Chapitre 15 - Gran-Cairn - Partie 2

Suivant les indications d’Harald, ils contournèrent le bâtiment pour arriver sur une immense terrasse qui dominait un lac aux eaux d’émeraude. Sur la rive opposée, des jardins s’étageaient en pente douce jusqu’à l’entrée Est, la porte de Dhöl. Ils distinguèrent au loin la silhouette caractéristique de Grïmuld escortant Wilma. Ils s’engouffrèrent dans le bâtiment à la suite de visiteurs qu’ils ne purent identifier.

Maistre Zigue les attendait, visiblement avec une certaine impatience. C’était un petit homme de belle corpulence, aux joues agrémentées de remarquables moustaches dont les vrilles sophistiquées constituaient à elle seule une œuvre d’art. Il se dirigea vers eux, d’un curieux pas bondissant et élastique :

  • Vous voilà enfin belle et fringante jeunesse ! Tous vos camarades sont déjà arrivés. Je suis Maistre Zigue et je serai votre tuteur cette année. Tuteur ne signifie pas que vous soyez bancals ou biscornus ou hétéroclites ou je ne sais quoi d’autre. On ne parle pas de haricots ou de coucourdes, n’est-ce-pas ? Donc, j’entends ici tuteur comme soutien, guide, référent et non comme poteau, perche, piquet ou échalas. C’est compréhensible pour vous ?

Maistre Zigue prit leur silence étonné pour un acquiescement et poursuivit après une longue inspiration :

  • Il vaut mieux que les choses soient clairement dites. Nous allons être amenés à nous voir souvent, il est donc important de bien commencer, n’est-ce-pas ? Alors dîtes-moi qui est qui, que je puisse associer un nom et une tête ? Ou une tête et un nom, si vous préférez ? Peu importe l’ordre de préséance ! gloussa-t-il, réjoui.

Ils se présentèrent à tour de rôle, tout en le suivant en direction du bâtiment, amusés par le phrasé un peu précieux du Maistre, son humour désopilant et les « n’est-ce-pas » qui ponctuaient presque chacune de ses phrases. Les « n’est-ce-pas » s’accompagnaient toujours d’un haussement de sourcils qui étirait dans la même direction la pointe de sa moustache, provoquant ainsi des perturbations hasardeuses dans l’ordonnancement des arabesques. Ils comprirent également très vite que la tournure interrogative dans la bouche de Maistre Zigue ne nécessitait pas obligatoirement une réponse.

  • L’œuvre de générations d’apprentis, remarquable, n’est-ce-pas ? dit-il alors qu’ils pénétraient dans le hall.

Ils approuvèrent sans réserve d’un hochement de tête enthousiaste, les yeux subjugués par la présence d’une horloge stellaire en lévitation au-dessus du sol et dont les trois immenses cadrans ne parvenaient à dissimuler que partiellement un jeu de mécanique d’une extrême complexité. Maistre Zigue attira leur attention sur la remarquable mosaïque qui dessinait au sol une rose des vents. Chacune de ses huit pointes s’étirait en direction d’un couloir qui conduisait soit aux salles de cours ou d’études, soit aux salons ou encore à la librairie. Une aiguille de la longueur d’une hallebarde et aussi plate qu’un micheton (1) sans levain, reposait au sol.

  • Donc si je vous dis « Salon des débats - Sud/Sud-Est » ?
  • C’est par là, répondit Naëlle sans hésiter.
  • Bravo ! Bravo ! Mais quelle vivacité ! Et si jamais vous êtes perdus ou si vous avez remisé vos petites cellules cérébrales aux oubliettes, ce qui peut arriver un jour à presque tout le monde, n’est-ce pas, il vous suffit de penser très fort : « embrouillamini » suivi de l’endroit où vous désirez vous rendre. Comme ça, regardez !

