Chapitre 18 : La carte

Chapitre 18 : La carte

 

Evangile de Dédale, Numéro 5, Verset 4

 

« Et Portail dit à Dédale :

Avant que la baleine ne chante, tu me renieras trois fois »

*

A travers la baie de sa cabine, Spirale voyait la silhouette musculeuse des épaules se découper à la lumière du clair de lune. Elle effleura distraitement les cheveux turquoises du bout des doigts.

Gaspard se retourna doucement et ouvrit les yeux. Il ressemblait à Dédale. La même implantation en V, les même iris clairs, impénétrables et durs. Il avait hérité aussi de sa silhouette trapue et musclée.

De Melchior, il n’y avait pas grand chose, peut-être la finesse de la nuque, des mains…

— Qu’est-ce qu’il y a ?

Spirale se demanda si elle avait couché avec lui pour se venger de Dédale et

Melchior, qui ne l’avait pas rejointe après la déclaration de guerre.

Ou bien parce qu’il lui plaisait, qu’il était émouvant, parce qu’elle le pouvait, parce qu’elle mourrait peut-être ce jour et qu’elle aimait mieux vivre, boire et faire l’amour que d’y penser.

Spirale se leva de la couche, enfila son pantalon et sa chemise dont elle ferma la centaine de boutons jusqu’au menton.

— Dans deux heures, le soleil se lèvera, préparons-nous.

L’espace d’un instant, elle eut peur qu’il lui demande plus qu’une nuit en sa compagnie. Mais il obéit silencieusement et se rhabilla, semblant à la fois résigné et déterminé, tout entier tourné vers un but qui n’avait rien à voir avec ce qui s’était déroulé dans l’intimité de la cabine.  C’était Spirale qui avait finalement besoin de réconfort et ne trouvait en retour qu’un dos tourné.

Elle secoua la tête et se dirigea vers son bureau, avant de revenir vers lui:

— Tiens, en preuve de ma bonne volonté.

Avec douceur, elle lui retira les lourds bracelets de métal qui lui meurtrissaient les poignets pour les remplacer par un bijou torsadé en or.

— Je pense que nous sommes d’accord pour dire que tu n’es pas impuissant.

Il eut un maigre sourire tandis qu’elle lui faisait signe de la suivre.

— Montons.

Ils traversèrent le sous-pont où Spirale s’approcha d’une cloche qu’elle sonna vigoureusement :

— Debout ! Debout les marines d’eau douce ! Tout le monde sur le pont dans un quart d’heure ! Les retardataires n’auront pas de petit déjeuner !

Gaspard aperçu Lactae qui émergeait, avec l’air sombre de celles qui ne sont pas du matin, tandis que Larifari se retournait en grognant dans le même hamac. Spirale n’y fit pas attention, elle traversa la pièce avant de prendre l’escalier qui montait sur le pont, tandis que petit à petit son équipage se levait, déjà un peu tendu, ce qui n’avait rien d’étonnant.

Elle s’approcha du bastingage accompagnée de Gaspard et se tourna vers lui :

— J’aimerai te fournir une barque, mais je n’en ai déjà pas assez pour mes femmes.

— Un tonnelet suffira et sera plus discret. Je l’utiliserai comme flotteur pour rejoindre les courants de tanafas. Une fois dans l’océan, je pourrai rejoindre la terre discrètement et patienterai, jusqu’au moment où Larifari me rejoindra. Si elle n’arrive pas pour assurer ma sécurité, je considèrerai notre marché comme nul.

La prêtresse de la mort hocha la tête gravement :

— Ça me parait correct.

Gaspard récupéra un tonnelet vide relié à une corde qu’il jeta dans la mer où celui-ci se mit à flotter. Puis il enjamba le bastingage, se mit à descendre et jeta un dernier regard à Spirale :

— Si nous nous en sortons, est-ce que je vous reverrai ?

On y était. Elle tripota la dentelle qui pendait de ses manches.

— Je ne sais pas encore.

Il n’insista pas et descendit jusqu’à ce que son corps se fonde dans l’huile des vagues. Malgré tout, sa proposition innocente avait fait plaisir à la Grande Mère. Elle se sentait soudain très jeune, et pleine de fougue pour la bataille à venir.

Lactae vint s’accouder à côté d’elle, son perroquet sur l’épaule, un épi sur la tête et un café à la main.

— Il t’aime pour ton argent, c’est évident.

— Alors il n’a pas visé la bonne prêtresse, rit Spirale en enfilant sa redingote bouffée par les mites que lui tendait une mousse ensommeillée.

— Gougnafière ! hurla Taboulé avant que sa maitresse ne lui mette une petite baffe.

— Oui, mais l’autre est sa mère et malgré tout ce qu’on lui reproche, Dédale ne tomberait pas aussi bas.

Spirale haussa les épaules et sortit sa longue-vue pour observer la baie et les autres navires.

— Je ne vois rien.

— Vous êtes trop vieille, la vue baisse. Faites voir.

Spirale lui tendis l’instrument d’un air offensé, et Lactae commenta :

— Ca s’agite aussi chez les alliés.

— Commençons à descendre les chaloupes et à préparer les canons, répondit Spirale pour changer de sujet. Et qu’on m’apporte une bouteille de rhum, Mortevulve !

Voilà ce qui avait été décidé : Spirale restait sur Mumit, le Capitaine Cougnette pilotait son propre vaisseau, l’amiral Yvette, Tartine prenait en main le Kelpie à la place de Larifari et Dolorès gérait l’équipage composé des prisonnières du fort pied-devant et des sombres à bord du vaisseau nommé le Gordo Roberto ; les deux derniers navires avaient été donné aux alliées qui les avaient rejointes.

Ensemble, Les six navires attaqueraient la citadelle à coup de canon et mèneraient la bataille navale contre les quelques vaisseaux qui restaient amarrés dans la baie, aux mains de Dédale.

Pendant ce temps, Larifari débarquerait avec une partie des femmes et essayerai de gagner l’agora en récupérant le plus de troupes supplémentaires possibles avant de rejoindre Gaspard et de mener elle aussi son propre plan.

Enfin, Lactae, Lù et Honorine rejoindraient la terre et passeraient par la falaise pour tenter de rejoindre la forteresse pour libérer les prisonniers et ouvrir les portes de l’intérieur.

Les pirates descendirent les canots avant de s’y blottir comme des poussins.

A terre aussi, ça grouillait comme des fourmis sur une termitière.

L’aube pointa son museau rose et or sur la mer mousseuse et on entendit le premier boulet de canon. Il arracha la figure de proue du Gordo Roberto.

*

Melchior suivait le claquement de la jambe de bois dans les ténèbres.

— Arrête de trainer, articula sèchement Dédale.

— je ne traine pas, je vous admire.

La grande mère lui montra un profil courroucé dans un tintinnabulement d’os et de piécettes. Elle ressemblait de plus en plus à sa mère au fur à à mesure des années.

— Ne te paye pas ma tête si tu ne veux pas une correction de plus.

Melchior tourna sa langue dans sa bouche en observant les épais murs de pierre grise, luisant d’humidité. Il n’y avait comme toute lumière que la torche de Dédale, qu’elle coinça bientôt dans un anneau de métal soudé au mur, éclairant la grande porte de métal clouté qui se trouvait à sa droite.

Cette porte comportait au moins quatre verrous que Dédale entreprit d’ouvrir un par un à l’aide d’un énorme trousseau de clefs.

Le battant s’ouvrit en grinçant.

— Après toi.

La pièce était aussi éblouissante que le couloir était sombre.

Le soleil tombait d’un puit de lumière et se reflétait sur des centaines de milliers de pièces d’or, de bijoux et de pierres précieuses. Les coffres entassés sans organisation étaient jetés pêle-mêle dans un joyeux fouillis et vomissaient des étoffes précieuses, des colliers de perles et des couronnes serties de joyaux.

Melchior retourna à nouveau sa langue dans sa bouche devenue sèche. Ainsi c’était vrai. Un beau petit trésor dormait au fond du temple de la vie. Il allait falloir maitriser sérieusement son envie d’en voler une ou deux pièces.

— Un peu d’or emprunté aux sombres, je présume.

— Oh, un peu plus que cela même. Je te conseille de te mettre au travail au lieu de faire de l’ironie, nous n’avons pas le temps.

De l’extérieur, on entendit soudain des échanges de boulets de canon.

— Ça a commencé on dirait. Tu ne devrais pas les rejoindre ?

— Je préfère les laisser se débrouiller cinq minutes que de t’abandonner en tête à tête avec mon or. Cherchons ton foutu bracelet et prouve-moi que je ne t’ai pas écouté pour rien.

Ils se mirent au travail en silence. Fouillant les coffres, plongeant leurs bras jusqu’au cou dans les vallons de piécettes, à la recherche de bijoux semblables à celui que Melchior avait pris sur le cadavre de Abbas.

Au bout de deux heures de travail et une bonne centaine de coup de canon, ils avaient réunis une bonne dizaine de bracelets, sans succès particulier : sept étaient vide et les trois derniers recélaient des messages tombés en poussière depuis longtemps qui ne représentaient certainement pas une carte.

Ils redoublèrent d’efforts, mais ceux-ci restèrent vains. Dédale finit par se redresser, étira son dos et renifla :

— On dirait que tu m’as fait perdre mon temps.

Un tir plus bruyant que les autres fit vibrer les murs et ils levèrent les yeux.

— Ils ont commencé à attaquer le fort.

— Il y a encore une dernière solution, insista Melchior d’un air sombre.

— Explique-toi.

— J’ai possédé jusqu’à il y a peu un bracelet de ce type. Assez gros pour dissimuler une carte.

— Et où est-il maintenant ?

— Dans tes geôles.

*

Balthazar tripotait nerveusement son bracelet ; ça faisait un peu plus d’une heure qu’on entendait les canons résonner depuis l’extérieur, et depuis quelques minutes, certains avaient commencés à canarder le bâtiment.

— A ton avis, quelle est la probabilité que Lù vienne nous chercher ? demanda-t-il à Taïriss d’un air anxieux.

— Elle va venir, répondit le robot. Mais peut-être pas tout de suite.

— Qu’est ce que ça veux dire ?

— Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est une intellectuelle, mais ce n’est pas une idiote non plus. Elle ne va pas juste se présenter à l’entrée. Et il se peut qu’il y ait marchandage ; dans ce cas, j’ignore si tu feras également parti du lot.

— Merci pour ton soutien.

— Je suis juste honnête.

Balthazar n’eut pas le temps d’aller plus loin dans sa réflexion, car soudain, on entendit des bruits de pas dans le couloir puis le cliquetis d’une clef dans la serrure ; la porte du cachot s’ouvrit en grinçant.

Il s’attendait à voir apparaitre la garde, mais sa bouche s’ouvrit bêtement quand il distingua la silhouette de Dédale dans l’encadrement de la porte. Elle était suivie de près par le proxénète qui était intervenu lors de sa célébration.

Balthazar frissonna. Est-ce qu’ils avaient finalement décider de le placer au bordel en tant que giton ? Il se reprit : cette pensée n’avait aucun sens et de plus, en pleine bataille, ce n’était vraiment pas le moment.

La grande mère ne leur accorda pas un regard ; elle se tourna vers Melchior :

— Dépêche-toi. C’est ta dernière chance.

L’homme obéit, rentra dans la geôle et s’agenouilla auprès de Balthazar :

— J’aimerai regarder de près le bracelet que je t’ai offert mon garçon. Je promet de te le rendre après. En échange de ta coopération, Dame Dédale t’offre sa protection.

La dite-nommée renifla d’un air méprisant et après avoir hésité, Balthazar retira lentement son bracelet avant de le tendre à Melchior. Le proxénète fit courir ses doigts sur le métal, tourna un léger cylindre et un petit « clic » fut distinct par tous. Dédale, torche en main, fit un pas en avant.

— Il y a quelque chose.

Le beau visage de Melchior reflétait la danse de la flamme et ses sourcils étaient froncés quand il sortit le vélin enroulé très serré.

— Qu’est ce que c’est ? demanda Balthazar. Ce n’est pas à moi.

Dédale croisa les bras tandis que Taïriss se redressait.

— Nous le savons déjà. Espérons que ce parchemin là ne soit pas trop abimé.

Melchior déroula le papier et le déplia :

— C’est une carte.

— La carte que nous cherchons ? souffla Dédale avant de lever les yeux vers le robot.

Elle ajouta d’un ton sec en le regardant :

— Viens ici.

Taïriss obéit sans se faire prier. Dédale lui présenta le vélin pendant quelques secondes avant de le refermer rapidement :

— Etait-ce l’objet que recherche celle qui prétend être Portail ?

Il cligna des yeux lentement et répondit :

— Que me donnez-vous en échange de cette information ?

— Si cette carte est la bonne, je négocierai ta liberté et la carte contre la participation de Lù, à notre avantage.

— Cela semble correct. La carte représente l’île et les indications ont été inscrites avec un alphabet ancien, disparu depuis des millénaires.

Dédale plissa les yeux.

— Voilà qui est suffisant et m’apporte un nouvel avantage sur Spirale.

*

Les rames frappaient les vagues en rythmes, alternant avec les percussions que faisaient les canons des deux camps.

C’était là un sacré charivari.

Un boulet traversa la mer à côté de la chaloupe de Larifari, projetant une grande gerbe d’eau sur l’équipage qui jura.

Le temps d’atteindre le rivage, deux barques éclatèrent, mais les pirates à bord eurent le temps de se jeter dans le tanafas avant de finir en bouillie.

Sur la plage, les adversaires étaient prêts et une partie d’entre eux, qui brûlaient visiblement d’en découdre se jetèrent dans les flots en hurlant.

Un combat sous-marin s’engagea visiblement, car bientôt des nuages rougeâtres vinrent flotter en dessous des barques. D’autres nuages, plus sombres se groupèrent dans le ciel et le crachin arriva sans crier gare.

— Allons-y ! cria Lactae de la barque d’à côté où elle se trouvait en compagnie de Lù, Honorine et Raclure.

— Comme si tu avais besoin de me le dire !

Le sable était de plus en plus proche et les pirates, trempées comme des souches, sautèrent hors de leur embarcation. Les partisanes de Dédales les attendaient de pied ferme et se jetèrent sur elles.

Larifari tira deux fois avant que ses adversaires ne soient trop proches, tira son sabre et se jeta férocement dans la bataille.

Quand elle remarqua qu’on l’encerclait, elle prit conscience d’un dos contre le sien, et l’étau qui venait sur elle se fit soudain plus hésitant.

— C’est fou l’effet que tu leur fais, quand même ! rit Larifari.

— Ça m’étonne moi-même, ajouta Lactae tout en éventrant une gueuse armée jusqu’aux dents. Je ne me suis pourtant pas encore vraiment distinguée au combat, ces derniers mois.

— Oh, il y aura encore des occasions ! répliqua Larifari en faisaient danser son arme et en arrosant copieusement sa chemise de sang frais.

— Je n’en doute pas.

Bientôt, l’ennemi se mit à les fuir comme si elles étaient ‘Iibilis en personnes, mais ailleurs, les troupes ne se débrouillaient pas aussi bien.

— Je crois que notre coopération s’arrête là.

— Oui, je crois que je vais donner un petit coup d’épée sous-marin à nos braves. Et Lù et Honorine doivent m’attendre.

— Elle trouverons de quoi patienter. Je ne doute pas qu’elles ont leur propres batailles à mener.

Lactae tourbillonna sur elle-même en faisant fuir deux dernières larrones.

Tandis qu’elle s’élançait vers la mer, Larifari lui attrapa le bras, imprimant sur sa peau et sa chemise la marque d’une main rouge.

Elles se regardèrent en chien de faïence. Mal à l’aise, la petite mère de la mort laissa retomber sa main ; l’autre sourit et chuchota :

— Ne meurt pas, Lari.

— Pour qui tu me prends ?

Le temps d’un clignement de paupières et Lactae était partie, engloutie par les vagues pourpres.

Larifari essuya la pluie qui lui dégoulinait dans les yeux et collait ses boucles couleur aubergine sur son front. D’un ordre aboyé, elle rassembla ses troupes et s’élança sabre en main dans les rues d’Hàgiopolis, bastonnant à droite et à gauche au rythme des embuscades.

Cachés derrières leurs rideaux fermés, on voyait vaguement pointer les museaux des hommes, des enfants et de celles, nombreuses qui n’avaient pas voulu prendre parti, préférant Spirale mais craignant le courroux de Dédale.

— Prudence, elles vont tenter de nous prendre par surprise sur la place de l’agora !

La place était idéale pour cacher des troupes, et avait une forte influence politique sur la façon dont les unes et les autres prendraient parties. Dédale ne les laisserait pas la prendre impunément. Mais Larifari avait une autre raison d’occuper ce point stratégique et elle mènerai sa mission jusqu’au bout.

— Suivez le plan !

Les pirates s’éparpillèrent pour la plupart tandis qu’un petit groupe restait avec elle. Bientôt, de nouveaux coups de feu éclatèrent alors que les deux camps menaient le combat au centre de la place, sur les gradins et près des trônes abandonnés. Il y eu un coup de feu tiré en l’air. Larifari leva les yeux : les moucharabiehs dessinaient de minces meurtrières dans tous le bâtiment qui entourait l’agora. Des milliers d’yeux dissimulés à l’intérieur observaient de quel côté allait balancer l’avantage.

— Au feu ! Au feu !

C’était des voix d’hommes qui criaient et la petite mère fit un tour sur elle-même, mais elle ne vit aucune flammes. Il y avait bien une vague odeur de fumée dans l’air, mais elle semblait lointaine.

— Au port ! Au port ! C’est Mumit !

Le sang de Larifari se glaça. Elle s’élança d’un bond dans les gradins, fonçant comme un gnou et renversant d’un coup d’épaules deux sbires de Dédale qui descendirent tous les escaliers en roulant la tête la première.

Une fois en bas du quartiers des hommes, une de ses sbires lui fit la courte échelle et elle se hissa sur le toit. Une épaisse fumée verdâtre montait depuis le port. Elle déplia sa longue-vue et scruta la mer.

Mumit était intact. Elle respira, puis concentra sa lunette vers les autres bateaux : le Kelpie, — son bateau ! — avait les voiles en feu et on se battait sur le pont de l’amiral Yvette — mais Larifari ne parvenait pas à déterminer qui avait l’avantage. Sur la grève, la vieille borgne, la taverne du port était en train de partir en fumée. La petite mère avait le ventre tout tordu. Tout son être lui criait de faire demi-tour et de rejoindre Lactae, Spirale, Tartine et la Capitaine Cougnette. Tous les gens qu’elle aimait étaient là-bas, mais elle n’avait pas le droit de faire défaut à sa Grande Mère.

Elle se jeta en arrière en entendant des coups de feu : on la canardait ! Le temps qu’elle se prépare à attaquer son adversaire, elle entendit un cri et le bruit d’un corps qui tombe. Elle se précipita au bord du toit pour voir que la soldate qui lui avait fait la courte échelle était morte. Cependant, son assaillante  l’était aussi, le corps transpercé par le couteau de Gaspard. Celui-ci lui fit signe de le rejoindre dans l’ombre.

Les affaires reprenaient.

*

Quelques années auparavant…

 

— fin de la guerre contre les sombres —

 

— Comme je vous le cause, j’y étais et j’ai tout vu ! Comme je vous y vois !

— Alors ce qu’on dit est vrai ?

— Tout vrai ! La fille de la nouvelle Spirale est passée sous le bateau des sombres alors qu’on glissait dans les tourbillons près des récifs. Le bateau a quitté le tanafas et Honorine est restée en apnée pendant cinq minutes, la tête en bas, debout sous la coque, avant de d’escalader le château avant et faire sa fête à la commodore sombre.

— Alors la guerre est terminée ?

— C’est ce qu’on dit.

Les bottes d’Honorine claquaient sur le chemin et un délicieux sentiment d’autosatisfaction se répandait dans son corps. Elle se mordilla la lèvre pour ne pas trop sourire tandis que la foule l’entourait et que des dizaines de mains l’attrapaient pour lui faire parcourir plus vite le chemin entre le port et la taverne.

— Tu ne devrais pas d’abord aller faire ton rapport ? lui souffla Mangouste en écartant les mains les plus invasives.

— Une petite bière ne peut faire de mal à personne.

La rouquine n’avait pas l’air convaincue.

