Chapitre 44 : Hans (partie 2)

Par Zoju
Notes de l’auteur : Désolée pour le long silence. Après réflexion, j'ai décidé de rajouter une petite partie pour le chapitre 44. Autre élément, Yüna a changé de nom et s'appelle désormais Aiko. J'espère que la suite ne mettra pas autant de temps à arriver, mais j'espère que cette petite vous plaira. Bonne lecture ! ;-)

Comme convenu un peu plus tôt, Louis nous retrouve dans la salle qui sert de cantine à leur heure du repas du soir. Si une certaine peine se reflète dans ses yeux, je le trouve beaucoup plus serein qu’à notre arrivée. Après avoir incité son fils à rejoindre ses camarades, il s’installe en face de moi aux côtés de Laurine. Sans se faire prier, il s’empare d’un quignon de pain que lui propose la jeune femme.

- Un peu de soupe ? lui demande Aïko à ma droite.

Il acquiesce et lui tend son bol en la remerciant. La rebelle s’empresse de s’exécuter et l’instant d’après mon ami se délecte de son repas.

- Un délice, Aïko, la complimente Louis en savourant le breuvage orangé. Marjolaine serait fière de toi.

Les joues de la concernée rougissent de plaisir tandis qu’un léger rire lui traverse les lèvres. Ne souhaitant pas me mettre à l’écart, mon coéquipier m’informe :

- C’est mon épouse qui avait la charge des cuisines et Aïko était son apprentie.

- Au départ, j’étais un danger ambulant. Incapable de faire la moindre recette sans bruler un plat ou casser une assiette, complète ma voisine hilare.

Je porte mon attention sur Aïko, plus petite qu’Elena dont le chignon haut lui fait gagner quelques centimètres. Particulièrement enthousiaste et volontaire, la jeune femme dégage une énergie qui m’a tout de suite plu.

- Vraiment ? m’exclamé-je sur le même ton, le sourire aux lèvres.

Ses yeux bridés se plissent de malice.

- On ne dirait pas, hein ?

Je n'ai pas l'occasion de répliquer quoi que ce soit qu’elle me resserre également une bonne rasade de son velouté de carotte. Je récupère le pain qui me reste et le trempe allégrement dans le breuvage. Même si ce n’est qu’une soupe, ça fait longtemps que je n’avais pas pris autant de plaisir à manger. Je crois tout de même que l’ambiance chaleureuse du lieu en est pour quelque chose. J’ignore ce que les gens d’ici savent sur moi, mais contrairement au camp principal, à aucun moment on m’a renvoyé mon statut d’ancien soldat à la figure. Rire, parler, être moi-même tout simple, voilà ce qui me manquait le plus. Je n’ai plus qu’à espérer que cette situation est faite pour durer. Sinon, je crains déjà pour ma santé mentale si je dois à nouveau subir la haine dans chaque regard. D’une pensée, j’éloigne ces angoisses. Pour l’instant, ce n’est pas le cas, alors autant en profiter avant qu’un changement n’arrive trop vite. La discussion dérive ensuite sur les dernières nouvelles du camp principal et secondaire. Tandis que Laurine assure que tout se passe pour le mieux, Louis les informe rapidement sur le raid qui a été mené il y a quelques jours. L’enthousiasme qui avait envahi la tablée s’estompe quelque peu. Chacun digérant à sa manière notre échec, nous terminons notre repas. Une fois mon assiette vide, je m’apprête à me lever pour débarrasser et aider à la vaisselle qu’Aiko s’empresse de me la chiper des mains.

- Laisse, Hans. Toi aussi, Louis, nous assure-t-elle. Le trajet a dû vous fatiguer.

Je me prépare à riposter, mais il me suffit de voir son expression entendue pour comprendre que je n’aurais pas gain de cause. Son regard se détourne vivement de moi pour se porter sur quelqu’un derrière moi.

- Laurine, un pas de plus et je te cloue à ton lit. Pose ces fourchettes !

Un grognement suivi d’un bruit métallique s'élèvent. À l’évidence, au son plus que réprobateur émit, Laurine doit maudire la terre entière. Je ne peux m’empêcher d’esquisser un sourire. Je rejoins Louis qui s’étire.

