Chapitre 13 : T’es sûr de toi ?

 

  Après leurs repas nos deux policiers sont de retour au commissariat. 

 

    Rodes : — T’es resté sacrément longtemps pour un petit repas au Tex-mex. 

 

    Dawkins : — J’ai pris un peu mon temps, j’en avais bien besoin. Tu sais, c'est agréable parfois et je n’ai pas fait que manger dans mon petit coin à moi.

 

    — Et qu’est-ce que t’as fait ? 

 

    — J'ai discuté avec des gens. Ça se fait dans les endroits où l’on peut se détendre. 

 

    — Tant mieux pour toi ! Je vois maintenant pourquoi tu vas dans ce bouiboui. En plus, tu dois draguer dans le restaurant de ton pote.  

 

    — Il n’y a pas que la drague dans la vie, en fait là-bas je relâche un peu la pression.  Mais après ce moment de détente, j’ai dû me rendre à l’évidence.

 

    — Quelle évidence ? 

 

    — Notre enquête ne va pas dans la bonne direction, il faut dire que cela me trotte dans la tête depuis pas mal de temps. Je n’avais pas envie de le faire jusque-là mais on doit interroger le maire de la ville. 

 

    — T’es sûr de toi ?

 

    — Pas vraiment. 

 

    — Comment ça ! T’es pas sûr de toi ?

 

    — On est des policiers et lui c’est le maire.

 

    — Jusque là, tu ne m’apprends rien. Si tu penses qu’on doit le faire, appelle vite le maire qu’on le cuisine un peu !

 

    — Tu ne vois pas le problème ! 

 

    — T’es pas sûr de toi.

 

    — Non !

 

    — Alors, t’es sûr de toi ?

 

    — Non.

 

    — Tu m’as perdu. 

 

    — Reprenons depuis le début. 

 

    — T’es sûr de toi ?

 

    — Non !

 

    — Alors t’es pas sûr de toi ?

 

    — Pluto, pourrais-tu te concentrer un peu ?

 

    — Je ne suis plus trop sûr ! 

 

    — Bref ! Je reprends. Le maire est un bon suspect avec de multiples liens avec notre victime mais si on s’attaque à lui, on pourrait le regretter. 

 

    — T’es sûr de toi ?

 

    — Et c’est reparti pour un tour. Non, je ne suis pas sûr.  

 

    — En gros, tu penses qu’on a besoin d'une garantie. 

 

    — Quelle garantie pourrait-on avoir ? C’est le patron de notre patron. 

 

    — Je vois bien que tu ne veux pas t’engager sur un coup de tête. Mais moi, je ne fonctionne pas comme ça.

 

    — Je sais, tu marches à l’instinct. Pourtant, il faut que l’on soit sûr de notre coup. 

 

    — Et on fait comment ? 

 

    — C'est bien ça le problème. Je vois bien quelques possibilités. On pourrait peut-être l’inviter subrepticement pour discuter avec lui de l’avancement de notre cas.

 

    — Tu le prends pour un idiot ? 

 

    — Non, j’essaie seulement de trouver un moyen de nous tirer de là sans que la foudre nous tombe dessus.

 

    — Trouve une autre approche ! 

 

    — Et si on demandait au capitaine de nous donner un coup de main ? 

 

    — Il m’a déjà demandé d’oublier l’histoire de drogue. Tu crois qu'il te suivra sur une histoire de meurtre, alors qu’on a rien de concret. 

 

    — Si ce n’était pas le maire, on l’aurait déjà convié. C'est quand même un meurtre, ce n’est pas rien.

 

    — T’es sûr de toi ?

 

    — Arrête avec cette phrase, je ne suis plus du tout sûr de rien. Je suis comme cette fille dans Fame : ( chantant )

 

    Sometimes I wonder where I've been,

    Who I am, Do I fit in.

    Make believe in' is hard alone, out here on my own.

 

    — J’adore ce film ! 

 

    — Qui ne l’aime pas !

 

    — Mais au fond, qu’est-ce qu'on risque ? 

 

    — On pourrait être assigné sur des affaires pourries dont personne ne veut ou pire, on pourrait aussi être viré. 

 

    — Si ce n’est que ça. Ça me va !

 

    — T’as bien réfléchi avant de me répondre. 

 

    — Je suis policier, je ne réfléchi pas, j’agis. 

 

    — T’es sûr de toi ?

 

    — Ha ! Ha !

 

    — Je te le répète encore. On ne doit pas se louper sur ce coup là ! 

