Chapitre 15 : La revanche des moules

Chapitre 15 : La revanche des moules

 

Evangile de Spirale, Numéro 6, Verset 7

 

« Une grande mère ne peut s’opposer à la décision votée par une assemblée, sauf si celle-ci bafoue la loi du Livre.

Toute personne qui fera couler le sang lors d’une assemblée exceptionnelle sera condamné à mort et à l’enfer d’Iibliss. »

*

Quand on lui enleva le sac de jute du visage, le vent froid et mordant de la mer vint remplacer le tissus râpeux. Gaspard plissa les yeux. L'aube était en train de se lever sur la mer et le sable mouillé de la plage crissait sous ses pieds nus.

Ils étaient quatre. En dehors de lui et de Balthazar, que l'on dépouillait de sa cagoule à son tour, il y avait le médecin controversé que la petite mère de la vie avait emmené avec elle et un jeune garçon terrifié qu'il reconnut sans peine comme un des jeunes gitons de Melchior.

Sa gorge se serra.

Il savait ce qui était en train de se passer.

Il avait déjà assisté à d'autres chasses et savait de quelle façon celles-ci se terminaient. Mais il y avait une issue. Ce n’était pas encore fini pour eux, peut importe ce qu’on leur reprochait. Serait-il, seraient-ils... ceux qui seraient l'exception ?

Derrière eux se tenaient une foule de brunes montées sur des chevaux piaffants et accompagnées de chiens. On allait les lâcher comme des faisans et leur laisser juste assez d'avance pour que le jeu en vaille la peine. Il se demanda jusqu'où sa mère pouvait être responsable de la situation.

Il jeta un coup d'oeil désolé à Balthazar sur son fauteuil. Devait-il l'abandonner ? L’adolescent avait-il la moindre chance de s'en sortir s'il ne le faisait pas ? Il avait tourné son visage en direction du docteur et les deux hommes se dévisageaient en silence. Comme si c'était le moment de jouer aux petits coqs !

A propos de Taïriss, celui-ci semblait en aussi fâcheuse posture que le jeune handicapé et que le giton immature. Il était étrangement décalé, avec sa redingote noire, sagement boutonnée et ses souliers soigneusement brossés. Un coup de vent plus violent lui arracha son chapeau et le fit rouler le long de la plage ; les cheveux d'un rose sombre s'ébouriffèrent au dessus du front délicatement dessiné.

Gaspard pouvait lui accorder son incroyable maitrise de lui-même ; impossible de savoir s'il était effrayé. Le cueilleur d'algue se retourna un instant : il ne vit pas Lù dans la foule. Quand à Dédale, elle restait prisonnière de son temple. Il se demanda si elle pensait à lui depuis son perchoir.

Il avait déjà vu d'autres chasses et savait de quelle façon celles-ci étaient décidées : souvent rapidement, sous la pression d'un mécontentement populaire. Lù n'était sans doute pour rien dans la condamnation de son amant, mais visiblement, elle avait décidé de le sacrifier plutôt que de précariser davantage sa position suite à l'incident avec Balthazar. Quand à Dédale, elle n’avait pas davantage le choix et devait suivre les lois du livre.

Devant le groupe d’une centaines de brunes prête à en découdre, Murène déclama son discours d’un ton neutre :

— Hommes, vous êtes accusés d'avoir bafoué les règles de notre cité en vous opposant aux règles séculaires qui la régissent. Vous voilà devant 'Iilaaha qui dans son infinie bonté vous laisse l'occasion de vous en sortir. La très très grande récompense l’habileté et si vous nous offrez un suffisamment beau spectacle, elle épargnera peut-être l’un d’entre vous. Nous vous laissons une dix minutes d’avance et ensuite nous lâcherons nos chiens. Je déclare la chasse ouverte.

Gaspard ne perdit pas une seconde et se précipita sur Balthazar pour le prendre sur son dos, mais aussitôt la main du docteur se referma sur son poignet.

— Je vais le faire. Nous serons plus rapide.

Le cueilleur voulut lui répliquer qu’ils ne faisaient pas équipe et qu'avec sa silhouette de jeune premier, il ne ferait pas le poids, mais il réalisa qu'il n'arrivait pas à se dégager de sa poigne. Balthazar souffla :

— Laisse-le faire...

Ils n'avaient vraiment pas le temps de mettre au point une stratégie, alors il grogna :

— Comme tu veux.

Le médecin hissa le jeune handicapé sur ses épaules avec une facilité déconcertante, comme s'il eut été un sac de pommes de terre. Il demanda d'une voix tranquille tandis que le jeune giton se cachait derrière lui.

— L'île ou le tanafas ?

Avaient-il compris dans quelle situation ils se trouvaient ? N’était-ce pas évident qu’en restant ensemble ils prenaient plus de risques? Le mieux pour Gaspard aurait été de fuir seul, en sacrifiant les plus faibles, mais envers et contre tout, il était reconnaissant envers Balthazar et ne l’abandonnerai pas. De plus, le jeune garçon lui lançait un regard insistant, comme pour lui faire comprendre qu’il possédait une information qu’il ne connaissait pas. Très bien, il ferait confiance au docteur.

Abbas plissa le front pour tenter de se souvenir du message qu’il avait écrit pour Melchior. Derrière le rocher de la tortue. Un passage.