- Je ne vais pas tarder à me coucher, m’informe-t-il. Et toi ?

Maintenant qu’il le dit, je sens la fatigue qui s’accumule dans mes jambes. Il a beau ne pas être encore trop tard, mes dernières nuits blanches et notre route d’aujourd’hui n’aident en rien.

- Pareil.

Remarquant que son père s’est levé, Max accourt vers lui et se cramponne à son pantalon. Tout en passant la main dans les cheveux de son fils, Louis me demande :

- Au fait, tu as déjà vu Gleb ?

- En coup de vent. Surcharge de travail. Demain, il s’occupe de moi.

- Tant mieux.

Nous nous mettons en marche et après un dernier salut à Laurine et aux membres du camp, nous quittons la cantine. Nous arrivons rapidement à la chambre de Louis. Max s’empresse d’investir la pièce. Mon coéquipier pour sa part reste sur le pas de la porte. Tout en continuant à fixer l’intérieur du lieu, il déclare à la suite d’un court silence.

- Tu sais, Hans. Je regrette que ça se soit passé de cette manière avec Tim, mais pour tout t’avouer je suis content que Gleb te prenne en charge.

- Je vais bien pourtant, lui assuré-je.

Il tourne enfin vers moi et je remarque à son expression qu’il n’est pas dupe.

- Tout à l’heure, je suis allé me recueillir sur la tombe de mon épouse, m’informe-t-il. Je n’ai aucune envie de faire pareil avec toi. J’ai appris à t’apprécier et à te connaitre, Hans. Tu es quelqu’un qui passe son temps à se préoccuper des autres plutôt que de lui-même. Tâche de prendre un peu plus soin de toi.

Je fourre mes poings dans les poches arrière de mon pantalon en tentant de cacher les émotions qui ont émergé en moi en entendant mon ami.  

- J’ai l’air si malade que ça ? demandé-je en esquissant un sourire sans joie.

- Inutile de préciser.

Je soupire.

- Tu as vraiment le chic pour toujours tout ramener à la réalité.

- Désolé, Hans. C’est juste que j’en ai assez de te voir dépérir à petit feu.

Je m’adosse au mur. « Et moi, pensé-je, tu crois que je n’aie pas envie que ça change. » Une profonde lassitude m'envahit. Malheureusement, je n’ai pas encore le droit d’être en paix.   

- À ton tour de me faire une promesse, Louis, dis-je en ignorant sa dernière remarque.

- Tout ce que tu veux.

- Je te promets que je me reposerai. Je ne bougerai pas d’ici avant que l’on me l’ait ordonné, mais à une unique condition : Si tu as la moindre nouvelle d’Elena ou de mon frère, bonne, mauvaise, peu importe, tu reviens m’en informer aussitôt.

Je me redresse et plante mon regard dans celui du rebelle.

- Jure-le-moi, Louis. C’est le seul souhait que je m’accorde.

Sa réponse ne se fait pas attendre.

- Tu as ma parole, Hans.

Sa voix est calme et posée. Je n’ai pas besoin d’insister que je sais qu’il le fera. Je m’autorise un maigre soulagement.

- Merci.

Une bourrade amicale et nous nous quittons pour de bon.

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Sklaërenn
Posté le 29/12/2021
Coucou !

"Une acquisition et il lui tend son bol en la remerciant." Acquisition ne colle pas puisque ça va avec acquérir et non acquiescer.
Suggestion : Il acquiesce et lui tend son bol en la remerciant.

" J’ai plus qu’à espérer que cette situation est faite pour durer. " J'ai tiquer dessus, je te propose (mais c'est toi qui voit si tu l'utilise ou non ;) ) : Je n'ai plus qu'à espérer que cette situation soit faite pour durer.

Bon, reste plus qu'à espérer que Louis tienne sa promesse et que Hans puisse être un peu plus tranquille ici pour pouvoir vraiment se reposer.
Zoju
Posté le 29/12/2021
Salut ! Merci pour tes remarques ! En effet, tu as raison. Petites fautes d'inattention de ma part, je vais changer ça. Du repos, Hans en a vraiment besoin, mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Je te laisse découvrir la suite en espérant qu'elle arrive bientôt ;-)
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