Chapitre 14

Par Isapass
Notes de l’auteur : Ce chapitre est particulièrement long. Dites-moi si vous lui trouvez des longueurs, je me suis peut-être un peu laissée aller.

Personne n’est revenu avant qu’on quitte notre campement. On a rassemblé vite fait tout ce qui traînait, j’ai mis le hamac de Voyage en bandoulière, et puis on a décampé, tout ça sans échanger un mot. J’ai eu une pensée pour le bon contremaître qui allait nous attendre pour rien, le lendemain. Au bout du compte, il nous rangerait dans la catégorie bons à rien. Dommage, ça m’avait fait plaisir qu’il nous place au-dessus du lot.

Alors qu’on marchait en silence, l’image du brave gars et de ses gamelles appétissantes qu’il reverrait jamais m’est sortie de la tête. À présent, concentré sur le tracé de la route qu’on distinguait à peine, c’est la gueule de l’autre que je voyais. La peau rougie, les cloques, les fumerolles qui montaient de son crâne dansaient devant mes yeux, ses hurlements résonnaient dans mes oreilles et l’odeur dégueulasse de chair cramée remplissait mes narines. J’en revenais pas que le type soit pas au moins tombé dans les pommes. J’étais pas loin de vomir en imaginant la douleur, pourtant une petite voix me soufflait qu’il avait qu’à pas s’en prendre à Mercy, que c’était que justice que Walt ait été là.

Avec tout ça, j’ai pas vu Mercy qui s’approchait de moi.

— T’avais raison pour Walt. Pour sa magie. C’est incroyable.

Elle avait murmuré, les yeux rivés sur Big Boy qui marchait vingt pas devant nous. Au début, j’ai cru qu’elle vérifiait qu’il nous entendait pas, mais c’était autre chose. Elle pouvait pas détacher son regard de l’ombre géante qu’il formait sur le ciel de nuit. Et un sourire étrange flottait sur sa figure, comme si elle contemplait… ouais, comme si le Bon Dieu en personne avait chargé notre barda sur son épaule pour faire un bout de chemin avec nous.

— Et… tu trouves pas ça… effrayant ?

Elle a enfin lâché le dos de Walt pour me lancer ce regard moitié dégoûté, moitié surpris auquel j’avais droit un peu trop souvent à mon goût et qui me donnait l’impression d’être un crétin fini.

— Mais pourquoi diable ça me ferait peur ? Et pourquoi toi t’as peur, Sam Carson ? T’as vu comme moi ce qui arrive aux sales types qui s’en prennent à nous, non ?

— Ben oui, justement, j’ai chuchoté. J’ai aussi vu un gars se faire broyer le pied sous une poutre, on a dû l’amputer ensuite. Et trois autres avec la tête qui avait explosé de l’intérieur et qui pleuraient des flaques de sang. Je crois bien… je crois bien qu’il a aussi arrêté une tornade. Et il bouge même pas le petit doigt pour faire ça.

Mercy a rien répondu, mais son visage s’est fermé. J’ai continué, si bas que j’avais du mal à m’entendre moi-même :

— Tu trouves pas que ça fait beaucoup de pouvoir entre les mains d’un…

Le coup d’œil qu’elle m’a jeté m’a mis au défi d’utiliser le bon mot.

— Enfin, tu vois ce que je veux dire ? Walt est pas toujours très… très malin, quoi !

Elle a redressé le menton, et à nouveau, le sourire étrange s’est dessiné sur ses lèvres. Dans son hamac, Voyage s’est agité et elle a poussé un petit couinement annonciateur de pleurs. Elle devait commencer à avoir faim. J’ai écarté les pans de toile pour la regarder ; comme d’habitude, ses yeux verts m’ont volé un battement de cœur.

— Moi je dis que Walt est là pour veiller sur nous. Sur toi, sur moi et sur Voyage. S’il a fait tout ça à ces hommes, c’est qu’il fallait le faire, c’est tout.

Elle a attrapé la petite dans le hamac et l’a soulevée à hauteur de regard.

— Tu veux même que je te dise ce que je crois vraiment, Sam Carson ? elle a dit en souriant à sa fille. Peut-être que Walt est pas le plus malin, mais c’est pas grave, parce qu’il est pas tout seul.

— Ben, on est là, oui. Mais justement, je pense pas être celui qu’il faut pour lui donner des conseils !

— C’est pas de ça que je parle. Pas de toi ou de moi.

Elle a pointé un doigt vers les étoiles.

— Je crois que Walt est un ange. Qu’il a été envoyé pour nous.

— Envoyé… de là-haut, tu veux dire ? Par…

— Exactement.

Je me suis retenu pour pas lever les yeux au ciel. Que Walt soit spécial, j’en avais jamais douté, mais un représentant du Bon Dieu… J’en aurais presque rigolé.

— Faut qu’on s’arrête pour que je la nourrisse, a dit Mercy en montrant une grosse pierre sur le bord du chemin.

J’ai chassé d’un geste l’histoire de l’ange et je l’ai suivie, encore tout absorbé par mes questions.

— Mais comment il fait pour choisir ce qu’il doit faire ? S’il doit les tuer, leur prendre un pied ou leur cramer la figure ? Le gars de ce soir, par exemple, il le connaissait pas. C’est dur de décider quelle punition mérite quelqu’un quand on sait pas tout, tu crois pas ?

— Si Walt l’a fait brûler, c’est qu’il le méritait, c’est tout.

Elle m’a tendu Voyage le temps d’ouvrir les boutons de sa robe.

— Et toi, Sam Carson, a soudain dit la voix de puits de Walt derrière moi. Tu penses qu’ils méritaient c’qu’ils ont eu, ces hommes ?

Dans la nuit, la clarté de ses yeux paraissait scintiller au-dessus de son sourire doux. J’ai senti mes genoux faiblir une seconde. Et comme je savais pas quoi dire, j’ai haussé les épaules.

 

***

 

On a marché toute la journée du lendemain à travers cette plaine où tout se ressemblait. C’était pas désagréable, mais j’avais l’impression qu’on repassait sans cesse devant les mêmes bouquets d’arbres, les mêmes croisements, le long des mêmes champs de blé et de maïs.

