié tout droit à la mort…

Naëlle délaissa ses morceaux de bois, et se précipita, à quatre pattes, pour aller aider Thomas. Une voix furieuse retentit aussitôt dans sa tête :

— Qu’est-ce que tu fais humaine ? Tu es folle ! Tu ne vas tout de même pas rrisquer notrre vie pour un chiarrd !

— Mais, putraille, ta gueule ! C’est Thomas ! Je ne vais quand même pas le laisser crever !

— Et pourrquoi pas ? Ce n’est qu’un gosse, son pèrre n’aurra qu’à engrrosser une autrre rribaude !

Comprenant qu’elle n’aurait pas gain de cause, l’entité abandonna et laissa Naëlle s’approcher de Thomas. La voyant arriver, l’enfant posa sa lanterne, et accéléra vers elle, sans aucune considération pour les lianes qui lui déchiraient la peau.

Ils se rejoignirent, et Naëlle, à moitié éblouie, ne remarqua pas l’animosité qui durcissait ses traits ni la petite hache qu’il serrait entre ses doigts.

Elle l’attrapa par l’épaule, et se rejeta en arrière pour l’amener en sécurité.

Elle crut mourir de souffrance lorsque son dos blessé heurta le sol, et resta une courte seconde figée.

Thomas en profita pour lui abattre son outil sur le crâne.

Naëlle eut tout juste le temps de réagir.

Elle dévia le coup avec son avant-bras, et compléta son geste d’une ruade qui expédia Thomas à la renverse. Celui-ci se releva et revint immédiatement à la charge, avec sur la figure une malveillance qu’un enfant n’aurait jamais dû être capable de ressentir.

Naëlle sentit quelque chose céder en elle, comme un barrage éventré par la pression de l’eau. Submergée par une fureur animale, les lèvres retroussées à l’instar des babines d’un loup, elle saisit Thomas à la gorge, et le plaqua dans l’herbe avant de lui arracher son arme.

Son instinct lui commandait de tuer.

Quelque chose gloussa en elle en voyant Thomas gigoter. Une entité féroce et sauvage, qui n’éprouvait aucune gêne à abattre un gamin. Qui en était même excitée.

Un sourire effrayant apparut sur son visage.

Elle avait soif, et le sang du garçon était chaud et sucré.

Elle avait faim, et la chair du garçon était tendre et appétissante.

— NON !

— SI ! Tue-le ! Nous avons besoin de nous nourrrrir !

— Dégage !

Naëlle réfréna de justesse sa pulsion meurtrière, et enferma mentalement sa bête en imaginant une solide porte qui claque.

Je ne dois pas perdre le contrôle…

Elle grimaça. La créature en elle ne savait faire que cela : tuer… certes, Naëlle ne pouvait nier qu’ôter la vie permettait de résoudre un grand nombre de problèmes, mais pas tous !

De lugubres craquements lui firent lever la tête.

Excitées par toute cette agitation, les lianes au-dessus d’elle avaient repris leur funeste ballet. Le buisson s’éveillait à nouveau, et cette fois-ci, considérant la quantité de branches qui approchait, Naëlle doutait de s’en sortir, même avec une hache.

Elle darda un regard glacial vers la reine.

— Tout ça, c’est de ta faute, n’est-ce pas ? cracha-t-elle sans trop savoir si elle s’adressait au morceau de bois ou à un éventuel esprit niché à l’intérieur.

La main crispée sur le manche de son arme, elle s’avança vers son ennemi en traînant Thomas derrière elle. Celui-ci se débattait comme un dément, cependant, Naëlle, bien qu’affaiblie, possédait plus de force que bien des hommes, et l’enfant ne pouvait lutter contre sa poigne de fer.

Elle jeta Thomas au sol devant la géante, et le coinça sous son genou.

— À nous deux, sale pute ! grinça-t-elle en brandissant sa hache.

C’était un pari… un pari mortellement osé.

Les ronces étaient trop nombreuses pour que Naëlle puisse imaginer leur survivre. Son seul espoir reposait sur l’hypothèse que la plupart n’étaient en réalité que des ramifications appartenant à la souveraine.

Toutes ses observations allaient dans ce sens : les tiges qui sortaient de terre, trop fines et trop parsemées, ne pouvaient être à l’origine du monstre tentaculaire qui descendait vers elle.

