Chapitre 13

Notes de l’auteur : Désolée pour la looongue attente ! J'ai été pas mal chargée ces derniers temps, mais je vais reprendre un rythme plus soutenu rapidement et rattraper tous mes commentaires en retard ^3^

Depuis cette soirée, je n'avais pas reparlé à Rey et elle non plus. Nous avions repris nos vies comme si de rien n'était. Enfin, de mon côté, j'avais essayé du mieux que je pouvais. Parce que des tas de réminiscences de ces quelques minutes dans les toilettes ne cessaient de me hanter.

Heureusement, aucun de mes collègues n'osa aborder de nouveau le sujet. Peut-être même qu'Armitage s'était déjà persuadé que j'avais échoué. Après tout, il ne cessait de me rappeler que je ne tirerais rien d'elle. Désormais, j'avais la certitude qu'elle cachait un terrible secret, sauf que je ne savais plus où cela pourrait vraiment me mener.

Jusqu'en milieu d'après-midi, ce vendredi, je reçus un message de Rey. Elle m'indiqua qu'elle était toujours prête à me recevoir chez elle, me donna son adresse complète et me proposa de venir quand je le souhaitais.

D'une certaine manière, son message était assez formel. Il n'y avait pas le même jeu habituel ni même quelque chose d'affectueux. C'était assez inhabituel. Et en même temps, je sentais qu'elle avait besoin de me voir, sans oser le reconnaître.

Avant de quitter l'entreprise, Armie remarqua mon absence passagère, ou plutôt mon nez rivé sur mon téléphone.

— Ne me dis pas que t'es encore sur du travail alors que tu t'apprêtes à partir, soupira-t-il en rentrant dans l'ascenseur avec moi.

— Comme toujours, prétendis-je.

Je rangeai mon téléphone dans ma poche en me tournant vers lui. En voyant sa mine dubitative, je ne l'avais pas convaincu, mais il n'ajouta rien de plus. Puis notre chemin se sépara une fois arrivés au rez-de-chaussée.

L'appartement de Rey n'était pas si loin que ça du mien. J'allais tout de même m'y rendre en voiture, surtout parce que je n'avais aucune idée du déroulé de la soirée. Peut-être que ça se passerait comme la dernière fois. Cette fois où nous avions couché ensemble...

Elle habitait dans un coin un peu plus reculé de San Francisco et plus calme. Ce n'était pour autant pas totalement éloigné de toute civilisation humaine ou de tout commerce. Dans le fond, c'était clairement un endroit qui lui correspondait totalement. 

Je me garai à quelques mètres de son immeuble et après avoir laissé mon attaché-case dans mon coffre. Son immeuble n'était pas aussi sécurisé que le mien et avec seulement le code qu'elle m'avait envoyé par message, je pus atteindre le hall.

Je suivis ses autres indications pour rejoindre son appartement au deuxième étage. Une fois arrivé devant la porte, je pris une longue inspiration. A priori, ça ne changeait rien de d'habitude. Nous nous étions déjà croisés en privé et même si ça ne faisait qu'une semaine, nous avions pas mal échangé jusqu'alors.

Sauf que ces derniers temps, tout avait été bouleversé. Autant pour elle que pour moi. On ne pouvait pas jouer à ce genre de jeu aussi violemment sans y perdre quelques ailes.

Je finis par frapper à sa porte pour couper court à ces réflexions. Au bout de quelques secondes, elle me fit entrer et m'invita à m'installer dans son salon. Je reconnus rapidement le décor de ses vidéos, surtout ces murs d'une douce couleur crème et les plantes omniprésentes.

— Je vois que tu as mis une cravate, me fit-elle remarquer en prenant appui contre le chambranle de la porte.

En me tournant vers elle, je constatai son expression incertaine sur son visage. Jusqu'alors, j'avais été face à une Rey extrêmement calculatrice et parfois un peu trop froide. Désormais, c'était une tout autre histoire. Ses vulnérabilités de la dernière fois explosaient.

— Même s'il s'agit d'une simple cravate noire, je me douterais qu'elle te plairait... Et je ne mets pas toujours des cravates au travail. J'espère que tu apprécies de te sentir privilégiée.

Elle s'approcha de moi et prit mon visage entre ses mains. C'était un geste bien trop doux et affectueux et venant d'elle.

— Et comment que j'en suis ravie...

Elle posa son regard sur mon cou et se débarrassa de mon écharpe qu'elle jeta dans le canapé.

— J'ai hâte de pouvoir t'attacher tes adorables petits poignets avec. Mais tu as aussi une écharpe. Tu me laisses tant de possibilités pour ce soir.

