Chapitre 14 - Loup

Notes de l’auteur : Bonjour ! Je sais que la publication s'est faite plus aléatoire, même si j'ai quelques chapitres d'avance j'ai dû mettre ce projet en pause... Je réfléchis également à raccourcir cette première partie (qui va jusqu'au chapitre 18-19) ! Plein de réflexions donc. Bonne lecture !

Loup retient sa respiration lorsque l’hélicoptère amorça un virage. Sa main s’accrocha au bras d’Eos, assis sur le siège voisin. Celui-ci ne broncha pas lorsque les ongles de Loup s’enfoncèrent dans sa manche. Son propre teint trop pâle et ses lèvres pincées trahissaient son malaise de se trouver dans une boîte de conserve volante. Loup avait d’ailleurs bien cru qu’Eos allait frapper Connor lorsque celui-ci leur avait annoncé qu’ils partiraient immédiatement pour Bravo en hélicoptère – non sans avoir jeté une œillade contrariée à Loup.

Il se redressa discrètement, le regard vagabond. S’il n’osait rien toucher de peur de se retrouver en contact avec de l’acier, il ne pouvait s’empêcher d’observer le paysage défiler à travers la vitre. Ses oreilles protégées du vrombissement fracassant par un casque antibruit, il découvrait la terre depuis le ciel avec un émerveillement béat. Les forêts verdoyantes et les plaines herbeuses déroulaient un interminable tapis émeraude sur les sols du pays. Par endroits, des rivières ou des fleuves formaient des boucles aigue-marine. Il en oubliait presque sa peur de voler à des centaines de mètres au-dessus de la terre ferme.

Un point scintilla au loin.

Loup sentit Eos se tendre près de lui. Il crut qu’il serrait son bras trop fort, mais lorsqu’il voulut s’écarter, ce fut Eos qui le retint. Il s’attarda sur ses iris anormalement ternes, sur ses traits figés, reporta son regard vers l’extérieur et ce point qui grandissait d’instant en instant. Enfin, ils furent suffisamment proches pour que Loup puisse découvrir

un immense rempart

gris métallique

protégeant la

Ville-Acier.

Loup n’avait jamais vu de Ville-Acier. Le campement permanent où il avait grandi était la plus grande concentration d’Hommes et d’habitations qu’il avait connues, et ils ne devaient pourtant pas être plus de quelques centaines d’habitants, deux ou trois mille tout au plus. Ce n’était qu’un amas de maisons branlantes bâties avec tous les matériaux qu’on avait pu trouver ou de vieilles caravanes. Cela n’avait aucune commune mesure avec ces tours d’acier et de verre dressées vers le ciel comme des flèches prêtes à le transpercer. Rien à voir non plus avec ces dômes de métal et ces immeubles de plusieurs dizaines d’étages. Et dans cet océan argent fer plomb, Loup ne distinguait pas la moindre trace de vert. La Nature s’arrêtait aux portes du royaume des Hommes.

Ils survolèrent le rempart ; lente et sinueuse fut l’appréhension qui s’empara de Loup. Il ferma les yeux pour se remémorer les forêts qu’ils laissaient derrière eux.

Ce ne sera que l’affaire de quelques jours, se répéta-t-il.

L’hélicoptère amorça sa descente. Loup retint de justesse son mouvement pour agripper la barre en acier près de lui. Son estomac remonta dans sa poitrine, puis, enfin, l’appareil se posa sur le sol avec de brusques secousses.

Eos s’empressa d’enlever le casque qui couvrait ses oreilles, se releva en le jetant sur son siège et s’engouffra à l’extérieur à l’instant où un militaire ouvrit l’accès. Loup l’imita sans perdre de temps, mais à peine eut-il posé un pied sur la plateforme d’atterrissage qu’une odeur métallique

aigre

piquante

le prit à la gorge. Le visage blême, Eos pressait contre sa main son nez et sa bouche. Il paraissait sur le point de vomir.

— C’est toujours un peu difficile lorsqu’on arrive, mais on s’habitue vite, les informa Connor en descendant de l’hélicoptère.

Il tourna la tête vers Eos. Une once de provocation releva le coin de ses lèvres.

— Enfin, je ne t’apprends rien…

Eos le fusilla du regard, mais il se sentait visiblement encore trop affecté par l’environnement pour répondre. Et si Connor faisait bonne figure, Loup percevait pourtant sur son visage les signes d’un malaise similaire au leur. Son nez froncé, ses yeux plissés… Connor n’appréciait pas non plus l’odeur, mais peut-être en avait-il davantage l’habitude. Loup n’avait pour sa part jamais connu une telle concentration d’effluves. Il n’y avait pas suffisamment d’acier là d’où il venait pour qu’il se sente submergé, et la forêt avait achevé de le mettre à l’abri de l’influence nocive du métal.

— La gouverneure nous attend, déclara Connor.

— Ne perdons pas de temps dans ce cas, siffla Eos.