Tout devait provenir de cette saloperie de reine !

Elle frappa.

Une main appuyée sur le fût pour conserver son équilibre, elle adopta instinctivement la technique des bucherons : fendre en diagonale, donner quelques coups à l’horizontale pour dégager les morceaux gênants, et recommencer.

Cependant, abattre un arbre tout en devant maîtriser un enfant hystérique constituait un exercice malaisé. Les ronces approchaient, et Thomas lui faisait perdre un temps précieux en se tortillant comme un ver en pleine crise de démence.

Un temps qui pouvait faire la différence entre la vie et la mort.

Un temps qu’elle ne possédait pas.

Même si cela représentait un risque supplémentaire, elle choisit de le libérer, tout en s’apprêtant à l’assommer avec le dos de sa hache si celui-ci devenait agressif. Contre toute attente, Thomas s’enfuit sans demander son reste, et Naëlle put enfin empoigner son arme à deux mains.

Une liane lui frôla les cheveux.

Elle ne disposait que d’une poignée de secondes avant que le plafond végétal ne l’atteigne, et la transforme en charpie. La tête rentrée dans les épaules, elle se mit à cogner comme une sourde, les yeux rivés sur l’entaille blanchâtre qui s’agrandissait.

Le métal mordait dans le bois, et Naëlle esquissa un sourire en voyant la reine s’incliner dans sa direction.

Encore quelques coups et…

— Tu vas brûler, sale chienne !

Naëlle se tourna en direction de Thomas.

La menace qui venait de franchir ses lèvres paraissait improbable… pourtant le danger était bien réel, car le garçon se précipitait vers sa lanterne.

Naëlle hésita.

Le fût était presque coupé.

Les ronces étaient quasiment sur elle,

Et ce petit enfoiré de Thomas s’apprêtait à lui balancer sa lampe à huile en pleine tronche…

Jouant le tout pour le tout, elle changea de côté, et se mit à frapper de toutes ses forces. Cette position lui permettait à la fois de surveiller Thomas, et ne pas se trouver sous l’arbre lorsque celui-ci chuterait.

La souveraine commença à pencher au bout de cinq coups aussi rapides que puissants.

Le sixième faillit la sectionner.

Le septième y parvint au moment où Thomas se tournait vers Naëlle en brandissant son lampion.

Brusquement libéré, le tronc sembla bondir vers elle comme pour l’empaler, avant de retomber et de se ficher dans le sol. Il bascula ensuite vers Thomas en entraînant la coupole dans un fracas assourdissant.

Naëlle se recroquevilla pour se protéger, tandis que Thomas disparaissait sous les branches.

Elle ne ressentait aucune pitié pour lui. Ce garçon était complètement taré. Non content d’avoir tenté de lui fendre le crâne, il avait voulu la brûler vive !

Naëlle attendit quelques secondes, les bras enroulés autour de la tête.

Plus rien ne bougeait.

Comme elle l’espérait, toutes ces ronces n’étaient en réalité que des filles, et aucune n’avait survécu à la mort de celle qui les avait engendrées.

Elle se dégagea, et lâcha un juron particulièrement ordurier en entendant la voix de Thomas :

— ELLE EST LÀ ! VENEZ VITE !

Naëlle agrippa son sac et se redressa.

Elle devait fuir… sauf que le buisson était encore là, tout autour d’elle.

En s’effondrant, le dôme avait laissé un vide, une cavité dont le diamètre avoisinait la dizaine de mètres, et qui démontrait que la reine abattue ne constituait qu’une partie du fourré… une toute petite partie, comme si Naëlle se trouvait dans une maison dont le toit ne s’était écroulé que dans une seule pièce.

Une grosse boule se forma dans son estomac.

Elle avait failli mourir. Elle était couverte de lacérations, dont certaines affreusement profondes. Son corps la faisait tellement souffrir qu’elle avait l’impression d’avoir été écorchée vive… et malgré son état, elle allait devoir s’enfoncer une nouvelle fois sous des branches dont l’unique désir serait de la dépecer.

La gorge serrée, Naëlle se dirigea vers le bord de la clairière engendrée par la disparition de la ronce mère. Elle avançait en montant les jambes très haut, comme si elle marchait dans une épaisse congère, sauf qu’il ne s’agissait pas de neige, mais de tiges dont le trépas n’avait en rien diminué le tranchant de leurs épines.

