Chapitre 18, L'éclosion

Cyla

Cyla regarda le sang sur ses doigts. Elle en voyait souvent. Mais là, c’était différent. Il venait d’elle-même. Ce sang a la texture étrange, presque marron. Poisseux. Nauséabond. Le dégoût s’empara d’elle. Quelle saleté ! Un haut de cœur la saisit. Elle se releva des latrines et se dirigea vers une bassine emplie d’eau. Elle se nettoya consciencieusement, sans un mot, puis enfila un nouveau pantalon. Elle avait mal dans le bas-ventre comme si quelqu’un s’amusait à lui donner des coups de pied. Son père lui avait dit que cela arriverait, mais elle ne l’avait pas cru, persuadée qu’elle resterait à jamais dans ce corps androgyne. Ce corps qui aujourd’hui la trahissait, la parjurait. Il lui refusait ce qu’elle était réellement. Il n’évoluait pas de la bonne manière.

Elle traversa la pièce et s’assit sur son lit, les épaules voûtées, l’estomac noué. Elle se sentait incroyablement vide. Étrangère à son corps. Abandonnée et aussi totalement perdue.

Pourquoi son père était-il absent dans un moment pareil ? Elle n’avait pas eu de nouvelles depuis plus de 48 heures. Elle avait tant besoin de lui alors qu’il en aidait d’autres. N’avait-il pas le sens des priorités ? Elle regretta le temps où ils restaient seuls pendant des semaines à s’occuper du dressage des oiseaux. Tous deux dans les montagnes.

Elle s’empara d’un plateau en argent pour contempler son image. Le miroir nacré lui rendit son reflet. Elle n’avait pas changé. Elle vivait donc une trahison invisible.

Brusquement incapable d’affronter son visage, elle reposa l’ustensile. Son regard s’arrêta sur l’œuf. Il reposait sur le matelas depuis deux jours. Enrobé de tissus, il formait une petite colline. Elle l’extirpa des draps, le souleva et le serra contre sa poitrine. Le précieux fardeau, moucheté de brun, diffusa une chaleur réconfortante dans son être. Cyla approcha son oreille de l’œuf. Des palpitations se distinguaient faiblement. Deux pouls, battant parfois en harmonie, parfois en désaccord. Elle avait hâte de rencontrer ces petits êtres.

A l’extérieur, la pénombre succédait au crépuscule. Pour la première fois, Cyla ressentit la solitude comme une brûlure non comme une camarade peu loquace.

Elle finit par reposer l’œuf et se leva. Une seule chose pouvait l’apaiser lorsque la tristesse s’emparait d’elle : se battre. D’un bond, elle récupéra son Tarkah et fila à l’extérieur.

Perchée sur le promontoire qui dominait la vallée, elle exécuta des mouvements de défense puis d’attaque pendant plusieurs minutes. Elle mettait en joue les nuages, les pierres, les rares arbres décharnés. Elle enchaînait les positions. Son Tarkah passait d’une main à l’autre avec une grande agilité.

Un sifflement la coupa dans sa concentration. Au loin, une silhouette encapuchonnée se profilait. Elle reconnut sans peine la personne qui arrivait : Nohan. Elle sourit. Il avait dans ses mouvements une certaine nonchalance. Une langueur même, qu’elle trouvait très touchante, comme s’il avait peur du monde, de laisser son empreinte, de déranger. Elle courut vers lui, la lance toujours en main. Il enleva le capuchon qui gênait sa vision pour l’accueillir.

—          Salut, Cyla.

—          Salut, Nohan.

Ils restèrent un instant, face à face, immobiles. Cyla remarqua que la peau diaphane du jeune homme était parsemée de taches rouges. Peut-être les conséquences de son exposition au soleil lors du tournoi. Il n’avait pas menti quant à sa photosensibilité.

—          Ça te fait mal ? demanda Cyla en touchant ses propres joues.

—          Oui. C’est désagréable, ça me démange et après je pèle. Mais ça va passer, répondit-il en haussant les épaules.

