Chapitre 44 : Quand la terre sourit

Par Kieren

Le soleil était entrain de couler sur l'horizon, il débordait encore un peu sur les nuages qui se transformaient peu à peu en barbe à papa.

Cela faisait 4 heures que la Gamine était partie. En fait elle n'était pas très loin, elle faisait des allers retours vers nous depuis quelques temps. Elle se cachait bien, mais mes yeux de chasseurs me sont toujours utiles, ils ne faiblissent pas pour ce genre de chose.

Je faisais comme si de rien n'était. Le petit m'aida à faire un feu, puis je lui indiquai de me suivre derrière les ruines de la maison.

« Tu as bien compris que ces fourmis sont dangereuses Gamin ? » Il acquiesça. « Alors tu te demandes comment nous allons nous débrouiller pour cueillir ces fleurs ? Ces bestioles nous colleraient après si on escaladait cet arbre. Comment tu ferais, toi ? »

Il me regarda pendant quelques secondes en se grattant la tête, puis il frappa ses deux mains l'une contre l'autre et commença à sauter à pied joint.

« Tu veux toutes les écraser ? » Il acquiesça vivement. « Il y en a trop Gamin, et elles font très mal. Elles finiront par t'engloutir. Non ... La première chose à faire c'est de les neutraliser mais en restant à distance. J'ai déjà essayé la fumée, pas terrible. Essaye encore, qu'est ce que tu ferais ? »

Il pointa son doigt vers le feu de camp.

« Tu veux carrément foutre le feu à l'arbre ? Ah...là c'est sûr qu'il n'y aura plus de problème de fourmis, il n'y aura même plus d'arbre, et plus de fleur. Autre chose ? »

Il porta sa main à sa bouche et l'étendit vers moi. « Je ne comprends pas. » Il commença à bouger ses lèvres et à remuer les bras en l'air. « Toujours pas... » Il pointa son doigt vers l'arbre, puis vers moi et recommença à articuler dans le vide. « Désolé petit, je n'y arrive pas. »

Il baissa les bras et soupira un grand coup. « T'inquiète pas, on finira par se comprendre. En attendant on demandera à ta sœur de nous aider... D'ailleurs, je me demande, tu as un sœur, mais où sont vos parents ? A tous les deux ? »

J'avais peur de le voir fondre en larme, ma question manquant de tact, après tout je ne suis pas bien connu pour ma douceur, mais il me regarda d'un air interrogateur, et il haussa les épaules.

« Tu veux dire que tu ne sais pas ? » Il hocha la tête. « Et ta sœur, elle sait ? » Il sourit et continua d'acquiescer. Décidément je ne comprenais pas. Je ne pouvais pas lui demander s'ils étaient encore vivants quant même. Est-ce que la Gamine le tenait dans l'ignorance ? Elle m'avait dit que je serai leur gardien, ça voudrait-il dire qu'ils avaient perdu les leurs ou qu'ils avaient fugués ?... Je n'aurais rien su du Gamin, et la fille n'était pas enclin à la conversation. Et puis...

« Gamin, pourquoi ta sœur a réagit comme ça tout à l'heure ? Je lui ai dit ''Moi aussi je t'aime bien'' et elle a paniqué, pourquoi ? »

Il me regarda dans les yeux et sourit à pleine dents. Il prit un bâton et commença à dessiner dans la terre : il fit un bonhomme avec une barbe, un chien et il me pointa du doigt. « Donc ça, c'est moi et ma chienne ? » il fit ''oui'' de la tête. Il dessina après un petit bonhomme et il se pointa du doigt, et un autre avec des cheveux longs. « Et ça c'est toi et ta sœur ? » il acquiesça de nouveau. Puis il dessina des maisons, avec d'autres bonhommes et il entoura tous ces bonhommes avec moi et ma chienne.

Il me regarda, mais je ne comprais pas. Il fit un deuxième cercle mais cette fois, autour de lui et de sa sœur. Et il continua d'entourer, encore, encore et encore. Jusqu'à ce qu'un ravin les sépare de tout. Il me regarda à nouveau et je compris. Alors il fit une flèche qui partait de moi vers sa sœur. Il y avait un cœur au dessus. Et il dessina un sourire sur son personnage, ainsi que sur celui de sa sœur.

Il souriait fort, et puisque je m'étais accroupi pour comprendre ses dessins, il me caressa les cheveux. Je lui rendis la pareille, sans quitter des yeux le sourire des deux gamins dans la terre.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez