Chapitre 18

« Vous vouliez visiter les coulisses des locaux ? Pas de problème… » grinça le vieillard. Il continuait de sourire, exhibant une dent pourrie et une autre en or. Il se retourna et lança à l’adresse d’hommes qui venaient d’entrer dans la salle, et qui entourèrent Enola et le jeune lycéen : « Emmenez-les, nous allons leur faire visiter le centre scientifique. Voyons si cela leur donne envie de travailler ici cet été. »

Le vieil homme semblait faire référence au job que devaient normalement faire Thomas et la jeune fille. Peut-être même savait-il qu’Enola avait vu les restes animaux dans leur sorte de local à poubelles, quand ils étaient encore dans la ville de son oncle ? Cela semblait remonter à des milliers d’années. Au temps où tout se passait (ou presque) pour le mieux. Enfin, le temps où tout était parfait, pour Enola, remontait à bien plus tôt encore, en vérité.

Ils se mirent à avancer. Les gardes poussaient les jeunes adolescents, les obligeant à bouger. Le vieillard arriva bientôt devant une porte rouge, ornée d’un serpent qui paraissait bien réel, enroulé autour de la poignée.

« Eh bien, tu n’as qu’à ouvrir la porte, très chère jeune fille. A toi l’honneur ! », lança l’un des gardes.

Les autres se mirent à ricaner bruyamment, telles des oies dans un marécage.

Enola observa la poignée. Elle savait que les piqûres de serpent, du moins certaines, pouvaient être dangereuses, voire mortelles, si elles n’étaient pas soignées. Elle regarda plus attentivement. C’était un faux. Elle ouvrit la porte, faisant mine de n’avoir pas remarqué que ce n’était pas un véritable serpent, et d’avoir peur. Les gardes ricanèrent de plus belle, puis la moitié d’entre eux – ils étaient une demi-douzaine environ – repartirent, laissant les trois gardes restants se poster à divers endroits de la salle.

Cette salle était ronde, tout y était blanc : des fauteuils blancs, des cages blanches dans un coin de la salle, des hommes et quelques femmes blanches, avec des blouses blanches.

Énormément de matériel, peut-être trois fois plus que de personnes, se trouvait là, tout ce qu’il fallait pour opérer, ouvrir des ventres… Ce qui montrait déjà que les personnes ici n’étaient pas là pour vendre des animaux comme il avait été proposé à Enola et Thomas.

On obligea ces derniers à s’asseoir sur des chaises blanches, et le vieillard leur dit :

« Une opération de grande envergure va commencer très bientôt. J’ai, pour cela, dû engager une dizaine de nouveaux employés. Cela va coûter très cher, un prix que cette opération va rembourser très vite. Ne gâchez donc pas ce travail acharné, car cela va être, pour vous, un spectacle. Dans les coulisses. »

Il rit, comme si, pour lui, tout cela n’était qu’une grande blague.

Enola leva les yeux sur cet homme. Elle éprouvait du dégoût pur et simple. Et elle commençait à s’inquiéter pour son frère. Où était-il ? Qu’avait-on fait de lui ? Comment allait-il, surtout ?

Le vieil homme semblait avoir compris ce qu’elle souhaitait parce qu’il ajouta : « Rassure-toi, nous n’avons pas torturé ton frère. C’est notre invité, après tout. Nous ne devrons l’embêter que si tu nous causes du souci. »

Il reprit sa respiration, puis précisa, même si Enola avait déjà compris : « Tu comprends, maintenant, pourquoi il ne vaut mieux pas gâcher le travail de nos employés... »

Et il ricana.

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