Chapitre 23 - Erin & Jin

Notes de l’auteur : Bonjour :D Avec quelques jours de retard parce que le retour sur les internets m'a un peu submergé, voici le chapitre 23, dans lequel on fait un petit pas en arrière pour découvrir l'envers du décor, côté jumelles. Bonne lecture :)

ERIN

Erin aimait les surprises. Même les mauvaises. 

Chacune lui demandait de se triturer les méninges pour emboiter chaque nouvel élément dans le grand tableau de ses objectifs. Et lorsqu’une nouvelle pièce rentrait parfaitement après qu’elle l’ait ajustée, polie, remaniée, repensée dans les moindres détails, le nouveau tableau n’en devenait que plus satisfaisant.

Parmi tout ce qu’elles avaient tiré des souvenirs de lea faune, il n’y avait pas que de bonnes nouvelles. Il y avait de tout : des nouvelles informations qui les aideraient grandement, d’autres qui les ralentiraient, certaines sur lesquelles elle avait besoin de plus de détails avant de pouvoir définir leur nature.

La venue de Lo, en soit, avait été une surprise, et une bonne. Même si son refus de coopérer en avait été une mauvaise, et la nécessité d’user un sortilège aussi invasif pour ne pas perdre de temps, ni lea laisser les berner, en avait été une plus terrible encore. 

Peu importe. Il y avait toujours un moyen de s’en servir pour atteindre leur but.

— Amenez lea faune à l’hopital. Tout doit être fait pour qu’iel puisse retrouver ses capacités normales, compris ?

Les gardes acquiescèrent, et elle leur adressa un sourire, avant qu’ils ne s’éloignent avec le corps inanimé de Lo en suspension dans les airs entre eux. Elle caressa Barthélemy, son corbeau, qui ferma à demi les paupières lorsqu’elle gratta entre ses deux grands yeux jaunes et gris. Elle se tourna vers sa soeur, qui n’avait presque plus bougé depuis qu’elles avaient séparé de nouveau leur magie à la fin du sortilège, et regardait pensivement dans le vide, une main posée dans les plumes d’Anastasia. 

— Maman aura sans doute fini dans pas longtemps, constata Erin. 

Jin cligna des yeux, et tourna la tête vers elle. 

— Oh, oui… ça ne te dérange pas de lui faire un compte-rendu toute seule ? Je suis un peu fatiguée, après le sortilège…

Les épaules d’Erin se tendirent - peu importe, elle pouvait aussi composer avec cette surprise là. Si sa soeur était fatiguée, et qu’elle voulait se reposer, il était plus profitable pour tout le monde qu’elle prenne le temps de le faire. Même si Erin avait envie de pouvoir tout partager avec elle… ce qu’elle voulait n’était pas le plus important ici. Ce dont Jin avait besoin l’était.

— Okay. Tu nous rejoins à diner, alors ?

Jin acquiesça, et Erin la serra dans ses bras, avant de la laisser partir, Anastasia sur ses talons. Sa soeur semblait vraiment épuisée… son essence magique était tourmentée et instable. Mais elle s’en remettrait. Elle était forte, elle aussi.

— En route, Barty.

Pour rejoindre Fenara, ils devaient traverser le château, le long de couloirs lumineux clairsemés de belles couleurs et de motifs enchantés qui alimentaient tous les sortilèges nécessaires au maintien de la structure. Elle croisa de nombreux maegis et leurs oranimus, quelques très rares mercenaires étrangers, et longea plusieurs fois les murs pour laisser passer des poneys pressés qui transportaient au petit trot de précieuses cargaisons. Erin s’arrêta devant la salle du conseil des maîtres mages, et constata qu’ils n’étaient plus en session. Elle continua sa route jusqu’à la la chambre de sa mère, toqua, et attendit une réponse qui ne vint pas. Est-ce que Fenera était trop concentrée pour l’entendre ?

— C’est moi, Erin.

Si sa mère ne répondait toujours pas, la porte verrouillée la reconnut, au moins, et s’ouvrit. Mais un bref coup d’oeil à l’intérieur lui confirma qu’il n’y avait personne, alors elle referma la chambre et continua sa recherche. Si elle n’était ni dans la salle du conseil, ni dans sa chambre… où est-ce qu'Erin pourrait trouver sa mère ?