— Si tu le dis. N’oublie pas que c’est ta mère, mais maintenant elle est aussi ton amy kabira.

La dernière grande mère était morte au début du conflit et l’intronisation de la nouvelle prêtresse avait été faite un peu précipitamment.

Honorine haussa les épaules pour ne pas avoir à argumenter.

La foule se pressait le long du chemin qui montait à l’agora et la jeune femme aperçu Melchior qui lui faisait signe, à califourchon sur un tonneau contre lequel cognaient ses talons. Son sourire montrait ses dents, très blanches, très droites, ses yeux brillaient et il criait des bravos. Il venait juste d’avoir quatorze ans… mais la jeune femme n’avait pas envie d’y penser ; elle détourna le visage en faisant semblant de ne pas l’avoir pas vu.

— Tu devras te présenter au grand oeil des bonnes moeurs avant ce soir, marmonna Mangouste tandis que les portes de la taverne s’ouvraient.

— Oui, oui…

— Sa mère vient de mourir, penses-y!

Honorine ouvrit la bouche, mais à ce moment-là d’autres rumeurs autrement plus agréables parvinrent à ses oreilles. Des pirates chuchotaient dans son dos :

— On dit que Dédale n’a plus beaucoup d’années à vivre ! Honorine pourrait lui succéder et pour la première fois une mère et sa fille pourraient être grandes mère ensemble.

La jeune femme faisait ce qu’elle pouvait pour ne pas avoir l’air trop contente d’elle-même, tandis qu’on lui fourrait une bouteille de rhum de première qualité entre les mains. Elle gloussa :

— Impossible ! Ce sera la petite mère qui prendra sa place.

Mais la foule n’en démordait pas :

— Mais elle a une petite santé depuis cette vilaine blessure.

— M’étonnerai même pas qu’elle nous claque entre les pattes avant la vieille Dédale, c’t’une vieille sangsue celle-là, pas vrai ?

Enivrée par son succès, Honorine riait et buvait, riait et buvait… et pendant ce temps, l’image de Mangouste, dépitée, devenait de plus en plus floue… Elle ne vit pas Terfez sortir de la taverne.

 

— Réveille-toi vite !

Honorine grogna et enfonça sa gueule de bois dans un oreiller pour ne plus entendre la personne qui lui secouait l’épaule.

— Tu l’auras voulue, tête de pioche !

Mangouste renversa le brock sur la tête de sa Capitaine qui poussa un véritable hurlement en bondissant sur ses pieds :

— Non, mais ça ne va pas ! Foutre merde! Je vais te faire bouffer ton con !

— Garde ça pour plus tard, répondit Mangouste impassible. On a du pain sur la planche.

Honorine ébroua sa longue crinière rousse :

— Qu’est ce qui se passe ? Je dors depuis deux jours et ma mère est furieuse ?

— Ta mère est furieuse, mais tu ne dors que depuis trois heures.

Son interlocutrice se laissa retomber sur la paillasse sur laquelle on l’avait laissée dormir à l’étage de la taverne. Un rapide coup d’oeil à l’extérieur lui indiqua que la nuit était déjà avancée.

— J’irais demain matin. Je pense qu’on lui a raconté l’essentiel.

— Quelqu’un a revendiqué Melchior. Avant toi.

Honorine se redressa, soudainement dégrisée :

— Hein ? Qui ça ? Mais c’est une excellente nouvelle !

Sa seconde avait l’air navré :

— Terfez a fait sa demande hier soir, pendant que tu enchainais les tournées.

— C’est son amie d’enfance. Plutôt normal, non ?

— Ce n’est pas l’avis de ta mère et le mien non plus. Si elle avait cette intention, pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt ? En plus, tout le monde savait que ta mère avait promis à Spirale l’ancienne que tu t’en chargerais. Ça ressemble à une provocation.

— Je ne vois pas ce que je peux y faire.

A dire vrai, elle était plutôt soulagée.

— Spirale veut que tu y ailles. Va témoigner ton soutien comme si tout était normal. Enrobe les choses.

— C’est pour quand ?

— Ça va commencer bientôt.

Honorine grogna et attrapa son baudrier, posé à côté de la paillasse. Mangouste croisa les bras :

— Tu veux un conseil ?

— Quoi encore ?

— Lave-toi la figure avant d’y aller. Tu pues.

— …

 

Au premier cri, elle sursauta en même temps que l’assemblée.

A son arrivée, la famille du garçon, enthousiaste, s’était serrée et lui avait ménagée une place au premier rang. Bon, certaines étaient agacées du changement de dernière minute, mais on était si contentes de pouvoir compter sur l’héroïne de la guerre, pour être là.

La fille de Spirale avait sourit bêtement, le regard vaseux et s’était laissée porter pendant tout le début de la cérémonie, évitant soigneusement les yeux méprisants de Terfez et ceux, blessés, de Melchior.

Et puis, ils étaient allés dans l’arrière salle, tout le monde s’était réjoui et il y avait eu les cris. Des cris d’adolescents qui ne trompaient personne.

L’assemblée se gela tandis qu’Honorine dégrisait à la vitesse de l’éclair. Elle se leva et ne put faire le moindre geste supplémentaire, Mangouste l’ayant fermement attrapée par le poignet, le visage fermé.

