Chapitre 4

Sinéad était devant les grilles du collège depuis une heure. Ne connaissant pas l’emploi du temps exact de son neveu, elle était arrivée au parvis du collège à seize-heures moins cinq. Or celui qu’elle cherchait ne se montra pas, ni à seize-heures, ni l’heure qui suivit. Elle commençait à désespérer quand une personne l’interpella :

 

« J’ai fini à quinze heures aujourd’hui, un professeur était absent. »

 

Sinéad, se retourna, reconnaissant la voix de son neveu, qu’elle n’avait pourtant vu que quelques fois. Elle demanda : « Et pour quel motif ?

- Le professeur de français a fait une dépression mêlée d’un burn-out. »

Cela devait arriver souvent dans ce métier… Devoir supporter des enfants que même les parents aimeraient parfois renier… Et payés dix mois dans l’année plutôt que douze, travailler toutes les vacances… Évidemment, certains professeurs dérogeaient à la règle, mais bon, tout de même…

 

« Pourquoi voulais-tu me voir ? Tu n’es pas sensée vivre à des kilomètres d’ici ?

- Si, mais j’accompagne – hors de mon métier – une commissaire que tu dois connaître de nom car c’est une amie qui m’est très chère. Et je suis sûre que l’affaire va te passionner… C’est vraiment très particulier. J’hésite entre l’œuvre d’un fou ou de l’homme le plus intelligent à plusieurs kilomètres à la ronde.

- Celui qui a des connaissances, on le dit méchant ; celui qui est intelligent, on le dit fou, cita l’enfant, absent. La plupart des gens bien le sont*.

- Hum… Donc ça ne te dérange pas de quitter le collège pour quelques jou…

- Non, bien sûr, je te suis ! Mais je ne vois pas en quoi je pourrai être utile.

- Moi non plus, je te l’avoue, tu le serais plus en apprenant des choses ici. » Zuko grimaça sans mot dire, et Sinéad continua sans y faire attention : « Mais je sens que tu le seras. »

 

Zuko ne sut interpréter ces paroles. De toute façon, il était déjà partant. Manquer le collège au profit d’un petit stage officieux au sein de la police municipale d’une ville perdue lui semblait être une idée exceptionnelle.

Il suivit donc sa tante vers la voiture de cette dernière, qu’elle avait garée à une centaine de mètres, dans une rue adjacente.

 

« En route, mauvaise troupe… Direction Saint-Touintouin des Prairies résoudre une affaire inexplicable.

- Tu pourrais mettre tout ça plus au clair », demanda Zuko en regardant sa tante allumer l’engin de guerre.

« Bien évidemment. Même si mes explications sont très largement insuffisantes ; je compte sur toi pour m’aider à les approfondir. »

Zuko acquiesça, sans savoir dans quoi il venait de s’embarquer…

 

*

 

Bientôt, Sinéad arriva devant un hôtel. Par un heureux hasard, elle avait sélectionné le même hôtel pour dormir que madame Darais. Ce n’est pas un hasard… L’une a dû en toucher un mot à l’autre, pensa Zuko. Ce sera plus simple. J’espère simplement avoir ma propre chambre. Ce serait en effet le cas.

Martine attendait les deux personnages à la réception de l’hôtel. Elle demanda à Sinéad si tout s’était bien passé, et si elle avait eu des nouvelles de l’homme.

« Il paraît qu’un certain Bartemius est passé dans le collège où se trouve ton neveu, et que la principale a porté plainte pour perte de temps. Je l’ai renvoyée, évidemment, ou je pouvais porter plainte aussi et pour la même raison, mais là n’est pas la question. »

Zuko réfléchit. Il avait une mémoire photographique, et à cet instant, elle lui était très utile.

L’homme qu’il avait croisé tout à l’heure avait bien une tête à s’appeler Bartemius, après tout…

 

* Dans l’ordre d’apparition, les citations sont, pour la première, un proverbe cambodgien, pour la seconde une citation tirée d’Alice au pays des Merveilles.

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