Elle souffla un petit sortilège pour la retrouver, et le laissa la guider dans l’immense château, presque de retour à son point de départ. Elle monta le petit escalier en colimaçon d’une tour désaffectée, en pleine reconstruction, qui était trop étroite pour que Barty y étende ses ailes. Le rapace lui lança un regard désapprobateur, mais lui emboîta néanmoins le pas, jusqu’au palier du deuxième étage.

Là, Erin s’arrêta, et ils tendirent l’oreille.

— Ces imbéciles ont diminué les ressources pour capturer le dernier Nahara et l’hybride Nidré. Quel culot ! siffla Fenara.

— Mais ils croient toujours que leur existence est un problème, n’est-ce pas ?

Erin ne reconnut pas la voix. Elle lança un regard interrogateur à Barty, qui secoua la tête avec la même incertitude. 

— Bien sûr, continua sa mère. Et le sort des valenis diminués n’a pas été rementionné, heureusement. Mais Mazteroff leur monte à la tête.

— Fanom a toujours été persuasive… 

— C’est une bonne chose que son fils soit si malade, sinon elle aurait déjà renversé tout le conseil et sortit le maître des temps de sa cave. 

L’inconnu soupira, et tapota contre une surface dure avec un agacement marqué.

— Je t’avoue que c’est de plus en plus difficile d’empêcher des gens d’approcher. Tout le monde veut recevoir ses probabilités des mains du maître.

— Les tiennes semblent assez convaincantes, pourtant.

— Je suis un excellent menteur, admit l’inconnu avec un léger rire.

— Et ils sont tous terriblement dupes. Mais tant que personne ne trouve son cadavre, ce n’est pas notre plus gros problème.

Erin serra ses mains autour du bec de Barty pour l’empêcher de croasser de surprise, et manqua de cogner contre la porte dans la manoeuvre. Elle avait peur que leurs brusques mouvements ne soient pas passés inaperçus, cependant - à l’intérieur, Fenara et l’inconnu avaient cessés de bouger.

Elle en avait entendu assez. Pour le moment, il était plus sûr de prendre la fuite avant qu’ils ne se fassent repérer pour de bon. Elle allégea ses pieds nus et les serres de Barty d’un sortilège, et ils filèrent tous les deux au bas de la tour jusqu’à une fois encore rejoindre leur point de départ, la salle désormais occupée par une réunion de navigateurs qui l'avaient entièrement réarrangés pour y accueillir une quarantaine de personnes et leurs oranimus.

Erin n’y prêta pas davantage attention. 

Tout ce qu’elle venait d’entendre, là-haut, était une très très mauvaise surprise.

Maître des Temps n’était pas qu’un titre honorifique, chez les mages de la Toile. C’était une position difficile, essentielle, qui leur permettait de prendre de nombreuses décisions. Le maître pouvait prédire des catastrophes et faire en sorte qu’ils n’aient jamais à les vivre. Il pouvait déceler une opportunité longtemps avant qu’elle ne se présente et indiquer le meilleur chemin pour qu’ils s’en saisissent. Tous les choix du conseil des maîtres mages, bien que basés sur leurs expertises respectives, reposait en grande partie sur les informations qu’il leur mettait à disposition.

Dont le choix d’éliminer plusieurs alliés de longue date, pour s’assurer que personne ne ralentirait leurs efforts pour protéger l’Abradja du terrible cataclysme qui s’apprêtait à s’abattre sur eux.

Erin n’avait pas besoin d’être le Maître des Temps pour savoir que, si ce dernier était désormais un cadavre, la probabilité qu’il soit vivant était nulle. Quelqu’un - Fenara, l’inconnu, ou un associé, car elle devait envisager qu’ils ne soient pas que deux à être impliqués - était allé jusqu’à figer le corps du maître pour l’empêcher de disparaître, comme le faisait le corps de tous les maegis à leur mort. C’était un sortilège complexe, et avec les éléments qu’elle avait en main, Erin ne pouvait que supposer que cela empêcherait les pouvoirs du maître de passer à l’hôte suivant, qui qu’iel soit.  

Plus personne ne surveillait pour eux ni le passé, ni le présent, ni le futur. 

A moins qu’un suivant ait déjà été choisi, et que la préservation du cadavre ait un tout autre but. Un suivant qui s’ignorait peut-être, ou ne s’était pas manifesté. Parce qu’iel savait certainement que c’était trop dangereux de s’annoncer, alors que Fenara cachait encore la mort de son prédecesseur au reste du monde.

