Chapitre 5 - Noir d'encre

Par Belette
Notes de l’auteur : Si vous voulez écouter une version violoncelle de Californication des Red Hot Chili Peppers, c'est par ici : https://www.youtube.com/watch?v=7j_dSJRhI98

Chapitre 5

8 septembre

Noir d’encre

 

 

Les deux dernières journées s’étaient écoulées avec une lenteur désespérante, entrecoupées d’averses et plombées par l’épaisse couche nuageuse. Mon humeur avait été aussi maussade que le temps, et j’avais passé ces dernières quarante-huit heures à épier les faits et gestes de ma mère, prête à réagir à la moindre crise. Mais il ne s’était rien passé.

Les paroles de ma grand-mère s’étaient tant superposées à la discussion que j’avais surprise dans le jardin que j’en venais à me demander si je n’avais pas rêvé cette dernière. Pourtant, à chaque fois que j’y repensais, un long frisson glacial me certifiait du contraire. 

Comment aborder cette question avec ma mère si cela devait déclencher la même crise que mardi soir ? Et puis quelle était la nature des choses « qu’elle n’avait pas affrontées » ? Qui étaient ces inconnus dans notre jardin ?

Je n’avais encore trouvé le bon moment, ni le courage nécessaire, pour aborder cette question avec elle. Je laissais filer les jours, bien consciente pourtant qu’il faudrait crever l’abcès à un moment ou l’autre. Mais pas ce soir. Tout sauf affronter une autre crise : j’avais désespérément besoin de légèreté. 

Le combiné du téléphone coincé entre l’épaule et l’oreille, je préparai mes affaires pour le lendemain, car aujourd’hui était une soirée spéciale.

– Non, vraiment, Aby, insistai-je, je ne peux pas venir. Je t’en ai parlé la semaine dernière !

– Rho, râla-t-elle, tu ne peux pas repousser ta sortie ? Juste une nuit chez moi avant que l’année ne commence vraiment !

– Une autre fois, tranchai-je. La meilleure amie de ma mère rouvre son restaurant après des travaux, ce soir. Ils ont installé une scène pour accueillir des musiciens, et elle m’a demandé de jouer un morceau en attendant que le groupe professionnel arrive. Ça fait des mois que je le prépare ! Je t’en avais parlé, tu ne t’en souviens pas ?

– Wha ! Tu entres sur la scène internationale, dis-moi ! se moqua-t-elle gentiment, éludant ma dernière question.

– N’importe quoi, ris-je, c’est juste parce qu’ils arriveront assez tard. Si ce n’est pas trop tard, tu pourrais peut-être venir, non ?

– Je crains que le comité parental ne soit pas de cet avis… Soupira-t-elle, tu sais comment ils sont : toi, tu as le droit de venir dormir chez moi, à condition que l’on ne se couche pas trop tard, mais moi, je ne peux pas sortir un soir de semaine ! A cause de ce foutu « sommeil indispensable à ma réussite » ! C’est complètement idiot !

Je ris un peu jaune. Même si j’aimais bien entendre Abygaëlle bougonner je savais que ce déséquilibre entre nos deux situations la peinait plus qu’elle ne voulait l’admettre. Ses parents étaient assez stricts et il fallait reconnaître qu’ils lui mettaient une pression scolaire conséquente. Avide de liberté comme elle l’était, ils passaient leur temps à se disputer sur ce genre de sujets.

– Bon, aie une pensée pour moi, recluse dans ma chambre, lorsque tu seras acclamée par la foule, hein … marmonna-t-elle d’un ton contrarié.

– On va essayer d’éviter les huées, d’abord… Mais ne t’inquiète pas, tu ne rateras pas grand chose, ça risque d’être un peu ennuyeux, ajoutai-je dans une vaine tentative de la consoler. 

– Ne dis pas n’importe quoi, me gronda-t-elle, tu vas les bluffer … Bon, tu me raconteras tout ça demain ? Bonne nuit et bonne chance !

– Merci, à demain.

Elle raccrocha et j’écartai le téléphone de mon épaule, étirant mes muscles endoloris par cette position. Il était déjà dix-neuf heures, il était temps que je me prépare.

Ouvrant ma commode, j’en tirai un jean noir propre et un chemisier de la même couleur. C’était mon uniforme pour les concerts, autrefois. Je me changeai rapidement et pris la brosse sur ma commode, démêlant mes cheveux encore humides de la douche. Les doigts pris dans mes mèches noires, les nouant en un chignon strict pour qu’ils ne me gênent pas, je fixai mon reflet sans vraiment le voir. Ma coiffure finie, je laissai lentement glisser mes doigts sur ma nuque et baissai les yeux sur mes mains, refusant de laisser mon regard s’attarder plus longtemps sur le reflet du miroir. Je savais ce que j’y verrais, et cela ne me plaisait pas. Même le bleu, très foncé, de mes yeux me semblait terne et creux ces derniers temps.

 Ma mère toqua à ma porte, me sortant brutalement de mes réflexions et je fis quelques pas en arrière, comme hébétée.

