Chapitre 52 - Le voyage

Notes de l’auteur : Pour découvrir les terres neutres : https://www.casimages.com/i/20060706452325487816838335.jpg.html

 

Dans le cénacle des oripeaux

 

Tomàs et Hiwi avaient laissé leurs amis partir seul affronter leur ennemi commun. S’ils avaient peur pour eux, ils se devaient d’honorer leur parole et de partir avec les autres. Tous appréhendaient ce grand départ, Yeghes comme Oripeaux. Une nouvelle vie les attendait.

 

_ Il va falloir y aller mes amis ! les pressa Flopin après le départ d’Arthur et Vikthor.

_ Il a raison, le soutint Zorina en insistant auprès des Yeghes pour les presser un peu.

 

Ils savaient qu’ils devaient partir sous peu, mais trainaient la patte. Ils n’en avaient pas envie. Dans le cénacle des vauriens, ils avaient appris à vivre, ils s’étaient découverts et ils y étaient bien. Peu habitués aux péripéties, ils étaient encore frileux à l’idée de parcourir le Nouveau Monde.

 

_ Oui, allons-y, vous avez raison, acquiesça Tomàs.

 

Tous parés de grandes tuniques et de capuches profondes, ils entamèrent enfin leur périple. Flopin, Krÿ et Zorina avaient décidé de les accompagner jusqu’à la sortie des souterrains qui débouchaient en dehors de la capitale. De là, ils les laisserait partir seuls pour attendre Arthur et Vikthor, comme prévu.

 

Baluchons sur l’épaule, brouettes remplies de vivre, ils quittèrent leur maison colorée. Seuls quelques vieillards et des idéalistes restèrent sur place. Ils ne s’étaient pas résolus à quitter leur cher cratère. Pour ceux qui avaient levé le camp, le bonheur les accompagnait pourtant. Les oripeaux n’étaient pas du genre nostalgique. Ce fut avec beaucoup d’engouement qu’ils entamèrent leur chemin vers une nouvelle vie. Les danseurs marchaient en rythme comme s’ils paradaient au son de leur hymne. Tandis que les chanteurs donnaient aux Yeghes du baume au cœur avec leurs voix vibrantes.

 

_ Rions, dansons et partageons nos calices ! 

Vive le cénacle des vauriens ! Ce trou est rempli de délices !

Remuez vos oripeaux en guise de drapeaux !

Aucune couleur n’y est jamais de trop !

Rions, dansons et partageons nos calices !

Vive le cénacle des vauriens ! Ce trou est rempli de délices !

C’est le cénacle des Oripeaux ! chantaient-ils tous ensemble pour se donner du courage.

 

En tête de gondole, le mystérieux Flopin guidait ses amis dans le labyrinthe qui l’avait vu naitre. Il était comme chez lui et connaissait le moindre recoin de ces galeries par cœur. Heureusement, les souterrains qui menaient à l’extérieur de Kentrony étaient larges, hauts de plafond et facilement praticables. Certains Oripeaux avaient donc emmené toute une partie de leur maison en partant. C’était un grand convoi que menait Flopin.

 

_ Nous y voilà mes amis, après deux heures de marche, nous y voilà, commenta Flopin dans de grands gestes.

_ ça y’est, le jour enfin ! s’enthousiasma Ferza la femme nuage en sautant au cou de Tomàs.

 

Devant eux la galerie débouchait sur un grand trou inondé de soleil. C’était l’une des entrées des anciennes carrières, une qui n’avait pas été bien condamnée. La végétation la cachait un peu, mais elle pouvait encore laisser passer du monde pour le plus grand bonheur de Flopin.

 

_ La pluie nous accueille, constata Tomàs.

_ Oui, j’espère que ça ira pour notre brave Élu et notre rouquin légendaire, s’inquiéta Krÿ en se frottant énergétiquement le crâne comme s’il avait un mauvais pressentiment.

_ Merci pour tout en tout cas, ajouta Hiwi.

_ Allez, allez, pas de sentimentalisme mes vauriens ! Filez, courrez jusqu’au premier cirque et ne vous en faites pas pour moi ! les coupa Flopin en empêchant ses larmes de couler.

_ Vous êtes sûr que ça ira ? s’émut Tomàs à son tour.

_ Mais oui, vous me laissez entre de bonnes mains ! Je m’occuperai des vieillards et les filles de joie me le rendront bien ! s’amusa le farouche Flopin dans un rire franc malgré l’agacement de Zorina face à cette remarque.

 

Alors que la troupe sortait petit à petit au grand jour, le roi des vauriens n’éternisa pas plus ses aux revoirs. En suivant Krÿ et Zorina, il fendit la foule qui sortait derrière lui pour regagner au plus vite son cénacle. Les Yeghes n’avaient même pas eu le temps de s’en rendre compte, qu’ils étaient déjà trop loin pour les entendre chanter seul dans leur tunnel.

