Chapitre 4 : Aleksander

Par Makara
Notes de l’auteur : Bonjour à tous ! Merci pour vos lectures ou relectures attentives <3
Un nouveau chapitre qui met en place les enjeux du roman ;)
Je n'en suis pas encore satisfaite. Dites moi si vous repérez des moments non fluides.

Le portail les mena vers un temple. Ils débouchèrent au niveau du pronaos, vaste dédale de colonnes corinthiennes. Rhéane ne sentait plus son corps. Elle avait l’impression de flotter dans ses vêtements, de n’être composée que de coton ou de feutrine. Plus aucune douleur ne traversait ses membres ni son esprit. 

Elle était vide. 

L’homme la guida vers le naos puis l’aida à s’asseoir sur le dallage froid. Il examina ensuite ses pupilles et vérifia qu’elle n’avait aucune blessure. Rhéane se laissa faire. Elle avait l’impression d’être un pantin. 

— Mes frères, murmura-t-elle. 

À peine avait-elle articulé ces mots que le sol se mit à tourner. L’homme la rattrapa de justesse et l’aida à se redresser. Après avoir repris son souffle, elle tenta d’articuler un mot, mais le brouillard de son esprit l’assomma.

— Tu as besoin de te reposer. Nous parlerons plus tard.

Les paupières de Rhéane se fermèrent malgré elle. Elle s’endormit en boule en quelques minutes, d’un sommeil profond rempli de cris et d’horreurs. 

 

* *

 

Lorsque Rhéane ouvrit les yeux, la nuit était tombée. Dans le temple, celui qui l’avait achetée allumait des torches : elles diffusaient des halos obscurs et des ombres fauves contre les murs. La jeune femme se redressa ; sa nuque la tiraillait, son corps était sensible, douloureux et pesant. Elle se sentait fiévreuse. La froideur des dalles piquait sa peau. Un frisson la traversa.

— Comment te sens-tu ? 

Son acheteur s’était rapproché et se tenait à bonne distance d’elle comme pour ne pas l’effrayer. Les lumières des torches faisaient danser les tatouages d’oiseaux sur sa peau : d’immenses aigles, mais aussi des cygnes, des alouettes et des goélands.

— Mal.

— Le contraire aurait été étonnant. 

Rhéane lui jeta un regard noir. Tout était de la faute de cet homme. Il lui tendit un morceau de pain qu’elle refusa. Elle n’accepterait rien de lui.

— Je vous hais.

— Je comprends. 

Ses yeux étaient d’un noir profond et doux. Rhéane ne retrouvait pas l’éclat sévère qu’elle discernait dans ceux de sa mère, ou la condescendance habituelle des Aînés. C’était anormal. A quoi jouait-il ? Elle resserra ses jambes contre sa poitrine. Il essayait certainement de la leurrer, de lui faire croire qu’il la traiterait bien : elle connaissait les stratagèmes des adultes pour amadouer les jeunes. 

Elle passa ses doigts sur le cercle noir à son poignet. Jusqu’à présent, elle n’en avait jamais eu. Les enfants naturels, s’ils étaient gardés par leurs parents, n’étaient pas marqués. Qu’arriverait-il si elle essayait de s’échapper ? Son acheteur la forcerait-il à demeurer avec lui ? Cette liaison magique lui enverrait-elle une douleur insupportable ? Durant tous ses voyages, elle n’avait rencontré qu’un seul mineur qui avait réussi à s’émanciper de sa maîtresse. Il gardait des séquelles handicapantes de sa fuite. Un jour sur deux il était secoué de crises de convulsion. Devait-elle prendre le risque de finir comme lui ? 

Dire qu’elle était seule à présent. Ses parents l’avaient abandonnée. 

Cette phrase se répéta en boucle dans son esprit. Elle n’y croyait pas. Non, cette infortune n’avait pas pu la toucher. Que ses parents vendent Hippolyte ou Thamyclès, elle l’aurait compris. Après tout, ni l’un ni l’autre n’étaient de bons acteurs. Mais elle ? 

Comment allaient-ils faire pour jouer certaines tragédies qui nécessitaient de vraies compétences théâtrales ? Ses parents ne pourraient pas endosser tous les rôles…

Non, elle ne comprenait pas. Elle avait veillé toute sa vie à agir exactement comme ils le souhaitaient, elle avait suivi chaque ordre, chaque directive pour être sûre que ce sort ne soit jamais le sien. 

Et voilà que, malgré ses efforts, on l’avait vendue ? Elle se sentit terriblement idiote d’avoir cru que ce type d’événement ne s’appliquait qu’aux autres. Ses pensées revinrent à Thamyclès. Sans elle, il était sans repères. Sans lui, elle était perdue. Elle l’imagina travailler seul ses répliques ; personne n’allait inventer des jeux de mots pour l’aider à se rappeler du texte, personne n’allait le rassurer comme elle pouvait le faire. 

Les larmes lui montèrent aux yeux. 

Son nouveau maître lui tendit un tissu qu’elle refusa et elle essuya ses larmes avec sa manche. 

— Ne m’approchez pas ! 

Son acheteur hocha la tête.

Ils demeurèrent de longues heures face à face. Il passait son temps à lire et à grignoter. Rhéane demeurait plongée dans ses pensées. Parfois, elle somnolait et se réveillait en sursaut. Elle espérait qu’à son réveil, il soit parti mais il ne quittait jamais le temple et il ne proposait pas d’autre destination. En fin de soirée, son ventre se mit à gargouiller férocement. 

Après quelques minutes de silence, son acheteur lui proposa du pain et du fromage. Rhéane le dévisagea d’un air suspicieux. 

— Ce n’est pas empoisonné, l’informa-t-il en mangeant un bout lui-même. 

Rhéane récupéra les denrées et dévora la nourriture. Elle avait l’impression de ne pas avoir mangé depuis des jours. L’homme lui versa de l’eau dans un bol en terre cuite, et elle en vida son contenu en quelques secondes. 

Alors qu’elle terminait son repas, elle l’observa à la dérobée. Assis en tailleur, le dos droit, légèrement penché vers l’avant, son visage respirait le calme et la sérénité. Il ne paraissait pas être un entrepreneur minier, ni un saltimbanque. 

— As-tu encore faim ? lui demanda son nouveau maître.

Rhéane secoua négativement la tête. 

— Qui êtes-vous ? interrogea-t-elle après un moment de silence.

— Je m’appelle Aleksander. Je suis né à Naucratis, c’est une cité du Sud dans les confins de la Confédération.

Naucratis... Rhéane chercha dans sa mémoire des bribes de connaissances sur cette cité. Une chose était sûre : elle n'y avait jamais mis les pieds. Le nom lui évoquait la chaleur, les dattes et le papyrus. 

— Que faites-vous comme métier ? 

— Je suis marchand de vin et d’épices. 

Rhéane acquiesça. Elle n’y connaissait rien en vin et en épices. Pourquoi l’avoir achetée à une somme si exorbitante alors qu’elle ne lui serait d’aucune utilité ?

— Je suis désolé de t’avoir arrachée à ta famille, reprit l’homme. J’ai été obligé de faire ce que moi-même j’exècre.

Rhéane fronça les sourcils, surprise par l’aveu. Les doigts de la jeune femme se crispèrent contre son vêtement. Ses dents se serrèrent les unes contre les autres comme une rangée d’hoplites, la douleur dans sa poitrine revint la grignoter, son sang bouillonna. Comment osait-il ? À cause de lui, elle quittait tout ce qu’elle connaissait, à cause de lui elle était séparée de ses frères. Elle aurait préféré de l’indifférence ou de la méchanceté plutôt que cet aveu.

— Rien ne vous forçait à m’acheter.

Son ton cinglant l’étonna elle-même. C’était la première fois qu’elle osait parler ainsi à un aîné.

— C’est là que tu te trompes. Je savais que l’occasion ne se représenterait pas. Je t’attendais.

Rhéane froissa sa toge, mal à l’aise. Un mauvais pressentiment naquit dans ses entrailles. Son cerveau commença à imaginer mille raisons à son achat toutes plus glauques les unes que les autres. Elle fixa l’homme intensément, comme si elle pouvait deviner la réponse sur les rides de son visage. 

— Peut-on revenir sur la place ? 

— Nous sommes à plusieurs kilomètres de l’agora, l’informa-t-il.

Il se leva et raviva la flamme de plusieurs torches qui s’éteignaient. Il se déplaçait avec raideur, mais ses gestes étaient précis. 

— Comment sommes-nous arrivés là alors ? s’enquit Rhéane, perplexe.

— Tu as oublié ? 

— Oui, c’est flou. Tout est flou depuis le moment où vous m’avez achetée. 

— Tu ne te souviens pas du tremblement de terre ? insista son maître. 

Quelques images lui revinrent brièvement. Puis d’autres visions s’ajoutèrent : les bâtiments qui s’écroulaient, les habitants qui fuyaient, les pavés qui se brisaient. 

— Comment sommes-nous arrivés là ? répéta-t-elle.

— Nous avons emprunté un portail que j’ai créé. 

L’image d’un arceau de lumière lui revint en tête. Oui, elle s’en souvenait à présent.

— C’est impossible. Les hommes ne peuvent pas utiliser le Nimbe.

— Il y a encore quelques heures, je pensais que les jeunes femmes ne pouvaient pas hériter du Nimbe et pourtant… Te voilà. 

Rhéane le dévisagea sans comprendre.

— Que dites-vous ? 

— Tu as hérité du Nimbe. Comme moi.

Rhéane se renfrogna.  C’était impossible qu’une jeune femme ou un homme reçoive le Nimbe. Tout le monde le savait. Depuis Alcibade, seules les aînées pouvaient être choisies et sélectionnées ; l’Actoria Isandra, première du nom, s’en était assurée. Hériter de la magie avant soixante ans menait automatiquement à la destruction.

— Vous vous trompez et je n’aime pas qu’on me mente.

La jeune femme soutint le regard d’Aleksander. Plus le face-à-face avec son maître perdurait, plus elle s’inquiétait. Qu’allait-elle devenir avec un maître fou à lier ?

Comme s’il lisait dans ses pensées, Aleksander se leva et plaça sa main sur son collier en cuivre. Rhéane suivit avec attention les gestes de son maître. 

L’anneau prit une autre couleur, plus ambrée, et se mit à scintiller. Aleksander ferma les yeux et respira longuement. Petit à petit, un mince filet doré se détacha du collier et flotta dans les airs. Aleksander lui fit signe d’approcher. 

Éberluée, Rhéane obtempéra et se plaça à un mètre de lui. Les mains d’Aleksander s'enroulèrent autour du fil et il modela la matière, sans la toucher, jusqu’à ce qu’elle devienne une bille. Il ajouta une fine chaîne et déposa sa création dans la paume tendue de la jeune femme. 

— Tu me crois maintenant ? 

Rhéane fixa la bille de Nimbe avec des yeux ronds. C’était terriblement léger, encore plus qu’une plume ! 

— Je… Je… balbutia-t-elle.

Le cristal s'illumina dans sa main. 

— Voici une autre preuve que tu possèdes le Nimbe. La pierre scintille.

La jeune femme observa le phénomène. Le doute s'immisça dans son esprit. 

— C’est pour toi. Porte-la autour du cou. Cela devrait t’aider à maîtriser tes émotions.

Rhéane s’exécuta. Le collier ne pesait rien. Elle fit rouler la bille entre ses doigts : le contact était apaisant. 

— Depuis que tu as tenté de sauver l’Enchanteresse, n’as-tu pas ressenti d’étranges phénomènes dans ton corps ? Comme si quelque chose essayait de sortir de toi ?

Rhéane réfléchit. Cela ne pouvait pas être ça. On ne recevait pas le Nimbe ainsi. C’était un concours qui avait lieu sur ordre des sibylles durant lequel elles sélectionnaient la femme la plus vertueuse. On ne recevait pas le Nimbe par hasard. C’était une récompense !

— Tu es difficile à convaincre, observa Aleksander. 

— Je suis une comédienne, je sais qu’on peut facilement leurrer le public avec quelques tours.

Aleksander sourit. 

— Alors, comment expliques-tu le tremblement de terre ? 

 — Ce sont des phénomènes naturels. Je n’ai rien à voir avec ça.

Au moment où elle prononçait la phrase, elle n'en fut plus si sûre. Dans son esprit, les dernières journées prirent la forme d'une grande mosaïque dont les fragments se rejoignaient : sa tentative de secours à l’enchanteresse, le vertige qu’elle avait ressenti à son contact, le premier tremblement de terre avec l’explosion de la cloche, cette douleur dans sa poitrine puis le second séisme lors de sa vente. Tout cela ne pouvait être le fruit d’une coïncidence. Tout cela ne pouvait être le résultat de son imagination.

Elle secoua la tête. Non. Non. C'était impossible ! Elle s'adossa contre une colonne, les doigts couvrant son visage. 

Si elle acceptait cette révélation, elle devait embrasser les conséquences, admettre sa responsabilité. Des images de destruction l’assaillirent. Un frisson d’horreur la parcourut. Combien de personnes avaient été blessées ? Combien de morts dans la cité ? 

Elle se força à prendre des grandes inspirations pour ne pas laisser la panique l’envahir.

— Je ne comprends pas le lien entre le tremblement de terre et le Nimbe, murmura-t-elle en dégageant ses mains de ses yeux.

Aleksander se tenait toujours devant elle, attentif à ses réactions.

— Le Nimbe est lié à chacune de tes émotions. Le désespoir mène à la destruction. D’autres émotions mènent à la guérison ou à la transformation d’objets. 

La jeune femme déglutit. Elle entendait son cœur battre sourdement à ses oreilles. Le désespoir mène à la destruction. Cela coïncidait. La bille de Nimbe autour de son cou se mit à briller d’un éclat lunaire, écho de son chaos intérieur. 

Si elle avait reçu le Nimbe : elle était responsable du tremblement de terre. Rhéane se redressa, leva son visage vers son maître.

— Qu’est-ce que le chaos ? Les habitants le criaient en me voyant.

— C’est le fait de ne pas contrôler son Nimbe. 

— Comment peut-on contrôler le Nimbe ? 

— En se rendant à l’acropole auprès des sibylles.  

— C’est ce que vous avez fait ?

— Non. Je suis une anomalie, comme toi. J’ai appris par moi-même. Ce fut long et terrible. Je ne le préconiserai à personne. Le Nimbe se nourrit de tes souffrances, de tes peines, de tes joies. Une fois que tu le possèdes, tu es relié à la terre, à la matière et toutes tes émotions le sont aussi. 

— Vous comptez me former ?

Une moue désolée s’étendit sur le visage d’Aleksander.

— Non. Je maîtrise mal certaines émotions et j’ai peur que mon apprentissage atypique entraîne plus de dégâts que de bienfaits.

Rhéane fixa l’homme. Aleksander avait l’air de parfaitement se contrôler. Il lui rappelait même son père par moment, calme et serein. Aleksander comprit qu’elle attendait une preuve et il déplaça un pan de son péplos. Le vêtement couvrait un membre fantôme. Aleksander ne possédait plus de bras gauche. 

— C’est le Nimbe qui vous a fait ça ? 

— Oui. J’ai encore des difficultés à gérer ma rage et elle m’a consumée le bras. 

Rhéane déglutit. Une boule se glissa dans sa gorge. 

— Alors qu’est-ce qui m’attend ? demanda-t-elle d’une voix où perçait l’angoisse. Qu’est-ce que je vais faire ? Est-ce que les sibylles accepteront de me former ? 

Aleksander tarda à répondre, ses mains se nouèrent l’une contre l’autre.

— Non. Pas à ton âge. Elles jugeront ça trop dangereux et tu risques d’être éliminée. 

Les yeux de Rhéane s’agrandirent d’horreur. Elle s’emporta. 

— Mais je ne l’ai pas souhaité ! Ce n’est pas de ma faute si j’ai déclenché ce phénomène ! C’est injuste ! 

— Je sais. 

La colère s’immisça dans les veines de Rhéane et elle retrouva sa pelote de désespoir avec une telle facilité que cela la terrifia. Des frissons de douleurs la parcoururent. Le feu de sa poitrine se répandit jusqu’à son crâne, jusqu’à ses doigts et elle eut envie de toucher l’eau, de boire, de condenser son désespoir dans un liquide. 

— Me laisses-tu t’aider ? 

Rhéane acquiesça, sentant que l’émotion grignotait tout l’espace de son esprit, de son corps. Elle avait l’impression d’être submergée. 

Aleksander posa une main sur l’épaule de Rhéane et une vague chaude traversa son être. 

— Calme-toi, prends de grandes inspirations. Concentre toi sur mon pouvoir que tu reçois.

Rhéane se mit à respirer fortement et se concentra sur les flux de chaleur qui la traversaient. 

— Voilà. Très bien. C’est très bien.

Petit à petit, la souffrance se nicha dans sa poitrine et celle-ci devint une contracture gênante. La sensation de soif se dissipa et il ne resta que la frustration.

Un silence s’installa dans le temple alors que l’émotion de Rhéane se calmait.

— Pourquoi m’avoir acheté ? Qu’attendez-vous de moi ?

Aleksander enleva la main de son épaule et se mit à faire les cent pas sur le rebord du temple. Il réfléchissait, sa tête dodelinait de gauche à droite, son corps se tendait et se détendait. Rhéane l’observa, l’esprit en attente, l’espoir en fil d’Ariane. 

— J’ai besoin d’intégrer l’acropole. La seule possibilité pour que j'y arrive est que j’accompagne une femme touchée par le Nimbe. Les membres de la famille des bénies peuvent accéder au rang d’archonte, les magistrats de la confédération. 

Rhéane hocha la tête. Tout prenait sens.

— Pourquoi voulez-vous devenir archonte ?

— Pour faire prospérer mon commerce.

Rhéane fronça les sourcils. Le gain serait son seul objectif ? S’attendait-il vraiment à ce qu’elle avale ce mensonge ? 

— Les sibylles nous accepteront-elles ? préféra-t-elle demander. 

Le visage d’Aleksander s’assombrit. 

— Non, admit-il. Nous sommes un danger pour la société et l’ordre qu’elles ont établi. Tu ne peux pas te présenter avec cette apparence.

Le cœur de Rhéane manqua un battement. 

— C'est-à-dire ? 

— Je peux utiliser le Nimbe pour te vieillir.

— Me vieillir ? répéta la jeune femme stupéfaite.

— Oui, je peux te donner l’apparence d’une femme de soixante ans. Ainsi tu pourras te présenter à l’acropole, suivre les formations dispensées par les sibylles et apprendre à contrôler le Nimbe. Tout ça, sans éveiller de soupçons. 

Rhéane dévisagea l’homme sous le choc. Sa proposition tenait de l’absurde. 

— Jamais personne ne croira que j’ai soixante ans.

— N’es-tu pas une bonne actrice ? N’interprètes-tu pas sur scène des personnages plus âgés ?

— C’est différent. 

— Pas tant que ça !

— Et en contrepartie ? Qu’est-ce que vous y gagnez ?

— En contrepartie, tu te feras passer pour ma femme. Il s’agirait d’un mariage de façade. 

Rhéane grimaça de dégoût. 

— Évidemment, je ne partagerai pas ton lit, précisa-t-il en voyant son expression.

— Je ne sais pas. J’ai besoin d’y réfléchir. 

— C’est normal. Sache seulement que plus tu attends, plus tu mets en danger les personnes qui t’entourent. 

Le coeur de la jeune femme se serra. Elle avait déjà été à l’origine de deux tremblements de terre. Quelle serait la prochaine manifestation du Nimbe ? Ses pensées se tournèrent vers ses frères. Étaient-ils en sécurité ?

— Est-ce qu’on peut retourner à l’agora ? s’enquit-elle. J’ai besoin de savoir si mes frères sont en vie. 

Aleksander grimaça.

— Non, pas maintenant. Les sibylles patrouillent dans la cité à ta recherche. Si tu es capturée, je ne donne pas cher de nous. 

Son refus résonna dans le temple. Rhéane devait avouer qu’il avait raison. Même si elle voulait s’assurer de la survie de ses frères, la nuit ne l’aiderait pas à les retrouver et elle ne voulait pas croiser le chemin d’une enchanteresse. 

— Tu devrais dormir. Une telle dépense d’émotions fatigue. N’as-tu pas mal à la tête ? 

Rhéane acquiesça. Oui, une migraine lui vrillait le crâne. Aleksander sortit une couverture en laine de son sac et la lui lança. La jeune femme la récupéra et se lova dans un coin du temple. Elle ferma les yeux et ne fit que des cauchemars.

 

**

Trois jours s’écoulèrent. Rhéane demandait fréquemment de rejoindre l’agora et la réponse était toujours la même. Non, pas tout de suite. Les Enchanteresses sont dehors. Elles nous recherchent. 

Parfois, elle était saisie d’une crise d’angoisse et Aleksander était là pour l’apaiser. Il posait sa main sur son épaule et lui envoyait un courant de chaleur. C’était presque devenu une routine.

— Est-ce que je vais provoquer un nouveau tremblement de terre ? lui demandait-elle une fois sa crise passée.

— Ce serait peu probable. Tes émotions sont comme un sablier. Lors de ta vente, ton sablier s’est brisé, aujourd’hui, le sable s’écoule très lentement comme si tu tournais au ralenti.

Aleksander n’avait pas tort. La plupart du temps, Rhéane ressentait un immense vide en elle. Elle avait l’impression d’avoir été déconnectée de son existence. Elle n’arrivait pas à penser à ses parents, ni à ses frères. Elle refoulait chaque image, chassait chaque souvenir de son esprit. Cet état lui convenait. Elle profita de ces jours pour tenter de cerner Aleksander. 

Celui-ci pouvait rester des heures immobile à ne rien faire, ou alors, il devenait une boule de nerf et commençait à ruminer dans un dialecte que Rhéane ne connaissait pas. Il lui expliqua que ce comportement était une conséquence de son année dans le désert où il avait appris à maîtriser le Nimbe. 

— Je suis comme une rivière, lui précisa-t-il un soir. La plupart du temps, je suis calme mais il m’arrive de devenir imprévisible et impétueux.

Son explication inquiéta le jeune femme. Elle ne se fiait pas trop aux acteurs qui improvisaient. Généralement, ils déstabilisaient toute la troupe. Elle repensait constamment à sa proposition. Vieillir et intégrer l’acropole. Faire croire qu’ils étaient mariés. Elle n’avait pas l’énergie nécessaire pour se projeter. Pour imaginer ce futur. Son passé la plongeait trop souvent dans un état léthargique pour qu’elle puisse mûrir une véritable réflexion.

Un autre soir, Aleksander lui demanda ce qu’elle aimait faire pendant son temps libre et elle répondit qu’elle ne savait pas. Elle avait peu de temps pour elle. Parfois, ses frères et elle profitaient d’une baignade, d’une promenade, d’un spectacle mais cela ne durait jamais longtemps. Seule la lecture comptait dans ses occupations quotidiennes. Aleksander lui prêta donc deux livres. L’un sur l’histoire de la confédération et l’autre sur l’histoire des Enchanteresses. Le deuxième l’intéressa bien plus et elle apprit le rôle premier des femmes mages : celui de maintenir le voile magique sur leur monde. A l’extérieur du voile, n’existait apparemment que chaos et guerres.

— Où avez-vous obtenu ce livre ? lui demanda-t-elle curieusement. Je n’ai jamais entendu parler de ce voile magique…

— Une connaissance.

— Pourrai-je la rencontrer ? 

— Elle est morte.

Son regard se voila et il n’ajouta plus un mot de toute la soirée. 

Rhéane ne se déplaça pas beaucoup. Jamais au cours de sa vie, elle n’était restée aussi longtemps assise. Elle n’osait pas s’avancer sur le parvis. Non parce qu’elle craignait d’être découverte, mais parce qu’elle avait peur de voir les répercussions de son tremblement de terre. 

Un matin, alors que les heures s’étiraient, Rhéane lui demanda s’il avait des enfants. 

— Une fille de ton âge à peu près, répondit-il. 

— Où est-elle ? 

— À Naucratis, avec sa mère. 

— Si on vous proposait la somme que vous avez payée pour moi, la vendriez-vous ?

— Non. Ma fille n’est pas un fardeau. Je l’aime. Pour rien au monde, je ne la vendrai.

Rhéane eut un temps d’arrêt. Jamais, elle n’avait entendu quelqu’un affirmer cela. Elle ne pouvait le nier. Les paroles d'Aleksander la touchèrent et l’attristèrent.

Une profonde tristesse l’étreignit. Elle se demanda si sa mère l’avait déjà aimée ainsi que ses frères. Dans les pièces qu’elle jouait, l’amour était au centre. Ce sentiment poussait les Ainées à de grandes choses ou d’immenses horreurs. Sa mère ne faisait rien de tout cela. Il n’y avait rien de grandiose, de flamboyant ou de terrorisant dans ses actions. Seulement, des reproches, des sermons incessants et des tâches à effectuer. Son père ajoutait souvent qu’elle faisait trop attention à ce qui l’entourait et pas assez à ce qui importait. Rhéane imaginait qu’il parlait des tâches ménagères ou des comptes de la famille. L’évidence s’édifiait devant elle : ses parents ne l’avaient jamais aimée. 

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Ayunna
Posté le 05/01/2023
Coucou Makara !

Très chouette cette nouvelle version, je trouve ça clair et pertinent.
Les questionnements de Rhéanes sont bien amenés, et dans cette version on apprécie plus vite Aleksander (enfin moi je lui fais plus facilement confiance)
Les descriptions de la ville dévastée sont superbes, on s’imagine complètement la scène, la chaos suite au terrible tremblement de terre, chapeau !
Rhéane a plus de tempérament, j’aime bien !
Je trouve ça chouette cette nouveauté avec ses frères vendus comme esclaves, de les inclure dans l’histoire. C’est plus cohérent, et ça donne envie à Rhéane de les retrouver. Tu as appliqué ce que tu m’as conseillé pour ma propre histoire… une bonne raison d’accepter, et d’aller à l’acropole

Pour la relecture :
« — Vous vous trompez et je n’aime pas qu’on me mente. »
J’aurais formulé autrement ici. C’est le « et » qui me gêne, ça rend la phrase moins percutante.
« Pourquoi m’avoir acheté ? Qu’attendez-vous de moi ? » achetée
J’ai trouvé ça curieux que finalement Aleksander accepte qu’elle retrouve ses frères à l’agora

Toujours aussi fluide ce chapitre, bravo !
Ayunna
Makara
Posté le 07/01/2023
Coucou Ayunna ! Merci d'être repassée sur l'histoire ! J'espère que tu vas mieux :)
je suis contente si tu trouves les questionnements de Rhéane mieux amenés :)
Ah, c'est marrant que tu fasses plus vite confiance à Alexander dans cette version alors qu'il l'a achetée dans celle-ci et que dans la précédente il l'a sauvée.
Oui, tu as vu pour l'enjeu personnel :). Je trouve que ça rend plus crédible toute l'histoire du coup et ça permet à l'héroïne de prendre ses propres décisions sans forcément les subir.
Merci pour la coquille, je vais corriger :)
A bientôt Ayunna <3
Ayunna
Posté le 07/01/2023
Coucou !
Ben oui, je me dis qu'il l'a achetée pour la sauver, justement, ça me semble logique. Et je lui fais confiance oui :)
J'espère avoir raison, et qu'il en sera digne dans l'histoire, héhé
Merci, eh bien, côté perso, j'ai été malade pendant 2 mois, ça a vraiment été très dur. Je me remets doucement, c'est pas encore gagné. Je fais de mon mieux.

A très vite !
Sorryf
Posté le 03/01/2023
"Tout est flou depuis le moment où vous m’avez acheté. " -> achetée, je crois (je suis pas sure) (ce com qui sert a rien)

Sinon j'ai tout trouvé non seulement fluide et clair, mais aussi très interessant! Elle va devoir s'infiltrer sous un deguisement, pour un type aux motivations louche, + faire semblant d'etre sa femme, ça promet d'etre passionant !
J'etais trop choquee quand on apprend que les 2 freres ont été vendus O.O ca aussi, je suis impatiente de savoir ou ils sont passé, si Rhéanne va les retrouver!

Le seule moment qui m'a un peu gênée c'est quand Rhéanne demande a retourner sur la place, et Aleksander dit non direct, et juste apres il accepte, ça m'a paru un peu trop rapide, tu pourrais peut-être rajouter une ligne pour dire qu'il hesite, ou qu'il soupire, ou qu'il a l'air agacé, avant de dire "très bien". Comme d'hab, fies toi a d'autres avis avant hein !
Makara
Posté le 04/01/2023
Bon ça me rassures si tu as trouvé ce chapitre fluide. C'est celui que j'ai le plus retravaillé dans ma réécriture :)
Oui, ce chapitre pose bien les enjeux, je suis contente que tu dises que ça a l'air passionnant ! hihihi. Rhéane ne va pas s'ennuyer !
Je note pour le passage avec Aleksander, s'il manque qu'une petite phrase d'hésitation, je peux la rajouter :p
ClementNobrad
Posté le 30/12/2022
Hmmm, je sens que cet Alksander ne dit pas tout de ses projets. Je ne crois pas trop en son explication de commerce. On verra bien par la suite ce qu'il nous cache. Il me fait un peu penser aux méchants qui se font passer pour gentils et qui révèlent leur vraie nature à la fin : Ahah! En fait j'avais besoin de toi pour m'introduire dans l'Acropole et tuer toutes les Enchanteresses. Will see... (ça serait dommage que ce soit le cas dailleurs :p)

Par rapport à tes questionnements introductifs, c'est vrai que ce chapitre est plus "lent". Cependant, il faut dire que les premiers chapitres n'ont pas laissé le moindre répit. Du coup, le rythme général de ce chapitre se marie bien avec la globalité.

Petites remarques :

"ils ont survécu mais ils ont tous perdu." > tout

"Je suis navrée pur tes frères, Rhéane. Vraiment. " > navré....pour

Au plaisir de te lire.
Makara
Posté le 30/12/2022
Ahah, je ne dirai rien pour Aleksander XD Mais ta théorie est intéressante :p
On est d'accord qu'il cache quelque chose :p
Je suis rassurée que le rythme fonctionne bien !
Merci encore pour les coquilles et ton ressenti, cela fait plaisir de voir que ce début fonctionne :)
A bientôt !
(j'essaie de venir découvrir ton histoire bientôt :) )
filoutem
Posté le 29/12/2022
Coucou Makara !
Très chouette de découvrir un nouveau chapitre !
J'aime beaucoup tout ce que tu donnes dans ce chapitre, et en même temps je souhaiterais avoir davantage d'informations sur comment les Mages reçoivent leur pouvoir, et comment Rhéane a eu le sien, je trouve que c'est un peu survolé.
Attention, Rhéane est très souvent choquée, au bout d'un moment ça donne un peu l'impression qu'elle est extrêmement naïve et crédule et qu'un rien l'étonne et je n'ai pas l'impression que c'est le personnage à la base.
J'ai vraiment envie de lire la suite pour en apprendre davantage sur l'inconnu. À l'heure actuelle j'ai du mal à le cerner, je comprends qu'il cache quelque chose à Rhéane.

Voici en vrac toutes mes réflexions à la lecture (souvent des histoires de virgules) :


toujours au niveau du vocabulaire, késako Pronaos ? => Ils débouchèrent au niveau du pronaos, le vestibule au vaste dédale de colonnes corinthiennes.

idem : L’homme la guida vers le naos puis l’aida à s’asseoir sur le dallage froid.
=> L’homme la guida vers le naos, le centre de l’édifice, puis l’aida à s’asseoir sur le dallage froid.



=> répétition « articuler un mot ». Peut-être enlever cette phrase qui n’est pas nécessaire : « Après avoir repris son souffle, elle tenta d’articuler un mot mais le brouillard de son esprit l’assomma.



Elle s’endormit en boule en quelques minutes, d’un sommeil profond rempli de cris et d’horreurs. 
=>Elle sombra en quelques minutes dans un sommeil profond, rempli de cris et d’horreurs.
(Je n’aime pas trop le « s’endormit en boule »)



Lorsque Rhéane ouvrit les yeux, la nuit était tombée. Dans le temple, l’homme avait allumé des torches qui diffusaient des halos obscurs et des ombres fauves contre les murs.
=> hmmm, tu n’as pas un autre mot que « homme » pour le définir ? Par exemple « l’inconnu », « son acheteur »… en lisant  « homme » en début de paragraphe je me suis demandée qui c’était (et j’ai revu ensuite que tu l’appelais ainsi précédemment, mais ça ne m’as pas dérangée, juste à ce moment là vu qu’il y a une ellipse temporelle et qu’on commence une nouvelle partie. Tu peux ensuite remplacer le « son acheteur » du paragraphe suivant par « l’homme ». )

Elle s’attendit à ce qu’il lui rit au nez mais il n’en fit rien. 
=> Elle s’attendit à ce qu’il lui rit au nez, mais il n’en fit rien. 


Rhéane ne discernait pas l’éclat sévère qu’elle retrouvait dans ceux de sa mère,
=> Rhéane n’y retrouvait pas l’éclat sévère qu’elle discernait dans ceux de sa mère
(j’aurais inversé « retrouvait » et « discernait »


Il essayait de la leurrer, de lui faire croire qu’il la traiterait bien : elle connaissait les stratagèmes des adultes pour amadouer des gens. 
=> Il essayait très certainement de la leurrer, de lui faire croire qu’il la traiterait bien : (J’aimerais bien un « certainement » ou une autre marque qui instaure un doute : après tout, Rhéane n’est pas dans sa tête) _elle connaissait les stratagèmes des adultes pour amadouer des gens. _ (cette deuxième partie de phrase je la trouve mal formulée mais je n’ai pas de suggestion qui me vient…)



Cette phrase se répéta en boucle dans la consistance éthérée de son esprit.
=> Cette phrase se répéta en boucle dans son esprit.
(Je trouvais ça un peu lourd, surtout qu’après tu utilises le mot un peu vieillot « infortune », qui je pense passe très bien si tu allèges la phrase d’avant mais là avec les deux on dirait soudainement que Rhéane a vieilli de 40 ans)



Et voilà que, malgré ses efforts, on l’avait vendu.
=> Et voilà que, malgré ses efforts, on l’avait vendue.

Son nouveau maître lui tendit un tissu qu’elle refusa et elle essuya ses larmes avec sa manche.
=>Son nouveau maître lui tendit un tissu qu’elle refusa, et elle essuya ses larmes avec sa manche.

L’homme lui versa de l’eau dans un bol en terre cuite et elle en vida son contenu en quelques secondes. 
=>L’homme lui versa de l’eau dans un bol en terre cuite, et elle en vida son contenu en quelques secondes. 

Il ne paraissait pas être un entrepreneur minier ni un saltimbanque. 
=>Il ne paraissait pas être un entrepreneur minier, ni un saltimbanque. 


— Que faîtes-vous comme métier ? 
=> — Que faites-vous comme métier ? 

Pourquoi l’avoir acheté à une somme si exorbitante alors qu’elle ne lui serait d’aucune utilité ?
=> Pourquoi l’avoir achetée à une somme si exorbitante alors qu’elle ne lui serait d’aucune utilité ?

— Je suis désolé de t’avoir arraché à ta famille, reprit l’homme.
=> — Je suis désolé de t’avoir arrachée à ta famille, reprit l’homme.

hoplites => je ne sais pas ce que c’est
(P.S : tu ne serais pas prof d’histoire ou de grec à tout hasard ??)


Quelques images lui revinrent avec la vitesse des battements d’ailes des libellules.
=> je n’ai pas tout de suite compris le sens de ta phrase

Jamais, elle n’avait été au centre d’une telle catastrophe.
=> Jamais elle n’avait été au centre d’une telle catastrophe. (Cette fois ci la virgule est de trop !)

La jeune femme soutint le regard d’Aleksander. Plus le face à face avec son maître perdurait, plus elle s’inquiétait de son état mental. Qu’allait-elle devenir avec un maître fou à lier ?
=> répétition « maître »

Au moment où elle prononçait la phrase, elle n'en fut plus si sûre.
=>Au moment où elle prononça la phrase, elle n'en fut plus si sûre.

Dans son esprit, les dernières journées prirent la forme d'une grande mosaïque dont les fragments se rejoignaient
=> Dans son esprit, les deux derniers jours prirent la forme d'une grande mosaïque dont les fragments se rejoignaient


Si elle acceptait cette révélation, elle devait embrasser les conséquences, admettre sa responsabilité.
=> phrase inutile

Elle avait reçu le Nimbe : elle était responsable. Au fond d’elle-même, elle le sentait.
=> il me manque « elle dut se rendre à l’évidence : elle avait reçu le Nimbe. Au fond d’elle-même elle le sentait. Elle était responsable de ces destructions.


— Pour faire prospérer mon commerce et mener une petite enquête personnelle dont je te parlerai plus tard.
Rhéane ne préféra pas relever sa seconde raison mais se promit de lui poser des questions par la suite.
=> je trouve ça trop gros de planter l’idée d’un mystère qui s’annonce croustillant tout en disant « mais notre héroïne s’en fiche pour l’instant ». Peut-être enlever l’enquête personnelle ici ? La faire venir plus subtilement quand cette information sera pertinente dans le récit ?


Rhéane dévisagea l’homme sous le choc. Sa proposition tenait de l’absurde. 
=> Rhéane dévisagea l’homme. Sa proposition tenait de l’absurde. 
(Rhéane est trop souvent choquée et abasourdie dans ce chapitre, je préfèrerais qu’elle soit légèrement plus neutre de temps en temps )

Si cette réminiscence s’avérait juste, comment sa famille pourrait-elle continuer leur représentation sans décors ?
=>Si cette réminiscence s’avérait juste, comment sa famille pourrait-elle continuer les représentations sans décors ?

Plus ses pas la rapprochait de l’agora, plus l’appréhension la gagnait. 
=> Plus ses pas la rapprochaient de l’agora, plus l’appréhension la gagnait. 

Aleksander sortit de son sac une pochette remplie d’argent et agita sous le nez du marchand quatre talent d’or. 
=> Aleksander sortit de son sac une pochette remplie d’argent, et agita sous le nez du marchand quatre talent d’or. 

Elle se rapprocha du groupe d’enfants mais ne repéra pas ses frères. => répétition, et phrase inutile

Nous allons aller à l'acropole. => Nous allons à l'acropole.