—          Mon père t’envoie pour me donner des nouvelles, c’est ça ?

Il hocha la tête.

—          Comment va-t-il ? interrogea-t-elle, en lui montrant du doigt le chemin qui menait vers sa maison.

—          Hé bien, il a été nommé Inspirateur de la Cause des Hommes par ma mère.

Cyla s’arrêta.

—          Ah. Et qu’est-ce que ça veut dire ?

—          En fait, le Kâ est mort. Ma mère a pris le pouvoir…

La jeune fille fronça les sourcils. Devait-elle lui présenter ses condoléances ? Après tout, l’ancien souverain était son père… Elle allait s’exprimer lorsque Nohan reprit la parole.

—          Ma mère a mis en place un régime un peu différent. Les femmes commandent maintenant. Elles décident de tout. Et il n’y a plus de mariage aussi. Elle dit que c’est pour protéger les femmes et pour leur permettre d’être libres.

—          Ah d’accord. C’est plutôt une bonne chose, je trouve. Tout le monde devrait être libre. Il n’y a plus de quartiers des femmes ?

—          Non.

—          Les femmes peuvent aller et venir partout comme elles le souhaitent ?

—          Oui, mais du coup, nous les hommes, on a plus le droit de toucher une femme sans son accord. Sinon on risque de se faire couper la main.

—          Ah bon ? s’exclama la jeune fille abasourdie.

—          Oui et on ne peut plus avoir de relations… Euh… Intimes avec une femme sans son consentement.

—          Intime, c’est par exemple l’embrasser ?

—          Oui pourquoi pas. Ou plus, quoi…

—          Ah…

Cyla avait une petite idée de ce que le jeune homme sous-entendait en particulier grâce aux peintures des appartements de Kian.

—          Mais c’est-à-dire, plus ?

—          Bah, tu sais, des relations charnelles ou sexuelles. Ton père t’en a certainement parlé ?

—          Pourquoi ? Ton père t’en parlait à toi ? fit Cyla étonnée.

—          Non, pas spécialement. Mes frères plutôt. En particulier mon jumeau. Et puis, parfois ma mère. Mais bon, ça me mettait mal-à l’aise… Un peu comme maintenant. On change de sujet, tu veux bien ?

—          Pourquoi ? Parce que t’as jamais eu de relations intimes, du coup t’as honte ?

Nohan devint rouge comme un raisin. Cyla s’amusa de sa réaction.

—          Hein ? Mais si, ce n’est pas le problème, s’offusqua-t-il.

—          Moi non plus tu sais, murmura-t-elle pour le rassurer.

—          Oui, mais toi t’as même pas passé la puberté.

—          Bah justement. Qu’est-ce que ça fait la puberté chez un homme ?

—          Purée, Cyla, t’en a de ces questions. Tu ne veux pas qu’on parle du nouveau régime politique plutôt ?

—          Allez… S’il te plaît… Après je ne t’embêterai plus.

Le jeune homme sembla prendre son courage à deux mains.

—          Bah, la voix mue, la pilosité augmente, tu vas beaucoup grandir. Voilà. Rien de dramatique. C’est moins embêtant que pour les femmes.

—          Ah bon ? Pourquoi les femmes c’est si embêtant ?

—         Euh, parce que elles saignent tous les mois. Ça dure plusieurs jours. Et que ça n’a pas l’air d’être une partie de plaisir. Quand je vivais au quartier des femmes, elles en parlaient tout le temps, et, elles disaient qu’elles s’en passeraient bien. 

—          Tous les mois ? Plusieurs jours ? répéta Cyla sidérée par la nouvelle.  

Elle s’appuya contre le mur en pierre de sa maison. La nausée revint, ainsi que le dégoût de son corps. Nohan la dévisagea ahuri, il ne faisait pas le lien, ne comprenait pas. Cyla ne pouvait lui dire ce qu’elle ne s’avouait pas elle-même. Elle se força à se redresser.

—          On s’exerce un peu ?

Sa voix trembla sur les dernières syllabes.

—          Il fait presque nuit, remarqua-t-il.