Maistre Zigue plissa des yeux si fort que ses moustaches en avalèrent ses sourcils. Aussitôt l’aiguille s’éleva, se mit à pivoter autour d’un axe imaginaire avant de s’immobiliser face au double escalier de pierre qui desservait les étages et vers lequel ils se dirigèrent. Leur guide parlait sans discontinuer, si bien que l’on pouvait légitimement se demander à quel moment il reprenait souffle :

  • Sous la terrasse, c’est la cantinière avec les salons de détente. Le rez de chaussée comme vous l’aurez compris ce sont les salles d’études, de réunions, la fourbicothèque (2), les bureaux particuliers des Maistres et sans oublier, bien sûr, l’accès principal à la grande et magnifique librairie. Nous allons au premier, étage des Aspirants première année. Premier, première, c’est amusant n’est-ce pas ? Notez que vous avez aussi un accès direct à la librairie à ce niveau, la porte de l’éléphant bleu. Libraire, éléphant ? Vous comprenez ? Librairie, mémoire d’éléphant, c’est évident n’est-ce pas ? Bon, je lis le doute sur vos visages, vous y réfléchirez. Le bleu, c’est juste pour la couleur. Ah, autre chose, la porte est scellée jusqu’à demain, si quelques esprits frondeurs tentaient de la forcer, nous en serions immédiatement avertis. Bon, de quoi parlions-nous ? À trop digresser, je m’égare…

Ils gravirent les marches à la suite de Maistre Zigue, attentifs à des explications aussi tarabiscotées que ses moustaches.

  • Vous en étiez au premier étage, lui rappela Naëlle.
  • Oui, celui des Apprentis première année, c’est ça ! Merci jeune fille, bien que Apprentis vous ne le soyez pas encore, n’est-ce pas. Donc comme je ne l’ai pas encore dit, chaque étage correspond à une année, et il y a donc cinq étages plus ceux des appartements privés des Maistres mais ceux-là, vous n’êtes pas autorisés à y accéder, n’est-ce pas ?

Le palier plongeait en balcon sur le hall et desservait un unique couloir fermé par une double porte. Maistre Zigue s’arrêta au seuil de la porte, fit silence, et dans un grand geste théâtral poussa les deux battants. Till et ses amis pénétrèrent émerveillés dans l’exubérance d’une jungle sauvage. Un décor d’un tel réalisme que Blair sursauta en croisant le regard mordoré d’une panthère aux yeux d’or.

Murs et plafonds s’effaçaient sous une profusion de lianes, d’arbres extravagants aux racines entrenouées, de fougères et de fleurs flamboyantes. L’éclat d’un plumage chatoyant trouait par endroit le ciel, qu’on devinait plus qu’on ne le voyait. Les portes, habillées de bambous, ressemblaient aux petites cases décrites par Rufus l’Estrien dans « Épopée sauvage », l’un de ses illustres ouvrages.

Maistre Zigue, réjoui par les mines déconcertées, poursuivit cependant son discours sans leur donner le temps d’entrer dans un jeu de questions qui perturberait le bon déroulement de son exposé :

  • Nous sommes ici dans le couloir des première année. Chaque année est symbolisée par un thème. Pour vous c’est « jungle et savane ». Nous étions partagés sur le choix de l’intitulé du thème, personnellement j’aurais préféré « Fleurs » : coquelicots, pâquerettes, bleuets… C’est plus bucolique mais moins original, il faut en convenir n’est-ce-pas ? Mais bon, mon avis n’a pas obtenu la majorité des voix. On ne gagne pas à tous les coups, peut-être l’année prochaine. Donc, comme je vous le disais… Est-ce que je vous l’ai déjà dit ? Peut-être pas… Bon, comme vous pouvez le voir, il y a huit portes qui desservent chacune une carrée. Chaque carrée se compose de quatre chambres confortables ayant chacune sa propre cheminée. Le cabinet des ablutions est commun, vous devrez donc vous organiser, n’est-ce-pas ? Vous êtes responsables de votre carrée et devrez veiller à ce qu’elle soit toujours propre et rangée. Tout est clair, jusqu’à présent ?