Au début de l’après-midi, j’ai remarqué que Walt avait pas dit un mot depuis des heures. Il était jamais bien causant, mais d’habitude il suivait nos conversations et y réagissait par des sourires ou des hochements de tête. Cette fois, il regardait la poussière du chemin quelques pas devant lui, comme s’il était tout seul. Il s’est même laissé distancer, ce qui arrivait jamais. Mercy l’interpelait de temps en temps, mais tout ce qu’elle récoltait, c’étaient des coups d’œil absents.

Au soir, quand on a aperçu une petite ville au loin, il s’est arrêté net, les deux pieds plantés sur la route. Il a contemplé longuement les lumières qui commençaient à apparaître sur les habitations, et puis il a repris sa marche. On aurait dit que sur son dos nos paquetages avaient doublé de poids. À peine quelques centaines de pas plus loin, il a enfin ouvert la bouche en désignant un chêne aux branches immenses.

— On va dormir là. Ça donnera rien d’bon d’arriver à cette heure.

Il a pas attendu notre avis pour bifurquer. Au pied de l’arbre, il a déposé les sacs et il est parti ramasser du bois. Mercy et moi, on a pas fait de commentaires, mais on sentait bien qu’il y avait quelque chose de bizarre.

 

On est rentrés dans le bourg au matin. À l’entrée, une pancarte annonçait « Blaueshaus ». C’était une de ces villes qui s’étaient jamais développées depuis leur création : une rue principale avec quatre commerces, une dizaine d’autres qui la coupaient, et c’était tout. Cinquante ans en arrière, avant la guerre, ça devait déjà avoir la même tête.

On s’est dirigé vers l’épicerie pour acheter de quoi manger les prochains jours. Le commis noir s’est précipité pour servir Mercy, mais il a reculé en me voyant entrer à sa suite. Il a tourné les yeux vers le comptoir, l’air paumé, en se demandant apparemment qui devait s’occuper d’un couple moitié noir, moitié blanc. Derrière sa caisse, le patron a pincé le nez, puis il s’est désintéressé de la question pour se remettre à empiler ses pièces.

— Vous inquiétez pas, j’ai dit, ça ira.

Alors qu’il suivait les indications de Mercy et qu’il préparait nos paquets, je me suis rendu compte que Walt attendait pas devant le magasin. J’ai jeté un coup d’œil par la vitrine sans le voir nulle part. Comme il avait pas ouvert la bouche depuis qu’on avait installé le camp la veille au soir, j’étais pas complètement tranquille. Mais Mercy m’a appelé pour payer et porter nos achats et j’ai rappliqué à la caisse.

— Vous savez si y a des commerçants ou des fermiers qui cherchent des journaliers, dans le coin ? j’ai demandé au commis avant de partir.

— Ça m’étonnerait, y a pas grand-chose, ici, il a répondu avec une moue d’excuse. Vous aurez plus de chance à Almhouse. C’est beaucoup plus grand. Et c’est à peine à trois heures, à pied. Tout droit en suivant la route.

On l’a remercié et on est sortis. Dehors, il y avait pas trace de Walter. On a cherché dans les allées autour de la boutique sans lui mettre la main dessus. Le village était pourtant minuscule. J’ai fini par interpeler un vieux type qui fumait assis sur un banc.

— Vous avez vu passer un homme très grand, avec des sacs sur le dos ?

Il a pointé le tuyau de sa pipe sans hésiter vers le bout de la grand-rue, du côté opposé à celui par lequel on était venus. Quand on y est arrivés, on a découvert une église blanche, et le cimetière qui s’étendait derrière. Un petit enclos avec des barrières fatiguées. Walt se tenait sur un bord, la tête basse et les deux mains chiffonnant sa casquette. On l’a rejoint sans dire un mot. Sur la croix devant laquelle il était planté, j’ai déchiffré « Elizabeth Cobb, 1821 - 1880 ». Par terre, il y avait un bouquet, des minuscules fleurs sauvages, pareilles à celles qui poussaient tout autour du cimetière. C’était pas très dur de comprendre que Walt les avait cueillies pour sa mère. Quand j’ai enfin tourné les yeux vers lui, j’ai vu les larmes qui lui dégringolaient le long des joues. Des vraies rivières. Et pourtant pas un son qui sortait de sa gorge. Ça coulait comme une fontaine de tristesse pure, sans colère, sans résistance. Je me suis demandé comment c’était possible.

Mercy a pris la main de Walt et pour une fois, c’est elle qui a prononcé une prière, toute simple.

— Seigneur, veillez sur ceux qui vous ont rejoint au ciel comme la maman de Walt. Et sur ceux qui nous manquent. Amen.

Elle aussi, elle a versé une petite larme. C’était peut-être de voir Big Boy pleurer comme un enfant — c’est vrai que ça faisait tout drôle —, mais sa voix s’était cassée sur « ceux qui nous manquent ». Et il y avait ces moments de cafard régulier depuis la naissance de Voyage, que je m’expliquais pas. C’était qui, celui ou ceux qui lui manquaient ?

On a attendu là le temps que les ruisseaux tarissent, puis on est sortis de l’enclos.

— C’était une très bonne mère. Elle m’expliquait très bien les choses, quand j’étais p’tit, et elle criait jamais. Pourtant y m’fallait du temps pour comprendre. J’étais un peu bêta.

On est repartis vers la ville. Au bout de quelques pas, je l’ai entendu ajouter à mi-voix :

— Comme maint’nant, quoi. Pauv’ mère…

 

On a repris la route. Walt semblait redevenu lui-même. On a même eu droit à son rire quand on a croisé une voiture à moteur, conduite par un vieux chauffeur qui avait l’air aussi terrorisé que son vieux passager. Le bruit était infernal et ça laissait une odeur horrible en passant, mais c’est vrai que ça avançait à une vitesse folle. La tête des deux bonshommes disait si clairement qu’ils maîtrisaient rien qu’on en a oublié d’être impressionnés pour s’en payer une bonne tranche — sauf Voyage qui a pas du tout apprécié le boucan. Après ça, Walt a marché devant, comme il le faisait en général.

Un peu plus loin, un chemin secondaire bifurquait vers la droite. Elle partait vers les collines qui marquaient la limite de cette cuvette où on était depuis quelques jours. Big Boy l’a prise sans ralentir.

