Chapitre 14

Ils étaient attablés autour d’un beau kipullum rôti préparé avec patience par la tante de Rose. Celle-ci finit par présenter Pierre, car, jusque-là, elle l’avait totalement oublié.

« Oh… Euh… Oui, c’est vrai… Pierre Stanline, mon oncle, ma tante… Pierre est un humain, un humain adulte rétréci par ma faute…

- Et peux-tu m’expliquer ce qui t’a poussé à le transformer ? » s’insurgea l’oncle.

Rose rougit. « Je… Je n’ai pas fait exprès… »

Tous inspectaient Pierre. Finalement, chacun s’en détourna et, aussitôt après le libum, un met ressemblant fort à un pudding, Rose quitta la table et s’échappa avec sa parentèle.

*

Il devait être minuit (même s’il est difficile de s’en assurer sans une montre) quand elle refit surface. Rose semblait alors plus sûre d’elle. Elle chuchota quelques mots à Gwendal. Pierre tendit une oreille mais ne perçut rien. Il explosa : « Qu’est-ce que vous allez encore me cacher ? Si un rat se cache sous le tapis, autant me le dire immédiatement ! Alors, expliquez-moi, ou… »

Mais il s’arrêta, incapable d’argumenter ou de menacer. Gwendal se pencha vers Rose pour lui susurrer quelques mots indistincts. L’oncle Aldaríon s’approcha :

« Ce n’est pas vraiment un secret. Je vais lui montrer.

- Quoi ?

- Je suis hypneur, ce qui signifie que je peux vous voler des souvenirs, comme je peux vous en transmettre. Alors, je suis apte à vous montrer en quoi consiste cette mission. Mais je vous préviens…

- Je vais devoir affronter un dragon ? Sauver une princesse beuglante ?

- Non, non, ce n’est pas ça, restons sérieux. Écoutez, Pierre Stanline, transmettre un souvenir n’est pas sans danger, et vous allez vous mettre en danger pour un souvenir qui n’est pas si intéressant et ne vous apprendra pas grand-chose.

- Je veux savoir.

- Bien. »

Beleg se leva et mit la paume de sa main sur la tempe gauche de Pierre.

Ce dernier ressentit une telle douleur qu’il  crut que sa tête explosait.

Et il fut emporté…

Déchiré…

Et il s’éteignit, comme s’éteint la lumière molle d’un feu qui brûle mal…