Chapitre 4

Par Eldir
Notes de l’auteur : Une fois encore je laisse des puces, sinon les dialogues ne se démarquent pas suffisamment du corps du texte, merci de votre compréhension.

L’étrange groupe sortit de la prison et traversa à nouveau la cour sous les regards ébahis des gardes et des passants. Les gardes du hall eurent un sursaut ; même enchainé Magnamon restait très impressionnant. Quand enfin ils furent débarrassés des regards inquisiteurs ou effrayés des autres nains, Jorka prit place à une table et fit apporter un double siège pour que son invité puisse s’asseoir. Oddar et Torra observaient la scène d’un air inquiet, les cornes du minotaure étaient plus longues que la petite table qui séparait les deux ambassadeurs. Un silence pesant s’installa, Jorka garda le regard fixé dans les yeux noirs de Magnamon, ce dernier finit par prendre la parole d’une voix profonde et triste :

  • Que comptes-tu me faire, les gardes du cachot m’ont promis une multitude de tortures, ils ont menacé de manger nos enfants car nous sommes « des vaches sur deux pattes ».
  • Je ne suis pas un bourreau. Je compte te faire une offre et une promesse.

Le prisonnier ne répondit pas.

  • Je vois que j’ai ton attention, je ferai libérer les femmes et les enfants de ton peuple afin qu’ils continuent leur vie comme ils la vivaient avant l’incident. En échange, tu m’accompagneras et tu feras tout ton possible pour m’aider à retrouver le traitre Hujir. Quand nous aurons réussi, tous ceux de ton peuple seront libres, vous pourrez réintégrer la citadelle, tout ce que vous avez perdu vous sera rendu et si vous préférez vous pourrez partir vers d’autres horizons.

Un léger hoquet secoua le roi à cette déclaration, mais le prince n’y prêta pas attention.

  • Comment savoir que vous n’allez pas tout simplement nous faire mourir tous lorsque vous aurez eu ce que vous voulez ?

Une hésitation pointait tout de même dans la voix de Magnamon. « Un doute ou une envie d’accepter ? » se demanda le nain. Le nom de Jorka ne lui était pas inconnu et il était dans sa tête synonyme de respect.

  • Je t’en donne ma parole.
  • Est-ce toi que l’on appelle Jorka Courtebarbe, le tueur de chevalier ?
  • On m’a donné ce nom.
  • Ta barbe me semble bien longue.
  • Elle a poussé depuis la nuit où l’on m’a affublé de ce sobriquet.

Le monstre exhala un souffle d’air chaud par ses naseaux, pendant un instant le nain pensa qu’il allait charger. Le prince resta impassible et silencieux en attendant la réponse de son interlocuteur qui reprit avec cette même voix qui sonnait si triste :

  • Tu as prouvé ta valeur une fois aux yeux de mon clan, annonça le minotaure. Je vais donc accepter ta proposition. Mais je souhaite que les minotaures qui resteront enfermés obtiennent une quantité décente de nourriture et un droit journalier de sortir sous le ciel.

Le ton du chef des minotaures restait empreint de méfiance, mais il tendit une main ferme et puissante au prince, que ce dernier serra en acceptant les conditions. Même si le monstre ne rajouta rien, ses yeux brûlaient d’une menace au cas où le prince reviendrait sur sa parole.

 

Le jour du départ ne fut pas retardé. Jorka avait tout juste eu le temps de retrouver sa chambre et ses vieilles habitudes que déjà il lui fallait reprendre la route. Il endossa ses vieilles fripes usées et rapiécées, car il ne savait pas jusqu’où ce voyage le mènerait. Il avait appris que dans bien des endroits des habits neufs ou resplendissants sont le meilleur moyen de finir égorgé dans son sommeil par un bandit sans scrupules. Il rangea son armure après l’avoir soigneusement épousseté et huilé dans un coffre adapté où chaque pièce avait sa place. Il passa sa hache à la ceinture et pendant un instant il s’assit sur son lit en fixant la petite fenêtre orienté plein Nord. Les sommets des montagnes plus petites se détachaient sur une toile de fond grisâtre qu’il savait être l’empire d’Ardias. Il tenta de reconnaitre un point du paysage tout en sachant que c’était impossible à cette distance. La vue avait ravivé sa nostalgie et pendant un instant il eut envie de tout abandonner, son père ne l’obligerait pas à partir il le savait. Il pourrait rester là, devenir roi ou bien seulement un soldat. Se battre sous les ordres de son petit frère ne lui posait aucun problème. Il pourrait ainsi mettre un terme définitif à l’errance, vivre à l’abri des grands murs sans se soucier de ce qu’il mangerait…ou s’il mangerait tout court. Plus besoin de se soucier de la pluie, du froid ou de ce grognement en pleine nuit …

