Chapitre 27 - Sehar

Notes de l’auteur : Bonjour :D Je passe en coup de vent ici pour poster en avance, parce que je ne pense pas que j'aurais le temps de le faire demain !

Avertissement de contenu : Avec ce chapitre, on entre dans le troisième arc qui sera globalement assez sombre, et touchera notamment le sujet du deuil au travers de nombreux regards. Si ce sont des sujets trop lourds à lire pour vous sans suite optimiste à portée de lecture (je sais que c’est parfois mon cas), vous pouvez attendre la publication du chapitre 32 qui est plutôt fun et mignon (juste avant la rechute du chapitre 33), ou celle du chapitre 34 qui ramasse les débris pour conclure l’arc 3 et lancer l’arc 4. Prenez soin de vous et bonne lecture :)

Sehar aurait aimé pouvoir s’endormir d’épuisement, comme les autres. 

Il se sentait à peine fatigué. Il savait que c’était ses pouvoirs de Gardienne - de Gardien - qui le maintenaient éveillé. Mais il ne savait pas s’ils le protégeaient lui, ou le poussaient à rester alerte et vigilant quand le reste de leur troupe n’avait plus la force de l’être. Seule Suzette ne s’était pas écroulée sur le pont, et gardait un oeil sur le panneau de pilotage de leur bateau, qui voguait dans les airs avec des craquements sinistres.

Sehar n’avait pas lâché ni Nodia, ni Del, qui s’étaient tous les deux endormis contre lui, le dos contre la rambarde opaque qui ceignait le bateau. Le maegis avait rabattu le scaphandre de sa combinaison, et Suzette avait trouvé une vieille voile pour recouvrir Nodia comme une couverture, mais la valeni se collait tout de même à lui pour se tenir chaud. Avant de s’endormir, Del avait fait descendre Lo du lit flottant pour lea ramener plus près de lui, et iel était désormais allongé sur leurs jambes, sa tête sur les genoux de Del et le reste sur ceux des deux autres. Les paupières mi-closes, et le regard toujours vide.

Il ne reste plus qu’une coquille vide, qu’il faut re-remplir jour après jour.

Il faisait si froid, là-haut.

Qu’était-il arrivé à Lo, pour qu’iel soit dans cet état ? Si c’était un sortilège comme celui que la Doyenne lui avait proposé, pour lui retirer ses nouveaux pouvoirs… est-ce qu’on lui avait pris quelque chose ? Et pourquoi ? Est-ce qu’iel se réveillerait un jour ?

Lo ne réagit pas, lorsque Sehar serra sa main dans la sienne.

Elle était si froide, sa peau.

La Doyenne lui avait demandé s’il serait assez fort pour rester lui-même, s’il choisissait le sortilège qui pouvait risquer de lui faire perdre qui il était. Sehar ne pensait pas qu’il l’était à l’époque, et savait qu’il ne l’était toujours pas aujourd’hui. 

Mais Lo était fort.

Alors comment quelqu’un comme iel pouvait se perdre à ce point ?

Sehar aurait voulu pouvoir demander à Nodia ce qu’il s’était passé, plutôt qu’attendre seul avec toutes ses incertitudes. Et il n’osait pas interroger les deux maegis en face d’eux, non plus. Les jumelles et le petit oiseau restant étaient recroquevillées l’une contre l’autre, malgré l’inconfort évident provoqué par les combinaisons trop grandes pour elles qu’elles avaient trouvées dans le bateau. La maegis qui avait porté le même chapeau que Nodia, lorsqu’ils les avaient trouvés dans le château volant - Jin - était en larmes, autant que l’oiseau noir qu’elle serrait dans ses bras - Sia. La douleur de la troisième - Erin - était moins visible, mais le rebord rougi de ses yeux, et la façon dont ses mains s’agrippaient aux deux autres ne laissaient aucun doute sur le fait qu’elle souffrait, elle aussi.

Le dernier passager de leur bateau trop petit était Zaza, qui n’avait personne à qui s’accrocher, et que personne n’avait tiré sur ses genoux pour veiller sur lui. Le valeni était toujours inconscient, allongé à quelques pas de Suzette, qui n’avait pas détaché ses yeux noirs de la console de pilotage.