Sans attendre de réponse et sans ralentir son débit de paroles, Maistre Zigue poursuivit :

  • Les aléas des effectifs font que cette année, nous avons treize filles pour onze garçons. Cinq carrées sont déjà complètes. D’ordinaire, n’est-ce-pas, nous ne mélangeons pas les filles et les garçons pour des tas de raisons que je ne vais pas détailler maintenant mais qui pour beaucoup semblent évidentes, n’est-ce-pas ? Je vois, jeune fille que vous froncez le sourcil, laissez-moi poursuivre avant de nous faire part de votre appréciation qui, je le devine, ne manquera ni de pertinence, ni de piquant. Je disais donc… Qu’est-ce que je disais ? Ah, oui ! Il ne me plairait pas de vous savoir isolée… Heu, Naëlle ?
  • C’est ça, répondit-elle.
  • Les cinq carrées, poursuivit-il, se sont constituées spontanément. Donc si je voulais vous séparer, vous vous retrouveriez mécaniquement toute seule. Rien de réjouissant à cela, ni de très accueillant. Ce ne sont point-là les coutumes de la maison ! Donc pour faire simple, vous vous connaissez depuis fort longtemps à ce que l’on m’a rapporté, n’est-ce-pas ? En tous cas pour trois d’entre vous mais le quatrième semble déjà faire partie du groupe. Alors accepteriez-vous de partager une carrée avec vos camarades ?
  • Oh oui, bien sûr ! s’exclama Naëlle rayonnante.
  • Bien, bien. Et vous les garçons l’accepteriez-vous parmi vous ?
  • Ben… en y réfléchissant… murmura Blair d’une voix hésitante.
  • Blair, c’est pas le moment ! s’agaça aussitôt Naëlle.
  • Je plaisante ! Bien sûr qu’on sera heureux de la supporter encore un peu !

Till et Châny, acquiescèrent, soulagés par ce dénouement. Aucun n’avait envisagé une séparation, l’idée même ne leur en avait pas traversé l’esprit. Maistre Zigue enchaîna aussitôt :

  • Je devrai toutefois en informer le Magister qui consultera vos familles. Si cela ne convient pas nous tâcherons de trouver une solution satisfaisante pour tous. Chaque carrée est désignée par un nom d’animal comme je vous le disais. L’ai-je dit ? Peut-être pas. Bon, rien de vraiment original cette fois. Voyons que je me souvienne : panthère, loup, zèbre, fennec, gazelle, sont déjà pris, vous avez donc le choix entre : castor, mandigot ou faucon. Choix restreint mais vous êtes les derniers venus n’est-ce pas !

Les amis se consultèrent du regard :

  • Castor ? proposa Naëlle.

Mais avant que les autres ne puissent formuler le moindre avis, le choix était entériné par Maistre Zigue :

  • Excellent choix : « castor », je n’aurais pas fait mieux ! Des créatures sociables et constructives, tout comme vous, je le devine. Bon, bon, je m’égare encore. Où en étais-je, où en étais-je ? Ah, oui ! Il n’existe pas de clef mais un système de reconnaissance pédiculosympathique pour déverrouiller la serrure.
  • Un quoi ? s’étonna Blair.
  • Vous allez comprendre. Vous voyez cette pédale en bas à droite de la porte, vous allez à tour de rôle appuyer dessus. Mémorisez bien quel pied vous utilisez ! Qui commence ?

Blair avança sans hésiter son pied droit. Aussitôt un sabot métallique emprisonna sa cheville. Surpris, il sursauta :

  • Ne bougez pas, tout va bien. Ce n’est qu’un simple relevé de mesures et de pression, expliqua Maistre Zigue.

Au bout de quelques instants le pied fut libéré et la porte glissa à l’intérieur du mur. Naëlle, Châny et Till exécutèrent la même procédure.