Elle resta là, stupidement, la peau se couvrant de chair de poule au fur et à mesure que le garçon se faisait battre.

Et puis le silence s’était étalé, épais comme de la mélasse.

Terfez avait fini par sortir, vêtue d’un seul peignoir, ses innombrables tresses rassemblées en chignon négligé. Le grand œil des bonnes moeurs trottinait derrière elle, le visage aussi livide qu’un pâle. Il consulta son épais registre et demanda d’un voix beaucoup moins assurée que d’ordinaire :

— Le passage à l’âge adulte ayant été consommé, le jeune homme pourra officiellement commencer son apprentissage à partir de demain. La demande qui a été faite a été commerçant, dans le textile.

— Ça ne me parait pas satisfaisant.

La famille retint son souffle ; Honorine était toujours debout, hébétée. Les yeux indéfinissable de Terfez rencontrèrent les siens et Mangouste serra davantage ses doigts autour du poignet de sa capitaine.

— Après un début aussi prometteur, je pense que sa place serait plutôt au bordel.

— Non ! cria Honorine dans le public.

Un homme se mit à sangloter.

— Vous êtes sûre, vraiment ? bredouilla le grand oeil des bonnes moeurs. Il s’agit du fils de Spirale l’ancienne.

— Parfaitement sûre.

Terfez écarta le vieil homme hésitant et compléta l’inscription elle-même avant de jeter la plume sur la table.

Honorine poussa un cri de rage, sa seconde l’agrippa.

— Tu ne peux rien faire !

L’autre se dégagea violemment, bondit sur l’estrade, mais elle ne se confronta pas à Terfez, se contentant de la bousculer violemment.

A l’arrière, Melchior était en train de se rhabiller. Du sang tâchait sa tunique et un bleu violacé s’étendait déjà sur sa mâchoire, et il y avait un petit quelque chose dans son regard qui faisait qu’il n’était plus exactement le même que quelques heures avant alors que ses pieds battaient son tonneau.

Honorine hésita. Il n’y avait rien à dire. L’adolescent s’appuya sur ses bras, debout contre une table et elle crû qu’il allait éclater en sanglot, mais il n’en fit rien.

Maladroitement, elle réajusta son croise-coeur qu’il avait mal noué.

*

Un nuage d’encre carmin se déploya dans le tanafas quand Lactae retira son sabre du ventre de la pirate qui était face à elle. Bientôt, il lui en sortit par le nez et la bouche, et la petite mère écarta le cadavre d’un bras ; celui-ci s’écarta en flottant pour la laisser passer.

Le paysage était étrangement silencieux, alors que la bataille se déroulait tout autant au dessus qu’en dessous de l’océan. Mais Lactae n’avait pas de temps à perdre ici et elle s’enfonça dans les petits chemins sableux qui bordaient les champs d’algue shifa, semant ses poursuivantes au milieux des amas de gros rochers gluants.

Elle marcha pendant une petite heure avant de remonter la pente qui revenait vers la terre. Là, la mer était beaucoup plus violente et les vagues la précipitait vers des pierres de lave noire acérées ; Lactae crût qu’elle allait se rompre les os au moins trois fois.

Alors qu’elle glissait une énième fois, une main lui attrapa le poignet. La petite mère écarta les mèches turquoises qui lui coulaient dans les yeux tandis que Lù la hissait sur le rivage.

— Pas une partie de plaisir, hein?

— Hum…

Un peu plus loin, Honorine patientait, couteau au poing et Raclure ontait la garde, accroupis sur un rocher. Une vague un peu plus grosse les arrosa tout les quatre ; la jeune pâle jura et le corniaud s’ébroua, dans une affreuse odeur de poils mouillés.

L’ombre énorme des falaises les surplombaient et tout en haut se trouvait le temple de la vie, où les attendaient Dédale, Balthazar et Taïriss.

— Tout va bien ? Pourquoi vous attendez ? demanda Lactae.

Lù enfonça ses pouces dans ses poches :

— J’ai déjà commencé à mettre en place les pitons, mais on a vu que tu galérais.

— Et elle ? Elle ne pouvait pas m’aider ?

— Honorine s’est tordue la cheville.

— Ah bah bravo.

— Ne t’inquiète pas, ça ira mieux dans 5 minutes. Tu devrais plutôt te préoccuper de ça.

Lù indiqua les gros nuages de fumée qui s’élevaient du port.

— Visiblement, un des bateaux est en train de cramer.

Lactae serra les poings :

— Alors nous avons encore moins le droit d’échouer.

Lù haussa les épaules. La mission de Lactae ne la regardait pas, elle venait simplement délivrer les prisonniers.

En se dirigeant vers la surface gluante de vase de la falaise, elle entendit un craquèlement. Elle leva sa botte et réalisa qu’elle venait d’écraser des restes d’os.

— On a déjà tué deux hyènes, grogna Lù.

— Rien d’étonnant, c’est là qu’ils jettent les restes des condamnés et des sacrifices.

— Quel endroit charmant, ronronna son interlocutrice, tout en accrochant à son dos un harnais sur lequel elle installa Raclure.

— Le chien est vraiment nécessaire ?

— Il pourrait être utile, là-haut.

