Chapitre 5 - Le grand plongeon

Kaeldra avait marché longtemps. Elle avait marché longtemps sans voir la moindre pierre, sans entendre la moindre voix. Elle avait marché longtemps sur la route accidentée, abîmant ses chaussures et se mourant de faim, avant que la ligne d’horizon ne se torde enfin.

Elle avait songé à son frère, emporté par l’Exode ; mais c’était un garçon résilient, il saurait refaire sa vie parmi les réfugiés. Il le fallait bien, car il serait trop injuste que l’étincelle encore inutilisée de cette petite vie ne s’embrase pas. Elle avait songé à sa mère, qui aurait tellement voulu la marier dans quelques années, qui lui avait enseigné le travail de la terre, qui la réprimandait toujours lorsqu’elle rêvait trop, qui savait reconnaître tant de nuages, et qui pourrissait dans le Talliar, anonyme. Que fait-on sans sa mère ? On marche seul, sembla-t-il à l’orpheline.

Baissant les yeux sur ses mains qui avaient finit par ignorer la douleur, elle s’était souvenue qu’elle n’était pas seule, pas orpheline. Il fallait atteindre Tulengrad, ou cela aussi serait perdu.

Ce ne fut pourtant pas Tulengrad qu’elle aperçut, se découpant au loin dans les embruns.

 

Cylrien était cernée de canaux, jonchée de ponts, écartelée entre ces monceaux de terre que l’ingéniosité humaine n’avait eu de cesse de connecter avec toujours plus de grâce. De chaque pan de muraille on voyait jaillir des mâts, parfois de grandes voiles blanches qui dansaient et floutaient le monde alentour, parfois des cordes emmêlées auxquelles on accrochait marins et marchandises. La ville semblait parcourue d’eau sillonnée jusqu’entre ses plus hautes tours, et par un miracle d’infrastructure, cette cité merveilleuse trônait loin par-dessus la mer.

La bien nommée Mer des Caprices avait semé sur la côte des squelettes de navires qui avaient vogué à tous les Ages. Pourtant, Cylrien se jouait des vagues meurtrières, elle les domptait et les dirigeait là où elles seraient utile ; ville de pionniers, elle n’avait peur de rien. Mais elle fit peur à la Tarissane, qui savait au moins que la capitale de l’Empire n’était pas au bord de l’eau. Il était bien trop tard pour reprendre la route, dans l’espoir hypothétique d’atteindre un jour Tulengrad. Et elle était si fatiguée…

Kaeldra descendit de la dernière colline des plaines de Dalaris. Atteignant la route principale, elle se mêla à une foule venue du Nord, peut-être de Tarissin, et attendit de longues heures dans la masse filtrée par les douaniers. Tous ceux qui n’étaient pas riches étaient des mendiants, usés par la fuite ; un vieillard tenait à l’envers son outre percée, un bourgeois ruiné tirait lui-même son chariot de maigres possessions, une mère sans ses enfants boitait, des enfants sans leur mère jouaient aux osselets dans la poussière, un médecin serrait en grinçant des dents son bras gangrené, une députée mangeait ses titres de propriété parties en fumée, un adolescent jouait dans un roseau percé l’air des amants perdus, une marchande recomptait ses tonneaux qui disparaissaient chaque jour un peu plus, un marin cachait ses lames interdites dans des poches qu’il recousait, un colonel amputé cherchait à vendre son sabre, une dame étrangère recrutait un mercenaire avec de l’or, un paysan achetait des papiers contre son dernier sac de vieux pain, et une demi-troupe de gentilshommes saouls dansait avec insouciance en remontant la colonne de réfugiés jusqu’aux portes. Tous passèrent le mur d’enceinte de Cylrien, derrière lequel on les entassa comme on put dans des dortoirs sans fenêtres.

