Chapitre 5 : La course de chameaux

Quand les enfants retournèrent voir Takkie le lendemain soir, elle leur paraissait toujours fatiguée par son usage de la magie, et Azianne se demanda si, finalement, elle ne souffrait pas encore un peu de ses mésaventures dans le désert. Ils décidèrent de lui donner plus de nourriture qu’à l’accoutumée et de la laisser se reposer bien à l’abri de son terrier.

— Elle est plus grande, avait déclaré Liory

Après avoir haussé les épaules, Azianne avait réalisé qu’il avait raison : malgré sa faiblesse, la gerbille avait gagné en taille depuis leur rencontre, et cela la rassura. Si Takkie était une jeune gerbille et qu’elle grandissait, c’était sans doute un signe de bonne santé.

Le surlendemain, elle avait d’ailleurs retrouvé sa vigueur.

Les enfants laissèrent de côté, au moins provisoirement, leurs tentatives pour faire utiliser la magie à Takkie. Au prix d’une belle frayeur, ils avaient obtenu la preuve qu’elle était bien une towenaar met goue oé, et c’était le plus important. Il manquait toujours à Azianne l’assurance que Liory pourrait profiter d’une part de ses pouvoirs après leur départ, mais mettre son petit frère en danger, elle s’y refusait. Ce genre de choses arriverait bien assez vite une fois en dehors des murs, et au moins, ils savaient pouvoir compter sur la gerbille en cas de menace : elle serait exposée tout autant qu’eux.

En revanche, la petite fille poursuivit tous ses autres préparatifs. Elle fut bientôt convaincue d’avoir suffisamment de nourriture et d’outres à d’eau pour se lancer à l’aventure. Elle avait aussi de quoi les soigner, protéger Liory du soleil et monter un début d’abris pour les chaudes journées désertiques. Ne lui manquait plus que ce qu’elle devrait emporter au dernier moment ; les couvertures qu’elle se demandait comment subtiliser et transporter discrètement jusqu’à la ruine ; l’équipement de Saade ; un plan pour quitter Atahari sans alerter sa famille et les guerrières qui surveillaient la ville de jour comme de nuit.

Ce dernier point lui posait d’ailleurs de grandes difficultés. Une chamelle guidée par deux enfants vers la porte d’Atahari… ça ne passait pas vraiment inaperçu.

— Dépêche-toi, meisie, ou tu seras en retard.

— Oui, mama, répondit la petite fille tirée de ses pensées

Azianne se leva, récupéra son sac, embrassa sa famille et Liory puis courut rejoindre ses amies sur le chemin de l’école.

— Bonjour traînarde, salua Astou.

Azianne grommela.

— Dit, tu es au courant ? demanda Evi les yeux pétillants d’excitation.

— De quoi ?

La petite fille vit Astou sourire d’un air qui semblait dire que non, évidemment, elle ne l’était pas. Azianne ne protesta pas : elle devait bien reconnaître qu’en ce moment, toute son attention était pour l’organisation de la fuite.

— De la grande course de chameau ! annonça Evi qui n’y tenait plus. La première guerrière elle-même viendra récompenser le vainqueur ! Deux cents gelds, tu te rends compte ? Et le meilleur ? On peut participer dès l’âge de douze ans…

Le sourire d’Azianne s’élargit à la mesure de celui de son amie. Une course de chameau ! C’était l’alibi dont elle rêvait pour passer inaperçue avec la chamelle de sa tante !

— Ce qu’Evi oublie de dire, c’est que pour ça, il vaut mieux avoir un chameau dans la famille, et ce n’est pas le cas chez elle, annonça Djébana dont la mère, haute gradée parmi les guerrières, en avait un.

— Ma voisine Fatou accepte de me prêter le sien et de m’apprendre à monter ! proclama Evi.

— On ne devient pas championne en deux mois ! protesta Astou.

— Il suffit de s’entraîner, renchérit Azianne, les yeux dans le vague, s’imaginant déjà chevaucher Saade sous prétexte de s’exercer pour la course.

— Ne me dis pas que tu veux participer ? demanda Astou.

— Pourquoi pas ? Moi aussi j’ai douze ans, et c’est une sacrée occasion.