— La terre, souffla-t-il. Par la terre ! Suivez-moi, il existe un chemin secret.

Les autres lui lancèrent un regard perplexe avant de s’élancer derrière lui.

*

Lù était rentrée plus tard qu’elle ne l’avait voulu à Hàgiopolis. Excitée par sa découverte, elle n’avait pas vu le temps passer et le soleil était presque à son zénith. Le chemin pour monter jusqu’au temple était étrangement tranquille. Elle passa les grandes portes avant de s’immobiliser : le silence était aussi épais que l’air alourdit par l’encens. Intriguée, elle parcourut la grande salle du temple... qui était vide, bien que les flambeaux éteints continuassent à laisser flotter dans l’air de longs filaments de fumée, comme des cheveux emportés au vent.

De plus en plus bizarre... Elle avait pourtant entendu des clameurs un petit peu plus tôt dans la ville, mais avait préféré s’en détacher, choisissant de retourner à la forteresse plutôt que de faire face au monde et particulièrement au regard de Taïriss.

Adoptant un léger trottinement, elle retourna dehors. Toujours personne, seul un cheval solitaire à la bride ornée de clochettes lui lança un regard perplexe avant de recommencer à brouter du bout des dents les algues salées qui poussaient sur les parois du temple. Lù leva les yeux vers la façade : une silhouette était assise à une fenêtre, tout en haut du bâtiment ; c’était la chambre de Dédale.

La petite mère se rua à l’intérieur et grimpa les escaliers quatre à quatre jusqu’à arriver au seuil des appartements de l’Amy Kabira.

La prêtresse de la vie était assise sur la margelle de la fenêtre, les mains jointes en prière, un verre de vin posée près d’elle. Des dizaines de petites bougies étaient allumées devant la statue d’Iilaaha. La grande mère se tourna vers Lù quand celle-ci entra dans la pièce, mais le sourire qu’elle lui fit ressemblait plus à un rictus qu’autre chose. Ses paupières n’avaient jamais été aussi lourdes et voilaient des prunelles vitreuses.

— Ah te voilà! La plus maligne! Ça aurais été dommage que tu ne sois pas là pour assister à ton triomphe !

La jeune fille plissa ses yeux gris:

— Qu’est-ce que ça veut dire?

— Ça veut dire que le couperet est tombé pour toi et pour moi, ma fille... Pendant que tu te cachais parmi tes registres, nos femmes ses sont réunies sur la place de l’agora et elles ont votées et les ont pris.

La chair de poule fit se dresser les minuscules cheveux sur la nuque de Lù tandis que la sueur perlait à son front. Un sombre pressentiment l’envahissait.

— Ils les ont pris? Mais qui?

Dédale jeta son verre sur le sol et explosa en même temps que le verre de cristal:

— Mais qui? Imbécile ! Ils ont pris ton compagnon et mon fils et le giton qui essayait de les prévenir ! Et ce garçon sorcier aussi !

Lù resta muette et Dédale continua de vociférer tout en se griffant les bras:

— J’avais pourtant fait de mon mieux pour le protéger... Mais il a fallut qu’il s’associe avec ce disciple d’Ibliss. Mon unique enfant... Mon fils unique... Et toi, toi en bouleversant toutes les règles, tu es venue jeter de l’huile sur le feu.

— Où les ont-ils emmené? Qu’est ce qu’ils en ont fait?

— Ils les ont menés sur la côte, près du marais, et là, ils vont les chasser comme du gibier jusqu’à ce que leur sang soit bu par le sable et leurs chairs dévorées par les hyènes...

Le visage de Dédale était un masque de terreur.

Lù resta encore immobile pendant une poignée de secondes, puis elle bondit dans l’escalier. Elle courût jusqu’à sa chambre, ouvrit le coffre mystérieux qu’elle y cachait depuis sa nomination et récupéra une petite sacoche qu’il contenait. Puis elle se précipita dans la cour, et sans prendre la peine de détacher le cheval, bondit sur son dos, arrachant les rênes noués d’un coup de couteau.

Le coursier s’élança au galop sur les rochers couverts de fiente de macareux, en direction de la mer.

*

Les dix minutes étaient écoulées depuis un moment et les fugitifs couraient — ou étaient portés — à perdre haleine.

— On ne s’en sortira pas comme ça, gronda Gaspard. On nous suit à la trace !

Les empreintes de leurs pieds nus et des semelles de Taïriss étaient inscrites profondément dans le sable.

— Il n’y a pas d’autres choix, haleta Abbas. Nous devons contourner le rocher de la tortue avant d’être rattrapés. Nous y sommes presque!

— Et après ? demanda Taïriss.

— Derrière, il y a le marais et on pourra facilement rejoindre une petite crique au nord où nous attends une barque.

Au loin, on commençait à voir les cavalières lancées au galops dans l’écume. Abbas frissonna et Gaspard hurla :

— Dépêchez-vous ! Elles arrivent !

— Nous arrivons! Par ici !

A cette endroit, la plage était bordée de falaises acérée dont l’allure venait rappeler une carapace de tortue. Ils virent un mince passage se profiler entre deux d’entre elles, mais celui-ci se terminait rapidement en une haute cheminée. Il était possible d‘escalader celle-ci en s’appuyant sur les mains et les pieds, avec une forme physique suffisante.

— Ce sera suffisant pour moi, songea Gaspard, et peut-être pour le doc, mais il ne pourra pas monter en portant Balthazar. Quand au giton...

Mais avant qu’il ne pousse ses conclusions plus loin, Taïriss lui empoigna le bras :

— Passe devant, Abbas tu le suis et je viens derrière avec Balthazar.

Gaspard voulut protester, mais la situation ne laissait pas vraiment d’ouverture à une autre solution. Il s’engagea le premier, en grimpant le plus rapidement possible. Abbas leva les yeux vers la cheminée qui faisait bien au moins vingt mètres de hauteur.

— Je n’arriverai jamais à faire ça...

— Tu n’as pas le choix, je t’aiderai, murmura le médecin.

— Vous allez m’abandonner? demanda Balthazar.

— Silence, accroche-toi.

Taïriss se positionna en dessous d’Abbas et l’aida à escalader les deux premiers mètre en soutenant ses cuisses. Le garçon continua de lui-même, les membres flageolants. Le robot tourna la tête pour voir les premiers chiens lancés à pleine vitesse se jeter sur lui. Toujours chargé du jeune handicapé, il s’élança dans le mince boyau le plus vite possible. Le premier chien sauta en l’air. Ses crocs arrachèrent un morceau de son pantalon avant de s’enfoncer dans le latex et de ripper sur la jambe de métal. L’animal retomba dans un couinement de dépit.

Pendant ce temps, Gaspard, qui était particulièrement agile, venait de parvenir en haut. Il fallut quelques secondes à Taïris pour rattraper Abbas.

— Il faut qu’on arrive en haut avant qu’elles ne soient en dessous, où elle nous tirerons comme des lapins.

— Je... peux pas... aller plus vite.

Taïris appuya une main contre les fesses de l’adolescent pour le soulever. Leur rythme s’accéléra jusqu’à ce qu’ils émergent en haut de la falaise, à bout de souffle alors que les premiers tirs résonnaient contre la pierre. Gaspard contemplait le médecin, les sourcils froncés. Comment pouvait-il y avoir tant de force dans un jeune homme si mince ?

— Ce n’est pas terminé, gronda-t-il. si on veut s’en sortir il faut leur barrer la route.

Taïris posa Balthazar par terre et avec les deux autres, ils firent rouler un gros rocher jusqu’à la cheminée. Il tomba avant de se coincer, provoquant un hurlement et une chute ainsi que de grands cris de protestation.

Les pirates allaient devoir contourner le rocher ; les fugitifs avaient gagné un peu de temps.

— Je te relaie pour porter Balthazar ? proposa Gaspard.

— Ca va, je te remercie, répondit le robot.

— Vous auriez fait un bon ramasseur d’algues.

— On me le dit souvent.

*

Un choc violent fit trembler tout le bâtiment et l'encrier jaillit de son pupitre pour se renverser sur le journal de bord ; la Comodore Gabriela Di Rodriguez poussa un juron tout en essayant de ne pas tomber les quatre fers en l’air. Elle posa sa plume et s'empara de son buvard dont la teinte vert bouteille fut rapidement engloutie par la marée noire. Il ne lui restait plus qu'à arracher la page et à recommencer.

Agacée, elle se leva et ouvrit la porte de sa cabine.

— Eh bien ! Qu'est-ce que c'est que tout ce boucan, mille méduses !

Sa nouvelle maitress d'équipage n'était pas visible et c'est sa doctoresse qui la renseigna en traversant le pont à toute vitesse :

— Nous sommes attaquées, Comodore !

Cette dernière resta médusée avant qu'un nouveau choc la déstabilise à en perdre sa perruque. Elle aboya :

— Comment un bateau commandé par une femme seule avec un otage peut-il nous canarder ? Et pourquoi suis-je la dernière au courant ?

— Et bien, ce n'est pas d’elle dont il s'agit, Commodore. Nous avons pris Spirale en chasse, mais il semblerait que trois autres navires nous aient choisis pour cible.

Gabriela di Rodriguez courru sur le pont, en profita pour perdre son tricorne, dégaina sa longue-vue et observa les pavillons qui flottaient au dessus des bâtiments adversaires.

— Par les huit enfers d'Iiblis ! Des pirates brunes ! Ces gueuses sont venues chercher leur prétresse !

 

Le boulet de canon défonça une partie du bastingage, faisant vibrer toute la coque du navire ; immergée dans le tanafas, Honorine dut s'accrocher de toutes ses forces à l'échelle qui se situait sous le bateau pour ne pas être éjectée et ne pas lâcher la marmite qu'elle tenait sous le bras. Ce n'était pas une mince affaire : ses ongles cassés glissaient sur les barreaux visqueux couverts d'algues et de coquillages. Les sombres n'avaient pas attendu longtemps pour lancer une riposte ! Malgré ça, la jeune pâle ne s'était pas sentie aussi bien depuis longtemps : enfin le bateau avait quitté la zone aqueuse de l'océan double pour gagner le tanafas et c'était avec délice que la pâle s'était plongé dans le liquide transparent pour se dissimuler sous la coque. Cependant, les bateaux sombres n'étaient pas équipé de multiples prises bien nettoyées comme ceux des brunes qui avaient l'habitudes des combats sous-marins.

Honorine cligna des yeux. Spirale avait suivi son propre chemin et elle ne la voyait plus. Dans l'immédiat, elle s'inquiétait davantage pour Raclure, qui nageait péniblement à côté du navire, tenant un morceau de cordage dans sa gueule pour ne pas s'éloigner trop.

 

Le gouvernail ne gardait son cap que parce qu'on l'avait attaché avec un bout. C'est ce que constatèrent les soldates sombres quand elles parvinrent à rattraper le navire précaire sur lequel Spirale s'était enfuie. Et de cette dernière, il n'y avait aucune trace.

— Enfin vous voilà ! Qu'Iilaaha vous fasse rôtir sur la montagne ! Vous vous huiliez la palourde au lieu de venir me chercher ou quoi !

Dolorès — seule présence humaine visible — était saucissonnée comme un rôti au mat principal, sale, les vêtements négligés et le regard assassin. Les soldates se dépêchèrent de la libérer tandis que la commodore les rejoignait, ayant avisé que l'ennemi n'était pas à portée de sabre. Elle jeta un regard sombre à sa seconde — Enfer, cette intriguante n'avait pas été passée par la planche, malgré leur refus de la secourir !

— Eh bien ! Dépêchez-vous ! Fouillez le navire et retrouvez-moi cette pirate de malheur !

La commodore Gabriella Di Rodriguez n'était pas sereine. Bien qu'elle soit toujours avantageusement pourvue de femmes, deux de ses navires avaient fait demi-tour pour affronter les trois vaisseaux pirates qui leur collaient aux fesses. Il ne lui restait donc plus qu'un seul navire remplis de soldates pour affronter une pirate. Bon, ça risquait de suffire, mais Gabriella avait aussi tâché son journal de bord et il y avait de quoi être contrariée.

— La cible est passée sous la coque, Commodore, intervint Dolorès tout en massant ses poignets douloureux.

Di Rodriguez jura en entortillant sa moustache dorée autour de son doigt :

— J'aurai dû m'en douter ! Depuis la dernière guerre, c'est leur stratégie préférée.

— Et maintenant que vous avez abordé, elle peut être sous n'importe lequel des deux navires ! ironisa la seconde. Sauf votre respect, vous auriez dû y penser, Commodore.

Les deux femmes se jaugèrent et Di Rodriguez finit par aboyer à ses subalternes perplexes :

— Qu'est ce que vous regardez, bande de merlans frits. Lancez-vous à sa poursuite avant qu'elle ne nous joue un tour pendart.

Les soldates s'éparpillèrent immédiatement sur le bastingage, la moitié retournant sur leur navire préalablement avant d'étudier la coque.

— Il y a quelque chose par ici ! J'ai vu bouger !

Les sombres se mirent à descendre dans le tanafas. Restée seule avec sa seconde, la commodore continua de se lisser la moustache avant d'ajouter :

— J'espère que vous ne m'en voulez pas d'avoir fait passer ma mission avant votre sécurité, Dolorès. Nous savions vous et moi que le parchemin que vous nous avez fait parvenir était écrit sous la contrainte et que pour rien au monde vous n'auriez manqué à votre devoir.

Dolores renifla, enfonçant sur sa tignasse bouclée un tricorne piqué à l'une des officières ; le chapeau remonta aussitôt, soulevé par les boucles.

— Ça ne me serait jamais venu à l'esprit, Commodore.

 

La flamme rongeait la mèche, à la fois trop vite et trop lentement, tandis que les bateaux  se rapprochaient l'un de l'autre, dans l'odeur de la poudre et le bruit des tirs.

Larifari savoura ce moment, alors qu’en se rangeant à côté de la Matadora Graciosa, elle commençait à distinguer les visages de ses adversaires et potentiellement, la peur sur leurs visages.

Il faut dire que Frangipane l'avait bien arrangée, en lui peignant le visage en crâne à l’aide d’un mélange de cendres et de sang — elle espérait qu’on la prenne pour une sanguinaire tueuse de sombres, mais en réalité, c’était le sang de la dinde de midi.

Plus angoissant encore, cette petite bombe qui allait bientôt exploser... Mais où et quand ? Plus le bateau des adversaires était proche, plus Larifari avait de chances de faire des dégâts... mais plus elle risquait de se rater et de faire payer à son camps son excès de pyromanie.

— Hop !

Dans un grand geste, elle lança la petite boule ronde qui fit une montée en cloche dans les airs avant de redescendre. Pendant une poignée de secondes, l'horreur se peignit conjointement sur tout les visages sombres tandis que des sourires en tranches de courge se dessinait sur les faciès des pirates. Mais il y eu une unique détonation... et la bombe retomba lamentablement sur le pont de l'adversaire, sans offrir le feu d'artifice prometteur. Tout les sombres soupirèrent de soulagement en cœur, avant d'acclamer leur capitaine qui d'une balle avait éteinte la mèche en plein vol.

Du côté pirate, on en menait pas large.

— Tricheuse ! Bois-sans-soif ! hurlait le capitaine Cougnette. Je m'en vais vous apprendre à respecter la poudre, moi !

— C'est ça ! Tord leur le cou, Cougnette ! l'encourageait Larifari.

Tout le monde huait ces mauvaises joueuses en s'apprêtant à mener l'assaut. Les premiers grappins furent lancés pour l'abordage, côté brune comme côté sombre d'ailleurs. Larifari se rabattit à regret sur son pistolet, quand Frangipane la tira par le col de sa chemise. Elle portait un grand sac remplit de petit boule noires...

— Ah, mais il ne faut pas vous mettre dans des états pareils... J'en ai plein d'autres...

 

— Non mais qu'est ce qu'elle fabrique encore, cette cervelle de moule... se demandait Lactae en jetant un coup d'oeil perplexe à la silhouette d’une Larifari déchainée qui lançait des bombes à toutes les sombres qui auraient l'outrecuidance de pointer leur museau de trop près. Pourtant, elles n'étaient pas sur le même bateau, mais il y a des personnalités que l'on reconnaît de loin.

La petite mère de la naissance fit une sorte de révérence acrobatique pour éviter le coup de sabre de son adversaire tout en se rappelant que son bateau, lui, avait déjà été abordé. Saisissant son arme avec hargne, elle se lança dans un grand exercice d'escrime contre une sombre... puis deux, puis trois... jusqu'à ce que la seconde de Larifari en poignarde deux à revers et que Lactae ne se débarrasse de sa dernière adversaire en beauté.

Tandis que d'autres soldates escaladaient la coque de leur navire, la seconde lui lança un regard désabusé :

— N'en faites pas trop quand même... Trois, c'est beaucoup, il faut en laisser pour les autres...

— Je vais y penser, merci Tartine.

La seconde s'élança vers l'ennemi et Lactae allait lui emboiter le pas quand une douleur sourde lui transperça le pied. Son visage se tordit de souffrance tandis qu'elle baissait les yeux : du pus suintait de sa blessure, là où la lame avait traversé son pied.

Elle cilla tandis que son esprit papillonnait en direction de la jambe amputée de Dédale... de la mère de Larifari morte en mer faute de bon soin... Malgré la bataille, qui faisait couler la sueur sur son front, elle frissonna.

Il serait encore temps d'y penser si elle survivait à cette bataille-ci, décida-t-elle. Serrant les dents pour surmonter la douleur, elle se rua vers le bastingage, transperça de son sabre une sombre qui essayait de passer par dessus et la précipita dans l'océan d'un coup de pied en pleine poitrine.

 

Si Honorine n'avait pas déjà vécu bien pire, elle aurait sans doute mouillée ses chausses, même si le fait d'être immergée rendait la chose moins humiliante.

En tout cas, il y avait un petit je-ne-sais-quoi de terrifiant à voir les silhouettes bleutées des soldates descendant le long de la coque pour la coincer en dessous, comme des fantômes. Honorine cligna des yeux. Ces fantômes n’étaient là que dans son imagination. Et puis, bon, ce n'était pas comme si tout ça ne faisait pas parti du plan...

Dès que les soldates ennemies se furent approchées assez près, elle lâcha la coque du navire et aussitôt, le poids de sa grosse marmite l'aspira vers le bas.

Voilà. S'en était fait. Elle avait donné à Spirale une ou deux minutes de tranquillité, mais cela serait-il suffisant ?

Son corps coulait à pic et Honorine ne voyait pas grand chose, dans un mélange de boucles bleues et de bulles. A peine eut-elle le temps de saluer un mérou très surpris et de chatouiller quelques sardines.

Les sombres allaient-elles remonter ou bien se jetterait-elles à sa poursuite ? Avaient-elles vues qu'elle n'avait rien à voir avec Spirale ou bien avaient-elles imaginées également une sorte de fantôme glisser vers les profondeurs ?

Ses pieds touchèrent lourdement le fond de l'océan double dans un nuage de sable boueux et elle dût se dépêtrer de ses propres cheveux pour tomber sur d'autres types de fantômes...

Le vallon sous-marin était constellé de petites bosses moelleuses comme des brioches : les grappes de petites huttes primitives avaient progressivement été recouvertes de sable. Pour certaines, on voyait encore vaguement une ouverture qui donnait sur une pièce enfouie où l’on pouvait trouver quelques pots, coraux aiguisés ou bijoux.

C'était un village pâle.

Honorine s'avança vers la place centrale où se dressait encore un étrange siège de corail noir qui ressemblait à la fois à une énorme vague et à un monstre de boue près à vous avaler tout cru.

La grande bouche. 'Iiblis comme disent les brunes. L'abomination.

Honorine connaissait cet endroit. C'était son village. Son trône.

Elle avança d'un pas et trébucha avant de se redresser. Le courant faisait rouler sur le sable bleuté un crâne bien nettoyé.

 

L'explosion projeta dans l'air des milliers de petites échardes de bois ainsi que la tête aux cheveux bouclés d'un bel éphèbe au profil figé ; la capitaine Cougnette rattrapa au vol le scalp de la figure de proue ennemie et le lâcha sadiquement sur les orteils d'une sombre. Celle-ci beugla comme une otarie avant que Frangipane ne mette fin brutalement à son existence à coup de poêle à frire.

— Hardi ! Sus à ces clowns peintes en dorées ! hurla Larifari.

Mais ce n'était pas la peine d'encourager les troupes. Bien que les brunes soient moins nombreuses, chacune avait encore en tête l'image de l'équipage pendu — et Mangouste ! Mangouste qui jouait si bien de l'accordéon ! La rage au ventre, il n'y avait besoin de rien de plus pour vouloir en découdre contre leurs ennemies héréditaires.