 

Ce fut une nuit sans rêve pour la Tarissane, avec pour seule hantise le désespoir. Elle avait emmitouflé ses mains comme celles d’une malade, avec le sale brocard de soie en lambeau qui jadis ornait sa robe, et les ombres fantastiques d’une chandelle s’y projetèrent jusqu’à l’aube. Au réveil, on fit travailler les réfugiés qui le pouvaient, aux docks ou aux champs désertés par ceux qui avaient profité de la guerre pour se faire mercenaires. Kaeldra portait tout le jour de lourds paniers de raisin rouge, entre un hectare de terre noire et un pressoir à une demi-heure de là par la route toujours bondée ; même les charrettes manquaient aux récoltes. Le soir, on donnait du mauvais vin aux hommes et de la mauvaise bière aux femmes, qui faisaient mieux accepter le repas dérisoire et la pièce ridicule que tous recevaient ensuite pour paiement.

Comment quiconque pourrait-il la retrouver ici ? La jeune fille était une anonyme, une tête remplaçable dans la foule, un détail perdu dans les limbes de l’Histoire : finalement, elle n’était ni ne serait rien de plus que tous les autres. Alors, profitant du peu de considération que l’on avait pour elle à Cylrien et poussée par la force d’Ildarifyël, après trois jours de travail épuisant Kaeldra Varald, la magicienne, ne suivit pas ceux qui allaient réclamer leur dû à la taverne de fortune montée pour l’occasion. Elle alla se perdre dans les plus anciennes ruelles décrépies des quartiers des réfugiés, celles qui étaient restées de la dernière guerre et qui n’étaient plus qu’un amas de planches vermoulues habitées par les fantômes et les vapeurs d’opium. Le crépuscule tomba sans elle.

 

Ce quartier était comme une tourbière, d’ailleurs c’était ainsi qu’on le surnommait, on s’y enfonçait, parfois littéralement lorsque le sol n’avait plus été tassé depuis longtemps ou que les planchers fléchissaient au moindre pas dans un craquement sinistre, et son architecture labyrinthique, héritage de décennies de réparations hasardeuses, était inextricable. Kaeldra étouffait. Elle avait détaché ses bandes de fortune, qui écrasaient ses paumes précieuses et lui répugnaient de plus en plus. Pas de soldats ici, pas de travail, pas de foule, pas de guerre, juste le calme et les âmes perdues qui n’auraient rien à lui reprocher.

Kaeldra n’avait plus de famille. Kaeldra n’avait plus de terre. Kaeldra n’avait plus de rêves. Kaeldra n’avait plus d’héritage que celui qui brillait dans sa chair. « Je ne serais plus rien qu’une magicienne » pensait-elle, et c’était déjà beaucoup. Pourquoi se cacher lorsque l’on est si puissante ?

Loin derrière, une ombre glauque rôdait.

 

Tout de même, la jeune fille ne se sentait pas en sécurité. Ses pas se faisaient pressants, chaque bruit nocturne la faisait sursauter ; elle avait toutes les peines du monde à se repérer pour se rapprocher du rempart intérieur de Cylrien. Il aurait fallu dormir, la fatigue accumulée l’empêchait de se repérer correctement, mais dès qu’elle se décidait à ne serait-ce que s’asseoir, le souvenir terrifiant — car terrifiant, il l’était, maintenant qu’elle avait le recul de se demander ce qui aurait pu se passer sans Ildarifyël — de son enlèvement la frappait. Les yeux brouillés, les pieds emmêlés, les oreilles bourdonnantes et la tête implosée, la vagabonde chuta net, s’écrasant finalement de tout son long dans les débris de bois.

Comme des branches douces vinrent l’envelopper d’une invisible couverture, bienvenue.

 

- - -

 

A Tulengrad, on s’inquiétait. Après des jours de silence, l’Empereur consentait enfin à recevoir les trois seigneurs de Talma qui prétendaient qu’une puissance magique millénaire et indomptable était désormais un espoir concret de victoire sur cette armée interminable et écrasante venue du Nord. Tout cela sonnait comme un mythe, nul ne voulait y croire. Le Grand Sénateur semblait pourtant bien plus agité qu’à l’ordinaire, et il disparaissait parfois de longues heures, manquant à ses devoirs sans que le souverain ne le lui reproche, dans son cabinet, à écrire des lettres qu’il n’envoyait qu’à la faveur des ombres. Mais malgré leur désespoir de jouer un jour un rôle dans leur propre prophétie, les chevaliers furent invités directement dans le bureau militaire, ignorant le protocole d’audience qui, depuis quelques semaines, moisissait dans la salle du trône.