 

    — Et si on laissait tomber. Ce ne serait pas la première affaire non résolue. 

 

    — Merci Pluto, pendant un instant j’ai failli penser comme toi et quand je t’ai entendu me dire qu’on avait qu’à lâcher l’affaire, j’ai compris que j'étais dans l’erreur. Tu es un peu ma boussole, quand tu pointes vers une direction, je sais que je dois prendre la direction opposée. 

 

    — Je suis loin d'avoir toujours tort ! 

 

    — Attends, c’est mon tour. T’es sûr de toi ?

 

    — Toi aussi, tu peux être lourd parfois.

 

    — Je plaisantais, tu sais dans des moments pareils, c’est bon de rire un peu.

 

    — Si tu le prends ainsi, tu la connais, l’histoire du curé, du rabbin et de l’imam.

 

    — Non et on ne sort pas ce genre de blague ici ! Tu sais quand même où on est ?

 

    — L’endroit parfait pour impressionner les minettes.

 

    — T’es un cas désespéré ! 

 

    — C’est qui, qui a les jetons d’interroger le maire ?

 

    — Tu veux qu’on se la joue comme ça ? Très bien. Je vais me le faire.

 

    — C’est ça !

 

    — Je vais le faire chialer !

 

    — Même pas cap !

 

    — Je suis cap, je te parie même ton salaire de ce mois. Alors c’est qui, qui a les foies ? 

 

    — Pas moi. Je tiens le pari. Après tout, ce sera peut-être notre dernier salaire.  T’appels qui ?

 

    — Mon père, je vais lui demander son avis. Parce que si je fais une boulette et que je perds ce job, j’espère qu'il voudra bien me laisser revenir chez lui.

 

    — La honte !

 

    — Quelle honte ! Moi, j'ai besoin de mon boulot pour payer mon loyer. Si j’ai plus ce job, je veux pas me retrouver à la rue. Tu te la joues mais t’as un plan B, si tu perds ton job ?

 

    — Bien sûr, en tout cas moi je retournerai pas chez ma mère. Au pire, je connais un endroit où ils vendent de la drogue, je trouve le dealer et je change de camp. Et si ça se trouve je serai bien mieux payé qu’ici, les dealers ont la belle vie.

 

    — On est toujours dans un commissariat Pluto. Tu crois que le maire te ferait virer en tant que policier et t’engagerait en tant que criminel.

 

    — Je connais bien les policiers, c’est un plus.

 

    — Tu crois vraiment que ces gens font confiance aussi facilement que ça aux anciens flics.

 

    — C’est mon plan B ! Tu connais pas mes autres plans.

 

    — Je passe mon tour.

 

    Dawkins appelle son père pendant ce temps Rodes va boire un petit café dans une autre salle du commissariat. 

 

    Hank : — Salut p’pa !

 

    Monsieur Dawkins : — Tiens Hank, tu me rappelles déjà ! C’est pas ton genre. T’as des ennuis ou t’as besoin de fric ? 

 

    — Non, enfin pas pour le moment. J’aurais plus besoin de conseils. 

 

    — Tiens serai-je devenu sage sans m’en apercevoir ? 

 

    — Tu m’écoutes ?

 

    — Bien sûr. Je t’écoute. 

 

    — Tu te rappelles de mon affaire ? 

 

    — Tu m’en as parlé il y a à peine deux jours et je n'ai pas encore perdu la tête. Donc oui je me rappelle de l’infirmière de rêve qui s’amusait bien avec les docteurs.

 

    — C’est bien ça ! 

 

    — Et alors, c'est un médecin qui a fait le coup. 

 

    — En fait, j’ai un autre suspect, un homme qui a le bras long.

 

    — Il pourrait te nuire ?

 

    — Je le crains. 

 

    — Tu ne peux pas refiler l’affaire à un de tes collègues ?

 

    — Non, c’est mon affaire ! 

 

    — Et qui est ce fameux suspect ? 

 

    — C’est le maire !

 

    — Le maire, je ne peux pas supporter cette sale fouine, c’est un vrai magouilleur, tout le monde le sait. 

 

    — Il y a un monde entre ce que l’on pense savoir et ce que l’on peut prouver.  

 

    — Et que vas-tu faire ? 

 

    — Je pensais te consulter avant de faire une bêtise.

 

    — Quelle bêtise ?

 

    — Interroger le maire sans ménagement et risquer de me faire virer après. 

 

    — Tu as un autre boulot en vue pour payer tes factures ? 