— Tu n’as pas peur que Dédale tue ton amant ?

— Il est plus solide que ce à quoi elle s’attend.

— C’est ton choix.

— Exact. Allons-y.

Honorine remua sa cheville d’un air grognon, mais quand elle se leva de son rocher, elle ne boitait pas.

— Moi devant, sourit-elle sous l’air perplexe de Lactae qui interrogea du regard Lù.

Celle-ci haussa les épaules.

— Je vais quand même passer la première pour mettre les autres pitons, il ne s’agirai pas de s’écraser comme des crêpes avant même d’être arrivé dans le temple.

Honorine et Lactae ne savaient pas ce qu’était une crêpe, mais elles étaient d’accord.

Lù s’accrocha à la corde et entama l’ascension. Juste derrière elle, la jeune pâle s’élança sur la paroi, étrangement légère en comparaison de son poids.

Lactae tourna les yeux vers le port. La pluie tombait moins drue, mais avec un peu de chance, elle aiderait à éteindre la pluie.

Le plan était simple : récupérer Taïriss et Balthazar, avec son aide, ce qui leur assurerai la loyauté de Lù et sans doute la victoire. Mais ceux-ci étaient sans doute dans les geôles… Se posait alors la question de comment entrer. Il n’était pas très malin de passer par la porte, et les égouts étaient bloqués par de lourdes grilles. Alors pourquoi ne pas passer par là où on ne les attendrait pas du tout ? Comme par en haut ?

Soupirant, Lactae se saisit du bout et plaçant son corps à l’horizontal, elle entama à son tour la montée de la falaise. La pluie rendait la pierre glissante, mais les dissimulait aussi aux yeux des guetteurs. Tout en haut, une chandelle était posée sur le bord de la fenêtre de Dédale.

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Nathalie
Posté le 14/11/2022
Bonjour Gueule de Loup

Mes commentaires et corrections pour ce chapitre :

A travers la baie → À travers

Gaspard aperçu Lactae → aperçut

J’aimerai te fournir une barque → J’aimerais

Mortevulve → Ce terme m’a fait mourir de rire. Très bien trouvé !

Ensemble, Les six navires → les

à coup de canon → coups

et essayerai de gagner → essayerait

troupes supplémentaires possibles → possible

A terre aussi → À terre

je ne traine pas → Je ne traîne pas

au fur à à mesure → au fur et à mesure

la grande porte de métal clouté qui se trouvait à sa droite → cloutée

Le soleil tombait d’un puit de lumière → puits

A ton avis, quelle est la → À ton avis

J’aimerai regarder de près le bracelet → J’aimerais

Les partisanes de Dédales les → Dédale

Elle trouverons de quoi → trouveront

Ne meurt pas → meurs

les autres prendraient parties → parti

dans tous le bâtiment qui entourait l’agora → tout

elle ne vit aucune flammes → flamme

d’un coup d’épaules → d’épaule

Une fois en bas du quartiers des hommes → quartier

la jeune femme aperçu Melchior → aperçut

en faisant semblant de ne pas l’avoir pas vu. → en faisant semblant de ne pas l’avoir vu.

une mère et sa fille pourraient être grandes mère ensemble. → une mère et sa fille pourraient être grandes mères ensemble.

A dire vrai, elle était plutôt soulagée. → À dire vrai

A son arrivée, la famille du garçon → À son arrivée

La fille de Spirale avait sourit bêtement → souri

A l’arrière, Melchior était en → À l’arrière

elle crû qu’il allait éclater → crut

ses poursuivantes au milieux des amas → milieu

les vagues la précipitait vers des pierres → précipitaient

Raclure ontait la garde → montait

accroupis sur un rocher → accroupi

grosse les arrosa tout les quatre → tous

L’ombre énorme des falaises les surplombaient → L’ombre énorme des falaises les surplombait

il ne s’agirai pas de s’écraser comme des crêpes avant même d’être arrivé dans le temple → il s’agirait de ne pas de s’écraser comme des crêpes avant même d’être arrivées dans le temple

Honorine et Lactae ne savaient pas ce qu’était une crêpe → excellente cette phrase rappelant tout le contexte comme si de rien n’était
Nothe
Posté le 09/09/2022
Coucou ! Je veux essayer de finir de commenter le Livre des Vérités avant de faire une lecture plus poussée du Voeu de l'Oye. Comme j'avais déjà évoqué les plus gros points dans le comm précédent, je pense que ce commentaire sera plus court et plus axé sur ce chapitre en particulier ! En tous cas je vais faire un effort pour :p

La première scène est très chouette, j'aime beaucoup la manière dont le caractère simple et bravache de Spirale ressort dans ces moments-là, ça la rajeunit beaucoup. Je trouve qu'on ne laisse pas assez les "vieilles" (même si Spirale n'est au final pas si âgée que ça) être un peu stupides ou impulsives, c'est une subtilité que j'aime beaucoup. Je sais que je ne fais que parler de Spirale tout le temps mais c'est vraiment un personnage qui fait naître l'affection, elle est vraiment cool.