Djébana sourit, amusée ; Astou leva les yeux au ciel comme ouma Bahiya savait si bien le faire.

— Alors nous serons rivales, annonça Evi d’un air sérieux, et elle plaça sa main sur son cœur.

Naturellement, dès qu’elle en eut l’occasion, ce soir-là, Azianne parla de la course à tannie Yeleen et la supplia presque de lui permettre de concourir avec Saade. Mama n’était pas là et tannie Jahia en profita pour lancer un regard réprobateur vers sa nièce.

— Qu’as-tu à faire de la course de chameaux à ton âge ? dit-elle sans même laisser le temps à sa sœur aînée de répondre à la requête.

— Quand je serais une grande guerrière, comme tannie Yeleen, je devrais bien savoir monter pour négocier le sel de givre avec les Oasestams. Ce serait vraiment chouette d’être reconnue avant même de devenir une femme.

Azianne fit exprès de citer tannie Yeleen comme exemple de réussite, et tannie Jahia se rembrunit.

— Aucune chance, renchérit cette dernière d’un air moqueur. Zolia participe, et elle gagnera, comme à chaque fois.

Son visage prit un air soupçonneux.

— Tu ne t’es pas intéressé à cette course les années précédentes…

— Cette fois, j’ai pile l’âge qu’il faut !

— La course est dangereuse, annonça ouma Bahiya. Trop pour une enfant, tu n’y participeras pas, Azianne.

— Mais ouma ! Evi la fera, elle ! Et j’ai au moins une tête de plus qu’elle !

Ouma Bahiya semblait plus amusée que convaincue.

— Azianne s’est beaucoup entraînée ces derniers temps, plaida tannie Yeleen. C’est une enfant sérieuse qui s’investit pour son avenir. Elle mérite une récompense : je lui prêterais ma chamelle.

— Elle n’a aucune chance, répliqua tannie Jahia en attrapant l’une de ses filles par le bras avant qu’elle ne tire sur les cheveux de l’autre.

— Qu’importe, rétorqua tannie Yeleen. Ce sera une bonne expérience, et ça lui occupera l’esprit, glissa-t-elle en regardant Liory du coin de l’œil.

Ouma Bahiya semblait hésiter un peu, tannie Jahia sentait qu’elle perdait du terrain, et l’ombre de la colère apparut sur son visage.

— C’est à sa mère de choisir, conclu ouma Bahiya en coupant court au conflit qui menaçait. Mais si elle accepte et que tu lui prêtes la chamelle, Yeleen, tu t’assureras qu’elle ne se fasse pas de mal.

— Je lui apprendrais, dit tannie Yeleen.

Elle échangea un grand sourire avec Azianne.

 

*

 

À l’école, tout le monde ne parlait plus que de la course, même si les enfants étaient rares à participer, et il tarda à Azianne d’obtenir la réponse de mama. En rentrant, ce jour-là, elle finit ses devoirs en un temps record, fit diversion pendant que Liory déposait de la nourriture à l’entrée du terrier de Takkie, puis revint guetter celle de la chambre. Elle eut l’impression que mama ne se réveillerait jamais et son cœur manqua d’exploser quand elle se leva enfin.

Mama mit très longtemps à manger, mais dès qu’elle eut fini, Azianne courut chercher ses armes d’entraînement. Elle fut dehors la première et dut encore patienter un peu.

Elle eut dû mal à se concentrer, au début, elle doit faire de gros efforts pour entrer dans le jeu. Mais quand elle y parvint, elle donna le meilleur d’elle-même et montra à mama comme elle avait progressé.

— Tes entraînements portent leurs fruits, meisie. Tu gagnes en force et en endurance.

— Merci, mama, répondit-elle fièrement.

Azianne para l’attaque de son bouclier et recula de plusieurs pas : mama n’avait pas réussi à la déconcentrer, pourtant, la petite fille commençait à se demander comment aborder le sujet.

— Tu veux participer à la course de chameaux, on m’a dit ?

Cette fois, Azianne oublia d’esquiver et finis sur le derrière. Elle se releva, fronça les sourcils et dissimula une grimace de douleur.