 

    — Je pensais à travailler dans la restauration mais on m’a dit que ce n'était pas fait pour moi.

 

    — Hank, t’es quelqu'un d’intelligent ! Même si tu perdais ton emploi, tu en trouveras un autre rapidement, car tu n’auras pas d’autres choix. 

 

    — Quoi ! 

 

    — Mon fils, une fois qu’on a quitté le nid, on ne revient pas. En tout cas, pas chez nous.

 

    — Comment t’as su ?

 

    — Je ne suis pas né d’hier. En plus si tu veux mon avis, le maire a pleins de secrets, tu trouveras bien quelque chose sur lui pour garder ta place. 

 

    — C’est  vrai que t’es pas né d’hier ! Merci pour ton soutien, p’pa !

 

    — De rien fils. N’hésite jamais à nous appeler ! ( Il modifie un peu sa voix) La famille ça sert à ça.

 

    — Quand tu parles comme ça, tu me fais penser à un mafieux.

 

    ( Avec la même voix) — On ne s’attaque pas à ma famille en vain.

 

    Dawkins raccroche en rigolant. 

 

    Rodes : — Qu’est-ce qui te fait rigoler ? 

 

    Dawkins : — Mon père, il se prend pour le parrain. 

 

    — Et que peut-on faire pour Don Dawkins ?

 

    — Pour lui, rien. Mais pour nous, tu te rappelles ce que je te disais : lui c'est le maire et nous on est des policiers. 

 

    — T’adores dire des évidences ! À part ça ? 

 

    — Mon père m’a rappelé une chose simple, ce qui compte c’est le pouvoir que l’on a sur les autres. Pour l’instant le maire a l’avantage sur nous, mais comme il a des choses à cacher, en découvrant ce qu’il cache, on aura rien à craindre de lui.

 

    — Et tu le feras pleurer ! 

 

    — Exactement, j’ai un pari à gagner. 

 

    — Je ne devrais pas t’aider.

 

    — Ok, j’annule le pari, mais je vais quand même le faire chialer. 

 

    — Je suis de retour dans la partie. On commence par où ? 

 

    — On retourne d’abord dans son night-club, ce soir. On réinterrogera ta charmante barmaid ! Elle me semblait plutôt coopérative selon ce que tu disais dans ton rapport.

 

    — Chouette, j’adore ta vision des choses. Ce soir, on va au night-club.  

 

    — On y va pas pour draguer la minette !

 

    — La seule chose que je sais c'est qu’on y va ce soir, je suis trop content. Au fait, tu sais que tu ne peux pas y aller comme ça ? On se change et on se retrouve là-bas. 

 

    — J’ai pas besoin de me changer. 

 

    — Oh ! Que si.

 

    — Je te dis non !

 

    — T’es sûr de toi ?

 

    — Évidemment, je n’y vais pas pour trouver une copine.

 

    — C’est sûr qu’avec ta dégaine, c’est pas gagné mais on ne sait jamais. Et puis, tout le monde verra que t’es policier. 

 

    — J'ai de la chance ce n’est pas une mission d’infiltration.

 

    — D'accord, j’ai pas le temps d’argumenter avec toi, on se retrouve sur place dans quatre heures, moi je vais me préparer pour la soirée, je te laisse. 

 

    — Très bien, moi je vais en profiter pour continuer mes recherches et trouver un maximum d’informations sur notre client pendant ce temps.

 

    Quatre heures et demie plus tard, les deux policiers sont sur place.

 

    Rodes : — T’as pas eu de mal pour rentrer ? 

 

    Dawkins : — J’ai juste eu à montrer mon insigne et le gars m’a gentiment montré la voie. 

 

    Rodes : — Une fois que tu leur montres les bonnes cartes, ils savent reconnaître qui est le patron.

 

    — On entend toujours des histoires de videurs effrayantes, mais en fait quand on les connaît bien, ces gars-là sont de vrais amours.

 

    — On est certainement bien tombé. 

 

    Dawkins montrant du doigt la fille au bar : — C’est ta petite copine ?

 

    Rodes : — Oui c'est elle.

 

    Tracy qui était juste derrière eux les ayant entendu : — Comment ça ? Cette fistule est ta petite copine ! 

 

    Rodes : — Tracy !  Que fais-tu là ?

 

    — Apparemment je dérange ! 

 

    Rodes attrape la main de Tracy et l’entraîne dans un petit coin à l’abri des regards. 