— Walt ! J’ai appelé. Il faut qu’on reste sur la route principale pour aller jusqu’à Almhouse. Le commis de l’épicerie, à Blaueshaus, disait qu’on avait des chances de trouver du boulot, là-b…

Il s’était retourné d’un bloc et ce que j’ai vu sur sa bobine m’a fait taire. Une peur horrible. Tellement forte qu’elle ressemblait à celle d’un chien qu’on menace d’un bâton. Y avait plus les filtres d’une raison humaine, là. Et comme celle du chien, la terreur s’accompagnait de colère toute prête à exploser. Pendant une seconde, j’ai eu l’impression que c’était moi qu’il voulait mordre. J’ai senti mon dos se mouiller et d’instinct, j’ai guetté les fourmis sur ma peau en me disant que si elles arrivaient, je serais mort une seconde plus tard. Mercy avait pas vu tout ça, apparemment, parce qu’elle a insisté :

— On a plus rien, Walt, on a dépensé nos dernières pièces à l’épicerie. C’est pas comme si on avait le choix, il faut qu’on travaille ! Et vite ! Par ta route, il doit pas y avoir de villes avant des miles.

Il s’est tourné vers elle… et il s’est écroulé. Comme une tour qui s’effondre, sur place. Le cul dans l’herbe, les bras encore passés dans la lanière des sacs, il a mis la tête entre les genoux et il a commencé à se balancer. Mercy m’a collé Voyage dans les mains et s’est ruée vers lui.

— Walt ! Walt ! Qu’est-ce qui t’arrive ?

Je l’avais déjà vu comme ça, quand il avait été coincé dans l’abri carré près de Trinity. J’avais pensé à une bombe à ce moment-là. J’ai forcé mon corps à se relâcher. Aussitôt, j’ai eu honte d’avoir eu peur de lui. Il me ferait jamais rien, pas à moi, j’en étais sûr. Cependant, ça expliquait pas ce qu’il le mettait dans cet état.

— Laisse, j’ai dit à Mercy. Il a juste besoin de temps. De toute façon, tant qu’il sera comme ça, pas moyen d’aller à Almhouse, personne nous embauchera.

Alors on s’est assis à côté de lui et on a attendu. On a fait du café et Mercy a nourri la petite. De temps en temps, on adressait à Walt un mot ou un geste, pour qu’il sache qu’on était là. J’espérais quand même qu’il allait pas tarder à se reprendre, parce que la route était assez passante et qu’on avait vraiment l’air de miséreux, posés sur le bas-côté. Pas que l’opinion qu’on se faisait de moi m’importait, mais dans certains comtés, on aimait pas trop les traîne-savates. Je redoutais qu’un cul-pincé alerte le flic du coin et qu’on récolte des emmerdes. Sans compter que j’avais toujours en tête l’histoire de Harper Wilkinson qui recherchait Mercy. Je croisais les doigts pour que depuis, tout ça se soit tassé, que le shérif l’ait bien remis à sa place comme il l’avait dit. N’empêche que moins on ferait parler de nous, mieux ça valait. Surtout qu’on était pas si loin de Pierce Rock, finalement, puisqu’en quelques mois, les évènements nous avaient fait dessiner une sorte de grande boucle.

Petit à petit, Big Boy a arrêté de se balancer. Je l’entendais inspirer de profondes goulées d’air par le nez, comme s’il cherchait à se gonfler de courage. Au bout de deux heures, il a relevé la tête, puis il l’a hochée pour nous montrer qu’il était prêt.

Au début de l’après-midi, on atteignait Almhouse. En réalité, la ville s’appelait Almhouse of the Innocents, d’après la pancarte qui annonçait aussi plus de huit mille habitants.

— J’sais ptêt où on peut trouver du travail.

Walt avait toujours l’air secoué, je m’attendais pas à l’entendre si tôt. Pourtant il a marché à travers les rues en contournant le centre, jusqu’à une série d’entrepôts sur lesquels était peinte en grandes lettres l’inscription « Barton & sons : métal et bois de construction ». On s’approchait des bureaux qui jouxtaient l’un des bâtiments, quand une vieille femme en est sortie. Elle était minuscule, mais elle se tenait aussi droite qu’un général. Elle s’est arrêtée net en nous voyant, puis elle s’est remise à avancer vers nous. J’avais du mal à distinguer son expression sous sa voilette. J’ai quand même remarqué qu’elle avait d’yeux que pour Big Boy.

— Walter Cobb, elle a soufflé en arrivant à notre hauteur. Seigneur…

Elle s’est couvert la bouche de la main droite et a attrapé celle de Walt avec l’autre. Mercy et moi on a reculé sans se concerter. On sentait bien que ce qui se passait, ça nous concernait pas vraiment.

— Bonjour, Mrs Barton, a dit Walt avec un sourire triste en enlevant sa casquette.

— J’avais oublié à quel point tu étais grand.

À présent, la dame tenait les deux mains du géant. Elle se dévissait le cou pour voir son visage et même à travers sa voilette, je trouvais son regard implorant. Au bout d’une minute, elle s’est ressaisie.

— Qu’est-ce qui t’amène à Almhouse, après toutes ces années ?

Walt nous a présentés, en expliquant qu’on cherchait du travail comme journaliers. Le sourire de Mrs Barton s’est élargi quand elle a vu Voyage. Elle s’est exclamée qu’elle avait jamais vu d’aussi beaux yeux, sans aucune remarque sur sa peau claire ni même paraître s’étonner de la présence d’une jeune femme noire et d’un bébé avec nous. Elle avait déjà gagné mon estime à ce moment, mais en plus elle a dit :

— On s’occupera de vous trouver du travail demain. Pour l’heure, vous allez venir vous installer chez moi.

 

J’étais jamais entré dans une maison comme celle de Mrs Barton. C’était une grande construction dans le centre d’Almhouse, sur trois étages. Le bardage était peint d’un vert doux qui accentuait le blanc des fenêtres et des poteaux ouvragés de la véranda. Ça faisait si propre qu’on a eu du mal à passer le seuil derrière notre hôtesse. Faut dire que la bonne, elle, nous reluquer d’un air dégoûté ; elle devait sûrement se retenir de balancer à sa patronne qu’elle avait perdu la boule. Mrs Barton l’a ignorée et nous a guidés jusqu’à un salon rempli de meubles précieux, de tapis et de bibelots. On savait plus où coller nos godillots boueux.

— C’est vous qu’habitez là, main’nant ? a demandé Walt en se tortillant sur une banquette aux pieds si fins que j’attendais de les voir se casser sous son poids.

Mrs Barton a hoché la tête.

