Chapitre 2

Le 5ème jour : Nimrod

Les quatre premières nuits, toute la communauté était restée dehors pour se trémousser au son des percussions et se baigner dans le clair d’Ephèbre. C’était le début du printemps et les branches du Grand Arbre s’étaient couvertes de milliards de fleurs blanches, si denses qu’on aurait dit de la neige. Seulement, les fleurs du Grand Arbre étaient connues pour leurs terribles rhumes des foins et bientôt l’air fut parcouru des éternuements de celles-ci – allergiques à elles-mêmes – et des hululements indignés des cornus qui, étant venu butiner leur pollen, se retrouvaient arrosé de mucus végétal.

Sous les regards curieux des musaraignes-garou et des crapauds-licornes, les grunes avaient joué dans des piscines de pétales à se les jeter par poignées, ils avaient descendu le tronc en glissant dessus et en avaient fait des parures à loger entre leurs tentacules.

Il avait gelé la nuit du quatrième jour ; Nimrod avait regardé les fleurs se recouvrir d’argent et elle avait réussi à ravaler ses sanglots.

« Tu gâches tout à pleurer », avait soupiré Lissarod « Calme-toi et profites. »

C’était un conseil difficile à tenir.

Cependant, pour la première fois, les grunes eurent froid : ils cherchèrent l’entrée de Villapapel. La ville était là, quelque part ; ils le savaient comme ils savaient le nom de toutes les choses. C’est Dïri qui trouva le creux dans le tronc en suivant les petits nids comme une piste de cailloux blancs ; Nimrod et Lissarod vinrent voir avec les autres.

L’entrée faisait comme une bouche noire bordée de pétales glacés. Les grunes jetèrent un coup d’œil curieux à l’intérieur : il y faisait très sombre, mais heureusement les esprits des os étaient tout aussi indiscrets qu’eux. Ils se glissèrent à la queue leu leu dans la grande bouche et la lueur diffuse de leurs silhouettes menues révéla les parois tout en y dessinant des ombres monstrueuses.

La grotte était pleine de tunnels partant dans tous les sens : sans doute creusées par les rampants, avant qu’ils ne s'en aillent vivre dans les racines de l’arbre-monde. Sur les murs de bois veinés de labyrinthes se trouvaient des centaines de petits nids semblables à ceux du dehors.

Les petites maisons étaient empilées les unes au-dessus des autres comme un énorme essaim. Là aussi, elles étaient abîmées, mais au moins, les grunes étaient à l’abri des courants glacés du vent.

Nimrod était épuisée de s’être autant amusée, alors elle se choisit un nid pas trop écrasé pour se rouler en boule et dormir. Lissarod hésita puis l’imita en se glissant dans le nid au-dessus du sien.

Alors qu’elles cherchaient le sommeil, un trio d’esprits des os passa près d’elles en gloussant ; on ne voyait de leurs visages que leurs petites dents rondes, plus blanches que le reste de leur corps. Ils s’arrêtèrent un instant pour humer l’air ; la lumière qu’ils diffusaient dessinait l’ombre de Lissarod au-dessus de Nimrod, par transparence. Celle-ci détailla le torse fin qui s’ouvrait sur des hanches très larges. Nimrod aimait beaucoup Lissa, mais parfois, celle-ci lui faisait peur.

Lissa avait quelque chose qui la différenciait des autres grunes. Souvent, son visage lunaire se froissait et sa peau faisait des rides, comme l’eau de la flaque quand on y jette un caillou. C’était au-dessus de ses yeux jaunes que cela se voyait le mieux et parfois, ses orbites se fronçaient et une barre verticale se formait au milieu de son front.

Nim avait les yeux du cœur ouverts, quand elle entendit un chuchotis au-dessus d’elle :

— Est-ce que tu parviens ӝ à trouver le sommeil ?

Nim répondit :

— Je crois que ça ne vient ӝ pas alors que j’essaie...

Elle n’avait jamais glissé dans les bras de Morphée et n’était pas sûre de savoir comment faire. Elle ajouta :

— J’y songe et cela fuit ӝ je fais pourtant tout pour.

— Quelle horreur de dormir ӝ avec si peu de jours...