  • Pour ouvrir la porte il suffit à présent que l’un d’entre vous s’identifie en appuyant sur la pédale.
  • Et personne d’autre ne pourra accéder à notre carrée ? demanda Naëlle.
  • Personne, excepté le Magister et moi-même.
  • Et si je me trompe de pied ? demanda Blair.
  • Je vous invite, jeune et vaillant explorateur, à tenter l’expérience, répondit Maistre Zigue un sourire enchanté aux lèvres.

À peine le pied gauche de Blair toucha-t-il la pédale que la porte sauta de ses rails et se mit à toupiller sur place si vite quelle propulsa l’imprudent fesses à terre, avant de regagner sa place.

  • Une sécurité, pour dissuader les curieux. C’est une de mes idées ! Qu’en pensez-vous ? Efficace, n’est-ce-pas ? Je n’ai pas encore trouvé de nom pour cette invention : Si vous avez des suggestions, n’hésitez pas à m’en faire part.

Occupé à frotter son postérieur endolori, Blair bougonna une vague réponse que tous choisirent d’ignorer. Un peu refroidi, Maistre Zigue n’insista pas et extirpa de la poche de son gilet une énorme montre à gousset qu’il ouvrit. Les trompes d’une fanfare beuglèrent un hymne tonitruant, tellement cacophonique qu’il préféra la refermer aussitôt :

  • Pas encore au point, commenta-t-il d’un air circonspect.
  • Maistre, s’enhardit Naëlle, quand nous sommes arrivés avec Elhyane, on a remarqué la présence des attelages de chacune de nos familles. C’est curieux qu’elles soient venues sans nous avertir. Est-ce qu’il se passe quelque chose que nous devrions savoir ?
  • Ah, quel sens de l’observation et de la déduction ! Bravo, bravo jeune fille. C’est une qualité précieuse que l’observation, elle permet à l’esprit d’huiler ses engrenages, engrenages dont vous semblez amplement pourvue. Une recrue de choix que cette damoiselle. C’est excellent, vraiment excellent. Bon, je vous laisse prendre possession des lieux. Vos tenues sont sur vos lits ainsi que le règlement intérieur que vous connaissez probablement déjà puisque vous en avez reçu un exemplaire. Nous nous retrouvons dans une heure au salon d’Histoire, cap Nord/Nord-Ouest, où vous rencontrerez le Magister pour la présentation, n’est-ce pas. Alors, à tout à l’heure et ne traînez pas trop, conclut Maistre Zigue en s’éloignant de son pas sautillant.

La chambre de Till était bien moins grande que celle de la maison, mais elle était chaleureuse et lui plut. Un feu était dressé dans la cheminée en prévision des premières froidures qui ne tarderaient pas à blanchir la montagne. Sur l’île, l’hiver arrivait toujours avec brusquerie et repartait sans jamais demander son reste, l’expérience suggérait de ne pas se laisser surprendre. Il s’habilla rapidement comme l’avait conseillé Maistre Zigue. Pantalon, tricot à col montant, tunique sans manche et fendue sur les côtés, ceinture, gilet court et bottines du même cuir que la ceinture, la tenue était chaude, fonctionnelle et sans extravagance. L’armoire, qu’il ouvrit par curiosité, renfermait trois ensembles exactement identiques, un manteau et des bottes fourrées pour la neige.

Excités, ses amis déboulèrent dans la chambre :

  • C’est pas trop mal comme tenue, lança Naëlle d’un air dubitatif, le gris d’ardoise, ça donne plutôt bonne mine, mais la couleur de la chemise… j’ai vraiment des doutes ! Cette espèce de vert… Heu, vert…
  • Vert fouillouse ! répondit Blair en s’esclaffant.
  • Le plus important, dit Châny, c’est qu’on soit ensemble.
  • Ça, ça ne se discute même pas. Au fait, est-ce que vous avez remarqué comment l’Auguste Zigue a glissé sur ma question ? Il n’aurait pas voulu y répondre qu’il s’y serait pas pris autrement.
  • Sûr ! approuva Blair, et c’était pas fûté parce que le meilleur moyen de chatouiller notre curiosité, c’était bien d’éviter de nous répondre.

