Chapitre 17

Par Mila
Notes de l’auteur : Bonne lecture à tous !

“Vous savez, cette partie de l’Arbre des Esprits est librement accessible. Nul besoin de vous y rendre en cachette la nuit.”

 

Taïe sursauta et faillit en lâcher sa torche. Elle se retourna, et découvrit Lo’hic qui la regardait, visiblement amusé.

 

“Que faites-vous là ?

 

-Je pourrais vous retourner la question, jeune fille. Mais, cependant, vous avez tout autant que moi le droit de vous trouver là. L’Arbre des Esprits est consacré aux Tsadiens, toute personne qui le souhaite peut s’y rendre. À n’importe quelle heure de la journée…ou de la nuit.”

 

Il esquissa un sourire.

 

“Je vous ai vue traverser la passerelle. Vous aviez l’air pressée. Vous teniez tant à admirer cette magnifique fresque ? Au milieu de la nuit ?

 

-J’ai eu une révélation. Ou plutôt deux souvenirs qui ont révélé un lien.”

 

Lo’hic ne dit rien et s’assit, attendant la suite.

 

“La silhouette qui m’est apparue une nuit est celle qui se trouve sur la fresque.”

 

Elle ramena sa torche près de l’étrange visage afin que Lo’hic puisse le voir.

 

“Cette Tsadienne se nomme Temps, annonça-t-il. Elle était en quelque sorte la meneuse des Tsadiens, étant la plus puissante de tous. Elle fait partie de ceux qui ont péri…du moins le supposons-nous. Mais si elle vous est apparue… êtes-vous sûre ?

 

-Je suis certaine que c’est elle. Lorsque l’âme a tenté de communiquer avec moi, elle est apparue. Est ce que cela signifierait…

 

-Que l’âme qui est en vous est celle de Temps ? Cela semble être l’explication logique. Comment expliquer, sinon, que cette Tsadienne vous soit apparue ?”

 

Taïe garda le silence, troublée. Était-ce possible ? Pouvait-elle posséder en elle l’âme d’un Tsadien ?

 

“Je pense… que je vais aller me recoucher. Merci pour vos explications.”

 

Sans rien dire de plus, elle retourna lentement dans son lit. Pourquoi ? Pourquoi Elyie et elle avaient-elles la moitié d’une âme Tsadienne en elles ? Si c’était bien le cas. Mais malgré ses effort, Taïe ne voyait aucune autre explication. Elle avait vu Temps dans une de ses visions. Visions provoquées par l’âme… lorsqu’elle voulait communiquer. Quoi de plus normal qu’elle ait voulu lui montrer son apparence ? Elle voulait des réponses, elle en avait eu…

 

Elle ne dormit pas de la nuit, allongée sur le dos en fixant le plafond. Elyie dormait paisiblement à côté d’elle. Elle n’avait pas osé la réveiller, mais lui expliquerait tout au matin.

Lorsque le soleil surgit enfin à l’horizon, elle se leva et secoua Elyie doucement. Quand elle fut réveillée, elle se dépêcha de lui raconter son escapade nocturne. La soigneuse écouta attentivement, et sortit un papier d’un tiroir. Seule une ligne soigneusement écrite y était inscrite.

 

“J’ai écrit ici ce que nous voulions savoir.”

 

Taïe ne dit rien, attendant la suite. Elle mettait trop de temps à lire, et préférait que Elyie lui lise la phrase.

 

“Première chose, la cause de nos visions et crises. Nous avons la réponse : c’est l’âme de Temps, séparée en deux parties. Les crises sont causées par l’éloignement, elles veulent alors se rejoindre. Les visions sont sa volonté de communiquer : d’abord celle que nous avons eue dans la forêt Oubliée, puis tes rêves bizarres et enfin ta rencontre avec elle dans la forêt de Vagua’hey.

 

-Tu n’as pas fait de rêves étranges ?

 

-C’est ce qui m’intrigue… je n’ai eu qu’une vision, et mes crises étaient bien moindres comparé aux tiennes. Je me demande pourquoi.

 

-L’âme est séparée en deux parties… peut-être qu’elles ne sont pas égales ? Que je possède en moi un peu plus de la moitié, et toi un peu moins ? "

 

Songeuse, Elyie resta immobile un instant, puis écrivit soigneusement de nouvelles lignes sur sa feuille.

 

“J’écris la réponse à la question… et aussi notre hypothèse sur la quantité d’âme en nous.”

 

Elles furent interrompues par Ely’ah qui les appelait depuis le séjour.

 

“J’ai croisé Lo’hic ce matin, il souhaite vous voir. Nous avons eu une idée ensemble, il vous en parlera plus en détail.”

 

Après un au revoir rapide, Ely’ah retourna à la guérisserie et les deux jeunes filles se hâtèrent de se rendre à l’Arbre des Esprits retrouver Lo’hic. Il les attendait devant la fresque.

 

“Temps était la plus puissante des Tsadiennes. Le temps agit sur tout, son pouvoir était immense. On raconte que sa sagesse était à l’image de sa puissance, et qu’elle en usait avec humilité et bon sens. Elle avait péri en même temps que certains de ses frères… Du moins nous le pensions. La présence de son âme à l’intérieur de vous prouve le contraire.”

 

Il se retourna et s’installa sur l’un des fauteuils. Son visage était grave.

 

“Jadis, les Tsadiens vivaient sur le Mont Tsadis, une montagne au sud de Feli’ah. Pendant longtemps, personnes n’a osé s’y rendre. Mais il y a une vingtaine d’année, la zone tout autour à commencer à se “détemporaliser”. Dans un rayon d’un kilomètre d’abord, puis progressant de cinq cent mètres par ans, la zone détemporalisée est un lieu où le temps est totalement détraqué. Tout ce qui s’y trouve vieillit et rajeunit à vue d’œil, meurt et ressuscite en à peine quelques secondes. Les animaux là bas sont mutants, sans âge. Chacun de leurs membres a une évolution différente. Lorsque ce phénomène à commencé à se produire, on a créé un remède afin de s’y aventurer sans risque. Malheureusement, certains des volontaires sont revenus atteints de la temporelle, cette maladie répandue dans tout Oedoria. Si je vous parle de ceci, c’est que Ely’ah et moi avons eu une idée : quoi de mieux, pour déclencher de nouvelles visions, que de se rendre sur le Mont Tsadis ?”

 

Taïe et Elyie restèrent silencieuses, estomaquées.

 

“Je tiens à vous rassurer : le remède a évolué, et s’y rendre ne représente plus un grand péril. Mais vous devez savoir que le risque zéro n’existe pas. C’est pourquoi je vous le propose : voulez-vous y aller ?”

 

Taïe réfléchit à peine un instant. Elle en avait plus que marre de n’obtenir que plus de mystères en guise de réponses.

 

“J’accepte. Si nous pouvons y trouver des réponses, alors je viens.

-Moi aussi, renchérit Elyie. Je suis prête à courir le risque.”

 

Lo’hic sourit.

 

“Je suis content de vous voir si investies. Votre cas m’intrigue au plus haut point, et je suis honoré de pouvoir progresser avec vous dans vos recherches. Ely’ah nous accompagnera aussi. Cependant, elle ne gravira pas la montagne avec nous : elle a des recherches à effectuer aux abords de la zone. Elle est l’une des guérisseuses spécialisées dans les anomalies temporelles, ajouta-t-il avec un air fier.

-Quand partons-nous ? Est-ce loin ?

-Le Mont Tsadis se trouve à quelques jours à cheval. En revanche, nous ne pouvons partir maintenant, Ely’ah a beaucoup de travail en ce moment. Elle m’a d’ailleurs proposé, dit-il en se tournant vers Elyie, que tu la rejoignes à la guérisserie. Tu lui as dit que tu étais soigneuse, et elle pense que vous pourriez beaucoup vous apporter mutuellement.”

 

Elyie accepta avec un grand sourire, et se rendit immédiatement auprès d’Ely’ah. Lo’hic s’éclipsa aussi, évoquant des tâches à accomplir, et Taïe se retrouva seule. Elle n’avait pas de leçon de lettres aujourd’hui, Mel’hi étant en voyage pour aller rendre visite à sa famille. Elle se leva lentement et s’approcha de la fresque. Temps était grande, et elle devait lever la tête pour regarder ses yeux, deux ciels étoilés. Sa peau était bleu foncé, et son visage lisse. Sa face était uniquement composée des deux yeux, terminée par un menton en triangle. Pas de nez, pas de bouche, pas d’expression. Les cornes sortant de son crâne s’élançaient vers le ciel, légèrement tordues et torsadées. Sa grande cape bleu nuit cachait tout son corps. Un réceptacle de pouvoir et de sagesse… Taïe ne voyait qu’une créature sans émotions, noble, certes, mais figée. Elle leva une main tremblante et effleura son visage du bout des doigts.

 

“Est-ce toi qui est en moi ?chuchota-t-elle. Toi, la Tsadienne si puissante, as-tu choisi une simple guerrière débutante comme réceptacle de ton âme ?”

 

Elle ferma les yeux, cherchant au plus profond d’elle une quelconque présence, même la plus infime. Seule la phrase de sa première vision lui revint en mémoire. Trouve la vérité. Trouve les peuples oubliés de l’Est chaotique. Trouve-toi. Trouve-les. Trouve-le.

 

“J’ai déjà trouvé les peuples de l’Est… dois-je te trouver toi aussi ? Ton âme est en moi, ton corps est mort. Que veux-tu ? Quelle est cette vérité que je dois rechercher ?”

 

L’âme ne se manifesta pas. Elle laissa retomber sa main et se détourna. En marchant vers la sortie, elle pouvait presque sentir le regard vide de la Tsadienne sur elle. Plus elle avançait, plus elle sentait gonfler en elle cette rage qu’elle gardait enfouie, qui ne disparaissait jamais complètement. Elle avançait sur la passerelle de plus en plus vite, serrant nerveusement les rambardes ornementées. Arrivée devant l’un des élévateurs, elle ne réfléchit pas très longtemps avant de monter dessus et de trancher d’un coup sec le lien qui le retenait. La corde se déroula à toute vitesse, précipitant la planche de bois vers le sol. Taïe en sauta juste avant d’atteindre l’herbe, trébucha et s’étala par terre.

Allongée là, regardant le ciel, elle eu soudainement une idée. Une envie stupide, dictée par sa colère, qu’elle aurait dû ignorer. Elle avait des dizaines de bonnes raisons pour ne pas l’écouter, et remonter à Feli’ah. Pourtant, elle se leva et se mit à courir entre les troncs gigantesques. Elle leva la tête, cherchant la guérisserie suspendue entre les arbres. Elle ne devait pas être loin… Presque aucun Soboemns ne circulait sur le sol de la forêt. Seuls quelques chemins étaient tracés, pour les voyageurs arrivants, car une fois en hauteur, l’entièreté de la ville était accessible par les ponts. Les zones au sol étaient donc délaissées. L’endroit parfait pour dissimuler l’accès à des souterrains. Malgré la promesse de Lo’hic d’en parler au guide de Feli’ah, l’équivalent du chef pour les Soboemns, Taïe n’avait eu aucune nouvelle de l’affaire des ravisseurs masqués. Mais elle savait où se trouvait l’entrée des tunnels. Et le chef des individus en marron avait été le seul à lui donner de vraies informations. Tout le reste, tout ce que Lo’hic lui avait dit n’avait été qu’hypothèses et suppositions, de nouvelles questions en rafales. Elyie, avec son papier stupide… Taïe savait qui interroger.

Elle dégaina ses armes, et tâta le sol en dessous du pont qui reliait la guérisserie à l’Arbre des Esprits. Son pied trouva enfin l’endroit où le sol était faux. L’illusion des feuilles et de l’herbe cachait le trou menant aux souterrains. Sans hésiter un instant, elle sauta dedans. Elle atterrit avec un bruit sourd, et se colla immédiatement aux murs pour se cacher. La cavité était déserte, mais un tunnel en partait. Elle s’y engouffra, se forçant à ignorer les mètres de terre au-dessus de sa tête, et avança lentement en écoutant aux nombreuses portes fermées. Le fait que l’endroit soit si facile d’accès ne l’étonna pas : leurs ravisseurs n’avaient pas eu l’air très organisés et méfiants. Toutes les pièces n’étaient pas occupées, mais elle retrouva sans peine celle dans laquelle on les avait menées, espérant y retrouver le chef. Elle ne fut pas déçue. Quelqu’un se trouvait bien dans la salle, dos à la porte. Assit en tailleur, il fixait le mur avec intensité. Elle ferma celle-ci derrière elle et s’approcha de l’individu. Lorsqu’il prit la parole, son timbre de voix confirma son identité.

 

“Je vous ai sentie arriver. Je ne m’attendait pas à ce que vous reveniez.

-Je ne m’attendais pas à ce que vous abandonniez si facilement, rétorqua Taïe.”

 

Il se retourna et la fixa. Son masque lui donnait un air fou.

 

“J’espérais que vous puissiez répondre à quelques questions, reprit la guerrière.

-Sans problème. Après, je pourrais vous retirer ce qui…”

 

Taïe le coupa net, agacée d’être prise pour une imbécile.

 

“J’ai fait mes recherches, vous croyez que je ne suis pas au courant que le retrait d’une âme entraîne la mort de son porteur ?”

 

Il ne dit rien et se leva. Taïe recula aussitôt, ses poignards brandis en signe de menace.

 

“Je ne peux répondre à vos questions si vous ne me donnez ce que je veux… c’est du donnant donnant.”

