Chapitre 13

Par Cerise

Skinwalker :

Issu de la culture navajo, un skinwalker est une sous-espèce de chimère, descendante de guérisseurs devenus « mauvais » utilisant leurs savoirs de chaman pour amener le mal. Cette inclination les a amené à prendre l’apparence d’un animal (loup, coyote, corbeaux) ou d’une personne afin de faciliter ses méfaits, capacité conservée par les skinwalkers contemporains.

Le lendemain matin l’éveilla au son d’un cor annonçant une joute de haut niveau entre sa tête lancinante et son estomac retourné. Elle avait trop bu. Bien trop bu.

Sans que le moindre processus de réflexion conscient n’intervienne dans ce choix, elle se tourna sur elle même, replongea le nez dans l’odeur familière du canapé d’Esteban — en vrai, il n’y avait pas que lui pour squatter éhontément chez les autres — et un rien aurait suffit pour qu’elle glisse à nouveau dans un sommeil délicieusement innocent. Sauf qu’elle entendit, venant du matelas en dessous d’elle, un léger grognement endormi. Tayana.

Tayana… De penser à elle, son estomac se retourna. Elle se redressa sur un bras, lentement, mais sitôt le buste à la verticale l’urgence prit le relais. Ses membres se raidirent, elle se leva, se mit à marcher, puis courir au milieu des reliefs de la fête jusqu’aux toilettes.

C’est au moment où son corps se débarrassait de la plus radicale manière des restes alcoolisés de la veille que la fin de la soirée lui revint.

Oh non.

Non non non non non non !

Elle se serait mis des baffes si ses mains n’étaient pas déjà occupées à la soutenir au sol. Mais comment avait-elle pu se faire embobiner si facilement par Tayana !

Elle lui avait tout raconté. Tout ! Qui était qui à la Villa, la banshee, le faune, tout ! Avec le groupe de curieux qui s’était rapidement formé autour d’elles, ils avaient cherché ensemble le meilleur parieur, et elle avait claqué un joli pactole sur Lilou, Gwen et les autres. Pire, plusieurs autres invités avaient fait de même — bien que bourrée, elle pouvait être convaincante semblait-il, ou alors les autres étaient juste plus alcoolisés qu’elle. Mais qu’ils perdent ou gagnent quelques centaines d’euros n’était pas le plus grave. Non, le problème, le vrai, était qu’elle n’avait pas honoré ses engagements vis-à-vis de Sylvestre. Elle avait promis de tenir sa langue, elle le voulait, et elle l’aurait fait si Tayana ne l’avait pas cuisiné comme ça. Si elle-même n’avait pas autant bu. Si Esté ne lui avait pas fait la gueule. Et si elle avait passé moins de temps sur cette foutue affaire !

Heureusement, des souvenirs précis émergeaient, et elle se rappelait qu’après en avoir assez appris sur les chimères, la plupart des invités s’étaient désintéressés d’elle. Elle n’avait pas embrayé sur les autres aspects de l’enquête.

Le grincement de la poignée de la porte tournant dans le vide manqua de la faire sursauter. Une voix s’éleva à l’extérieur des toilettes :

– Ya quelqu’un ?

Esteban.

– C’est moi, répondit-elle, j’ai fini je sors.

Elle s’essuya la bouche avec du papier, fit de même avec la cuvette, se rinça les mains et tira la chasse jusqu’à ce que l’ensemble paraisse à peu près net.

En la croisant, il lui glissa d’un air moitié renfrogné moitié concerné :

– T’étais pas fraîche hier.

– Ouais, je sais, murmura Mila du bout des lèvres. Merci de m’avoir laissé dormir là.

Esteban grogna, amorçant un demi-tour avant de se raviser.

– Bon. Tu nous lancerais un caf » ?

Filtre. Cuillère. Café. Eau.

Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas occupée du café matinal ici. Elle dut ouvrir trois placards avant de mettre la main sur un paquet entamé.