—          Tu m’as dit que tu t’entraînais dans les souterrains ?

—          C’est vrai, tu as une bonne mémoire.

Cyla lui lança le Tarkah qu’elle possédait. Nohan rattrapa l’arme au vol et se mit en position. La jeune fille enfouit son dégoût au plus profond d’elle-même, s’empara d’une arme et se concentra sur le combat. Ils se firent face. Son mal-être fut bientôt remplacé par l’excitation d’affronter un nouvel adversaire.

Un frisson de plaisir naquit à l’extrémité de sa nuque alors qu’elle tournait autour du jeune homme.  Sans prévenir, elle s’élança vers lui, la lance en avant. Nohan para sans problèmes et repoussa Cyla avec aisance. Il contre-attaqua en assénant des coups répétés dans la même direction. La jeune fille contra chaque assaut, son visage rayonnait. Elle n’avait jamais affronté un autre adversaire que son père et Nohan se révélait fort doué. Sa manière de combattre l’impressionnait. Ses mouvements étaient précis et fins. Il paraissait oublier son apparence et l’affrontement tenait plus de la danse tant ses coups avaient de l’élégance. Cette assurance, cet aplomb le rendait magnifique à ses yeux. Alors qu’ils enchaînaient les assauts, elle prit petit à petit l’avantage. Ou alors… La laissait-il gagner ? Non. Le jeune homme fatiguait, son visage virait au rouge écarlate et son souffle devenait plus roque. Cyla se baissa en projetant son arme devant elle. Nohan fut obligé de reculer ce qui le déséquilibra. Elle faucha les pieds du jeune homme. Il s’affala au sol.  Cyla sautilla de joie puis s’approcha et lui tendit la main pour l’aider à se relever. Nohan l’accepta avec plaisir et ils se retrouvèrent face à face et essoufflés.

—          Tu te bats vraiment bien pour ton âge ! la félicita-t-il.

—          J’aime beaucoup tes techniques. Tu es beau quand tu combats.

La jeune fille lui sourit alors que Nohan devenait encore plus rouge. Il bafouilla.

—          C’est bien la première fois qu’on me dit ça.

—          Tu veux voir l’œuf ? proposa la jeune fille vivement.

Nohan acquiesça et s’attacha aux pas de Cyla. Elle ouvrit la porte, mais lui fit signe d’attendre. Elle alluma quelques bougies, cacha le pantalon taché et lui adressa un mouvement de main, l’autorisant à pénétrer dans sa demeure.

—          C’est bien moins luxueux qu’au palais, je suis désolée…

—          Tu n’as pas à t’excuser, Cyla. Je suis très content de découvrir ta maison. Je pense qu’elle vaut tous les trésors de ma chambre.

Le jeune homme promena son regard dans la pièce unique. Les poings de Cyla se serrèrent, son cœur tambourina dans sa poitrine. Peut-être serait-il offusqué par leur dénuement ou le désordre de leur habitation ? Elle dévisagea le jeune garçon pour tenter de décrypter ses expressions. Cela ne fut pas compliqué, il avait une mine émerveillée. Pourquoi n’était-il pas rebuté par tant de sobriété ? Lui qui avait toujours vécu dans le luxe ? Elle l’apprécia encore davantage. Dès sa rencontre, elle avait senti qu’il n’était pas comme les autres. Nohan s’approcha du lit. Il posa une main sur l’œuf.

—          Il est vraiment magnifique…

Cyla le rejoignit.

—          Je trouve aussi.

Ils s’assirent tous deux sur le matelas.

—          Tu crois que mon père va bientôt revenir ?

—          Sincèrement, il va être très occupé. Il ne peut pas déserter sa position. Je suis son secrétaire, je ferai son intermédiaire entre vous deux. Je reviendrai te tenir compagnie.

Les épaules de la jeune fille s’affaissèrent. Elle était heureuse à l’idée de revoir régulièrement le Prince, mais elle ne pourrait pas supporter longtemps l’absence de son père.

—          Il me manque.

