Chapitre 2

Notes de l’auteur : Et voilà le chapitre 2! Hâte de savoir ce que vous en pensez!

Estella prit la main qu’Olivier lui tendait pour descendre de la voiture. Pressé par la file de véhicules derrière eux, leur cocher fouetta presque aussitôt les chevaux pour quitter la vaste cour d’entrée de Carlton House. Elle ajusta sa robe pour éviter de considérer les colonnes et le fronton imposants ; la demeure du Prince Régent lui procurait toujours une impression de faste exagéré qui la faisait étouffer.

– Estella ?

La jeune femme sourit à sa mère et lui emboîta le pas. Olivier les présentait déjà au majordome chargé d’accueillir les invités. En glissant un regard par la large porte, Estella aperçut le Prince Régent qui saluait ses invités dans le vestibule bondé. Depuis presque cinq ans qu’elle était entrée dans le monde, elle ne savait toujours pas que penser de lui. Il était d’un abord facile, très cultivé et aimable ; on ne s’ennuyait jamais en sa compagnie et il avait l’art et la manière d’entretenir une atmosphère à la fois légère et élevée. Pourtant, chacun savait qu’il ne se préoccupait guère des affaires du royaume ; son goût pour la beauté le poussait plutôt à faire des dépenses extravagantes et ce, même pendant la guerre. Cela dit, personne ne voulait penser à la guerre et le Prince se trouvait ainsi au diapason de la gentry.

Après avoir salué leur hôte, les Montboissier s’avancèrent dans un des salons. Estella se retint de se hisser sur la pointe des pieds pour tenter de repérer Elizabeth. Elle croisa le regard de son père posé affectueusement sur elle et elle eut un élan de tendresse pour lui en prenant le bras qu’il lui offrait.

– Alors ma fille, déjà impatiente à l’idée de danser avec un de tes nombreux prétendants ?

Comment parvenait-il à la taquiner ainsi sans se départir de son expression bienveillante ? Elle secoua légèrement la tête avec un petit rire.

– J’ai déjà le plus beau gentleman de la salle à mon bras.

– J’ai bien peur que tu ne gardes pas cette opinion éternellement, fit pensivement Mr. de Montboissier en contemplant les yeux doucement pétillants de sa fille.

Il avisa sur sa droite un autre couple père-fille et se dirigea tranquillement vers eux ; Mr. Tracty et sa fille Elizabeth les avaient remarqués eux aussi, et ils ne tardèrent pas à se retrouver. Ils se saluèrent respectueusement puis les deux jeunes filles s’éclipsèrent ensemble sous le regard amusé des deux hommes. Mr. de Montboissier mit ses mains derrière son dos en reportant son attention sur son interlocuteur ; il semblait encore vieilli, les épaules un peu plus voûtées et le front un peu plus grand que lors de leur dernière rencontre. Potions et sorts ne réparaient pas les dégâts causés par l’écoulement du temps.

– Je n’aime pas trop relayer ce genre de propos, commença Mr. Tracty, mais ce n’est pas la première fois que j’entends Mrs Jetwood vous accuser de tous les maux de l’Angleterre.

Il n’était pas vraiment surpris, Mrs. Lydia Jetwood n’avait jamais été d’une grande ouverture d’esprit ; leur origine française et leur catholicisme représentaient plus que ce qu’elle pouvait tolérer.

– Les Jetwood ont beau mépriser Mr. le Premier Ministre, leurs idées politiques sont bien proches des siennes, constata-t-il simplement.

– Oui, j’ai bien peur que l’émancipation des catholiques se fasse encore attendre. Sa Majesté le Prince Régent ne vous a-t-il pourtant pas assuré de son soutien ?

Mr. de Montboissier soupira.

– Si, mais le gouvernement tory de Mr. Jenkinson est trop soutenu pour qu’il se risque à s’y opposer ouvertement.

– Notre Prince n’est pas réputé pour son aptitude à affronter les problèmes.

Mr. de Montboissier réprima un sourire ; lui-même se gardait bien de faire ce genre de réflexion pour éviter de donner du grain à moudre à leurs opposants, et il s’étonnait toujours de la liberté d’esprit de son vieil ami.