– Tu es prête ? lança-t-elle en entrant.

– Oui, oui, dis-je en ajoutant une barrette à mon chignon, sans la regarder, essayant de me donner une contenance. Je te rejoins en bas.

Je n’osais plus lui parler depuis son emportement par rapport à l’affaire du Havre et la conversation que j’avais surprise dans le jardin.

– Nolwenn, me réprimanda-t-elle en s’avançant dans la pièce, c’est une soirée habillée …

– Je sais bien, protestai-je, qu’est-ce qui ne va pas ?

– Une soirée habillée, ça veut dire mettre une jolie robe. Pas un jean.

– Mais …

– Ne discute pas, trancha-t-elle du ton qu’elle employait quand j’étais petite fille. Met ça, plutôt, ajouta-t-elle en désignant un paquet qu’elle venait de poser sur mon lit.

– Qu’est-ce que c’est ? m’enquis-je alors qu’elle rejoignait la porte, les sourcils froncés.

– Un cadeau de la part d’Alexandra, pour ce soir, répondit-elle. Dis-moi quand tu l’auras essayée, ajouta-t-elle avant de sortir de la pièce.

Je lançai un regard mauvais à la house blanche sur le lit tout en me déshabillant. La fermeture-éclair grinça tandis que j’ouvrais le paquet. Une vague de tissu noir se répandit alors sur mes doigts. Perplexe, je sortais le vêtement.

Remarquant le dos nu, je renonçai à mon soutien-gorge à grand regret et enfilai le vêtement. La taille était cintrée, le jupon léger et vaporeux et le buste ajusté. Je fis un petit tour sur moi-même pour juger et reconnu avec mauvaise grâce que c’était plus approprié que mon jean, mais la peau de mon dos exposée me faisait me sentir nue. Je tirai maladroitement sur les coutures.

Ma mère entra à pas de loup et posa ses mains sur mes bras dénudées. Ses doigts fins défirent sans aucun effort mon chignon et libérèrent mes cheveux aussi foncés que les siens étaient clairs.

– Tu ne devrais pas les attacher aussi serrés, me gronda-t-elle gentiment, entreprenant de me faire à la place un chignon lâche.

– J’ai peur qu’ils me gênent pour jouer, tout à l’heure, me justifiai-je.

Elle éclata d’un rire doux et sonore qui m’enveloppa comme dans du miel. Ce rire avait la saveur de mes toutes jeunes années, de l’été frais qui s’installait dans les landes, des baignades dans la mer. Je savourai les dernières notes de ce rire disparu dans un étang avec une voiture qui avait coulé en bouillonnant.

– Rien ne t’empêcherait de bien jouer, ma chérie, me souffla-t-elle en ajustant quelques mèches. Voilà, c’est mieux.

Je me sentis gonflée de fierté comme une petite fille de huit ans à ces mots. Un petit silence s’étira et elle laissa son regard errer sur les plis de la robe.

– Elle te va vraiment bien, lâcha-t-elle.

– Merci, soufflai-je.

Elle se recula et je remarquai ses yeux un peu opaques. Elle semblait de nouveau perdue dans ses pensées. Un pincement douloureux m’élança au cœur. L’instant d’insouciance s’éteignait déjà, emporté par le silence d’une maison vide.

Je me détournai de ses yeux embrumés, je n’avais pas la force de les affronter ce soir. 

– Excuse-moi, ma chérie, bredouilla-t-elle, je pensais juste à …

Sa voix se brisa et mourut dans un souffle. Elle secoua doucement la tête dans un nuage de cheveux blond.

– Ça n’a aucune importance. Je vais me préparer, on se retrouve dans l’entrée dans deux minutes, ajouta-t-elle, la voix cassée.

Elle sortit de ma chambre avec un peu trop de précipitation, me demandant de me dépêcher.

Luttant contre les images d’orage et d’arbres déracinés qui envahissaient mon esprit, je jaugeai le chignon élégant qu’elle m’avait fait et maquillai mes yeux. Je me sentais presque étrangère à l’image flottant sur le miroir ; c’était comme si quelqu’un faisait les gestes à ma place, que je me contentais d’engranger les émotions.

Je fixais d’un air vide ma montre et dû faire un monstrueux effort pour réussir à lire les chiffres qu’indiquaient les fines aiguilles. Nous devrions rejoindre Alexandra à La Boîte à musique d’ici une demi-heure, ce qui nous laissait beaucoup de temps. Trop de temps à ruminer, selon moi.

La boule de stress se réveilla dans mon ventre, comme avant chaque morceau hors de ma chambre, et remonta doucement dans ma gorge. Luttant pour l’ignorer, je m’assis sur mon lit et sortis de son étui mon alto. Je vérifiais l’archet, plus pour m’occuper les mains qu’autre chose, puis, le saisissant du bout des doigts, je jouais chaque corde à vide, vérifiant leur tonalité sur mon accordeur électronique. Après quelques notes, je reposai mon matériel dans sa housse capitonnée et me levai.

L’étui familier dans une main, mon manteau sous le bras, j’éteignis la lumière et fermai ma chambre.

–Tout ira bien, dis-je au battant.

Il resta muet et je pris son silence pour un assentiment.

 

La salle du restaurant était déjà bondée lorsque nous arrivâmes. Je me tassai imperceptiblement sur moi-même et me fondis dans l’ombre de ma mère qui avançait d’un pas sûr. 

La pièce était immense, ses murs blancs rehaussés de moulures élégantes, et des dizaines de tables aux nappes immaculées et aux couverts étincelants étaient disposés en demi-cercles sur le parquet sombre et lustré. Du coin de l’œil, je remarquai une scène, à notre droite, fermée du traditionnel rideau rouge. Elle était encastrée dans le mur à la façon des vieux théâtres. Alexandra nous avait raconté que ce lieu avait été un cabaret au dix-neuvième siècle, du temps où Etretat était une station balnéaire appréciée de la bourgeoisie parisienne. L’amie de ma mère l’avait racheté, et de longues années de rénovation avaient été nécessaires avant son ouverture, il y a une dizaine d’années.

J’observai toujours la scène quand Alexandra, qui devait guetter notre arrivée, vint à notre rencontre.

– Vous êtes enfin là ! s’exclama-t-elle de sa voix vibrante.

Elle avait presque quarante ans, mais un corps fin et mince qui l’avait toujours faite paraître beaucoup plus jeune. Sa petite taille, ses cheveux châtains coupés au carré et ses yeux bruns débordaient d’énergie et de douceur, transpirants de personnalité. Un sourire étira ses lèvres étroites et remonta ses pommettes déjà hautes, lui prêtant un air de fée malicieuse. Elle n’était pas ce que l’on aurait pu appeler un canon moderne, mais elle dégageait une énergie et un charme qui lui était propres.

– Il y a un monde fou ! Je ne sais plus où donner de la tête !

Elle nous serra chacune notre tour dans ses bras, nous embrassant, puis me prit par les épaules et me regarda en prenant un peu de recul.

– Que tu es élégante avec cette robe ! Tu vas convaincre même ceux qui n’aiment pas la musique, s’exclama-t-elle avec un clin d’œil malicieux.

Je rougis immédiatement et ma mère éclata de rire. Alexandra avait toujours aimé me taquiner, et même si ça m’embarrassait, je devais bien avouer qu’elle réussissait à rendre ses couleurs à ma mère.

Cela en valait la peine.

– Merci beaucoup de me prêter ta robe, Alex, dis-je pour dissiper ma gêne.

– Te la prêter ? S’étonna-t-elle en écarquillant les yeux. Mais je te la donne, voyons ! Tu parles de générosité : elle traînait au fond de mon grenier et, de toutes façons, elle te va mieux qu’à moi !

Je baissai la tête et tirai un peu sur l’ourlet, trop court à mon goût. Elles se désintéressèrent finalement de moi et se mirent à papoter joyeusement.

J’en profitai pour inspecter plus minutieusement la salle, émerveillée par le scintillement des perles de verre d’un lustre. 

– Allez l’artiste, me lança-t-elle en prenant mon bras. Il est temps de t’installer ! Isha, je t’emprunte ta fille pour un moment.

Ma mère me fit un petit signe d’encouragement auquel je répondis par un sourire tendu, tandis qu’Alexandra m’entraînait vers la scène. La cloison à sa droite était percée d’une porte et d’un panneau « PRIVE ». Elle fit tinter ses clefs et l’ouvrit.

– Bienvenue dans les coulisses, dit-elle en allumant la lumière.

Des bancs surplombés de patères en fer garnissaient un mur, sur un autre était appuyée une armoire métallique entouré d’une montagne de cartons, et la quatrième cloison était ouverte à trois-quarts sur l’intérieur de la scène, dissimulée par d’épais rideaux noirs. Elle prit mon manteau et le déposa sur une patère. Je défis les sangles de mon étui sur un des bancs.

– Il fallait que je te parle d’un truc, m’annonça-t-elle d’une voix nettement moins enjouée que tout à l’heure. J’ai une mauvaise nouvelle.

J’abandonnai ma housse pour la dévisager : il était rare qu’elle prenne ce ton.

– Rien de vraiment catastrophique, m’assura-t-elle, mais il y a un petit changement de programme quant à votre représentation de ce soir. La femme de Philippe a eu une urgence à l’hôpital, elle a dû rester. Ce sera sans elle …

Philippe Arnoux était mon professeur d’alto, lorsque je jouais encore au conservatoire de Fécamp, une ville voisine. Lorsque j’étais plus jeune, il avait sympathisé avec mes parents et, depuis, ils venaient régulièrement manger chez nous le week-end, sa femme et lui. Il était un peu comme un oncle pour moi. Mais, l’an dernier, incapable de jouer comme avant, après l’accident, j’avais quitté le conservatoire. 