Et sans doute leur rage tourna t-elle en leur faveur, car les sombres avaient l'air beaucoup plus effrayées par leurs glapissements déchainés et leurs maquillages que par leurs sabres et leurs pistolets. Et au milieu d'un chaos de pirates en roue libre, Larifari virevoltait comme un colibri rendu berserk. La tripaille dansait au bout de son sabre et faisait des guirlandes sur le pont, bien qu'on ne fête aucun anniversaire.

— Y'a pas à dire, elle porte bien ses ovaires, notre petite minotte. Un modèle de fortilité pour nous toutes ! commenta la Capitaine Cougnette avec des trémolos au fond de la gorge.

— Comme vous avez raison, Capitaine, acquiesça Frangipane tout en étranglant une sombre avec son drapeau en tricot.

Indifférente à la fierté qu'elle suscitait, Larifari écarta deux adversaires féroces pour se retrouvre face à la capitaine du navire.

— Tu vas payer pour toutes les autres ! rugit-elle, oubliant qu'une majorité avait déjà eu droit à plus qu'à sa part, mais la petite mère n'arrivait pas à digérer le plat suscité par sa bombe avortée.

Cependant, la capitaine du navire avait plus de sang froid qu'une bonne partie de sa compagnie et s'ensuivit un duel dans les règles qui ne pouvait souffrir aucune capitulation. Les deux femmes se poursuivirent férocement à grands coup d'épée, faisant racler leurs lames l'une contre l'autre depuis la proue jusqu'à la poupe dans d’affreux grincements qui rappela à toutes qu’une bonne arme est une arme entretenue.

Tout se termina sur le château arrière, quand la capitaine du navire sombre fut enfin désarmée. Elle leva les mains en signe de reddition, mais Larifari n'avait pas oubliée Mangouste qui savait plus de chansons paillardes qu'elle. Des chansons qu'elles n'entendrait plus jamais.

Elle attrapa son adversaire par le scalp et la décapita sans une hésitation. Aussitôt, la bataille sembla s'arrêter. Larifari se mit à la balustrade et leva la tête en hurlant son triomphe. Les sombres lâchèrent leurs armes, abdiquèrent ; tout l'équipage des pirates poussa de grands hourras et Larifari sentit que les larmes lui montaient aux yeux. C'était un incroyable moment. Son moment.

— Nom d'un bigorneau, j'espère que ta matrone te zieute de là où elle se trouve, commenta la Capitaine Cougnette.

Larifari en était sûre. Le sourire aux lèvres, elle disait oui à l'espoir, à la fierté... Oui à la vie.

Du sang gouttait sur ses bottes...

 

Le goéland regardait Spirale ; Spirale regardait le goéland ; le goéland regardait Spirale en retour. Ce qui est sûr, c'est que nul ne voulait perdre à ce jeu du « celui qui détourne les yeux en premier a perdu ».

— Croâ ! Croâ ! cria le goéland.

— Chuuuut ! Tu vas me faire repérer, foimenteor !

L'oiseau lui lança un dernier coup d'oeil furibond avant de s'élancer dans les airs en évitant à la fois les voiles et les bouts. Spirale s'accrocha au mat et reprit son repérage. Heureusement, les soldates sombres étant toutes tombées dans le piège, il ne restait plus que deux sombres sur le pont, en dehors de Dolorès et de la Commodore. Spirale arma le pistolet qu’elle avait dérobé à Dolorès et tira. Deux fois. Di Rodriguez sursauta violemment quand Spirale atterrit entre les cadavres fumants de ses femmes, suspendue à un bout comme à une liane.

— Alors Gabriella, comme on se retrouve !

— Tromperie ! Vous êtes passées sous la coque pour mieux remonter vous cacher dans les cordages.

Elles tirèrent toutes les deux leur sabres et Spirale eut un sourire narquois.

— Je le reconnais. Avoue que c'est plutôt fourbe de ma part !

En réalité, elle n’était jamais passé sous le navire.

— Cette stratégie pleine de lâcheté est bien l'apanage d'une pirate telle que vous !

— Oh, tu me flattes! Mais n'en fais pas trop, je peux faire pire que mettre en place une stratégie pour obtenir un combat à la loyale.

Les sabres tintèrent et la grande mère entraina son adversaire dans une série de pas complexes où l'autre ne faisait que se défendre. Bientôt, le front poudré d'or de la commandante Gabriela Di Rodriguez se couvrit de gouttelettes de sueur. Spirale souriait toujours, malgré les grandes cernes qui peignait d’ombre son visage. La vengeance lui donnait un regain d’énergie.

— Alors ? On dirait que la vieille Spirale a encore quelques tours dans ses manches, non ? Ta mère était une meilleure adversaire que toi, Gabriella ! Je te vaincrais avec une main liée dans le dos !

— Arrêtez de me tutoyer !

Résignée à être dominée, la Commodore prit la poudre d'escampette pour tenter de se réfugier dans la cabine de la capitaine du ketch, mais alors qu'elle essayait de refermer le battant, Spirale lui fit sauter le sabre des mains et la repoussa brutalement en même temps que la porte. La sombre trébucha en arrière contre la table. La bouteille d'encre noire se renversa sur le journal de bord, la lame de Spirale se posa contre sa gorge.

— Dolorès ! Dolorès ! couina la Commodore.

— Je suis là.

La silhouette de la seconde se détachait à contre jour dans le chambranle de la porte. Elle se baissa et ramassa le sabre qu'avait laissé échapper sa supérieure. Puis elle se releva et contempla la pirate qui n'avait pas bougé d'un pouce. La grande mère de la mort eut un sourire en coin.

