Martial était revenu de son voyage en 1988 avec quelques fortes émotions mais globalement il se sentait plutôt bien et confiant dans la suite à donner à cet épisode.
Il avait caché au professeur le but de son dernier aller retour. A son réveil il avait raconté une fois de plus une rencontre avec l’inconnue rajoutant quelques détails plus sensuels pour donner plus de crédibilité à son discours.
Le professeur n’avait rien demandé de plus, lui aussi satisfait que son patient absorbe aussi facilement les médicaments dans leurs version plus concentrée.
Martial quant à lui était plutôt enjoué et satisfait de son épopée, comme s’il avait réussit son coup mais en cachant bien son jeu.
Rentré chez lui, il se précipita sur son portable pour appeler son ami.
« Salut Martial, comment te sens tu ? » avait questionné son interlocuteur.
Au ton de sa voix, Martial comprit qu’il ne lui tenait pas rigueur de leur dernière rencontre plutôt houleuse au sujet du contrat perdu.
« Tout va pour le mieux Damien, je dois te raconter quelque chose qui va te faire halluciner »
Damien sentit le pire arriver. Il n’osa pas poser de question et attendit que la nouvelle tombe »
«J’ai tenté une nouvelle expérience dans le passé avec le professeur Pingh »
« Ecoute Martial, je t’avais dit d’abandonner ces expériences. Je me suis renseigné sur ce Pingh et ce qu’il fait n’est pas très…réglo. Tu peux vérifier par toi-même sur internet »
« Je me moque de ce que tu as pu lire sur lui, je sais ce que je vis grâce à lui. Je revis le passé et je crois même que je suis capable de le changer »
Damien haussa subitement le ton, il ne su dire si c’était la colère ou l’anxiété qui prenait le dessus :
« Martial, reprends toi, tu vois bien que tu dis des conneries. Retourner dans le passé, cela n’existe pas. Ouvre les yeux bon sang, ce type te drogue »
« Non, non, c’est toi qui ne veux pas comprendre, il a trouvé la bonne molécule qui te fait voyager dans le temps et je veux aller jusqu’au bout »
« Martial, ça veut dire quoi aller jusqu’au bout »
« Je ne sais pas encore mais je crois en ce qu’il développe »
« Ecoute bien, ce gars n’en est pas à sa première expérience, c’est ce qu’il t’a fait croire. En réalité, il parcourt le monde à la recherche de cobayes comme toi et certains restent sur le carreaux »
« Tu veux dire quoi par RESTENT SUR LE CARREAUX »
« Les personnes ne reviennent pas et ton professeur se tire sans laisser d’adresse»
« Mais bien sûr, ceux dont tu parles ont choisi de faire un aller simple et de ne pas revenir dans le présent ; ils n’ont pas disparus, ne sont pas morts mais revivent leur passé. Je suis sûr de ce que je te dis. Et en plus ils peuvent changer leur passé. »
« Martial, tu débloques complètement. Est-ce que tu t’entends parler ?»
« Je ne débloque pas Damien, et je vais te le prouver tout de suite. Je suis allé dans le passé et j’ai évité l’accident du 16 avril 1988 qui m’a plongé trois mois dans le coma »
Martial faisait les cents pas dans l’appartement, de la cuisine à la chambre puis au salon. Au moment même où il prononçait ses derniers mots, il passa devant le miroir du salon.
Le téléphone dans sa main droite, il découvrit le haut de son sweat de sa main gauche et constata la présence de la cicatrice au ras de son cou. Il réalisa qu’il avait effacé l’accident de son passé mais qu’il en gardait les traces indélébiles.
Comment était ce possible ?
« Désolé de t’avoir dérangé Damien, excuse moi, je suis un peu sur les nerfs à cause du business, oublie ce que je viens de te dire »
Sans attendre la réponse de son ami, il raccrocha brutalement.
Il dégagea à nouveau la base de son cou et passa délicatement ses doigts sur la cicatrice qui semblait bien réelle.