Il n’y avait aucune raison pour elle de faire cela - à moins de vouloir quelque chose qui n’était pas dans l’intérêt du plus grand nombre. 

Combien des ordres et suggestions qu’elle avait donnée, et qu’Erin et Jin avaient suivi, étaient motivés par son propre intérêt et non celui de l’Abradja ?

Erin déglutit. Et dire qu’elle avait été à ça de donner à sa mère des informations essentielles…

Elle s’arrêta, alors que ses yeux tombaient de nouveau sur la salle où ils avaient reçu Lo et Nodia.

Et si la mort des Nahara, Naveri et Nidré était aussi une décision qui avait été prise sans se baser sur une prédiction du Maître des Temps ?

Le coeur battant, elle reprit sa route, suivie de près par Barty qui soufflait avec inquiétude. Elle avait besoin d’une nouvelle surprise, et d’une bonne… elle redressa ses épaules avec un léger sourire. Là, au bout du couloir, se trouvait juste la personne qu’elle avait besoin de voir.

— Densen ! Un mot, s’il-te-plait ?

— Oh, ça tombe bien, je voulais causer à quelqu’un de nos paiements…

Elle la stoppa d’un geste de la main, et l’hybride à plumes bleu et or se renfrogna légèrement. 

— Nodia Nidré, est-ce qu’elle est encore en vie ? demanda Erin.

— A ce sujet, oui, justement. C’est qu’on est pas assez payés et tuer quelqu’un, ça se fait pas pour le plaisir, ou alors faut voir un médecin et vite.

— Parfait. » Erin tira de sa poche un petit porte-monnaie rond, et en tira une pierre de marquage qu’elle serra dans son poing, le temps d’y infuser un sortilège de paiement. « Changement d’ordre. Protège là. Si quelqu’un te donne un autre ordre, même Fenara, fais-moi appeler immédiatement avant de faire quoi que ce soit. Je peux compter sur toi ? »
Densen soupira, et tendit une main pour récupérer la pierre marquée.

— Je sais que je devrais pas dire ça parce que c’est mon job, de chasser… mais je préfère attraper les gens et les surveiller que les buter. Tu peux compter sur moi, Erin.

Elle sourit, et lui tapota l’épaule.

— Je t’envoie de quoi manger pour mieux tenir la garde.

Densen lui rendit le sourire et la salua d’un signe de tête, avant de retourner vers la salle qui avait été temporairement attribuée à sa troupe de mercenaires.

Maintenant qu’elle avait réglé la question la plus urgente, elle pouvait prendre un peu plus de temps pour réfléchir… intégrer la trahison de Fenera dans le grand tableau de ses objectifs ne pouvait pas se faire en quelques instants, après tout. 

Surtout parce que ce n’était pas n’importe qui, qui avait menti. C’était la maîtresse des armes. Une des conseillères les plus respectées et anciennes du conseil des maîtres. Une enchanteresse formidable et une guerrière redoutable, qui n’avait aucun égal dans tout l’Abradja. 

C’était sa mère, qui avait menti.

Erin pinça ses lèvres. Elle devait parler à Jin…

Sauf que sa soeur jumelle avait besoin de repos, pas de nouveaux problèmes sur le dos. Pour au moins quelques heures, Erin devait se débrouiller sans elle et Anastasia.

— On fait quoi, Rin ? 

La petite voix douce de Barty la sortit de ses pensées, et elle ouvrit la bouche quelques instants avant de parler. Qu’allaient-ils faire, en effet ?

— Je dois éliminer des incertitudes. Sinon mes décisions ne seront pas les meilleures...

Il pencha la tête sur le côté, et elle tira ses lèvres en un sourire presque malicieux.

— Ça fait longtemps qu’on a pas joué à cache-cache, non ?

 

***

 

JIN

Les images se rejouaient dans sa tête. Scène après scène. Emotion après émotion. 

Toute une vie, qui pendant quelques instants avait été la sienne, mais qui s’éloignait progressivement, comme si le verre teinté qui la séparait du vide la masquait aussi, désormais. Elle appuya une main sur la vitre bleue, et reprit son souffle.

— Tu veux t’allonger, Jiny ? demanda Anastasia.

La maegis secoua la tête. C’était la première fois qu’elle faisait ce sortilège. Erin aussi, mais sa soeur semblait l’avoir bien mieux encaissé qu’elle. Tant mieux - elle ne lui souhaiterait jamais de souffrir autant.