— Oui. Tu te souviens peut-être que c’était le frère de mon époux qui dirigeait la compagnie. C’était aussi lui qui possédait cette maison. Il est mort sans enfant il y a une quinzaine d’années et mon mari a hérité des deux. Il nous a quittés, maintenant, et ce sont mes fils qui dirigent, mais ils m’ont laissé vivre ici pour le moment. J’ai eu du mal à m’habituer quand nous avons emménagé, mais finalement on finit toujours par se faire à la belle vie.

Elle a poussé un petit rire, mais ses yeux semblaient s’excuser.

— J’ai cessé de travailler à l’hospice à ce moment-là. J’aimais ça, pourtant, mais c’était devenu vraiment trop difficile, avec le Père Veyner. Cet homme…

Elle s’est interrompue en soupirant. Son regard a cherché celui de Walt qu’elle a contemplé avec une immense tristesse.

— Je suis tellement désolée, Walter, elle a soufflé. Pourras-tu un jour me pardonner ?

Big Boy a écarquillé ses yeux d’ange et a ouvert la bouche de surprise.

— Ben non, Mrs Barton, j’ai jamais été fâché cont’ vous. C’est l’contraire, même, vous avez toujours été si gentille avec moi. Heureus’ment qu’vous étiez là.

— Mais j’aurais pu faire tellement plus. M’opposer à lui, alerter les administrateurs…

Walt avait l’air perdu. Je crois que les paroles de Mrs Barton étaient trop compliquées pour lui. Moi j’y comprenais pas grand-chose en tout cas, et Mercy encore moins vu les regards qu’elle me lançait. J’avais quand même fait le rapprochement avec les confidences de Walt qui me revenaient à présent — la vieille dame avait parlé d’un hospice, sûrement celui qui avait donné son nom à la ville —, et peut-être même avec les dialogues effrayants qu’il lâchait en dormant.

— Au lieu de ça, je l’ai laissé te faire croire des choses abominables à propos de ta mère, et de toi, a repris Mrs Barton. Et te maltraiter jour après jour.

— J’ai fini par plus l’croire. Vous d’vez pas vous en faire pour moi. En fait, c’est plutôt pour lui qu’il faut prier.

Cette fois c’est elle qui a ouvert la bouche de surprise, avant de sourire d’un air moitié fier, moitié triste.

— À dire vrai, on pourrait penser qu’il a été puni. Il a eu une attaque il y a deux ans. À présent, il parle difficilement et reste alité la plupart du temps. Mais d’après ses garde-malades, il est toujours aussi… mauvais.

— Et l’hospice ? j’ai demandé.

Mrs Barton a sursauté en entendant ma voix. Elle avait dû oublier ma présence et celle de Mercy et de la petite.

— Tiens, mais… Maintenant que vous m’y faites songer, c’est incroyable que vous soyez venus aujourd’hui. Allons le voir.

Walt s’est ratatiné sur lui-même. Il a commencé à secouer la tête et j’ai eu peur d’une nouvelle crise. Qu’est-ce que Mrs Barton allait penser en le voyant se balancer comme il l’avait fait le matin ? Est-ce qu’elle savait quoi que ce soit à propos de ce qu’il était capable de faire ?

Elle s’est approchée de lui et l’a forcé à relever le menton pour accrocher son regard.

— Fais-moi confiance, Walter. Je crois que ce sera une bonne chose.

 

Les petits pas rapides de Mrs Barton nous ont menés vers la limite de la ville, en traversant ce qui était sûrement le coin le plus ancien. Plus on avançait et plus les maisons devenaient modestes. La plupart avaient encore de la gueule, leurs habitants avaient dû se donner du mal pour les entretenir à travers les générations. Mais de temps en temps, des baraques vides et complètement délabrées montraient l’âge du quartier.

On a passé un dernier rang de constructions et puis plus rien. La ville faisait place à la plaine d’un coup, comme si les bâtiments s’étaient reculés aussi loin que possible d’un truc dangereux ou dégueulasse. Et c’était bien le cas, en fait : à six ou sept cents pas se dressait l’hospice, un long rectangle de bois grisé par le temps, avec des plus petits greffés sur les côtés comme des verrues. Et tout ça sur un sol nu où y avait que des cailloux qui arrivaient à pousser. Walt s’est arrêté et on s’est tous tournés vers lui. Même sans le toucher, je sentais qu’il tremblait. Le sourire qui décorait sa bouille en permanence avait disparu et on aurait dit qu’il avait avalé quelque chose de travers. Ses yeux étaient écarquillés comme s’il comptait sur eux pour trouver l’air qui lui manquait. À cette minute, il avait plus les cinquante ans que je lui avais toujours donnés ; il en avait vingt ou quinze. Ou même cinq. Et on lui mettait son cauchemar sous le nez.

Mrs Barton s’est approchée de lui et elle a pris sa main.

— Regarde, Walter, elle a dit d’une voix douce. Regarde le toit.

Big Boy a sursauté. Il a rien répondu pendant quelques secondes et puis il a soufflé :

— Y en a plus.

En effet, j’ai compris que c’était cette absence de toit qui donnait à la construction un air aussi sinistre. Pas qu’elle devait respirer la joie quand elle l’avait encore, mais les murs droits qui stoppaient net sur le ciel gris, ça avait quelque chose de contre nature.

— Non, il n’y en a plus parce qu’aujourd’hui, l’hospice va être détruit, a expliqué la vieille dame.

Elle l’a tiré en avant. En approchant, on pouvait voir qu’il y avait pas mal d’activité. Plusieurs grosses charrettes étaient à moitié remplies de lits métalliques et de meubles en bois. Des gens entraient et sortaient en en portant d’autres. Deux hommes patientaient près d’un des petits bâtiments accolés au principal. Chacun tenait par la bride une paire d’énormes chevaux de trait. Ils avaient l’air d’attendre le signal d’un troisième qui fixait quelque chose en haut d’un des murs. Des crochets, sans doute, auxquels ils allaient attacher des câbles reliés aux attelages pour faire basculer le panneau en une fois. Voire tout le cube selon le savoir-faire du charpentier qui avait assemblé tout ça pas loin d’un siècle avant. Je me suis vaguement dit que Big Boy aurait pu raser le machin d’un coup, s’il avait voulu. Mais il semblait pas en état.