Nim entendit sa compagne bâiller et se retourner ; Elle essaya de calmer son esprit troublé. Qu’est-ce que Lissa voulait dire par là ? Que signifiait le mot « horreur » ? Il fallait dormir donc on ne pouvait pas dire que c’était « une horreur » de devoir dormir. C’était comme...

Elle cherchait le mot pour exprimer ce qu’elle avait en tête. Ses paupières étaient très lourdes. Elle s’enfonça dans le sommeil sans avoir trouvé ce mot.

Le 6ème jour : Haéri

Il était temps que Haéri trouve l’entrée qui menait à Villapapel, car ses doigts étaient en train de se vêtir de bleu. Une fois devant la bouche dentue, il s’était laissé glisser dans le trou et bientôt, des douzaines d’yeux s’étaient levés vers lui.

Mîme venait de se hisser dans le ciel et beaucoup de grunes étaient encore en train de somnoler dans leurs cocons abîmés. Quatre individus déjà réveillés venaient de commencer à mâcher leurs premiers pétales. En le voyant arriver, ils crachèrent le contenu de leur bouche au centre de leur cercle, puis ils se levèrent en souriant pour l’accueillir.

Haéri vint vers eux avec les bras ouverts ; ils l’enlacèrent et lui donnèrent toutes sortes de marques d’amitié. Deux d’entre eux étaient des tepmehris aux boucles rousses et aux longs nez aquilins : des jumeaux ayant grandi dans la même gousse. Haéri devina aisément leurs prénoms : Tendoori et Kanaari. Si on excluait la casquette avec laquelle était né Tendoori, ils étaient strictement identiques. La troisième était une petite bromrod aux traits enfantins ; elle s’appelait Izzirod. Quant à la quatrième, c’était une bromrod grande et forte, dont le visage était élégamment entouré de tentacules ondulés de couleur terre cuite ; son nom était Héerod.

Ils lui demandèrent d’où il venait et furent tristes avec lui en entendant le récit de son voyage. Ils lui parlèrent de la grande fête qui avait eu lieu, de la beauté des pétales et des jeux, puis de la venue des dernières gelées de l’année. Ils avaient dormi dans les maisons des grunes de la saison précédente, mais ces maisons étaient abîmées et laissaient passer les courants d’air. Ils s’étaient levés tôt pour réparer les dégâts.

Haéri les écouta attentivement, leur enthousiasme et leur projet lui plurent et il leur demanda s’il pouvait se joindre à eux.

— Plus l’on sera nombreux ӝ plus l’on s’amusera ! répondirent-ils avec joie.

Haéri les imita, bien que la technique lui parut couler de source. À quoi d’autre pouvaient bien servir leurs bouches ? Il prit de l’eau dans sa cavité buccale ainsi que des pétales qu’il mâcha entre ses molaires jusqu’à ce que la salive ait donné une consistance de pâte à l’ensemble. Puis il cracha le résultat sur le tas qu’avaient déjà formé ses trois compères et il recommença.

Petit à petit, d’autres grunes se réveillèrent. Ils les rejoignirent et se mirent à mâcher, baver, cracher des pétales avec eux ; mais tous ne vinrent pas, car ils étaient fatigués d’avoir tant joué et beaucoup dormirent la journée entière.

La mastication était un travail pénible, mais maintenant qu’ils étaient nombreux, cela avançait vite. Ils se concertèrent pour organiser plusieurs équipes. Avec ses amis tout frais, Haéri fut chargé d’enduire les maisons trouées de nouvelles couches et ils consolidèrent les murs effrités ou ramollis par l’humidité.

Haéri venait de finir de refermer le trou d’un des petits nids quand il s’attaqua à la faille qui déchirait le flanc de sa voisine ; il appliqua une épaisse couche de pâte sur le trou.

— Aaaah !

Il sursauta : il y avait quelqu’un dans l’habitacle !

La pâte avait coulé et était tombée sur le visage de la dormeuse qui s’était réveillée en sursaut. Elle darda sur lui ses yeux de l’esprit, jaunes comme ceux des cornus ; son front se plissa et ses orbites se creusèrent.

— Je te demande pardon ӝ j’ignorais ta présence ! s’excusa Haéri en lui faisant un grand sourire.

Il s’attendait à ce qu’elle lui sourie en retour pour lui assurer que ce n’était rien. Mais la bromrod – Lissarod était son nom – le foudroya du regard et se retourna pour s’enrouler dans l’autre sens afin de reprendre son sommeil là où elle l’avait laissé.

