Chapitre 4 : Espoirs et Combats

Notes de l’auteur : N'hésitez pas à laisser des commentaires. En espérant que cela vous plaise.

  Elle sentait la douce brise du matin sur son visage tandis que la capitale s’éveillait sous les rayons timides du soleil. Les rues commençaient à s’animer et les volets de bois laissaient filtrer la lumière dans les chaumières. Les magasins ouvraient leur vitrine tandis que les oiseaux gazouillaient sous la rosée, mais Laria n’avait pas le temps de s’attarder. Elle devait se rendre rapidement au château perché sur la colline au loin. Il surplombait la cité encore endormie. Il était le centre du pouvoir du nouveau régime en place. C’était sa nouvelle maison et là où vivait celui qu’elle rêvait depuis si longtemps de tuer. Elle allait y construire sa nouvelle vie mais pour cela elle devait être prise dans les dix premiers de sa promotion. Elle avait toujours entendu qu’il fallait garder ses amis proches mais ses ennemis plus encore, et Laria avait bien l’intention d’appliquer ce conseil. Elle devait se rapprocher de ce tyran et enfoncer son épée dans son cœur tout comme il avait brisé le sien. Elle sentait son sang bouillonné dans ses veines tandis qu’elle se rapprochait du château. Les concurrents d’hier étaient déjà arrivés et elle s’approcha des jeunes  hommes qui se toisaient chacun d’un regard mauvais. A partir de maintenant ils étaient ennemis. Ils voulaient  faire partie de l’élite mais seuls quelques élus y arriveraient. C’est alors qu’un bruit métallique assourdissant se fit entendre. Les grilles se levaient enfin dans un grincement sinistre. Un nouveau monde lui tendait les bras. Le chef de la garde impériale attendait derrière, l’air rigide. Son visage laissait entrevoir un rictus.

- Approcher, clama-t-il. La seconde et dernière épreuve va commencer. Vous serez chacun votre tour appelé pour des combats en face à face. Nous vous évaluerons après vous avoir observé contre trois adversaires. Vous serez répartis en fonction de la notation mis par les évaluateurs et moi-même, qui sera tenue secrète jusqu’à l’annonce des résultats. Vous devrez chacun vous munir d'une arme mise à votre disposition et attendre bien sagement sur les bancs en bois jusqu'à l'évocation de votre nom.

  L’homme marqua une pause avant de prendre une profonde inspiration et de dire :

- Vous pouvez y aller !

  Une foule de jeunes hommes entra alors d'un pas pressé à l'intérieur du château. Laria sentit quelques coups de coude tandis qu'elle était emportée par le courant. Elle rentrait enfin dans le château de Lacrima. Elle pouvait voir le palais royal de l'intérieur. Il y avait un grand jardin et en son centre se trouvait un cercle dallé de pierres grises où des épées, des boucliers et des dagues étaient entreposés sur les côtés.  Des bancs de chêne entouraient le cercle de combat. Laria s'approcha, accompagnée de ses concurrents, et elle choisit une épée légère ainsi qu'une dague qu'elle cacha dans sa manche. Elle avait peur cette fois, peur que ses pouvoirs s'emballent, peur de ne pas réussir. Elle avait été formée comme un assassin mais la plupart étaient des nobles formés pour être chevalier. Elle ne savait pas ce qui l’attendait mais elle s'accrocherait. C'est alors que le chef de la garde s'approcha accompagné de deux autres examinateurs.

- Allez-vous asseoir, déclara-t-il de sa voix rauque.

  Les jeunes aspirants chevaliers allèrent s’installer sans bruit sur les bancs. Il commença alors à dérouler la liste des noms et les ordres de passages. Laria sentait ses oreilles bourdonnées et la peur lui nouer le ventre. Ils appelèrent des participants mais elle n’y prêta pas attention. Elle regardait du coin de l'œil le combat tandis qu'elle révisait dans sa tête les feintes à utiliser. Elle se rappelait qu'elle n'avait pas l'avantage de la force. Après tout, elle était une fille qui  allait se mesurer à de futurs soldats. Une flamme brûlait au fond de ses yeux. Celle de la vengeance, celle de surpasser ce simple statut qui la réduisait à un objet, une ménagère, une chose à protéger. Elle avait  en elle cette détermination inébranlable. Elle savait que même sans être une fée, elle aurait été réduite à un simple statut. Sa mère avait dû être forte sans mari et Laria serait forte dans ce combat.

  C’est alors que son nom retentit dans l'enceinte du château. Son esprit qui vagabondait revint à la réalité. Elle se leva difficilement et s’extirpa du petit groupe agglutiné. Ses pas la conduisirent jusqu'au centre du cercle où un jeune garçon aux cheveux noirs de jais et aux yeux bleu saphir l’attendait. Il portait le blason du Duc de l’Ombre. Il avait contribué à la rébellion qui avait renversé l'ancien empire, et elle avait devant elle son fils. Il lui suffirait d'un mouvement pour lui trancher la gorge et voir son sang écarlate se répandre sur le sol froid, mais ce n'était pas lui sa cible.  Elle brandit son épée et dans un mouvement vif commença l’offensive. Le jeune duc sortit alors une dague, et entailla le bras de Laria qui se défendit en donnant un grand coup d'épée en direction de son torse. Il esquiva brusquement la lame, mais Laria lança sa dague sur lui. Le coutelet fendit l’air avant de se planter dans les côtes de son adversaire évitant de justesse le cœur. Il empoigna alors la lame, et dans un hurlement l'arracha. Le sang continuait de couler, mais il prit son épée, et dans un accès de rage fondit sur Laria. Il entailla le bras de la jeune fille qui l’évita rapidement. Elle brandit alors son épée en direction de la gorge du garçon, sa lame teintée de rouge sur ses artères laissait transparaitre un léger filet de sang encore chaud. Il s'effondra, tandis que le médecin royal accouru accompagné de ses assistants. Les évaluateurs regardaient la scène d'un œil morne . Le chef de la garde annonça la fin du combat et Laria alla s'asseoir sur un banc à côté des autres apprentis chevaliers.