Les musiciens commencèrent à jouer, empêchant Mr. Tracty de continuer à bougonner, à son grand regret : si Mr. de Montboissier ne récriminait jamais contre personne, il fallait bien que quelqu’un le fît. Que la société natumaine s’accrochât à des traditions douteuses passait encore, mais l’opposition de certains sorciers à la liberté religieuse dépassait son entendement : si la foi anglicane craignait l’ouverture de quelques églises catholiques, c’est qu’elle devait être bien fragile ! Ils regardèrent les danseurs pendant quelques minutes avant de se diriger vers une autre pièce plus propice à la conversation et davantage fournie en fauteuils ; il n’avait plus vingt ans !

– Tiens, votre fils est en train de danser avec mon Elizabeth, constata-il après avoir repéré la robe jaune d’or que sa fille lui avait fait complimenter à trois reprises pendant leur trajet jusqu’à Carlton House.

En effet, la conversation piquante de Miss Tracty était parvenue à arracher un sourire à Olivier de Montboissier. Il s’émerveillait toujours du contraste de caractère entre sa sœur et son amie : que deux personnes si différentes parvinssent à s’entendre aussi bien relevait pour lui du miracle. Elles possédaient sans doute des points communs d’un autre ordre, car il imaginait difficilement Estella s’amuser des commentaires ironiques d’Elizabeth Tracty sur la séparation de Lord Byron et sa femme. Tout en restant concentré sur ses pas, il glissa un commentaire :

– Tant que l’écroulement de son mariage n’empêche pas Lord Byron d’écrire, il restera dans les bonnes grâces de la bonne société, je pense.

Elizabeth Tracty acquiesça avec vivacité sans manquer d’exécuter à la perfection la révérence qui achevait la danse. Il lui offrit son bras et elle posa sa main sur son poignet en lui demandant :

– D’ailleurs, avez-vous lu la Parisina ?

Il eut un rire mi-gêné mi-amusé : il ne savait trop que penser du fait que la meilleure amie de sa sœur ait lu un poème traitant d’adultère et d’inceste. Il ne partageait pas l’opinion des détracteurs des romans qui agitaient le spectre d’une contamination des lecteurs vulnérables par les crimes romanesques, ou tout du moins ne pensait-il pas qu’Estella et ses amies fissent partie de ce public influençable. Il ne pouvait toutefois se départir de l’idée qu’il n’était pas très convenable de parler aussi librement de telles lectures… Il prit une inspiration pour tenter une réponse évasive et aperçut au même moment Markus Ammeri qui se dirigeait vers eux.

– Miss Tracty, Mr. de Montboissier, les salua-t-il avec affabilité.

Olivier lui rendit son salut tout en essayant de déchiffrer son expression, un peu inquiet : allait-il lui reprocher d’avoir manqué leur rendez-vous habituel du matin sans l’en avoir prévenu ? Mais le visage de son ami affichait la même chaleur qu’à l’habitude et il fut soulagé qu’il ne lui en tînt pas rigueur ; il ne se serait sinon pas senti capable de soutenir le regard sans détour de l’Italien. La conversation dériva vers les projets de chacun pour la période estivale : encore quelques mois et toute la gentry allait quitter la capitale étouffante pour s’installer au vert ou au frais. Olivier observait avec admiration l’aisance de Markus Ammeri à animer la discussion, demandant et écoutant les diverses opinions avec attention ; il se trouvait par comparaison encore plus maladroit que d’ordinaire.

– Ainsi, tout le monde délaisse Brighton ? intervint tout à coup une voix féminine.

Le trio s’ouvrit pour accueillir Eleanor Jetwood et son frère William.

– Ce n’est pas tout à fait cela Eleanor, rectifia Elizabeth après les salutations d’usage. Pour ma part je passerai la première partie de l’été avec Papa dans notre propriété du ***shire avant de nous installer à Brighton jusqu’à l’automne.

– Nous ferons sans doute la même chose, déclara William Jetwood. Au grand regret de ma sœur d’ailleurs, ajouta-t-il avec un regard en coin pour cette dernière, qui leva les yeux au ciel.