Elle n’aurait jamais souhaité non plus à lea faune de subir cela, si elle avait su avant ce qu’elle savait maintenant. Elles auraient dû l’écouter. Elles auraient dû lea laisser parler, pas lui prendre ce qu’iel savait contre son gré. Elles auraient dû lea laisser utiliser ses mots.

— Je… Tu peux me ramener quelque chose à manger ? Je crois que je vais aller dans la réserve…

Anastasia lui lança un regard mi-inquiet, mi-désaprobateur, les plumes de son cou légèrement redressées.

— Tu devrais dire à Riny que ça va pas. Ou à maman.

Jin secoua de nouveau la tête, et tourna le dos à la vitre pour s’y appuyer. Sa nuque était en sueur, mais sa vue un peu moins trouble que quelques minutes plus tôt.

— Je sais. Mais seulement quand la guerre sera finie. 

— Elle a même pas commencée.

Anastasia soutint son regard quelques instants, puis secoua le bec avec résignation.

— Je vais voir s’il reste des muffins à la cerise d’hier soir.

— Merci, Sia.

Le corbeau frotta affectueusement sa tête contre son bras, et s’éloigna vers les cuisines les plus proches. Jin prit une grande inspiration, se décolla du mur, et, avec une main contre la vitre pour se guider, trouva son chemin jusqu’à la réserve, et la laissa ouverte pour qu’Anastasia puisse l’y rejoindre facilement.

Là, entre deux caisses enrubannées, elle s’effondra, les jambes tremblantes et les larmes aux yeux.

Elle venait toujours ici, lorsque les missions confiées par sa mère et les autres maîtres devenaient trop difficiles. Personne ne se rendait plus dans cette pièce oubliée où des vieux costumes et accessoires de théâtre s’effaçaient des mémoires. Parfois, lorsque c’était trop, Jin prenait un costume, et prétendait être quelqu’un d’autre, pendant quelques instants, et Anastasia se joignait à elle. Elles jouaient des exploratrices, des princesses, un duo de grandes maîtresses mages, des Féroces… n’importe qui d’autre qu’une jeune maegis perdue et son oranimus tout aussi désemparée.

Jin aurait aimé que sa soeur Erin prétende avec elle, quelques fois, et cette fois-ci en particulier - mais cela faisait longtemps que sa soeur ne jouait plus.

Si elle avait été ici, elles auraient pu faire semblant de partir pour l’autre côté du désert, voir de leurs propres yeux ce que l’esprit de Lo de la Botte leur avait montré. Elle voulait rencontrer ces maegis qui vivaient sur la terre ferme sans craindre de perdre qui ils étaient, au milieu de toutes les autres races d’êtres qu’elle ne voyait que de loin et qui ne la regarderait pas avec autant de méfiance là-bas qu'ici. 

La nausée remonta dans sa gorge, et il s’en fallut de peu pour qu’elle ne vomisse entre les caisses.

Pour qui elle se prenait, à vouloir partir là-bas pour vivre une petite vie tranquille, quand elle venait tout juste de prendre son esprit à quelqu’un qui n’avait rien fait de mal ?

Pour qui elle se prenait, hein ?

Quand est-ce qu’elle était devenue cette personne là, celle qui prenait parce qu’elle le pouvait, celle qui prenait alors que ça faisait si mal ?

Elle se recroquevilla contre ses genoux et laissa les larmes couler, l’estomac tordu de douleur. Lorsque la porte de la réserve s’ouvrit, elle sécha ses larmes, pour ne pas montrer son visage le plus hideux à Anastasia - sa pauvre soeur Oranimus n’avait pas besoin de voir tout ça.

Mais lorsqu’elle releva les yeux, ce n’était pas un corbeau qui lui faisait face. Elle se redressa brusquement, les yeux écarquillés et le coeur battant, et recula le plus possible contre le mur.

Vêtue d’une armure de métal trop grande pour elle, par-dessus une couche d’un sortilège végétal qui la recouvrait tout entier, Nodia la regardait aussi. 

Bien vivante, et furieuse. 

La valeni fit un pas en avant, et fit sortir des ténèbres une lance d’ombre, qu’elle pointa sur son visage. Jin n’avait pas envie de mourir, mais elle savait que Nodia aurait eu raison de la tuer. Jin ne pouvait que lui nuire. La Toile avait ordonné sa mort, et elle avait blessé Lo. Il ne faudrait pas longtemps avant qu’elle ne soit capturée et que le destin que le maître des temps lui avait vu ne la rattrape. Les mots se bousculèrent dans sa gorge, et sortirent avant que Jin n’en ait pris conscience, incompréhensibles et presque inaudibles.