Quand on est arrivés devant la porte principale, avec sa grande enseigne « Almhouse of the Innocents - 1843 » au-dessus, il tremblait encore plus. Je l’entendais respirer à petits coups désordonnés.

Mrs Barton a échangé un mot avec un des hommes du chantier qui a hoché la tête. Puis elle nous a fait signe de l’accompagner à l’intérieur. À côté de moi, Mercy a tordu la bouche. Elle a hésité un moment, mais finalement, elle a suivi les autres. Moi aussi j’avais l’impression d’entrer dans un endroit qui transpirait le malheur. Et encore, nous on pouvait regarder le ciel à chaque instant.

En fait, il y avait plus grand-chose à voir. Toutes les salles étaient vides ou presque. On devinait quand même ce qu’elles avaient été selon leur taille et la trace que les meubles avaient laissée : cuisine, office, bureaux… Walt marchait là-dedans à pas prudents, en hésitant pour passer certains seuils. Peut-être les endroits qui lui étaient interdits quand il vivait ici. Il s’est arrêté longtemps au fond d’une pièce qui avait dû être un dortoir. Il y en avait toute une série, identiques, en enfilade, avec des murs d’un vert malade et des barreaux aux fenêtres. Les six lits de la dernière avaient pas encore étaient enlevés. Ils étaient tous équipés de gros bracelets de cuirs accrochés aux montants par des chaînes.

Ensuite, on a visité la chapelle, ou ce qu’il en restait. Walt a paru plus calme pendant qu’on y était. Plus loin, on est passés devant un grand bureau. La table de travail et le fauteuil y étaient toujours à leur place, mais Walt a même pas jeté un coup d’œil. Il a baissé la tête en accélérant.

Pour finir, il s’est arrêté devant une porte fermée, la main à moitié levée comme s’il attendait d’être prêt pour ouvrir. Nous, on retenait notre souffle. Mrs Barton a pas essayé de l’encourager, cette fois. Elle a sorti un mouchoir de son petit sac et elle s’est tamponné les paupières. Je sentais que c’était surtout cet endroit-là que Walt était venu affronter. Il a fini par attraper la poignée, avec prudence, et puis il a tiré le battant vers lui. Je pouvais pas voir l’intérieur et même si j’avais pu, j’aurais eu du mal à le quitter du regard. Très lentement, son visage a changé. Ses yeux se sont rétrécis et un sourire a réapparu aux coins de ses lèvres. Mais pas le bon sourire de d’habitude, non, un qui m’a collé une frousse comme j’en avais rarement senti. Froid, satisfait. Il fallait sans doute le connaître pour comprendre, mais c’était notre cas et c’était presque aussi impressionnant que la magie dont il était capable. La main de Mercy a saisi mon poignet, comme pour se retenir à quelque chose. Encore une fois, j’ai guetté les fourmis.

Puis Walt a inspiré plusieurs fois à fond. À chaque souffle, j’ai vu revenir un peu plus notre Big Boy. C’était comme s’il expirait ce qui l’avait traversé un instant et qui était pas lui. Il s’est tourné vers moi. Il avait arrêté de trembler.

— Tu peux t’nir la porte, Sam ? Je… je voudrais pas qu’elle se r’ferme.

J’ai reconnu son air d’excuse avec soulagement et j’ai fait ce qu’il demandait pendant qu’il entrait. La pièce était petite. Le sol, les murs et même l’intérieur de la porte étaient couverts de molleton grisâtre à moitié éventré. Elle avait beau donner sur le ciel, maintenant qu’il y avait plus de toit, ça puait encore la pisse, la merde, la bave et la sueur qui avaient dû être versées ici pendant des décennies. Les grandes auréoles sur le revêtement le confirmaient, d’ailleurs. Infect.

— Il passait des jours entiers, ici, a murmuré Mrs Barton, les yeux humides. Pour un oui ou un non, ou pour rien, le Père Veyner ordonnait qu’il soit enfermé. Ils ne prenaient même pas la peine de lui mettre la camisole, à lui, car tout le monde savait qu’il ne ferait rien de violent. Je l’entendais sangloter ou répéter les horreurs que le Père Veyner lui disait…

— Elle était pas mariée, sa mère, c’est ça ? a demandé Mercy.

La vieille dame a confirmé avec une petite moue.

— Non seulement ça, mais c’est vrai qu’elle ne donnait pas l’impression de s’en repentir. Elle travaillait ici avant la naissance de Walter. C’était la seule assez courageuse pour tenir tête au Père Veyner, d’ailleurs. Il l’a mise à la porte dès qu’il a appris sa grossesse, en la vouant aux enfers. Elle lui a répondu qu’elle avait déjà supporté l’enfer, et qu’elle le supporterait encore pour le bonheur d’avoir un enfant. Par la suite, il lui a rendu visite pendant des années jusque chez elle, à Blaueshaus, pour lui répéter qu’elle était perdue et qu’elle avait jeté la honte sur l’institut. C’était devenu… personnel. Il disait que la place de Walter était à l’hospice, qu’il était dangereux, trop fort pour ce qu’il avait d’intelligence. Elle le chassait à coups de fourche.

Elle a encore baissé la voix :

— D’après lui, elle avait eu un enfant anormal — une bête, il l’appelait — comme punition pour son péché. Et c’est ce qu’il répétait à Walter sans arrêt en hurlant, après qu’il l’a ramené ici à la mort de sa mère. Et il n’utilisait pas les mêmes mots que moi.

Elle s’est tue pour observer Walt. Moi je voyais que ce qu’elle avait raconté avait remué Mercy. Elle avait le regard fixé sur Voyage qui gazouillait dans son hamac. J’ai pas osé la prendre dans mes bras pour la réconforter, pas sous les yeux de Mrs Barton.

— J’croyais qu’c’était plus p’tit, a dit Big Boy avec un rire en se frappant le front du plat de la main.

J’étais certain qu’avec le plafond et pas de lumière, enfermé là pendant des heures ou même des jours, c’était bien assez petit comme ça. Mais j’ai gardé ça pour moi.

 

Sur le trajet de retour, Mrs Barton a demandé à Walt ce qu’on savait faire et quel type de travail on voulait. Moi je marchais derrière avec Mercy. J’avais pris Voyage pour la soulager, et du coup elle avançait les bras ballants, en regardant à un pas devant elle. J’ai aperçu une larme qui brillait sur sa joue.