Lorsqu’Alexandra m’avait proposé de jouer ce soir, j’avais d’abord refusé, mais Philippe, altiste et violoncelliste émérite, avait insisté pour m’accompagner. Il cherchait, je le savais, n’importe quel prétexte pour me faire reprendre le chemin de la musique. J’avais négocié le choix du morceau cependant : je n’avais plus le goût aux classiques sur lesquels nous travaillions auparavant. Ils m’évoquaient les galas du conservatoire, lorsque j’étais plus jeune, et l’époque bienheureuse de cette enfance avortée. J’avais besoin de quelque chose qui m’appartienne en propre. 

J’avais opté pour une adaptation du titre « Californication », des Red Hot Chili Peppers , désirant mêler l’ambiance du rock et la délicatesse des instruments à cordes. La chanson avait quelque chose de révolté qui me parlait pour une raison qui m’échappait un peu. Je crois que moi aussi j’avais du mal avec la réalité moderne. Philippe nous avait alors écrit une partition pour deux violoncelles et un alto. Sa femme, anesthésiste, d’où son absence de ce soir, et violoncelliste comme son mari, avait promis de jouer avec nous.

– Mais il va nous manquer une personne, le morceau se joue à trois, lui fis-je remarquer avec une pointe d’angoisse dans la voix. On ne pourra pas jouer ce soir.

– Pas de panique, la miss ! Philippe a rattrapé le coup. Il a ramené un de ses élèves du conservatoire à qui il avait fait travailler le morceau. Ce ne sera pas la même personne avec l’archet, c’est tout. Philippe s’en porte garant, ajouta-t-elle.

– D’accord, soufflai-je, pourtant peu rassurée à l’idée de jouer avec un inconnu, sans répétitions. Mais si Philippe me promettait qu’il était capable de le faire, je voulais le croire. Ils sont arrivés ? demandai-je.

– Oui, ils t’attendent sur scène, ils branchent les micros pour leurs violoncelles.

Elle me laissa avec un sourire, et je posai mon foulard, ouvris ma house et me dirigeai vers la scène.

En effet, Philippe et un jeune homme étaient assis côte à côte sur des chaises, branchant les micros devant leurs instruments. Ils levèrent la tête en m’entendant arriver, et se mettant debout, Philippe m’étreignit avec un grand sourire.

– Nolwenn, je suis content de te voir, me salua-t-il d’un ton chaleureux.

– Moi aussi, lui assurai-je.

Sa présence avait quelque chose d’incroyablement rassurante.

– Je suppose qu’Alexandra t’a prévenue de la situation, s’enquit-il avec une grimace, alors voici Luc, un de mes élèves au conservatoire. Il jouera avec nous ce soir.

Le jeune homme, sans doute un peu plus âgé que moi, resta assis et me salua d’un signe de tête. Ses cheveux bruns lui tombaient sur les yeux et mon regard s’attarda sur la ligne saillante de ses pommettes. Ses yeux, bleus ou gris, brillaient d’une lueur intelligente sous ses mèches sombres.

– Nolwenn, me présentai-je mécaniquement.

– Je sais, répondit-il tout simplement.

Après quelques hochements de tête entendus, nous nous assîmes et nous accordâmes les uns avec les autres. Après quelques tests vis à vis des branchements sur les enceintes, nous nous échauffâmes. Luc et Robert jouèrent ensemble les premières mesures du morceau, revoyant un ou deux passages plus techniques, et je dû bien reconnaître que son élève était largement à la hauteur. Les notes s’écoulaient avec une grande fluidité et il y avait une forme de force dans sa façon de tirer les sons de son instrument. Je fis moi-même quelques notes pour réchauffer mes doigts et me vider du stress, mais restais globalement silencieuse. Je finis par repousser ma chaise, préférant jouer debout, et laissai un silence intérieur m’envahir.

Alexandra arriva, micro en main, un sourire de retour sur son visage.

– On va commencer, nous annonça-t-elle, vous êtes prêts ?

Nous hochâmes tous trois la tête et elle fit alors un signe de main vers le plafond où devaient se trouver les techniciens. Aussitôt, le rideau s’ouvrit sur la salle et le brouhaha qui y flottait.

Un projecteur s’alluma sur chacun d’entre nous, nous enveloppant de leur chaleur artificielle. Je clignai des yeux, aveuglée, et raffermis la prise sur mon manche, m’efforçant d’oublier la centaine de regards posés sur moi, dissimulés dans l’obscurité. Outre de nous rendre mieux visibles, les lumières qui nous inondaient faisaient disparaître toute chose en dehors de nos cercles lumineux.

Nous n’étions plus que nous trois, seuls avec nos cordes comme uniques voix. Et, étrangement, cela m’effrayait bien moins que de parler à voix haute.

– Bonsoir Mesdames et Messieurs ! salua Alex, surgissant de l’obscurité à la manière d’une étoile filante, commençant un petit discours sur sa fierté de pouvoir à nouveau accueillir des clients dans son restaurant, et sur la longueur des réparations.

Ma partition mentale défila devant mes yeux et ma peur se dissolva peu à peu, ne laissant plus que la certitude que cette épreuve était parfaitement surmontable. La pression de l’instrument sur mon bras avait le poids de l’habitude et je savais que mes doigts finiraient par jouer tout seuls, une fois que je me serais jetée dans le morceau. Les notes étaient mes mots, après tout.