— Je suis désolée.

La lance resta pointée sur elle, et Nodia réduit encore le peu de distance qui les séparaient. Enveloppée dans sa double-armure, la valeni était terrifiante, bien que le sortilège qui maintenait sa protection en place était de plus en plus fragile. Il n’était plus nourri que par un désespoir que Jin trouva familier, mais qu’elle avait peur de regarder en face.

Elle n’avait pas le choix, cependant. Elle déglutit, et poussa d’autres mots hors de sa gorge.

— Lo est à l’hopital. Iel va être soigné. Je suis désolée…

Nodia abaissa sa lance, et hésita quelques instants. Puis, de sa main libre, elle signa.

Montre-moi.

— C’est… c’est loin d’ici. Tu te ferais repérer trop vite.

Déjà repérée. Montre-moi quand même, insista Nodia.

La lance était de nouveau pointée sur son visage, et Jin déglutit.

Nodia n’était pas vraiment un danger pour elle, en réalité. La maegis sentait sa fatigue, et ici, au bout du monde, une valeni ne pouvait pas faire le poids contre qui que ce soit. La lance n’était qu’une tentative désespérée de garder le navire à flot avant de couler pour de bon. Ce n’était pas de cela dont elle avait peur. 

Ce dont elle avait peur, c’était de choisir. Choisir de continuer à faire des choses qui la faisaient se sentir si mal, sans jamais en voir la fin. Choisir d’en faire une seule, qui la marquerait comme une traîtresse, qui décevrait sa mère. Qui l’éloignerait d’Erin. Même si elle aurait toujours Anastasia, quoi qu’il arrive…

Elle ne pouvait pas perdre Erin, jamais.

Pourtant, lorsqu’elle se redressa sur ses pieds, la décision qu’elle avait prise n’était pas la bonne. Pas celle qui lui garantirait d’avoir sa soeur à ses côtés. Elle calma sa respiration, acquiesça, et tapota une des caisses enrubannées à côté d’elle.

— Tu es bonne actrice, j’espère ?

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Nanouchka
Posté le 28/02/2022
Salut Anatole,

De nouveaux personnages ! Et elles sont si chouettes. Je les recrute immédiatement pour notre bande de joyeux larons.

Une partie de moi se demande s'il ne faudrait pas compliquer la tâche en gardant une soeur de chaque côté de la "guerre". Ce serait plus déchirant, mais ce serait peut-être aussi hors-ton, parce qu'en fait ton roman reste très doux jusqu'à maintenant (hormis la scène de la torture, cela va sans dire).

Ça fait quelques chapitres cependant que je me fais la réflexion (est-ce que je l'ai déjà mentionné avant ? est-ce que c'est le bon endroit pour le mentionner ?) qu'il me manque un objectif pour les loulous. Que chacun ait envie d'arriver quelque part, que ce soit important pour eux d'y accéder, et que tout ce qui arrive ce soit des obstacles et non pas l'action principale. Dans le sens où je sens nos personnages passifs face au monde extérieur, ce qui fait que le roman s'étire, au lieu de se condenser et s'accélérer. Il me suffirait de petites touches dans chaque chapitre pour que je sache vers où tel personnage veut arriver.

Par ailleurs, est-ce que tu aurais une carte de ton monde quelque part ? J'en ai toujours besoin dans les romans fantasy, j'avoue, je me perds si vite, c'est catastrophique.
AnatoleJ
Posté le 02/03/2022
Salut Nanouchka :D

Je suis content que tu apprécies Erin et Jin, elles méritent de se faire adopter aussi héhé (même elles ne sont pas très douées pour faire bonne impression, pas sûrs que nos petits aventuriers seront du même avis)

Pour la division des deux soeurs j’y ai pensé, mais ça ne collait effectivement pas trop ni à ce que voulait raconter ni à ce que mes personnages avaient à me dire (et c’était redondant avec une autre division que tu découvriras bientôt), donc j’ai assez vite écartée cette option ! (elle était très douce cette scène de torture voyons, hahaha... ahem)