 

_ Alors, ça y est on y est mon amie, commenta Ferza en prenant par la main Mirà, l’enfant que Flopin leur avait confié.

 

Âgée d’une douzaine d’années, la petite était mature pour son âge. Habituée à vivre entourée d’adultes et loin de sa mère portée disparue, elle marchait d’un pas décidé. La pluie battante n’eut aucune influence sur son rythme, au contraire l’air humide lui donnait l’envie d’avancer plus vite pour se réchauffer dans le premier cirque. Il y avait trois jours de marche pour y arriver. Trois jours pendant lesquels, tous s’inquiétèrent pour Flopin, pour Arthur et Vikthor, mais surtout trois jours qu’ils passèrent à chanter et à partager de nouvelles amitiés.

 

_ Tu vois ça, ce sont des bolas, expliqua Mirà à sa nouvelle mère de substitution.  

_ Cela sert à quoi ? la questionna Ferza.

_ On les enflamme et on peut faire des jongleries avec. Tu te souviens à ton arrivée au cénacle ? Beaucoup en avaient ! lui confia l’enfant en agitant ses bras frêles pour mimer le spectacle.

_ Tu m’apprendras ? s’extasia la femme nuage emmitouflée sous sa capuche.

_ Évidemment !

_ Tu sais Mirà, quand nous sommes avec toi, nous ressentons certaines choses, les coupa Tomàs.

_ C’est-à-dire ? s’inquiéta l’enfant en recoiffant ses cheveux courts.

_ Nous avons le bout des doigts qui palpitent, j’ai une fleur par-ci par-là qui poussent dans mes cheveux comme si je réagissais à quelque chose et ce n’est pas la première fois que ça m’arrive, lui expliqua Tomàs.

_ Je crois que c’est parce que vous sentez mon sixième sens, susurra l’enfant gênée.

_ Tu es sirélienne ? l’interrogea Ferza

_ Non, pas pour le moins du monde. Ma mère était humaine et vous connaissez déjà mon père même s’il ne se considère pas comme tel ! expliqua l’enfant en désignant sa peau mate comme preuve de sa filiation.

_ Flopin est ton père ? s’offusqua Tomàs.

_ Oui, comme surement beaucoup d’enfants ici ! Il aime les plaisirs, il a convoité la plupart des femmes et des hommes du cénacle sans jamais se poser. Il est comme ça et tout le monde l’aime ainsi. Personne ne veut lui enlever sa liberté et en tant que roi des Oripeaux il joue suffisamment son rôle de père, s’amusa Mirà d’un sourire laissant apparaitre toutes ses dents.

_ Tu ne devrais pas être consciente de ces dérives, rougit Ferza en voyant la mine amusée de l’enfant.

_ Vous alors ! Vous êtes nés avec ce monde et vous n’êtes encore que ses pupilles ! ricana Mirà en renouant le bandeau qui maintenait ses cheveux crépus.

_ Très bien, et donc ton sixième sens ?

_ Oh, je possède des oreilles uniques avec une audition très supérieure à n’importe quels humains ou Siréliens.

_ C’est vrai ? S’émerveilla la femme nuage.

_ Oui, elle peut identifier entendre à des kilomètres à la ronde, même dans un brouhaha, elle peut distinguer une discussion si elle se focalise dessus ! les coupa Mounia, l’une des danseuses.

_ Je suis redoutable à la chasse ou pour faire le guet ! C’est moi qui vous ai entendu dans l’arrière-cour de l’auberge, pas Flopin.

_ Ceci explique cela ! Je ne comprenais pas comment il avait pu nous voir dans la pénombre, mais maintenant je sais que c’est toi qui l’as prévenu de notre présence, enchaina Hiwi.

_ Oui, et c’est aussi moi qui ai entendu les miliciens qui cherchaient Vikthor et Arthur, rajouta Mirà.

_ Qu’entends-tu au loin, ma fille ? la questionna alors la danseuse.

_ Le premier cirque ! Nous arrivons dans quelques kilomètres ! se réjouit l’enfant en sautillant.

_ Je crois que tu as bien raison, il me semble reconnaitre les alentours, allez va prévenir les autres !

 

La musique des troubadours accueillit alors la joyeuse troupe des Oripeaux. Le premier cirque était là, établi dans la région centrale de Kentronakan, mais loin de Kentrony. Comme prévu, les Oripeaux et les Yeghes furent reçus avec enthousiasme. Ferza était charmée par cette culture et cette joie qui émanait des tentes. Pour la première fois, elle apprit à faire quelque chose de ses dix doigts qui ne servaient pas à l’administration. Enchantée par les jongleurs, elle se risqua à apprendre à manipuler des bolas. Comme promit Mirà, lui montra tout son savoir-faire. Petit à petit, les Yeghes s’intégraient, ils n’étaient plus les êtres déconnectés qu’on voulait qu’ils soient. Ils s’amusaient de tout et apprenaient avec patience. Ils étaient reconnaissant de cette chance et plus que n’importe quels humains ou siréliens du Nouveau Monde.