– Mais en attendant que le groupe prévu à l’affiche n’arrive, je vous propose d’écouter une interprétation plutôt atypique réalisée par deux jeunes élèves du conservatoire de Fécamp, Luc et Nolwenn, et par leur professeur Philippe Arnoux. Ils vont vous présenter une reprise de « Californication », des Red Hot Chili Peppers, et peut-être vous convaincront-ils que le rock et le classique ne sont pas des univers si lointains ! Applaudissons-les, s’il vous plaît !

La foule s’exécuta, et Alexandra se retira tandis que nous nous préparions à jouer.

Peu à peu, le silence retomba sur la salle. Philippe nous fit un signe de tête et tapa le temps du bout pied.

Il entama les premières notes, en pizzicato, donc la légèreté cristalline contrastait avec la mélodie mélancolique. Puis Luc s’invita à la danse avec de lentes, douces et graves vibrations qui firent trembler les inflexions du premier violoncelliste. Au bout d’une mesure supplémentaire de mes deux compagnons, je rejoins finalement les arabesques mélodieuses, jouant une ligne plus haute, sur mon alto. Les voix du violoncelle et de l’alto se mêlèrent avec une justesse surprenante. La mélodie sembla alors se suspendre quelques instants, et alors qu’elle se perdait dans l’obscurité, le jeune musicien et moi-même nous relançâmes dans des notes vibrantes et profondes, enroulant les voix de nos deux instruments. Celles-ci s’entrelaçaient, se répondaient dans un ballet étrange. Elles se découvraient timidement, se frôlaient avec délicatesse et élégance, s’interrogeant l’une et l’autre.

 

« It is the edge of the world », je chantai dans ma tête.

 

Les notes de Luc se firent de plus en en plus saccadées, vibrantes et puissantes. Le jeune violoncelliste donnait à la mélodie un sens lourd, presque sentencieux, qui roulait dans les tréfonds de mon corps. Un frisson naquit dans ma cage thoracique alors que mon cœur se mettait à vibrer. Je n’osai presque plus jouer avec la puissance requise, absorbée toute entière à l’écouter. Je buvais la musique avec reconnaissance, ayant l’impression d’avoir été assoiffée sans le savoir. C’était comme si un barrage avait sauté et que le flux s’écoulait à nouveau en moi, interrompu depuis trop longtemps. Le garçon semblait me parler directement, me mettre au défi de le suivre sur le chemin qu’il dessinait.

Reprenant confiance, mon jeu se fit plus grave et rapide. J’assénai des coups vibrants et langoureux, ponctuant malgré tout la mélodie de notes plus claires, d’étincelles douces dans l’onde noire qui gonflait sous le bois des instruments. Philippe interrompit son pizzicato pour taper le rythme contre la caisse de son instrument, tandis que nous nous enfoncions toujours plus loin dans le tourbillon de nos deux lignes, enchevêtrées. Ma tête tourna presque.

 

La destruction est un rude chemin

Mais elle engendre aussi la création

 

Il n’y avait plus que Luc et moi, nos voix si emmêlées que je ne savais plus lequel de nous deux jouait quoi. Mes doigts papillonnaient sur le manche sans que j’ai à réfléchir. Les vibrations de mon corps s’étendirent à mon ventre, le chauffant d’une manière délicieuse et fragile. J’appuyais plus encore ma joue contre le bois de ma caisse, inspirant son odeur familière de bois et de poussière.

Les inflexions de la mélodie me coupaient le souffle.

Dans une dernière phrase vibrante et sombre, Luc et moi  nous tûmes, laissant Philippe achever le public d’une dernière suite de notes pincées vacillantes.

Aussi vite qu’elle était venue, la mélodie sombra dans l’obscurité, emportant avec elle un petit morceau de mon âme, nous laissant tout trois dans l’étreinte glacée du silence. J’avais le souffle court.

Il fallut quelques secondes au public pour sortir de son engourdissement, mais rapidement les applaudissements roulèrent jusqu’à nous dans un fracas assourdissant, effaçant définitivement les dernières poussières de musique. Je clignai des yeux, sonnée. J’avais eu l’impression d’appartenir à un autre monde le temps du morceau, un monde intime qui n’aurait appartenu qu’aux violoncellistes et à moi. Un monde qu’avait chuchoté l’instrument de Luc.

J’eus l’impression de manquer à nouveau d’air, privée de ma musique, et je clignai à nouveau des yeux, éblouie et aphone. Philippe et Luc se levèrent et nous fîmes un rapide salut, nous reculant doucement. Les applaudissements refluèrent tandis que le lourd rideau retombait sur la scène, nous replongeant dans l’obscurité. Seule une douce lueur filtrait des coulisses, nous indiquant la sortie, la fin de ces minutes uniques.

– Ne t’enfuis pas, chuchota Alexandra en posant sa main au creux de mes reins. Vous avez vraiment assuré ! lança-t-elle aux deux hommes qui emportaient leurs instruments pour les ranger. J’ai quelque chose pour vous trois.