Elle semblait sur le point de répliquer, mais Markus Ammeri profita du début d’une nouvelle danse pour l’inviter, et le grand sourire qui accompagna sa réponse le rassura : c’était bien dans le but de le côtoyer qu’elle les avait rejoints.

– J’ai bien regretté que nous ne fussiez arrivée plus tôt, dit-il après quelques pas sans parole.

La joie illuminait tout le visage de la jeune fille, et ses fossettes suscitèrent un léger pincement au cœur chez l’Italien : Chiara avait des fossettes semblables. Il accentua légèrement la pression sur la main de sa cavalière avant le la lâcher suivant le mouvement de la danse ; c’était à Eleanor Jetwood qu’il devait penser, pas à un fantôme du passé.

– Et vous, qu’allez-vous faire cet été ? s’enquit la jeune fille, poursuivant la conversation initiale.

– Étant donné que je ne possède pas de résidence en province, Brighton semble être ma seule alternative…

– Alors vous restez en Angleterre ? Je craignais de vous voir retourner en Italie…

Il sourit à sa franchise ; tout était si simple avec elle.

– Tant que les rapports que je rédige conviennent au Governo di Stregoni, je n’ai aucune raison d’être rappelé. Un ambassadeur n’est pas très utile dans son propre pays…

– À ce propos, connaissez-vous le nouvel ambassadeur de Russie ?

– Non, je ne l’ai pas encore rencontré, mais Mr. Jenkinson devrait le présenter à la cour ce soir.

– Et vous ne savez rien à son sujet ? insista-t-elle.

Cette fois-ci, il se trouvait bien dans l’incapacité de satisfaire la rafraîchissante curiosité de son interlocutrice : ce qu’il connaissait de l’Empire Russe n’était plus vraiment d’actualité, et le nom Bekovski ne lui disait absolument rien.

– Malheureusement non, répondit-il en s’éloignant avec elle de l’espace de danse.

Un peu déçue, Eleanor balaya la salle du regard.

– Tiens, mais n’est-ce pas la fille de Mr. Jenkinson qui danse là-bas ? s’exclama-t-elle. Quel est son prénom déjà ?

– En effet, c’est elle. Je crois qu’elle s’appelle Miss Emma Jenkinson.

– Si la fille est là, le père ne devrait pas être bien loin… Nous devrions enfin avoir le plaisir de rencontrer ce mystérieux ambassadeur !

Enthousiasmée, elle entraîna son cavalier dans toutes les pièces de la réception, mais le Premier Ministre demeurait introuvable. Ils finirent en revanche par se retrouver nez à nez avec Lewis et Ann. Elle eut un petit soupir d’agacement qu’elle ne prit même pas la peine de dissimuler : ils étaient à peine rentrés de leur voyage de noces qu’elle avait déjà l’impression de se trouver sous leur surveillance. Elle esquissa un sourire forcé.

– Mr Ammeri, je ne sais plus si vous aviez fait la connaissance de mon frère Lewis Jetwood et de sa jeune épouse Ann.

Les deux hommes inclinèrent la tête tandis qu’Ann Jetwood plongeait en une révérence impeccablement horripilante.

– Il me semble que nous nous étions croisés juste avant votre mariage, pour lequel je n’ai d’ailleurs pas encore eu l’occasion de vous féliciter, fit Markus Ammeri.

– Que c’est aimable à vous, répondit Ann. Je présume que, si vous êtes resté aussi longtemps, vous vous plaisez en Angleterre ?

– C’est tout à fait le cas Mrs. Jetwood, je n’ai trouvé dans votre agréable pays que des raisons de me réjouir.

– Votre fonction d’ambassadeur vous satisfait-elle ? demanda à son tour Lewis.

