Chapitre 53 : La Crypte

Notes de l’auteur : Bonne lecture à tous ! =^v^=

Il y avait au centre de la Cité Impériale un parc privé, dont les arbres luxuriants dissimulaient l’accès aux regards. Niché dans une cour intérieure au cœur du Palais Impérial, peu de Nobles avaient posé les yeux dessus, et ceux qui en avaient eu l’occasion l’avaient pris pour un simple bosquet décoratif.

Les alentours étaient gardés par des Filleuls sans Sylphes, qui patrouillaient en uniforme aux différentes portes. Ils ne laissaient entrer que des jardiniers triés sur le volet, et ceux que les Augures décidaient d’emporter avec eux.

Aussi, lorsqu’ils virent arriver les deux silhouettes masquées suivies d’une douzaine de Filleuls surexcités, ils leur firent place sans la moindre question. Chaque année, c’était le même rituel. En sortant, ces jeunes recrues auraient une expression plus exaltée encore…

Les Augures ouvrirent les grilles du parc et les refermèrent derrière les derniers du groupe. Ils remontèrent ensuite un chemin éclairé régulièrement par des lampes à gaz, frangé par des rosiers qui se rejoignaient au-dessus de leurs têtes. L’odeur entêtante des fleurs embaumait l’air et enveloppait les Filleuls comme un duvet chaleureux. À force d’inspirer à fond, Mathilde y décela une autre, plus discrète.

De l’encens.

Elle jeta un regard interrogateur à Galis et murmura.

— Tu sens ça ?

L’Ilarnais nia et se baissa vers elle.

— Non… Mais à en croire les tours et détours que fait ce chemin, je dirais que nous sommes dans un labyrinthe végétal.

— Ça va vers un temple, remarqua Rok sur le même ton, les yeux fixes et le nez levé.

Galis fronça les sourcils.

— Comment le sais-tu ? On n’y voit rien avec toutes ces roses.

Mathilde l’arrêta d’une main sur le bras de son cousin.

— Non, il a raison. Ça sent l’encens. Il doit y avoir un autel pas loin. C’est ce que tu entends par là, pas vrai ?

Rok hocha la tête sans baisser les yeux, humant à plein poumon. Il scrutait le feuillage épais qui les entourait, comme pour identifier par avance ce qui les attendait. Autour d’eux, quelques autres Filleuls avaient eux aussi remarqué l’odeur d’encens et échangeaient à voix basse. Sheila Doering, qui avait ôté son masque en pénétrant dans le jardin, leur jeta un regard amusé par-dessus son épaule.

— Un temple, un autel… C’est fou que ce soit toujours les mêmes théories qui vous viennent en tête, dit-elle sans pour autant corriger leurs hypothèses.

Ils prirent un dernier tournant dans le labyrinthe de rose et débouchèrent sur un bâtiment de marbre blanc veiné d’or, dissimulé aux yeux extérieurs par l’ombre de quatre immenses châtaigniers. Assez massif sur sa base octogonale, il s’élevaient jusqu’à un dôme de pierre aux rares ouvertures, et ses murs étaient couverts de sculptures ornementales.

Ils faisaient face à un mausolée. L’encens était destiné à honorer les morts. La question était : quels morts ? Darin leur imposa le silence avant de leur annoncer à mi-voix.

— Nous ne ferons que le traverser, mais je veux que vous soyez respectueux en entrant dans le mausolée. C’est là que sont honorés tous les Filleuls porteurs de Sylphes qui sont passés dans l’autre vie.

Assombrie par cette perspective, Mathilde pénétra avec ses camarades dans le bâtiment froid. Un globe de verre teinté de bleu éclairait l’intérieur d’une demi-obscurité prompt à faire grandir les ombres. Un diffuseur à encens, suspendu au-dessous de la lampe à gaz, emplissait la pièce d’une fumée odorante presque trop intense pour être agréable.

La pièce était nue en son centre, mais les murs eux-mêmes étaient couverts d’alvéoles dont une bonne partie contenait un portrait ainsi qu’une plaque gravée d’un nom. Et à chacune de celles-ci pendait un pendentif de Filleul.

Mathilde frissonna. Ils avaient sous les yeux l’étalage des trois siècles de Filleuls qui les avaient précédés. Mais même en considérant ce facteur, Mathilde les trouvait trop nombreux. La guerre avec la Finkadie était probablement responsable de la présence de la majorité d’entre eux dans ce mausolée.

Effleurant du bout des doigts son pendentif où se cachait la clef offerte par Artag, elle chercha vainement le portrait de Sir Yakov Kh’arnam, son bienfaiteur secret, avant d’être rappelée au moment présent par le chuchotement de Galis à son oreille.

— Où est la sortie ?