Tayana dormait toujours lorsqu’Esté la rejoint. Sans se concerter, ils parlaient à voix feutrées, préservant pour eux deux un peu d’intimité. Les arômes chocolat-caramel torréfiés achevèrent de la réveiller, et elle avait l’esprit plus clair avant même sa première gorgée. Elle chuchota :

– Désolée Esté. Pour ton anniv, et… pour avant. Je crois que je me suis un peu laissée entraîner.

– Je crois aussi.

Il but mais grimaça sous la chaleur de la boisson, avant de poursuivre :

– Je sais que les chimères, c’est ton truc, dès qu’on en parle, c’est fini, plus rien d’autre existe. Mais là ces derniers temps, c’est… c’est trop en fait. Ça prend trop de place !

Il avait posé sa tasse, ses mains virevoltaient, le délivrant de la frustration de ne pouvoir pousser la voix.

Mila soupira, mais ne dit rien. Elle savait qu’une part d’elle avait tendance à se laisser absorber par les chimères. Mais elle ne pouvait pas se réfrener. Elle avait besoin de comprendre, de les comprendre. Et ça, elle doutait qu’il le conçoive un jour. Cela n’empêcha pas son ami d’enfoncer le pieu :

– Et puis, une fois que tout ça sera fini, tu crois qu’il va se passer quoi avec ton commandant ? Tu vas retourner à tes articles, et lui à ses PV. J’ai peur de la chute.

Il clôtura sa tirade en reprenant son mug.

Une flopée de scénarios se matérialisèrent devant ses yeux, à la manière d’un arbre phylogénétique : elle et Sylvestre, en tandem, traquant à la brune le crime en bons Batman et Robin ; elle-même intégrant son unité, en acceptant la codirection ; ou bien elle écrivant des polars sur la base de cas réels qu’il lui soumettrait, en catimini.

Elle hésita puis croisa son regard, avant qu’il n’ajoute, par-dessus le rebord de sa tasse :

– Si cette chute n’arrive pas plus vite que ça, avec ce que tu as balancé hier soir…

Voilà. On y était. Ce qu’elle cherchait à occulter depuis plusieurs minutes ressurgissait. Une nouvelle option se déplia devant elle : eux deux, en mode chacun sa route chacun son chemin, sans plus aucun contact. Elle grimaça. Non, ça, ce serait trop injuste.

Elle noya son embarras dans son café, avant de se lancer :

– Tu sais si… tu te souviens combien on était, hier, à discuter de ça ? Qui il y avait ? C’est un peu brumeux pour moi encore…

– Tu m’étonnes. Je t’avais pas vu enquiller comme ça depuis ton anniv des 22 ans, tu sais, celui où…

– Oui, oui, Esté, je sais.

Ce n’était pas un souvenir particulièrement glorieux. Le gâteau au chocolat trop lourd, arrosé au rhum arrangé, avait terminé sa brève existence après une amorce de digestion ratée sur le trottoir, en dessous de la fenêtre de son salon.

Heureusement pour elle, il n’épilogua pas :

– J’étais un peu occupé à te faire la gueule en fait, du coup, ben j’ai passé une partie de la soirée l’œil sur toi. Histoire de voir si à un moment tu allais avoir des remords.

– J’en ai, crois moi !

– Pas pour ça, pour moi. Mais bon… T’en avais pas, donc c’est moi qui me suis pointé pour te voir. Mais tu étais tellement occupée que je crois que tu ne m’as même pas calculé.

Elle tenta une œillade contrite, mais il ne releva pas et poursuivit :

– Donc, je me souviens de Tayana, d’Ibrahim, de Melvyn, et aussi de Louna. Il me semble que c’est tout. Ah, non, sur la fin il y a aussi Amalia qui s’est pointée, juste après moi, quand tu as récapitulé une dernière fois qui est qui, avant que tout le monde ne valide ses paris.

Mila se prit la tête dans ses mains. Cela faisait trop. Beaucoup trop. Cinq de trop, pour être précise.