Je t’avoue que le manque apparent d’objectif me rend un peu perplexe, parce que j’en donne même aux personnages qui n’apparaissent qu’une ou deux fois (Tsari le traitre de cheval pie a ses propres desseins secrets, un grand incompris cet équidé). J’aime aussi leur donner des objectifs qu’ils ne s’avouent pas à eux-mêmes en plus de leurs objectifs explicites, et tout ce qui leur tombe sur le nez est alimenté par leurs choix + les choix des « ennemis » et des personnages secondaires :
Sehar veut retrouver son père (mais pour l’instant ne pas se faire assassiner par des maegis et comprendre pourquoi ils en veulent à ses écailles c’est déjà pas mal), Nodia veut retrouver les valenis (et au passage prouver sa valeur à leurs yeux et aussi savoir pourquoi on veut la tuer, si c’est pas trop demander), Lo et Del avaient un objectif apparent (explorer le monde) qui cache des raisons individuelles plus mystérieuses (que je n’expliciterais pas pour le moment donc), et ont temporairement mis leurs plans de côtés pour aider Sehar et Nodia (du coup peut-être que ce serait d’eux deux que te viens cette impression ?)
Je me demande aussi si le fait que le début est un peu long n’est pas la cause de cette impression (plutôt que la conséquence) ? Parce que sur ce point je suis 100% d’accord avec toi, ce début s’étire beaucoup trop ! Il y a aussi un épisode un peu plus loin qui mériterait un petit coup de taille-haie (quoique des fois je me demande s’il ne faudrait pas restructurer en plusieurs tomes, mais il est encore trop tôt pour se prononcer).
Sinon ça peut aussi être l’absence d’un objectif commun jusqu’ici (ça arrive très bientôt) ? Pour l’instant leur objectif c’est survivre et comprendre pourquoi on en veut à leurs fesses exactement, ce qui repousse leurs objectifs individuels de côté et peut donner cette impression de manque d’agentivité (malgré le fait qu’ils prennent chacun des décisions basées sur leurs propres intérêts et de leur valeurs, je pense notamment à Lo qui a l’air de couler avec le flot, pour iel s’impliquer autant à aider des inconnus quitte à s’oublier ça fait partie d’iel, et ce sera adressé dans un pan de son arc personnel).
Cette réponse est déjà beaucoup trop longue donc je m’arrête là, le sujet me passionne assez pour que j'en écrive des pavés haha ^^

J’ai une carte ! Elle n’est pas très détaillée mais ça peut déjà te donner une idée des distances et des positions relatives des lieux : c’est sur mon site, que tu peux trouver via mon profil, la carte est dans la rubrique « aradhis & abradja »
Nanouchka
Posté le 04/03/2022
Coucou Anatole,

J'ai beaucoup aimé ta réponse ! Je pense que c'est un mélange en effet de : le début est long (même si je l'ai adoré) + pas d'objectif commun + 2 d'entre eux ont des objectifs secrets + les 2 qui ont un objectif ne le poursuivent pas en l'état puisqu'ils sont constamment en mode survie. Ça donne une sensation de jeu vidéo où on te donne une mini-quête (je pense à Diablo III sur la Switch) et ensuite tu te retrouves à taper du monstre pendant 20 minutes, et tu sais plus du tout pourquoi t'es là.

Elle est si belle ta caaaaaaarte, j'en veux une tout pareeeeeil. Et ton site est très chouette.
AnatoleJ
Posté le 09/03/2022
Coucou Nanouchka :D

Hahaha pour le coup quand je jouais encore un peu j’étais 100% la personne qui faisait toutes les quêtes secondaires, et se faisait un trip dans sa tête pour justifier pourquoi mon personnage perdait son temps à faire tout ça alors que la quête principale avait beaucoup plus d’enjeu (maintenant je joue plus qu’au sims, problème résolu)
Je suis au moins rassuré sur le fait que mon explication ait du sens, c’est bon signe, ça veut dire qu’une solution est pas trop loin même si je suis encore loin de l’avoir trouvée ^^

Aaaah merci, je m’étais bien amusé à la faire, c’est relaxant de dessiner pleins de petites montagnes ! (beaucoup moins de les traverser, mes personnages ne me remercient pas)
Mathilde Blue
Posté le 23/08/2021
Coucou :D

J’ai trouvé ce chapitre super intéressant, avoir le point de vue d’Erin et de Jin avait un côté très enrichissant, et ça donne tout de suite beaucoup plus de profondeur aux personnages. Dans le chapitre précédent, elles avaient l’air très semblables, mais on se rend compte qu’elles n’ont en fait rien à voir. D’ailleurs, Jin est très touchante, et le déroulement de ses pensées jusqu’au moment où elle décide d’aider Nodia semble très naturel !