Naëlle avait mis le doigt sur un point sensible, Till ne croyait pas non plus vraiment à une simple omission. Mais peut-être se montraient-ils tous trop suspicieux dans leur analyse. À n’envisager qu’un seul aspect du problème, on risquait fort de se fourvoyer. D’un autre côté ignorer les signaux d’alerte, relèverait assurément d’un manque de clairvoyance, or les évènements des derniers jours commandaient de rester vigilant. Till résuma la situation :

  • La date de rentrée a été avancée pour tout le monde, les familles ont été convoquées en secret, Wilma a, semble-t-il, coupé toute communication. D’ailleurs, nous l’avons aperçue en compagnie de Grïmuld à notre arrivée, donc elle est ici et...
  • Et, à mon avis, il faut une sacrément bonne raison pour parvenir à extirper l’ours Grïmuld de sa tanière, coupa Blair un sourire aux lèvres.
  • Nous n’avons croisé quasiment personne en venant, même Karnak était anormalement calme, observa Châny en s’asseyant sur le coin du lit.
  • Tout ça ne me dit rien de bon, dit Naëlle, objectivement, ça fait beaucoup trop d’anomalies en si peu de temps. Il se prépare quelque chose.
  • Quelque chose de suffisamment sérieux pour bousculer le calendrier, ce qui n’était encore jamais arrivé, conclut Till.

Les regards s’était assombris, contaminés par l’ombre d’une menace confuse. Toutes suppositions ou interprétations étaient sans doute prématurées, mais dans l’esprit de Till, elles résonnèrent comme un coup de semonce. Instinctivement, il se tassa sur lui-même et recula de quelques pas pour mettre plus de distance entre lui et ses amis.

Châny, auquel ce mouvement n’avait pas échappé, comprit. Il décida de bousculer un peu son ami pour l’obliger à réagir de manière plus constructive. Cette culpabilité maladive ne les aidait en rien :

  • Arrête avec ça !
  • Ça quoi ? questionna Till sur la défensive.
  • Ça ! Culpabiliser, te mettre en recul comme si tu étais responsable de la situation. C’est complètement idiot  !

Piqué au vif, Till se rebiffa :

  • Je te rappelle quand même, puisque tu préfères l'ignorer, qu'aux yeux de tous je suis Le problème.
  • Aux yeux des imbéciles, oui ! Nous prends-tu pour des imbéciles ? Et puis, réfléchis, quel danger représentes-tu ? En quoi peux-tu bien nous menacer ? Toi ! Tes conclusions sont uniquement à charge, c’est ça le vrai obstacle ! Je te l’ai déjà dit : change de perspectives !

Naëlle et Blair observaient, se gardant bien d’intervenir. Voir Châny oublier toute réserve était inhabituel.

  • Donc, d’après toi, je ne fais pas partie du problème.
  • Bien sûr que non ! Pose-toi enfin les bonnes questions. Demande-toi, par exemple, pourquoi tu es le seul à être arrivé jusqu’à nous depuis cinq-cents ans ? Pourquoi ces rêves récurrents avec Silha ? Maintenant ? Pourquoi Silha ? Grïmuld ? Les souvenirs de Wilma ? Pourquoi même notre rencontre ? Est-ce parce que je suis un marcheur des rêves ? Parce que Naëlle a le don de parler aux animaux ou parce que l’esprit imaginatif de Blair le libère de toute contrainte ? Le hasard n’existe pas !

Ces pourquoi additionnés les uns aux autres prenaient soudain un sens particulier et ce n’était pas pour rassurer Till. À la longue liste de son ami, il aurait pu ajouter sa rencontre singulière avec Piblô. Tant de coïncidences accumulées en si peu de temps... Mais le hasard n’existait pas. Wilma l’avait dit. Piblô aussi. Châny le rappelait. Till sentit le sol se dérober sous ses pieds, l’esprit percuté par une révélation foudroyante. Ces bouleversements n’étaient pas le produit d’une simple accumulation de coïncidences, ils étaient la manifestation d’une volonté supérieure. Mais alors de qui ? Des Esprits ? De l’île, cette mystérieuse entité ?