– Dis, tu me filerais le numéro de Melvyn et d’Amalia ? Je crois que je les ai pas.

– Et tu vas faire quoi ? Appeler tout le monde, leur demander d’oublier ça ?

Il la regarda, et soupesa son expression. Mila balançait entre détermination et découragement. Esteban reprit :

– Oui, bah bien sûr, je te les file. Mon téléphone charge dans la chambre. Te gêne pas.

Elle ne se gêna pas. Elle ne se gêna pas non plus pour dire ses quatre vérités à une Tayana vaguement réveillée, l’accusant d’avoir profité de sa culpabilité envers Esteban pour la faire boire. L’impact sur la principale intéressée fut de l’ordre de la chiure de pigeon plutôt que de la météorite : désagréable, mais sans grande conséquence. Elle gratifia Mila d’un « t’es majeure ma vieille je t’ai pas forcé à boire » avant de sombrer à nouveau dans le sommeil. Bien. Encore quelques heures à attendre pour pouvoir tirer quoi que ce soit de celle-là.

Elle se préparait à partir, lorsqu’Esté la retint, son téléphone duquel pendait encore un câble à la main :

– Mila, tu devrais jeter un œil.

Elle reposa son sac sur le comptoir avant de regarder l’écran, tout en retirant machinalement le chargeur. Elle allait le ranger à côté de ses affaires, mais suspendit son geste à mi-course : sur l’écran, une photo de Nathan, avant ses blessures, surplombée d’un gros titre affichant : « Le loup-garou agressé révèle tout en direct ».

Nathan avait craqué. C’est ce qui ressortait en substance de l’article en dessous, assorti d’une vidéo extraite de l’émission de la veille. Celle ayant directement suivi les prises de dépositions. Elle lança le film : il commençait par Nathan tournant en rond, se faisant apostropher par Frida. Une histoire de loup en cage, quelque chose comme ça. Nathan s’était retourné vers elle, le ton grondant, avant de prendre à partie le plafond, cherchant des yeux les caméras trop bien masquées, criant désormais, hurlant qu’on le laisse partir. Il s’était figé d’un seul coup, avant de tempêter de nouveau : « Je suis un loup-garou ! C’est moi le loup-garou ! Je vous le dis, c’est moi le loup-garou ! Laissez-moi sortir, je n’ai plus de secret, je suis le loup-garou ! »

Tête rejetée vers l’arrière, il hurlait maintenant, d’un cri surhumainement long et guttural, et malgré l’écran minuscule, malgré le son déplorable, Mila sentit les poils de ses avant-bras se dresser d’un instinct de protection multimillénaire.

– Ils ont coupé le direct avant, ils ont, quoi, 30 secondes de décalage peut-être, reprit Nathan en arrêtant la vidéo. Mais un tech s’est foiré, et a oublié tous ceux qui regardaient depuis l’appli. Tous les abonnés premium, tous ils ont vu le pétage de câble en direct. Et dans le lot, il y en a au moins un qui enregistrait. Le futur tech au chômage s’est réveillé pour stopper à ce moment-là, au hurlement. En quelques minutes, ça circulait déjà. Ce matin, il y a au moins deux cents duplicatas à travers le net. Plus possible de l’étouffer.

Esté avait repris son téléphone disant cela, et repassait la vidéo. Elle atteignit à nouveau le cri animal, et il conclut :

– Ça fout les jetons, un peu, quand même, non ?

Elle acquiesça. Putain, ça devenait du grand n’importe quoi.

– Je te laisse Esté, je dois les autres, essayer de calmer un peu le jeu et vérifier que… Que bon, personne va faire de coup tordu.

– Méfie-toi, c’est du lourd ce que t’as balancé hier. Surtout avec ce Nathan, là, qui confirme l’une de tes hypothèses. C’est pas dit qu’ils vont tous être d’accord pour pas profiter un peu plus.