—          C’est normal, Cyla. Le lien que vous avez est tellement fort. Ne t’inquiète pas, il ne t’oublie pas.

—          Kian n’a pas posé des questions sur l’œuf ?

—          Si, il le recherche toujours. Je ne sais pas pourquoi d’ailleurs.  

—          Je crois qu’il veut se rendre à Astrakam en volant. C’est le seul moyen d’atteindre cette cité.

—          Ah, je comprends mieux si c’est ça… Alors il faudrait peut-être réellement lui donner…

—          Quoi ? s’exclama Cyla alarmée. 

Les larmes lui montèrent aux yeux. Jamais elle ne le rendrait. Elle avait failli perdre son père dans ce tournoi.

—          Cyla, il est un Silleur, mon oncle, la mémoire des Mondes m’a dit que son rôle était de préserver l’ordre établi. La paix. Le fait que les villes vivent en autarcie.

—          Et alors, je ne vois pas ce que mon œuf va changer ?

—          Ma mère a déclaré la guerre à la Cité Mallaig. Elle veut délivrer aussi les femmes de cette cité. Tous les hommes de 16 à 60 ans vont devoir partir. Ils seront sous les commandes de guerrières qu’elle a formées. L’équilibre des Cités risque donc d’être fort compromis.

—          Tu vas aller te battre ? s’inquiéta Cyla.

—          Non.

—          Pourquoi ?

—          Parce que je n’aime pas tuer, mais je ne sais pas si je vais avoir le choix.

—          Si tu pars, je partirai aussi. Je ne veux plus rester ici tout seul.

—          Tu es trop jeune Cyla.

—          Je n’ai pas l’impression d’être trop jeune ni de ne pas savoir me battre.

Nohan la dévisagea et acquiesça avec un sourire. Leurs visages étaient proches. La flamme de la bougie faisait miroiter les cheveux argentés du garçon. Cyla saisit une de ses mèches crépues.

—          J’aime bien tes cheveux.

Nohan se recula, gêné. Cyla ressentit comme un pincement au cœur. Qu’avait-elle fait de mal ? Peut-être que cela ne se faisait pas de toucher les cheveux d’un prince ? Elle se rappela le baiser de Kian et de son général. Ils pensaient tous deux qu’elle dormait lorsqu’ils s’étaient embrassés. Avant cette scène, elle n’avait jamais vu deux personnes si proches.

—          Nohan. J’ai jamais embrassé personne. Est-ce que je peux t’embrasser ?

Le jeune homme fut complètement déstabilisé par sa requête. Il bégaya :

—          Je-je ne suis pas comme mon frère. Je-je pense que je préfère les filles.

—          Oui, mais si tu n’as pas essayé, comment tu peux être sûr ? Moi je veux juste voir ce que ça fait, garçon ou fille ça m’importe peu.

—          Mais Cyla, dès que tu verras des filles, tu changeras d’avis. Je t’assure qu’après, tu n’auras plus envie de m’embrasser.

—          Non. Je ne pense pas que je changerai d’avis. J’ai vu plein de garçons au palais quand j’étais prisonnier. Je te préfère toi.

Les yeux du garçon brillèrent en entendant le compliment. Son teint devint écarlate une nouvelle fois, ce qui fit sourire Cyla. Il s’humecta les lèvres, toujours hésitant. Il semblait mener un grand combat intérieur. La jeune fille attendit un instant puis s’approcha et plongea ses yeux dans les siens. Le bleu de ses pupilles avait quelque chose de captivant, il lui rappelait les jours de mer calme. S’il vous plaît, déesse Meï, faîtes qu’il réagisse, pria-t-elle silencieusement, je ne veux pas attendre des heures. Soudain, le jeune garçon s’avança et leurs bouches se frôlèrent puis s’unirent. Cyla arrêta de respirer. Ses lèvres étaient douces, réconfortantes. Elle eut l’impression que son mal-être fondait dans leur baiser et embaumait son corps avec une chaleur apaisante. Elle oublia ses tourments, ses craintes et s’égara dans son parfum d’agrumes. Nohan la repoussa doucement. Leurs fronts se touchaient toujours. Tous deux louchaient pour se regarder.

