CHAPITRE 5

Par Taranee
Notes de l’auteur : TW : Violence
Je me permets de poster un deuxième chapitre cette semaine car je suis très en avance dans mon écriture.
Bonne lecture ! N'hésitez pas à commenter !

PRESENT : SOÖ

 

            Allisen attendit que Jio eut fermé la porte pour prendre la parole.

- Je n’allais pas lui faire de mal, c’est promis, je voulais juste le provoquer un peu.

- Et c’est exactement ce qu’il fallait faire. Je te félicite. Répondit Soö avec l’ombre d’un sourire sur les lèvres.

- Mais alors…

- Cependant, il y a une limite à la provocation et tu dois bien la connaître puisque tu l’as imposée à ce gosse pendant sa formation. Essaie donc de ne pas la dépasser, ce serait fâcheux par rapport à ce que j’attends de ce garçon.

- Qu’est-ce que vous voulez faire de lui, exactement ? Je ne vous comprends pas.

Un rire échappa au maître de la guilde. Seulement deux petits « Hin hin » qui s’ajoutaient au mystère dont s’entourait cet homme. Évidemment que Soll ne comprenait pas. C’était trop complexe, trop subtil pour lui. Cet homme avait du muscle, pas un cœur, pas de cerveau. Juste du muscle et une gueule. Néanmoins, cela suffisait amplement pour le rôle qu’il devait jouer dans cette histoire. Il n’avait pas besoin d’en savoir plus. Aussi Soö répondit-il avec franchise mais laconisme à la question :

- Peut-être que les réactions de cet enfant m’intéressent…

Le mercenaire soupira. Il ne comprenait toujours pas. Allisen était l’un des premiers membres de la guilde. Il avait toujours été aux côtés de son maître et Soö le considérait comme l’un de ses meilleurs pions. Mais rien de plus. Sur le plateau d’échecs qu’était la vie, seul le duc Nowise valait plus qu’un pion. Beaucoup plus. Et il y avait cette autre personne qui n’était même pas une pièce, cette personne qui, pour lui, représentait le plateau en lui-même. Voilà comment Soö voyait le monde, voilà comment il s’était isolé de toute personne, préférant s’amuser avec ses sages petits pions. Il était le roi, ou plutôt le marionnettiste qui faisait danser ses pantins, dans l’ombre. Qui aurait pu comprendre cela ? Qui aurait pu atteindre ce piédestal sur lequel il s’était perché. Personne. Et pourtant, il y avait Jio. Ce simple pion, qui se révoltait, qui refusait de rester la pièce la plus faible et qui avançait inlassablement sur le plateau en échappant aux attaques. Cette façon de faire, ce caractère, ça lui rappelait quelqu’un. Une personne qu’il avait connu il y a longtemps.

 

PASSE :

 

- Arrêtez, père, je vous en supplie, arrêtez ! hurla le jeune homme.

Mais l’homme ne s’arrêta pas. Il donna encore un coup, plus fort que les autres, qui arracha un cri de souffrance au garçon qui se tenait dos à lui, contre le mur. Ce garçon-là transpirait. Il était très pâle et semblait sur le point de s’écrouler mais restait debout car sa sanction aurait été bien pire s’il avait bougé.

- Il n’a rien fait ! Vous ne pouvez pas le punir alors qu’il n’a rien fait !

- Oh que si, je peux ! C’est justement parce qu’il ne fait rien que je le punis, ce bon à rien. Il n’a même pas été fichu d’hériter de mon pouvoir ! Et il compte s’en sortir en se montrant aussi insolent envers moi ?

Il donna un nouveau coup de fouet et le corps de sa victime se convulsa violemment. Mais il ne cria pas, cette fois.

- Je lui ai tout donné ! La vie, la richesse, le pouvoir ! Et il n’est même pas capable d’être bon en magie ! Il n’y a pas pire déshonneur pour un membre de l’assemblée que d’avoir un fils comme lui !

Il leva encore son arme, prêt à donner un énième coup, mais Soö s’interposa entre la victime et le prédateur, l’air défiant, le regard déterminé.

- Je ne vous laisserai pas lui faire de mal. Il va d’abord falloir m’en faire à moi.

- Recule Soö. Tu n’as rien à voir avec cette histoire. Retourne travailler, ça vaut mieux pour toi, qui as au moins le mérite d’avoir le pouvoir du rayonnement.

- Je ne bougerai pas ! Laissez mon frère tranquille !

Le silence s’installa dans l’immense salon. Une goutte de sang s’écoula le long du dos du blessé qui s’était retourné. Le père les regardait d’un œil méprisant : ce garçon d’une douzaine d’années qui avait hérité de son pouvoir et de son talent mais qui était faible, et cet autre garçon, de trois ans son aîné, ce bâtard non-méritant qui lui volait son temps et dont l’œil n’était pas empreint de reconnaissance. La haine l’aveugla. Son fils aîné avait forcément influencé l’autre. Comment Soö aurait-il osé s’interposer, sinon ? Il fallait les remettre à leur place, tous les deux, il fallait donner l’exemple pour dompter cette mauvaise descendance. Alors le duc Nowise fronça les sourcils. Cela rendait son visage affreux et terrifiant. Il s’approcha de ses enfants. Le petit tremblait de peur mais ne bougeait pas, le plus grand observait la tournure des choses.