Sehar ne savait pas où elle les emmenait. Ils n’avaient pas suivis les autres bateaux, et avaient longé le rebord du monde pendant si longtemps que des montagnes avaient fini par apparaître, tout en bas. Elles ne ressemblaient pas à celles de son désert, cependant, alors Sehar supposa que Suzette ne les ramenait pas chez lui. Elles étaient trop froides et acérées, ces montagnes-ci. 

Le bateau descendit enfin, jusqu’à accoster la falaise au pied des montagnes, au bord d’un quai usé qui n’avait pas l’air d’avoir été utilisé depuis des décennies. Lorsque leur embarcation s’arrêta pour de bon, Sehar ne bougea pas, et pendant un long moment, aucun des autres passagers de leur navire ne remua un muscle non plus.

Puis Suzette lâcha un gros soupir, et se retourna vers eux, son regard sinistre légèrement humide.

— Debout, les sales gosses, croassa-t-elle avec douceur. On va pas rester là toute la journée, non plus.

— On est où ? murmura Del.

Ses yeux étaient encore endormis, et il avait à peine regardé au-dehors du bateau. Il observait Lo, et chassa une mèche de sa joue d’un geste délicat, comme s’il avait peur de lui faire du mal s’il était trop brusque.

— Le Fort Sentinelle, répondit Erin avec une voix serrée.

— Il y a quelqu’un qui peut soigner Lo, ici ? demanda Sehar.

Les jumelles échangèrent un regard, et restèrent silencieuses alors qu’elles se hissaient sur leurs pieds. 

— Il n’y a personne dans le Fort, l’oisillon, répondit finalement Suzette. C’est juste une ruine, mais on y sera tranquille le temps que les autres capitaines se ramènent.

Elle attrapa les câbles dans ses serres et vola jusqu’au quai pour attacher leur bateau. Sans coups de canons ni sortilèges pour les faire dériver, elle n’avait plus besoin que qui ce soit prenne de risque pour les accrocher. Les jumelles et Sia furent les premières à descendre, après avoir déplié la rampe d’embarquement, pendant que Sehar soulevait Lo dans ses bras. Iel était beaucoup plus lourd que Del, et les bras de Sehar n’étaient pas tout à fait assez grand pour le tenir le plus confortablement possible. Mais après avoir vu le lit flottant malmené par le chaos de la bataille, l’y déposer de nouveau paraissait impossible, même dans le silence de la montagne. Del et Nodia descendirent à sa suite, appuyés l’un contre l’autre, tous les deux dans un état trop déplorable pour réussir à avancer seul.  

Seul resta Zaza, toujours inconscient, et Suzette ne remonta pas pour le chercher. Alors Sehar ne s’en préoccupa pas non plus, pour le moment. Il y avait plus important que le valeni, dans ses bras et à ses côtés. Et devant lui, aussi.

Le Fort Sentinelle n’était plus qu’une ruine, qu’aucune verdure ne recouvrait, contrairement à celle qu’ils avaient croisée sur leur chemin, il y avait une éternité de cela. Il était nu, ses pierres rouges mangées par le temps ou par des sortilèges, les hautes arcades des fenêtres évidées de leurs vitres, la toiture disparue. Le chemin qui le reliait au quai était fissuré, mais Suzette y avança sans hésiter.

— C’est pas aussi terrible que ça en a l’air, assura-t-elle. Allez, restez pas plantés là, la nuit va revenir avant qu’on se pose si ça continue.

Sehar n’avait pas vu les lueurs qui redescendaient doucement vers le sol, au loin. Ici, il faisait encore clair, avec la lumière des nuages qui ne faiblissait pas. Elle ne faiblissait sans doute jamais, si c’était les Oranimus qui produisaient cette lumière. A moins que les morts ne dorment, eux aussi.

Suzette les mena jusqu’à un espace plus accueillant que le reste, dans les ruines : les quatre murs étaient encore là, les fenêtres vides avaient vue sur le quai et sur l’ouest, dans la direction du Manoir aux Cerises, et par la trouée au-dessus de leur tête, ils pouvaient aussi voir les montagnes. Sehar espérait que rien n’en descendrait, parce qu’il n’était vraiment pas prêt pour découvrir ce qu’il s’y cachait. 