— Oui. Mais je vais surtout la gagner !

Mama sourit.

— Il y aura des adultes face à toi, meisie.

— Je m’entraînerais fort, mama. Une guerrière doit savoir manier ou guider : ses armes, ses vassales, et son chameau.

Mama sourit davantage, Azianne lui faisait plaisir en énumérant ce qu’elle lui avait appris.

— Que tu gagnes ou que tu perdes, tu en retireras expériences et enseignements.

— Alors c’est oui, mama ? demanda-t-elle avec espoir.

— C’est oui, mais fait attention à toi, entraîne-toi sérieusement et écoute les conseils de ta tante. Il faudra non seulement être stable et rapide, mais aussi intelligente. Tu devras connaître les règles et le parcours dans les moindres détails, savoir tirer le meilleur de ta monture tout en la préservant…

— Oui, mama, assura Azianne à la fin des recommandations.

— Et n’oublie pas de t’amuser un peu, dit mama en clignant d’un œil.

Azianne sourit : elle était folle de joie, soulagée, mais en même temps, rongée par la culpabilité.

Cette course, jamais elle n’y participerait, et elle préférait ne pas imaginer la déception de mama quand elle s’enfuirait avec Liory.

 

*

 

Le dernier jour de la semaine, aucun enfant n’allait à l’école : c’était celui où ils jouaient, se reposaient, apprenaient à la maison les choses de la vie. Mais aujourd’hui, Azianne ne s’amusait pas dans les rues avec Liory et ses camarades ivres de liberté, pas plus qu’elle n’aidait ouma Bahiya à l’intérieur. Tannie Yeleen s’était arrangée pour obtenir une permission : la course était encore loin, mais Azianne n’avait eu que quelques occasions de monter sur Saade auparavant, et si elle la soignait parfois pour sa tante, il y avait énormément de choses qu’elle ignorait.

Ravi, Liory en profitait pour caresser l’animal ; il aurait sans doute préféré passer ce temps avec Takkie, mais la compensation n’était pas si mal.

— Sais-tu que j’ai déjà participé à cette course, niggie, quand j’étais une toute jeune guerrière ?

Azianne écarquilla les yeux et fit non de la tête, ce qui amusa sa tante.

— C’était avec le chameau d’ouma, à l’époque, mais tu ne l’as pas connu.

— Et tu as gagné ?

Tannie Yeleen grimaça.

— Je n’ai même pas finis la course. Mais les règles n’ont pas tellement changé depuis. Il s’agit surtout d’entraîner les guerrières ou celles qui souhaitent le devenir à suivre un parcours le plus rapidement et efficacement possible, ce qui est primordial quand on traverse le désert : moins on s’y attarde, mieux cela vaut. Tu ne pourras pas seulement te contenter de monter Saade, il faudra aussi que tu 'équipe pour le voyage : si tu es vive la nuit, mais que tu ne disposes pas de quoi te protéger la journée, tu mourras.

— Saade devra courir charger ?

Tannie Yeleen acquiesça ; voilà qui arrangeait énormément Azianne.

— Les chameaux sont forts, et ce n’est certainement pas ton poids qui la généra, mais si tu ne sais pas équilibrer ta charge, tu la ralentiras néanmoins.

Azianne hocha la tête.

— D’après toi, niggie, qu’emmène-t-on pour survivre à un voyage dans les dunes de Karanora ?

La petite fille sourit : elle avait déjà bien réfléchi à la question et n’éprouva aucune difficulté à résumer ce qu’elle avait préparé pour le voyage et ce qu’elle comptait emporter au moment du départ.

— Une fois dans les sables, qu’elle sera ta meilleure protection contre les moordenaars ?

— Le cercle de sel.

Tannie Yeleen fit la moue, comme si elle n’était pas entièrement satisfaite par la réponse de sa nièce. Pourtant, Azianne était certaine d’avoir juste.

— En règle générale, quelle est notre meilleure défense contre eux ?

Le sel… Azianne ouvrit la bouche : elle n’avait même pas prévu d’en emporter dans sa forme pure, pourtant, en cas d’affrontement, pouvoir lancer une poignée de sel sur son ennemi, comme l’avait fait autrefois son homonyme, pourrait bien lui sauver la vie.