  • « Les Esprits interviennent parfois lorsque la nécessité l’impose », murmura-t-il se remémorant les paroles de Wilma.
  • Exactement.
  • Tout était inscrit. Depuis mon arrivée. Mais alors, si je ne suis pas le problème… alors ça voudrait dire que… Et comment ? Comment je pourrais faire partie de la solution ? Et de la solution de quoi ?
  • C’est ce que nous devons découvrir. Ne me demandez pas le pourquoi du comment du pourquoi, je n’en ai pas la moindre idée. Mais il y a une chose dont je suis certain, nous devons rester impérativement soudés, ne pas douter et nous tenir prêts.
  • Pas d’problème, répondit Blair.
  • Pour en revenir aux invités surprises, si tant de monde est rassemblé ce soir à Gran-Cairn, c’est pour une bonne raison. Et cette raison nous devons la découvrir.
  1. Micheton : pain sans levain assez insipide. Sa forme très plate fait qu’il se conserve mal. Il est donc peu utilisé et ne présente aucun intérêt gustatif.
  2. *Fourbicothèque : intendance.
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H.Monthéraut
Posté le 26/07/2023
Bonjour Hortense,

Encore une fois, j'adore Blair et Thiya. Ils apportent vraiment un côté drôle et attachant à ton récit.

Je suis contente de découvrir Gran-Cairn, ça a l'air d'un lieu enchanteur.
J'aime beaucoup le moment où Till se rend compte que sa mère adoptive est aussi une femme.

La remarque de Maistre Zigue et la réaction silencieuse des gosses m'a fait beaucoup rire !
Tu amènes bien le suspens pour la suite, au travers la visite du lieu.

Par contre, je ne trouve pas l'explication de faire chambre commune très convaincante. J'imagine que c'est nécessaire pour la suite du récit, mais ça aurait pu aussi avoir un intérêt de faire un côté fille et un côté garçon (comme pour Hermione dans HP).