Elle s’immobilisa.

Le territoire d’une seconde souveraine s’étendait devant elle.

Luxuriant et mortellement vigoureux.

Naëlle s’agenouilla et prit une grande inspiration.

Si elle se référait à ce qu’elle venait de vivre, les lianes mettraient un certain temps à s’animer. Elle pouvait passer… à condition de ne jamais ralentir.

Elle s’allongea et ne put retenir un sifflement de douleur lorsque sa peau à vif toucha le sol. Elle commença à ramper, les pupilles dilatées par la peur, les lèvres serrées, en essayant d’ignorer le feu de ses blessures, ainsi que les larmes qui coulaient sur ses joues.

 

*

 

Naëlle surgit du buisson, accompagnée d’une pluie de feuilles, et poursuivit sa course sur plusieurs mètres avant de s’écrouler.

Elle demeura à genoux, les mains appuyées contre le sol, la respiration hachée, secouée par des sanglots et des hoquets de douleur. De longues traînées écarlates inondaient son corps. Sa chemise était en lambeaux, et sa peau la brûlait comme si elle avait traversé un océan d’acide. Le moindre mouvement provoquait une véritable agonie, et le simple effleurement de la fine étoffe sur ses blessures suffisait à lui arracher une grimace de souffrance.

D’un geste rageur, elle extirpa une liane de son bras, et la contempla avec haine et dégoût tandis qu’elle se tortillait entre ses doigts en projetant des gouttelettes rubis.

Elle la déchira et la jeta en laissant échapper un gémissement.

C’était terminé… enfin.

Elle regarda en arrière, et se mit à trembler.

Quarante mètres.

Elle avait parcouru plus de quarante mètres à l’intérieur de cet enfer végétal… et contrairement à ces prévisions, toutes les ronces ne dormaient pas, et certaines avaient ouvert de nouveaux sillons dans son épiderme, aussi profonds que des coups de fouet.

Elle se leva.

Le tissu se décolla de ses plaies en produisant un bruit mouillé, et une douleur cuisante lui coupa le souffle. Elle tituba, recouvrit son équilibre, essuya le sang qui lui coulait sur le visage, et s’éloigna en songeant à ce qu’il venait de se passer, et principalement à Thomas qui avait tenté de l’assassiner.

Elle pouvait accepter que les adultes se soient laissé convaincre de s’en prendre à elle, mais un enfant de cinq ans ? Qu’est-ce qui pouvait bien obliger un gamin à partir en pleine nuit dans la forêt pour tuer quelqu’un ?

Ce n’était pas normal et son instinct lui hurlait qu’elle était en danger. Qu’une menace plus grande que tout ce qu’elle avait rencontré jusqu’ici planait sur elle.

L’air lui parut soudain glacial.

Elle accéléra.

 

*

 

Son précieux sac pressé contre son torse, Naëlle filait dans la nuit, les dents serrées pour lutter contre les explosions de douleur qui accompagnaient chacun de ses gestes.

Lorsque ses pieds heurtaient le sol.

Lorsque sa chemise frottait contre ses plaies.

Lorsque ses muscles remuaient sous sa peau.

Le moindre mouvement constituait une épreuve, et une pointe de côté lui vrillait la poitrine.

Ses pas martelaient la terre selon un rythme chaotique.

Sa course effrénée se transforma bientôt en un pénible trottinement…

Puis en une simple marche…

Elle finit par s’immobiliser, haletante, et se laissa glisser par terre.

Elle avait tout perdu ou presque : ses armes, ses vêtements, ses vivres… tout cela à cause d’une fichue fièvre qui l’avait obligée à s’installer dans une hostellerie. Ses possessions se résumaient à un sac qui ne contenait pas grand-chose à part un peu d’argent et la précieuse boîte renfermant les rares souvenirs de son passé.

Un frisson la parcourut.

Seule, exténuée, déchirée, avec des pieds qui saignaient et qui étaient devenus trop douloureux pour la soutenir… elle n’irait pas beaucoup plus loin.

Elle ferma les yeux et sa bouche adopta un pli amer. Si au moins sa bête daignait l’aider… Sans trop y croire, elle se concentra une nouvelle fois pour libérer la créature qui sommeillait en elle.