Alors que Suzette faisait demi-tour vers leur bateau, il allongea Lo sur la vieille voile que Nodia avait utilisée comme couverture, et Del se laissa aussitôt tomber sur le sol à côté d’iel. Lorsqu’il parla de nouveau, sa voix était écrasée dans sa gorge, à peine reconnaissable sans son entrain habituel.

— Nodia… que s’est-il passé ? 

Elle hésita, les lèvres serrées et les épaules tendues. Puis, silencieusement, elle pointa le coin où s’étaient assises les jumelles. Peut-être que Nodia n’avait pas les gestes, pour expliquer ce que Lo avait subi, et qu’elles savaient. Mais Sehar sentit dans le regard de la jeune fille une colère tapie dans l’ombre, et il sut aussitôt que ce n’était pas la raison pour laquelle elle les avait montrées.

Del n’avait vu pas vu cette ombre. Il s’aida de Sehar pour se remettre sur pied malgré son évidente fatigue, une lueur d’espoir dans ses yeux humides, et s’avança jusqu’aux deux autres maegis à petits pas. Elles avaient l’air aussi lasses que lui, sous le verre teinté de leur scaphandre - elles avaient perdus un être cher, après tout. Peut-être que c’était un de leurs Oranimus, s’il se souvenait correctement de ce que leur avait expliqué Suzette.

— Pourquoi Lo est comme ça ?

Jin baissa presque aussitôt les yeux, ses mains gantées plongées dans le plumage du petit corbeau. Erin prit une inspiration, redressa le dos, mais ne trouva pas davantage ses mots.

— S’il vous plait, insista Del. Vous savez si on peut lea soigner ?

Sehar sentit les mains du maegis trembler contre son bras, et il le soutint davantage, un bras sur son ventre pour l’empêcher de tomber en avant.

— C’est… tenta Jin. Enfin… 

— Nous lui avons pris ses souvenirs, coupa Erin. Il lui faudra des soins spéciaux, qui prennent du temps, et que nous ne pouvons pas faire ici.

Sehar écarquilla les yeux, et resserra instinctivement sa prise sur Del, qui tremblait davantage. Nodia s’était avancée à sa droite, et s’il en croyait son regard meurtrier, l’information ne la surprenait pas le moins du monde.

— Je suis désolée. Nous ne voulions pas causer du tort inutilement, murmura Jin.

— Du tort ? répéta Del. C’est une blague, j’espère ? Tu as vu dans quel état iel est, là ?

Le maegis s’était redressé, ses tremblements accentués de manière inquiétante à mesure que sa rage grandissait. Sehar ne comprenait pas. Les jumelles avaient eu l’air d’aider Nodia à s’enfuir avec Lo, lorsqu’ils les avaient retrouvés. Comment pouvaient-elles être responsable de son état, si elles étaient de leur côté ? Ça n’avait aucun sens !

— On ne savait pas, et iel ne voulait -

— RENDEZ-MOI LO !

Il y avait tellement de fureur, dans ce cri, que Sehar lâcha prise bien avant que le premier sortilège ne l’envoie au sol. Il ne pouvait pas voir la fissure de Del, mais il devina aux reflets multicolores sur le scaphandre que sa magie chaotique était déjà hors de contrôle. Un deuxième sortilège fusa, une onde de choc qui fit perdre l’équilibre aux jumelles un battement de coeur avant qu’elles ne se remettent de leur surprise, boucliers dressés et mains tendues, prêtes à frapper. Nodia avait tiré une lance des ténèbres, mais ne bougea pas, les yeux rivés sur les deux filles lorsqu’un troisième sortilège dressa des pics tout autour de Del.

— Il a été touché par le mal, constata froidement Erin. Il faut l’arrêter avant -

Un quatrième sortilège, un disque lumineux qui s’agrandit tout autour de Del trop vite pour que Sehar n’ait le temps de vraiment comprendre ce qu’il voyait, renversa les jumelles au sol et Nodia avec. La valeni grimaça de douleur, et ni Jin ni Erin n’eurent l’air de savoir comment gérer la situation, leurs boucliers de nouveau brandis et les oreilles tremblantes.

Alors Sehar fit la seule chose qu’il savait faire.

Sans réfléchir, il avança. 

Il en avait assez de voir ses amis souffrir. Peu importe si les salves de Del lui brûlait les écailles. Peu importe s’il perdait l’équilibre. Peu importe s’il ne savait pas comment empêcher les sortilèges de fuser de tout côté, ni même s’il était possible de ramener sa magie chaotique sous contrôle. Il avança jusqu’au maegis, et serra ses bras autour de lui.

— Doucement, Del. Je suis là.

Il ne savait pas s’il les avait criés ou murmurés, mais dès qu’il prononça ces mots, les couleurs de la fissure cessèrent de changer, et se stabilisèrent sur ce qui paraissait être un rouge brûlant, sous la vitre. Tous les muscles de Del cédèrent, et il s’effondra dans ses bras, à bout de souffle. Son regard ne s’accrocha à rien, plissé par la douleur, et ils restèrent ainsi tous les deux longtemps sans que personne n’ose ni bouger ni prononcer un mot. Les jumelles avaient gardé leurs boucliers, et Nodia était toujours à terre, mais elle indiqua à Sehar d’un bref signe de tête qu’elle s’en sortirait, malgré la marque qui avait déchiré le tissu sur son ventre. Les ruines autour d’eux n’avaient pas bougées, et Lo, toujours allongé, toujours endormi, n’avait reçu aucune des dangereuses salves.

Finalement, ce fut Del qui brisa le silence, les yeux tournés vers le sol.

— Je voulais juste voir si le monde au-delà du désert était moins moche que le mien. Mais rien ne se passe jamais comme on le veut, hein ?

Sehar sentit son estomac se serrer. Il comprenait ce que Del ressentait, et il aurait aimé savoir quoi dire, pour les réconforter tous les deux. Lui aussi avait fuit en espérant le meilleur, et cela ne l’avait pas sauvé.

— Mais enfin, c’est quoi tout ce boucan ? 

Suzette était réapparue dans le cadre de la porte, les plumes hérissées. Derrière elle, Zaza, l’air visiblement encore sonné et débarrassé de sa combinaison et du scaphandre, les examinait avec une mine presque furieuse.

— Del a perdu le contrôle de sa magie, répondit Erin. Il est probablement touché par le mal. 

Probablement ? Vérifiez, au lieu de rester derrière vos boucliers ! Ces jeunes, faut tout leur dire, c’est pas possible…

Malgré son ton exaspéré, l’oiseau regardait Del avec une mine inquiète, et Erin lui obéit aussitôt. Elle s’approcha de Del et Sehar, qui resserra d’instinct ses bras autour du maegis. Ce dernier n’avait plus la force physique de bouger, à demi-écroulé sur le sol, ni de regarder Erin avec colère, lorsqu’elle s’agenouilla devant lui.

— C’est un sortilège très simple, expliqua-t-elle. Si les nimbes de ton générateur changent de couleur, tu es sain. 

Sous son scaphandre, les petits nuages qui flottaient autour du visage d’Erin sans le masquer changèrent de couleur en démonstration, assez significativement pour être discerné sous la vitre teintée. Del acquiesça doucement pour seule réponse, et la maegis plaça une main sur le verre de sa combinaison. Presque aussitôt, les nuages de Del changèrent de couleur, exactement comme les siens, et Sehar relâcha une partie de la tension de ses épaules. 

— Tu n’as pas été touché, constata Erin avec surprise. Pourtant, ce genre de débordements de magie…

— Je suis juste naturellement fêlé, siffla Del entre ses dents. Lâche-moi.

Elle retira sa main du scaphandre, et se redressa pour reculer d’un pas.

— Nodia, tu es blessée, constata Jin.

La seconde jumelle tenta de s’approcher de la valeni, qui lui fit aussitôt signe de ne pas la toucher. Jin ramena ses mains devant elle et détourna le regard vers sa soeur, qui observait encore pensivement Del.

— Sehar aussi, fit remarquer Suzette. T’as une jolie marque de corruption sur les écailles, l’oisillon. 

Il cligna des paupières, et libéra un de ses bras juste assez pour observer la longue griffure rouge qui courait en diagonale du bas de ses côtes au milieu de son ventre. La marque n’était pas douloureuse, sauf s’il y pensait trop, comme si la magie que Del avait laissée sur ses écailles tirait sur la sienne.

— Dans un premier temps, soignons tout ce qui peut être soigné, ordonna Erin. Fenara ne va pas attendre notre prochaine action pour récidiver, alors il faut trouver des alliés sur qui compter, et vite.

— Tu n’est pas en charge, grommela Zaza.

Appuyé contre un rebord de fenêtre, dos aux nuages et les bras croisés sur sa poitrine, il les observait d’un regard agacé, que la maegis n’hésita pas à lui rendre.

— Toi non plus. Tu es un danger public, répliqua Erin. 

— C’est beau, de la part de celle qui a fait ça à Lo, grommela Del. Très inspirant. 

— Si tu nous laissais le temps d’expliquer… tenta Jin.

Nodia lança un caillou contre sa combinaison pour l’interrompre, et Sia se précipita entre les deux filles.

— Pas touche à mes petites soeurs !

— Si on vous laissait le temps d’expliquer quoi que ce soit, ce serait mensonge sur mensonge, siffla Zaza. Vous n’êtes pas mieux que Fenie

— C’est toi qui ose parler de mensonges ?  Le prince des Nahara, secrètement un hybride adopté, sans que personne ne soit au courant pendant plus de vingt ans ? 

— Je n’ai pas eu le choix. Et la Dame savait tout.

— Barty est mort à cause de toi ! s’indigna Jin.

— Si vous étiez parties au lieu de vous interposer -

Un croassement perçant l’interrompit, et Suzette écarta ses ailes, ses plumes dressées et ses yeux noirs furieusement fixés sur l’ensemble de la troupe. Ils se figèrent tous, et Sehar, qui ne comprenait rien à rien à ce qu’il se passait, rapprocha Del de lui. S’ils commençaient à se battre, il allait devoir l’emporter loin, et Lo avec, même s’il ne savait pas où ni comment, avec seulement deux bras…

— C’est fini ces conneries ? pesta Suzette. Si vous avez besoin d’un coupable, y’a pas besoin de chercher loin. Vous avez tous fait de la merde, les sales gosses. Zaza, je pensais que tu serais vraiment la bonne personne pour enfin mettre à jour les bêtises de Fenara, et tu fous tout en l’air comme ça, pour le plaisir d’un duel qui aurait servi à rien ? En plus, t’avais aucune chance de gagner ! T’as déjà du cul de t’en être sorti vivant !

Il détourna le regard, la mine furieuse, mais visiblement incapable de répliquer.

— Et vous trois ! Par le grand maître mage, mon coeur saigne d’avoir vu ce petit Barty mourir comme ça, et quand je vois toutes les conneries que vous avez faites sans moi pour fourrer le bec dans vos affaires, je regrette de pas vous avoir emportés loin de la Toile pour de bon. Mais ça ? Prendre les souvenirs de quelqu’un ? A quel moment c’est une bonne idée, je vous demande ? Vous avez pas honte de votre cruauté, franchement ? C’était quoi, la prochaine étape, exécuter des gens parce qu’on vous a dit que c’était comme ça, la guerre ? 

Les jumelles et leur grande soeur oiseau baissèrent les yeux - aucun doute qu’elles ne tiraient aucune fierté de ce dont Suzette les accusait. Elle se tourna enfin vers Sehar et Del, toujours appuyés l’un contre l’autre sur le sol.

— Et vous deux, là, les oisillons. Et toi aussi, qui casse tout en criant. Vous avez surtout l’air d’être d’une bande de gosses qui font n’importe quoi, mais j’ai du mal à croire qu’à aucun moment personne ne vous a dit que c’était dangereux d’être dans l’Abradja tout seuls comme des cons. Fallait pas venir ici, et on va vous renvoyer à la maison dès que votre pote a fini sa sieste.

Del trembla dans ses bras, les larmes au bord des yeux, et Sehar le rapprocha encore davantage de lui, sans oser dire quoi que ce soit non plus. Lorsque Suzette relâcha enfin la tension de ses plumes, pour baisser le regard avec la mine la plus triste que Sehar lui ait jamais vue, son estomac se serra, et il aurait préféré qu’elle continue à blâmer le monde entier, même les nuages s’il le fallait, plutôt que de dire ce qui suivit.

— Mais je suis celle qui a le plus merdé, conclut-elle dans un murmure. Si j’avais tué ma petite soeur quand le maître des temps me l’a dit, au lieu de croire que je pouvais changer le destin, rien de tout ça ne serait arrivé.

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DraikoPinpix
Posté le 01/05/2022
Coucou ! Je suis encore là :3
J'arrive à me retrouver entre les personnages, néanmoins, ce qui prouve qu'iels marquent pas mal ! ;) Ça manque peut-être de descriptions au niveau des lieux, afin de mieux visualiser. L'histoire prend une tonalité plus sombre, c'est intéressant.
A bientôt !
AnatoleJ
Posté le 03/05/2022
Coucou :D Ravi de te revoir dans les parages !
C’est effectivement très rassurant que les personnages te marquent ! C’est noté pour les descriptions, je vais voir ce que je peux faire. Une tonalité plus sombre ? Je ne vois pas de quoi tu parles... Héhéhé... (ça dérape doucement, bien vu !)
A bientôt :)
Nanouchka
Posté le 05/03/2022
Giga-génial ce chapitre.

On se dit enfin tout ce qu'on a sur le coeur. La colère fuse. La douleur. On avance. On reconstruit un petit groupe sur des bases saines. C'est pas la joie, mais c'est de la guérison, c'est chouette.

Après la question sur la carte, voici la question sur le trombinoscope. Est-ce que tu aurais une sorte d'esquisse par race ? Que je voie à peu près ce que tu as en tête pour tout le monde. Parfois, j'ai du mal à les visualiser.
AnatoleJ
Posté le 09/03/2022
Il était siiii satisfaisant à écrire. On a tous besoin d’une mamie Suzette qui nous gronde pour remettre la machine en route !

Je n’ai pas de trombinoscope à proprement parler (si j’avais l’énergie, je crois que j’aurais écrit et dessiné toute une encyclopédie pour aller avec, ça aurait été tellement fun à faire) mais parfois je poste des illustrations sur twitter, donc on y voit leurs petites têtes ^^

Merci comme toujours pour tes commentaires, c’est un plaisir de te lire ! A bientôt :D
Mathilde Blue
Posté le 13/09/2021
Coucou :D

Bon, c’était pas la joie ce chapitre T_T Pour ne pas dire carrément la déprime… Lo ne se réveille pas, tout le monde s’engueule, et ils sont un peu tous paumés… En même temps ça lance bien la dynamique qu’il y aura dans ce groupe, donc ça promet un certain… dynamisme ^^

J’ai beaucoup aimé le passage où Del se met (très) en colère. Déjà parce qu’on est vraiment pris par la scène avec sa magie qui devient incontrôlable. Et puis parce que cette colère a quelque chose de très touchant, alors que c’est un personnage qui déborde d’optimisme d’habitude. On sent qu’il est complètement désespéré. Et c’était si mimi quand Sehar vient le calmer, je fonds T_T

Et puis Suzette qui débarque pour engueuler tout le monde, alors qu’en fait c’est surtout à elle-même qu’elle en veut, trop d’émotions pour mon petit cœur ce chapitre T_T

Mes petites notes :

« Il savait que c’était ses pouvoirs de Gardienne - de Gardien - qui le maintenaient éveillé. »
Je ne suis pas fan de cette formulation à l’écrit, je trouve que « Il savait que ses pouvoirs de Gardienne – de Gardien – le maintenaient éveillés » est plus adapté, mais ça reste subjectif !