Elle leur tendit à chacun un bouquet de tulipes rouges, et six roses blanches, pour moi.

– Pour vous remercier d’avoir aussi bien joué, sourit-elle, vous avez incendié la salle.

– Merci beaucoup à toi, Alexandra, répliqua Philippe en l’étreignant rapidement, c’est trop d’attention, il ne fallait pas.

– Si j’insiste, s’exclama-t-elle, et pour toi aussi, jeune homme, ajouta-t-elle à l’intention de Luc qui s’esquivait. Reviens quand tu veux, je n’oublie pas ceux qui m’ont rendu service. Surtout quand ils ont du talent.

Il hésita quelques secondes, puis il hocha la tête avec un petit sourire en coin.

– Merci, madame, je n’y manquerai pas. Tout le plaisir était pour moi.

Son regard vif, dissimulé par ses cheveux sombres nous effleura en silence. Puis, toujours sans un mot, il franchit les rideaux qui délimitaient les coulisses. Portant son violoncelle avec une grâce déconcertante mais qui semblait lui être propre.

– Je suis fière de toi, ma Nolly, me chuchota Alex en déposant un baiser maternel sur ma tempe. Je n’en attendais pas moins.

– Merci, chuchotai-je, à des milliers de kilomètres de là, les yeux perdus à l’endroit où Luc avait disparu.

– Ça a fait du bien à ta mère, ajouta-t-elle avec un sourire doux, elle ne t’a pas lâchée du regard.

Elle n’aurait pu me faire de plus beau compliment.

Nous arrivâmes dans les coulisses où m’attendaient mon manteau et l’étui de mon alto. Je me laissai tomber sur un banc et ouvris ma bouteille d’eau. La chaleur de l’effort que je n’avais pas encore sentie m’assaillit et les gorgées d’eau fraîches firent courir un frisson le long de mon dos.

– Bon, déclara l’amie de ma mère, je te laisse ranger. Je t’attends avec Isha à une table.

– Alex ? balbutiai-je alors qu’elle ouvrait la porte.

– Oui ?

– Merci. Pour tout, soufflai-je.

– De rien, répondit-elle avec douceur.

Elle referma derrière elle.

Je m’adossai au mur, m’accordant quelques instants de silence avant de replonger dans le bourdonnement de la soirée. La scène était vide, Philippe et Luc étaient déjà partis. Je surpris mes pensées se diriger vers ce dernier. Vers son regard clair, vif et intelligent. Délicat et raffiné comme sa musique. Sombre et secret, aussi. Il semblait donner une nouvelle profondeur à toutes les choses qu’il faisait, aussi banales fussent-elles. Le moindre de ses pas débordait d’une grâce étrangement masculine, d’un naturel magnétique.

Avait-il ressenti la puissance de la musique comme moi, tout à l’heure ? Avait-il frissonné ? Les notes, sentencieuses et délicates, l’avaient-elles fait trembler ?

J’aurais tant voulu le savoir, si seulement cela avait pu être possible.

Je rangeai mon alto dans son étui capitonné, caressant son cuir craquelé par le temps.

Je me redressai et finis de le refermer. Récupérant mon manteau et mon foulard sur une des patères, j’éteins la lumière et l’obscurité étendit sa main glaciale sur la pièce. À tâtons, je cherchai la poignée de la porte, le bouquet de roses plaquée sur ma poitrine. Il y eut alors un frottement sur le parquet et je me figeai. Une sueur froide rampa le long de ma colonne vertébrale. Soudain je ne pus m’empêcher de repenser aux inconnus dans notre jardin, l’autre nuit.

– Il y a quelqu’un ? lançai-je d’une voix mal assurée. Alexandra ?

Seul le silence me répondit. Je restai immobile quelques secondes dans le noir, le coeur dans la gorge, avant de tendre la main vers la porte. Mes doigts effleuraient la poignée lorsqu’un bruissement contre ma poitrine m’interrompit. Je poussai un cri strident et fis un bond de côté.

– Allez-vous en ! glapis-je.

Le bouquet me glissa des mains et je traversai la pièce jusqu’à l’interrupteur, luttant contre mon corps qui ne souhaitait que se retrancher dans un coin obscur. Mes pas résonnèrent sur le parquet et j’eus l’impression que quelqu’un se déplaçait en même temps que moi, créant un étrange écho. Finalement, ma main rencontra l’interrupteur et la lumière inonda la pièce. Je clignai des yeux, éblouie et paralysée de peur.

Mais la pièce était vide. Entièrement vide.

Je portai une main tremblante à mes lèvres et me laissai glisser au sol, haletante. Je rejetai la tête en arrière et l’appuyai contre le mur, refoulant mes larmes. Un petit rire nerveux s’échappa de ma bouche et roula dans la pièce comme une grappe de grelots stridents. 

Il n’y avait personne dans les coulisses.

Je m’accordai cinq secondes de plus pour reprendre mes esprits avant de me relever, contrôlant ma respiration. Je n’avais pas réalisé que les évènements des derniers jours m’avait mise autant à cran. Il faudrait que j’en parle avec Abygaëlle, que je partage avec quelqu’un mes angoisses au risque qu’elles m’étouffent.