Il ne se produisit rien.

Bien qu’ayant retrouvé sa voix, l’entité demeurât obstinément recluse dans sa tanière, comme un animal blessé… ou malade.

— Putraille ! C’est ça hein ? Tu as de la fièvre toi aussi ?

— Quelque chose comme ça, humaine…

— Bon sang, tu ne pouvais pas le dire ?

— Parrce que toi, tu as pensé à me prrévenir que tu te sentais mal peut-êtrre ?

— Quoi ? Mais ça n’a rien à voir ! Tu as autant de mauvaise foi que… que…

— Que toi ? Oui, prrobablement…

Naëlle préféra renoncer. Elle avait mieux à faire que se disputer avec ce machin stupide qui vivait sous son crâne… comme s’occuper de ses plaies par exemple.

Tout en surveillant les lumières qui dansaient entre les arbres, elle entreprit de réunir des feuilles en vue de se confectionner un pansement. Elle sélectionna les plus douces et les plus épaisses, et s’en enveloppa les pieds avant d’utiliser les manches de sa chemise pour les maintenir.

Elle aurait aimé faire plus, mais le jour n’allait pas tarder à poindre, et elle voulait profiter du peu d’obscurité qu’il lui restait afin de mettre le maximum de distance entre Durak et elle.

Durak qui l’avait retrouvée, une fois de plus.

À cette pensée, une vague de désespoir faillit la submerger.

Elle se força à respirer profondément. Elle était à bout, épuisée autant physiquement que moralement, usée par toutes ces années passées à fuir et à se cacher… et le pire était qu’elle ignorait qui était ce type et pourquoi il en avait après elle !

Elle savait juste qu’il était tenace et efficace. Il était impossible de lui échapper. Chaque fois qu’elle avait cru être en sécurité, que ce soit en se dissimulant au cœur d’une ville ou au fin fond d’une forêt, il était parvenu à la débusquer.

Toujours.

Elle avait fini par découvrir qu’il employait la magie pour la traquer, et que l’un de ses acolytes, le Nez, possédait la capacité de la suivre à la trace.

Maudit renifleur !

Un sanglot la secoua.

Elle leva la tête vers la lune, et lui adressa une courte prière. La déesse dont l’œil illuminait la nuit était son unique compagne de voyage depuis des années.

Une amie discrète et fidèle.

Un rictus étira les lèvres de Naëlle.

Non contents de converger vers elle, les hommes de Durak devaient s’être déployés sur les chemins et les villages des environs…

— J’suis dans la chiure là, hein ?

L’astre sembla briller plus fort, comme pour l’encourager, et ses rayons d’argent firent scintiller ses larmes.

Naëlle acquiesça.

— Tu as raison. Je ne dois pas baisser les bras. Il faut que je reparte… je vais juste me reposer un instant, ajouta-t-elle en se laissant glisser sur le côté.

Épuisée, elle se roula en boule et se couvrit de feuilles mortes dans l’espoir de se réchauffer.

Attirés par le sang et la sueur, des insectes se mirent à courir sur elle, mais la désagréable sensation de leurs minuscules pattes sur sa peau ne l’empêcha pas de sombrer dans le néant.

 

*

 

Naëlle cligna des yeux, éblouie par le soleil.

Combien de temps avait-elle dormi ?

La réponse était évidente : beaucoup trop. C’était un miracle si Durak ne l’avait pas rattrapée durant son sommeil.

Elle voulut se mettre debout, et retomba au sol, fauchée par un ouragan de douleur. Elle dut attendre de longues secondes que la souffrance s’estompe, avant de se pouvoir s’assoir, laborieusement, comme une vieille femme tordue par l’arthrite.

Naëlle s’obligea à demeurer immobile, jusqu’à ce que son supplice se réduise à une pulsation sourde. Tout son corps était à l’agonie, à commencer par ses pieds. Elle avait l’impression qu’ils étaient enflés, et qu’ils risquaient d’éclater à tout moment, comme deux gros furoncles gorgés de pus.

Elle gratta avec précaution ses bandages, et fit la moue. Elle aurait aimé examiner ses blessures pour vérifier que la pourriture ne s’y était pas installée, cependant les pansements étaient devenus un tel amas compact de fibres et de sang coagulé, qu’elle ne pouvait les ôter sans tout arracher.