Les derniers militaires descendirent de l’hélicoptère. Quelques-uns se saluèrent et s’éloignèrent dans une direction opposée à l’endroit où ils s’étaient immobilisés. D’autres les encadrèrent, comme s’ils craignaient une rébellion. L’un d’entre eux bouscula violemment Loup, qui manqua de s’étaler sur le sol sous quelques ricanements. Une chaleur vive transperça son épaule, et un gémissement s’échoua à la bordure de ses lèvres.

Ce n’était… rien, se convainquit-il. La tenue du militaire devait posséder des fragments d’acier, mais ses propres vêtements le protégeaient de cette faible présence.

— Connard, gronda Eos à l’attention du militaire.

L’homme se tourna vers lui avec un rictus goguenard.

— Ce n’était qu’un malheureux incident.

Loup avait toujours connu Eos avec une maîtrise parfaite de ses émotions, mais à cet instant, celui-ci ne paraissait avoir aucune envie de se contenir. Il ressemblait à un volcan sur le point d’exploser.

— Ce n’est pas grave, chuchota-t-il.

— Oh, si c’est grave, rétorqua Eos d’une voix glaciale. Parce que si l’un d’entre eux recommence ne serait-ce qu’une seule fois, je ne vais pas sauver leur fichue ville mais la ravager.

La menace flotta dans les eaux troubles du silence. Le militaire perdit son rictus et fit un pas chargé de colère vers Eos.

— Tu en es bien certain, gamin ?

Eos se redressa de toute sa hauteur. Le militaire lui volait peut-être une dizaine de centimètres, mais son aura comblait la différence. Des effluves boisés les enveloppèrent, ses prunelles étincelèrent. Loup frémit ; il discernait dans son expression une haine incommensurable, qu’il n’avait jamais perçue avec une telle acuité au refuge. Face aux Hommes, Eos laissait émerger le tourbillon de noirceur qu’il avait enfoui au fond de lui, éclipsé par la sérénité de Brocéliande et l’amour qu’il éprouvait pour son entourage. Une lueur d’incertitude traversa le regard du militaire.

— Assez ! s’exclama Connor. Nous sommes tous là dans notre intérêt, inutile de perdre du temps avec des querelles futiles.

Il jeta un coup d’œil accusateur à Loup, l’air de penser qu’il était la cause du problème. Celui-ci se fit le plus petit possible, oppressé par la tension ambiante et l’odeur de l’acier.

— Tiens tes militaires, répliqua Eos.

— Tiens ton chien.

— L’avertissement valait pour toi aussi.

— Tu m’en diras tant… Bien, la gouverneure de Bravo nous attend.

Eos et Loup s’engagèrent à la suite de Connor, le premier avec l’attitude de ceux qui en ont déjà trop vu pour être encore impressionnés, le deuxième en tâchant de s’effacer autant qu’il le pouvait. Il en venait presque à se demander pourquoi Eos l’avait sollicité pour l’accompagner, lui qui ne possédait pas l’énergie de Théodora, le calme de Camille ou la froide détermination d’Iris. Pourtant, le regard d’Eos s’adoucit un bref instant en se posant sur lui.

Ils atteignirent l’extrémité de la plateforme et s’arrêtèrent près de deux portes en acier. Connor brandit un badge devant un scanner intégré dans le mur métallique, et les battants coulissèrent sans un bruit. Eos inspira un peu trop vite, puis il franchit le seuil à contrecœur, abandonnant les dernières bribes de nature à l’extérieur. Loup le suivit, le corps traversé par un frisson.

Un corridor métallique.

Des murs prison.

Un sol gris brillant aveuglant.

L’odeur toujours plus aiguisée.

Des regards glissaient sur eux au fur et à mesure de leur avancée. Les bottes des militaires claquaient derrière eux. Loup peinait à observer son environnement, envahi par un gris absolu qui lui brûlait les rétines.

— Où sommes-nous ? demanda Eos.

— Au Ferralliage, expliqua Connor. Le centre décisionnel de Bravo. C’est également là que vous serez logés.

Eos pinça les lèvres sans répondre, mais Connor dut remarquer sa mimique, car il ajouta :

— Ne fais pas cette tête. Il vaut mieux pour vous que vous restiez dans ce bâtiment, vous y serez protégés…

— Tu m’en diras tant ! ironisa Eos.

— … et un espace vert a été aménagé sur le toit. Je loge également ici.

— Un Anormal au Ferralliage… Je me demande comment tu parviens à renier ta nature à ce point.

Connor lui jeta un regard agacé. Près d’Eos, Loup osait à peine respirer de peur de se faire remarquer.

— Je ne renie rien, Eos. C’est comme cela que nous renouerons avec le reste des Hommes.

— Ils t’écraseront. Malgré ce que tu essaies de faire croire, tu ne seras jamais comme eux.

Connor s’arrêta brusquement et pivota vers Eos, le visage sombre.

— Nous sommes comme eux. Nous sommes des Hommes, que tu le veuilles ou non. Nous avons simplement une dissemblance, mais ça aurait pu être n’importe quoi.

L’écho de sa voix se répercuta dans le corridor. Les quelques passants qui croisaient leur chemin dans cette immense structure d’acier leur jetèrent des regards étranges, ralentirent parfois.

