Chapitre 5

Notes de l’auteur : Ceci est le dernier chapitre de la seconde partie ! Le début de la troisième sera publié dans l'après-midi. N'hésitez pas à me donner votre avis, et merci à vous si vous avez lu jusque là malgré mon rythme de publication saccadé et mon jeune âge !

Sinéad Callaghan était une jeune femme de vingt-sept ans qui avait terminé il y a peu ses études en magistrature. Elle était née un vingt août dans les beaux quartiers de Cork, en Irlande, ou plutôt en Eire, comme elle appelait ce beau pays abîmé par les touristes, soigné par la nature, purifié par la pluie. Elle était trilingue : gaélique, anglais, et français, sans compter ses quelques rudiments en allemand. Ses parents et elle avaient emménagé en France alors que la petite fille avait encore sept ans, et son chemin et celui de Martine Darais s’étaient croisés le lendemain même de l’arrivée de Sinéad.

 

Personne ne savait vraiment ce qu’il s’était passé entre ces deux dernières durant leur enfance, et même aujourd’hui encore. Jamais l’une ne parlait de l’autre ; on ne savait guère ce que la première pensait de la seconde. D’ailleurs, les gens n’avaient pas besoin de ça : la plupart pensaient qu’elles étaient sœurs de cœur. Et encore ! Quant ils ne croyaient pas qu’elles étaient sœurs tout court. Car elles ne parlaient pas souvent d’elles-mêmes et de leurs propres vies non plus. Pour tous, ces deux personnages restaient mystérieux et inconnus, parfois même pour les membres de leur famille.

 

Sinéad possédait un regard sans expression, inquisiteur, seulement inquisiteur ; polie et courtoise sans jamais être souriante, elle avait été considérée comme « mûre » à peine ses dix ans passés. Elle avait des cheveux roux et des tâches de rousseur constellaient son visage fin et lisse. A l’extrême contraire de son amie Martine, elle portait des robes et des jupes, presque pas de pantalons, souvent de la couleur, des motifs obtenus par symétrie centrale, axiale, par translation… selon l’humeur ! La translation pour les jours sobres et neutres, sans plus d’importance que les autres ; symétriques lorsque la journée promettait d’être fatigante ; centrale pour les grandes occasions. Jamais elle ne mélangeait ces trois notions mathématiques en un seul et unique vêtement ! « Trois notions ne se mélangent surtout pas : c’est moche, c’est inutile, bref, c’est défendu. », disait-elle.

Cependant, elle savait aussi se fondre dans la masse de gens normaux avec des vêtements unis et plus neutres.

 

Sinéad était une érudite, une excellente élève qui aimait aussi à rendre la justice et à punir les fautifs et les tyrans, quels qu’ils soient. A dix ans, elle avait dénoncé huit élèves ayant une quinzaine d’années alors qu’ils harcelaient depuis plusieurs semaines un groupe de trois enfants ayant la douzaine. Elle n’avait besoin de personne et beaucoup avaient besoin d’elle. C’était l’un des seuls points communs partagés avec Martine. Et cela se faisait toujours ressentir à l’âge adulte.

 

Ses signes distinctifs ? Lunettes, cheveux roux et tâches de rousseur.

 

Elle apparaissait comme une personne mûre, calme, polie, courtoise, délicate, silencieuse, sérieuse, muette, perfectionniste. « La perfection n’existe pas encore. Pourtant, je veux l’atteindre ». Voilà ce qu’elle disait souvent.

 

*

 

Martine prit une décision au milieu de la nuit. Elle appellerait Sinéad le lendemain même, puis elle retournerait au commissariat et elle bouclerait cette affaire en une semaine.

Ce serait une semaine très courte, mais lorsqu’elle serait terminée, Martine serait déjà loin, à prendre un café ou un chocolat chaud au centre-ville de Paris avec Sinéad.

 

Et elles discuteraient de tout ça, ensemble, loin d’ici et de tous ces fichus problèmes de boulot particulièrement déprimants…

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