Elle gémit, attrapa son sac, et sortit au pas de course de chez Esté.

À peine dehors qu’elle composa le premier numéro de sa liste mentale. Qui sonna dans le vide. Elle ne laissa pas de message, et enchaîna. Elle eut plus de chance avec le second : Ibrahim. Il la rassura, de sa voix chaude encore rauque de sommeil et de cigarette, l’assurant qu’il la remerciait bien d’avoir arrondi sa fin de mois, mais qu’il s’arrêterait là dans la recherche de profit. Mila parvint à refréner son envie de lui crier son amour — elle avait l’alcool plutôt joyeux tendance bisounours —, mais transforma cette déclaration inappropriée en un « je t’adore, t’es génial » de meilleur ton. Une petite bulle d’espoir vacillait en elle : après tout, le monde n’était pas constitué que de salauds et de pouffiasses, existaient aussi des gens bien, et Esté appartenant à cette catégorie, normal que ses amis aussi. Il n’y aurait pas de problème. Ils sauraient garder pour eux ce léger dérapage.

Elle s’apprêtait à chercher le numéro de Louna dans ses contacts, lorsque son écran s’anima sous ses yeux. Elle décrocha :

– Sylvestre ? Il y a quelque chose ?

Elle pria tous les petits et grands dieux qu’il ne décèle pas dans sa voix la culpabilité qu’elle sentait veiner le moindre de ses mots.

– Mila, ah, bien, tu es réveillée, j’espère que tout s’est bien passé hier soir pour l’anniversaire de ton ami ?

– Oui, oui.

Changer de sujet. Vite !

– Tu appelles pour Nathan ?

– Ah, oui, tu as vu ? Il voulait sortir, il devrait être exaucé. Non, je ne t’appelle pas pour ça. Nous avons commencé à interroger en profondeur les différentes personnes présentes lors de l’agression. C’est un peu… un peu tendu. Surtout après hier soir.

Ce devait être un euphémisme. Sylvestre avait la plasticité d’un élastique, à moins de vraiment tirer sur la corde peu de chance qu’il se sente « tendu ». Elle le relança :

– Et donc ?

– Et donc nous avons commencé par Gwen, tu t’en doutes. Nous avons rapidement fait le tour de la nuit de l’attaque sur Nathan. Elle n’a rien vu, rien entendu, elle indique dormir avec un masque sur les yeux et des bouchons d’oreilles.

So sexy. Bref…

– Nous n’en sommes pas restés là, continua-t-il, et nous avons posé des questions plus larges. Son avocat, mis à disposition par la prod, est intervenu, apparemment il a des consignes très strictes. Notamment faire garder le plus possible le silence aux participants.

Il soupira :

– Ils ont le droit, bien sûr, mais ça ne fera pas avancer quoi que ce soit. Enfin, il a fini par entendre raison, et nous avons pu montrer à Gwen la photo. Ta photo Mila, celle de la conférence de presse.

Malgré elle, son pas ralentit, jusqu’à ce qu’elle s’arrête tout à fait, à une dizaine de mètres du métro. Un homme barbu, gobelet isotherme en main, manqua de lui rentrer dedans. Elle le remarqua à peine tandis que Sylvestre continuait :

– Elle est catégorique. Elle nous a écoutés lui expliquer comment la photo a été prise, et l’a bien regardée. Nous nous sommes trompé Mila, cet homme, ton agresseur, notre suspect majeur, ce n’est pas un djinn. Nous avons fait fausse route !

– Que… quoi ?

C’était un djinn ! Ce ne pouvait être qu’un djinn ! Qui d’autre pouvait aussi aisément manipuler ses souvenirs ? Qui pouvait se rendre invisible à l’envi ? Bien sûr que c’était un djinn ! Et pourtant… Si Gwen le certifiait… Se pouvait-il qu’elle mente ? Qu’elle le connaisse ? Qu’elle le couvre ? Oui, cela ne pouvait être que cela, elle savait qui c’était, peut-être même étaient-ils de mèche, et elle sentait le vent tourner. Quelle maladresse ! Comment pouvait-elle espérer qu’un mensonge aussi grossier, aussi stupide puisse tenir le coup ? Bien sûr que c’était un djinn !