Elle ne savait pas à quoi ses extrémités pouvaient bien ressembler là-dessous, mais elle se doutait que ça ne devait pas être très beau.

Deux morceaux de barbaque bien saignants…

Un ricanement lui échappa : l’image venait de la faire saliver.

Naëlle soupira, puis caressa ses lèvres desséchées du bout de ses doigts. De l’eau… elle devait trouver de l’eau si elle voulait avoir la force de continuer… Elle fit un tour d’horizon, et l’herbe jaunâtre et les buissons rabougris rendirent un verdict sans appel.

Il n’y a rien ici… et il faut que je bouge avant qu’il me rattrape…

Elle se cramponna à un arbre pour se lever, et crut qu’un millier d’aiguilles s’enfonçaient dans sa chair.

Elle avança d’un pas.

La souffrance explosa en elle. Si intense qu’il lui semblât poser le pied dans la forge de Pira, le dieu du feu. Elle serra les dents et fit une seconde enjambée en agitant les bras pour conserver son équilibre.

Puis une troisième.

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Peridotite
Posté le 29/12/2022
Coucou Mist,

Je me rappelle de l'épisode du buisson 🙂

Le chapitre se lit globalement bien, hormis le fait qu'il y a peut-être quelques petites longueurs selon moi, mais ça reste très sympa à lire. La pauvre Naëlle est de nouveau embarquée dans un sale truc. À la fin, je l'imagine vraiment la peau lacérée et sanguinolente. Déjà qu'elle avait la fièvre, là elle est clairement dans une mauvaise passe. Y a aussi des hommes de Durak qui ont subi les foudres du buisson ? Et le pauvre Thomas est mort ? Il était tjs sous l'emprise du Chuchoteur c'est bien ça ?

On sait enfin ce que devient le monstre. Il est malade. Est-ce lié à la maladie de Naëlle ? Au début, je l'imaginais malade à cause du monstre. J'ai hâte de le revoir et d'en apprendre plus sur lui.

Mes notes de lecture :

"Naëlle s’allongea face à l’amoncellement et s’y enfonça."
> Je suis confusée par cette phrase. allonger me fait penser à s'allonger au sol mais quand tu dis face à l'amoncellement je me dis qu'elle se plaque sur la haie. C'est pas vraiment un amoncellement non plus. J'imagine des trucs entassés alors que c'est une haie non ?
"Naëlle s’allongea et rampa sous la haie ?"

"Naëlle haussa mentalement les épaules."
> Bizarre 🤔

"un imposant dôme de lianes et d’épines de cinq mètres de hauteur"
> Dans ce cas, elle peut se tenir debout ? Naëlle ne mesure pas 5 mètres. Pourquoi reste-t-elle plaquée au sol ?

"une ronce géante"
> Quand tu dis une ronce géante, tu veux dire le tronc ? Une épine ? Pour moi quand tu dis une ronce, ça désigne carrément tout le buisson.

"La voix de sa bête résonna en elle"
> Naëlle ne devrait-elle pas être étonnée de réentendre la bête qui est muette et toute chose depuis quelques jours ? Peut-être qu'elle n'allait pas bien (c'est ce que je me disais et c'est confirmé en fin de chapitre)

"Cela avait débuté"
> Ça fait un moment que ça a débuté à mon sens

"pour que son dos fût lacéré"
> "soit lacéré" non ?

"Naëlle mit son plan à exécution en lançant des tronçons de bois"
> Où trouve-t-elle des tronçons de bois ? Elle se trouvait dans un tapis d'herbe vivante il y a 2 min. Et comment les lance-t-elle ? J'imagine les ronces emmelées comme des lianes.

"et se leva pour aller aider Thomas"
> Si elle peut se lever, pourquoi ne s'est-elle pas levée et enfuit ? Je l'imagine toujours bloquée, plaquée à terre là, même si elle a gagné un moment de repis et que le buisson ne l'attaque plus.

"Thomas en profita pour lui abattre son outil sur le crâne."
> Ça ne lui fait rien un coup de hache ? Même donné par un gamin, ça reste un coup de hache, surtout si elle est affutée, non ?

"Et ce petit enfoiré de Thomas s’apprêtait à lui balancer sa lampe à huile en pleine tronche…"
> Là elle pourrait croire que Thomas l'aide et balance sa lanterne dans le buisson mais en fait non.

