Chapitre 5 – Le seau

Maxime et Sandra sont par terre, à côté de la barrière et d’un seau oublié. Je vois Catherine débouler en courant à côté de moi.

Je ne peux pas les aider à se relever avec mes gros sabots ! Et en plus de tout ça, il y a Solène qui m’a appelé au secours ! Que lui est-il arrivé, que s’est-il passé ?

— Solène !

Je hurle aussi fort que je peux à l’intérieur de ma tête, mais je ne suis pas certain d’y être parvenu. Du coup, je ne sais pas si Solène m’a entendu. Ce qui est sûr, c’est qu’elle ne répond pas.

Je ne le hennirai pas sur les toits, mais j’ai un peu la trouille.

Me détournant à regret de Maxime et Sandra, pour lesquels je ne peux rien faire, je m’enfonce dans la forêt qui se trouve en bordure du chemin et essaye de repérer Solène. Ou Pissenlit ?

Je me demande si c’est possible que Solène soit retournée dans son corps. Ça expliquerait pourquoi elle ne me répond pas.

— Solène !

— Hélios ? Hélios !

Je regarde autour de moi, mais aucune trace de Solène. Quoi qu’il en soit, si je l’entends, c’est qu’elle est toujours Pissenlit. Enfin, normalement ?

— Où es-tu Solène ?

À nouveau, seul le silence me répond.

Puis je sens quelque chose. Je m’arrête quelques instants pour analyser l’odeur que je viens de découvrir. Mais oui ! C’est bien l’odeur de Solène ! Ou plutôt, de Pissenlit.

Ouf. J’avance sur une espèce de tout petit sentier qui zigzague dans le bois, et le suis jusqu’à ce que je tombe enfin sur Solène. Presque littéralement, parce qu’elle est à moitié allongée en travers du chemin. Un peu plus et je lui marchais dessus.

— Solène ? Tu es blessée ?

Le poney à terre souffle et renâcle, comme s’il était épuisé.

— Je crois que ça commence à aller mieux. Mais j’ai eu si peur ! C’était horrible !

— Mais peur de quoi enfin ?

Silence.

— Peur de quoi, Solène ?

— C’est pas moi, c’est Pissenlit !

Je suis impressionné par le fait que Solène arrive à avoir la voix stridente même de façon télépathique. Et puis je me souviens d’un détail que j’ai remarqué en passant avant de m’enfoncer dans le bois.

Le seau.

Pissenlit a terriblement peur des seaux.

Et ça, tout le monde le sait au club, donc on fait toujours attention à bien les ranger et à ne jamais en laisser sur son chemin. Mais là ? Il y en avait un juste sur le bord du parcours ? Pourquoi ?

— Ne te moque pas de moi !

Le cri de Solène résonne curieusement dans mon crâne.

— Je n’ai pas envie de me moquer, j’ai envie de retrouver l’imbécile qui a fait ça et de le piétiner ! Il aurait pu faire mal à Maxime, ou à Sandra, ou même à Pissenlit ou Pâquerette ! Si je l’attrape, je le mange !

Solène se met à pouffer, et j’avoue que moi aussi, un peu, lorsque je m’imagine la pauvre Pâquerette en train d’essayer d’avaler tout rond l’idiot ou l’idiote (les humains peuvent être si bêtes !) qui a fait ça.

 

*** Informations documentaires ***

Les chevaux ont un très bon odorat, et une bonne mémoire des odeurs qu’ils ont senties par le passé.

Lorsque l’un d’entre eux cherche à analyser une odeur ou se souvenir d’une odeur, il met sa bouche en « queue de poule » (ça s’appelle en vrai : le Flehmen), ce qui est très amusant à voir !

Il n’y a d’ailleurs pas que les chevaux qui prennent cette position pour « mieux sentir », de nombreux autres animaux le font aussi.

 

Il arrive que les chevaux (comme les humains) aient des phobies, c’est-à-dire des peurs très fortes et parfois bizarres qu’on ne peut pas contrôler.

Cela peut arriver à la suite d’un traumatisme (quelque chose dans le passé leur a fait peur, et cette peur ressort lorsqu’ils se retrouvent dans la même situation), ou tout simplement parce qu’ils ne sont pas habitués à l’objet ou la situation (les poneys ont souvent peur de ce qu’ils ne connaissent pas).

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