— C'est l'heure de la revanche ?

Sans répondre, Dolorès traversa la pièce d'un bon pas et plongea l'arme dans le cœur de sa supérieure. Les prunelles de celle-ci s'écarquillèrent. Elle toussa du sang, amena une main couverte d'encre sur son visage, se barbouilla de mûres et d'airelles.

— Dolorès, je... Trahison !

La seconde eut un rictus, tourna sa lame dans le cœur avant de l'arracher du corps avec une grimace de dégout.

— Il ne fallait pas essayer de se débarrasser de moi, signora !

Le corps sans vie s'affala sur le bureau et la joue tâchée de noire se colla sur les lettres en pattes de mouche du journal de bord. Dolorès se tourna vers Spirale.

— Eh bien ? A nous deux maintenant...

 

Les djinns glissaient dans l’eau, interposant leurs longs corps affreux entre les sombres et la lumière du soleils. L’officière sombre avait sentit la lame s’enfoncer dans son dos, comme dans du beurre et avait vu le petit couteau de nacre ressortir par sa poitrine, avant de retourner se cacher dans sa chair. La forme bleuté de la fille pâle avait disparus aux milieu des algues et des anémones, le visage inexpressif et glacé. Combien d’entre elles avaient été blessées ainsi par surprise. Quand elles avaient été trop nombreuse, la fille qui n’était visiblement pas Spirale avait disparu... et l’odeur du sang avait attiré les ondins, venues dévorer des proies faciles. L’officière avait pressée ses mains sur la blessure, quand les djinns vinrent la taquiner du bout de leurs dents coupantes comme des rasoirs. Les autres fuyaient.

 

Au moment où les trois vaisseaux sombres jetaient les armes et agitaient leur drapeaux blancs, Lactae étaient en train de rendre tripe et boyaux par dessus le bastingage. Et quand Tartine vint pour la féliciter chaudement pour cette magnifique victoire, la petite mère faillit l'embrocher par mégarde.

Quelque chose ne tournait pas rond avec elle : sa tête tournait, son front était brûlant, elle en venait à confondre ennemis et alliés... et le liquide répugnant qui suintait de son pied avait pris une texture verte et odorante. Une sale impression lui enserrait le cœur. Mais enfin, le combat était terminé, l'ennemie s'était rendue et Lactae n'était pas encore morte. Pas encore...

— Tout va bien Capitaine ? Ne me dites pas que vous avez le mal de mer ?

Lactae claqua de la langue d'agacement :

— Bien sûr que non ! Les prisonnières ont toutes été désarmées et enfermées dans la cale ?

— Oui, Capitaine !

— Alors conduit-nous au navire de Spirale.

Indifférente à l'euphorie secouant tout son équipage qui adressait de grands saluts à celui de Larifari — dont le navire allait dans la même direction—, la petite mère, plongea le visage dans un tonneau glacé d'eau de mer. Cela l'aida à se remettre un peu  les idées en place.

Mais quand elle mit enfin le pied sur le minuscule ketch, les troupes en présence semblaient nettement moins enthousiastes. Même les prisonnières sombres semblaient plus déroutées qu'inquiètes.

Lactae tourna la tête vers une mousse boudeuse qui ne faisait rien pour cacher sa contrariété.

— Qu'est ce qui se passe ?

— Bah c'est les prisonnière ‘Am Shagira. Y paraît qu'on va leur laisser la vie sauve...

La petite mère leva haut les sourcils :

— Ah bon ? Ce serait une première.

— Si ce n'était que ça. Y paraît que Spirale est en train de passer un accord avec les sombres.

Voulant en avoir le cœur net, Lactae écarta les marines présentes sur le pont avant d'entrer dans la cabine de la capitaine où Spirale et Dolorès se buvaient un petit rhum au dessus du cadavre de la Commodore.

 

Elle avait bondit de son pont sur celui du ketch, éparpillant les pirates qui stagnaient sur le bastingage comme des méduses échouées, avant de se ruer dans la cabine de la capitaine.

— Spirale !

Pour un peu, elle lui aurait sauté dans les bras, mais étant une grande fille, Larifari se contenta de lui secouer la tête décapitée de la Capitaine Sombre sous le nez.

— Spirale ! Regarde ! J'ai gagné, tu es vivante ! On a gagné ! On a toutes gagnées !

Elle s'arrêta brutalement en découvrant la présence de Dolorès qui la fixait d'un air médusé et un tantinet horrifié. La petite mère cracha comme un félin :

— Qu'est ce qu'elle fait là, celle-là ?

— C'est ce que j'aimerai savoir en effet... murmura une voix derrière elle.

Larifari se retourna pour découvrir Lactae qui observait la scène, appuyée debout contre le mur, jambes et bras croisées. Sous les tâche blanches, son visage était crayeux et ses cheveux collés par la transpiration. Son dernier repas ne devait pas être frais. Larifari n’avait pas envie d’être celle qui irait au toilette juste derrière elle quand ça sortirait. Dolorès porta son verre de rhum à ses lèvres et le sirota à petites gorgées :

— Oh, faites comme si je n'étais pas là. Continuez vos... retrouvailles...

Spirale eut un sourire glacé avant d’écarter le trophée de Larifari de sous ses narines. Doucement, mais fermement.