Le commandant reprit, d’une voix précipitée :

– Ce n’est pas tout. Tu te souviens, les traces de sang qu’on a recueilli, dans la cour. Elles ont donné quelque chose. Nous avons l’identité du berserk !

Elle resta une seconde interdite, et Sylvestre enchaîna :

– Merle Paquin, 29 ans, habite à Epinay. Nous devrions recevoir dans l’heure un mandat pour le cueillir à son domicile. Où te trouves-tu ?

– Je… Pas loin de chez Esté, je retourne chez moi.

– Rentre et restes-y. On ne sait jamais. Je te rappelle.

Elle resta une ou deux seconde, figée, le téléphone encore à l’oreille, avant de réaliser qu’il avait raccroché.

Une drôle de sensation l’envahissait : ses épaules alourdies de ses derniers jours se redressaient, tandis qu’une pierre coulait au fond de son estomac. D’ici une heure, deux au plus, la moitié de ses agresseurs serait sous bonne escorte. Quant à l’autre moitié… restait donc le djinn, ou, comme l’affirmait une soi-disant spécialiste enfermée de son plein gré dans une villa pleine d’hormones, la-chimère-qui-n’était-pas-un-djinn-mais-faisait-tout-comme. Pffuf, ça ne tenait pas la route cette histoire.

Mila reprit son chemin lentement vers le métro. Pour la myriadième fois, elle tenta de se mettre à la place de l’une de ces chimères. À la place d’un djinn, d’un loup-garou, ou même d’un dhampire. Qu’est ce que cela faisait, de tenir entre ses mains l’argile molle du cerveau d’en face, et d’en façonner une jolie histoire, ou un conte d’épouvante ? Qu’est-ce qu’on ressentait, à hurler à la lune, naseaux frémissants, une fois par mois ? Comment on se sentait, à étancher cette soif irrépressible et ignominieuse, non à un sachet plastique stérile, mais directement à la source ?

Elle ne le savait pas. Malgré ses recherches, les centaines d’heures passées à compulser des ouvrages savants, des biographies maladroites, des vidéos témoignages mal cadrées dont les sujets, tout à tour honteux et défiants, posaient des mots là où il n’y avait que des sensations, elle n’avait jamais ressenti ce frisson, cette exultation d’être « un peu plus ». De pousser son corps au-delà. Et ne le ressentirait jamais.

Elle tenta de se recentrer sur le djinn, enfin, sweat à capuche, et récapitula ce qu’elle savait de lui. Petit-un, il était très doué pour manipuler les esprits. Plus précisément, ce qui touchait à la mémoire et aux souvenirs. Petit-deux : il pouvait se rendre invisible. Petit-trois : invisible, il apparaissait malgré tout sur les photos argentiques. C’était ce dernier point qui la chiffonnait le plus. Elle avait cherché depuis, et n’avait rien déniché à ce sujet, nulle part.

Et puis, restait Cadaral. Qui, au final l’avait poussé dans la douche ? Le berserk, avec sa force colossale ? Sauf que jusqu’à preuve du contraire, les berserki n’avaient pas la capacité de se rendre invisibles. Et sweat à capuche lui paraissait un peu malingre face à un calibre balèze comme feu le magnat des médias.

Et les inscriptions ? Et Nathan ? Qui cherchait-on à effrayer ? Ou à protéger ? Il était moins question que jamais d’interrompre Chimersaffairs. Si c’était là l’objectif de l’apprenti graffeur, c’était raté. Certes, le Comité de la Nouvelle Lune avait fait des petits, et nombre de chimères s’étaient acoquinées en groupuscules plus ou moins véhéments pour clamer leur droit à exister comme bon leur semblait — visibles ou cachés. Mais aux dernières nouvelles, personne n’avait revendiqué ouvertement la paternité des inscriptions.