Infiniment perplexe, Haéri se redressa. Ça, ce n’était pas banal, pour sûr !

Le 7ème jour : Lissarod

Lissa avait mal dormi. Le sommeil était venu, avait fui, puis était revenu. La jument de nuit avait tourné dans sa tête pendant des heures et elle n’arrivait pas à se débarrasser du sentiment d’oppression qui lui nouait le ventre. C’était même sans compter l’idiot qui lui avait fait couler une sorte de diarrhée blanche sur le bras. Elle avait mal au cœur et mal à la tête. En prime, elle commençait à se demander si elle était la seule personne normale ici. Les autres étaient tellement... tellement nunuches que c’en était insupportable.

Elle se redressa. Dans la petite alcôve située en dessous d’elle, Nim dormait du sommeil du juste. Elle la secoua doucement :

— Lève-toi vite nous avons ӝ déjà perdu un jour.

Nim bâilla, ouvrit ses quatre yeux et s’étira. Elle lui fit un sourire confiant de sous ses paupières bouffies de sommeil et acquiesça. Il faisait jour dehors et de maigres rayons de lumière venaient éclairer l’entrée de Villapapel où un groupe de grunes mastiquaient tous ensemble afin de fabriquer une pâte molle et blanche.

Lissa descendit de son nid et Nim la suivit docilement, les yeux de l’esprit encore tout collés de sommeil :

— Allons-nous les aider ? ӝ Ça a l’air amusant !

Lissa fit la moue :

— Faisons nos propres nids ӝ plus jolis et plus grands.

— Je ne saurais comment faire ӝ pour être plus habile...

— Si tu mâches pour moi ӝ je me ferais agile.

Nim insista :

— Allons avec les autres ӝ si nous manquons de temps !

— C’est mieux de faire soi-même ӝ que de copier bêtement.

Lissa observa Nim. Celle-ci semblait en proie à un dilemme. Elle considéra les autres grunes s’affairer puis son regard couleur absinthe revint sur elle. Son visage, qui était teinté de doutes quelques instants auparavant, était de nouveau calme, comme si elle avait pris une décision.

— Je pense finalement ӝ que je reste avec toi. Je crois que le plus simple ӝ serait que tu m’apprennes.

« Qu’est-ce qu’il y a dans ӝ la tête qui est la tienne ? » s’interrogea Lissa « Tu veux être avec eux ӝ mais tu restes avec moi ? »

Était-ce une forme de soumission ou autre chose ?

Lissa décida de ne plus y penser. Elle erra le long des maisonnettes et choisit un espace encore vierge près d’un groupe de chambres qui venaient d’être refaites. Elle visualisa une pièce plus large et deux alcôves plus modestes.

Nim était partie chercher des pétales. Elle revint rapidement :

— Il n’y aura bientôt ӝ plus d’eau dans le lac ! Alors remontons celle ӝ des tunnels dans des sacs !

— Et dehors ne pouvons ӝ nous pas en dénicher ?

— Malheureusement pas ӝ car tout est verglacé.

Elles travaillèrent l’ensemble de l’après-midi. Quand les murs eurent commencé à tenir debout, Lissa dessina des arabesques dans l’épaisseur. Nim essaya de l’imiter, mais ces dessins n’eurent pas la même grâce et elle renonça. Lissa fit le tour du campement et poussa son exploration jusqu’au-dehors.

Le monde était recouvert de dentelles bleutées ; Lissarod entoura son corps de ses bras en frissonnant tandis que les crapauds-licornes patinaient sur la flaque en se fendant la pipe. En s’acharnant, elle dénicha le morceau d’une carapace de lucane, une aile de libellule froissée, et moult plumes de cornus. Elle les ramena à l’intérieur en claquant des dents et s’appliqua à faire une couche qui résistait à l’eau autour de la maison en alternant de petites écailles de l’un ou de l’autre et un toit de plumes.

Quand elle eut terminé son labeur, elle se retourna ; le tepmehri bizarre qui l’avait réveillée cette nuit était en train de regarder son travail. Il était insolite avec son grand corps dégingandé, ses noirs yeux, ronds comme des œufs de rampants et son sourire moelleux qui ne disait pas ce qu’il pensait.

Il lui fit un signe de la main et ajouta :

— Comme ce travail m’enchante ӝ il est de toute beauté !

Bizarrement, ce simple commentaire la mit mal à l’aise. Elle se força à répondre avec politesse :

— Grand merci bien que ce ӝ soit fort exagéré.

Le 8ème jour : Dïri

Dïri ne participait pas à la grande œuvre collective : cela ne l’intéressait pas. Il avait déniché un abri pas trop exposé et celui-ci lui convenait.

Cependant, quand il n’y eut plus d’eau, il se proposa comme volontaire pour descendre dans les tunnels et remplir des feuilles roulées en cornet dans des vasques souterraines. Après tout, il avait lui aussi besoin de s’humidifier et il avait déjà prévu d’explorer les boyaux du Grand Arbre.

Nimrod ne s’était pas portée volontaire. De son point de vue, elle était trop timorée pour décider d’elle-même de s’enfoncer dans les profondeurs : c’était son amie qui l’avait envoyée pendant qu’elle construisait pour deux.

Deux groupes s’étaient formés et avaient pris des sentiers opposées. Nimrod hésitait quant à la direction à suivre. Il s’approcha d’elle.

— Bonjour désires-tu que ӝ nous y allions ensemble ? Deux mémoires valent mieux qu’une ӝ pour ne pas s’égarer.

Les joues de la jeune bromrod s'empourprèrent de noir. Visiblement, il la mettait mal à l’aise, mais il avait besoin d’une bromrod pour éclairer le chemin dans les galeries obscures.

— Oui effectivement ӝ quelle excellente idée ! Tous les boyaux de l’arbre ӝ dans le noir se ressemblent.

Elle parlait d’une petite voix qui forçait Dïri à tendre l’oreille. C’était agaçant, mais il pensa qu’elle était suffisamment timide sans qu’il lui fasse remarquer que son timbre particulier – riche, vibrant et lumineux – gagnerait à être mieux entendu.

Ils choisirent une galerie tortueuse qui descendait en pente raide. Le sol était glissant, mais au moins, il ne blessait pas leurs peaux nues. Dïri commençait à être vraiment pressé que son prekah pousse pour ne plus avoir besoin de se préoccuper de ce genre de choses.

Nimrod était plus rapide que lui et son brom en forme d’amande était très lumineux. Sa lueur révélait les irrégularités de la pente et leur permettait de ne pas s'égarer. De plus, la bromrod n’était pas loquace et il se félicita de son choix, car ce faisant, elle lui laissait la liberté de se perdre dans ses pensées sans être interrompu. En y réfléchissant, d’ailleurs, ils n’avaient pas l’habitude d’un tel calme ; l’extérieur était parcouru de bruits de gloussements de rires et de feuilles qui se froissent au grès des vents. Ici, rien. Aucun esprit des os ne les avait suivis et les seules rumeurs étaient les lamentations inquiétantes de l’air sifflant dans les souterrains.

Ils marchèrent près d’une heure sans trouver de trace d’eau autre que l’humidité du sol, mais brutalement, le tunnel s’élargit.

— Qu’est-ce donc que ce lieu ? ӝ Cela semble être une grotte !

Un lac immense occupait une bonne partie de la caverne. Des lichens fluorescents de couleur bleu électrique et rose en tapissaient le fond. Ils s’approchèrent de la surface. Dïri jeta un coup d’œil à Nimrod. Elle avait posé ses mains sur sa bouche et ses yeux étaient humides comme si elle voulait pleurer. Il fut soulagé quand elle se maîtrisa, car il n’aurait pas su comment la consoler. Cette grune était vraiment trop sensible ! Et de son point de vue, elle manquait un peu de personnalité. Il suffisait de voir comme elle se laissait mener par le bout des tentacules par sa copine. Heureusement que ce n’était pas une bavarde...

Soudain, elle pointa son doigt vers l’autre rive du lac :

— C'est bizarre il y a ӝ une forme qui brille là-bas.

Sa voix était inquiète et il vit que ses yeux de l’esprit se fermaient. Dïri plissa les paupières. Il y avait quelque chose en effet : une masse blanchâtre se détachait sur la noirceur de la grotte. La lumière du brom de Nimrod n’était pas suffisante pour l’éclairer. Il longea l’eau sur quelques mètres :

— Cela est intriguant ӝ rapprochons-nous un peu...

— En es-tu vraiment sûr ? ӝ C’est peut-être dangereux !

Son visage était apeuré et ses yeux du cœur s’exorbitaient. Il insista :

— Allons un peu plus près ӝ d’ici je ne vois pas.

Nimrod hésita, puis le suivit en rentrant la tête dans les épaules. Ils marchaient doucement, au cas où la masse soit une bête qu’il ne faudrait pas réveiller.

La chose blanche se dessina plus distinctement. Ce n’était pas une bête, mais un bâtiment fait en pâte de fleur. Dïri sentit la pression retomber, mais Nimrod n’avait pas l’air plus rassurée pour autant.

L’édifice était immense. C’était un palais entièrement sculpté, hérissé de dômes et de tours. Dïri murmura :

— C’est extraordinaire ӝ qu’ici soit un château !

— Pouvons-nous remonter ? ӝ Nous avons trouvé l’eau.

Elle tremblait comme une feuille ; Dïri posa une main apaisante sur son épaule :

— Du calme, tout va très bien ӝ ce n’est qu’un bâtiment.

— Oh ne sens-tu la chose ӝ qui se trouve en dedans ?

Dïri ne sentait rien de particulier. Il voulut la raisonner quand une lumière apparut derrière la fenêtre d’une des tours : il y avait quelqu’un !

Le tepmehri l’aperçut dans le halo de sa propre lueur : c’était une bromrod à la peau pâle avec de gros tentacules nacrés. Du precah blanc recouvrait entièrement son corps, laissant juste libre son visage, ses mains et son brom.

La grune regarda dehors et se figea dans leur direction.

Nimrod gémit :

— Oh, vite, allons-nous-en ! ӝ Je dois fuir cet endroit !

Elle paraissait véritablement terrorisée. Dïri lança un dernier regard à la bromrod dans son château immaculé. Son visage avait l’air âgé... adulte... Il cligna des yeux. Non, c’était impossible, tous les grunes avaient le même âge, non ?

Il fit demi-tour avec regrets.