 

La rage bouillonnait toujours à l’intérieur de la guerrière. Il était si arrogant ! Lorsqu’il s’approcha de nouveau, elle passa à l’action. Elle passa derrière lui, le plaqua au mur et appuya son couteau sur sa gorge. La fine couche de tissu marron qui couvrait son cou ne lui serait d’aucune protection. Le maîtriser avait été si simple !

 

“Je ne comptait rien vous donner. En revanche, vous allez répondre à ma première question tout de suite : qui êtes-vous ? Afin que je connaisse le nom de celui que je vais devoir brutaliser… à moins que vous ne soyez coopératif.

-Je n’ai pas de nom, cracha-t-il. Notre cause dépasse ces préoccupations stupides.

-Votre cause ? Quelle cause ?

-Vous le découvrirez bien assez vite. Vous croyez que nous vous laisserons en paix ? Nous sommes dévoués à notre cause. Nous sommes partout.”

 

Taïe resserra sa prise.

 

“Alors chaque fois que vous me retrouverez je vous le ferais regretter. Cette âme est en moi, elle ne vous appartient pas. S’agit-il de celle de Temps ?”

 

Il ne dit rien, et Taïe prit son silence pour un oui. Elle allait poursuivre lorsque, du coin de l’œil, elle vit du mouvement près de la porte. Un jeune Soboemns sans masque avait passé sa tête dans l’encadrement et la regardait d’un air apeuré. Le chef s’adressa à lui sur un ton mordant.

 

“Tu en as mis du temps ! cracha-t-il. Va chercher du renfort, imbécile !”

 

Taïe le lâcha aussitôt et se précipita sur l’enfant. Elle attrapa sa tête, le jeta dans la pièce, sortit et ferma la porte derrière elle. Cela ne les retiendrait pas très longtemps… Alors qu’elle courait dans les tunnels, un cri d’alerte retentit et les portes se mirent à s’ouvrir. Des dizaines d’individus masqués en sortaient, intrigués. Lorsqu’ils virent Taïe s’enfuir, ils se lancèrent aussitôt à sa poursuite. Elle essayait de les distancer, mais ils connaissaient mieux qu’elle le labyrinthe souterrain et gagnaient du terrain. Elle glissa dans un virage, et tomba en poussant un petit cri. Un des poursuivants se jeta sur elle pour la plaquer au sol. Elle leva les bras pour se protéger, tout en essayant de se relever… lorsqu’elle eut l’impression que son corps se déchirait. Son assaillant s’immobilisa, la fixant toujours. Elle se releva en titubant, dévisageant l’individu qui ne bougeait plus. Puis elle se rendit compte qu’il n’était pas immobile : il bougeait toujours, extrêmement lentement. C’était comme si le temps s’était ralenti, pourtant Taïe pouvait toujours se mouvoir normalement. Ne s’attardant pas plus sur l’étrange spectacle, pressée de remonter à la surface, elle se remit à courir et chercha un mur couvert de lierre. Lorsqu’elle atteignit la forêt, elle s’éloigna le plus possible du trou, les poumons en feu, puis s’effondra dans les taillis, bouleversée.

Que s’était-il passé ? Était-ce elle qui avait fait ça ? Ralentir le temps ? Elle se dit d’abord que c’était impossible, puis se souvint brusquement qu’elle portait en elle une âme. L’âme de Temps. Le temps agit sur tout, son pouvoir était immense. On raconte que sa sagesse était à l’image de sa puissance. Les paroles de Lo’hic résonnèrent dans sa tête. Est-ce que le pouvoir de Temps lui avait été transmis par son âme ? Était-ce possible ? Elle regarda ses mains, les sourcils froncés. Est ce que je peux le refaire ? Ralentir le temps à ma guise ?

Mais elle eut beau se concentrer, essayer de ressentir l’âme au plus profond d’elle, rien ne se passa. Évidemment. C’est un pouvoir de Tsadien. Comment pourrais-je le contrôler ? Elle soupira et se releva. Sa course folle l’avait menée en dehors de Feli’ah, et lorsqu’elle rentra, le soleil était haut dans le ciel. Personne ne semblait avoir remarqué sa disparition. Les guérisseuses s’affairaient dans la guérisserie, et Lo’hic n’était nulle part en vue. Elle se traîna jusqu’à la maison d’ Ely’ah et s’assit sur une chaise, contemplant la canopée par la fenêtre. Les rayons de soleil éclairaient les particules de pollen qui volaient dans l’air. Taïe prit la décision de ne rien dire de son expédition. On la blâmerait aussitôt pour son imprudence, et elle ne pourrait le nier. Retourner dans les souterrains avait été une prise de risque presque inutile. Seule consolation, elle avait maintenant la certitude que l’âme était celle de Temps. Devait-elle parler de l’étrange pouvoir à Elyie ? Sa conscience lui disait oui, une telle information devait être partagée, mais une petite partie au fond d’elle avait envie de garder le secret. De plus, elle était incapable de le refaire, à quoi bon lui en parler si elle ne pouvait le prouver ? Elles allaient être assez occupées, avec l’expédition au Mont Tsadis. Inutile de l’inquiéter avec la promesse du chef de les retrouver où qu’elles aillent : personne ne s’était lancé à sa poursuite, ce qui la laissait penser qu’ils étaient prompts à parler, mais moins à agir.

 

Elle passa le reste de la journée à errer dans Feli’ah, croisant de temps en temps quelques Soboemns qui la regardaient passer d’un air étrange. La soirée fut tout aussi monotone, Ely’ah et Elyie étant lancées dans une grande discussion sur l’usage de la rougeolante, une plante dont Taïe ignorait l’existence même.

Les jours passèrent ainsi, tous semblables. Mel’hi n’était toujours pas revenu de son voyage, et Taïe passait son temps à visiter Feli’ah, grimpant dans les plus hauts arbres pour essayer d’en atteindre la cime ou essayant de traverser les ponts les plus précaires. La citée magnifique avait fini par perdre de sa superbe à ses yeux. Mais ce qui la faisait détester la vie plus que tout, c’était Elyie. La soigneuse parlait chaque soir de ses journées avec un enthousiasme désespérant, fascinée par toutes les connaissances qu’elle accumulait. Elle frayait avec d’autres Soboemns, découvrait de nouvelles choses auprès d’ Ely’ah. Tandis qu’elle s’ouvrait au monde chaque jour un peu plus, Taïe passait ses journées dans la solitude avec une morosité désespérante. Elle avait espéré découvrir de nouveaux horizons en arrivant dans l’est, vivre une vie palpitante, voyager un plus loin chaque jour et enrichir ses connaissances. Parcourir le monde nouveau pour satisfaire sa soif de nouveautés. Mais elle était coincée à Feli’ah, bien obligée de s’avouer une chose.

Elle s’ennuyait à mourir.

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blairelle
Posté le 11/04/2024
Je trouve qu'elles considèrent très vite comme acquis que l'âme qu'elles ont est celle de Temps. Jusqu'à l'incident des tunnels, le seul indice est le fait que le dessin de Temps ressemble à la vision qu'a eue Taïe. Ce serait plus logique de considérer cela comme une hypothèse, comme une piste vague bien que la seule qu'elles aient à ce jour...
Et personne n'a fait le lien entre la disparition de la Tsadienne Temps, les anomalies du mont Tsadien et l'accélération du vieillissement ?

Mais sinon je trouve ça logique qu'elle s'ennuie à Feli'ah. (D'ailleurs je trouverais ça plus logique si c'était l'ennui mortel qui la conduisait à faire une connerie comme aller dans les tunnels, mais si ça se trouve elle va faire une autre connerie au chapitre suivant.)

Hypothèse : les masqués des tunnels ont pour mission de ressusciter les Tsadiens. Ou alors de s'emparer de leurs âmes pour les utiliser (et ils auraient l'âme d'Esprit, ce qui leur permet de faire des illusions même s'ils sont - a priori - des Soboems et pas des spirituels (je ne sais plus comment ils s'appellent))

Elle fait partie de ceux qui ont péris => péri
Arrivée devant l’un des élévateurs, elle ne réfléchis pas très longtemps avant de monter dessus => réfléchit
"Lo’hic n’était nul part en vue" => nulle part
Mila
Posté le 12/04/2024
J'adore tes hypothèses !
En revanche juste un petit éclaircissement : dans les masqués des tunnels, on n'a vu que un radvenheng, et des Soboemns.

Mais sinon je trouve ça logique qu'elle s'ennuie à Feli'ah. (D'ailleurs je trouverais ça plus logique si c'était l'ennui mortel qui la conduisait à faire une connerie comme aller dans les tunnels, mais si ça se trouve elle va faire une autre connerie au chapitre suivant.)

=> On verra bien ça, Taïe x)
blairelle
Posté le 12/04/2024
Ah d'accord, les gens des tunnels ne sont pas tous de la même espèce, c'est vrai qu'ils n'ont aucune raison d'être les mêmes, donc y a au moins des aériens et des spirituels et peut-être d'autres mais comme ils étaient masqués on n'a pas vu.
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