Pour le grand public, les dix candidats restants représentaient la jeunesse, la beauté, et l’extraordinaire. Le quelque chose en plus d’exceptionnel qui vous propulsait d’éboueur, de maîtresse d’école ou d’agent des impôts à… hé bien, éboueur, toujours. Mais avec une force surhumaine, avec laquelle le premier container venu ne pesait pas plus qu’un chaton de deux semaines. Laquelle force finirai, un jour ou l’autre à vous projeter sur le devant de la scène, à la vue et à l’admiration de tous, pour peu qu’on le souhaite. Et qui ne le souhaitait pas ? Être aimé. Respecté. Craint, un peu oui. Mais surtout adulé. Et jamais seul.

Elle sentait le mal de tête diffus de la veille se concentrer en une migraine pointue. D’abord, rentrer. Ensuite, elle commencerait par penser à elle. Et à rappeler les autres invités trop vénaux de la soirée.

 

 

 

 

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Fannie
Posté le 04/10/2020
Pourquoi Mila ne pense-t-elle pas à un huldre ? Ça fait depuis le chapitre 7 qu’on a des indices dans ce sens. Même quand Sylvestre lui dit que ce n’est pas à un djinn qu’elle a eu affaire, elle s’obstine. Pourtant elle connaît les chimères.
Elle a bien vite évacué le souci des amis à qui elle a fait des révélations. Moi, à sa place, je tremblerais à l’idée que cette bourde éclate au grand jour. Et quand Sylvestre apprendra ce qu’elle a fait, comment réagira-t-il ? En plus, elle essaie de reporter la faute sur les autres.
Les suites de cette beuverie promettent bien des joyeusetés. Je me méfie surtout de Tayana.
Coquilles et remarques :
— de guérisseurs devenus « mauvais » utilisant leurs savoirs de chaman pour amener le mal [en utilisant / pour apporter le mal (il y a le verbe « amener » plus loin)]
— Cette inclination les a amené à prendre l’apparence d’un animal (loup, coyote, corbeaux) [amenés / corbeau]
— elle se tourna sur elle même, replongea le nez dans l’odeur familière du canapé d’Esteban [elle-même]
— et un rien aurait suffit pour qu’elle glisse à nouveau dans un sommeil [aurait suffi]
— mais sitôt le buste à la verticale l’urgence prit le relais [Virgule après « la verticale ».]
— elle se leva, se mit à marcher, puis courir au milieu des reliefs [puis à courir]
— Oh non. [Là, je mettrais une ponctuation plus expressive : point d’exclamation ou points de suspension.]
— Mais comment avait-elle pu se faire embobiner si facilement par Tayana ! [Point d’interrogation, même si c’est une question rhétorique.]
— Mais qu’ils perdent ou gagnent quelques centaines d’euros n’était pas le plus grave. [Je dirais « qu’ils aient perdu ou gagné ».]
— et elle l’aurait fait si Tayana ne l’avait pas cuisiné comme ça [cuisinée]
— Heureusement, des souvenirs précis émergeaient, et elle se rappelait qu’après en avoir assez appris sur les chimères [Je ne mettrais pas la virgule avant « et ».]
— Ya quelqu’un ? [Y a (en deux mots) ; c’est « il y a » avec l’ellipse du « il ».]
— C’est moi, répondit-elle, j’ai fini je sors. [Ponctuation : « C’est moi, répondit-elle. J’ai fini, je sors. »]
— En la croisant, il lui glissa d’un air moitié renfrogné moitié concerné [d’un air à moitié renfrogné et à moitié inquiet, soucieux ; « concerné » est une impropriété]
— Merci de m’avoir laissé dormir là [laissée]
— Bon. Tu nous lancerais un caf » ? [un café]
— Les arômes chocolat-caramel torréfiés achevèrent de la réveiller [« L’arôme chocolat-caramel torréfié acheva de la réveiller » ou « Les arômes chocolat et caramel torréfiés achevèrent de la réveiller ».]