— Il arrivera rien à Voyage, j’ai fini par dire. Et je permettrai jamais à personne prononcer quelque chose de méchant sur toi ou sur elle.

Elle a pas réagi tout de suite. Je l’ai entendu renifler, puis elle a dit tout doucement :

— Elle était courageuse la mère de Walt. Elle a pas laissé le prêtre lui prendre son fils tant qu’elle était en vie…

J’ai rien trouvé à répondre. J’étais pas sûr de savoir pourquoi cette pensée la faisait pleurer. Il a fallu attendre le soir, alors qu’on allait se coucher, pour que je comprenne.

Mercy a frappé à la porte de la chambre où Mrs Barton nous avait logés, Walt et moi. Il avait ouvert la fenêtre, mais pour une fois, l’idée de dormir dans une maison semblait pas trop le paniquer. Il était étendu sur son lit et il s’est relevé d’un bond en la voyant entrer. Comme si elle l’avait pas déjà vu allongé deux cents fois depuis qu’on était ensemble. J’ai eu envie de rire, mais un regard à Mercy m’a retenu. Elle se tordait les mains et son air bravache paraissait bien loin. Et puis tout d’un coup, elle a lâché :

— J’ai pas que Voyage, j’ai un autre enfant, à Pierce Rock. Un garçon. Il est… comme Voyage. Encore plus blanc. Miss Helen a voulu l’élever elle-même et j’ai pas le droit de dire que c’est mon fils.

Elle nous a regardés tour à tour. Je sais pas quelle tête faisait Walt, mais moi je devais pas être d’un très grand réconfort. J’arrivais même plus à penser.

Mercy s’est laissée tomber sur le bord de mon lit.

— Je me suis pas battue comme ta mère, Walt. Je me suis pas battue quand ils me l’ont pris. 

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Jowie
Posté le 22/04/2023
J’aime bien comment tu explores le dilemme moral que traverse Sam suivant ce qu’a fait Walter.
Ange ou pas, il les a certes sauvés, mais il aurait pu le faire de manière beaucoup moins violente.
Je suis confuse car jusqu’à maintenant, j’avais l’impression que Walt décidait de quelle façon exactement il utiliser son pouvoir et qu’il essayait toujours de le faire le plus pacifiquement possible, alors que là, il a suivi ce que Sam a dit sur le moment, dans un moment de passion et d’effroi. J’ai hâte d’en savoir plus !

D’ailleurs, la longueur du chapitre était parfaite et convenait bien au rythme plus lent, qui passe très bien après un chapitre très mouvementé !

Walt me fait trop de la peine sur la tombe de sa mère. Et puis grâce à Mrs Barton (enfin un personnage gentil <3), on en apprend plus sur son passé difficile, et sur comment il avait été maltraité. Vraiment, on a tellement d’empathie pour lui et pour sa mère!
Et, encore une fois, tu nous surprends avec une fin qui nous met une claque en pleine figure ! Un deuxième enfant… La pauvre, tout ce temps, elle gardait ce secret pour elle, tout en s’éloignant de plus en plus de son enfant et en sachant qu’il est toujours entre les mains de ceux qui ont abusé d’elle. Je n’imagine pas le déchirement et la culpabilité qu’elle doit ressentir! Je devine que le trio va se lancer la mission d’aller récupérer le petit ? Ce serait super dangereux, voire quasi impossible vu qu’ils doivent être recherchés mais j’ose toujours espérer !
Isa, tu es décidément une experte pour nous surprendre et nous torturer! Je me réjouis de lire la suite :)
à tout bientôt,