Une petite faute : "Alors dîtes-moi" = dites
Hortense
Posté le 26/07/2023
Merci pour ton commentaire qui me touche. Tu as raison pour la carrée commune, mais chacun a sa chambre particulière et c'est une situation provisoire. Je crois qu'il faut que j'insiste sur ce dernier point.
Je corrige la coquille.
A bientôt
Claire May
Posté le 06/09/2022
Je continue ma lecture et ma découverte de l'école avec plaisir ! Beaucoup de belles trouvailles, ici, et cette découverte se solde d'une levée de points d'interrogations qui sèment le mystère.
A peine deux coquillettes, mais je me posais surtout des questions sur le fonctionnement de l'école :
- ils distinguèrent au loin la silhouette caractéristique de Grïmuld escortant Wilma. => quelle bonne vue, ces jeunes !
- n'est-ce-pas => n'y a-t-il pas un tiret en trop ?
-Maistre Zigue plissa des yeux si fort que ses moustaches en avalèrent ses sourcils.
- j'aime bien les "racines entrenouées", c'est beau, ce mot, "entrenouées".
-j'aime aussi beaucoup le système de reconnaissance pédiculosympathique !
- change de perspectives => un petit s en trop.
Des questions on va dire "pratico-pratiques" auxquelles tu as surement déjà répondu dans la version finale : Elhyane, je ne l'ai pas vue partir, elle a laissé les enfants trouver leur chemin tout seuls et a suivi Harald ? ça m'étonne que Maitre Zigue (très amusant personnage !), les attende, eux, ces quatre-là, après j'ai compris qu'il était leur tuteur, tuteur de seulement 4 élèves ? Pourquoi pas, s'ils ne sont que 15 cette année, après tout. Est-ce que chaque professeur va faire le même discours, avec d'autres formes, je m'en doute, à chaque groupe de 4 élèves au fur et à mesure qu'ils arrivent ? Et comment les reconnait il, ses élèves ? comment connait-il déjà leurs noms ? Et Till n'a décidé de venir que la veille (est-ce qu'il y a eu des inscriptions....?) Comment les enfants ne courent-ils pas vers leurs parents apparemment rassemblés là ? Les parents n'étaient pas inquiets ? Je sais que Naëlle communique avec Wilma, mais... Pour la réunion des quatre, ça se comprend qu'on ne mette pas les filles avec les garçons, c'est comme ça partout, et quand c'est pas le cas, on connait les histoires de colonies de vacances avec des ados... ça m'étonne encore que Zigue cède si facilement à la pression que Naëlle n'a pas eu le temps d'exercer pour rester avec ses amis...
Tiens, Châni commence à perdre patience avec Till, ça veut dire qu'ils sont plus proches !
A très vite !
Hortense
Posté le 08/09/2022
Hello Claire,
Maîstre Zigue est tuteur des première année, les élèves sont tous inscrits naturellement à l'école ( formulaire reçu par d'Elhyane) mais je rajouterai une phrase pour dire qu'elle a confirmé son inscription.
Oui les enfants se débrouillent seuls pour trouver Maitre Zigue avec les indications d'Harald, ce sont des adolescents et je ne crois pas qu'ils souhaiteraient plus que ça être accompagnés. Il connait leurs noms par déduction car ils sont les derniers à se présenter à l'école. Quant à la présence de leurs parents, cela les intrigue et alimente leurs questions mais ils les ont quittés il y a peu donc n'éprouvent pas le besoin de se précipiter.
Pour Naëlle, je serais d'accord avec toi dans un autre contexte. Ici Maîstre Zigue cède un peu à la facilité mais les carrées sont constituées de chambres indépendantes où chaque enfant à son intimité. Et puis, maistre Zigue va consulter le Magister et les familles, donc rien n'est figé.
Un grand merci pour les coquilles et pour tes impressions.
A très bientôt
Claire May
Posté le 08/09/2022
Ahh j'avais peut-être pas été attentive à tout, merci pour les précisions !
sifriane
Posté le 16/12/2021
Coucou,
J'ai beaucoup aimé ce chapitre
Zigue est fameux. Les inventions magiques, le jardin, l'école, tout est bien trouvé et très bien décrit.
Les dialogues entre Till et Châny (la conscience de Till) fonctionnent très bien aussi.
Petite remarque riquiqui, "comme par hasard" les 4 sont obligés d'être réunis, mais je comprend parfaitement que ce soit difficile de faire autrement
A très bientôt :)
Hortense
Posté le 17/12/2021
Bonjour Sifriane,