Eleanor faillit taper du pied ; son frère et sa belle-sœur semblaient prêts à faire subir un véritable interrogatoire à Markus ! Elle perçut un regard réprobateur de Lewis et elle l’ignora sciemment, préférant se désintéresser de la conversation ; peut-être les importuns finiraient-ils par se décourager… Détournant le regard, son œil fut capté par une robe magnifique, blanche et ornée de fines broderies vert émeraude. C’était la robe d’Emma Jenkinson ; comment ne l’avait-elle pas remarquée plus tôt ? Elle était en train de danser avec William ; il souriait trop, on allait finir par se douter de quelque chose… Mais elle devait reconnaître que la robe seyait à merveille à sa cavalière, c’était vraiment étonnant pour une Natumaine ; étant la fille du Premier Ministre, elle devait pouvoir se permettre de faire appel aux meilleurs tailleurs…

Lewis et Ann s’éloignèrent enfin, et elle les regarda retourner près de sa mère ; ils devaient être en train de lui faire leur rapport ! Excédée, elle parcourut la salle du regard et elle repéra Elizabeth qui discutait avec Estella de Montboissier ; voilà qui devrait donner à sa mère une occasion de cracher son venin !

– J’aperçois Miss Elizabeth Tracty là-bas, rejoignons-la, proposa-t-elle en entraînant déjà Markus Ammeri à sa suite.

Dans sa hâte, elle bouscula plusieurs personnes, en tirant un malin plaisir : être inconvenante et parler à une Française catholique, c’était tout ce dont elle avait besoin pour irriter sa mère !

– Elizabeth, Estella ! Je vous prie de m’excuser, Miss de Montboissier, vous m’autorisez à vous appeler par votre prénom ?

Elizabeth s’amusa intérieurement de l’arrivée subite d’Eleanor et de la perplexité d’Estella face à cette soudaine familiarité.

– Je vous en prie, finit par répondre Estella d’une voix douce.

– Je n’ai pas besoin de vous présenter Mr. Ammeri ? enchaîna Eleanor.

– Nous n’avons pas encore eu l’occasion de faire vraiment connaissance, même si j’ai souvent entendu votre frère vanter vos mérites. Je crois notamment savoir que vous êtes une excellente musicienne, fit Markus en inclinant la tête vers la jeune fille.

– Excellente, je ne saurais le dire, répondit Estella avec cette modestie qu’Elizabeth lui connaissait bien. En revanche, Mr. Ammeri a raison, mon frère Olivier se flatte de son amitié, ajouta-t-elle à l’intention d’Eleanor.

– Il me faut vous dire que je trouve votre robe absolument ravissante, s’extasia Miss Jetwood.

Comme toujours, Eleanor avait bon goût, mais la rencontre entre son enthousiasme et le naturel réservé d’Estella était assez improbable ; Elizabeth jeta un coup d’œil à cette dernière, craignant qu’elle ne fût trop mal à l’aise. Curieusement, Estella semblait prendre sur elle-même afin de ne pas fuir la conversation, qui devait pourtant lui paraître trop mondaine. Rassurée quant à son amie, Elizabeth s’attacha à observer le couple que formaient Miss Jetwood et Mr. Ammeri. Ce dernier incarnait sans conteste l’amabilité-même, son caractère chaleureux et flegmatique lui attirait la sympathie de toute la haute société londonienne. Malgré son calme et son attitude réfléchie, il s’accommodait parfaitement des fantaisies d’Eleanor et semblait même s’en amuser : à chaque fois qu’elle haussait la voix, il tournait son regard dans sa direction avec un petit sourire en coin. Mais était-il épris d’elle comme elle l’était de lui ? Elizabeth ne pouvait croire que Markus Ammeri se réduisait à la maîtrise de lui-même qu’il affichait. D’ailleurs, si la fantasque Eleanor Jetwood était tombée sous son charme, il n’était pas illogique de supposer qu’il pouvait se montrer plus ardent qu’il ne se permettait de l’être en société.

Un silence quasi total se répandit tout à coup et les jeunes interrompirent la conversation. Estella suivit des yeux la direction que prenaient tous les regards, oscillant du soulagement à la contrariété : comme chaque fois qu’elle devait s’entretenir longuement avec des personnes extérieures à son cercle d’intimes, elle était mal à l’aise, mais elle aurait souhaité profiter davantage de cette occasion de se rapprocher de Miss Jetwood et Mr. Ammeri. Elle aperçut le Premier Ministre Jenkinson, qui venait d’entrer ; il était accompagné d’un homme qui devait être le nouvel ambassadeur russe et qui était le point de convergence de toutes les curiosités. Estella eut un petit sourire : Mr. Jenkinson, qui, par sa forte stature et ses idées arrêtées, l’avait toujours intimidée, semblait presque tassé à côté du nouveau venu.