  On annonça d'autres participants et les duels continuèrent sous le regard absent de la sang-mêlé.  Chacun se battaient de toutes ses forces pour intégrer une bonne classe et dans la bataille certains se retrouvaient mortellement blessés. Les dalles grises avaient pris la couleur du sang, et une odeur âcre se diffusait dans la brise froide du matin. 

  Laria fut rapidement rappeler pour un deuxième combat. Le garçon en face d'elle tenait maladroitement son épée et sa posture rigide l'empêchait d’esquiver les attaques rapides. Elle fit virevolter une dague entre ses mains habilles, et le pris par derrière. La lame froide de l'assassin sur son coup fit s’évanouir le noble dans les bras de l'adolescente. On entendit les évaluateurs chuchoter avant qu'un majordome ne viennent récupérer son maître. Son duel avait peut-être été facile, mais ça ne serait peut-être pas le cas la prochaine fois. On entendit des murmures dans le public et le chef de la garde dit alors :

- En raison de ce bref combat Lorens Carter affrontera un autre adversaire. J'appelle Conrad à venir combattre.

  C'est alors qu'un garçon aux cheveux auburn, et aux yeux tels des améthystes s'approcha d'elle. Ses pas soulevaient la poussière tandis qu'il se plaça en face de la jeune femme. Laria sentait bouillonner en elle la rage de vaincre. Elle voulait réussir, elle devait réussir. Le regard déterminé, elle empoigna le manche de son épée avant de se rapprocher doucement de son adversaire. Les armes s'entrechoquèrent dans un grand fracas. Les deux combattants se toisaient du regard, tandis que leurs lames se bloquaient mutuellement. Laria sortit alors sa dague qu’elle lança dans un léger mouvement de poignet sur son adversaire, qui l’évita de justesse. Elle se baissa rapidement, et fit une balayette qui déstabilisa le combattant avant de pointer son épée vers sa trachée. Elle sentait perler sur son front une goutte de sueur tandis que sa respiration saccadée résonnait dans ses oreilles. Elle entendait les battements de son cœur. Le jeune homme lâcha son épée en signe de défaite. L'odeur de la sueur imprégnait ses habits. Ses muscles se décontractèrent et sans un bruit elle relâcha sa poigne sur le manche de son épée. L'esprit encore embrumé par la fureur du combat, elle alla  se rassoir. Son visage au teint diaphane était maintenant rougi par la bataille. Les gens s’écartèrent pour lui laisser une place pendant que deux autres participants furent appelés. L'esprit de Laria vagabondait entre l'euphorie de sa victoire et l'appréhension. Elle avait franchi un cap dans sa vengeance, et peut-être que bientôt le sang de l'empereur laverait celui qu’il a répandu sur le Royaume. Ses cauchemars se terminerait peut-être. Elle se rappelait sans cesse sa mère la protégeant des soldats et son corps froid gisant sur le sol. Les yeux vides de celle qu'elle avait aimé hantaient encore ses nuits. Un frisson la parcourut tandis que les combats s’enchaînaient tour à tour. Le soleil brillait déjà haut dans le ciel quand les examinateurs annoncèrent la fin. Le chef de la garde clama alors :

- Les résultats des combats vous seront communiqués demain et vous serez directement accueilli par votre professeur principal. Merci de bien vouloir vous conformer au choix des évaluateurs. Aucune plainte ne sera retenue. Bonne journée et à demain pour votre premier jour de cours.

  Les apprentis se levèrent alors des bancs pour se diriger en toute hâte vers la sortie. La faim avait fini par tirailler le ventre des jeunes gens et leurs jambes les conduisirent instinctivement dehors, où certains proches et domestiques les attendaient. C'est alors qu'elle sentit une main se poser sur son épaule. Elle se retourna dans un mouvement brusque et tomba nez à nez avec Tim qu'elle avait laissé après l'incident de l'amphithéâtre. Le jeune homme la regardait les yeux remplis de colère et de soulagement. Ses mains serrées fermement autour des poignets de Laria trahissait sa joie de la revoir. Elle le sentait trembler tandis qu'il demanda:

- Ça va ?

  La jeune fille était abasourdie. Elle s'attendait à un déferlement de questions mais il lui lançait cette simple phrase sans demander plus d'explications. Il lui prit alors la main et la mena à l'écart du petit groupe qui s'était formé devant les grilles du château. Tim la regardait hésitant à poser les questions qui lui brûlaient les lèvres. Son être lui semblait en feu, tandis qu'il se contenait. Moins il en savait mieux ce serait car la Ligue de Révolution dirigée par son père ne devait pas avoir vent de cet incident. Ils étaient déjà réticents à envoyer une orpheline et qui plus est une fille au cœur du château, s'ils savaient ce qu'il s'était passé Laria ne pourrait même pas espérer rester. Les sages du Conseil auront vent des rumeurs mais il fallait laisser à son ami sa chance. Il se rappelait les entraînements intensifs qu'elle endurait et les larmes de sang qu'elle versait lorsqu'on parlait de sa famille. C'était la seule chose qui la maintenait en vie et il en avait conscience.

- On rentre à la maison, dit-il en lui tendant la main.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez