Chapitre 27 bis

Par AliceH
Notes de l’auteur : Pendant ce temps, à la Citadelle...

Delphine reprenait peu à peu ses esprits, assise à l'arrière d'un énorme Porsche Cayenne. The man in black, Françoise et Madeline étaient parties tenter de camoufler le meurtre de Théo en une exécution de Théo. Durant le bref voyage jusqu'en bas du boulevard de la Liberté, Madeline leur avait expliqué que les Death givers les avaient surveillées tout la semaine suite à un accord passé après l'incident du joggeur (qu'elle avait du expliquer à Françoise), que le mot de code pour demander leur aide était « Starmania » et que visiblement, Théo était entré très discrètement par la cour tandis que The man in black était au téléphone. Il avait été décidé qu'on ferait passer cet incident comme un acte délibéré. Selon l'idée des Death givers, désespéré par le refus des Death planners de mettre fin à ses jours, le jeune homme aurait décidé de vendre tous ses biens afin de pouvoir se payer un Death giver et en finir. Quand on lui avait fait remarquer que la famille allait bien voir que Théo avait toujours ses affaires chez lui, The man in black avait répondu que sa sœur s'en occupait.

Delphine était toujours couverte de sang mais elle respirait à nouveau normalement malgré son nez qui lui faisait encore terriblement mal. Elle ne voulait pas que ça se termine comme ça. Bien sûr, elle savait qu'il y avait de fortes chances pour que Théo les tue, que c'était probablement lui ou elles, mais sa mort avait été extrêmement brutale. Avec un soupir, elle se dit qu'elle allait devoir en parler à Nour. Il n'y avait pas de raison pour que les psys ne voient pas d'autres psys. Est-ce que les psys voyaient d'autres psys ? Ou est-ce que Hannibal lui avait menti ? Elle se redressa quand elle vit une voiture de police s'approcher discrètement et deux agents en sortir, lampes torches à la main. Aussitôt, Delphine eut un très mauvais pressentiment. Ainsi, elle se décida à sortir très doucement son téléphone portable avant de s'aplatir sur la banquette. Avec un peu de chance, personne ne la remarquerait et ses collègues décrocheraient vite.

 

_____

 

« 4 3 2 1

Je joue de la musique !

Je respire musique,

je réfléchis musique,

je pleure en musique !

Et quand je panique...»

– Putain, Françoise, le mode silencieux ! pesta Madeline qui tenait les pieds de Théo.

– Je pensais pas qu'on allait m'appeler pendant que je transporte un cadavre, désolée, répondit celle qui tenait ses bras.

– C'est ça, dites-le plus fort, déjà qu'on est pas du tout suspects, maugréa The man in black.

– Si ça se trouve, c'est Nour qui se demande ce qu'on fout. On peut la comprendre.

– On a décidé de créer une faction anti-coriandre et on demande la création d'un territoire indépendant, la République des non-amateurs d'herbes au goût de savon.

– Je vous rejoins, lança The man in black. La coriandre c'est dégueu.

– Vous allez pas vous y mettre non plus.

– Quoi ? C'est vrai. Allez, balançons-le dans la flotte qu'on en finisse.

– Comme ça ?

– Comme ça, confirma-t-il en jetant Théo la tête la première dans l'eau vaseuse.

4 3 2 1 !Je joue de la musique ! Je respire musique-

– Allô ? décrocha Françoise, le souffle court.

– Y'a les flics qui approchent ! couina Delphine dont la voix hésitait entre murmurer et crier.

– Les flics ! s'écria en même temps The man in black qui voyait deux lampes torches s'approcher d'eux.

– On se barre, dit Madeline qui tournait déjà les talons.

– Mais on a rien fait de mal.

– Quoi, « On a rien fait de mal » ? On a balancé un mec dans la Deûle !

– Selon l'histoire officielle dont nous avons convenu, on a rien fait de mal.

Vous n'avez rien fait de mal. Essayez de justifier ce qu'on fout là maintenant qu'il est trop tard pour s'enfuir !

Police ! Restez où vous êtes ! Qu'est-ce qu'il se passe ici ? aboya un des agents en dirigeant le faisceau vif de sa lampe au milieu de leurs visages.

– Je suis Death giver comme vous pouvez sans doute le voir. J'étais en train de conclure un contrat avec ce jeune homme ici, qui est tombé dans l'eau après mon impact de balle.

– On a rien entendu pourtant.

– Ça a été très court vous savez, ça a pu arriver pendant que vous fermiez la porte ou qu'un motard passait près de vous, on pense pas forcément à un coup de feu quand on entend un truc qui pète...

– Et vous deux ? demanda l'autre agent à Madeline et Françoise qui hésitaient entre tenter de fuir et tenter de fuir mais dans une direction opposée.

– Et bien...

– Voyez-vous, monsieur l'agent, continua The man in black, le jeune homme ici décédé était très en colère envers ces Death planners après un refus d'euthanasie de leur part. Il a donc dû se résoudre à me payer pour abréger ses souffrances comme son dossier n'avait pas été accepté. J'aimerais dire que c'est très rare mais malheureusement, on voit tellement de haine et de misère et de douleur et de choses sombres et tordues, des choses horribles que vous ne pouvez imaginer, des secrets de familles qui éclatent au grand jour, des incestes, des vols, des viols, des héritages qui virent à la partie de Cluedo, des-

– On a compris Monsieur.

– Non, vous pouvez pas comprendre ! Des agriculteurs endettés jusqu'au cou et même pire, qui me demandent de les achever pour ne pas entraîner leurs petits-enfants dans la dette et la misère ! Des parents qui tuent leurs enfants pour des assurances-vie ! Des petites mamies au caniche que je dois assassiner froidement pour que leur petit-fils cocaïnomane puisse payer sa dope ! Des voisines ronchon qu'on tue juste pour pouvoir faire des soirées house le samedi soir ! Mais dans quel monde on vit, je vous le demande, monsieur l'agent ? Hein ? Hein ?! continua-t-il, fiévreux.

– Je crois qu'on comprend Mons-

– Vous ne pouvez pas comprendre ! Je vais appeler mon frère Miroslav, il vous dira la même chose que moi. Attendez que je prenne mon téléphone !

– C'est pas nécess-

– Si ! Il faut que vous ayez tous les éléments pour comprendre pourquoi ces braves femmes sont avec moi aujourd'hui dans l'esprit d'une coalition entre nos deux corps de métier liés pour toujours par cette affaire tragique ! Siri, appelle Miro !

– Non mais ça ira Monsieur ! lança un des agents.

– C'est pas la peine ! On a compris, renchérit l'autre.

– On s'en va.

– Ouais, on a rien vu.

– Au revoir et euh, bonne chance dans votre coalition.

Les policiers fuirent sans demander leur reste ni même jeter un regard en arrière. Une voix se fit entendre depuis le téléphone de The man in black :

– J'ai raté un truc ?

Au même moment, Calogero exposa une nouvelle fois tout ce qu'il faisait en musique. Irritée, Françoise décrocha :

– Allô ?

– Françoise, vous foutez quoi ? On est déjà au quatrième candidat et personne n'est là. Après, ils sont nuls donc vous ratez pas quand grand chose mais quand même, dit Nour.

– Kévin t'a pas expliqué ?

– Il a raconté un truc à propos d'un crochet chez Picard mais bon, il faut pas une heure pour chercher des surgelés.

Françoise ne pouvait pas lui donner tort sur ce coup-là. Elle mit son téléphone sur muet afin de demander à Madeline et Stanislas si elle devait dire la vérité à Nour. Tous s'accordèrent sur la réponse à donner :

– On arrive, Madeline et moi. Et peut-être Delphine. Mais pas Noémie et Camille. Longue histoire. Très longue histoire. On t'expliquera. Tout comme tu expliqueras pourquoi t'as décidé de foutre de la coriandre dans ton plat. Oui oui, « C'est comme ça qu'on fait », mon œil ! C'est comme ça qu'on finit par devoir courir chez Picard dix minutes avant la fermeture pour se choper une pizza, Nour. C'est à cause de la coriandre et des gens comme toi qui la défendent, clama-t-elle avant de s'interrompre et de conclure : Ouais à plus.

Quand elles revinrent en voiture pour se précipiter vers le Picard le plus proche, où The man in black les déposa en double file, Madeline et Françoise eurent la surprise d'apprendre que malgré tout, Delphine avait très envie de regarder l'Eurovision avec ses collègues ce soir-là. Elle se disait que si tout cette exubérance de kitsch, de paillettes et des chansons qui sentaient bon l'eurodance ne pouvait pas la distraire, rien n'y arriverait. Franchement, elle ne se sentait pas rester seule chez elle après tout ça. Et encore plus franchement, elle aimait bien ses collègues : elle espérait vraiment que malgré cette fin de stage tumultueuse, Madeline l'embaucherait.

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Bleiz
Posté le 31/07/2023
Salut Alice !

"Quoi, « On a rien fait de mal » ? On a balancé un mec dans la Deûle !" --> Ça m'a bien fait rire x)

L'histoire de la coriandre, c'est marrant mais vu le ton assez sérieux de la scène, ça me parait superflu. Je pense que tu pourrais la replacer à un autre moment. Les autres traits d'humour suffisent à garder l'atmosphère relativement légère.
La fin est top : malgré un cadavre balancé dans le fleuve, trouver un CDD reste la priorité x)
Par contre, je suis étonnée que la police se moque complètement dudit cadavre dans la rivière. OK il y a le Death Giver donc c'est (plus ou moins ? Je n'ai pas encore compris toutes les subtilités de la relation Death givers -death planners) légal, mais il n'empêche qu'il reste un monsieur en train de se faire grignoter par les crabes. Pas très sanitaire, tout ça…

Je vais lire le chapitre suivant !
AliceH
Posté le 31/07/2023
Non ! Le message anti-coriandre est IMPORTANT ! Le monde doit SAVOIR !
Pour le côté "ils s'en foutent", c'est un peu plus expliqué dans le tome suivant mais en gros, les DG peuvent tuer qui ils veulent sans souci, après effectivement, c'est à la police d'aller pêcher le gars. C'est juste que ces mecs-là ont pas trop envie de le faire quand y'a Stanislas (et ses monologues chelous) qui traînent dans le coin.
Bleiz
Posté le 31/07/2023
Ça fait longtemps que j'ai pas goûté à la coriandre... ta propagande est en train d'avoir l'effet inverse, j'ai envie de me rappeler le goût maintenant...
Nanouchka
Posté le 07/07/2023
♥ Toujours présente. J'attends la suite avec impatience.

Détails :
→ Ce premier paragraphe était un peu confus pour moi. Trop de noms, trop d'infos.
→ "Il a raconté un truc à propos d'un crochet chez Picard mais bon, il faut pas une heure pour chercher des surgelés." Meilleure phrase.
AliceH
Posté le 21/07/2023
Merci, je note ! Et merci bis pour tes encouragements ! ♥
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