– Votre Altesse Royale, je vous présente le duc Andrei Levovitch Bekovski, ambassadeur de l’Empire Russe, déclara Mr. Jenkinson d’une voix forte.

Les conversations reprirent progressivement tandis que le Prince Régent accueillait le duc, mais chacun gardait un œil sur ce dernier. Estella reporta son attention sur ses interlocuteurs pour remarquer avec embarras qu’Eleanor Jetwood, toute occupée à observer le nouvel arrivant, ne semblait pas encline à relancer la discussion. Elle chercha de l’aide du côté d’Elizabeth, mais cette dernière arborait une mine songeuse sans paraître remarquer la gêne de son ami.

– Peut-être connaissez-vous la Russie ? demanda-t-elle à Mr. Ammeri à défaut de trouver un sujet de conversation plus original.

– Un petit peu, mais pas assez à mon goût, répondit-il avec affabilité. La Russie est un pays véritablement fascinant.

– Vraiment ? intervint Elizabeth au grand bonheur d’Estella. La vie n’y est-elle pas plus rude que dans vos villas italiennes ?

– Il faut certes s’habituer au climat, et les us et coutumes sont à l’image de l’hiver qui a vaincu Bonaparte et décourage les malintentionnés. Néanmoins, la rigueur du pays approfondit la beauté des lieux et la personnalité des habitants.

Déstabilisée par le lyrisme de la réponse, Estella hésita un instant avant de poursuivre :

– Et qu’étiez-vous allé y faire ?

– J’y avais une affaire sans grande importance à régler… Tenez, je crois que nous allons être présentés…

En effet, le Premier Ministre se dirigeait vers eux, accompagné de son invité. Ils devaient sans aucun doute cet honneur à la présence de Mr. Ammeri et Eleanor Jetwood : les Tracty et les Montboissier étaient de notables opposants à la politique conservatrice du camp tory que Mr. Jenkinson dirigeait depuis de nombreuses années déjà.

– Duc Bekovski, je vous présente Mr. Ammeri, ambassadeur d’Italie depuis quelques mois déjà. Et voici Miss Jetwood, Miss Tracty et Miss de Montboissier.

– Duc Bekovski, c’est un honneur, fit Markus Ammeri avec sa courtoisie habituelle. J’espère que vous vous plairez autant en Angleterre que moi.

– Je vous remercie, répondit le Russe d’une voix froide.

Estella haussa imperceptiblement les sourcils, surprise. Mr. Ammeri et le duc se mesurèrent du regard, incarnations de leurs pays respectifs, l’homme brun et solaire face à l’ambassadeur de glace. Puis ce dernier daigna accorder un regard de salutation aux trois jeunes filles avant de suivre le Premier Ministre qui s’avançait déjà vers un autre groupe de convives.

– Quel fin diplomate, fit Eleanor avec humeur dès qu’ils se furent un peu éloignés.

– Ou alors nous avons enfin trouvé une personne plus hostile aux mondanités que toi, glissa Elizabeth à l’oreille d’Estella.

Elle hocha la tête d’un air distrait, le regard posé sur Markus Ammeri qui s’était mis à badiner avec Miss Jetwood : la sécheresse du duc Bekovski semblait ne l’avoir ébranlé en rien. Comment pouvait-on rester si désinvolte en toutes circonstances ?

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
annececile
Posté le 21/01/2023
Ces deux premiers chapitres sont prometteurs et donnent envie de lire la suite! En particulier, j'aime beaucoup l'atmosphere - on se sent vraiment a Londres, au milieu de cette bonne societe, avec humains (pardon, natumains!) et sorciers. J'aime aussi la facon dont ces sorciers sont decrits. Londres, une Academie qui leur est consacree, le souvenir d'Harry Potter flotte mais ne fait que passer. Tes sorciers ont leur propre univers, bien distinct de ce qu'on a pu lire par ailleurs.