"comme si Naëlle se trouvait dans une maison dont le toit ne s’était écroulé que dans une seule pièce."
> Phrase un peu laborieuse "où le toit d'une seule pièce s'était écroulé" ?

"vers le bord de la clairière engendrée par la disparition de la ronce mère."
> J'ai du mal à bien comprendre : même si le buisson est mort, il est toujours là non ? Je ne comprends pas pourquoi il a disparu ?

Je crois que tu utilises trois fois le souffle coupé et les frissons. Attention à ces répétitions d'idées.
Mist
Posté le 02/01/2023
Coucou,

merci pour tes remarques...
décidément, ce chapitre m'aura posé pas mal de soucis^^

pour le buisson, au départ la ronce sort du sol (c'est un arbrisseau), et ensuite elle fait des rejets (que l'on appelle ronce, par abus de langage), et accessoirement quand un rejet touche le sol, il peut y prendre racine, mais il finit quand même par mourir.
mais le buisson a bien un point de départ (une souche), le souci c'est qu'on appelle tout ça des "ronces" alors qu'il faudrait différencier le tronc (qui sort de terre) et les sarments (qui sont comme des branches souples).
j'ai changé le texte pour essayer d'être plus précis...
et j'ai modifié la description globale : en fait le bidule atteint 5m de hauteur, mais il fait aussi environs 4.5m d'épaisseur, du coup il ne reste que 50 cm de libre dessous pour s'y glisser.

"Naëlle haussa mentalement les épaules."
> Bizarre 🤔
=> elle fait ça souvent : quand elle ne peut/veut pas agir physiquement, elle le fait dans sa tête...

"La voix de sa bête résonna en elle"
> Naëlle ne devrait-elle pas être étonnée de réentendre la bête qui est muette et toute chose depuis quelques jours ? Peut-être qu'elle n'allait pas bien (c'est ce que je me disais et c'est confirmé en fin de chapitre)
=> bien vu, c'est modifié

"Cela avait débuté"
> Ça fait un moment que ça a débuté à mon sens
=> c'est l'attaque qui commence, effectivement les mouvements ont débuté bien avant, mais là il s'agit de la "mise à mort"

"pour que son dos fût lacéré"
> "soit lacéré" non ?
=> normalement dans un texte au passé on utilise le subjonctif plus-que-parfait, le subjonctif passé est toléré, mais je trouve pas ça top

"Naëlle mit son plan à exécution en lançant des tronçons de bois"
> Où trouve-t-elle des tronçons de bois ? Elle se trouvait dans un tapis d'herbe vivante il y a 2 min. Et comment les lance-t-elle ? J'imagine les ronces emmelées comme des lianes.
=> j'ai modifié pour que ce soit plus clair : elle lance les morceaux de ronces qu'elle a tranché avec son crâne de castor, quant au fait de lancer, on n'est pas obligé de lancer en "cloche", on peut lancer des trucs sans qu'ils montent, comme lorsqu'on veut faire des ricochets

"et se leva pour aller aider Thomas"
> Si elle peut se lever, pourquoi ne s'est-elle pas levée et enfuit ? Je l'imagine toujours bloquée, plaquée à terre là, même si elle a gagné un moment de repis et que le buisson ne l'attaque plus.
=> bien vu, c'était maladroit, elle ne se lève pas dans le sens "se mettre debout", elle ne fait que se redresser

"Thomas en profita pour lui abattre son outil sur le crâne."
> Ça ne lui fait rien un coup de hache ? Même donné par un gamin, ça reste un coup de hache, surtout si elle est affutée, non ?
=> Thomas abat son arme, et Naelle dévie le coup...

"Et ce petit enfoiré de Thomas s’apprêtait à lui balancer sa lampe à huile en pleine tronche…"
> Là elle pourrait croire que Thomas l'aide et balance sa lanterne dans le buisson mais en fait non.
=> effectivement, on peut le voir des deux manières, tout dépend de la personne, et en fait c'est révélateur du caractère de Naelle

"vers le bord de la clairière engendrée par la disparition de la ronce mère."
> J'ai du mal à bien comprendre : même si le buisson est mort, il est toujours là non ? Je ne comprends pas pourquoi il a disparu ?
=> c'est "disparu" dans le sens "décédé"
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