— Il faut toujours en garder sur soi, niggie, et tu devras donc en avoir dans les bagages de Saade sous peine d’être disqualifié une fois passé l’arrivée. De plus, les moordenaars ne sont pas les seules créatures qu’on peut rencontrer dans les sables. La plupart des animaux restent à distance des voyageuses, mais parfois, la faim se fait tellement sentir que des prédateurs oublieront leur méfiance pour attaquer les groupes les plus réduits. Comment se protège-t-on des bêtes sauvages ?

Azianne réfléchit ; à l’école, on lui avait dit qu’ils craignaient le feu comme les moordenaars le sel, mais trouver du combustible dans le désert…

— On ne peut pas alimenter un foyer au beau milieu du Karanora.

— Non, à moins de disposer de chameaux supplémentaires pour le transport, ce qui ne sera pas le cas pendant la course. Mais tu peux toujours emporter quelques torches…

Tannie Yeleen cligna d’un œil et Azianne sourit.

— Les fruits secs sont une très bonne idée, mais tu peux également prendre un peu de viande déshydratée : la nourriture n’est pas la plus importante dans les sables, même s’il faut de quoi te redonner des forces. L’eau, en revanche, est primordiale, mais il vaut mieux y ajouter un tout petit peu de sel pour rester hydrater ; le thé est un excellent atout.

Azianne appris beaucoup de choses dans les heures qui suivirent, non seulement tout ce qui lui aurait fait défaut dans le désert sans les conseils de tannie Yeleen, mais aussi comment les disposer dans les bagages et sur Saade pour ne pas la gêner ou la ralentir. Les explications du matin cédèrent la place aux travaux pratiques de l’après-midi et à un moment de récréation où elle put enfin monter Saade, avec Liory, pour la plus grande joie de ce dernier.

Il y avait beaucoup à retenir, mais la petite fille connaissait sa chance, l’importance de tout cet enseignement. Elle se dit que les esprits étaient avec elle pour lui avoir offert cette course de chameaux, l’occasion d’apprendre et de pouvoir bientôt circuler avec Saade librement. Cette nuit-là, elle prit le temps de remercier Reisny, l’esprit du voyage et du destin, elle parla aussi à Onkuld, Vuurwa et Ysterne dans l’espoir que tout se passe bien une fois loin de chez elle.

L’inquiétude, le doute et le remords essayèrent de l’encercler pour la priver de sommeil, mais elle les repoussa avec détermination et ferma les yeux. Si elle se laissait envahir, si elle réfléchissait trop à ce qu’elle prévoyait de faire, aux conséquences, jamais elle n’y arriverait ; et elle perdrait Liory.

 

Azianne courrait encore le matin, elle n’avait plus grand-chose à ramener à la ruine, mais on se serait posé des questions si elle avait arrêté, et puis elle pourrait très bien avoir besoin d’y aller d’ici le départ. Pour les mêmes raisons, et aussi pour l’entraînement que cela lui procurait, elle continuait de s’exercer seule à la lance et au bouclier. À ces routines matinales s’ajoutaient désormais les soins à Saade, son nourrissage. Tannie Yeleen y tenait, pour que la chamelle s’habitue à elle et qu’elles puissent nouer un lien. La petite fille avait rarement le temps de la monter le matin, mais elle l’équipait, rangeait les sacs le plus souvent possible, et tannie Yeleen finit pas être satisfaite de sa manière de faire.

Le dos de la chamelle serait protégé du poids de sa cavalière et de sa charge par deux couvertures qu’Azianne jugeait parfaites pour servir d’abri diurne, et qui avaient d’ailleurs, d’après sa tante, cette seconde vocation. Ainsi, la petite fille ne s’inquiétait plus de savoir comment les ramener à la ruine, puisque Saade les aurait sur elle au moment de partir. Il ne serait pas bien compliqué d’en ajouter deux autres pour marcher bien au chaud la nuit. Azianne avait l’impression que tout s’arrangeait petit à petit, presque comme une évidence, et si cela la rassurait, la confortait dans son choix, elle sentait aussi parfois des vagues d’appréhension ou de remords l’envahir face à l’échéance qui approchait.