J'aime aussi beaucoup la fluidite avec laquelle tu passes d'un personnage a un autre. En deux chapitres, on suit ainsi une bonne dizaine de personnages et chacun donne envie de mieux le connaitre, y compris l'Ambassadeur de Russie qui vient juste de debarquer !

Il y a des petites suggestions ici et la qui pourraient etre faites, mais c'est un premier jet donc ce n'est pas forcement necessaire a ce stade - a moins que tu le souhaites.
En tout cas, comme je crois que tu as ecrit ces chapitres il y a quelques temps deja, j'espere que tu auras l'opportunite de partager ce qui suit !
Aryell84
Posté le 21/01/2023
Coucou!
Merci d'être passée par ici !!!
Je suis heureuse que ces deux chapitres t'aient plu, et que tu trouves l'atmosphère et les dialogues justes, je trouve que c'est le plus délicat en écrivant des choses historiques! Oui l'inspiration de Harry Potter est bien visible, mais j'en fais mon truc à moi ;)
Merci pour ton avis sur les passages d'un personnage à l'autre, j'ai eu des opinions contradictoires à ce sujet, ce qui est une des explications que je n'ai pas encore continué cette histoire: j'hésite à faires des modifications importantes par rapport à ce que j'avais prévu, et du coup à réécrire complètement le début... Du coup tu ne t'es pas trouvée trop perdue à te demander qui était qui ?
En tout cas je suis preneuse de toutes tes suggestions, que je conserverai avec soin pour le moment où je me remettrai sérieusement sur ce projet: je travaille sur d'autres en ce moment, mais j'avoue que là, tu me donnes envie de reprendre cette histoire haha ^^
A très bientôt !
annececile
Posté le 22/01/2023
Oui, j'ai trouve que le passage d'un personnage a un autre etait vraiment bien trouve. Bien sur, au debut, on a un peu de mal a se souvenir de qui est qui, mais on trouve ses reperes rapidement. Et puis, la facon dont tu passes de l'un a l'autre permet de voir le personnage a travers ce qu'en pense un autre, puis on voit ce qui se passe vraiment dans la tete de cette personne, j'ai trouve vraiment engageant, on a tout de suite envie d'en savoir plus - en tout cas moi ! Ca m'a donne l'impression d'une valse.
Je ne peux m'empecher d'esperer que tu auras la disponibilite de poursuivre l'histoire le moment venu, j'aimerais bien savoir ce qui va se passer !
Emmy Plume
Posté le 04/12/2020
Coucou Aryell
ça faisait un moment que j'avais lu ton premier chapitre. Quel plaisir de retrouver à présent ton univers foisonnant et de te voir continuer ton projet !
L'atmosphère galante de la société que tu décris donne envie de sauter dans une robe d'époque et d'aller valser sur les planches.
Les dialogues sonnent juste, comme de véritables conversations dans lesquelles le lecteur se trouve immergé. Pour moi, c'est ce que j'appelle un véritable tour de force. Les mondanités qu'ils échangent sont piqués des différents traits de personnalité de tes personnages, ce qui ajoute cette petite étincelle, si essentielle.
Et puis, à propos de magie, tu nous tiens en haleine tout en nous infusant peu à peu l'idée qu'elle fait corps avec ton monde. Et puis "Lord Byron" ! Tout de même, l'évocation de ce personnage donne de la couleur à ton texte, un teint "authentique".
Après, petit point qui m'a dérangé (sans doute plus encore parce que ma lecture du premier chapitre date un peu): l'enchaînement des personnages. Autant je trouvais ça claire et ingénieux dans le premier chapitre, autant dans cette situation, je m'y perds. Même après avoir relu le début, je trouve assez difficile de retenir autant de personnes différentes aussi tôt dans le récit. Ce n'est qu'une idée, mais je pense que ton texte gagnerait en clarté si tu choisissait un point de vu fixe pour ce passage. Ce jeux de passer des réflexions personnelles de l'un à celle de l'autre amène régulièrement des questions comme "qui parle", "à qui", et le nom du personnage ne suffira peut-être pas à tout le monde pour se repérer. Pour ma part, j'ai une piètre mémoire des noms, donc j'ai eu un peu de mal ^^'
Enfin bref, je pinaille, mais pas de panique hein? Je veux la suite moi !
Plein de bises eauvivienne et d'encouragement pour la suite
Emmy
Aryell84
Posté le 11/12/2020
Coucou Emmy !
Merci pour ton commentaire adorable... Oui la plupart des retours que j'ai eus me disaient qu'ils étaient un peu perdus avec les personnages aussi, donc je vais voir comment je vais gérer ça ^^' J'ai vu que tu avais posté une histoire je vais aller voir ça, pour ma part je suis tellement occupée cette année que cette histoire est un peu en standby... Mais il y aura une suite ne t'inquiète pas ;)
Sur ce j'espère te voir bientôt irl, gros bisous <3
Arabella
Posté le 25/04/2020
Coucou Arryel, je reviens lire ton histoire. Alors plusieurs choses à dire :