Jowie
Isapass
Posté le 17/05/2023
Oui, je voulais insister sur le dilemme moral de Sam par rapport à la punition infligé à l'homme. Ce n'est pas la première fois qu'il se pose des questions sur le sujet, mais là en plus, il à l'impression qu'il en porte la responsabilité puisqu'il s'est passé exactement ce qu'il souhaitait. Mercy a beaucoup moins de scrupules XD
Sur tout le passé de Walt, je me demande si je n'en dis pas trop d'un coup. Ce serait peut-être plus intéressant de laisser plus de flou, je ne sais pas. Je verrai ça en correction, je pense.
C'est vrai que Mrs Barton est un personnage gentil, surtout après Beaumont !
Quant à la fin, en effet, j'ai ménagé la surprise ;P Et puis je voulais aussi prendre le contrepied de ce à quoi on s'attend : on croit que Harper Wilkinson va finir par les retrouver ? Eh bien non, ce sont eux qui vont se jeter dans la gueule du loup...
La suite est là, mais j'avance comme une tortue, donc prends ton temps !
Merci pour ta lecture et tes commentaires ♥
Tac
Posté le 21/02/2023
Yo !
Je sais pas pourquoi je m'attendais pas à ce qu'on explore le passé de Walt. Pour moi le personnage resterait vaguement mystérieux, peut-être aurait-on eu une explication sur ce dont il parle dans son sommeil, maisj e pensais pas qu'on irait carrément en pèlerinage comme ça.
En soit j'ai rien à dire sur le fond du chapitre ; je suis toujours intéressë et je passe un bon moment. Cela étant comme tu le soulignes... c'est long. En soit ça me dérange pas, c'est plutôt que ça dénote avec ce que tu faisais au début et je souffre du manque d'harmonie. Mais surtout surtout surtout, je trouve qeu tu as de nouveau perdu un peu le rythme d base, le langage que Sam employait auparavant. Je trouve que le style du chapitre ressemble plus à ton style "classique", celui que tu fais d'instinct, et pas le style des premiers chapitres qui avait donné ce ton naïf et sérieux à la fois à Sam, ce regard particulier qu'il portait sur le monde. Je trouve que ton texte a perdu de la couleur, sans ce regard-là, un peu de son piment, de ce qui faisait qu'il détonait un peu plus. Je pense que les chapitres paraîtraient moins longs s'il y avait toujours cette patte (parce qu'en fait, inconsciemment, je la recherche, alors j'ai un long chapitre pour m'apercevoir que j'ai du mal, perso, à la trouver).
J'ai conscience que ce soit pas agréable à lire comme retour, désolë ! J'ai hâte d'avoir la suite, j'aime toujours autant suivre les personnages et j'ai comme le pressentiment qu'au liue d'être ramenés de force à Pierce ROck, ils vont y aller de leur plein gré et ça va être un grand n'importe quoi. Vite, du thé !
Plein de bisous !
Isapass
Posté le 21/02/2023
Non, t'inquiète pas, ton retour est bienvenu ! Pour tout te dire, j'ai moi-même des doutes sur ce chapitre. Je n'avais pas forcément conscience qu'il pouvait y avoir un problème de style, mais je pense que ça fait trop "bloc" sur le passé de Walt. Et comme tu dis, c'est peut-être trop bien expliqué. Je ne pensais pas laisser tout le flou autour du perso, mais c'est vrai que j'en dis peut-être trop. Je pense qu'en correction, il faudrait que je vois comment dévoiler les choses un peu plus progressivement, et peut-être en dire moins.
Et je note pour le style, mais je pense aussi que c'est parce qu'il y a proportionnellement plus de dialogues que d'habitude et que du coup, on entend moins la "voix" de Sam. D'autant que c'est la vieille dame qui parle beaucoup et qu'elle a un langage un peu plus châtié que celui de Sam.
Oui, tu as raison : je voulais qu'on s'attende à ce qu'ils soient rattrapés ou ramenés à Pierce Rock, et j'ai voulu créer un peu la surprise en faisant en sorte que ce soit eux qui y aillent. Je ne sais pas si ça va être du grand n'importe quoi, mais en tout cas, j'ai encore pas mal de trucs à raconter, donc soit mes chapitres vont être énormes, soit je vais en rajouter. En tout cas, j'ai peur que mon plan bouge encore pas mal.
Merci pour ta lecture et ton retour ! Des bisous !
Rachael
Posté le 19/02/2023
Bah, non, cela ne m'a pas semblé particulièrement long, ce chapitre, étant donné qu'on remonte dans le passé de Walt et que cela forme un tout cohérent. On comprend mieux sa réaction à la pensée d'y retourner...
Quant à la fin, encore un twist auquel on ne s'attendait pas ! Voilà qui ne va pas leur simplifier la vie, parce que je sens qu'on va s'embarquer dans une nouvelle quête, avec ce petit garçon !
Isapass
Posté le 19/02/2023
Ok, ça me rassure pour la longueur. Reste à voir si ça ne fait pas trop d'un coup, toutes les explications sur le passé de Walt. Mais ça ce sera peut-être un truc à voir avec mes futures BL, parce que c'est plus difficile à voir en lisant au fur et à mesure.
En effet, comme tu dis, on va s'engager dans une quête. Mais ce n'est pas une nouvelle quête, c'est la première, en fait. Parce que jusque là, j'ai laissé déambuler mes persos en réaction aux évènements, mais ils n'avaient aucun but précis (ça a eu l'air de fonctionner, mais je t'avoue que j'ai eu longtemps peur que ça lasse les lecteurices). Du coup, ici, l'état d'esprit va un peu changer et c'est ce que je voulais. J'espère que je vais réussir à gérer ça.
Merci beaucoup pour ta lecture et tes commentaires ! ♥
Sorryf
Posté le 13/02/2023
OMGGGGGGGGGGG
J'ai oublié tout ce que j'avais a dire sur ton chapitre quand j'ai lu la fin :OOOOO

Enfin j'ai pu sauver :
"ça expliquait pas ce qu’il le mettait dans cet état." -> qui
Un reluquer qui aurait du être "reluquait" (A propos de la servante de mme barton

Aussi, je trouvais bizarre qu'ils se soient rapprochés de Pierce Rock, pourquoi faire ca alors que mercy y est recherchée ? Mais maintenant je n'ai qu'une envie c'est qu'ils aillent chercher le petit garçon alors ça me derange pas xD enfin je trouve quand meme que c'est une petite incohérence, il faudrait expliquer un peu et pourquoi pas si tu fais un 2eme jet montrer en amont qu'ils ne s'eloignent pas tant et pourquoi.

Walter fait peur, quand il est pas content ! Mon interprètation c'est qu'il voulait pas cramer le bandit comme ça, c'était trop moche pour son grand coeur.

Je suis surexcitée et horrifiee de la fin du chap. Pauvre Mercy. Tu m'etonnes qu'elle ait abandonné le petit : C'EST UNE ENFANT T___________T
Et malgré tout, je suis contente qu'elle regrette, je voudrais qu'elle le recupere, que Voyage connaisse son grand frere T.T mais ca va pas etre facile.
TU ME BRISES LE COEUR A TOUS LES CHAPS ISA T.T
Isapass
Posté le 19/02/2023
Ah ah, en effet, j'étais à peu près sure que personne ne l'avait vu venir la révélation de la fin. D'autant que la troisième œuvre qui me sert de référence, personne ne l'a encore trouvé alors que je pensais qu'elle serait évidente. Mais elle ne l'est peut-être que pour moi, en fait...
J'ai noté les coquilles, merci !
Je note aussi ta remarque sur le fait qu'ils ne soient pas très loin de Pierce Rock. Le pire, c'est que je n'en suis pas si sûre, parce que je sais que j'ai donné des directions et il me semble que je les ai effectivement fait tourner en rond, mais je n'en suis pas complètement sûre. J'ai peut-être une grosse incohérence. Pour répondre à ta question, en fait ils se sont déjà rapprochés de Pierce Rock avant de savoir que Mercy est recherchée. Ils l'apprennent juste avant le séjour chez Modest et depuis, ils n'ont pas fait beaucoup de chemin. Mais tu as raison, je pourrais développer pour expliquer ça.
Tu me connais, je suis seulement à moitié désolée de briser ton coeur à tous les chapitres, mais aussi moitié ravie... que veux-tu on ne se refait pas : j'aime le drame, j'aime faire pleurer ou frémir mes lecteurices XD (#autricesadique)
Merci pour ta lecture et ton commentaire (tu sais comme j'aime tes majuscules, même quand tu m'engueules !)
Sorryf
Posté le 20/02/2023
Oooh c'est quoi la 3eme ref ? Je veux savoir !!! (et les 2 premières ? La ligne verte et Steinbeck ?)
Ce que j'ai trouvé incohérent (c'est un bien grand mot, c'est plutôt que ça m'échappe) dans le fait qu'ils se rapprochent de Pierce Rock, c'est pas qu'ils aient tourné en rond ou une question de direction (j'y ai pas du tout fait attention, j'avoue), c'est plutôt le fait que ça ne les dérange pas de se rapprocher de cet endroit maudit. S'ils ne savaient pas que Mercy était recherchée, d'accord, mais Mercy au moins a toute les raisons de vouloir s'éloigner le plus possible. A moins que Mercy n'ait pas le sens de l'orientation et ne se soit pas rendue compte qu'ils se rapprochaient ? Dans tous les cas, je trouve qu'une petite explication ne serait pas de trop !
Isapass
Posté le 20/02/2023
Ok, c'est bien noté pour l'explication, tu as raison. Je ne m'étais pas dit que ça pouvait poser question. Et en effet, dans ma tête, Mercy se laisse porter, elle n'a pas le sens de l'orientation (elle n'est presque jamais sortie de Pierce Rock avant de les rencontrer). Et puis avec ce qui lui arrive, on peut comprendre qu'elle ne soit pas vraiment dans l'anticipation.
Les références c'est effectivement Des souris et des hommes (c'était inconscient au début, mais tout le monde l'a vue, donc j'ai bien dû admettre que c'était vrai même si je l'ai lu il y a des siècles) et La ligne verte (là c'est tout à fait conscient). La troisième, qui concerne essentiellement Mercy, c'est La couleur pourpre, le film de Spielberg (qui est un de mes films préférés au monde).
LionneBlanche
Posté le 13/02/2023
« Ce chapitre est particulièrement long » réaction ? « YEEEAAAHHHH ! » ^^
Oh ben tient ! C’est re-moi ! Surprise, Isa ? ^^