— Tu pourrais peut-être laisser cet animal se reposer, glissa tannie Jahia alors qu’Azianne entraînait Liory vers la chamelle.

— Je dois apprendre le parcours.

Il fallait surtout qu’elle en donne l’impression, et c’était l’occasion rêvée pour échapper à la compagnie de sa tante et de ses cousines. Si au moins sa voisine Malia n’avait pas été retenue, Azianne serait peut-être restée pour jouer avec elle, mais visiblement, ça n’arriverait pas aujourd’hui.

Azianne caressa la chamelle et la prépara sans s’occuper des mots de sa plus jeune tante, puis elle aida Liory à monter et prit place devant lui. Saade devait toujours être chargée au sol et être capable de se relever ensuite, cela déterminait le poids qu’elle pouvait charrier et la petite fille serrait les dents malgré elle jusqu’à ce qu’elle soit enfin debout. Ils quittèrent la cour commune et rejoignirent la rue.

La course faisait presque tout le tour d’Atahari. Elle évitait seulement le marché ainsi que le quartier des hommes interdit aux plus jeunes participantes, et n’empruntait que les grands axes. Tannie Yeleen lui avait appris le trajet à sa nièce en lui énumérant l’itinéraire, mais Azianne devait tout de même réfléchir en chemin pour ne pas se tromper. Si elle avait réellement eu l’intention de participer à la compétition, elle aurait dû s’efforcer de refaire le chemin jusqu’à ce qu’il ne lui reste plus aucun doute et qu’elle n’ait plus besoin d’y songer.

Au fur à mesure que Saade avançait, les yeux se tournaient sur elle et ses jeunes cavaliers, les jeux prenaient fin, les sourires s’étiraient. Parfois même, des enfants les suivaient de loin.

— Azianne, Azianne, tu t’entraînes pour la course ?

La petite fille hocha la tête

— Il est beau ton chameau !

Il n’y avait que quatre jeunes participantes prévues pour l’instant, et leurs noms circulaient de bouche en bouche à l’école. Azianne bénéficiait d’une petite renommée et d’une attention qui, elle devait bien l’avouer, la rendait fière, mais ne l’arrangeait pas beaucoup.

— Tu crois que tu vas gagner ?

— Bien sûr ! répondit-elle en bombant le torse.

Elle ne se souvenait pas du prénom de la fillette qui venait de poser la question, même si elle avait sûrement déjà joué avec.

— Ma mère dit que c’est Zolia qui va encore gagner, annonça une autre enfant avec une tache sur le visage.

— Je n’espère pas ! répondit une troisième. Ce n’est plus drôle si c’est toujours la même qui remporte la course !

Azianne approuva et essaya de s’éloigner, mais à moins de monter Saade très tôt le matin et tard le soir, elle devait se faire une raison : elle attirait l’attention de toutes les filles d’Atahari. Heureusement, elle comptait s’enfuir à une heure où elles seraient au lit ou chez elles. La petite fille trouva néanmoins un peu de répit en longeant le mur d’enceinte et la porte de la ville : en plein jour, la plupart des enfants évitaient de trop s’en approcher.

L’itinéraire de la course ne passait pas devant la ruelle adjacente à la ruine. C’était bien dommage et Azianne songea qu’il vaudrait mieux qu’ils ne croisent personne quand ils iraient chercher leurs affaires le jour venu. Heureusement, comme leur cachette était proche de l’entrée, le détour ne serait plus non plus très conséquent. Au pire, elle pourrait toujours prétendre s’être trompée dans le noir, ou avoir eu du mal à gérer Saade.

— On part bientôt, Zia ? questionna Liory d’un murmure.

Azianne regarda un instant les couvertures de la chamelle avant de relever la tête.

— Oui. Nos affaires sont prêtes et il faut qu’on s’en aille avant la course, car nous n’aurons sans doute plus une aussi belle occasion.

— D’accord.

— Tu sais, tu as encore le droit de ne plus vouloir. Je ne t’en voudrais pas.

— Toi, tu veux plus ?