Il avait raison. Les Augures avaient parlé de « passer » dans le mausolée, mais les Filleuls avaient beau scruter leurs alentours, il n’y avait qu’une seule porte à ce bâtiment et ils venaient d’en franchir le seuil. Encore une fois, les Augures les regardèrent tourner sur eux-mêmes avec un air mystérieux avant de leur apporter une réponse.

Ils s’approchèrent vers l’alvéole d’un certain Robin Harb, décalèrent son portrait et activèrent le levier qui se cachait derrière. Aussitôt, une série de grincements souterrains vibra sous leur pied et un escalier en colimaçon se creusa dans le carrelage du centre de la pièce, comme une bobine de fil qu’on déroule. Les Filleuls reculèrent d’un coup en poussant des exclamations de surprise, qui réjouirent encore davantage les Augures.

On aurait dit qu’ils se délectaient de chaque expression de curiosité et d’excitation qui naissait chez eux, qu’à travers eux, ils revivaient la fraîcheur d’une nouveauté spectaculaire, depuis trop longtemps épuisée pour des triples centenaires. Ils leur rappelèrent tout de même de garder le silence d’un doigt sur la bouche avant de s’engager dans les escaliers.

Galis les imita le premier, suivit de près par Mathilde et Rok, et enfin le reste du groupe. Les marches étaient plongées dans le noir complet, si bien qu’ils durent poser une main sur le mur froid pour ne pas perdre l’équilibre ou leur sens de l’orientation.

En effleurant la paroi, Mathilde tressaillit et manqua de faire trébucher ceux qui venaient derrière elle. Elle avait déjà touché une surface similaire. Le tunnel secret creusé par Sir Yakov Kh’arnam. Seul un Sylphe pouvait atteindre un lissage d’une telle perfection. Ce mausolée — ou du moins cet escalier — était la création d’un porteur du Sylphe Tellurique, probablement antérieur à Yakov.

La Crypte ne devait pas être loin.

Après l’obscurité totale des escaliers, ils durent plisser les paupières en arrivant au bout, car un mélange de lumières colorées apparut brusquement dans leur champ de vision. Ces lumières n’étaient ni puissantes ni vives, mais leur brouillèrent néanmoins momentanément la vue.

Puis, à mesure que leurs yeux s’adaptaient, ils découvrirent des colonnes ornementées, des arches de pierres où se nichaient des statues étranges, un plafond tapissé de minuscules joyaux imitant un ciel nocturne où s’inscrivaient des constellations en mosaïque, puis une grande pièce autour de laquelle tournaient tous ces éléments.

Quant au centre de cette dernière, il était occupé par une stèle plantée sur un piédestal, haute comme un homme et ciselée de symboles sibyllins. Autour d’elle, trois cercles concentriques avaient été gravés dans le sol et coulés dans un métal vermeil. Et dans ces trois cercles…

Mathilde écarquilla les yeux devant les petites boules rayonnantes qui flottaient librement au-dessus du sol dans les limitations des cercles. C’était cela, un Sylphe ? Un tourbillon éthéré de lumière coloré ? Elle fronça les sourcils en même temps qu’un goût amer naissait sur sa langue.

Certes, c’était un phénomène intéressant, surnaturel à n’en pas douter, mais rien d’impressionnant ou de choquant comme elle l’avait supposé après tant d’attente ! Elle se sentait trompée, trahie. On l’avait laissé se faire des idées pendant cinq mois pour un résultat aussi timide, pathétique même !

Elle avait imaginé tant de formes, tant d’apparences incroyables pour les Sylphes que ces petites flammes de lumière lévitant à un mètre du sol lui semblaient plus fades qu’un morceau sans changement de tonalité. Terriblement plat.

Elle grimaça. Les Augures, qui observaient attentivement leurs réactions, éclatèrent d’un rire mélodieux qui se répercuta sur la voûte de la Crypte. Sheila prit appui contre les épaules de son mari et s’exclama en reprenant son souffle.

— À chaque fois ! À chaque fois, c’est la même chose ! Je ne m’en lasserai jamais.

Mathilde échangea un regard perplexe et un peu vexé avec ses camarades. Il y avait beau n’y avoir aucune animosité dans leur rire, plutôt une franche sincérité, cela semblait assez mal venu dans leur situation. Pour un couple ayant dépassé les trois-cents ans, c’était même choquant de les voir s’adonner à un tel relâchement.

Darin finit par se reprendre, conscient des yeux frustrés qui les dévisageaient.

— Veuillez pardonner notre hilarité. La première rencontre des Filleuls avec les Sylphes sans hôtes nous est particulièrement chère à ma femme et moi parce que nous pouvons ainsi voir l’étendue de votre imagination s’afficher sur vos visages.

— Ce n’est pas une excuse pour se moquer… grommela Glen tout bas, sans se rendre compte que l’écho de la Crypte rendait ses propos intelligibles à tous.