— Il but mais grimaça sous la chaleur de la boisson, avant de poursuivre [Virgule avant « mais ».]
— Je sais que les chimères, c’est ton truc, dès qu’on en parle, c’est fini, plus rien d’autre existe. [Point-virgule ou deux points après « ton truc ».]
— Mais là ces derniers temps, c’est… c’est trop en fait. [Virgule après « Mais là » et avant « en fait ».]
— Mais elle ne pouvait pas se réfrener [se refréner]
— Il clôtura sa tirade en reprenant son mug [clôturer, c’est mettre une clôture; voir ici : http://www.academie-francaise.fr/cloturer-la-seance et clore n’a pas de passé simple. Je propose « acheva » ou « conclut ».]
— Je t’avais pas vu enquiller comme ça depuis ton anniv des 22 ans, tu sais, celui où… [de 22 ans]
— J’étais un peu occupé à te faire la gueule en fait, du coup, ben j’ai passé une partie de la soirée l’œil sur toi. [Virgule après « la gueule ».]
— J’en ai, crois moi ! [crois-moi]
— Dis, tu me filerais le numéro de Melvyn et d’Amalia ? Je crois que je les ai pas [les numéros]
— Il la regarda, et soupesa son expression. [Pas de virgule avant « et ».]
— Oui, bah bien sûr, je te les file [ben bien sûr]
— Elle gratifia Mila d’un « t’es majeure ma vieille je t’ai pas forcé à boire » avant de sombrer à nouveau dans le sommeil. [Ponctuation : « t’es majeure, ma vieille ; je t’ai pas forcée à boire » / forcée]
— Elle se préparait à partir, lorsqu’Esté la retint [Je ne mettrais pas la virgule]
— Mila sentit les poils de ses avant-bras se dresser d’un instinct de protection multimillénaire [Je dirais « (mus) par un instinct ».]
— Ils ont coupé le direct avant, ils ont, quoi, 30 secondes de décalage peut-être [Point ou point-virgule après « avant ».]
— Mais un tech s’est foiré, et a oublié tous ceux qui regardaient depuis l’appli [« s’est planté » ou « a foiré » / pas de virgule avant « et »]
— Tous les abonnés premium, tous ils ont vu le pétage de câble en direct. [Il faudrait placer le deuxième « tous » entre deux virgules.]
— Esté avait repris son téléphone disant cela, et repassait la vidéo [en disant /pas de virgule avant « et ».]
— Je te laisse Esté, je dois les autres [Je te laisse Esté. Je dois appeler les autres]
— Elle gémit, attrapa son sac, et sortit au pas de course de chez Esté. [Pas de virgule avant « et ».]
— Elle ne laissa pas de message, et enchaîna. [Pas de virgule avant « et ».]
— elle avait l’alcool plutôt joyeux tendance bisounours [à tendance]
— Mila, ah, bien, tu es réveillée, j’espère que tout s’est bien passé hier soir pour l’anniversaire de ton ami ? [Ponctuation : « Mila, ah bien, tu es réveillée. J’espère que tout s’est bien passé hier soir pour l’anniversaire de ton ami. »]
— Ah, oui, tu as vu ? [Je ne mettrais pas de virgule après « Ah ».]
— à moins de vraiment tirer sur la corde peu de chance qu’il se sente « tendu »[Virgule après « corde ».]
— Son avocat, mis à disposition par la prod, est intervenu, apparemment il a des consignes très strictes. [Point après « intervenu ».]
— Ta photo Mila, celle de la conférence de presse. [Virgule avant « Mila ».]
— Malgré elle, son pas ralentit, jusqu’à ce qu’elle s’arrête tout à fait [Je ne mettrais pas de virgule après « ralentit ».]
— Elle nous a écoutés lui expliquer comment la photo a été prise, et l’a bien regardée. [Pas de virgule avant « et ».]
— Nous nous sommes trompé Mila, cet homme, ton agresseur, notre suspect majeur, ce n’est pas un djinn [trompés / virgule avant « Mila » / point après « Mila ».]