Elle semblait un peu perdue. Alors, songeuse, elle prit ma cravate entre ses doigts et fit glisser le tissu entre ceux-ci.

Puis elle s'assit sur le canapé, sans me forcer à la rejoindre en m'attrapant par ma cravate ou mes cheveux. D'un simple sourire, elle me proposa de la rejoindre et je m'exécutai sans dire un mot.

Elle évita mon regard un instant et fixa ses doigts qu'elle entremêlait entre eux avant de finir par dire :

— Je crois que j'ai encore besoin de... ce sorte de joker. Je crois que j'ai besoin de quelque chose de plus doux pour ce soir.

Elle leva sa tête pour juger ma réaction. Un air apeuré venait de naître sur son visage. Elle craignait ma réponse. Et c'était bien la première fois que je la voyais ainsi.

— Bien sûr... Je te suis.

— Ça a été un peu intense pour moi les dernières fois. Je ne regrette pas du tout tout ce qui a pu faire... J'aime vraiment ces échanges qu'on a entre nous. Mais j'ai la sensation de devoir prendre une pause, juste pour souffler.

J'avais du mal à totalement la suivre, mais je ne voulais surtout pas la brusquer. Je commençais à la voir dans tous ces états ces derniers temps et ce serait mentir de dire que ça ne m'inquiétait pas du tout.

— Encore une fois, je te suis totalement. Je ne voudrais pas te brusquer, jamais.

Dans le fond, ce pouvait être considéré en partie comme un mensonge. Parce que je m'étais approché d'elle pour une unique raison. Et je n'avais toujours pas vraiment abandonné cette idée. J'y songeai de plus en plus, mais rien de concret. Bientôt, j'allais devoir répondre à cette question : voulais-je encore exposer Rey Niima ? Peut-être plus tant que ça.

À ma réponse, elle me prit dans ses bras et posa sa tête sur mon épaule. Elle me serra fermement contre elle, comme si j'étais la dernière bouée pour la retenir. Peut-être que j'étais devenu bien trop important pour elle maintenant.

— Désolée, tu as peut-être mis ta cravate pour rien ce soir, plaisanta-t-elle en me relâchant.

— Ne t'en fais pas, je pense qu'elle se fera un plaisir de revenir.

Elle m'adressa un petit sourire puis se leva du canapé pour s'emparer d'un amas de tissu sur une chaise. Quand elle me le tendit, je reconnus alors la chemise blanche qu'elle m'avait volée — ou empruntée selon ses dires.

— Tu étais quand même venu pour ça à la base, lança-t-elle, l'air amusé.

— Tu peux la garder...

— Mais pourquoi ?

— Elle t'allait très bien sur ta vidéo. J'aurais l'air ridicule avec cette chemise maintenant en passant après toi.

Elle mordit sa lèvre inférieure et baissa son regard un bref moment. Puis elle posa ma chemise contre sa poitrine et l'appuya fermement contre.

— Tu es sûr que tu n'en regretteras pas cette chemise blanche que tu as déjà en centaine d'exemplaires ? me demanda-t-elle d'un air rhétorique.

Je secouai ma tête. Elle ne perdait pas le nord, même quand elle semblait ailleurs. J'avais maintenant l'impression de retrouver la Rey que j'avais rencontrée.

Elle reposa ma chemise puis revint s'asseoir à mes côtés.

Sa tenue était bien plus sobre. Un léger chandail bordeaux et un jean. Une tenue bien plus confortable et bien moins aguicheuse. Ce soir, elle avait clairement revu ses priorités.

— Il va falloir qu'on reparle de certaines choses, mais je ne suis pas sûre d'en avoir tant envie que ça pour le moment.

— Fais vraiment comme tu le sens, la rassurai-je une énième fois. Si tu n'as pas envie qu'on couche ensemble ce soir, pas de problème... Si tu as envie d'utiliser un joker et de ne pas t'expliquer que ce soit maintenant ou pour toujours, encore une fois, pas de problème.

Jamais je n'aurais dit ça si je tenais tant que ça à cet article sur elle. J'avais clairement abandonné l'identité de Kylo Ren que je m'étais forgée pour le travail. Cette identité qui me permettait d'agir sans le moindre sentiment, sans le moindre remord. En même temps, je n'avais jamais essayé de pousser une affaire jusqu'à là... Peut-être que si nous n'avions pas couché ensemble, tout m'aurait paru plus clair. Quoique...

