CHAPITRE 4

Par Smi

16 avril 1988

« Tu, tu dors peut-être -Moi je ne peux pas 
Par la fenêtre - Je vois la terre en bas 
Ici tout me dépasse -Même le silence 
Et les aiguilles qui passent -Sur ton absence 
À quoi tu rêves? »

Le monde est tellement con, assénait la voie de Marc Lavoine  dans le haut parleur de la mini chaîne stéréo posée sur l’établi.

« Tu dors peut être » répéta Damien.

Martial sursauta puis fit demi-tour sur lui-même. Il eu l’impression de recevoir un choc brutal lorsqu’il découvrit le visage de Damien, presque juvénile. Ses yeux firent le tour de l’atelier dans lequel il se trouvait ; il se retrouvait en réalité trente ans plus tôt.

«Vous venez d’écouter le dernier succès de Marc Lavoine » annonçait maintenant la radio dans son dos.

Contrairement à ses voyages précédents, cette fois-ci, il voyait le visage de son interlocuteur, il entendait une chanson, il sentait l’odeur d’huile et de graisse répandue dans l’atelier. Tous ses sens étaient en éveil et lui indiquaient qu’il vivait le présent. Il était impossible qu’il en soit autrement tant les sensations étaient fortes.

Dans les deux premiers essais, il avait ressentit des sentiments pour cette jeune inconnue et aurait pu imaginer que ce ne soit que cérébral. Mais aujourd’hui, il  irait plus loin dans son vécu, beaucoup plus loin.

« Quand tu auras finit de rêver, tu iras peut être tourner, je te signale que c’est à ton tour de prendre la bécane. »

Peu à peu Marial se sentait un peu plus à l’aise. Faire un bon de trente ans en arrière est certes très exaltant mais  nécessite un temps d’acclimatation. Même si tout cet univers lui était parfaitement connu, il fallait que son esprit se ferme sur 2018 pour se rouvrir totalement sur 1988.

« Nous sommes bien le 16 avril 1988 » questionna-t-il 

« Toute la journée » lui répondit son ami

« Alors écoute bien Damien, je veux que tu te souviennes de cette date parce que c’est aujourd’hui que je vais battre notre record du tour. Tu entends »

« Je note, monsieur le pilote » renchérit son ami dans un éclat de rire.

« Mais fait attention quand même, ne prends pas de risques inutiles, ne te mets pas par terre »

Martial ne répondit pas, enfila ses gants  et son casque intégral et démarra son bolide, aussi naturellement qu’il pouvait le faire à dix huit ans.

Son engin projeta une gerbe de gravillons sur le mur du garage et il disparu à folle allure dans un nuage de poussière mêlée aux gaz d’échappement. Très concentré sur sa machine, Martial enchaînait les courbes, les sauts et autres roues arrières sur le chemin des capitelles.

Arrivé au point de non retour, il se dit qu’il pourrait emprunter une nouvelle piste pour rentrer, juste pour changer. A défaut de battre le record du tour, il  aurait quelque chose de plus exaltant à raconter à son ami.

Il profita que le chemin s’élargissait pour accélérer et cabrer sa machine sur quelques mètres. Au moment ou celle-ci revenait à l’horizontale, il fut pris d’effroi, voyant que sa route était barrée d’un câble de part et d’autre à hauteur d’homme.

Par réflexe, il appuya sur la pédale de frein arrière et serra de ses doigts la poignée qui bloquerait la roue avant mais cela ne suffit pas à stopper sa course. Les pneus avaient perdu toute adhérence et glissaient dans la poussière.

Dans un geste désespéré, il coucha sa machine, lui avec. L’un et l’autre passèrent sous le fil tendu.

La folle chevauchée pris fin contre un mur de pierre sèche.

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Ysaé
Posté le 04/01/2021
Hello, je crois que ce chapitre est en double ;)
Alors, voilà qui explique l'accident! Je me demande quel va être l'impact de ce choc sur la suite des aventures dans le passé. Et je suis toujours très intriguée par le lien entre Mathilde et la fille dans le passé. A suivre, donc.
Smi
Posté le 19/01/2021
Bonjour Ysaé. Merci pour ta vigilance. Effectivement le chapitre 4 était en doublon. Toujours aussi satisfait que tu suives cette histoire.
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