— Nous ne nous moquons pas, répliqua doucement Sheila dont le sourire prenait de nouveau des accents maternels. Est-ce que des parents se moqueraient de leur enfant lorsqu’il découvre un nouvel élément de la réalité qui l’entoure ? Ce qui nous amuse, c’est que votre déception vient de votre ignorance, et de votre imagination.

— Personne ne vous a jamais dit qu’un Sylphe était impressionnant sans son hôte, continua Darin, et pourtant vous les avez tous imaginés ainsi. La nature même du Sylphe est qu’il ne peut s’exprimer pleinement sans hôte. C’est pour cela que vous êtes là d’ailleurs.

En disant ces mots, il se rapprocha de Rok et sortit une épingle de son costume.

— Je peux ?

Rok haussa les épaules et posa sa main dans la sienne, non sans un froncement de sourcils circonspect. Darin piqua le doigt du géant et le couvrit aussitôt d’un mouchoir. Il montra aux Filleuls la petite tache rouge qui s’y était imprimé, puis le jeta dans les cercles où flottaient les Sylphes.

Il atterrit au milieu du premier cercle. Les Sylphes qui s’y trouvaient parurent frémir lorsqu’il passa la limite du cercle et, dans une danse ondoyante et fluide, ils se dirigèrent lentement vers le carré de tissu. En quelques minutes, cinq ou six Sylphes s’agglutinaient au-dessus de la tache de sang, l’effleurant à peine. Leurs mouvements étaient légers, délicats. On aurait dit des caresses.

De son côté, Rok était bouleversé. Le visage relâché, les yeux grand ouverts, le souffle rapide et profond, il pressait son poing contre sa poitrine comme pour se dégager d’un poids. Mathilde ne l’avait jamais vu aussi ému. Darin posa sa main gantée sur son bras avec un sourire compatissant.

— Vous avez été sélectionné pour devenir Filleul parce que votre sang comporte la particularité biologique rare nécessaire aux Sylphes pour s’ancrer en vous. Cela veut dire que vous pouvez être choisi, et même si vous ne l’êtes pas, la compatibilité de votre sang et des Sylphes ne peut vous laisser indifférent.

Il les invita d’un geste à faire quelques pas de plus pour rentrer tout à fait dans la pièce, tout en restant en dehors des cercles. Au moment où Mathilde quitta le dessous de l’arche d’entrée et posa un pied sous le ciel de pierre précieuse, son cœur s’emballa.

Son sang s’était enflammé.

Ce n’était pas un brasier comparable à celui provoqué par l’angoisse qu’elle avait ressenti dans les coulisses du Cantatorium, celui-là pulsait à travers elle comme un flux radiant d’énergie, vitalisant ses muscles, apaisant la moindre sensation douloureuse de son corps. Elle avait l’esprit à la fois allégé et embrumé d’une euphorie au-delà des mots.

Elle leva la tête vers les Sylphes et son ventre se contracta, comme tiré en avant. Les flammes subtiles qui louvoyaient devant elle resplendissaient d’une nouvelle lumière, aux couleurs indescriptibles.

Mathilde discernait à présent une puissance démesurée irradier des Sylphes, palpiter comme les ailes de rapace géant autour de leur cœur lumineux. Ils étaient prêts à l’accueillir en leur sein, l’envelopper tout à fait dans une étreinte brûlante, irrésistible…

— Recule Mathilde.

La jeune fille tressaillit, brusquement sortie de sa fascination. Sheila se tenait face à elle et la retenait à deux mains de pénétrer dans le premier cercle. Mathilde avait marché vers les Sylphes sans s’en rendre compte.

Sheila souriait toujours, mais à la légère crispation de son visage, Mathilde comprit qu’elle avait dû y mettre du sien pour l’empêcher de franchir la limite. Elle recula balbutiant des excuses, que la femme balaya de la main.

— Ne t’en fais pas. C’est une réaction normale pour un Filleul, regarde les autres.

En effet, les Filleuls étaient tous plongés dans une extase pareille à la sienne, plus ou moins forte en fonction de chacun. Il fallut que Darin frappe plusieurs fois dans ses mains pour tous les ramener à la réalité. Même après, ils gardèrent dans les yeux des échos de ce profonde bouleversement qui leur donnaient un air rêveur.

— Ce que vous venez de vivre se nomme « l’Appel des Élus », expliqua Darin. Dans un certain périmètre, les Sylphes provoquent un attrait très fort et un désir irrésistible de les approcher chez ceux qui peuvent devenir leur hôte. Cette sensation est d’autant plus vive que c’est votre première fois.

— Cependant, enchaîna Sheila en adressant un clin d’œil à Mathilde, vous n’êtes pas encore prêt à vous présenter devant eux. Aussi injuste que cela vous paraisse en ce moment, il vous reste sept mois d’apprentissage et d’entraînement, pendant lesquels nous ferons de notre mieux pour vous préparer à votre Imprégnation.