« mais la valeni se collait tout de même à lui pour se tenir chaud »
Haha, trop mims Nodia une fois qu’elle dort xD

« Le dernier passager de leur bateau trop petit était Zaza, qui n’avait personne à qui s’accrocher, et que personne n’avait tiré sur ses genoux pour veiller sur lui. »
Hello darkness my old friends x)

« — RENDEZ-MOI LO ! »
Le désespoir de Del, mon cœur est en miettes T_T

« — Doucement, Del. Je suis là. »
Trop mignon T_T

« — Je voulais juste voir si le monde au-delà du désert était moins moche que le mien. Mais rien ne se passe jamais comme on le veut, hein ? »
Et là tu écrases les miettes de mon cœur…

« — Je suis juste naturellement fêlé, siffla Del entre ses dents. Lâche-moi. »
Bon, là y a même plus de miettes

« La marque n’était pas douloureuse, sauf s’il y pensait trop, comme si la magie que Del avait laissée sur ses écailles tirait sur la sienne. »
Alors j’avoue que je n’ai pas trop compris cette phrase:/

« — C’est beau, de la part de celle qui a fait ça à Lo, grommela Del. Très inspirant. »
Je suis morte, ça se tacle dans tous les sens xD

« S’ils commençaient à se battre, il allait devoir l’emporter loin, et Lo avec, même s’il ne savait pas où ni comment, avec seulement deux bras… »
Sehar est vraiment beaucoup trop pur pour ce monde T_T

« — Mais je suis celle qui a le plus merdé, conclut-elle dans un murmure. Si j’avais tué ma petite soeur quand le maître des temps me l’a dit, au lieu de croire que je pouvais changer le destin, rien de tout ça ne serait arrivé. »
Bon on s’en doutait, mais c’est quand même super déprimant cette affaire T_T

Voilà ! À bientôt :D
AnatoleJ
Posté le 14/09/2021
J’avais prévenu qu’on entrait dans l’arc déprimant, c’était pas dit à la légère T_T Mes pauvres bébés...

Je confirme que ce sera le chaos cette petite bande (j’ose même pas les compter tellement ils sont nombreux...) et pourtant ils vont si bien ensembles x) (pour se mettre des coups de pied dans les genoux bien mérités)

Del me brise tellement le coeur, le pauvre petit T_T Le plus dur c’est qu’il a de l’espoir jusqu’à la dernière seconde, il était pas prêt pour tout ça... et heureusement que Sehar est là, il ne sait pas ce qu’il fait mais il le fait si bien, pas comme les autres T_T

Ma pauvre Suzette, elle veut juste que les autres ne souffrent pas comme elle, et faut bien qu’elle les gronde pour qu’ils fassent pas de bêtises, c’est tout T_T

« Haha, trop mims Nodia une fois qu’elle dort xD »
Elle va pas refuser un radiateur gratuit quand même xD

« Hello darkness my old friends x) »
Je l’imagine tellement écouter cette musique au premier degré en badant dans le noir étalé sur le sol, et ne sortir que parce que quelqu’un l’en tire par la peau du slip après avoir ouvert les rideaux x)

« Alors j’avoue que je n’ai pas trop compris cette phrase:/ »
C’est quelque chose que je ne voulais pas trop expliciter parce que Sehar n’en comprends pas les conséquences (d’où le fait que c’est flou), mais pour reformuler façon Muse avant que je ne trouve autre chose de plus clair mais non explicite : la magie de Sehar c’est comme un joli orchestre, et la magie laissée par l’attaque de Del c’est comme si Gulliver tapait le rythme en décalé avec ses sabots dans le public. Il suffit de se concentrer sur le concert pour ne pas entendre ce malotrus mais si on fait exprès de le regarder massacrer la musique, ça fait mal ! Voilà, je sais pas si le concept est plus clair comme ça x)

« Je suis morte, ça se tacle dans tous les sens xD »
Fallait bien qu’ils commencent à s’étriper à un moment où un autre xD

« Sehar est vraiment beaucoup trop pur pour ce monde T_T »
Heureusement qu’il est là pour remonter le niveau avec ses deux petits bras, quel ange ce petit T_T

Merci pour tout tes commentaires, à bientôt :D
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