 

    Rodes : — Tu me suis ? 

 

    Tracy : — Non, j’aime seulement l’endroit, tu te rappelles que c’est moi qui t'ai emmené ici en premier. En plus, j’essaie de me changer les idées entre la mort de ma copine, un travail stressant et un mec qui ne sait pas ce qu'il veut. 

 

    — Moi je suis là pour le travail, je te l’ai déjà dit. Mon travail est ma seule priorité. 

 

    — Tu m’as aussi dit que tu savais mêler travail et plaisir. On danse ?

 

    — Une seule danse après je rejoins mon collègue.

 

    De son côté, Dawkins parle avec la fille au bar.

 

    Dawkins : — Ça bouge pas mal ce soir !

 

    La fille : — Oui, monsieur le policier. 

 

    — Waouh ! J’ai été vite découvert. Je me présente Lieutenant Hank Dawkins.  

 

    — Si je connaissais pas votre pote, j’aurais pu avoir un doute avec lui, mais avec vous. C’est marqué sur votre front.

 

    Rodes rejoint son partenaire et la fille au bar, on entend la musique « Told you all I was gonna bump like this, you all didn't think that I could bump like this ».

 

    Rodes : — La musique déchire ce soir.

 

    La fille : — C’est pour la soirée Whine Up.

 

    Dawkins : — C’est quoi la soirée Whine Up ?

 

    — Notre boss a beaucoup de relations et la soirée Whine Up c'est une idée d’un de nos sponsors pour leur soirée sponsorisée par un marchand de vins, il a fait venir un Dj qui passe toute les trente minutes la chanson Whine Up de Kat Deluna et dès que les gens entendent la chanson, ils sont invités à danser en levant leurs coupes de vin. 

 

    — C'est pas bête ! Et tu connais bien les autres relations qu’a ton patron ?

 

    — Je connais quelques noms, mais vous êtes de la criminelle et si je me rappelle les paroles de ton pote, c’est pas vos affaires. 

 

    — C'est peut-être pas ses affaires mais je crois que tes informations m’intéressent. 

 

    — Tu prendras bien un verre ? 

 

    — Évidemment, je ne peux pas rester là que pour te parler, ça va jaser à la fin. 

 

    — Ça craint pas avec ta dégaine de poulet ! Tu prends un soda comme ton petit copain ? 

 

    — Non, sers moi un cocktail de ton choix, je te laisse me surprendre. 

 

    — Goûtez-moi ça, c’est une de mes spécialités ! 

 

    — Délicieux ! 

 

    — Pas la peine de m’envoyer des fleurs, je ne sors pas avec des poulets.

 

    — Ce n’était aucunement mon intention. 

 

    Rodes : — T’es sûr de toi ? Parce qu'elle est grave canon.

 

    — Oui je suis là pour une seule chose obtenir des informations. 

 

    La barmaid : — Est-ce-que j’ai l’air du bureau des informations ? 

 

    Rodes : — L’autre soir, tu me semblais bien plus coopérative. 

 

    — L’autre soir, je voulais trouver un moyen de me débarrasser de mon boss.

 

    — Et ce soir, tu n’es plus trop sûr de vouloir t’en débarrasser ? 

 

    — Faut dire que je viens d’obtenir une augmentation, alors je me demande bien, ce que j’aurais à y gagner. 

 

    — Vous pourriez aider à rendre la justice, ce sentiment n'est égal à aucun autre. 

 

    — Ça ne paie pas mes factures. 

 

    Dawkins : — La police rémunère ses indics.

 

    — Vous savez trouver les bons mots avec moi. Filez-moi votre numéro de portable ! Pour chaque information, j’ai le droit à combien ?

 

    — Je vous envoie ça sur votre portable, on communiquera par texto, ce sera plus sûr pour vous.

 

    — Merci et bonne soirée. 

 

    La barmaid va servir d’autres clients.

 

    Dawkins : — On part, j’ai obtenu ce que je voulais ici.

 

    Rodes : — Non, on reste, la nuit ne fait que commencer. En tout cas, je vais rester ici, on ne sait jamais, je vais poursuivre mon investigation.

 

    — On risque de se faire remarquer, on devrait partir.

 

    — Aucun risque, je sais passer inaperçu ici.

 

    — T’es sûr de toi ?

 

    — Oh que oui.

 

    La musique de Whine Up est à fond tout les gens dans la boîte lèvent leurs verres Dawkins sort pendant que Rodes rejoint Tracy sur la piste de danse.  

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