-j’aime beaucoup le fait que la sorcellerie soit diffuse dans ton roman. A un moment tu parles des potions qui ne peuvent rajeunir et je trouve cela très astucieusement inséré. Le lecteur a vraiment l’impression que la sorcellerie est normale et les narrateurs en parlent ponctuellement, comme si ce n’était pas THE sujet. Ce qui rend son insertion dans le récit très naturelle. (je suis juste terriblement frustrée de ne pas savoir ce que tu nous concoctes de ce côté-là, j’adore les histoires de sorciers ! Mais je sais qu’il faut patienter)

-La religion : j’ai beaucoup le fait qu’elle soit insérée dans ton histoire. C’est un élément très important des sociétés du XIX et c’est chouette que tu prennes le temps de développer la relation sorcellerie-religion. Du coup, je ne suis pas sûre d’avoir totalement compris la vision qu’en ont les sorciers. Ils ont l’air d’associer la religion à des « traditions douteuses », mais en même temps de s’en mêler…

-J’adore le fait que tu inclues Lord Byron a ton roman, toujours à la limité entre le plausible et l’imaginaire.

« Quel fin diplomate, fit Eleanor avec humeur dès qu’ils se furent un peu éloignés. » j’adore cette réplique. J’ai bien ri.
Globalement :

-Je me suis permise de voir les précédents commentaires et comme eux, je m’interroge sur la présentation d’autant de personnages. Dans le 1er chapitre, cela ne m’avait pas trop gêné, mais j’avoue qu’ici, je bloque un peu, je ne savais plus qui était qui et peut-être qu’il serait bien de rajouter des chapitres avant qui se concentrent sur quelques personnages/quelques familles et peu à peu introduire les autres.

-Mon deuxième point serait sur l’intrigue. On se demande où tu nous emmènes, pas que ce soit mal, mais je me demandais si tu avais un plan. J’imagine que cette intrigue va être autour de la relation sorcier/Natumain et de ce fameux ambassadeur russe, mais il me semble que les lignes sont floues.

-L’écriture est parfaite à mon sens. Ton style est très classique, fluide, raffiné, la ponctuation redoutable (tu donnes des cours ? Je voudrais bien être ton élève). Le vocabulaire très précis et élégant. Je suis très impressionnée.