L’Empereur Trehellom était une petite silhouette, pliée par les soucis plutôt que par les ans, et dans ses yeux l’impuissance avaient anéanti toutes les gloires passées. Il avait noircit des cartes et des carnets qui s’amoncelaient sur un bureau de bois verni, gratté les tapisseries jusqu’à ce que celles-ci se couvrent de trous blancs. Son grand manteau d’or, que l’on avait vu toujours ruisselant sur les marches du palais, soupirait sur le mur derrière cet homme en armure blanche.

« Talmalites, prévint-il, amis désormais, si la nouvelle que vous avez à m’apporter n’est pas à la hauteur de celle que l’on m’a rapportée, je vous ferai pendre car nous n’avons pas ce temps à perdre. Parlez. »

Ce fut Deuynir, le doyen et mage de Talma, qui parla. Il expliqua d’abord comment la citadelle était tombée, comment leur arbre-dieu avait probablement anticipé la chose, et enfin il parla de Kaeldra. Cette fille sans nom, sans histoire, apatride et miraculée, avait atteint, dans sa chance spectaculaire, les portes de pierre ; c’était sur cette étrangère, de Tarissin, qu’Ildarifyël avait déposé sa bénédiction, et après la destruction de la ville ce serait elle qui deviendrait le nouvel Ildarifyël.

« En revanche, il nous est impossible de savoir si elle a déjà développé ses pouvoirs. La guerre et la violence des combats n’étant pas encore arrivées aux plaines de Dalaris où elle nous fut enlevée, emportant la vie de notre plus jeune et dévot compagnon, il est probable que l’arbre n’ait pas encore eu besoin de la défendre.

— Espérons-le, fit remarquer l’Empereur, on la prendrait pour une sorcière ; peut-être même deviendrait-elle une sorcière.

— Si vous la retrouvez, vous ne lui ferez aucun mal ?

— Certainement pas, tout ce que je souhaite à l’heure actuelle, c’est conserver mon trône et la paix en Erivor. Si tout cela ne tenait qu’à moi, ou à Chotov qui m’est fidèle, cette chasse aurait pris fin il y a longtemps ; mais ce n’est pas ainsi que l’on gouverne un empire, chevaliers. J’ai, cependant, caché à ma Cour certains des plus puissants mages de l’Est, parmi ceux qui n’ont pas émigré au Nandrill, qui seront d’un grand secours à votre protégée lors de ses premiers pas.

— Aucun d’eux, Votre Majesté, grogna Moryhné qui était offusqué que l’on pensa l’arbre de Talma incapable d’enseigner seul à une enfant, n’est à la hauteur d’Ildarifyël.

— C’est précisément pourquoi j’envoie dès ce soir des émissaires officiels à sa recherche. Que vous me l’accordiez ou non, d’ailleurs. »

Les chevaliers furent pétrifiés de stupeur. Jamais, pas même à Ezinmart, on n’avait osé leur soustraire la primauté sur la puissance d’Ildarifyël qu’eux seuls avaient su apprivoiser un peu. L’Empereur les chassa, faisant ouvertement fit de leur plaidoyer religieux qui lui répugnait, et donna l’ordre qu’on ne les laisse pas sortir de la ville haute. L’enjeu était trop grand, l’ennemi trop fort, Erivor et Trehellom lui-même avaient déjà tant sacrifié à cette guerre…

Au balcon du palais, haletant dans sa camisole d’acier, il embrassa du regard sa ville, et contempla les brumes multiples qui bouchaient l’horizon. Où donc était la grande armée impériale ? Au complet sur le front ; et chaque jour la solde attirait toujours plus de ruinés et de réfugiés prêts à mourir pour quelques sous. Une armée de broussailles sous un feu démoniaque. Erivor s’était trop longtemps reposé sur ses lauriers, sa supposée puissance militaire qui avait dominé l’Est depuis la fin de l’Age des Pionniers. Les courantes escarmouches féodales n’avaient même pas permis de renforcer l’art militaire de l’Empire. Que d’ans gâchés alors qu’au Nord se bâtissait un cortège de tous les sortilèges, de toutes le victoires, sur ces îles misérables qui n’étaient rien, pourtant, devant les étendues nombreuses et immenses du continent. Et ces imbéciles du Sénat qui refusaient que l’on utilisa des mages !