Le nain prit une profonde inspiration pour rassembler son courage et se leva. Il vérifia une dernière fois ses affaires et alors que le soleil étalait lentement sa lumière sur les plaines et les monts, il quitta sa chambre et rejoignit son père et son frère dans la cour. Magnamon était là lui aussi, habillé d’une tunique de cuir légère et de bottes de cuir également. Il portait un grand manteau de laine blanche et une hache à deux mains était attachée dans son dos. Devant la porte, des fidèles du roi s’étaient massés pour saluer le départ de Jorka. Pohmar daigna même faire une apparition pour venir souhaiter « bonne chasse » à Jorka. Les femmes et les enfants des minotaures étaient venus remercier leur chef, entourés par des gardes mais libres de toute chaine. Le roi Oddar s’avança et pris la parole :

  • Jorka, mon fils cela me peine de te voir repartir alors que je venais juste de te retrouver. Ton courage et ta dévotion à ton peuple couvrent notre famille d’honneur. Va et que le dieu ours te montre la voix.

Pour la première fois de sa vie, Jorka réalisa que son père était un vieux nain. Fort et toujours alerte, mais vieux, ridé et accusant la fatigue de l’âge.

Il agrippa le bras tendu de son père et le serra aussi fort qu’il le put, l’étau qu’il sentit autour de son propre bras le rassurât un peu.

Torra s’avança, il était vêtu de son armure, sa barbe était passée dans sa ceinture à la manière des guerriers et il prit la parole avec détermination :

  • Mon frère, la nouvelle de ton retour m’a rendu mon courage, en attendant le retour de l’héritier légitime, j’assumerais la fonction de chef de guerre de Kardhir. Je garderais ton trône contre tout ennemi jusqu’à ton retour.

Le jeune nain avait lancé un regard décidé à son père, Jorka compris qu’il avait pris cette décision sans l’accord paternel. Oddar était surpris, mais il finit par acquiescer et serrer le bras de son fils puiné. Pendant ce temps, Magnamon murmurait à l’oreille d’une minotaure qui devait être sa femme. Il posa la main sur la tête d’un enfant minotaure dont les corne n’avait pas encore poussées et lui parla sans que les nains puissent entendre.

Les portes s’ouvrirent avec un grincement sinistre, dévoilant une ouverture béante dans le rempart. Jorka avait l’impression d’être aspiré par cette gigantesque bouche qui le cracherait bientôt hors de chez lui.

  • Au revoir mon frère, au revoir mon père. Cette fois je pars, non pas pour honorer nos traditions ancestrales, mais pour protéger notre futur. Magnamon m’accompagne afin de retrouver un voleur et par cet acte il agit comme un nain honorable et sera traité comme tel ! Nous reviendrons avec ce qui nous a été volé ou nous ne reviendrons pas.

Le discours d’adieu de Jorka reçu un accueil mitigé, les nains regardaient les minotaures alentours avec méfiance et pour certains avec une aversion non dissimulée. Mais ils saluèrent tout de même le départ du prince comme il se doit. Avant qu’ils aient pu faire un pas vers la sortie, une voix s’éleva dans la foule, un nain âgé s’avança en claudicant.

  • Mon prince, voici la solde que vous devait le baron de Vermar.

Le vieux nain tendit une maigre bourse au prince qui l’accepta. Il rangea le petit sac de cuir sous ses vêtements, remercia l’ancêtre Belshir, puis Jorka et Magnamon franchirent les portes côte à côte. Le nain s’arrêta devant le pont de pierre, il se retourna et fixa les murs pendant que les lourdes portes se refermaient. Les deux voyageurs s’engagèrent sur le pont, puis bifurquèrent vers le nord. Jorka pensa que le moment de vérité était venu, le minotaure pouvait soit l’attaquer tout de suite et s’enfuir, soit tenir sa promesse. Tenait-il plus à sauver son clan qu’a se sauver lui-même ? Le prince s’était toujours félicité de bien jauger les gens de son entourage, mais cette fois il se dit que c’était un pari bien risqué. Il gardait sa main sur le pommeau de sa hache, tout en se demandant si elle suffirait contre un aussi formidable adversaire. Le prince avait déjà affronté des minotaures, mais jamais en duel et toujours avec une armure. Il avait pu à chaque fois tirer avantage du terrain ou d’une distraction de son adversaire, mais il avait vu comment les humains en première ligne s’étaient fait piétiner sans rien pouvoir faire. Le temps passait et tout à sa réflexion, Jorka dut se rendre à l’évidence : il était toujours en vie et son taciturne compagnon n’essayait même pas de le menacer.

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Edouard PArle
Posté le 28/08/2021
Salut !
Encore un chapitre très sympa, quelques remarques :
"Je vois que j’ai ton attention," Je pense que tu peux supprimer cette phrase, ça ne fait pas très naturel dans un dialogue.
"Pendant ce temps Magnamon murmurait" -> pendant ce temps, Magnamon
"et pour certain avec une" -> certains
Voilà !
Eldir
Posté le 30/08/2021
Hello, merci encore d'avoir prit le temps de me signaler ces fautes.
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