— Ça aurait pu, rétorqua Eos d’un ton glacial. Sauf que c’est pour cette différence que les Hommes sont prêts à nous tuer, à nous torturer.

Connor plissa les yeux.

— Tsss. Ce n’est qu’une poignée d’entre eux. Ne rejette pas la faute sur le monde entier pour ce qui t’est arrivé.

Eos serra les poings, une lueur furieuse oragea la forêt dans son regard.

— Et combien d’autres sont comme moi, Connor ? Combien d’autres ont vécu des choses similaires entre les mains des Hommes ? Tu nous as aidés à fonder le refuge de la Loire, tu as été témoin des traumatismes de la plupart des gamins que nous avons recueillis ! Ce n’est pas parce que ta mère était différente que…

— Ne parle pas de ma mère ! gronda Connor. À moins que tu ne veuilles que nous parlions de ta famille ?

Il esquissa un geste du menton en direction de Loup.

— Il sait où Théodora et toi avez grandi ? Il sait…

— Boucle-la !

Cette fois, Loup perçut une intonation paniquée dans la voix d’Eos, peut-être à cause des accents trop aigus ou de la pâleur soudaine de sa peau. Connor jeta un bref regard autour d’eux. Lorsqu’il constata qu’ils étaient loin d’être seuls, il effaça la distance qui le séparait d’Eos pour chuchoter quelques mots au creux de son oreille. Loup n’entendit que le mot « Ville-Acier » et ne vit qu’une terreur sourde ternir les prunelles d’Eos. Celui-ci ne dit rien lorsque Connor fit volte-face pour reprendre leur route dans les dédales métalliques. Loup effleura son bras du bout des doigts pour attirer son attention. Eos réprima un sursaut avec peine, mais le geste sembla le ranimer.

— Tout va bien ? chuchota Loup avec hésitation.

Eos hocha vaguement la tête.

— Viens, éluda-t-il. Plus vite nous en aurons terminé, plus vite nous pourrons rentrer chez nous.

chez nous

Loup battit des cils un peu trop vite, acquiesça d’un mouvement vif et lui emboîta le pas. Il ne parvenait pas à se repérer dans ce labyrinthe grisâtre. Tout se ressemblait, s’assemblait dans un tourbillon de nuances argentées, pour provoquer une douleur lancinante dans son crâne. Au bout de ce qui lui parut être une marche interminable, après avoir descendu plusieurs escaliers, traversé un nombre incalculable de couloirs tous identiques les uns aux autres, ils s’arrêtèrent devant de hautes portes qui avaient dû être taillées dans différents métaux. Ceux-ci s’entremêlaient pour créer des volutes allant d’une teinte étain à un gris anthracite.

Loup sentit son cœur s’emballer dans sa poitrine lorsqu’elles s’ouvrirent sur une grande salle d’une sobriété dérangeante. Vide, vide, vide. Une immense baie vitrée donnait à voir l’étendue de la Ville-Acier et sa multitude de tours effilées, faites de métal et de verre. Loup déglutit ; à cet instant, il savait qu’il n’aurait jamais sa place à Bravo, ni dans aucune autre Ville-Acier. Ses pieds s’animèrent automatiquement pour le conduire près d’une longue table ovale, grise, toujours grise, autour de laquelle trônaient une quinzaine de fauteuils en cuir, tous inoccupés.

Il s’immobilisa. Face à eux, une femme se tenait debout, très droite, le visage impavide. Ses prunelles noir de jais étincelaient d’un éclat vif, d’une intelligence aiguisée. Le temps avait glissé sur elle sans y laisser aucune trace, sauf peut-être sur la raideur de ses épaules, la sévérité de sa posture et les petites rides au coin de ses yeux, qui trahissaient le poids des années vécues. Son menton dressé avec fierté toisait quiconque osait se présenter devant elle. Loup ne put s’empêcher de baisser la tête, trop intimidé pour croiser son regard.

— Je vous souhaite la bienvenue dans la salle du conseil du Ferralliage de Bravo.

Aucun de ses mots ne fut prononcé plus haut ou plus bas qu’un autre. Loup releva enfin le menton, mais l’attention de la femme était entièrement tournée vers Eos, qui la jaugeait avec autant de froideur et d’aplomb qu’elle ne le faisait.

— C’est trop d’honneur, répondit-il d’un ton détaché.

— Connor m’a beaucoup parlé de toi, Eos. En revanche, il ne me semble pas reconnaître ton ami.

— Connor n’a pas le privilège de connaître tout le monde.

La femme haussa un sourcil, puis tourna la tête vers Loup, qui ne put s’empêcher de rougir.

— Comment t’appelles-tu ?

Il bafouilla son prénom du bout des lèvres, s’attirant un rictus goguenard de Connor. Elle acquiesça sans que son visage ne laisse entrevoir la moindre émotion.

— Je suis Ava, la gouverneure de Bravo. Si la majorité des décisions sont prises par le conseil que je préside, je suis toutefois celle qui représente l’autorité de cette ville.