Cette fille, c’était la clé. Seuls quelques généraux et Chotov, cet homme le suivait depuis longtemps dans son devoir sacré, étaient au courant qu’une puissance magique ressuscitée des âges anciens se tenait juste là, à portée de main. Mais l’utiliser aurait été contraire à tout ce entre les mains de quoi Trehellom avait placé le destin de son peuple, à la constitution écrite par ses ancêtres vénérables, aux religions séculaires qui avaient soudé des nations, aux institutions gravées dans l’albâtre du palais, à la prudence même.

« Mais je suis Empereur, merde ! »

 

- - -

 

Kaeldra fut réveillée par une main solide sur son épaule. Il était loin de faire jour, et dans la Tourbière il faisait nuit, mais la lumière d’Ildarifyël dessinait d’un sillon rouge les silhouettes. C’était une ombre immense qui tenait dans ses poings noueux, puissantes racines desquelles émanait une odeur de feuilles étrangement désagréable et sucrée, les poignets et les cicatrices de l’étrangère. Une voix murmura des mots dans un patois du Sud, puis en rivéen :

« Il ne faut pas rester ici, c’est dangereux. »

La magie émanée des cristaux semblait comme endormie, contenue entre les doigts puants, et la magicienne commençait à paniquer. Elle tenta de se défaire de l’emprise que l’inconnu avait sur elle, poussée tout à la fois par son propre instinct et par celui que lui conféraient ses pouvoirs. Elle ne pouvait pas les avoir perdus, ils étaient là mais cette étreinte maudite les lui interdisait ! Kaeldra commençait à tirer de toutes ses forces, faisant presque craquer ses os, lorsque l’interlocuteur la lâcha précipitamment. Avant même qu’elle n’ait pu reprendre son souffle, il avait amené à la hauteur des yeux de la jeune fille deux poignées d’herbes sèches qui lui arrachèrent une grimace de dégoût.

« La siphalée est ta meilleure amie contre les malédictions, mais elle ne peut rien faire contre les dangers de la Tourbière. »

Le calme du personnage était perturbant, il ne parlait presque pas et son accent ne suffisait pas à expliquer le son hypnotisant de sa voix. Il se leva, et partit. Alors que la longue tache noire de son corps s’amincissait au fur et à mesure qu’il disparaissait entre les bois et les clous rouillés, la Tarissane décida de le suivre. Il connaissait mieux qu’elle les chemins de la Tourbière, et il avait en magie des connaissances qui s’appliquaient au don d’Ildarifyël ; de toutes façons, que cherchait-elle de plus dans cette ville ? L’arbre avait beau hurler en elle de ne pas rester dans les parages d’un homme qui savait comment le neutraliser, sa curiosité prenait encore facilement le dessus. En s’enfonçant dans la jungle dévorée par les termites, la magicienne avança vers son destin.

 

Un peu de sommeil l’avait aidée à s’y retrouver dans les méandres de la Tourbière, et sa petite taille lui permettait de se faufiler plus rapidement que sa cible dans certaines allées effondrées et certains murs défoncés. Pour s’éclairer, Kaeldra avait décroché de sa taille le rameau auréolé de rouge et le portait à bout de bras en avant de ses pieds ; tout au plus, cela lui permettait de ne pas s’embourber à chaque pas et de ne pas se blesser au premier pieux érigé par de vieilles révoltes.

