Chapitre 13

Après avoir vu Alexie quitter le patio, les deux garçons allèrent dire au revoir à quelques connaissances avant de se diriger vers l’entrée. Ils pensaient que la jeune fille les attendait devant le bâtiment, fâchée de la mauvaise soirée qu’ils venaient de lui faire passer. Mais, en y arrivant, ils ne la trouvèrent pas. Le conducteur de la limousine, qui les avait amenés sur place, leur parla d’un taxi que quelqu’un lui avait payé pour qu’il la ramène.

Plus ou moins inquiets, ils décidèrent alors de rentrer à leur tour. En arrivant à leur appartement, ils remarquèrent l’absence d’Alexie assez rapidement. Ses chaussures et son manteau n’étaient pas dans l’entrée et elle ne se trouvait nul part. Mathéo sortit son téléphone de sa poche et composa le numéro de la jeune fille. Après plusieurs tonalités, il entendit la voix enjouée de son amie.

_ Vous êtes bien sur la messagerie d’Alexie, je ne peux pas vous répondre pour le moment, mais laissez moi un message.

_ Alors ?

La voix de son frère le ramena dans la réalité.

_ Je tombe sur la messagerie.

_ Bon, Alexie avait l’air fâchée, elle a peut-être voulu faire un détour avant de revenir et puis…

Les deux jeunes hommes sursautèrent au son de leur téléphone respectif. Tyméo plaqua sa main sur sa bouche et Mathéo s'effondra sur une chaise de la cuisine. Ils se regardèrent un instant. Tyméo brisa le silence.

_ Tu as reçu un SMS toi aussi ?

_ Oui… Mais…

_ Montre-le moi !

Tyméo attrapa le téléphone de son frère.

_ Eh ! Qu’est-ce qu’il te prend Tim ?

_ Mat, toi aussi ?

_ Comment ça “moi aussi” ?

_ Toi aussi, tu te faisais menacer ? Et tu ne m’as rien dit !

_ Parce que toi aussi ? Tu ne m’as manifestement rien dit non plus Tim !

_ OK, stop ! Dialogue de sourd.

_ Oui tu as raison, qu’est-ce qui est écrit sur ton SMS ?

_ “Plus besoin de me l’apporter, elle est avec moi. Ne cherchez surtout pas à la retrouver.” Et toi ?

_ Pareil.

_ Alors, Alexie a été enlevée… Qu’est-ce qu’on va faire Mat ?

Ce dernier se leva et commença à faire les cents pas dans la cuisine. Son frère prit sa place sur la chaise.

_ Arrête de faire ça tu sais que ça me donne le tournis.

Mathéo s’arrêta.

_ Excuse-moi, ça m’aide à réfléchir. Qu’est-ce que nous savons sur cette homme ?

_ Eh bien, il a apparemment quelque chose contre Alexie, mais je ne vois pas quoi.

_ Oui, bon, c’est la partie évidente, mais si on creuse. Est-ce que tu penses qu’il y a un lien avec les agressions de ces derniers temps, tu sais la Française que connaissait Alexie.

_ Mat… Tu as recommencé à faire les cents pas.

_ Excuse-moi.

Tyméo se leva soudainement de sa chaise. Et monta les escaliers quatre à quatre. Après quelques instants, il redescendit avec un papier à la main.

_ Qu’est-ce que c’est ?

_ Lis ça.

Tyméo tendit la feuille à son frère et celui-ci la lut à voix haute :

_”Tu sais ce que je veux, livre-la moi comme nous en avions convenu et je te donnerai les cent mille dollars en échange. N’oublie pas ce qui est arrivé aux deux jeunes femmes, ton amie française n’est pas passée loin non plus”. 

Après un silence et plusieurs relectures, Mathéo leva les yeux vers son frère.

_ Ton amie française ? De qui parle-t-il ? 

_ De Marie. Quand elle rentrait du petit Parisien, la fois où on y a emmené Alexie, je traînais dans la rue et je l’ai croisée, un homme bizarre la suivait.

_ Pourquoi ne m’as-tu rien dit Tim ?

_ Je l’ai ramenée chez elle et quand je suis rentré tout le monde dormait, le lendemain matin j’avais oublié. Je n’ai pas pensé que cela pouvait être important.

_ Tu n’as pas pensé que cela pouvait être important ?! Mais Alexie a été suivie, elle aussi, le lendemain de ça ! 

_ Calme-toi Mat, c’est trop tard de toute façon.

Mathéo prit une grande inspiration, expira et recommença à faire les cent pas.

_ Mat…

_ Chut, je réfléchis.

Tyméo se tut et regarda son frère marcher dans la pièce. Soudain ce dernier s’arrêta et pivota vers l’autre garçon.

_ Il faut qu’on aille voir la fille.

Sans même attendre une réponse, il prit sa veste sur le porte manteau.

_ Attends, quoi ? Quelle fille ?

_ Dépêche-toi, Tim.

Tyméo tint la porte que son frère essayait d’ouvrir.

_ De quoi est-ce que tu parles, Mat ?

_ La fille, celle qui s’est faite agresser en premier, la Française.

_ Oui et alors ?

_ Elle a dû voir son agresseur, ça peut nous donner une piste.

_ Mat, elle est à l’hôpital, il est plus d’une heure du matin, tu penses vraiment qu’ils vont nous laisser la voir ? Et tu ne crois pas que la police l’a déjà interrogée ?

_ Si bien sûr, mais je n’ai pas envie d’attendre que la police s’en occupe.

_ On a qu’à y aller demain matin, les visites commencent à partir de neuf heure.

Mathéo capitula. Il reposa sa veste et s’assit dans le canapé. Son frère fit de même.

_ Je n’arriverai jamais à dormir, Tim.

_ Moi non plus, Mat, moi non plus.

***