Elle leur adressa un geste de la main pour les inviter à s’asseoir. Eos ne bougea pas, se contentant de patienter, les traits figés dans la glace. Loup pouvait presque sentir l’air se refroidir autour de lui. Une lueur contrariée traversa le regard d’Ava, mais elle se volatilisa si vite qu’il se demanda s’il ne l’avait pas imaginée.

— Connor a dû vous expliquer la raison de votre présence à Bravo, n’est-ce pas ?

— Guérir le fleuve que vous avez empoisonné, répondit Eos, laconique.

Si Ava fut agacée par sa remarque, elle n’en montra rien.

— En échange de quoi vos crimes seront… oubliés, et nos militaires quitteront la région de Brocéliande.

Eos fronça les sourcils.

— Nos « crimes », comme vous les nommez, n’étaient que de la légitime défense. Le militaire que j’ai tué nous menaçait avec de l’acier.

— Parce que vous aviez infiltré la base. Il ne me semble pas que l’on puisse considérer cela comme de la légitime défense.

— Nous avions besoin de matériel pour nous défendre face à la présence croissante de vos militaires près de Brocéliande. Des militaires qui cherchaient des « Anormaux », qui étaient prêts à nous blesser pour mettre la main sur nous. Nous n’avons pas souhaité blesser qui que ce soit, mais tous ceux qui menaceront le refuge nous trouveront sur leur route.

Ils se toisèrent dans un silence pesant. Inconsciemment, Loup se rapprocha d’Eos, peu rassuré à l’idée d’être à la merci du premier venu dans cette salle trop grande.

— Tu n’es pas en position de force, laissa finalement tomber Ava. C’est un marché plus qu’équitable. Purifie le fleuve et vous serez en paix.

— Comment pouvez-vous me le garantir ? Qui me dit que vous n’attaquerez pas le refuge dès que je me serais exécuté ?

— Rien, reconnut-elle. Mais je pourrais également utiliser la manière forte pour t’y contraindre ; ravager le refuge de Brocéliande, capturer ses membres, ou même faire emprisonner ton ami ici présent jusqu’à ce que tu cèdes… Il existe des dizaines de façons bien plus violentes de te convaincre. À toi de voir ce que tu préfères.

Du coin de l’œil, Loup aperçut Connor tiquer, comme si celui-ci désapprouvait la menace froidement énoncée. Son regard glissa ensuite sur Eos, qui se tenait aussi droit qu’Ava. Son visage ne révélait rien de ses émotions, mais ses épaules contractées et ses poings serrés trahissaient sa tension.

— C’est pour cette raison que je ne peux pas faire confiance aux Hommes, constata-t-il.

— Je te promets que nous tiendrons parole, intervint Connor. Nous ne nous approcherons plus de Brocéliande.

Une lueur de regret subsistait dans son regard, mais Loup eut l’impression que ses propos étaient sincères.

— Tes promesses ne valent rien, le détrompa Eos. Mais je n’ai de toute façon pas le choix, donc menez-moi à votre fleuve puis vous nous laisserez rentrer chez nous.

Ava acquiesça.

— Il se fait tard. Nous vous y mènerons demain matin. En attendant, je vous transmets les dernières conclusions établies par nos scientifiques.

Elle souleva le dossier posé sur la table, auquel Loup n’avait pas prêté attention jusque-là. Connor se chargea de le récupérer et de le tendre à Eos, qui l’attrapa sans un mot. Il survola les feuilles couvertes d’encre d’un regard grave.

— Pour faire simple, déclara Ava, ils ont décelé une concentration anormale de particules métalliques dans l’eau, qui auraient une influence néfaste sur notre santé. Cela expliquerait la croissance exponentielle de maladies et de morts prématurées.

Eos lui jeta un coup d’œil mordant.

— Vous avez donc bel et bien empoisonné ce fleuve. Que se passerait-il si je parvenais à le soigner, sans garantie de réussir ? Combien de temps avant que vous ne détruisiez une autre parcelle de votre environnement ?

— Alors dans ce cas, j’imagine que je me souviendrai de l’emplacement du refuge et de ce jeune homme capable de guérir la nature.

Elle fit un geste de la main en direction de la sortie pour les inviter à prendre congé.

— Connor vous montrera vos chambres. Nous viendrons vous chercher à la première heure demain matin.

Leurs regards se heurtèrent une dernière fois, puis Eos fit volte-face, emportant le dossier avec lui. Loup lui emboîta aussitôt le pas, ne put réprimer un frisson en sentant peser sur son dos les prunelles sombres d’Ava. Lorsque Eos lui avait demandé de l’accompagner, Loup n’avait aucune idée de ce qu’il allait découvrir en mettant les pieds pour la première fois dans une Ville-Acier. Maintenant qu’il y était, il ne parvenait plus à mettre de côté la nervosité qui grimpait en lui, vorace et inépuisable. Il ne se sentait pas à sa place à Bravo, ne s’y pensait pas en sécurité. La présence de l’acier l’étouffait toujours plus, et il ne put s’empêcher de se demander si le métal finirait par l’intoxiquer lui aussi, à l’image du fleuve, même s’il ne le touchait pas.