— Maintenant que la Commandante Gabriela Di Rodriguez est morte, le commandement des troupes sombres revient à Dolorès. Nous pourrions tuer toutes les survivantes, mais un accord passé entre Dolorès et moi a permis à celle-ci d'assouvir une vengeance et à moi de rester en vie. Plutôt que d'élargir davantage le fossé qui se trouve entre nos deux peuples, nous avons choisi de sceller un nouvel accord.

Larifari était bouche bée ; Lactae fronça davantage les sourcils :

— Quel genre d'accord ?

— Un accord commercial et militaire. Nous aurons besoin d'aide pour reprendre Hàgiopolis à Dédale. Nous libérons les troupes sombres présentes et cette fois, nous nous allions pour prendre d'assaut l'île. Quand elle sera de nouveau à nous, nous rendrons aux sombres leur vaisseaux pour qu'ils retournent à Luminosa.

— Ils nous trahirons à la première occasion !

— Pas si nous tenons la deuxième partie de notre accord : promettre de ne plus pratiquer la course sur les navires sombres qui parcourent l'océan double et mettre en place un traité de vente exclusive de notre algue shifa avec eux.

Le regard fixe de Lactae jaugeait la grande mère, puis elle vascilla et dû se retenir au mur.

— Ce serait leur assurer plus de puissance !

— Sur le long terme, peut-être. En attendant, les sombres sont en guerre et nous ne sommes pas leurs adversaires. De plus, personne ici n'a le choix. Nous avons besoin de femmes. Les sombres ont envies de rester en vie et il leur faut une carotte qui en vaille la peine si nous ne voulons pas essuyer de mutinerie. As-tu mieux à proposer ?

Lactae ne répondit pas ; Dolorès sirotait toujours son rhum et de rage, Larifari jeta la tête par terre, qui roula jusqu'aux pieds du cadavre de la Commodore. Elle allait ajouter quelque chose quand une rumeur perça du dehors et les quatre femmes sortirent pour découvrir qu’on remontait sur le pont une jeune fille aux cheveux bleus et un chien qui dégoulinaient.

— La pâle, commenta Larifari. Elle est arrivée jusque là ?

Les grands yeux jaunes clignèrent ; la jeune fille et le chien s'ébrouèrent.

— La pâle s'appeler Honorine maintenant. Amie du Capitaine Spirale et le Capitaine doit repartir vite vers Hàgiopolis !

— Qu'est ce que ça veut dire encore ? gronda Larifari.

Spirale opina de la tête :

— C'est vrai, il faut repartir. Merci encore pour ton aide, Honorine. J'ai une nouvelle dette envers toi et ton vœu sera exécuté sur l'heure. Partons le plus vite possible !

La pâle hocha la tête et Lactae cilla. Elle était différente que lors de l'enterrement de Lulla ; il y avait quelque chose d'inquiétant sur sur visage. Comme des fantômes...

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Nathalie
Posté le 13/11/2022
Bonjour Gueule de Loup

Toujours beaucoup de fautes.

remplacer le tissus râpeux → tissu

peut importe ce → peu

A propos de Taïriss → À propos

d’une centaines de brunes prête à en découdre → d’une centaine de brunes prêtes à en découdre

l’air alourdit par l’encens → alourdi

nos femmes ses sont réunies sur la place de l’agora et elles ont votées et les ont pris. → nos femmes se sont réunies sur la place de l’agora et elles ont votée et les ont pris.

Mais il a fallut qu’il s’associe avec ce disciple d’Ibliss → Mais il a fallu qu’il s’associe avec ce disciple d’Ibliss

Où les ont-ils emmené → Où les ont-ils emmenés

A cette endroit → À cet endroit,

falaises acérée → falaises acérées

si on veut s’en sortir il faut leur barrer la route → Si on veut s’en sortir, il faut leur barrer la route

Gabriela di Rodriguez courru sur le pont → Gabriela di Rodriguez courut sur le pont

Cependant, les bateaux sombres n'étaient pas équipé – équipés

qui avaient l'habitudes → l'habitude

J'aurai dû m'en douter → J’aurais

Il faut dire que Frangipane → Il fallait

sur tout les visages sombres → tous

des sourires en tranches de courge se dessinait sur les faciès des pirates → dessinaient

Tout les sombres soupirèrent → Tous

qui d'une balle avait éteinte → éteint

grand sac remplit de petit boule noires → grand sac rempli de petites boules noires

A peine eut-elle le temps → À peine

jetterait-elles → jetteraient-elles

Avaient-elles vues → vu

avaient-elles imaginées → imaginé

un monstre de boue près à → prêt

grands coup d'épée → coups

n'avait pas oubliée → oublié

Des chansons qu'elles n'entendrait plus jamais. → qu’elle

Vous êtes passées sous → passée

A nous deux maintenant → À nous deux

La forme bleuté de la fille pâle avait disparus aux milieu → La forme bleutée de la fille pâle avait disparu au milieu

conduit-nous au navire → conduis-nous

Bah c'est les prisonnière ‘Am Shagira → prisonnières

Elle avait bondit de son → bondi

On a toutes gagnées → gagné

C'est ce que j'aimerai savoir en effet → j'aimerais

jambes et bras croisées → croisés

Ils nous trahirons → trahiront

dû se retenir → dut

Les sombres ont envies de rester en vie → envie
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