Chapitre 3

Le lapin regagna le salon en quelques bonds.

— Halloween les rend tous fous, lança-t-il à l’attention de Rubie qui lustrait avec application sa fourrure aux couleurs de tiramisu de son entre-jambe.

La nuit était tombée. Winnie et son père ne tarderaient plus à rentrer. Newton se mit alors à effacer les traces de sa double vie. Il quitta ses chaussons, plia sa robe de chambre et la glissa sous les assises du canapé et, enfin, versa le reste de son thé froid dans le ficus.

—à qui le dis-tu, approuva distraitement la chatte.

— On n’a pas idée de croire à des bêtises pareilles. Un zombie ! Une sorcière ! Et maintenant, un fantôme ! Et puis quoi encore ?

GLING, GLING, GLING, GLING…

Rubie releva subitement la tête, sa patte gauche encore étirée au-dessus de sa tête. Ses oreilles s’orientèrent alors en direction de la cuisine.

— Qu’est-ce que c’était ? demanda-t-elle.

GLING, GLING, GLING, GLING…

De surprise, elle perdit l’équilibre et glissa à la renverse du sofa. Quand elle se remit sur ses pattes, sa fourrure était comme électrisée.

Newton essaya de se montrer rassurant :

— Allons, allons, Rubie, regarde-nous. Toutes ces histoires commencent à nous monter à la tête. C’est surement Robbert qui cherche quelque chose à se mettre sous la dent.

Robbert était un rat cambrioleur à la retraite qui avait élu domicile dans les combles de la maison. Il n’était pas rare qu’il fasse quelques virées en cuisine dans l’espoir d’y dénicher des restes qui satisferaient son palais de gastronome. Le rat avait conçu un réseau complexe de tunnels dans les cloisons et sous les parquets, ce qui lui permettait de se déplacer discrètement.

C’est alors qu’un coin du tapis se souleva et qu’une paire de moustaches frétillante apparue.

— Salut la compagnie !

Rubie adressa à Newton un regard plein d’inquiétude. Si Robbert était avec eux dans le séjour, qui pouvait bien se trouver dans la cuisine ?

 

Newton s’avança d’un bond déterminé jusqu’à la cuisine. Il allait prouver à Rubie qu’ils n’avaient rien à craindre et qu’il gérait la situation. Il balaya du regard la pièce. Ses yeux se rétrécir en deux fentes. Les lieux étaient plongés dans l’obscurité et les réverbères de la rue étiraient des ombres fantomatiques sur les murs. Le détective se laissa surprendre par un frisson qui remonta le long de sa colonne vertébrale. Il secoua vigoureusement la tête pour se remettre les idées en places.

Un millier de raisons pouvaient expliquer le drôle de bruit qu’ils avaient entendu. Une cuillère à spaghettis tombée sur le carrelage. Newton se hissa sur la pointe des pattes arrières. Ou bien le couvercle de la poubelle renversé par un courant d’air. Il tâtonna à la recherche de l’interrupteur. Ou encore, les persiennes en fer malmenées par le vent. Il actionna le petit va-et-vient en plastique. Un écureuil dans le placard à conserves.

UN ÉCUREUIL DANS LE PLACARD À CONSERVES ?!

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ClaireDeLune
Posté le 20/10/2022
Un écureuil dans le placard à conserves ? (XD)
Je suis tombée sur ton histoire à moitié par hasard et j'aime beaucoup ! J'adore le concept, c'est très mignon, les chapitres sont bien rythmés, les personnages très attachants, et les situations assez drôles. La mise en place du récit est efficace, et les chapitres bien découpés. C'est pile dans la saison en plus ! Bravo !
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