Il déglutit, le cœur si lourd qu’il sombrait dans sa poitrine. Il n’était là que depuis quelques heures, mais Brocéliande lui manquait… La forêt lui manquait. Il adressa une prière muette à la Nature pour qu’ils puissent rentrer chez eux le plus vite possible.

 

***

 

Loup monta les escaliers d’un pas rapide, pressé de pouvoir respirer un peu d’air frais. Leurs chambres étaient situées au dernier étage, près de la vaste terrasse aménagée sur le toit du Ferralliage. Il avait préféré se laver avant de rejoindre Eos, qui s’était précipité sur le toit sans même prendre le temps d’entrer dans sa chambre – sans doute s’en moquait-il d’ailleurs. Loup avait donc découvert avec étonnement la cabine de douche immaculée, lui qui s’était toujours baigné dans les rivières. Il n’avait pu réprimer un cri en recevant une trombe d’eau glacée avant de comprendre qu’il devait régler la température, avait ensuite manqué de s’ébouillanter. Finalement, il s’était lavé en un temps record, en était sorti transi de froid – ce qui lui semblait préférable à d’éventuelles brûlures –, et avait regagné la chambre à laquelle la salle de bain était accolée pour éviter une autre surprise de cet acabit. L’endroit lui paraissait trop grand, trop luxueux… Son malaise n’avait pas tardé à revenir lui nouer le ventre.

Connor leur avait indiqué l’accès aux escaliers en les conduisant jusqu’aux chambres, puis il les avait informés qu’on leur amènerait un repas, sauf s’ils préféraient se mêler aux autres résidents du Ferralliage. Eos s’était contenté de le fusiller du regard pour toute réponse. Connor avait souri, comme s’il s’attendait à cette réaction, mais une étrange affection brillait dans ses yeux.

Loup atteignit enfin le sommet des marches. Il poussa une lourde porte – qui avait le mérite de ne pas être en acier, même s’il était bien incapable d’en déterminer le matériau. Il referma derrière lui, puis il pivota pour observer la terrasse. Il n’y avait aucune comparaison possible avec Brocéliande, mais de nombreuses jardinières accueillaient des plantes pour donner l’impression d’évoluer au milieu de la nature. Des fougères et des herbes folles se partageaient l’espace avec de petits arbustes empotés, ce qui fit grimacer Loup. Ces plantes n’avaient rien à faire dans des récipients, elles auraient dû pouvoir s’épanouir librement dans la nature. Et pourtant… Elles étaient sans doute vitales pour les quelques Anormaux qui demeuraient ici, probablement les seuls à venir sur cette terrasse.

Le crépuscule s’était noyé dans le lointain, mais la nuit n’était pas encore tombée, donnant naissance à un doux clair-obscur où les étoiles n’existaient pas. Pouvaient-elles seulement naître au-dessus d’une ville ? Il s’avança entre les jardinières. Il éprouva un petit pincement au niveau du cœur en constatant que certaines plantes faisaient grise mine. Il s’efforça de repousser cette pensée pour se concentrer sur son but, à savoir retrouver Eos. Il ne devait pas être loin ; la terrasse n’était pas si grande après tout. Au bout de quelques pas, les échos d’une conversation attirèrent son attention. Il s’orienta dans cette direction en reconnaissant la voix d’Eos, s’immobilisa derrière un grand buisson en entendant Connor lui répondre.

— Bravo n’est pas aussi terrible que tu sembles le penser…

— Et quoi ? répliqua Eos. Tu envisages vraiment de rester dans une Ville-Acier ?

— Qu’est-ce que cela m’apporterait de me terrer dans une forêt ? Ava me fait confiance, elle croit en mon projet. Je ne peux pas dire que ça ait un jour été ton cas.

— Parce que c’est de la folie. Tu raisonnes comme tous ceux qui souhaitent faire disparaître la Nature.

Loup avait la désagréable impression qu’il n’aurait pas dû se trouver là, mais il ne parvenait pas non plus à rebrousser chemin, encore moins à révéler sa présence.

— Je n’ai jamais souhaité voir la Nature disparaître, répondit Connor d’un ton dur. Tu oublies que j’y suis lié, moi aussi. En revanche, je cherche à ramener un équilibre dans ce monde en perdition.

— Tu ne veux pas d’un équilibre, réfuta Eos. Nous en avons suffisamment parlé pour que j’en sois convaincu. Tu désires un retour au monde d’avant le Basculement, le monde tel qu’il était avant que la Nature ne reprenne le dessus. Mais nous ne pourrons jamais y revenir ! Les Hommes l’ont détruit, tu ne ressusciteras pas son fantôme !

— En quoi est-ce mal de vouloir revenir à ce monde où les Hommes et la Nature cohabitaient ?

— Parce que c’est le monde d’hier qui a créé le monde d’aujourd’hui ! cria Eos. C’est l’égoïsme des Hommes qui a engendré leur haine, c’est leurs actes cruels qui ont engendré les Villes-Acier ! Regarde : malgré le Basculement, ils continuent d’empoisonner ce monde où ils nous dénient le droit d’exister ! Ta mère t’a peut-être bercé de légendes sur le passé, mais ce n’est qu’un tissu d’illusions !