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Feydra
Posté le 15/11/2022
C'est un petit univers très original et étrange. C'est écrit tout en douceur et tu arrives à décrire les grunes de manière tellement variée. J'ai juste beaucoup de mal à les visualiser, sans doute parce qu'ils sont tellement différents de l'être humain. Tu joues vraiment bien avec les mots : les mots inventés pour les décrire; leur façon de parler en vers. D'ailleurs, peut-être qu'une petite description correspondant à ces mots inventés ou un glossaire serait utile.
Au niveau des émotions, on peut s'y reconnaitre, par contre, et c'est bien car cela nous permet de dépasser leur étrangeté.
Toutes les autres créatures sont intéressantes : tu as créé un écosystème entier. J'aurais aimé que certaines d'entre elles soient plus décrites : les esprits des os notamment, qui me rappelle certains personnages des anime des studios Ghibli.
Edouard PArle
Posté le 07/11/2022
Coucou !
Je n'ai pas encore identifié tous les personnages mais ça viendra avec l'avancée de la lecture. Le rythme assez calme pour l'instant est assez logique au vu de l'histoire que tu racontes mais ce pourrait être intéressant d'ajouter quelques éléments d'intrigue pour accrocher le lecteur ?
Ton style est particulièrement soigné. Je n'ai remarqué le travail que tu faisais sur les dialogues en parcourant les commentaires, preuve que tu excelles dans l'exercice.
On sent qu'il y a en général beaucoup de travail derrière ton texte donc bravo !
Je poursuis ma lecture...
EryBlack
Posté le 20/09/2022
C'est trop coooool ! J'adore que tu fasses sentir qu'il y a un déroulé habituel de la vie des grunes, mais qu'en l'occurrence ce déroulé est bouleversé par les personnalités de certain-es. Et puis cette apparition à la fin, oh là là ! Va savoir pourquoi mais pour le lac je visualisais un peu celui de Harry Potter 6, haha. J'adore aussi l'univers visuel que tu déploies. Je crois que les dessins que j'ai pu voir (et l'apparition de Nimrod dans Ville Noire) guident un peu mon esprit, mais j'ai quand même l'impression que tu parviens à être claire en dépit de toute l'inventivité globale, et c'est chouette !
Je suis vraiment très accrochée. Je crois que je vais lire assez vite et te laisser des coms pour plusieurs chapitres, quitte à (si tu veux, un jour) faire une relecture un peu plus précise sur les alexandrins par exemple, ou les éventuelles coquilles.
Dans ce chapitre, j'ai relevé :
- "les grunes avaient joué dans des piscines de pétales à se les jeter par poignées, ils avaient descendu le tronc en glissant dessus et en (ce "en" semble désigner le tronc, mais c'est peu cohérent ?) avaient fait des parures à loger entre leurs tentacules."
- "Calme-toi et profite(s)."
- "C'était un conseil difficile à tenir." > à suivre ?
- "La grotte était pleine de tunnels partant dans tous les sens : sans doute creusé(e)s par les rampants"
- "Nim entendit sa compagne bâiller et se retourner ; Elle (elle) essaya de calmer son esprit troublé."
" — Je n' saurais comment faire ӝ pour êtrE plus habile... — Si tu mâchEs pour moi ӝ je me ferais agile." > sur ce deux vers, on retrouve ce dont je te parlais dans mon précédent commentaire sur les E muets ou non. De nouveau, c'est pour l'illustrer, au cas où tu veux aller plus loin dans la précision des alexandrins. Mais c'est déjà une grosse contrainte et je trouve que ça marche plutôt bien comme ça, pour la plupart.
- "Qu’est-ce qu’il y a dans ӝ la tête qui est la tienne ?" > celui-ci me semble moins bien fonctionner.
- "Nim essaya de l’imiter, mais ces (ses ?) dessins n’eurent pas la même grâce"
- "Ils marchaient doucement" > Pour moi marcher implique nécessairement des jambes, mais c'est à voir ? avançaient pourrait fonctionner sinon.
- "La grune regarda dehors et se figea dans leur direction." > La phrase me semble étrangement construite.
Poutoux et à très viiiite !
Isapass
Posté le 05/09/2018
Je confirme, c'est toujours planant ! Et le récit se met en place. Sans être exhaltée (mais c'est dû au ton narratif et au rythme lent), je l'ai suivi avec plaisir, en particulier la fin du chapitre et la découverte du palais et de la grune sans âge.
Dans le premier chapitre je n'avais pas remarqué que les dialogues étaient en alexandrins rimés. Au moins, ça montre que ça n'enlève pas de naturel aux répliques ! Mais quelle contrainte ! C'est courageux. 
Les personnalités commencent à se dessiner. En revanche, j'avoue que j'ai encore du mal à associer chacun avec ses particularités physiques. Enfin si : Nimrod, j'ai bien retenu le coup du brom. Mais les autres... 
Je vais continuer ma lecture, en toute curiosité :) 
Détails :
"il y faisait très sombre, mais heureusement les esprits des os étaient tout aussi indiscrets qu’eux." : j'ai pas compris pourquoi "heureusement". Parce qu'ils sont phosphorescent, les esprits des os ?
"Nimrod était épuisée de s’être autant amusée," : ah bon ? Mais je croyais qu'elle pleurait ?  
"Nimrod hésitait quant à la direction à suivre. Il s’approcha d’elle." : le "il" n'est pas forcément facile à associer à Dïri qui est mentionné assez loin en amont. 
Flowrale
Posté le 04/09/2018
Bonjour Gueule-de-Loup !<br />Après la lecture de tes chapitres, je ne suis pas étonnée de voir que tu as été nommée dans la catégorie Voltige - les beaux mots (et dans le Prodige du Fakir - Exotisme). Ces deux catégories vont très bien à ton texte.<br />Tu as vraiment une très belle plume. Le récit peut parraître lent mais... L'éclosion d'un bourgeon c'est quelque chose de lent non ? Même si la plume est très belle, j'ai eut un peu de mal à rentrer dedans :X Mais je pense que c'est parce que je te découvre par ce texte plutôt que par Ville Noire. Je ne poursuiverais pas ma lecture mais plus parce que je me sens un peu perdue que pour autre chose. Parce que c'est vraiment très bien écrit. Par contre, 63/84 jours m'a donné envie d'aller lire Ville noire ! J'ai hâte de te découvrir sur ce roman. Je te dis donc à très bientôt ! :)Flowrale 
Mouette
Posté le 01/07/2018
Me revoilà !
Bon, la suite. Tout d'abord : j'ai beaucoup aimé ce chapitre. Allez, soyons dithyrambiques : j'ai adoré ce chapitre. La partie de Nimrod, particulèrement, du fait de son caractère émerveillé et contemplatif, est d'une poésie... Il me manque un terme. Bref, tu m'as comprise.
Dans l'ensemble, je commence à vraiment être beaucoup accro à ton histoire. L'esquisse d'univers que tu nous proposes est un peu plus précise à ce stade et donc l'engouement beaucoup plus intense... Bref, tout ça pour dire que tes univers sont toujours aussi cool.
 
Les chipoteries sur la forme.
Dans le jour de Haéri (le 6ème) : venaient de commencer à mâcher leurs premiers pétales. Je trouve la formule un petit peu redondante.
Dans le jour de Dïri (le 8ème) : en y réfléchissant, d'ailleurs, ils n'avaient pas l'haitude d'un tel calme. Bien que ce soit grammaticalement exact et qu'une fois de plus je connaisse mal les grunes, je trouve un peu étrange qu'il pense pour eux deux et pas juste pour lui-même.
C'est tout pour la forme. Maintenant, les chipoteries sur le fond...
Bah y en a pas. Désolée.
 
A demain pour de nouvelles aventures plumesques et becquesques, avec des poutoux pointus,
La Mouette à pseudopodes. 
Tac
Posté le 10/06/2018
D'abord je voulais te remercier pour tes explications sur le symbole quand ils parlent. Je ne les imaginais pas parler de manière monocorde (il n'y a pas d'indication de ton), mais j'avais l'histoire du rythme, la comparaison est mauvaise mais j'imaginais un truc aussi fixe que des alexandrins.
Que sont ces yeux de l'esprit ? c'est une façon de désigner l'attention, la conscience ?
"afin de reprendre son sommeil là où elle l’avait laissé.": j'aimerai savoir faire de même xD on dirait qu'elle a posé ses lunettes et qu'elle les remet sur son nez
"Deux mémoires valent mieux qu’une ӝ pour ne pas s’égarer." bien dit :p
mon commentaire est sans dessus dessous, assumons le vrac :
j'ai un peu de mal à me représenter les dimensions des différents êtres. Je trouve aussi fascinant la conscience que les grunes ont de leur temps imparti, on dirait qu'elles ont une chose vitale à faire, mais en même temps elles ont la même insouciance que des schtroumpfs : faire la fête, réparer la maison, aller chercher de l'eau, rebelote.  (je dis pas que réparer la maison c'est pas important, c'est l'atmosphère qu'ils dégagent). et à la fois je sens qu'il y a des carctères qui émergent, qui vont changer la donne. J'ai un peu la sensation d'un truc onirique, c'est étrange et fun. Je me demande vraiment où tu nous emmènes !
GueuleDeLoup
Posté le 10/06/2018
Hello Tacou et merci beaucoup de revenir lire mon texte *calin*
Alors en fait ils parlent vraiment en alexandrin. J'ai choisi de mettre le symbole pour forcer le lecteur à les prononcer de la bonne façon X). 
Quand aux yeux de l'esprit (en comparasion avec les yeux du coeur), je n'explique jamais vraiment ce que c'est, mais ce n'est pas nécessaire pour comprendre le scénario. En gros les grunes ont deux paires d'yeux qui sont un peu différents. En général quand on ouvre les yeux de l'esprit, on est très lucide, mais potentiellement peu empathique; au contraire, les yeux du coeur sont favorisé dans les moment très émouvant. Mais la plupart des temps, les deux paires d'yeux sont ouvertes et l'état général est un mélange empathie/lucidité, comme pour un humain.
Je ne comprend pas bien ce que tu signifie par dimension, tu veux dire, si ils sont petits ou grands (par exemple, les esprits des os par rapport aux grunes?). Je pense que ce n'esp pas très important pour l'histoire mais ça peut carrément se préciser :D.
Oui effectivement les grunes ont un truc à faire, mais disons que pour le faire, badiner est ce qu'il y a de plus important pour le moement XD. Et tu verras bien où je vous emmênes :p. Cette histoire n'est pas très très longue (enfin une 20ène de chap mais comme les chapitre sont courts...). 
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