Elle posa sa tête sur mon épaule et mes bras se lovèrent sur elle. Sans un mot, on resta ainsi l'un dans l'autre pendant un bon bout de temps, silencieusement. Visiblement, c'était ce dont elle avait besoin pour le moment. Et j'étais prêt à parier qu'il s'agissait de son problème lié à la solitude, problème que j'avais perçu à plusieurs reprises sans le lui faire dire clairement.

Ma main caressa sa douce chevelure pendant qu'avec sa main, elle jouait avec ma cravate.

Ce moment de douceur, c'était aussi ce dont elle avait eu besoin lors de cette soirée caritative. Peut-être que ce n'était que passager, peut-être que ça lui arrivait fréquemment. J'ignorais encore tout d'elle, mais ça n'avait aucune importance actuellement. En voyant à quel point elle était brisée, j'en venais à éprouver tellement de compassion pour elle.

— Peut-être que c'est un peu trop soudain... Mais avec des amis, on va aller dans un bar où y a pas mal de trucs comme des billards, des baby-foot. Peut-être que tu pourrais nous rejoindre.

Elle était si hésitante. Une première venant d'elle. En même temps, ça pouvait presque sonner comme un rencard et nous n'avions vraiment rien d'un couple. Enfin, jusqu'à maintenant. On faisait tout dans un ordre assez... particulier sans pour autant que ce soit une horrible expérience.

— Et tu me présenteras comment ? Comme ton ami ? Crois-moi, ils vont direct penser qu'on est un couple, l'arrêtai-je en riant.

— Peu importe ce qu'ils croiront, ce qui compte, c'est ce qu'on dira.

Elle leva son regard et ma main descendit alors dans son dos. Elle me dévorait du regard et avec sa bouche entrouverte, je sentais qu'elle avait terriblement envie d'ajouter quelque chose mais qu'elle se l'interdisait. Après tout, elle avait bien utilisé un joker à cette soirée, un joker qui me laissait toujours aussi dubitatif.

Je commençais à envisager quelques hypothèses, mais je n'étais pas sûr de vraiment apprécier ce chemin de réflexion pour le moment. Parce que désormais, une autre question me hantait. Une question que je ne pourrais pas lui poser de sitôt.

Avait-elle commencé à développer des sentiments pour moi ?

Et j'en avais l'intime conviction que la réponse était désormais affirmative. Surtout depuis qu'elle m'avait évoqué sa crainte que je fuie, que je la laisse seule. Elle s'était éprise de moi, mais jusqu'à quel point ? Je l'ignorais encore.

— Très bien, je viendrai en tant que ton ami.

Elle déposa un doux baiser sur mes lèvres et ses mains se glissèrent dans mes cheveux, pas pour les attraper, juste pour y laisser filer quelques doigts. J'avais l'impression de retrouver ce bref égarement de douceur dont elle avait fait preuve dans ces toilettes. Mais laquelle de ces facettes prenait réellement le dessus la plupart du temps ? J'avais encore tant de questions à son sujet et étonnamment, je me laissai porter par le moment.

Elle se leva, me laissant seul un instant sur le canapé. Puis elle prit ma main pour la suivre.

— Tu veux manger quelque chose en particulier ce soir ? me demanda-t-elle timidement.

— Est-ce qu'il y a quelque chose qui te ferait plaisir ?

— C'est à toi de choisir, tu es mon invité, me rectifia-t-elle aussitôt.

— Tu es mon hôte et je sens que tu en as réellement besoin.

Elle prit mon visage entre ses mains et sourit timidement. Un sourire un brin reconnaissant.

— Je connais un japonais à emporter à quelques pas de chez moi...

— Vendu.

Elle enfila aussitôt un long manteau bleu ciel tandis que je remis mon long manteau noir. Avec nos manteaux aussi différents, c'était probablement assez drôle de nous voir marcher l'un à côté de l'autre. Même si je connaissais certaines facettes un peu plus obscures de Rey, je devais reconnaître que parfois, elle rayonnait par sa manière d'être. Je le voyais bien à sa démarche enthousiaste et aux nombreux sourires qu'elle m'adressait. Sa joie de vivre était totalement perceptible à travers son visage.

En arrivant dans le restaurant, toute l'équipe reconnut Rey et la salua. Par politesse ils me saluèrent également, sans se demander qui j'étais réellement.

Elle prit deux menus dont elle qu'elle me tendit.

— A priori, je sais ce que je vais prendre, me lança-t-elle en ouvrant quand même son menu.

— Je vais probablement te suivre.

— Tu n'es pas obligé.

— Mais si j'en ai envie ?

— Très bien...