Un long silence suivit ses paroles. Paralysé par ce qu’il entendait, Loup n’osait plus bouger, ni même respirer. Puis, Connor reprit la parole d’une voix calme, lente presque, songeuse :

— Tu me reproches de pourchasser le passé, mais tu ne parviens pas à échapper au tien, Eos… Tu parles de la haine des Hommes, mais tu rêverais de les voir disparaître. Et tu maudis les Villes-Acier, parce qu’au fond de toi, l’enfant que tu as été en est toujours prisonnier.

Loup sentit une pierre tomber dans son estomac.

Tu maudis les Villes-Acier, parce qu’au fond de toi, l’enfant que tu as été en est toujours prisonnier.

Il s’était interrogé, parce que Théodora refusait d’y mettre les pieds, parce qu’Eos et elle semblaient trop bien connaître l’acier, parce qu’il y avait eu de vagues sous-entendus, mais Connor confirmait ce qu’il avait refusé de croire. Parce qu’en dépit de ses doutes, il lui paraissait inimaginable qu’Eos soit né dans une Ville-Acier, soit parvenu à y survivre, puis à fuir, qu’il ait eu la force de revenir dans l’un de ces lieux pour protéger le refuge.

— Je ne minimise pas ce qu’on t’a infligé, reprit Connor avec douceur. Je sais que là-bas, tu as vécu l’horreur, mais tous les Hommes ne sont pas aussi cruels. Il existe de l’espoir : Théodora en est la preuve.

— Théodora est une exception, répliqua Eos d’une voix tremblante. Et toi tu étais la nôtre, parce que tu te rêvais en Homme alors que tu n’étais qu’un Anormal.

Un soupir résonna, comme si Connor renonçait à essayer de le convaincre. Loup se décala légèrement et aperçut son visage, sur lequel flottait un voile de nostalgie. Regrettait-il cette scission survenue entre les membres du refuge et lui ?

— Vous me manquez, murmura-t-il.

Loup dut tendre l’oreille pour saisir ces mots.

— Tu avais promis que tu veillerais sur nous… Que nous serions une famille.

Il ne voyait toujours pas le visage d’Eos, mais il percevait la tristesse sourde que recelait sa voix, soudain plus frêle qu’à l’ordinaire.

— Je te faisais confiance, poursuivit-il. Mais tu as fini par détruire tout ce que nous avions construit… Est-ce que cela en valait la peine ?

— Sans doute pas, mais il est trop tard pour rebrousser chemin.

Le silence s’étira de nouveau entre eux, si lourd que Loup sentit une peine qui n’était pas la sienne l’envahir. Derrière leur colère, il y avait un amas de regrets, de rancœurs, les ruines d’une relation qui n’aurait jamais dû finir ainsi.

— Laisse-moi, souffla Eos. S’il te plaît…

Loup n’entendit pas de réponse, mais les pas de Connor s’estompèrent à mesure qu’il s’éloignait. Une fois le silence revenu, il attendit quelques instants, incertain sur la conduite à suivre, puis il décida de quitter sa cachette. Eos se tenait accoudé sur une balustrade, le regard perdu sur l’immensité de la Ville-Acier. Une plante aux larges feuilles effleurait sa joue. Il ne se retourna pas, mais sa voix s’éleva dans l’air lorsque Loup s’approcha :

— Tu as tout entendu, n’est-ce pas ?

Loup ne s’étonna pas vraiment qu’Eos ait perçu sa présence, sans doute dès son arrivée sur le toit. Il ne songea pas une seconde à mentir, avoua la vérité du bout des lèvres, les joues rouges.

— Tu peux poser ta question.

— Tu as… Tu as vécu dans une Ville-Acier ?

Eos resta immobile un instant, puis il acquiesça, comme si le geste lui coûtait.

— Nous y sommes nés, Théodora et moi, et nous y avons grandi jusqu’à mes quinze ans.

Jusqu’à leur fuite.

— Ce n’était pas Bravo, n’est-ce pas ?

Rien ne semblait lier Eos à cette ville, mais si ce n’était pas Bravo…

— Non… Nous avons vécu dans la ville Alpha.

Cette fois, Eos se tourna vers lui, les traits tordus par une souffrance ancienne. Loup déglutit. Les Anormaux n’étaient pas vraiment les bienvenus à Bravo, mais de ce qu’il avait entendu, cette ville n’égalait en rien la politique d’Alpha, réputée pour sa haine farouche envers la Nature, pour sa cruauté envers les Anormaux. Alpha ne désirait pas retrouver un équilibre ; elle souhaitait éradiquer tout ce qui était lié de près ou de loin à la Nature. À cet instant, Loup eut l’impression de n’avoir jamais aussi bien compris la haine que ressentait Eos envers les Hommes, miroir de celle qu’il avait subie entre leurs mains.

les brûlures

l’envie de mourir

Les iris vert forêt brillaient d’un éclair surnaturel, mais cette fois, Loup devina que cela n’avait pas de lien avec le Don d’Eos. Plutôt avec les larmes qu’il refusait de laisser couler. Celles de

l’enfant

l’adolescent

l’adulte

brisé.