Voilà ! ça fait un très long commentaire mais ce sont principalement des coquilles de rien du tout :)

De façons plus globale, je pense que tu peux t'attarder davantage en explications. Ce chapitre est moins orienté action que les autres, je pense que tu peux vraiment te lâcher sur les informations à nous donner pour bien appréhender l'univers par la suite.
Autre chose : je pense qu'il me manque un petit trait de caractère particulier chez Aleksander : un toc, une moue, une façon de parler, de marcher... quelque chose qui le définit un peu plus. J'ai du mal à me l'imaginer.
Et parce qu'à force de vouloir faire des suggestions j'en oublie vite de dire le plus important : c'est très agréable à lire, j'adore vraiment le concept du Nimbe, et vivement la suite !


À très vite :)
Makara
Posté le 29/12/2022
Coucou Filoutem ! Hé ben, ça c'est du commentaire ! je te remercie pour le temps que tu as pris pour le faire ! Je suis d'accord avec beaucoup de tes remarques ! J'ai énormément transformé ce chapitre donc il s'agit quasiment d'un premier jet ! Je suis d'accord pour le trait de caractère d'Aleksander, je n'ai pas encore réussi à bien montrer son caractère. Je vais réfléchir à mieux le définir, c'est vraiment un point qui me tient à coeur !
"je souhaiterais avoir davantage d'informations sur comment les Mages reçoivent leur pouvoir, et comment Rhéane a eu le sien, je trouve que c'est un peu survolé"=> je le comprends mais c'est justement un enjeu du livre de comprendre pourquoi elle a reçu le Nimbe.
Au sujet du fait que Rhéane soit souvent choquée, je vais relire. Je n'avais pas cette impression. Après, elle apprend vraiment des choses anormales pour le monde, je vais voir si je peux reformuler.

" À l'heure actuelle j'ai du mal à cerner Aleksander, je comprends qu'il cache quelque chose à Rhéane" => c'est le moins qu'on puisse dire XD

Merci beaucoup pour tes remarques de forme et les coquilles, je vais corriger tout ça !
Tu dis que je peux m'attarder sur les explications, je le note. Sur quels aspects aurais-tu eu besoin de plus de clarification ?
Ah oui, je vais enlever le passage où Aleksander lui dit qu'il lui parlera de sa seconde raison plus tard, c'est vrai que c'est maladroit.

Ps : oui, je suis prof d'histoire :p
filoutem
Posté le 30/12/2022
J'avais du mal à définir un de mes persos (que tu n'as pas encore rencontré). J'ai lu la partie sur les personnages de "anatomie du scénario" de John Trudy, ça m'a aidé à me poser les bonnes questions et ça a résolu le problème. Je n'ai pas lu le livre entier mais je l'utilise comme un outil : quand je bloque dans un domaine je vais feuilleter le chapitre qui traite du sujet.

Je prendrai le temps de bien relire ton chapitre pour te dire où est-ce que j'aurais aimé avoir davantage de clarifications, mais je cours de partout là et je n'ai pas envie de bâcler la lecture. À très vite !
filoutem
Posté le 08/01/2023
Coucou ! Me revoilà sur ce chapitre. Je ne sais pas si tu as fait des changements depuis ma première lecture, ou si c'est moi qui hallucine, mais je le trouve déjà beaucoup plus fluide ! Il est vraiment chouette et tu plantes beaucoup d'informations pour la suite de l'histoire, c'est vraiment top.

Voici mes remarques suite à ta question sur quels passages mériteraient davantage de clarifications :

« Rhéane réfléchit. Cela ne pouvait pas être ça. On ne recevait pas le Nimbe ainsi. C’était un concours qui avait lieu sur ordre des sibylles durant lequel elles sélectionnaient la femme la plus vertueuse. On ne recevait pas le Nimbe par hasard. C’était une récompense ! »
=> peut-être élaborer davantage ici en 2-3 phrases : à quelle fréquence se tient la cérémonie, comment se passe-t-elle

Pourquoi l’enchanteresse s’est évanouie au fait ? Il me manque cette information, ou alors si tu nous la donnes plus tard il me manque l’information qu’on ne sait toujours pas pourquoi elle s’est évanouie.

« Au moment où elle prononçait la phrase, elle n'en fut plus si sûre. Dans son esprit, les dernières journées prirent la forme d'une grande mosaïque dont les fragments se rejoignaient : sa tentative de secours à l’enchanteresse, le vertige qu’elle avait ressenti à son contact, le premier tremblement de terre avec l’explosion de la cloche, cette douleur dans sa poitrine puis le second séisme lors de sa vente. Tout cela ne pouvait être le fruit d’une coïncidence. Tout cela ne pouvait être le résultat de son imagination. »
=> développer davantage ses sensations avant le séisme. C’est un évènement tellement violent que de le résumer par « puis le second séisme lors de sa vente » le rend anecdotique. Peut-être parler de la terre qui tremble sous ses pieds, de la perte de contrôle, du désespoir qui la submergeait… etc, dans l’idée de renforcer l’intensité de ce moment.
Parce qu’après quand tu dis « Si elle acceptait cette révélation, elle devait embrasser les conséquences, admettre sa responsabilité. Des images de destruction l’assaillirent. Un frisson d’horreur la parcourut. Combien de personnes avaient été blessées ? Combien de morts dans la cité ? » c’est pas évident qu’elle parle du dernier séisme vu qu’il est relégué au même niveau que les autres évènements qui le précèdent.
Comme c’est aussi le moment où elle réalise son pouvoir et ses conséquences, c’est un passage vraiment important.


« Son refus résonna dans le temple. Rhéane se releva brusquement. Hors de question qu’elle reste ici une seconde de plus à écouter les projets farfelus de ce vieux marchand. S’il voulait l’empêcher de rejoindre l’agora, il allait devoir révéler sa vraie nature ! Après tout, elle était son esclave ! Qu’il réagisse en maître et lui impose sa volonté ! »
=> ça me semble un peu exagéré cette réaction alors qu’elle lui demande gentiment juste avant et qu’il lui répond ‘non’ assez gentiment aussi, et avec une raison valable. Voici mes suggestions : Si elle disait « emmène-moi à l’agora », qu’il répondait « non je ne peux pas parce que blabla » et qu’ensuite elle n’attend pas qu’il finisse sa phrase pour se mettre en route et qu’il ne lui bloque pas le passage, ça me paraitrait plus crédible. De plus, je préfèrerais qu’elle découvre la ville depuis le pronaos avant de lui dire qu’elle veut aller à l’agora : voir la destruction dans son ensemble la fait soudain prendre conscience du danger qu’elle a fait courir à sa famille (par exemple juste après « Etaient-ils en sécurité ? »)
Ensuite, faire une petite ellipse, et on la retrouve alors qu’elle marche dans la ville détruite.