— Comment pouvez-vous savoir si nous serons prêts dans sept mois ? demanda Galis à la volée.

Darin secoua la tête.

— Nous n’en savons rien, mais au vu de ce que nous savons des critères des Sylphes dans leur choix et des entraînements que nous prévoyons, vous serez dans les meilleures conditions pour attirer l’attention de l’un d’entre eux.

— Et ces cercles au sol ? L’interrogea Lalëy en s’accroupissant pour mieux les observer. Qu’est-ce qu’ils signifient ? Sir Artag a dit que son Sylphe venait du Deuxième…

— Très bonne question, Lalëy, applaudit Sheila. Nous aurons l’occasion de voir cela plus longuement en cours, mais autant vous en toucher un mot tout de suite. Les Sylphes sont séparés en trois catégories et classés par ordre de pouvoir. Plus un Sylphe est puissant, plus il est difficile dans son choix d’hôte et donc rarement porté par un Filleul. La grande majorité des Sylphes choisissant un hôte vient du Premier Cercle, peu proviennent du Deuxième, et ceux du Troisième ne prenne pratiquement jamais personne…

— Donc le Sylphe d’Artag est vraiment puissant ? s’écria Fineas avec un air catastrophé.

Sheila marqua une pause, papillonnant des yeux pour se remettre de cette interruption intempestive. Puis elle tourna vers le Mauve un sourire un peu trop affable.

— C’est exact. Étant donné qu’aucun Filleul ne possède de Sylphe du Troisième Cercle pour l’instant, je dirais même qu’il fait partie des porteurs de Sylphe les plus puissants de votre époque.

Fineas poussa un gémissement contrarié dont tout le monde put profiter grâce à la réverbération de la Crypte et Mathilde se mordit la lèvre inférieure pour ne pas rire. Artag, l’un des plus puissants ? Elle n’était pas surprise, et sentait au contraire sa poitrine se gonfler de fierté envers son Tuteur.

Le mécontentement de Fineas ne faisait qu’ajouter à sa jubilation. Pour un garçon qui se croyait intelligent, il savait choisir ses ennemis ! D’abord Rok, contre qui il ne pouvait espérer faire le poids dans un affrontement, puis Artag, qui n’avait pas seulement un Sylphe exceptionnel, mais aussi l’influence politique par ses fonctions de Chambellan et l’appui de l’Empereur dont il était le confident personnel !

Pour le reste de leur visite, les Augures refusèrent de s’étendre davantage sur les Sylphes, avec le prétexte de ne pas gâcher le plaisir de leurs prochains cours, et les ramenèrent aux Collegium après quelques minutes de plus à savourer le fascinant spectacle des Sylphes.

Mais pour une fois, Mathilde s’estima satisfaite. Après cinq mois d’attente, elle avait l’impression d’avoir plus reçu et vécu en une soirée que durant tout le reste de son séjour à la Capitale. Enchaîner son solo avec la visite de la Crypte était un peu trop pour ses nerfs et une nuit de repos ne serait pas de trop pour digérer toutes les émotions qui l’avaient traversée en si peu de temps.

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Fusca-history
Posté le 27/03/2022
Fineas qui se fait rembarrer était absolument génial, j'étais morte de rire !

Sinon c'était incroyable ! Rencontrer enfin les Augures au chapitre précédant, et rencontrer les Sylphes maintenant, depuis le temps que tu teases leurs arrivées...! c'est étonnant mais je les imaginais plus ou moins comme tu les présentes, sans hôte (du coup je n'ai pas été déçue comme les Filleuls) et l'explication des cercles est très intéressante ; en même temps, ça se sentait qu'Artag était très puissant, s'il en existait beaucoup d'autres plus puissants, il n'y aurait plus eu de guerre ^^
Ah j'ai hâte d'avoir les cours donnés par les augures et d'en savoir encore plus sur les Sylphes !
Aryell84
Posté le 14/03/2022
Les révélations, enfin!!!!!
Très bon chapitre, 1 petite coquille et je continue sur ma lancée ;)
- « de ce profonde bouleversement » → profond
Bisous <3
MarenLetemple
Posté le 05/02/2022
Ah ben, tu vois, je n'aurais pas été décue, parce que c'est exactement comme ca que je les imaginais :) Un peu comme des petites âmes flotantes, genre Calcipher dans Le Château Ambulant, mais sans les yeux.
Et badabim, Artag est l'un des plus puissants ! J'adore !
Emmy Plume
Posté le 05/02/2022
Hello hello !

"Calcipher, mais sans les yeux" XD
Je valide totalement cette référence !
Tant mieux si tu n'as pas été déçue ! Après avoir tant lu, il ne manquerait plus que ça.
Et oui, Artag a un des Sylphes les plus stylés ;)
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