— Les Anormaux n’ont pas le droit d’exister à Alpha. On les enferme, parfois, on les tue, souvent. Certains parviennent à rester cachés, mais jamais au grand jamais ils n’auront le droit de vivre comme les autres. J’ai vécu prisonnier d’une tour de métal, dans l’appartement de ma… famille, où le moindre objet était susceptible de me brûler.

Sa voix se brisa. Il ferma les yeux, puis reprit avec une lenteur teintée d’amertume :

— Je ne sortais presque jamais. Des précepteurs venaient me faire cours pour faire bonne mesure, tandis que Théodora allait à l’école, vivait une vie… normale, où elle devait prétendre que son frère était malade et ne pouvait pas sortir de chez eux. Lorsqu’elle rentrait le soir, elle me racontait sa journée dans les moindres détails, pour que je puisse vivre à travers elle, à défaut d’avoir le droit d’exister par moi-même. Et moi… je rêvais de pouvoir un jour m’échapper de cette prison d’acier.

Il inspira, bascula légèrement sa tête vers l’arrière.

— Certains jours, quand le ciel était suffisamment dégagé, j’apercevais la forêt au loin. Je restais assis des heures entières près de la fenêtre à m’imaginer là-bas, à me demander ce que je ressentirais si je pouvais marcher au milieu des arbres. À l’époque, je n’avais qu’une vague idée d’à quoi ressemblait la forêt. Mon univers n’était fait que d’acier.

Loup fit un pas vers lui, la gorge nouée. Eos rouvrit les yeux à cet instant, posa sur lui un regard trop brillant, trop douloureux.

— Ma famille haïssait ce que j’étais, ce que je représentais. Ma mère faisait mine d’ignorer que je n’étais pas comme eux, agissait comme si je ne craignais pas l’acier. Et lui… Je suppose qu’il m’a laissé la vie sauve par égard envers ma mère, mais il s’est assuré de me faire regretter chaque seconde de mon existence, de me faire comprendre que je n’aurais jamais dû naître…

Il ravala un sanglot. Loup aurait aimé apaiser sa peine, mais peut-être que l’écouter était le mieux qu’il puisse faire…

— J’y croyais tellement, Loup. Je ne savais plus comment me persuader que je pouvais vivre, que… j’en avais le droit.

Un hoquet étrange lui échappa, fissura le cœur de Loup. Celui-ci combla enfin la distance qui les séparait, effleura son bras avec un sourire timide, comme si cela avait le pouvoir d’effacer la tristesse d’Eos. À son grand étonnement, les traits du jeune homme s’adoucirent. Son regard verdoya.

— Je croyais vraiment que les choses changeraient lorsque nous avons rencontré Connor, mais c’était une erreur. Et je le hais autant que les Hommes de nous forcer à les côtoyer, de nous mettre en danger dans ses propres intérêts.

Loup prit son courage à deux mains pour enfin poser la question qui lui brûlait les lèvres :

— Que… Que s’est-il passé avec Connor ? Comment… vous êtes-vous rencontrés ?

— Longue histoire, murmura Eos. Mais tu as bien le droit de la connaître.

Il prit une inspiration tremblante, entrouvrit les lèvres… Son récit s’en échappa.

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Tac
Posté le 24/01/2023
Yo !
Pour le coup on avance bien dans ce chapitre, c'est cool ! C'est chouette d'en apprendre plus sur le passé d'Eos et d'enfin rentrer dans l'une des fameuses villes d'acier. j'ai bien aimé la réflexion sur le comportement de la ville de Bravo : trouver une résolution au problème sans se préoccuper d'empêcher le problème de survenir en premier lieu. L'écho avec la réalité est transparent.
Cela dit, j'ai complètement oublié où se situait Bravo, j'ai l'impression qu'en hélicoptère ce petit monde y est très rapidement mais dans ma tête je place la ville à Marseille... (va savoir pourquoi)
Je me suis demandé quel était le statut de Connor ; c'est un ado comme Eos mais il semble être le chef des militaires, en tout cas lors de l'opération ; ça m'interroge. Pour moi Connor était employé pour attirer Eos mais une fois Eos arrivé entre les mains des militaires c'était un gradé qui prendrait la suite des opérations, mènerait la troupe jusqu'à Ava... Bien que Bravo ne soit pas Alpha, ça me pose quand même question car Connor reste 1) un Anormal 2) un ado ! Je sais qu'on est sur du Young Adult, mais quand même..
Je trouve qu'il y a de beaux efforts sur le show don't tell mais parfois on y retombe un peu ; en disant que Loup ne se sent pas à sa place dans la ville par exemple, je pense que ça tu pourrais ne le préciser nulle part et juste distiller partout des remarques montrant qu'il ne se sent pasbien : que ses poumons brûlent des particules de l'acier, des trucs comme ça.
Concrnant le luxe, je m'étonne que Loup ne soit pas plus étonné que ça. Au vu de l'univers, c'est la première fois qu'il est confronté au luxe, je me demande même s'il avait la notion que ça existait et à quoi ça pouvait ressembler ? Là encore je crois que tu pourrais plus accentuer le show plutôt que de le formuler en une phrase.
Plein de bisous !
Mathilde Blue
Posté le 30/01/2023
Coucou !