— Si. J’ai peur, un peu, mais je ne veux pas qu’on soit séparé.

Elle sentit Liory hocher la tête.

— Je veux aussi.

— Si tu changes d’avis, surtout, dis-le-moi.

— Oui.

Une petite part d’Azianne espérait que ce serait le cas, mais elle le redoutait tout autant. La petite fille chassa ses doutes et encouragea Saade à poursuivre sa route.

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Tac
Posté le 01/12/2022
Yo !
J'ai bien aimé ce chapitre, si ce n'est que je commence à trouver bizarre que la famille d'Azianne n'essaie pas plus de la détourner de son frère. aussi , vu que la transmission a l'air d'être archi importante dans cet univers, je m'étonne qu'on ne la charge pas plus de s'occuper de ses soeurs. (arès ce sont peut-être des choses que tu t'es déjà noté de développer, vu que ton univers croît à mesure du premier jet !)
Je pense qu'il serait nécessaire de rappeler dans combien de temps est l'anniversaire de Liory et donc quand est son départ ; cela raviverait les enjeux, en particulier par rapport à la course de chameaux. Azianne pourrait craindre de ne pas avoir le temps de tout apprendre avant le départ ; genre sa tante n'est pas trop pressée de l'entraîner avec la chamelle car pour elle il y a le temps avant la course, mais Azianne qui sait qu'elle doit partir plus tôt stresse. Je précise car personnellement j'ai totalement oublié quand est l'anniversaire de Liory, alors les mentions de dates et de délais me laissent un peu dans le brouillard, j'ai plus trop de repères... Sans le rappeler à tous les paragraphes, hein, mais voilà, en mode piqure de rappel...
Sinon on sent le départ approcher, et j'avoue que je commence à avoir hâte d'y être ! Maitnenat que tout semble parer, j'ai envie de voir si c'est si terrible que ça :D
Plein de bisous !
LionneBlanche
Posté le 03/12/2022
Yo, Tac !
Oui, c’est vrai que je devrais remonter ce point en réécriture : c’est logique, surtout à l’approche de l’imminence, car ils veulent alléger le départ… Et au passage, ça montrerait la volonté d’Azianne, son désespoir. Par contre, Ezia et Imany ne son pas ses sœurs, mais ses cousines, les filles de sa tante (celle qu’elle n’aime pas ^^), mais là aussi, il serait logique qu’on les lui colle plus dans les pattes, surtout qu’elle l’a évoqué. Ce sera à montrer. Décidément, tu as une bonne vue. ^^ Ce ne sont pas des choses que j’avais déjà noté, mais ça ne veut pas dire que ça ne se serait pas déjà imposé au moment de la réécriture : il me faut souvent du temps et du recul pour que tout se mette déjà en place (en vrai, je ne me suis pas encore penché sur les axes d’améliorations à ce stade, je ferais ça entre le premier jet et la réécriture, même si grâce aux différents retours, je sais déjà des choses ^^). En tout cas, là, je ne risque plus d’oublier ^^ Et c’est certain que ça va faire son chemin dans ma caboche.
Oui, je suis vague dans les dates, c’est vrai. Je l’ai un peu fait exprès pour être sure qu’Azianne ait le temps de se préparer et une véritable opportunité de partir (je ne savais pas aussi précisément comment elle allait faire, je n’avais qu’un squelette ^^) Ce sera différent en réécriture, et là, effectivement, je pourrais remonter la tension, faire compter les jours à Azianne, la mettre davantage sur le fil. Cela, j’y songeais déjà, par contre, et tu verras au chapitre suivant que j’ai déjà fait une discrète tentative en disant qu’elle devait partir avant la course au risque de perdre son alibi. Oui, c’est encore loin de suffire, mais je savais ! ^^
Mas que vois-je une âme de sadique ! ^^ Alors comme ça tu veux voir des enfants en danger ? Eh bien ça tombe bien… J’ai corrigé pas moins de trois chapitres ce matin, enfin, petit coup d’antidote… C’est tout ce que j’ai en réserve puisque j’écris encore les premiers pas dans le désert, mais j’envoie ça ! à bientôt Tac, et merci pour tes retours avisés !
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