« L’image de la roulotte détruite la hantait. »
=> j’aurais bien aimé que tu en reparles plus tôt, notamment quand elle fait la succession des souvenirs des derniers jours qui remontent. Ou alors en voyant la ville dans son ensemble, d’un coup l’image lui revient en mémoire, et c’est pour ça qu’elle demande à l’Aîné d’aller à l’agora.


Voilà mes remarques ! bravo en tous cas, j'ai vraiment hâte de lire la suite, tu écris très bien et ce chapitre déroule beaucoup d'enjeux qui m'intriguent énormément.

À très vite !
Makara
Posté le 08/01/2023
Coucou Filoutem ! Je suis contente d'avoir ton retour ! J'ai beaucoup retravaillé ce chapitre et je n'en suis toujours pas satisfaite... Mais les pistes que tu me donnes me plaisent bien. Je vais retravailler tout ça pour rendre tout ça plus cohérent et fluide ! :p
merci encore !
A bientôt sur ton histoire ou la mienne :)
Flammy
Posté le 25/12/2022
Coucou !

Bon, j'ai tout lu d'une traite, et on peut dire que je ne regrette pas =D J'aime vraiment beaucoup comment tu poses les ambiances, les décors, je suis vraiment rentrée très facilement et très naturellement dans ces premiers chapitres =D J'ai vraiment eu un ressentiment très violent envers les parents de Rhéane, qui la vendent alors que c'est leur enfant le plus pertinent (de son point de vue) et qui ont pas l'air de trop donner dans le sentimentalisme x) Le fait que la maman fasse le petit déjeuner, alors que la dernière fois c'était pour la variole, ça m'a donné envie de lui mettre dans la figure ='D Pareil, elle sait tellement pas gérer son cadet que avec les rayures, elle l'envoie à sa soeur pour le calmer (scène très touchante d'ailleurs), comment pouvait-elle penser que ça se passerait bien sans sa fille qui a l'air de tout faire ? Bref, depuis l'annonce de la vente jusqu'à la vente, j'ai vraiment beaucoup aimé, j'ai vraiment été prise aux tripes, c'était très cool =D

Sinon, pour ce chapitre-là, même s'il est aussi très cool et que ça permet de comprendre pourquoi il a tant voulu l'acheter, je trouve qu'il va un peu trop vite, notamment le moment où Rhéane admet qu'elle a reçu le Nimbe, je trouve qu'elle l'admet un peu vite, sachant que c'est normalement impossible et que pour l'abandon, elle avait mis très longtemps avant de l'accepter. Pendant le deuxième tremblement de terre, il y avait eu un cri comme quoi "elle avait le Chaos". Pourquoi elle ne pense pas elle-même qu'elle a le Chaos plutôt que le Nimbe ?

Aussi, truc qui m'a un peu sorti de ma lecture, c'est quand Aleksander parle de "C'est comme un jeu grandeur nature", ça a tout de suite fait échos pour moi au GN et j'avoue que ça m'a sorti de ma lecture pour l'anachronisme ^^"

Sinon, malheureusement, ça ne m'étonne pas tant que ça que les frères aient été vendus :/ Avec la roulotte détruite, ça devenait compliqué, j'espère juste que les deux frères ont réussi à rester ensemble. Ca me laisse quand même un peu perplexe qu'ils aient été vendu aussi rapidement alors que la situation est particulièrement chaotique avec le deuxième tremblement de terre. En fait, la fin me donnait l'impression que tu voulais arriver à là et que tu es donc aller un peu vite pour y arriver, je pense que tu aurais peut-être pu prendre un peu plus ton temps, mais ce n'est que mon avis ^^

En bref, j'ai beaucoup aimé ma lecture, et je reviendrai sans faute lire la suite ! Bon courage pour l'écriture =D
Makara
Posté le 26/12/2022
Recoucou Flammy ! Alors déjà je suis super contente que tu aies lu les quatre chapitres d'affilé ! ça fait plaisir :)
En lisant tes retours, je me suis rendue compte, qu'en effet, je suis allée un peu vite ! Alors j'ai déjà retravaillé le chapitre avec tes remarques. J'ai rajouté tout un passage où Rhéane met beaucoup plus de temps à réaliser qu'elle a reçu le Nimbe. Si tu as le temps de relire le début du chapitre, dis moi si tu trouves ça plus crédible ! En ce qui concerne la mention "jeu grandeur nature", je l'ai enlevé, ça prête à confusion, tu as raison. Ensuite pour la vente de ses frères, j'ai rajouté aussi quelques éléments mais il faut tout de même que je passe plus de temps sur ce passage. je vais voir comment faire. Tu as raison, je pense qu'on voit que je veux en venir là. Il faut que je sois plus subtile :p
Bref, en tout cas, je suis trop contente de te compter parmi mes lectrices <3. J'espère que la suite va te plaire :)
Flammy
Posté le 26/12/2022
J'ai relu. Pour les ajouts du début, j'aime beaucoup, la pensée à la fuite, l'ajout de la démonstration de Nimbe avec le collier, les doutes, ça manquait vraiment à la première version. Par contre, la réplique "— Alors, le séisme venait de moi ?" me fait encore tiquer. C'était déjà elle qui m'avait fait tiquer la première fois, et je pense qu'elle est trop affirmative, trop "sûre d'elle" avec cette formulation.

D'ailleurs, avec les ajouts d'informations, le concours organisé pour repérer la femme la plus vertueuse, je me demande à quel point les sybilles ne savent pas que ça se transmet juste à la mort d'une porteuse de Nimbe à la personne la plus proche, et qu'en théorie, c'est la servante qui aurait dû le recevoir. Il me semble qu'une des porteuse avait demandé à la servante si elle n'avait pas senti quelque chose, et donc si ça ne faisait pas référence à ça.

La fin rend mieux aussi, ça fait moins précipité, et on sent mieux les réactions de Rhéane, ça donne moins l'impression de passer à un événement à l'autre. Et je ne me souvenais pas que tu donnais la précision que les deux frères n'avaient pas été vendus ensemble, mais c'est cool de l'avoir ^^
Makara
Posté le 28/12/2022
Recoucou Flammy ! Merci beaucoup pour ta relecture ! Je suis contente que ce soit mieux :)
Suite à ton retour, j'ai enlevé la phrase ou elle dit qu'elle a entraîné le tremblement de terre !
A bientôt :)
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