Désolée pour le temps de réponse, je suis à la bourre ^^

Oui, on découvre plein de choses dans ce chapitre, il était chouette à écrire pour ça ! Et la mentalité de Bravo est en effet très actuelle, malheureusement...

Haha, pour Bravo, ça se situe bien vers Marseille, j'ai essayé de faire des estimations du temps qu'il fallait en hélicoptère mais ce n'était pas un franc succès, je vais allonger un peu le temps de vol xD

Alors pour Connor, il faudrait que je le précise plus clairement, mais il est plus âgé, il a au moins 2-3 ans de plus qu'Eos, donc il n'est plus un ado mais vraiment un jeune adulte. Et disons qu'il s'occupe simplement de ce qui touche les Anormaux et sa quête, mais à part cela il n'a pas de place dans l'armée, il est vraiment à part et son rôle est entièrement fondé sur son "partenariat" avec Ava. Je retravaillerai dessus ! De toute manière quitte à reprendre toute la première partie, autant le faire jusqu'au bout x)

C'est noté pour le show don't tell :) J'avoue qu'en ce qui me concerne je ne trouve pas que le tell soit entièrement à jeter non plus, surtout en narration interne, ça me semble logique que les personnages aient ce genre de réflexion !

Pour le luxe, Loup ne sait pas utiliser de douche par exemple xD Il avait cependant déjà entendu des récits sur les Villes-Acier donc il ne tombe pas complètement des nues non plus !

Merci beaucoup pour ton retour, je note tout ça !
Plein de bisous :D
Neila
Posté le 17/01/2023
On sent bien à quel point c’est étouffant pour les anormaux de vivre dans une ville acier, ou juste monter dans un hélico. Je trouve que tu fais un très bon travail de ce côté là, ça prend aux tripes ! Je me sens aussi malade qu’eux en lisant. x’D Pauvre Eos ! Imaginer qu’il a grandi comme ça… Oo

La question que je me pose, maintenant, c’est : ses parents sont-ils des gens importants ? Le fait qu’Eos n’ait pas fini tué et ait eu le droit à des précepteurs me fait me poser la question. Même s’il a été séquestré et maltraité, ça ressemble quand même à un « traitement de faveur » par rapport à ce que tu décris de la ville Alpha, mais je m’avance peut-être.

Ce chapitre apporte un peu de nuances bienvenues au personnage de Connor. Je crois qu’il veut sincèrement se rabibocher en douceur avec ses anciens amis, mais pas sûre que la gouverneure l’entende de cette oreille. À mon avis, c’est d’elle que va venir l’embrouille. è.é L’histoire du fleuve empoisonné est peut-être vraie, mais je suis sûre qu’ils veulent plus que ça. Peut-être que c’est un test pour voir de quoi Eos est capable ?

Mais couper le chapitre pile au moment des révélations !:O C’est sadique, ça ! Est-ce qu'on va avoir le fin mot de l'histoire au chapitre suivant, d'ailleurs, ou est-ce que tu vas faire le coup de passer la conversation sous ellipse ? Ce serait cruel (mais ça peut fonctionner, selon l'effet recherché).

J’ai relevé une petite faute de temps, au début :
« Loup retient sa respiration lorsque l’hélicoptère amorça un virage. » → « retint »
Et une phrase que j’ai bien aimé :
« La menace flotta dans les eaux troubles du silence. » très joli métaphore ! C’est bien trouvé.

À vite… ? 0:D
Mathilde Blue
Posté le 17/01/2023
Coucou !

Ravie que leur malaise soit bien perceptible hehe. Toujours un plaisir (non) xD Non les pauvres en vrai, pourquoi ils ne peuvent pas rester tranquillement dans leur forêt ?

C'est une piste très intéressante pour les parents d'Eos ^^ Il a effectivement eu une sorte de traitement de faveur. Je ne peux évidemment pas te répondre davantage, mais tu peux garder l'information dans un coin de ta tête :p

Oui ! Connor s'y prend très mal mais il est sincère au fond. Le problème c'est juste qu'avec son approche ça ne risque pas de fonctionner pour l'instant x) Quant à la gouverneure... Je te laisserai découvrir ce qu'il en est de ses intentions ^^

Alors, c'est vrai que ça a l'air sadique de couper comme ça, mais la vraie raison c'est que le prochain chapitre se déroulera dans le passé pour retracer la rencontre d'Eos et Théodora avec Connor, donc c'était forcément un chapitre à part !

Oups, bien vu pour la faute ^^ Et merci pour la métaphore !

À... j'essaie de publier la suite dans pas top longtemps, j'ai encore quelques chapitres d'avance x)

Merci encore pour tes retours, ils me font chaud au coeur !
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