Bon et puis la conversation qu’Erin surprend confirme que quelque chose de louche se trame… Et d’ailleurs, Fanom c’est pas la « mère » de Gulliver par le plus grand des hasards ? J’ai eu une illumination en lisant le prénom x) Et visiblement elle s’entend pas super bien avec Fenara, qui a franchement pas l’air net. Bref, ça fait plein de nouveaux mystèèèèèères !

Mes petites notes :

« Erin aimait les surprises. Même les mauvaises. »
C’est bien la seule xD

« des nouvelles informations qui les aideraient grandement »
Petit chipotage mais dans ce genre de phrases, on dit « de » et pas « des » il me semble.

« Si sa soeur était fatiguée, et qu’elle voulait se reposer, il était plus profitable pour tout le monde qu’elle prenne le temps de le faire. »
Elle a une façon un peu particulière de considérer les choses x)

« Tu nous rejoins à diner, alors ? »
Petit chipotage bis, on ne dit pas plutôt « pour le dîner » ?

« Si sa mère ne répondait toujours pas, la porte verrouillée la reconnut, au moins, et s’ouvrit. »
Très pratique ce truc

« Là, Erin s’arrêta, et ils tendirent l’oreille. »
C’est mal d’écouter aux portes :p

« cependant - à l’intérieur, Fenara et l’inconnu avaient cessés de bouger. »
Le tiret est un peu étrange, je pense qu’une virgule serait plus adapatée ^^

« Erin n’avait pas besoin d’être le Maître des Temps pour savoir que, si ce dernier était désormais un cadavre, la probabilité qu’il soit vivant était nulle. »
Merci pour cette analyse très perspicace xD (Blague à part, je ne pense pas que cette phrase soit très utile)

« Combien des ordres et suggestions qu’elle avait donnée, et qu’Erin et Jin avaient suivi, étaient motivés par son propre intérêt et non celui de l’Abradja ? »
Je compatis les enfants

« C’était sa mère, qui avait menti. »
Je pense que tu peux enlever la deuxième partie de la phrase, ça aura plus d’impact et ça aura moins l’effet répétition avec le paragraphe qui précède ! Mais c’est très subjectif

Voilà pour ce chapitre ^^ À bientôt :D
AnatoleJ
Posté le 25/08/2021
Coucou :D

J’aime beaucoup les jumelles, ça me faisait presque mal de les introduire sous un si mauvais jour (et avec un crime pareil... ) mais le masochisme de l’auteur, comme d’habitude, hein x)

« Dans le chapitre précédent, elles avaient l’air très semblables, mais on se rend compte qu’elles n’ont en fait rien à voir. »
Classique des jumeaux ça, en public ça peut pas s’empêcher de jouer avec leur ressemblance, tous aussi irrécupérables les uns que les autres...

« Et d’ailleurs, Fanom c’est pas la « mère » de Gulliver par le plus grand des hasards ? »
Bien repéré, c’est effectivement sa maman ! Et oui, elle ne s’entend pas très bien avec Fenara, Fanom est une casse-pied de service x) (pour la bonne ou la mauvaise cause ? Qui sait...)

« C’est bien la seule xD »
Erin vit dans une autre dimension que le reste du monde xD

« Petit chipotage bis, on ne dit pas plutôt « pour le dîner » ? »
En fait, j’ai confondu avec la formulation « inviter à dîner », en langage parlé on dit effectivement plutôt « venir (pour) dîner »

« C’est mal d’écouter aux portes :p »
Erin et Barty sont des délinquants sans scrupules

« Merci pour cette analyse très perspicace xD (Blague à part, je ne pense pas que cette phrase soit très utile) »
Elle a un humour froid très captain obvious, je te l’accorde x) (ça fait partie de sa personnalité, du coup cette phrase est plus importante qu’il n’y parait ! Mais peut-être mal intégrée au reste ? Ou trop ? Je vais me noter de me pencher dessus)

« Je pense que tu peux enlever la deuxième partie de la phrase, ça aura plus d’impact et ça aura moins l’effet répétition avec le paragraphe qui précède ! Mais c’est très subjectif »
Et bien figure-toi que j’ai fait aller retour sans réussir à me décider de si je gardais cette deuxième partie, justement x)
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