Je récupérai mon alto, ainsi que mon bouquet, sur le sol, là où je les avais fais tomber. La porte était entrouverte, j’avais du appuyer sur la poignée en criant, et une fine raie de lumière brisait donc l’obscurité tandis que je traversais la pièce. Ma respiration s’était calmée et je passais la main dans mes cheveux sans doute décoiffés par ma panique.

Je sortis de la pièce en comptant mes pas mentalement pour m’empêcher de courir, mais je fus tout de même soulagée en claquant le battant d’un coup d’épaule. Le poids de l’étui, dans ma main, était familier et apaisant, et il acheva de dissiper ma frayeur. Je me frayais un chemin entre les tables qui parsemaient la salle, à la recherche d’Alexandra et de ma mère. Les visages blafards n’étaient illuminés que par les bougeoirs disposés dans les centres de tables, et ils me semblaient des taches de lumière dans un océan d’encre.

 Je finis par apercevoir les cheveux de ma mère, transformés en fil d’or et d’argent par la lueur des bougies. Elle me vit, elle aussi, et m’écarta doucement une chaise pendant que je déposais l’étui au sol. Ses longs doigts habiles s’envolèrent dans mes cheveux tandis qu’elle déposait un léger baiser sur ma joue.

– Je t’avais dit que tout se passerait bien, me chuchota-t-elle en s’écartant doucement. Tu as très bien joué, de vrais pros !

– Je suis fière de toi, renchérit Alexandra avec un sourire maternel à mon attention, on va bientôt pouvoir t’engager !

Je ris, toute gonflée de satisfaction. Les dernières palpitations provoquées par ma frayeur dans les coulisses s’envolèrent immédiatement, remplacées par une joie apaisante. J’adressai un immense sourire aux deux femmes, la chaleur de leur fierté envahissant tout mon corps et rougissant mes joues.

– Encore merci pour les fleurs, Alex, susurrai-je, sincèrement reconnaissante et touchée par son geste.

– Elles sont magnifiques, confirma ma mère en se penchant vers le bouquet.

Elle effleura du bout des doigts les délicates roses blanches, s’attardant sur les pétales translucides. Son regard se fit lointain et un petit sourire s’esquissa sur ses lèvres. Mon sourire se réduit un peu.

Mon père aimait bien lui offrir des fleurs pour les grandes occasions, et elles contenaient toujours un message, témoins silencieux de ce que leurs yeux à tous les deux trahissaient. Mon père m’avait appris le langage des fleurs un jour ; ce n’était que la continuité de son amour pour les plantes, finalement… Du haut de mes dix ans, j’avais trouvé ça extraordinaire, comme s’il me donnait accès à un code secret jalousement gardé.

– Tiens ! s’exclama Alex, avec un petit sourire. Nous cacherais-tu un admirateur secret ?

– Hein ? fis-je, en fronçant les sourcils.

Elle tendit la main vers le bouquet, dans les bras de ma mère, et la plongea entre les pétales blancs. Une septième fleur sombre émergea alors, doucement soulevée par ses doigts.

Une rose noire.

Intriguée, je me penchais au-dessus de la table alors qu’elle me la tendait.

La corolle, large mais fine, était composée de pétales charnus et luisants qui s’épanouissaient comme le jupon d’une robe. Légère et délicate, presque fragile, il me semblait qu’elle dégageait une aura irréelle... Tout droit sortie d’un rêve, surtout de par sa couleur. Ce n’était pas le pourpre foncé habituel : cette rose-ci était noire.

Un noir d’encre profond et hypnotisant, presque bleu.

Les épines avaient été soigneusement amputées et sa tige était encore humide de l’eau où elle avait été plongée. Un mince ruban blanc nacré était noué sous la corolle, comme la ceinture d’une robe. Cette fleur avait fait l’objet de soins tout particulier, et elle se différenciait des autres roses blanches du bouquet de par cela. Aucune des autres n’avait été coupée et désarmée avec tant de patience. Qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ?

Dans le langage des fleurs que m’avait appris mon père, la rose noire était le symbole de la mort, du deuil. Mais je ne me faisais pas d’illusion : rare étaient les personnes à se documenter sur le sens de la fleur qu’ils offraient, et le choix de la couleur de celle-ci était fortuite. Néanmoins, elle conservait une aura mystérieuse, sûrement à cause de cette teinte si particulière.

Je la portai à mon nez et inspirai sa fragrance. Elle était douce et légère, mais un parfum plus lourd et âcre s’insinuait. Celui-là même qui émanait des doigts de Daniel chaque fois qu’il prenait un stylo-plume pour écrire de sa main maladroite. L’odeur de l’encre.

A y regarder de plus près, l’extrémité des pétales était plus claire et on distinguait même quelques rainures ivoires qui échappaient au premier regard. Cette rose avait été blanche et plongée dans une encre noire pour la colorer. Mais ce processus mettait plusieurs jours et n’aurais pu être causé par une simple tâche d’encre au fond du bouquet. On l’y avait mis, soit par erreur, soit volontairement.