Encore une fois, elle me montrait un brin de reconnaissance dans son regard. Juste un bref instant avant qu'elle se concentre sur son menu, complètement intimidée. Je ne pouvais m'empêcher de l'observer longuement. Cette femme plutôt fragile. J'avais comme l'impression qu'elle se donnait des allures de femme forte pour mieux masquer ses blessures... Mais elle n'était pas la seule dans ce cas-là. Moi aussi j'usai d'un masque et de prétextes pour ne pas avoir à tout affronter. Elle l'avait bien remarqué en voyant à quel point le travail était omniprésent dans ma vie — peut-être un peu trop.

 

*

 

Nous avions mangé silencieusement. Pas parce que c'était devenu gênant entre nous, mais plutôt parce que nous apprécions un moment de pause, et qu'il n'était pas nécessaire de remplir ce silence par de futiles paroles. Parfois, elle traînait sur son téléphone, sans être gênée par ma présence, de crainte que je la juge. Nous partagions juste un moment et c'était suffisant.

À la fin du repas, elle me proposa de prendre un bain avec elle, sans le moindre sous-entendu sexuel. Ce que j'acceptai sans me poser davantage de questions.

Je la suivis jusqu'à sa salle de bain. Immédiatement, elle fouilla dans un placard pour en sortir une bombe de bain en forme de pêche.

— Est-ce que ça te tente ?

— Seulement si tu en as envie.

Elle fut un peu gênée par ma réponse, parce que je lui laissai les devants et que cette fois-ci, elle était peut-être un peu trop perdue pour s'imposer. Mais elle voulait quand même garder un certain contrôle de la situation, je le sentais et ça se comprenait.

Elle remplit la baignoire d'eau puis se fit un plaisir à jeter sa bombe de bains, quitte à éclabousser en partie les murs. Mais à en entendre son rire spontané, ça valait totalement le coup. Puis elle se tourna vers moi, presque mal à l'aise. Nous étions encore habillés, peut-être était-ce ce qui la perturbait. Après tout, le contexte était si différent.

Alors, je dénouai ma cravate puis me débarrassai de ma veste et chemise. Elle évita mon regard un instant et en profita pour enlever son chandail. Assez rapidement, on se retrouva complètement nu et elle se plongea dans le bain tout aussi rapidement. Je la rejoignis et m'installai face à elle.

— Ca ne te gêne pas d'avoir une soirée si différente par rapport à la dernière fois ? osa-t-elle me demander.

Je secouai spontanément ma tête comme réponse. Elle baissa son regard un instant, un léger sourire sur les lèvres.

— Il y a plein de gens qui n'aiment pas forcément ça...

— De quoi ? Que tu aies besoin de temps pour te ressourcer, prendre du recul...? Je trouve ça au contraire complètement normal.

— J'arrive pas à faire comme tout le monde.

Sa voix était tremblante, comme si elle était sur le point de craquer. Alors, je la pris contre moi et repoussai quelques mèches de ses cheveux derrière ses oreilles. Elle ne releva pas la tête pour autant.

— Tu n'as pas besoin de faire comme tout le monde.

Ça la rassura en partie. Son regard se posa de nouveau sur moi. Mais j'aurais aimé pouvoir appliquer ces conseils pour moi-même. Encore une fois, j'avais l'impression d'être ce connard qui ne faisait que lui mentir... Et un jour, elle finirait bien par apprendre cette terrible vérité...

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Enaelyork
Posté le 20/03/2021
J'ai bien l'impression qu'ils se font avoir à leur propre jeu ces deux-là ! Que de fluff dans ce chapitre ! J'ai trouvé ça très mignon, surtout la dernière scène où elle lui propose de prendre un bain. La situation est totalement différente et on a l'impression qu'ils se mettent vraiment à nu cette fois !
MissRedInHell
Posté le 30/03/2021
Ils ne pouvaient pas en rester indemne, surtout avec moi derrière le clavier :p
Ça change beaucoup en effet ! Et ça marque d'autant plus le contraste comme ça ! :D
ManonSeguin
Posté le 11/03/2021
Ahaha i knew it ! A force de trop jouer avec le jeu, on finit indéniablement par se brûler les doigts. Ben qui était partit pour mener l'enquête et déterrer tous les petits secrets de Rey en jouant la carte de la séduction commence à regretter...et effectivement un jour elle le saura. Mais je pense qu'un jour "tout" se saura et ça va juste leur péter à la figure et faire pleins de dégâts...
MissRedInHell
Posté le 30/03/2021
Forcément ! Jouer avec le feu, c'est bien marrant au début, mais ce n'est jamais sans risque... et vu que j'aime foutre le bordel huhu :')
Vous lisez