Merci pour ton retour, je suis contente que l'histoire te plaise toujours et j'espère que la suite ne te décevra pas.
Oui, mon quatuor est inséparable mais je suis en train de réécrire et j'essaie d'apporter plus de nuances et de caractère aux personnages. Ca me donne des sueurs !!!
A très bientôt
Edouard PArle
Posté le 17/11/2021
Coucou !
Le dialogue un peu plus animé entre Chany et Thill et vraiment bienvenue ! Ca apporte vraiment quelque chose à l'histoire une vraie discussion sérieuse. Je pense qu'elle pourrait prendre encore plus d'épaisseur si tu mettais un passage plus tôt ou un des habitants de l'île (autre que Sven) se montre hostile vis à vis de Thill (une scène d'action toute trouvée) de manière complètement injuste. Ainsi, les doutes de Thill seraient plus justifiés ainsi que la suite de la scène.
Zigue est un personnage qui vit bien ! J'ai pouffé de rire deux trois fois, après faut pas qu'il prenne autant de place sur tous les chapitres sinon il risque de devenir agaçant xD
Quelques remarques :
"les « n’est-ce-pas » qui ponctuaient presque chacune de ses phrases." -> est-ce nécessaire de l'écrire ? On va s'en rendre compte seuls à la lecture des dialogues.
J'aime bcp le passage ou il ne lui répond pas en partant dans ses délires xD Il est très réussi.
Un plaisir,
A bientôt !
Romanticgirl
Posté le 18/08/2021
Quel chapitre ! C'est mon préféré, je pense. J'attendais depuis longtemps qu'on arrive à Grand-Cairn. Nous y sommes et je ne suis pas déçue, je suis même enchantée. J'ai beaucoup aimé tes descriptions, celle du jardin, de Zigue (personnage haut en couleurs) et surtout la description de l'intérieur, des différentes zones et des inventions magiques (le coup de la pédale est bien trouvé). Si je peux me permettre, j'aurais aimé une description plus précise de l'extérieur dans le chapitre précédent. L'intrigue progresse avec le coup d'éclat de Châny et les interrogations de Till. D'autres éléments que j'ai aimé : le passage sur le tuteur (j'aurais aimé y pensé ;) ), le fait que les enfants partagent la même chambre et le nom du groupe Castor. Pourquoi "carrée" est-il au féminin ? Félicitations pour ce beau chapitre et à bientôt !
Hortense
Posté le 19/08/2021
Carrée est un mot du jargon familier militaire désignant une petite chambre. J'ai élargi le sens à un ensemble de petites chambres.
Je suis heureuse que ce chapitre te plaise, je me suis beaucoup amusée à l'écrire. Pour la description générale de Gran-Cairn, je dois y réfléchir. J'aime aussi laisser un peu de place à l'imagination du lecteur.
Merci beaucoup et à très bientôt
Ella Palace
Posté le 28/06/2021
Bonjour Hortense,

Encore un beau chapitre avec de belles images! Et ce Zigue, il est vraiment drôle... à tel point que je m'en méfierais peut-être...
Ils sont trop gentils sur ton île, en dehors de Sven qui n'est pas si terrible que ça.
J'aurais un petit manque d'opposants. Oui, un peu trop lisse, selon mon humble avis ...
J'aime beaucoup le principe des chambres, des animaux mascottes, des thèmes etc. Cela me rappelle Harry Potter sans que cela soit trop ressemblant. C'est très bien!

Minis remarques:

- "l’expérience commandait de ne pas se laisser surprendre...", "or les évènements des derniers jours commandaient de rester vigilant...", redondance de "commandait".

- "C’est idiot et contre-productif !", parfois je trouve que ces jeunes manquent un petit peu de crédibilité. Juste un petit peu. Je les trouve trop matures, trop sages pour des gamins de 13 ans.

En tant que lectrice, j'aurais envie de me dire, dans la suite de l'histoire: "non! c'est pas vrai! je ne m'y attendais pas!". Etre surprise, en somme.
Malheureusement, l'écrit peut être très impersonnel et prêter à une mauvaise interprétation. J'ose espérer que tu sais combien j'apprécie ton histoire et surtout ton écriture. Je te suis très attentivement et je le ferai jusqu'au bout. J'aimerais avoir ton livre un jour dans ma bibliothèque!
Toutes mes interventions sont bienveillantes, donc.

Chaleureusement
Hortense
Posté le 29/06/2021
Bonjour Ella,

Comme d'habitude ton analyse met le doigt sur quelques interrogations. Je reconnais que mes personnages montrent une maturité qui peut sembler disproportionnée. Malgré tout, je crois qu'à treize ans, on peut être très mature, la vie fait grandir. Cependant avoir une certaine maturité n'implique pas de s'exprimer comme un adulte et je crois que parfois j'ai tendance à l'oublier comme le montre entre-autre "contre-productif". N'hésite pas à me signaler ces dérapages.
Je note aussi le petit manque d'opposants. Je ne sais pas encore ni où, ni comment je vais pouvoir rappeler l'hostilité envers Till mais j'y veillerai dans la suite.
L'histoire se déroule sur une très courte période, une semaine, dix jours tout au plus, les évènements vont se précipiter et j'espère qu'ils parviendront à te surprendre.
Merci de tout cœur pour ta lecture attentive et ta fidélité.
A très bientôt.
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