Voilà voilà, hâte de voir la suite et d’avoir ta réponse.
Aryell84
Posté le 26/04/2020
Coucou Arabella!! Merci pour ton long commentaire, mon petit coeur a sauté dans ma poitrine en voyant que tu avais commenté héhé ;)
Bon alors, un élément qui répond à pas mal de tes interrogations, c'est que j'essaie - avec plus ou moins de succès – de faire en sorte que tout semble le plus évident possible dans la mesure où je suis toujours en focalisation interne, et du coup j'essaie d'éviter les explications directes de pleins d'éléments. Donc oui j'ai un plan général, mais comme les personnages ne savent pas ce qui va se passer, j'essaie de faire partager au lecteur leur ignorance héhé... mais peut-être que y a moyen d'améliorer ça, je vais me pencher dessus. Et du coup, le rapport à la religion et la caractérisation de la magie vont apparaître petit à petit eux auss...,Je peux quand même expliciter l’expression « traditions douteuses » : en gros Mr. Tracty critique l’attachement AU NOM DE LA TRADITION au culte anglican, parce que l’anglicanisme est quand même pas si vieux que ça (si on veut vraiment suivre les « traditions » le catholicisme est plus ancien, donc plus « traditionnel »). Mais du coup en effet, c’est pas très clair, je vais essayer d’améliorer ça :)
Pour les personnages, je pensais que ça irait au 2ème chapitre parce que je n'ai quasiment pas introduit de nouveaux personnages (y a juste l’arrivée de Andrei Bekovski et l’introduction de Jenkinson, le père d’Emma, mais sinon tous les autres personnages étaient soit déjà présents, soit mentionnés dans le premier chapitre).
Voilà voilà j’espère que c’est plus clair ^^ et ça me fait trop plaisir que tu aimes autant mon écriture parce que je trouve que c’est le plus difficile à évaluer soi-même (et genre, quand on sait que Flaubert passait parfois des heures sur une phrase pour qu’elle sonne juste bah… je suis pas à ce niveau haha ^^)
A très bientôt avec plein amûûûr :)
Arabella
Posté le 26/04/2020
Recoucou Aryell, ça me fait plaisir de te lire et j'adore ton univers. C'est plus clair pour la religion, je maitrise peu l'histoire de l'Angleterre, la religion anglicane etc...donc du coup avec la sorcellerie par dessus héhé...j'étais perdue. Pour les personnages, ce que je voulais dire ce n'est pas qu'entre le chapitre 1 et 2 tu rajoutes beaucoup de personnages, c'est plutôt que tu introduits beaucoup de perso dans le chap 1 et en fait on a pas le temps d'apprendre assez de choses sur chacun d'eux pour les différencier. Je te donne un ex, dans Harry potter, quand J.K. cite le nom Harry dans ma tête je pense "éclair, quidditch, voldemort..." quand je lis Hermione, je pense "livre, moldu, cheveux touffus..." Bref j'ai des caractéristiques physiques et mentales, des loisirs...qui me permettent de distinguer ces persos. Et en fait, là je pense qu'on a du mal, parce qu'on ne les connait pas encore. C'est pour cela que je te proposais de peut-être introduire 2/4/6 perso d'abord, leurs relations...et ensuite rajouter ces deux chap. Après vraiment vraiment tu es seul maître à bord et ma proposition ici, n'est qu'un éclaircissement de mon commentaire fait plus haut. C'était toi qui décide et ton histoire ne perd aucunement en qualité ! des bisous :)
Ysaé
Posté le 23/04/2020
Salut!
Ton écriture est très plaisante, elle sonne très juste avec l'atmosphère ancienne époque (la façon de nommer les personnage, les manières etc). On sent vraiment un grand travail dans la mécanique des mots, ils sont bien choisis, pesés si j'ose dire.

Au niveau du rythme je trouve que c'est bien également, ça aurait été étrange de mettre des scènes d'action avec des baguettes magiques à ce stade du récit :) et j'aime autant lire les petites intrigues familiales, la manière dont les gens interagissent entre eux, surtout pour ce style de récit.

On commence à entrevoir davantage les caractères des gens (le côté manipulateur de Markus, la timidité d'Estella), ce qui me permet de mieux les imaginer et de les différencier. J'ai tout de même du faire un effort pour bien distinguer qui est qui.

En tout cas c'est vraiment prometteur, tu as une plume très personnel, et j'espère lire la suite très bientôt !
Aryell84
Posté le 23/04/2020
Coucou Ysaé merci pour ton commentaire!! Je suis très contente que la suite te plaise et que tu t'y sois moins perdue ^^ Je suis ravie que mon rythme de mise en place de l'histoire te plaise, il va bien y avoir de l'action, mais le but c'est plutôt de montrer que l'action est une perturbation de la vie de l'époque donc effectivement je prends mon temps.
Bon du coup tu es super encourageante, donc je vais me bouger pour écrire la suite! ;) à très bientôt !!
Vous lisez