Je pensais que Sam se sentirai coupable car c’est lui qui a évoqué le feu, mais la vérité, c’est qu’il a un peu peur des pouvoirs de Walt, et depuis le début. En même temps, une telle puissance entre les mains d’un homme, si c’était un autre, ce pourrait être désastreux…. Je pense un peu comme Mercy, moi. Enfin, pas vraiment qu’il soit un envoyé de dieu ou un ange, je ne suis pas tellement croyante, en tout cas, pas de cette manière, mais que Walt va les aider. Après tout, il la déjà fait jusqu’à présent, et puis l’histoire porte son nom. Walt me fait toujours penser au prisonnier de la ligne verte qui avait des pouvoirs aussi et un si grand cœur. J’espère que ça se terminera mieux pour lui, mais il a cette aura-là, et dès le début, on sent que ça va être une belle et grande histoire, probablement tout aussi marquante. Si avec ça tu n’as pas la pression, je ne sais pas quoi faire…. ^^ En tout cas, Mercy, elle, a la fois et confiance. En réalité, je serais quelque part entre tes deux personnages. ^^

Hm… Walt aurait entendu leur conversation ? :/ Si c’est le cas, ce n’est pas terrible, le pauvre, il doit avoir l’impression d’être jugé par son ami, d’être u genre de monstre. :/
Oh non § j’espère que Walt ne s’est pas senti rejeté et n’est pas partit !
:O Sa mère ? Il est né ici ? C’était pour ça, alors ?
Sa mère, c’est sa mère qui manque à Mercy… Elle vient de le devenir à son tour, alors, forcément, elle pense à la sienne. Elle devait terriblement l’aimer, et auprès d’elle, il ne lui été rien arriver de mal. Mais elle l’a perdu et n’avait plus personne pour la protéger et l’aimer à ce point. Elle doit espérer qu’il n’arrive pas la même chose à Voyage…
Bon, Walt a dû entendre quand même…:/

Oh. Il s’est passé un truc à Almhousse, un traumatisme, comme ce qui l’a rendu claustrophobe. La même chose probablement, et ça a eu lieu là-bas. Après tout, il est originaire du coin, et vu ce qu’il tire, tout n’a pas dû être rose. J’ai aussi peur de savoir, mais à mon avis, on est sur la partie où on va en apprendre plus sur Walt.
Oh ouais ! Une mami toute gentille ! Bon, il s’est passé quelque chose ici, donc je reste sur mes gardes, comme toujours, mais ça commence bien ! Raison de plus pour se méfier…. ^^
Bon ben, il a été maltraité par l’église. A vrai dire, je m’en doutais un peu, logique pour l’époque, mais tellement terrible. Je n’imagine pas ce pauvre gosse, enfermé là et traité de monstre alors que jeune, on croit tout ce que les adultes nous disent. Normal qu’il ait peur d’être enfermé, et de cette ville. Le seul point positif, c’est qu’il arrive à temps pour voir mourir son cauchemar, et j’espère que ça l’aidera.

Oh mon dieu :’( Non :’( La pauvre :’( Il faut qu’ils y retournent ! Il faut qu’ils récupèrent ce petit garçon ! :’( Oh mais Isa ! Pourquoi tu lâches des bombes comme ça à chaque fin de chapitre ? C’est monstrueux ! Il n’y a pas la suite ! En fait, il faudrait avoir le livre en entier avant de commencer ton histoire, parce que, même deux chapitres, c’est frustrant quand ça s’arrête ! ^^ Ecris, Isa ! Vite, vite, vite ! ^^
J’avoue que mon com est si long, que je le pose tel quel, plus qu’à moitié écrit au fil de la lecture… Puisse-tu me pardonner…
Arh !!!! Mais pourquoi il n’y a pas la suite !! :’( ^^
Isapass
Posté le 19/02/2023
Je suis ravie que tu soies un peu de l'avis de Mercy et un peu de celui de Sam, en ce qui concerne Walt. Ca me va très bien !
Walt n'a pas forcément entendu toute la conversation parce qu'ils ont parlé vraiment bas et qu'il marchait devant. J'imaginais plutôt qu'il entendait ce qu'ils disaient à la fin, parce qu'il se sont arrêtés et qu'il a pu les rejoindre sans que Sam le voit.
Pour la suite, je me disais qu'il était temps qu'on en sache un peu plus sur Walt, mais c'est peut-être trop d'un coup, je ne sais pas. Les BL me le diront peut-être (c'est plus difficile à dire, ce genre de chose, en lecture morcelée).
Quant à la fin... tu sais bien que je ne laisse jamais mes personnages souffler bien longtemps ! Et pour le moment, ils se sont un peu... laissé porter. Il est temps qu'ils aient un vrai objectif, non ;) ?
Ton comm' au fil de l'eau est parfait, ne t'excuse pas. C'est toujours très intéressant d'avoir les réactions à chaud.
La suite... euh, je vais m'y mettre vite !
Merci pour ta lecture et tes commentaires ♥
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