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Elenna
Posté le 12/11/2020
Mis à part le fait que ce chapitre est tout à fait mignon...
BORDEL POURQUOI TU NOUS A LACHE COMME CA SANS REPRENDRE MANON ?
Hum désolée... J'ai tellement l'habitude de torturer mes lecteurs que c'est difficile d'accepter de le subir en retour.
Sinon j'adore toujours autant ce que tu écris et j'apprécie beaucoup ton styl d'écriture. (et plus je regarde les autres commentaires, plus je me dis que je devrais me calmer)
ludivinecrtx
Posté le 12/11/2020
Oui je dois mettre d'autres points de vue !
Je suis innocente en faisant ça lol
Renarde
Posté le 06/07/2020
Coucou ludivinecrtx,

Cela m'a bien fait rire que Flopin sème des petits à tout va XD
Du moment qu'il assume ;-)

C'est une bonne idée d'avoir intégré la super ouïe de Mirà pour expliquer un peu cette avalanche de chance à certains moments. Tu avais prévu cela dès le début ?

Sinon, cela fait plaisir de voir les Yeghes s'amuser un peu et s'ouvrir au monde. Ce chapitre fait du bien après la noirceur des précédents...
ludivinecrtx
Posté le 06/07/2020
Coucou !

Ahah oui Flopin est un petit coquin.
Il assume pleinement.

Pas dès le début mais bien avant le chapitre sur les Oripeaux :).

Oui un peu de candeur dans ce monde de brut ;)
UnePasseMiroir
Posté le 10/06/2020
Bouh je suis de retour !

Ahhh trop contente de revoir Flopin, j’avoue je commence à bien le kiffer aussi ^^ dommage qu’il ne parte pas avec eux… je sais que c’est pour attendre Vikthor et Arthur mais vu la galère dans laquelle ils sont, ben… ils risquent pas de revenir de sitôt à mon avis :/

Par contre au début j’étais un peu paumée parce que je ne me rappelais plus trop de ce qu’ils étaient sensés faire, qui partait ou pas etc (fichue mémoire hein ! xD) du coup j’ai dû revenir quelques chapitres en arrière pour me souvenir…

« notre brave Elu et notre rouquin légendaire » Mais what xD

Bon ben voilà nos braves Yeghes sur les routes ! j'ai bien aimé le dernier paragraphe, surtout le "Petit à petit, les Yeghes s’intégraient, ils n’étaient plus les êtres déconnectés qu’on voulait qu’ils soient. Ils s’amusaient de tout et apprenaient avec patience." ça m'a un peu rappelé les clones nouveaux-nés de KeM, avec des gens phhysiquement adultes qui apprennent tous comme des enfants...

Sinon c'est sympa de découvrir (encore ! T_T) un nouveau personnage ! mais j’ai eu du mal avec son introduction, ça m’a paru un peu brusque… une mini description serait sympa je trouve (oui je suis miss description ^^) ou au moins préciser son âge, j’arrivais pas à comprendre si c’était une enfant (comme tu la présente) ou une adolescente (vu comme elle parle…) Après c’est le fait d’avoir grandi chez les Oripeaux qui fait qu’elle parle si bien ? quand on est la fille de Flopin après tout hein xD

Je file lire la suite du coup !


Deux coquilles au passage :
_ Il a raison, le soutenu Ferza => le soutint
Beaucoup en avait ! => en avaient
ludivinecrtx
Posté le 10/06/2020
Coucou toi !

Oui on va peut-être pas revoir Flopin de si tôt du coup mais il à terme il prendra de la place dans l'histoire (tome 2).

Oui après normalement c'est deux chapitres avant du coup dans un livre je pense que tu ne l'oublies pas aussi vite.

Ahaha oui c'est vrai que c'est un peu ça !! La comparaison me va parfaitement !

Oui j'en ai beaucoup, c'est vrai je pourrais travailler dessus. Du coup, déjà elle a 12 ans donc c'est une enfant mais voilà et oui elle est assez mure car elle a vécu sans sa mère, un peu livrée à elle même aussi donc voilà et elle a du apprendre à se cacher aussi et à toujours vécu dans un monde d'adulte quoi. Mais je vais penser à intégrer sa description, elle a la peau matte et ressemble à une gitane un peu. Métisse pour te la décrire un peu déjà.

Merci pour la lecture, le commentaire et les coquilles !
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