Après ce qui sembla près d’une heure de marche à l’aveuglette, une porte artisanale se découpa dans le mur d’enceinte, tordue et percée par les pierres inébranlables de Cylrien. Elle s’ouvrait sur un trou noir qui traversait le rempart, éclairé après quelques pas par les reflets des vieilles bougies d’un fournil qui se trouvait de l’autre côté. Mais, lorsque les jambes de Kaeldra l’eurent atteinte, la porte s’était refermée. Elle avait beau tirer dessus, donner des grands coups qui ébranlaient les gonds, ce panneau de bois semblait scellé comme par magie au mortier du mur. Magie ? Kaeldra aussi pouvait se servir de magie, et elle le fit sans hésiter. La magicienne appliqua ses paumes persillées de canaux vermeils des deux côtés du battant, près des soudures, et concentra méthodiquement son désespoir de se perdre dans cet endroit hostile, sa colère d’être laissée seule et enfermée, son envie de comprendre et de rejoindre la seule personne qui, ici, semblait pouvoir l’aider, et le besoin, inexorable, de faire quelque chose ; une sensation de chaud se développa sous ses doigts, qui s’enfoncèrent en grinçant dans la porte en train de se calciner.

Elle creusa un passage dans le bois, tout juste assez grand pour elle et cerclé d’une épaisse couche de charbon fumant. C’était extraordinaire : ses mains avaient accompli un miracle, mieux qu’un miracle un prodige ! La jeune fille se retrouvait de l’autre côté d’un obstacle infranchissable au commun des mortels, par sa seule volonté et par sa seule puissance. Caressant les murs, elle découvrit sous ses doigts aveugles des runes archaïques, de l’ariman dont elle ne savait rien mais qui fut la première langue étudiée par les sorcières d’Adynehil, gravées dans les parois du tunnel. Elles formaient des lignes, des cercles, des figures placées avec soin et une précision absolue ; il y avait là des heures de travail et des années d’expertise. Tout cela balayé en quelques instants, c’était extraordinaire.

 

Le tunnel n’était ni très long, ni très large, et il fallait sans cesse faire attention à ne pas percuter les angles saillants cachés dans la pénombre. C’était un trou à rat, la cache d’un bandit ; certes, mais un bandit qui parlait de malédictions. Et au-delà de ce trou, il y avait Cylrien, la ville de toutes les eaux, la merveille du Sud. Dans le brouillard de l’aube, on n’en voyait pas les tourelles étouffées d’escaliers, les ponts élancés, ni même les canaux, mais on entendait le chant de l’eau. On l’entendait partout.

Sur une pierre, la mousse avait été récemment écrasée, et sur la suivante, et plus loin s’enfuyait cette ombre rencontrée dans la Tourbière. Au Rocher Brun, on apprenait parfois l’art de suivre les pistes aux enfants, alors Kaeldra l’avait appris, comme elle avait appris tout ce qui avait été mis à sa portée avant l’Exode. La piste était si fraîche qu’elle ne lui résista pas, et la jeune fille pu retrouver bien vite l’inconnu aux feuilles puantes. Il habitait une bâtisse encastrée dans la tour adjacente qui semblait vouloir se précipiter contre le sol de la rue au premier brin d’air marin, mais brandissait sans relâche son clocher vide et délabré en signe de révolte contre la fatalité. Le torchis était presque rose, d’un pigment odorant que l’étrangère n’avait jamais rencontré ailleurs, et les toits semblaient couverts de galets plats, comme si le roc beige dont ils avaient été extraits n’était qu’une immense fleur dont on récoltait les pétales pétrifiés. La porte en bois avait été laissée ouverte, nonchalamment entrebâillée en laissant filtrer la lumière diffuse d’une fin de chandelle que le matin viendrait essouffler.

 

Une intruse fit irruption dans le salon d’Arig. Elle n’avait pas plus de quinze ans, un éclair de courroux dans les yeux, et sur ses poignets couraient les marques rougeoyantes qui avaient alerté le sorcier dans la Tourbière. Elle lui demanda, sans ménagement et avec un accent beaucoup trop fort :

« Pourquoi tu m’as dit que j’avais une malédiction ? »

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Edouard PArle
Posté le 24/08/2021
Pas grand chose à dire par rapport à mes précédents commentaires et pas remarqué de fautes.
Jai juste un peu bloqué sur cette phrase, je comprends ce que tu veux dire mais je ne sais pas si ça se dit. "Comme des branches douces vinrent l’envelopper d’une invisible couverture, bienvenue."
Halycanth
Posté le 24/08/2021
Non je ne pense pas que ça se dise, je vais voir si ça gêne trop de monde, auquel cas je reformulerai, sinon je la garde parce que j'aime bien cette phrase-monstre ^^
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