Mention spéciale à la fin de cette scène, avec la très jolie phrase "L’aube pointa son museau rose et or sur la mer mousseuse et on entendit le premier boulet de canon. Il arracha la figure de proue du Gordo Roberto.", avec ce contraste dont j'ai parlé sept cent cinquante fois, le calme immédiatement rompu par un acte brutal qui rend très bien. L'image de l'aube est très visuelle et poétique, et d'un seul coup, paf, c'est la guerre ! Y'a pas de chichis, ça arrive sans crier gare.

Je m'interroge un peu sur la scène où Lari entend que Mumit est en feu et qu'elle se précipite pour voir ce qu'il en est. Juste avant qu'elle n'entende le cri, il y a ce petit passage où elle dit que c'est important pour elle de prendre l'agora parce qu'elle a un plan, et elle a l'air d'y tenir ("elle mènerait sa mission jusqu'au bout"), et puis d'un coup elle fait un peu cavalier seul et ne se préoccupe plus du combat alors qu'elle a un tout petit groupe avec elle. Si c'est pour montrer qu'elle est, malgré sa détermination, un peu contrôlée par ses émotions, peut-être qu'insister sur le fait qu'elle en oublie le plan avec une phrase du style "complètement déconcentrée, elle ne put pas s'empêcher de foncer", tu vois ce que je veux dire ? Ou alors plus insister sur l'idée de plan ? Si c'était un effet de style pour montrer une contradiction dans son caractère, alors il n'est pas assez fort, je me suis juste dit "attends, c'est inconsistant, ça a pas de sens qu'elle fasse ça au milieu de l'action là d'un coup". Il faudrait peut-être l'expliquer davantage. J'espère que je suis clair !

Je pense avoir déjà tout dit sur ce que je pensais du triangle Spirale/Dédale/Melchior dans le précédent commentaire, du coup cette scène charnière est un peu rentrée dedans. C'est là aussi qu'on voit les limites d'Honorine, qui n'avait pris ni Melchior ni Dédale au sérieux (ce qui en temps normal n'aurait pas été si grave, elle se comporte juste en adolescente), et qui en paie le prix. C'est un bon rappel des moeurs cruelles de cette société, de la manière dont tout le monde en souffre et pourquoi il est si nécessaire de se battre pour les changer. J'aime aussi beaucoup voir Honorine impuissante dans cette scène. Ce n'est pas dit textuellement, mais tout ce qu'elle peut faire, c'est vaguement rhabiller Melchior et sceller l'affaire. Le sentiment de perte est très présent, il rend vraiment bien !

Et puis enfin, ça me trotte dans la tête depuis tout ce temps alors je suis content de pouvoir le dire : j'aime énormément les visuels des combats dans le tanafas, je les trouve teeeeeellement stylés, le sang est en suspens, tout est silencieux et ralenti alors que la tempête fait rage au-dessus d'eux ... Trop classe <3

J'ai trouvé cette coquille ici : "Lactae tourna les yeux vers le port. La pluie tombait moins drue, mais avec un peu de chance, elle aiderait à éteindre la pluie." - je suppose que tu voulais dire l'incendie des bateaux du port ?


Heure du pinaillage :

- Je trouve que la phrase "quelques années auparavant" qui prélude les flashbacks de la jeunesse d'Honorine et Terfez est un peu trop vague ? C'est vraiment très subjectif, mais "quelques années" ça donne l'impression que c'est assez récent, et comme en plus on connaît leur âge dans ces flashbacks et que c'est important (pour les cérémonies et tout), je me dis que peut-être qu'écrire "vingt-trois ans plus tôt" ou quelque chose de plus concret, ça permettrait d'établir une chronologie plus solide, de différencier ces flashbacks des autres (c'est quand même une petite histoire dans l'histoire) et aussi de faire un effet compte à rebours un peu cool (comme ce que tu avais fait dans 63/84 avec "le 15ème jour", "le 30ème jour"...)

- Les chiffres dans les dialogues écrits en chiffres et pas en lettres, je ne sais pas si ça "se fait" ? Je crois que généralement on est censés les écrire en toutes lettres, mais je ne suis pas 100% sûr, il faudrait demander à des gens plus tatillons, mais je l'ai vu passer deux-trois fois (ex, Lù qui dit "Ne t’inquiète pas, ça ira mieux dans 5 minutes.")

Voilà, c'est tout ! Je passerai au prochain chapitre bientôt :* Des poutoux !
Elka
Posté le 29/08/2022
Coucou ♥

Le sort d'Abbas m'a pris par surprise. Mais je me suis rappelée que c'est la force de tes histoires, personne est à l'abris. Y a toujours cet objectif lointain, ce but ultime, et tous tes persos s'y dirigent. Et pour que certains s'y retrouvent, d'autres sont sacrifiés.
Et c'est cette surprise et cette horreur que je cherche souvent en lecture ♥ C'est la preuve qu'Abbas a touché le lecteur.
Les parchemins dans les bracelets ! C'était là tout le temps !
Et je m'interroge toujours sur le pouvoir de Balthazar. Est-ce que c'est lui qui reboot l'histoire à chaque fois ? Ou a-t-il une autre sorte de pouvoir et le reboot n'en est qu'une possibilité ?
Balthazar peut-il apprendre à tordre le temps ? (mais il peut pas revenir en arrière si il est mort... Bon, je vais poursuivre ma lecture hehe)

J'essayerai de commenter à nouveau en chemin !
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