- Tu veux t’amuser, Soö ? Tu oses me défier, moi, ton père ? Tu penses avoir assez de mérite pour t’opposer à moi ? Tu veux protéger ton bon à rien de frère ? C’est d’accord. Dans ce cas…

Il brandit le fouet et n’hésita pas une seule seconde à l’abattre en direction du visage du jeune garçon. La lanière décrivit une arabesque gracieuse et menaçante et redescendit, dangereuse, filant vers le visage de l’enfant. Ce n’est pas sur une joue d’enfant qu’elle s’abattit mais sur une épaule d’adolescent. Le grand frère s’était placé devant son benjamin, faisant barrière de son corps. Il serra les dents lorsque le fouet frappa et attrapa le poignet de son géniteur pour l’empêcher de frapper de nouveau. Le Duc Nowise était furieux. Il lâcha son instrument et éleva la voix si fort que Soö poussa un gémissement.

- Comment oses-tu t’interposer dans la correction que je donne à cet enfant ?!

- Qu’a-t-il fait de mal si ce n’est refuser une injustice ? Dîtes-moi ce qu’il a fait de mal !

L’homme ne répondit pas. C’était normal, il n’y avait rien à répondre face à ces deux frères qui le toisaient alors même qu’il les dépassait de sa taille. Il ne pouvait rien répondre quand son bâtard de fils se mettait à protéger son petit frère, ce qu’il avait toujours fait. Cette gentillesse répugnait le Duc autant qu’elle remplissait les yeux de Soö d’admiration.

L’enfant vouait un culte à son frère, à cette espèce de demi-dieu qui était toujours là pour le protéger contre leur père. Un jour, se promit le jeune garçon, ce sera à moi de te protéger grand-frère. Et je te vengerai de tout ce que père t’a fait subir.

PRESENT :

 

Soö délaissa Allisen. Il n’avait rien d’autre à lui dire. Dans un jour ou deux, il lui donnerait un tout nouveau rôle mais, pour le moment, il fallait le laisser réfléchir.

            Il quitta la pièce d’un pas tranquille, comme le chef de guilde qu’il était. Il devait aller voir Ji, mais d’abord, il lui fallait réfléchir. À l’arrivée du jeune homme, il avait semé une graine, celle de la puissance. Et cette graine commençait tout doucement à germer, Soö le sentait, mais une autre graine germait en lui, une mauvaise herbe qu’il fallait éradiquer avant qu’elle ne vienne entacher ses plans : la graine de la révolte. Il avait prévu que le jeune homme ne serait pas facile à rendre docile, mais ce qu’il n’avait pas prévu, c’est cet endroit, au lieu de le tétaniser de peur face à son passé, ravivait la flamme de colère et de rébellion qu’il avait en lui. On lui avait raconté qu’un peu plus tôt, l’adolescent s’était réconcilié avec son amie d’enfance. C’était tant mieux. Le fil qui le reliait à elle n’en devenait que plus sensible. Et cette sauvagerie que dégageait la graine de la révolte n’était pas si mauvaise après tout. Il en avait besoin aussi. Il suffisait de bien s’en occuper pour que la mauvaise herbe devienne une belle plante noire. Oui. Ce jeune homme le surprenait et son comportement s’écartait des prévisions de Soö mais il n’y avait rien qui soit irrévocable et l’homme réussirait à faire de lui ce qu’il voulait. Car après tout… N’était-il pas le marionnettiste ?

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Canopus
Posté le 19/04/2022
Encore bravo, un super chapitre ^^

J'aime beaucoup qu'on en sache un peu plus sur Soö et sur son passé. D'autant plus qu'il est intéressant. Aussi, sa façon de pensé et sa haine envers son père deviennent compréhensible grâce à son passé. D'ailleurs dans celui si, je trouve qu'on n'arrive pas bien à distinguer lequel est le grand frère, le quel est le petit; C'est un peu vague ^^'

Enfin, j'y pensais, tu avais fait une partie à la deuxième personne mais tu ne l'as pas refais. C'est parce que tu n'y a pas pensé ou tu as abandonner l'idée?
Taranee
Posté le 19/04/2022
Soö est l'un des personnages qui m'intéressent le plus dans l'histoire mais c'est aussi un personnage complexe et je dois toujours faire attention et surveiller ce que j'écris quand je fais un chapitre à propos de lui. Tu trouves que le grand est difficile à distinguer du petit ? Je vais voir ce qui ne va pas et comment je peux rendre ça plus clair. En attendant, même si tu as peut-être fini par le comprendre, je te précise que Soö est le petit frère. Je ne sais pas si c'est très important dans l'histoire, du point de vue d'un lecteur, car l'essentiel est qu'ils soient frère, peu importe qui est le petit et qui est le grand. Mais j'imagine que c'est toujours mieux de savoir les différencier ! ^^*

Pour la partie à la deuxième personne, je n'arrive pas à savoir de quoi tu parles... Est-ce qu'elle est dans ce chapitre ? Si c'est dans ce chapitre, ce doit être la partie en italique où Soö dit "ce sera à moi de te protéger [...]". Et, dans ce cas-là, je ne l'ai pas refait tout simplement car je n'ai pas redonné au lecteur l'accès direct aux pensées de Soö.

A bientôt !
Canopus
Posté le 20/04/2022
Effectivement, il a l'air compliquer à écrire XD Bonne chance en tout cas pou la suite, je suis sur que tu feras du bon boulot^^ (et merci pour l’éclairage, j'avais pas vraiment compris ^^')

Pour la deuxième personne... Je me suis peut-être trompé de livre, oups! Pardon! Elle était dans le premier ou deuxième chapitre mais c'est pas grave, désolé de t'avoir déranger avec ça!
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