CHAPITRE 13

Par Smi

Martial avait décidé de s’octroyer une bonne sieste ce samedi après midi quand son portable le tira de ses rêves.

« C’est Mr Pingh, vous seriez prêt pour un petit voyage cet après midi »

Toujours aussi direct dans ses propos, la sollicitation du professeur ne prêtait pas à discussion. Martial aurait préféré une balade à moto dans les calanques Marseillaise par cette belle  journée ensoleillée. Il savait qu’il reviendrait une fois de plus de ce nouveau voyage dans le passé avec plus d’interrogations que de réponses à ses questions.

Mais peut lui importait, il fallait avancer, il voulait vérifier son intuition et ramener une trace de ce passé pour justifier ses dires auprès de son ami mais aussi et surtout pour donner un sens à sa vie.

Des éléments lui manquaient encore dans le puzzle de sa vie. Pourquoi cette jeune fille du passé l’obsédait elle. Il avait essayé de chercher au plus profond de sa mémoire qui pouvait être Camille mais rien ne lui revenait à l’esprit. Une fois de plus, il se dit que ses parents pourraient lui fournir une explication, du moins une piste à explorer. Il se décida à appeler son père avant de rejoindre le professeur pour une nouvelle aventure dans le temps.

Après les politesses de rigueur, il entra dans le vif du sujet :

«Dis moi papa, il me revient en mémoire une jeune fille qui s’appelait Camille et que je connaissais apparemment  du temps du lycée. Je me demandai si tu te souvenais de son nom de famille ou de quoi que ce soit ? Avec mon traumatisme dû à l’accident de moto et à l’amnésie que j’ai eu sur les mois précédents, je me disais que tu pourrais peut être m’aider à me souvenir »

Il n’eut que le silence pour toute réponse à tel point qu’il imagina avoir été coupé dans sa communication.

« Pa, tu es toujours là »

« Heu , oui , fiston , quel prénom as-tu dit »

« Camille, elle s’appelait Camille. J’ai recherché dans les élèves de ma classe ou du lycée puis sur internet mais rien ne me revient plus précisément.

« Cela ne me dit rien du tout. » se contenta de répondre son père.

« Tu sais, il existe beaucoup de Camille, tu as dû en rencontrer dans ta vie, c’est une pure coïncidence »

 

« Oui , tu as peut être raison » finit-il par acquiescer.

Il prit congé et raccrocha, assez confus une fois de plus de ne pas pouvoir en dire plus aux seules personnes qui pouvaient vraiment lui apporter une réponse.

Décidé à mettre son plan à exécution, il se prépara psychologiquement pour son nouveau point de chute dans le passé, avec la ferme intention de revenir avec une preuve irréfutable.

Comme à l’accoutumé, le professeur passa le prendre au bas de son immeuble et le trajet se déroula sans véritable discussion entre les deux hommes.

« Nous augmentons toujours la dose » questionna t-il

« Oui, nous déroulons le protocole comme il était convenu, si cela vous convient bien sûr »

« Pas de problème, cela me convient parfaitement. Je souhaite cette fois ci pousser le niveau émotionnel très loin. Vous m’avez bien dit qu’avec une dose de plus en plus forte, je ressentirai plus d’émotions et encore plus le sentiment d’agir »

« C’est tout à fait ça, vous avez parfaitement compris ». Le professeur n’était jamais très disert et encore moins lorsqu’il s’agissait de fournir des détails sur le déroulement des expériences.

Dans la mesure où Martial supportait les voyages sans effets secondaires et souhaitait y retourner à chacune de ses sollicitations, cela ne lui posait aucun problème. Il donnait presque l’impression d’attendre le faux pas, l’accident ou le point de non retour.

Confortablement installé dans le fauteuil habituel, tel un spationaute qui attend l’allumage de la fusée pour le grand saut dans l’espace, Martial avait le regard dans le vide.

« Vous vous concentrez sur quel évènement ? » demanda Mr Pingh

« Je voudrais sceller notre amour avec la jeune fille du passé. Il faut que nous réalisions quelque chose de fort et de durable. Je ne sais pas encore quoi. Mais j’ai remarqué au cours des derniers voyages que mon corps et mon esprit sont réellement transportés dans le passé.

Comment vous expliquer, je ne ressens plus le présent mais j’appartiens au passé. Mes faits et gestes deviennent naturels et quelquefois je ne les contrôle pas. »

Au moment d’avaler les pilules magiques, il perçut les derniers mots prononcés par le professeur de manière de moins en moins distincte :

«C’est cela, allez marquer un signe de votre amour »

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