– Une fantaisie esthétique du fleuriste chez qui tu l’as acheté ? proposai-je.

– J’étais pourtant sûre qu’elle n’y était pas… commenta-t-elle en fronçant les sourcils. Il s’est peut-être trompé de commande …

– Il n’empêche que cette rose est magnifique, admis ma mère. Tu as eu de la chance qu’il se trompe, Nolwenn.

Je hochai la tête et remis la fleur parmi les autres, ignorant le soudain picotement qui parcourait mes doigts. Ce fourmillement me dérangea et je secouai discrètement la main pour faire circuler mon sang à nouveau. J’étais un peu étourdie et j’inspirai profondément, un bourdonnement désagréable dans les oreilles.

Alexandra se racla la gorge et nous levâmes les yeux vers elle, ma mère et moi.

– Vous faites partie de ma famille, toutes les deux, commença-t-elle d’un ton maladroit, ou du moins c’est tout comme. Je t’ai dit, Isha, que j’ai rencontré quelqu’un récemment, et je me suis dit qu’il fallait que je vous le présente. Il me semble qu’aujourd’hui est une bonne occasion pour le faire.

D’après le peu que j’en savais, Alexandra n’avait jamais eu des relations très stables, et elle craignait de finir seule en voyant son âge avancer. Elle avait fini par ne plus présenter à ma mère, qui était pour elle comme une sœur, ses nombreux compagnons ; si elle le faisait aujourd’hui, c’était signe de changements. Un sourire illumina le visage de ma mère qui devait avoir tiré les mêmes conclusions que moi.

Une silhouette se découpa lentement de la salle noire et entra dans le faible halo de nos bougies, au centre de la table.

– Mesdames, nous salua-t-il en tirant la quatrième chaise, entre sa compagne et moi.

C’était un homme de taille moyenne mais à la carrure particulièrement imposante. Il devait être à peine plus âgé qu’Alex, même si les flammes jetaient des ombres sur ses légères pattes d’oies. Ses cheveux châtains, coupés très courts, n’adoucissaient en rien ses traits déjà anguleux et sévères. Sa mâchoire saillait en angles durs sur les bords de son visage, avant de se fondre dans l’ombre d’un cou épais, puis dans celle d’épaules larges et puissantes. Il nous serra la main, à ma mère et moi, et j’eus le sentiment d’être engloutie lorsqu’il referma son immense paume sur mes doigts blancs. Son regard, à l’image de sa personne, était rude, lui aussi ; ses petits yeux ambrés flottant sans cesse à la lisière de la table, comme à la recherche de quelque chose dans l’obscurité bruyante de la salle.

Alexandra nous le présenta sous le nom de « Norbert », un prénom désuet et, à mon humble avis, un peu ridicule pour un homme au tel physique. Il ne semblait pas méchant, mais il émanait de lui un caractère bourru. Bien qu’ils furent ensemble depuis six mois – une durée non négligeable au vue des habitudes d’Alex – je n’arrivais pas à me départir de mon étonnement face à un tel couple : Alexandra était la joie de vivre incarnée, souriante et parfois un peu trop insouciante, tandis que ce fameux Norbert me faisait plus l’effet d’un roc. Dur, taciturne et fixe. Mais qu’en savais-je ? Peut-être était-ce justement ces différences qui les avaient rapprochés ? Nous aurions, a priori, d’autres occasions de lui parler, et j’étais curieuse de découvrir ce qui se trouvait derrière cette apparence aussi rêche.

Je regrettai à cet instant de ne pas avoir la même capacité à lire dans les âmes qu’Aksel.

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Sinead
Posté le 22/01/2021
Bonsoir Belette,
J'ai beaucoup aimé tout le passage sur le trio qui s'accorde en musique, grâce à tes mots on sent toute la puissance des notes et de ce que ça représente pour l'héroïne.
Belette
Posté le 22/01/2021
Merci beaucoup pour ton commentaire et ta fidélité de lecture ! :D J'espère que la suite te plaira autant
Alice_Lath
Posté le 20/01/2021
"là où je les avais fais" => fait
La scène du concert était vraiment superbe, j'étais transportée dans le récit, comme si je pouvais entendre la musique résonner dans mes oreilles. C'est splendide ce que tu as réussi à créer et je tiens à le dire.
Le personnage de Luc, mais aussi Norbert m'intriguent je dois dire, j'ai envie d'en savoir beaucoup plus sur eux, mais aussi le lien entre tous ces petits mystères qui s'accumulent
Yes, jcrois que je suis bien rentrée dans l'histoire haha depuis un moment même
Belette
Posté le 20/01/2021
Merci pour la coquille !
Wha, je suis trop contente que ça t'ait plu, j'ai toujours peur de ne pas trouver le dosage entre le poétique/lyrique et le grandiloquent/ridicule, surtout dans les passages musicaux. Ton retour me rassure sur beaucoup de points !
Patience pour les petits mystères, ça ne va pas aller en s'améliorant malheureusement x)
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