— Elle resta une ou deux seconde, figée, le téléphone encore à l’oreille, avant de réaliser qu’il avait raccroché. [secondes / pas de virgule avant « figée » / avant de s’apercevoir, de remarquer]
— ça ne tenait pas la route cette histoire. [Virgule avant « cette histoire » .]
— Qu’est ce que cela faisait, de tenir entre ses mains l’argile [Qu’est-ce]
— Pas de trait d’union à « Petit-un », « Petit-deux » et « Petit-trois ».
— Qui, au final l’avait poussé dans la douche ? [finalement (pas « au final »]
— Pour le grand public, les dix candidats restants représentaient la jeunesse, la beauté, et l’extraordinaire. [Pas de virgule avant « et ».]
— Mais avec une force surhumaine, avec laquelle le premier container venu [conteneur / je propose « grâce à laquelle », ce qui évite d’avoir deux fois « avec »]
— Laquelle force finirai, un jour ou l’autre à vous projeter sur le devant de la scène [finirait / par vous projeter]
— Craint, un peu oui. Mais surtout adulé. Et jamais seul. [Virgule après « un peu ».]
AudreyLys
Posté le 22/09/2019
Oh lala la bourde ! Punaise mais non, je suis sûre que ça va mal tourner cette histoire de beuverie... Mila has failed >.<
Bon je te fais un com pour deux chapitres, comme ça je peux me motiver pour en lire plus ! (parce que j'ai aussi BP de Seja à rattraper, je crois que je vais y passer la soirée XD)
Bref, j'ai trouvé les interrogatoires intéressants finalement, ce qui est un très bon point vu que j'étais pas convaincue à la base. Mais c'est sûr que le grand moment de ce chapitre c'est quand Mila abandonne ce pauvre Sylvestre au main de la prod enragée. Je comprends son pétage de plombs après ça de se faire jetée, mais noooooon D: n'entre pas on va te soutirer tous tes secrets ! Bref, j'ai beaucoup aimé ce chapitre 12.
Le chapitre 13 me parait avoir le même problème que les premiers, il n'a pas d'identité. Il ne se passe pas grand chose et je pense que je l'aurais relié au chap 12 (faudrait déjà que je vois pour les premiers si j'ai des idées de fusion). À part ça, il est très bien. J'espère que les invités vénaux vont tenir leur langue même si c'est pas gagné :x Autre chose, la partie avec Nathan est réussie, je commence enfin à me sentir concernée par ce qui se passe du côté de la Villa. ^^
Tac
Posté le 15/09/2019
AAAAAAH je suis mortifiée ! Je savais que j'avais quelques chapitres de retard. Mais là ! LA ! J'en ai cinq !
Bon, du coup je peux me faire du binge-reading ce qui n'est pas désagréable du tout, mais je suis désolée du temps de latence entre mes lectures.
Je sens très mal cette histoire de rattraper ses bêtises de la veille, j'ai la sensation qu'en voulant rattraper les choses, Mila va les empirer. Ce chapitre montre bien ses failles, sa tendance à rejeter la faute sur les autres quand elle a trop peur d'assumer mais aussi sa certitude d'avoir raison sur certains détails, quitte à modifier la réalité comme ça peut l'arranger. Au final, elle est touchante car je la sens un peu dépassée par les événements mais elle s'entête quand même à vouloir tirer son aiguille du jeu, quitte à devoir l'y repiquer.
Allez, hop, la suite !
Cerise
Posté le 18/09/2019
Oui, Mila a un côté autruche, qui refuse de voir la réalité en face parfois.

Bon, depuis ce commentaire, tu as lu la suite, donc tu as pu constater que non, effectivement, tout ne va pas aller en s'arrangeant pour elle!
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