—          C’était comment ? demanda le jeune homme.

—          Agréable… Mais ton frère, il n’embrassait pas son ami de la même manière.

—          Ah bon ?

—          Je ne sais pas, mais en tout cas, c’était plus long.

Un craquement leur fit simultanément tourner la tête. L’œuf se fendillait. Comme un seul être, ils se penchèrent au-dessus de l’orbe. De très légères cannelures transversales et demie circulaires apparurent. D’abord insignifiantes, elles devinrent de plus en plus visibles. Cyla avait l’impression que l’on avait déposé une goutte d’eau au sommet de l’œuf et que les ondes s’étaient figées sur la coquille moirée.  

Le flanc droit de l’œuf se craquela puis s’affaissa avant de remonter immédiatement, comme soufflé par quelque chose. Des frémissements saisirent la coquille puis soudain elle se perça. Un bec jaune surgit de la déchirure. Un duvet gris surmontait la tête ahurie de l’oisillon. Des yeux noirs, globuleux et perdus rencontrèrent ceux de Cyla. L’aiglon poussa un cri perçant, empêtré dans son cocon, incapable de bouger. Le sourire de Cyla devint plus large encore lorsqu’elle remarqua la fascination de Nohan. L’oisillon s’égosilla quelques secondes.

—          On doit l’aider ? interrogea le jeune homme inquiet.

Cyla approcha un doigt de la coquille et tira dessus doucement. Un morceau entier se détacha. Il luisait comme une écaille. L’aile de l’oiseau émergea, mais il n’eut pas la force de bouger.

—          Il fatigue. La coquille est solide.

Le flanc gauche de l’œuf se mit aussi à trembler. Quelques instants plus tard, la tête du deuxième aiglon apparut, étoilée de rosé. Cyla continua d’enlever des morceaux pour permettre aux deux nouveau-nés de se reposer. Éreintés, les petits êtres ne bougeaient plus. Nohan approcha un doigt hésitant vers l’un d’entre eux et caressa son duvet. Cyla l’imita.

—          Comment on va les appeler ? questionna-t-elle tout bas.

—          Je ne sais pas.

—          Quand j’ai affronté un Ombre, ce qui m’a marquée c’est la force de leur envol. Je leur trouverai bien des noms de vent.

—          J’en connais quelques-uns si tu veux. Mon oncle, la Mémoire du Monde m’avait fait lire un ouvrage sur le sujet.

—          Vas-y ! pressa la jeune fille.

—          Aquilon, Bora, Chamsin, Samiel, Sures, Skiron…

—          J’aime bien Skiron.

—          Et moi Samiel.

Ils se sourirent et s’esclaffèrent, mus par un nouveau lien.

—          Comment vas-tu les nourrir ?

—          Et bien, si je calque leur apprentissage sur celui des faucons ou des aigles. Il faut leur donner de la nourriture prédigérée. Après c’est une espèce que je ne connais pas, je verrai comment ils réagissent… Dans tous les cas, ils doivent être dépendants de nous. S’ils apprennent à se nourrir seuls, ils deviendront sauvages.

Nohan hocha la tête. Samiel et Skiron bougeaient imperceptiblement. Des petits cris aigus venaient troubler le silence de la pièce. Nohan et Cyla restèrent un long moment à observer les oisillons presque hypnotisés. Le jeune homme finit par se relever.

—          Je vais rentrer Cyla.

—          Tu reviendras vite ?

—          Oui, oui. Ne t’inquiète pas.

Le garçon lui sourit, jeta un dernier coup d’œil aux oisillons puis se dirigea vers l’extérieur. La jeune fille suivit du regard sa silhouette. Il disparut dans la nuit. Elle se leva, enleva son pantalon à nouveau taché et se sentit un peu moins sale. Un peu moins répugnée. Nohan l’acceptait telle qu’elle était. Peu importe si son corps voulait l’induire en erreur.  Elle trouverait bien quelqu’un qui allait le réparer ?